Des projets-pilotes en éducation au mépris du sens commun
Le projet-pilote de création d’une superstructure regroupant tous les ordres d’enseignement, de la maternelle à l’université, dans la région de la Beauce, suscite maintes interrogations. Répondant à l’invitation du ministre Reid, certaines directions régionales du milieu de l’éducation profitent de l’incertitude que le ministre laisse planer pour développer des projets-pilotes, et ce, avant même que ne soient clarifiées les orientations du gouvernement et les balises devant encadrer de tels projets. Les projets initiés le sont sans consultation large, en vase clos, à l’image de l’attitude du ministre Reid.
Pour la CSN, le gouvernement devrait travailler à soutenir l’éducation, à consolider et à développer le réseau de l’éducation.
La réussite des étudiantes et des étudiants est le leitmotiv qui sous-tend la réflexion du ministre et doit colorer les suites à donner au Forum sur l’avenir de l’enseignement collégial. Comment croire dès lors que des projets-pilotes, visant à modifier des structures du réseau de l’éducation, développés selon le bon vouloir et l’appétence des directions des établissements d’enseignement scolaires dans les régions viendront hausser le taux de diplomation et éradiquer le décrochage scolaire ?
La création de ces nouvelles structures régionales viendra démanteler tout ce qui a été construit dans le réseau de l’éducation au fil des ans. Cela mènera inévitablement à une éducation à géométrie variable et engendrera l’iniquité entre les régions, pénalisant ainsi les étudiantes et les étudiants et la population. En outre, le risque que l’éducation soit subordonnée aux seules entreprises de la région est préoccupant. La mission éducative est beaucoup plus large et vise le développement intégral des personnes. Pour la CSN, l’offre de formation ne peut se limiter à la « fabrication » de travailleuses et de travailleurs qui risquent d’être ghettoïsés dans la région et de se retrouver avec une formation non transférable.
Un autre argument utilisé est celui d’un plus grand arrimage entre les programmes d’études professionnelles (DEP), les programmes d’études collégiales (DEC) et universitaires. Pour Ginette Guérin, présidente de la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP-CSN) « il est illusoire de penser qu’une réforme de la structure administrative entraînera une plus grande harmonisation entre les ordres d’enseignement et génèrera des économies. »
Quant à Ronald Cameron, président de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN), « fusionner intégralement toutes les activités éducatives ayant des cultures et des missions différentes, c’est foncer tête baissée vers un échec retentissant ! »
Pour Denise Boucher, vice-présidente de la CSN, « il est inquiétant de savoir que d’autres projets-pilotes du même acabit sont présentement sur le bureau du ministre, ces projets semblent présager que nous pourrions être mis devant un fait accompli, sans avoir notre mot à dire. Cela est inacceptable. »
Depuis la tenue du Forum sur l’avenir de l’enseignement collégial, l’unique réponse du ministre à toute question est « qu’il fera connaître ses orientations à l’automne. » L’automne est arrivé, et la CSN demande au ministre Reid de faire connaître dans les plus brefs délais ses intentions et les orientations du gouvernement. Nous demandons aussi que le ministre procède à une analyse exhaustive des répercussions de ces projets-pilotes, en fasse connaître publiquement les résultats avant de prendre quelque décision que ce soit.
La FNEEQet la FEESP sont des fédérations de la Confédération des syndicats nationaux, elles comptent plus de 50 000 membres dans le secteur de l’éducation.
Source : CSN – 29-09-2004
Pour renseignements : France Désaulniers, Information-FNEEQ, 514-598-2294, 514-219-2947 (cell.)