Les moyens de pression débutent dans l’hôtellerie

En pleine fin de semaine du Grand Prix, la négociation coordonnée de l’hôtellerie passe en mode moyens de pression avec une projection immense sur l’hôtel Ritz Carlton. Réunis cette semaine, les 30 syndicats prenant part à la 11e ronde de négociation coordonnée ont adopté un mandat de moyens de pression alors que l’été s’annonce occupé dans l’hôtellerie.Lire la suite →

Entente de principe entérinée chez Reliures Caron et Létourneau

Réunis en assemblée générale le 4 juin, les membres du Syndicat des travailleurs et travailleuses des reliures Caron et Létourneau (CSN) ont entériné l’entente de principe intervenue quelques heures auparavant. Des augmentations de 13 % et 7 % sur deux ans ainsi que des aménagements de la gestion des horaires seront donc intégrés à la convention collective.

L’entreprise Reliures Caron et Létourneau, située à Labelle, se spécialise dans la reliure, la réparation et la remise à neuf de livres et d’ouvrages imprimés. Bien que le secteur du livre ait été profondément affecté par les changements technologiques, Reliures Caron et Létourneau occupe un créneau ciblé en fournissant des bibliothèques et des établissements d’enseignement, et compte sur une vingtaine de travailleuses et de travailleurs spécialisés dans le domaine.

Pour les travailleuses et les travailleurs, il importait toutefois d’améliorer leurs conditions salariales, malmenées par l’inflation. Cynthia Duval, présidente du syndicat, explique : « Nous sommes conscients de la nécessité de préserver l’entreprise familiale, mais il fallait aussi s’assurer que les actuels travailleurs y trouvent leur compte, eux aussi affectés par le coût de la vie. C’est dans cet esprit que les parties ont convenu d’une convention de deux ans. »

L’ajout de plusieurs clauses d’aménagement de la gestion des horaires, tels le fractionnement des jours de congé ou des vacances, le report complet des jours fériés et la reconnaissance du statut de temps partiel, vient s’ajouter aux améliorations de la convention.

Madame Duval conclut : « Notre défi est de reconnaître les travailleurs qui, pour plusieurs, cumulent plus de 20 ans de service tout en créant des conditions favorables à l’embauche de la relève et à la rétention du personnel. »

À propos

Le Syndicat des travailleurs et travailleuses des reliures Caron et Létourneau (CSN), créé en 1985, est affilié à la Fédération des industries manufacturières (FIM–CSN), au Conseil central des Laurentides (CSN), ainsi qu’à la Confédération des syndicats nationaux.

Envoi des avis de grève au ministère du Travail

Ce vendredi 7 juin au matin, le Syndicat des employés de la Société des Traversiers Québec-Lévis (CSN), le Syndicat des employés de la Traverse de Matane–Baie-Comeau–Godbout (CSN) et le Syndicat des employées et employés de la STQ de Matane–Baie-Comeau–Godbout (CSN) ont envoyé leurs avis de grève au ministère du Travail afin de déclencher trois séquences de grève au mois de juillet. En mai, les trois syndicats ont adopté une banque illimitée de jours de grève à exercer au moment jugé opportun.

« Nos négociations piétinent inutilement du fait que nous attendons toujours que le Secrétariat du Conseil du trésor (SCT) donne des mandats sur les clauses à incidences salariales à la Société des traversiers du Québec (STQ), précise Patrick Saint-Laurent, porte-parole des trois syndicats. Nous serons donc en grève durant les périodes suivantes : pour la traverse de Québec–Lévis, il y aura grève du 5 au 15 juillet alors que pour celle de Matane–Baie-Comeau–Godbout, les dates sont du 22 au 26 juillet pour les salarié-es à terre, puis du 29 juillet au 2 août pour celles et ceux sur le navire. »

« L’employeur est récemment arrivé à la table de négociation avec de nouvelles demandes complètement farfelues qui émanent du SCT. Pour nous, ces demandes nous éloignent d’un règlement que nous espérons rapide. Après avoir réglé avec la majeure partie des salarié-es de l’État, il serait temps que le Secrétariat du Conseil du trésor donne des mandats clairs à la STQ et à son équipe de négociateurs pour en arriver à une entente dès que possible », souligne Stéphanie Gratton, vice-présidente de la FEESP–CSN.

