L’étude de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) dévoilée aujourd’hui démontre que le retard de la rémunération des employé-es de l’État québécois s’amplifie considérablement en comparaison aux autres salarié-es. Alors qu’il était de 3,7 % en 2009, de 6,1 % l’an dernier, le recul de la rémunération globale des employés du gouvernement est aujourd’hui de 8,3 %.
« Nous ne pouvons rester les bras croisés devant une telle dégradation des conditions de travail des salarié-es de nos services publics, estime Francine Lévesque, vice-présidente de la CSN. D’ici 2020, c’est environ 35 % de la main-d’œuvre du secteur public qui partira à la retraite. Qui voudra encore œuvrer dans les services publics si le gouvernement québécois n’est pas en mesure de concurrencer les conditions de travail offertes dans les autres secteurs d’emploi? »
Les données de l’ISQ relatives aux salaires d’entrée des échelles salariales confirment les problèmes d’attraction de la main-d’œuvre du secteur public québécois. À titre d’exemple, les retards pour les catégories d’emplois de professionnels, de techniciens et d’employé-es de bureau sont respectivement de 15,8 %, de 23,6 % et de 8,0 %. « Allez convaincre un technicien en informatique de travailler dans le secteur de la santé ou de l’éducation pour 36 000 $ par année alors qu’il peut en gagner 44 000 $ en moyenne dans le marché ! », illustre Mme Lévesque.
Les maximums des échelles salariales sont également nettement plus bas dans le secteur public québécois, ce qui rend difficile la rétention des employé-es. Pour les mêmes catégories d’emploi, les écarts sont de 11,1 %, de 14,6 % et de 18,7 %.
Pour Francine Lévesque, le retard de la rémunération des employé-es des services publics entraîne une perte d’expertise au sein de l’appareil gouvernemental. « Les ouvriers spécialisés responsables de la maintenance et de l’entretien de nos établissements publics accusent un retard de 34,2 % de leur rémunération globale. Pas étonnant qu’ils délaissent le secteur public ! Nos établissements, incapables de recruter, doivent aujourd’hui faire appel à grands frais au secteur privé pour entretenir nos établissements. »
« La vaste majorité des employeurs veulent avoir les meilleurs éléments dans leur entreprise. Est-ce que le gouvernement pense réellement qu’il va pouvoir recruter des salariés capables de prendre la relève tout en assistant, sans rien faire, à une telle dégradation des conditions de rémunération de ses salariés? », s’interroge Mme Lévesque.
« Tant le gouvernement que les organisations syndicales doivent s’attaquer à cet énorme défi que sera, au cours des prochaines années, le renouvellement de la main-d’œuvre dans les services publics, poursuit la vice-présidente de la CSN. Nous invitons le gouvernement à travailler avec nous, lors du renouvellement de nos conventions collectives l’an prochain, afin d’apporter les correctifs nécessaires pour améliorer les conditions d’attraction et de rétention de la main-d’œuvre du secteur public québécois.
La CSN représente 170 000 travailleuses et travailleurs du secteur public québécois, et ce, tant dans les réseaux de la santé, des services sociaux, de l’éducation, de l’enseignement supérieur que des organismes gouvernementaux. Fondée en 1921, la CSN est une organisation syndicale qui œuvre pour une société solidaire, démocratique, juste, équitable et durable. À ce titre, elle s’engage dans plusieurs débats qui intéressent la société québécoise. Elle est composée de près de 2 000 syndicats. Elle regroupe plus de 300 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou professionnelle, dans huit fédérations, ainsi que sur une base régionale dans treize conseils centraux, principalement sur le territoire du Québec.