5 raisons pour lesquelles la CSN s’oppose à l’oléoduc Énergie Est

Lundi devaient débuter les audiences de l’Office national de l’énergie (ONE) sur le controversé projet d’oléoduc Énergie Est de TransCanada. 60 % de la population québécoise s’y oppose tout comme quelque 300 municipalités et l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL).

Pour la CSN, il n’est pas question de laisser couler encore plus de pétrole sale des sables bitumineux chez nous. D’autant plus que le pétrole de l’Alberta passe déjà sur notre territoire par l’entremise de l’oléoduc 9B d’Enbridge, qui alimente deux raffineries dans l’est de Montréal. L’heure est venue de favoriser les projets d’énergie renouvelable, et ce, pour des raisons tant environnementales qu’économiques.

Bien qu’il existe un éventail de raisons de contester Énergie Est et d’autres projets pétroliers semblables, en voici cinq qui nous poussent à demander aux gouvernements canadiens et québécois d’abandonner ce projet hasardeux.


1. Le Québec n’est pas une passerelle pour le pétrole albertain

Avec Énergie Est, le territoire québécois deviendrait une voie de passage à grande vitesse, puisqu’il y aurait très peu de transformation sur notre territoire, ce projet instrumentalise donc le Québec. La catastrophe survenue à Lac-Mégantic ou encore le déversement qui s’est produit à Sept-Îles démontrent qu’il faut non seulement mieux régir le transport de ces ressources, mais aussi limiter leur déplacement sur notre territoire.

Les opérateurs de pipelines soutiennent souvent que le transport de pétrole par oléoduc est plus sécuritaire que par train, mais le Bureau de sécurité des transports (BST) indique que le pipeline ne serait pas nécessairement plus sécuritaire pour le transport du pétrole que le train. En effet, le nombre d’incidents majeurs serait comparable. Le BST fait aussi valoir que les risques liés au transport des hydrocarbures doivent être bien gérés, et ce, de façon proactive. Malheureusement, à la lumière des nombreux accidents environnementaux chez TransCanada, nous sommes en droit de nous interroger sur la capacité de la compagnie à assurer une sécurité sans faille aux populations.

En peu de mots, nous refusons que le territoire québécois devienne une voie de passage pour le pétrole albertain et s’expose aux risques environnementaux associés à ses modes de transport

2. Nos rivières et notre fleuve menacés

Énergie Est traversera 830 cours d’eau, mais TransCanada ne possède aucun plan d’intervention pour faire face à un déversement. Au Québec, ce sont les rivières de l’Outaouais, des Mille-Îles et des Prairies dans la région de Montréal, ainsi que le fleuve Saint-Laurent qui sont dans la mire d’Énergie Est.

Ce sont plus de 3,2 millions de Québécoises et de Québécois qui risquent de ne plus avoir accès à l’eau potable en cas de déversement. Sommes-nous vraiment prêts à assumer ce risque ?

3. Moins d’emploi créés que pour les énergies renouvelables

Il est faux de prétendre que le secteur des combustibles fossiles est une machine à créer des emplois. Certes, la construction d’oléoducs crée des emplois à court terme, mais ce que les partisans d’Énergie Est ne précisent pas, c’est que dollar pour dollar l’industrie des énergies propres génère six à huit fois plus d’emplois que celle du pétrole.

Voulons-nous continuer d’investir dans un projet polluant ou voulons-nous plutôt investir non seulement dans des projets d’énergie renouvelable, d’efficacité énergétique et de transport public, mais dans des programmes de formation pour aider les travailleuses et des travailleurs à sortir du secteur pétrolier ?

4. L’urgence de ralentir les dégâts causés par les changements climatiques

L’urgence de lutter contre les changements climatiques n’est pas un secret. Bien que Justin Trudeau et Catherine McKenna aient offert leurs plus beaux sourires et des paroles rassurantes lors des négociations sur le climat à Paris en décembre dernier, les engagements du gouvernement canadien sont inconciliables avec le développement d’oléoducs et l’exploitation des hydrocarbures qu’il préconise.

La firme indépendante Navius a évalué l’augmentation nette d’émission de gaz à effet de serre (GES) qui découlerait d’Énergie Est. Les données sont étonnantes : entre 0,7 et 4,3 millions de tonnes de GES pourraient être émises en plus. Bien que l’utilisation de ce pétrole puisse réduire l’extraction ailleurs dans le monde, cette baisse ne suffirait pas à faire contrepoids aux émissions générées par l’extraction de sables bitumineux de l’Alberta. Pire encore, la mise en marché de ce pétrole pousserait le prix du brut à la baisse, ce qui pourrait entraîner une augmentation de la consommation.

Le mouvement syndical international l’a dit à maintes reprises au cours des dernières années : il n’y a pas d’emplois sur une planète morte. La communauté scientifique est catégorique : les actions nécessaires pour éviter un réchauffement catastrophique de la planète doivent être entreprises au cours des dix prochaines années. Nous devons laisser la majeure partie des ressources pétrolières connues dans le sol si nous souhaitons minimiser les effets désastreux des changements climatiques.

5. Le respect des traités avec les Premières Nations

L’APNQL, qui regroupe 43 communautés autochtones, s’oppose fortement au projet de TransCanada. Le gouvernement fédéral doit respecter ses obligations constitutionnelles ainsi que la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones et n’a aucune légitimité d’aller de l’avant avec Énergie Est sans le consentement libre et éclairé des communautés des Premières Nations qui se trouvent sur le trajet du projet.

Comme les communautés autochtones sont souvent les plus touchées par les projets d’extractivisme, dont font partie les sables bitumineux, le refus de respecter les traités nuit à la réconciliation avec les peuples des Premières Nations.