« Sans convention collective depuis le 1er avril 2023, les membres sont plus que jamais mobilisés et déterminés. Avec le Festival d’été de Québec et les vacances qui arrivent à grands pas, un moment de l’année où l’achalandage est très élevé sur les navires, le gouvernement a intérêt à redoubler d’ardeur pour régler cette négociation, à défaut de quoi les traversiers resteront aux quais », poursuit Pierre Émond, vice-président du Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches–CSN.

« Après plus d’une douzaine de rencontres, la Société des traversiers du Québec (STQ) ne semble toujours pas pressée de régler les négociations et la patience des travailleuses et travailleurs a des limites. Comparativement à plusieurs employé-es de l’État, ils accusent un retard salarial historique et s’attendent donc à une bonification substantielle. Les demandes à incidences salariales des syndicats sont connues de la STQ, mais nous attendons toujours les leurs, qui arriveront du SCT », conclut Pauline Bélanger, présidente du Conseil central du Bas-Saint-Laurent–CSN.

À propos

Le Syndicat des employés de la Société des Traversiers Québec-Lévis (CSN) regroupe 120 membres, le Syndicat des employés de la traverse de Matane–Baie-Comeau–Godbout (CSN) en rassemble 39 qui travaillent à Matane et le Syndicat des employées et employés de la STQ de Matane–Baie-Comeau–Godbout (CSN) en compte 66 qui travaillent sur le traversier. Ils sont tous trois affiliés à la Fédération des employées et employés de services publics–CSN (FEESP–CSN), au Conseil central du Bas-Saint-Laurent–CSN et au Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches–CSN.

Fondée en 1921, la CSN est une organisation syndicale qui œuvre pour une société solidaire, démocratique, juste, équitable et durable. À ce titre, elle s’engage dans plusieurs débats qui intéressent la société québécoise. Elle regroupe plus de 330 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou professionnelle dans huit fédérations, ainsi que sur une base régionale dans 13 conseils centraux, principalement sur le territoire du Québec.

Il faut rester complètement maîtres chez nous

Le projet de loi 69 ouvre la porte à plus de production d’électricité privée, notamment par son article 38, qui permet à une entreprise de produire de l’électricité et de la distribuer à un client situé sur un terrain adjacent.

La hausse à 100 mégawatts (MW) maximum, plutôt que les 50 MW actuels, de la production hydroélectrique privée, est une autre voie par laquelle de nouveaux producteurs privés pourraient apparaître.

« Malgré certains points positifs, comme la planification des besoins à long terme, le projet de loi Fitzgibbon ne ferme pas la porte à des projets privés. Ces derniers risquent de ne pas bénéficier d’acceptabilité sociale et d’empêcher l’atteinte d’une vision d’ensemble quant à ce qui sera produit à long terme », souligne Caroline Senneville, présidente de la CSN. La planification devrait permettre d’éviter les mauvaises surprises et permettre de prendre en compte l’ensemble des besoins sociaux, économiques et environnementaux du Québec.

Ouverture à des modifications importantes de tarifs

Deux éléments de l’encadrement de la tarification disparaîtront après 2026 : la tarification dynamique ne serait plus seulement optionnelle et la tarification domestique pourrait varier en fonction de l’intensité énergétique. Le modèle de tarification pourrait donc changer radicalement à partir de 2026 en fonction de la consommation. Or, certaines personnes moins fortunées n’ont pas les moyens de rénover leur maison. C’est encore plus vrai pour les locataires aux prises avec un logement qui est une passoire thermique.

La CSN estime que le modèle de développement du secteur éolien au Québec est intenable dans sa forme actuelle et souhaite qu’Hydro-Québec soit le seul maître d’œuvre en la matière.

La présidente de la CSN déplore par ailleurs que ce projet de loi ait été élaboré sans transparence et sans débat public au préalable.

La CSN va étudier le projet de loi plus en profondeur pour mieux comprendre tous ses impacts sur les travailleuses et les travailleurs concernés.

À propos 

Fondée en 1921, la CSN est une organisation syndicale qui œuvre pour une société solidaire, démocratique, juste, équitable et durable. À ce titre, elle s’engage dans plusieurs débats qui intéressent la société québécoise. Elle regroupe plus de 330 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou professionnelle dans huit fédérations ainsi que sur une base régionale dans 13 conseils centraux, principalement sur le territoire du Québec. La CSN représente des travailleuses et des travailleurs dans la fabrication de pièces d’éoliennes.

 

 

Les syndicats de l’Estrie et de La Sapinière adoptent leurs ententes de principe respectives

Ce jeudi 6 juin, les membres du Syndicat des travailleuses et travailleurs des Autobus de l’Estrie–CSN et du Syndicat des travailleuses et travailleurs des Autobus La Sapinière–CSN ont tous deux voté en faveur de leurs ententes de principe respectives lors d’assemblées générales.

« Aux Autobus de l’Estrie, nos taux horaires vont passer de 25,99 $ à 31,06 $ en 2027. Les membres ont exprimé leur satisfaction liée à ces nouveaux paramètres salariaux à hauteur de 79 % en assemblée générale, ce qui est tout de même un résultat convenable vu le lock-out imposé par l’employeur », souligne Darian Ramirez, président du syndicat.

« Pour notre part, le salaire horaire passera de 26,27 $ à 32,14 $ en 2028. Nos membres ont entériné l’entente de principe à 72 % en assemblée générale, cet après-midi. Les menaces de perte de circuits et le lock-out de l’employeur expliquent ce résultat », déclare Stephen P. Gauley, président du syndicat des Autobus La Sapinière.

« Je salue le courage et la détermination des membres dans un contexte de négociation très difficile. Ce n’est jamais simple ni facile de faire face à un employeur qui agit de la sorte et, vu le contexte, il est clair que les membres sont allés chercher le maximum qu’ils pouvaient », conclut Denis Beaudin, président du Conseil central des syndicats nationaux de l’Estrie–CSN.

À propos

Le Syndicat des travailleuses et travailleurs des Autobus La Sapinière–CSN rassemble 30 membres et le Syndicat des travailleuses et travailleurs des Autobus de l’Estrie–CSN en regroupe 63. Ils sont affiliés à la Fédération des employées et employés de services publics–CSN (FEESP–CSN) qui compte plus de 425 syndicats affiliés représentant 65 000 membres œuvrant dans le domaine des services publics et parapublics. Le Conseil central des syndicats nationaux de l’Estrie–CSN regroupe quelque 12 500 membres issus de tous les secteurs d’activité, privés et publics, réunis au sein de 120 syndicats sur une base régionale.

Une première au pays

Pour la première fois au Canada, les employé-es d’un entrepôt d’Amazon seront représentés par un syndicat pour défendre leurs droits. Ainsi en a statué le Tribunal administratif du travail (TAT), le 10 mai dernier, après avoir constaté que la majorité des salarié-es de l’entrepôt DXT4, à Laval, avaient adhéré à leur syndicat CSN.

Une immense victoire pour ce groupe, dont une grande partie, issue de l’immigration, connait parfois bien mal les droits qui lui sont reconnus par les législations québécoises, a pu observer la CSN depuis le début de cette campagne de syndicalisation.

C’est à l’hiver 2022 que des employé-es d’Amazon, d’abord de l’entrepôt YUL2 de Lachine, ont approché la CSN. Leurs principales récriminations : des cadences de travail effrénées, des salaires nettement inférieurs au secteur des entrepôts et un système de santé maison, faisant tout pour détourner des accidentés du travail…

À maints endroits dans la région métropolitaine, les travailleuses et les travailleurs d’Amazon se sont également butés à la propagande antisyndicale de la multinationale américaine : « protégez votre signature », « une carte syndicale est un document juridique » ! Impossible pour les employé-es de prendre une pause, ne serait-ce que d’aller aux toilettes, sans être bombardés de ces messages, dont certaines misent fortement sur un sentiment d’insécurité.

Une ingérence flagrante dans la campagne de syndicalisation et une violation directe du Code du travail, affirme la CSN dans une plainte déposée au TAT.

À Laval, ce n’est qu’au lendemain du dépôt de la requête en accréditation que les employé-es ont vu apparaître de telles affiches dans leur milieu de travail. « Lisez attentivement avant de signer », implore l’une d’elles.

La blague sur le plancher ?

« Ben voyons… j’ai déjà signé ! »

Un pionnier fête ses cent ans

En avril, la CSN a souligné le centième anniversaire d’un sociologue d’exception qui a contribué à l’édification du Québec moderne, notamment par les réseaux publics de l’éducation et de l’enseignement supérieur, Guy Rocher. Précurseur de la Révolution tranquille, M. Rocher est un ami de la CSN et de son ancêtre, la CTCC.

Défenseur passionné de la démocratie en éducation, Guy Rocher est souvent intervenu pour défendre les valeurs fondamentales d’un réseau accessible à toutes et à tous, permettant une éducation de qualité et émancipatrice. Celui qu’on a surnommé le «père des cégeps» avait captivé son auditoire en 2004, lors des journées de réflexion et de mobilisation tenues par la FNEEQ-CSN. Le Parti libéral de Jean Charest laissait alors entrevoir une volonté de démolir le réseau des cégeps.