Énergie Est n’est pas digne du 21e siècle

Photos : Michel Giroux

Hier matin à Montréal, lors de ce qui devait être le début des audiences de l’Office national de l’énergie (ONE), la CSN et d’autres groupes de la société civile ont manifesté contre le projet d’oléoduc Énergie Est.

Depuis, l’ONÉ s’est plié à la vague de contestation contre le projet en annonçant qu’aucune séance de consultation n’aura lieu avant qu’une décision soit prise d’ici le 7 septembre sur la requête concernant la récusation de deux de ses commissaires.


Les audiences de l’ONÉ débutent sur fond de remise en question de son impartialité et de sa crédibilité

Aujourd’hui, alors que débutent les séances du comité d’audiences de l’Office national de l’énergie (ONÉ) à Montréal, plusieurs organisations de la société civile se sont rassemblées pour accueillir les commissaires chargés d’étudier le projet Oléoduc Énergie Est. Le rassemblement visait à souligner le déficit de crédibilité de l’organisme, au vu des récentes révélations concernant une rencontre secrète entre le président de l’ONÉ, deux des trois commissaires responsables de l’évaluation d’Énergie Est et Jean Charest, alors en relation d’affaires avec TransCanada.

Tous s’entendent pour dénoncer un processus biaisé. « L’évaluation du projet Énergie Est est une mascarade » a déclaré Patrick Bonin de Greenpeace Canada.  « Le processus doit être suspendu et les commissaires qui sont au centre de la controverse doivent être exclus du dossier le temps qu’une enquête soit menée pour faire la lumière sur ces rencontres. La population n’a plus confiance en l’ONÉ et le gouvernement Trudeau doit maintenant agir, lui qui s’est fait élire en promettant de moderniser l’ONÉ et de la rendre crédible. »

Le 15 août dernier, 36 groupes environnementaux et citoyens ont écrit au ministre Jim Carr afin de lui présenter ces demandes. Cette démarche est restée lettre morte. « Notre ministre des Ressources naturelles, responsable de l’ONÉ, ne daigne pas répondre aux citoyens et aux organisations qui s’inquiètent de l’impartialité du processus, alors que notre ministre de l’Environnement et du Changement Climatique, Catherine McKenna refuse de s’en mêler et martèle qu’il faut faire confiance à nos institutions. Mais dites-moi, comment est-ce possible, après “l’affaire Charest”? » s’est indignée Carole Dupuis, du Regroupement vigilance hydrocarbures Québec (RVHQ).

Les récentes révélations au sujet des contacts entre Jean Charest et des commissaires de l’ONÉ s’ajoutent au fait que l’évaluation du projet  Énergie Est  s’amorce sur la base d’un dossier incomplet. Comme l’a rappelé Anne-Céline Guyon des groupes citoyens Stop oléoduc, « le mode de traversée de la rivière des Outaouais n’a pas encore été précisé, alors que plus 3,2 millions de Québécois seraient à risque d’être privés d’eau potable en cas de déversement. Il n’y a non plus aucune information sur les risques de déversements et les plans d’intervention d’urgence pour les principales rivières du Québec! ».

Les groupes ont également tenu à rappeler que le projet Énergie Est est incompatible avec les engagements pris par les gouvernements dans le cadre de l’Accord de Paris. Selon une étude de l’Institut Pembina, Énergie Est entraînerait une production supplémentaire d’environ 700 000 barils par jour, soit une augmentation de près de 40 % de la production de pétrole des sables bitumineux. En termes d’émissions de gaz à effet de serre, cette hausse équivaudrait à ajouter  sept millions de voitures sur les routes du Canada annuellement. De plus, près de 30 % du pétrole transporté serait du pétrole américain venant du Dakota du Nord via le pipeline Upland, qui serait raccordé au pipeline Énergie Est au centre du pays. En fait, de 80 à 95 % des 1,1 million de barils transportés chaque jour seraient exportés.

Les groupes rassemblés aujourd’hui réaffirment qu’il n’y a pas d’acceptabilité sociale autour d’Énergie Est, alors que six Québécois sur dix s’y opposent, tout comme quelque 300 municipalités, l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL), l’Union des producteurs agricoles (UPA) et les deux plus importantes centrales syndicales québécoises (CSN et FTQ). Pour Pierre Patry, trésorier de la CSN, « nous nous opposons à l’idée que le territoire québécois devienne une voie de passage pour le pétrole albertain. Il est plus que temps que les gouvernements et TransCanada entendent ce que la population québécoise leur dit : nous ne voulons pas de ce projet ! »

La CSN prend la parole au comité d’accueil de l’ONÉ

Pierre Patry, trésorier de la CSN et responsable politique des questions environnementales et du développement durable, prendra la parole lors du comité d’accueil pour le début des audiences de l’Office national de l’énergie (ONE) sur le projet d’oléoduc Énergie Est de TransCanada.

La CSN joint sa voix à l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL) ainsi qu’aux quelque 300 municipalités qui s’opposent au projet de TransCanada. Elle réaffirme son opposition à l’idée que le territoire québécois devienne une voie de passage pour le pétrole albertain, ne récoltant que les risques environnementaux associés aux modes de transport de cette ressource.

La CSN demande aussi la suspension immédiate du processus illégitime de l’ONE qui est terni par des réunions secrètes et plusieurs manques d’information sur les impacts environnementaux du projet. Elle interpelle les gouvernements fédéral et provincial à tenir compte de leurs obligations internationales en matière de réduction de gaz à effet de serre en misant plutôt sur la création de projets générateurs d’emplois favorisant des énergies propres, locales, et renouvelables.

DATE : 29 août 2016
HEURE : 8 h
ENDROIT : Centre Mont-Royal, 2200, rue Mansfield, Montréal