Alors que les décideurs actuels semblent opter pour une conception de plus en plus marchande de l’édu-cation, pour la CSN, la vision portée par Guy Rocher demeure absolument pertinente en 2024.

Le maillon fort

On le sait, les sondages ne sont qu’une photo statique de l’électorat à une période donnée. Il n’en demeure pas moins que la dégringolade de la CAQ, dans les intentions de vote, ne semble pas vouloir ralentir. Signe inévitable de l’usure du pouvoir. Comme quoi même le téflon peut finir par craquer !
Les crises, au lieu de se résorber, ne sem­blent que s’aggraver à mesure que le gouvernement s’entête à les ignorer : crise du logement, crise climatique, crise des médias, crise du transport en commun. Sans parler de la crise qui guette nos ressources naturelles, ainsi que nos services publics, si on décide d’ouvrir la porte à plus de privatisation, notamment en santé !

Santé Québec

Bien que le ministre Dubé multiplie les apparitions médiatiques pour réitérer son désir de renforcer notre réseau public de santé et de services sociaux, ce n’est certainement pas en confiant les rênes de la nouvelle agence hypercentralisée, à une femme qui a œuvré pendant plus de 30 ans dans le secteur privé, qu’il y a de quoi rassurer la population et les travailleuses et travailleurs du réseau.

Et que dire de la présidente du CA de cette agence qui elle aussi – coïncidence – a consacré toute sa vie au privé à développer des hôtels de luxe, comme si le modèle d’affaires de chaînes hôtelières ultra-lucratives pouvait se transposer à la gestion de notre réseau public de santé ? Il y a quand même un décalage troublant entre gérer les besoins d’une clientèle cossue et administrer des soins à des patients vulnérables…

C’est pourquoi nous continuerons d’investir toutes nos énergies au cours des prochains mois dans notre campagne Vraiment public qui, dès le retour des vacances estivales, prendra un virage fidèle à son nom : une campagne publicitaire vraiment publique.

Syndicalisation

C’était le sujet chaud pendant plusieurs semaines, non seulement à la CSN, mais un peu partout dans la sphère médiatique. Un mot : AMAZON. Quelle grande victoire syndicale ! Une victoire qui appartient d’abord et avant tout aux travailleuses et travailleurs venus d’Amérique latine, du Tchad, du Maghreb et d’Asie, qui n’ont pas eu peur de se tenir debout pour faire respecter leurs droits. Mais aussi un coup de force CSN, d’avoir réussi à syndiquer le tout premier entrepôt d’Amazon au Canada !

Connaissant la chic réputation d’Amazon en matière syndicale, la bataille est loin d’être terminée. Mais avec cette première grande victoire, ils n’ont qu’à bien se tenir pour la suite des choses.

Mouvement d’adhésion

Or, l’appétit pour joindre notre mouvement ne s’arrête pas là. On a aussi fait des percées au cours des derniers mois, notamment dans le secteur de l’aéronautique. Et tout récemment, 1600 membres de l’Union des écrivaines et des écrivains du Québec (UNEQ) ont fait le choix de la CSN pour les représenter et établir les premières ententes collectives dans le secteur de l’édition.

Cette récente vague d’adhésions démontre qu’on est en train de percer dans des milieux non conventionnels, notamment dans l’industrie du jeu vidéo, où l’on vient de lancer une vaste campagne de syndicalisation auprès de quelque 15 000 travailleuses et travailleurs. L’avenir est prometteur  !

Campagne de visibilité

Enfin, vous l’avez probablement entendu à la radio, aperçu dans les réseaux sociaux, sur un panneau en bordure de route ou encore sur un abribus près de chez vous : nous venons de lancer une vaste campagne de visibilité afin de promouvoir notre organisation et notre action syndicale, partout au Québec.
Deux mots cette fois : maillon fort. Car oui, depuis plus de 100 ans, la CSN est le maillon fort dans la lutte pour des conditions de travail équitables et une société plus juste. Avec les exemples cités précédemment, il ne fait aucun doute que le maillon fort en matière de syndicalisme au Québec, c’est la CSN !

Une solution boudée par Québec

Alors que l’industrie de la sylviculture peine à conserver ses travailleuses et travailleurs et à en recruter de nou­veaux, Québec enterre un projet pilote qui a démontré son efficacité à résoudre ces défis de main-d’œuvre.

Depuis de nombreuses années, ce secteur névralgique de l’industrie forestière fait face à une difficulté croissante de recrutement et de rétention d’employé-es sylvicoles. Le mode de rémunération à forfait, qui a pour effet de créer un revenu incertain, constitue l’une des principales causes du problème.

Des partenaires (Fédération des groupements forestiers du Bas-Saint-Laurent et Conseil régional de développement du Bas-Saint-Laurent) ont donc mis sur pied un projet pilote régional pour revoir ce mode de rémunération. De 2020 à 2023, une rémunération hybride, c’est-à-dire basée sur un taux horaire et sur la productivité, a été testée. Le projet a permis à une centaine de salarié-es sylvicoles d’avoir droit à certains avantages sociaux comme des congés mobiles et un REER collectif.

Du compagnonnage a également été implanté afin que les travailleurs inexpérimentés ne soient pas laissés à eux-mêmes. Ce soutien « pour commencer dans le métier et apprendre à se débrouiller dans le bois » a changé la donne pour Xavier Bolduc, un ouvrier recrue. Pour son confrère Gilles Noël, un vétéran de 70 ans, le projet pilote a aussi fait la différence. « Je suis encore en forme et j’aime travailler en forêt. Avec la poursuite du projet, j’essaierais de travailler encore un an ou deux », précise-t-il.

Le rapport d’évaluation du projet confirme que cette meilleure rémunération a permis de juguler l’érosion du nombre de travailleurs sylvicoles. « Le projet pilote, c’est la meilleure chose qui soit arrivée dans le bois », témoigne Serge Desrosiers, président du Syndicat national de la sylviculture–CSN. Les travailleurs craignent maintenant de perdre ces avantages.

Malgré les résultats concluants, le gouvernement n’a pas manifesté son intention d’implanter cette solution de manière permanente à l’ensemble de la province.

« Ce projet-là doit survivre, insiste Louis Bégin, président de la Fédération de l’industrie manufacturière–CSN. Avec les changements climatiques et la prévention des feux, il faut jardiner la forêt. Et qui sont les jardiniers de la forêt ? Les travailleurs sylvicoles », illustre le dirigeant syndical.

L’exploitation forestière représente bon an, mal an plus de 2 G $ en recettes pour le Québec. De façon plus globale, l’industrie du bois rapporte près de 7 G $ au PIB.

À l’école pour apprendre à ramer à contre-courant

Être militante ou militant syndical, c’est souvent devoir ramer à contre-courant. C’est prendre la parole dans son milieu de travail pour défendre des collègues, en s’attirant parfois les foudres de l’employeur.

Pour chaque syndicat, obtenir l’assurance que les plus jeunes reprennent le flambeau et poursuivent les luttes syndicales relève généralement du défi. En août prochain, l’École de la relève syndicale CSN continuera de maintenir la flamme bien vivante.

Avec les années d’expérience syndicale, les militantes et militants se font des muscles pour bien naviguer, mais au début, ça peut être éreintant. C’est pour mettre en commun l’expérience d’une vingtaine de jeunes syndicalistes de 35 ans et moins que l’École de la relève se tient chaque été pendant trois jours. L’initiative du comité des jeunes de la CSN vise à former les participantes et les participants dans un contexte ludique afin de leur permettre de mieux comprendre le rôle syndical et le fonctionnement de la centrale.

Josée Morin, vice-présidente du syndicat CSN du CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal et ancienne participante, en témoigne : « Cette formation a eu un impact positif sur mon engagement syndical. Cette expérience m’a permis de gagner en confiance et d’améliorer mes compétences de leadership. Les connaissances acquises m’ont permis de mieux appréhender les enjeux complexes auxquels notre mouvement est confronté. Les échanges inspirants avec d’autres jeunes défenseurs de la cause, originaires de divers milieux, ont élargi ma perspective sur les enjeux syndicaux. Je me sens mieux équipée pour représenter mes collègues, négocier avec l’employeur, contribuer au renforcement du mouvement et à la défense des droits des travailleuses et des travailleurs ! »

Cette année, les deux sessions de l’école auront lieu du 18 au 21 et du 21 au 24 août.

Une vieille recette revampée

Selon M. Hébert, « l’optimisation est le nouveau terme à la mode pour nous servir une vieille recette de management qui consiste à couper, à compresser ou à rationaliser les dépenses d’une organisation, dans le but d’en réduire éventuellement le budget. »

Quand le « nouveau » terme était lancé, les analystes des politiques publiques ont immédiatement fait le lien avec cette époque où l’on nommait ces mesures d’austérité budgétaire. « Les spin doctors ont probablement appris de cette période dite d’austérité. L’utilisation du terme «optimisation » est plus positive, d’un point de vue de relations publiques.

« Le problème central avec ces politiques, c’est qu’a priori, ça laisse présager qu’il y a de la marge de manœuvre pour des compressions. Alors que dans presque tous les cas, les budgets impliqués sont insuffisants pour atteindre les objectifs. Lorsque nous observons l’état lamentable des écoles ou les problèmes structurels de notre système de santé, nous faisons facilement le lien avec les multiples périodes de compressions budgétaires, peu importe leur appellation, qui ont ravagé nos services publics.

« Dans la santé par exemple, un domaine où l’IRIS a mené plusieurs études en profondeur, la suite logique de ces restrictions budgétaires tend vers des conditions de travail difficiles où la surcharge est permanente, où l’épuisement est fréquent et où des listes d’attente interminables poussent les patientes et les patients vers le privé.

« Or, ça aussi, nous l’avons documenté à plusieurs reprises : les privatisations n’ont jamais permis les économies escomptées. Plus le privé s’introduit dans le système, plus il coûte cher. Les salaires élevés des dirigeants, en y ajoutant la composante du profit, propulsent les dépenses à la hausse. Finalement, les multiples privatisations n’ont jamais contribué à une amélioration générale du système de santé. La preuve en est que les problèmes systémiques perdurent depuis plus… de 40 ans ! »

Le problème au centre de ces mesures

« Peu importe le nom des mesures abordées, nous constatons un problème majeur qui n’est jamais vraiment énoncé : voici des programmes gouvernementaux qui tentent de répondre aux impératifs de la rentabilité et de la performance des entreprises privées. Les adeptes de ces outils de gestion, issus du privé, cherchent à tout prix à imposer ces modèles, qui causent les problèmes observés et documentés par l’IRIS.

« Nous avons d’ailleurs travaillé sur la fameuse méthode de gestion Lean (ou Toyota) qui fut imposée en santé et les constats sont identiques. Tant dans le milieu de la fabrication automobile que dans celui de la santé, les chercheurs ont observé des détériorations des conditions de travail et une déshumanisation des rapports, au point où les travailleuses et les travailleurs quittent leur emploi. On comprend facilement pourquoi l’application de ce type de management en santé a été catastrophique au point où il est complètement délaissé.

« Il faudra bien que les pouvoirs publics changent radicalement leurs approches de gestion pour les services publics. Les besoins sont là : investir suffisamment pour les rendre à la population, dans le respect des conditions d’exercice de celles et ceux qui les offrent. Le seul indicateur qui devrait être considéré, c’est celui de la satisfaction des besoins essentiels de la population. »

Résistance sociale et syndicale

Aussitôt élu, le président ouvertement libertarien s’est empressé de mettre à la porte 24 000 travailleuses et travailleurs de la fonction publique. Ce chiffre pourrait augmenter dans les prochains mois : le président – qui se définit lui-même comme anarcho-capitaliste – prévoyait la suppression jusqu’à 70 000 postes du secteur public, soit 35 % des travailleurs de l’État.

Dès son entrée en poste, Milei dépose une mégaréforme de l’État qui comprend plus de 600 articles. Ces derniers attaquent frontalement les droits des travailleurs en imposant notamment des limites à l’exercice du droit de grève et à la tenue d’assemblées syndicales. Aussi, les articles rallongent la période d’essai de trois à huit mois, dérégulent la journée de travail, modifient la réglementation des heures supplémentaires et facilitent l’externalisation de la main-d’œuvre. La réforme vient également criminaliser les manifestations « non autorisées par l’État ».

Le 25 janvier dernier, la Centrale générale des travailleurs (CGT), syndicat regroupant près de 40 % des syndiqué-es argentins, appelle à une grève générale. Plusieurs dizaines de milliers de travailleuses et travailleurs cessent donc leurs activités, entrainant notamment une paralysie du transport en commun de Buenos Aires, mais aussi l’annulation de 295 vols offerts par Aerolineas Argentinas. Le mouvement de contestation est loin de se limiter à la capitale, des centaines de milliers de personnes manifestent partout au pays lors de cette journée de mobilisation.

En avril, forcé par le parlement et par la mobilisation sociale de revoir son projet de loi omnibus, le gouvernement ultralibéral soustrait près de 400 articles au projet initial pour modérer sa proposition. Au lieu de privatiser 44 entreprises publiques, ce ne sont que 11 qui passeront au couperet, dont Aerolineas Argentinas. Un front commun de syndicats appelle à une nouvelle journée de grève générale le 9 mai pour défendre la démocratie, les droits du travail et un salaire digne. Encore une fois, la trépidante Buenos Aires a des allures de ville fantôme. Dans les rues de la capitale, aucun transport en commun en activité et une majorité de commerces fermés.

Une droite internationale

Le cas Milei est la dernière manifestation, en date, d’un courant de la droite populiste qui traverse l’Occident. Les porte-paroles les plus vocaux des Amériques se nomment Bolsonaro et Trump, mais le courant s’incarne aussi au nord du 47e parallèle avec celui de Poilievre.

« Si les gouvernements de droite commencent toujours par s’attaquer aux syndicats, c’est que notre pouvoir organisationnel est menaçant pour eux. Le simple fait que nous défendions une société démocratique les déstabilise. Nous défendons les droits des travailleurs et des travailleuses, mais nous sommes aussi un mouvement social », explique Alfonso Ibarra Ramirez, président du Conseil central des syndicats nationaux de l’Outaouais, tout juste revenu d’un séjour à Montevideo avec la Confédération syndicale des travailleurs et des travailleuses des Amériques (CSA).

Avec des membres dans 48 organisations syndicales répartis dans 21 pays d’Amérique, la CSA représente 55 millions de travailleurs. Son objectif est de tisser des liens de solidarité entre ses membres, mais aussi de faire la promotion du syndicalisme, de la démocratie, de la justice sociale et d’une série de valeurs progressistes.

Au-delà des valeurs, est-ce que le mouvement ouvrier québécois a vraiment des points communs avec celui de l’Amérique latine ? Alfonso Ibarra Ramirez répond sans hésitation : « Les niveaux de vie ne sont pas les mêmes, mais les luttes pour des conditions de travail sécuritaires, justes et équitables demeurent équivalentes. Les demandes pour des milieux de travail plus démocratiques et pour une meilleure justice climatique se font également écho. »

« La solidarité ne peut être complète ou cohérente sans une vision internationale. Ce qui se déroule ailleurs est parfois déstabilisant, mais l’on doit garder les yeux ouverts. Des gens mettent leur vie en péril en faisant le même travail que l’on fait ici au Québec, sécuritairement. On ne doit jamais perdre ça de vue », ajoute le président du conseil central.

« Si un syndicalisme nord-américain se rapproche de celui de l’Amérique latine, c’est probablement le syndicalisme de combat de la CSN. Mais le mouvement est beaucoup plus politisé en Amérique latine, ajoute-t-il. Nous avons du chemin à faire pour conscientiser les travailleuses et les travailleurs quant à leur rôle majeur à jouer dans l’élection de gouvernements qui représentent vraiment leurs intérêts », conclut M. Ramirez.

Une loi pour les patrons ?

L’adoption du projet de loi 51, qui modifie l’encadrement du secteur de la construction au Québec, ne vient pas régler les principaux problèmes auxquels est confrontée l’industrie, en plus de contenir des dispositions qui attaquent carrément le droit à la négociation.

La loi limite les matières qui pourront éventuellement être négociées. Ce sera entre autres le cas de la notion de mobilité des travailleuses et des travailleurs d’une région à l’autre qui devra être exclue des conventions collectives après 2025.

« Limiter le droit de négocier la mobilité entre les régions risque de créer d’importantes tensions régionales lorsque le nombre de postes sera plus limité et que des travailleuses et des travailleurs sans emploi verront des personnes d’autres régions travailler près de chez eux », affirme Pierre Brassard, président de la CSN–Construction. Le mémoire de la CSN, présenté en commission parlementaire le 13 mars dernier, proposait plutôt de mettre sur pied un comité paritaire pour revoir le découpage des régions en fonction des disponibilités de la main-d’œuvre.

Rien pour la pénurie de main-d’œuvre

« C’est surprenant que la réforme du ministre Boulet ne fasse rien pour attirer et retenir le monde dans le secteur de la construction, alors que c’est la priorité absolue. Il faudrait reconnaître les personnes qui œuvrent déjà dans l’industrie, comme les arpenteurs », ajoute Pierre Brassard.

Or, dans un contexte où il faudrait construire plus de 860 000 logements au Québec pour ramener une certaine abordabilité dans le marché immobilier, c’est une réforme jugée très décevante par la CSN et la CSN–Construction. Sans oublier qu’Hydro-Québec prévoit accaparer 20 000 travailleuses et travailleurs de la construction au cours des dix prochaines années.

Le problème de rétention dans l’industrie doit absolument être réglé si l’on veut augmenter la force de travail du Québec dans ce secteur névralgique. Ce problème est particulièrement criant pour les personnes non formées qui entrent encore à pleine porte dans ce qu’on appelle les bassins ouverts. Selon les chiffres de la Commission de la construction du Québec (CCQ), quelque 40 % de ces personnes quittent la construction après cinq ans. Pour celles et ceux qui ont une formation, c’est 24 % d’abandon après cinq ans. La formation courte, lancée en janvier 2024, ne fait pas encore partie des statistiques, lesquelles datent de 2021.

En somme, l’adoption du projet de loi rate la cible et ne donne pas aux syndicats le rapport de force qui permettrait, enfin, de réunir les conditions gagnantes pour attirer et retenir la main-d’œuvre.

Vers un été combatif dans l’hôtellerie

Si les hôteliers veulent passer un bel été, ils vont devoir se résoudre à payer la dette qu’ils ont contractée envers leurs travailleuses et leurs travailleurs.

Le contexte dans lequel se déroule la négociation coordonnée 2024 de l’hôtellerie ne pourrait être plus différent que lors de la précédente ronde. Comme dans plusieurs autres secteurs d’activité, la pandémie a fait mal à celui de l’hôtellerie. Mais depuis, les beaux jours sont revenus pour les propriétaires, alors que le secteur est en pleine croissance et que le prix des chambres a explosé. Au Québec, depuis 2020, il a augmenté de 67 % .

Notre relance, c’est maintenant

On ne peut malheureusement pas en dire autant du salaire des travailleuses et des travailleurs. C’est notamment pour réagir à la perte de leur pouvoir d’achat que les 3500 membres de la CSN impliqués dans cette négociation portent une demande salariale ambitieuse de 36 % sur quatre ans. Comme l’explique Michel Valiquette, responsable du secteur de l’hôtellerie et trésorier de la Fédération du commerce–CSN : « L’inflation profite aux employeurs pendant qu’elle appauvrit les salarié-es. Alors que les entreprises s’arrachent les employé-es, il est temps que les hôteliers démontrent qu’ils reconnaissent notre travail ».

Le centre de cette négociation constitue le meilleur partage des fruits de la relance de l’hôtellerie et la mise en place de moyens concrets pour attirer et retenir le personnel ; comme la pénurie représente toujours un défi énorme.

Les six autres demandes communes de la négo visent à améliorer les conditions de travail, notamment par un meilleur encadrement de la formation, par l’élimination du recours aux agences de placement et par la diminution de la charge de travail.

Une négo qui a fait ses preuves

La onzième ronde de négociation coordonnée regroupe des travailleuses et des travailleurs d’hôtels de la Capitale-Nationale, de l’Estrie, du Saguenay–Lac-Saint-Jean et du Grand Montréal.

Depuis 35 ans, la CSN a organisé ce secteur pour implanter une négociation où les syndicats portent une plateforme de demandes communes qu’ils ont le mandat de négocier avec leurs employeurs respectifs. La force de la solidarité et de la mobilisation a permis de remporter de nombreux gains avec le temps. Il est fort à parier que ce sera encore le cas cet été.

David contre Goliath

Au cours des deux dernières années, la bataille des locataires de la RPA Mont-Carmel à Montréal a fait les manchettes. Leurs déboires débutent en janvier 2022 lorsque les 200 locataires, dont la majorité a plus de 75 ans, reçoivent un avis d’éviction. Quelques semaines plus tôt, leur résidence a été acquise par une société en commandite derrière laquelle se trouve Henry Zavriyev. Ce jeune investisseur reconnu pour ses pratiques de prédation immobilière est aussi baptisé « le roi de la rénoviction ». Son but : transformer l’édifice du centre-ville en un complexe de logements locatifs, une opération beaucoup plus lucrative que l’actuelle RPA.

Une centaine de locataires quitte rapidement la résidence, « stressés et angoissés de ne pouvoir retrouver de logements dans le contexte de pénurie que l’on connaît », raconte Suzanne Loiselle, qui habite la résidence Mont-Carmel. Mme Loiselle et quelques résidentes et résidents refusent toutefois de se laisser jeter à la rue et fondent le mouvement Sauvons le Mont-Carmel. Le 12 mars dernier, après deux ans de recours judiciaires, le groupe obtient finalement gain de cause lorsque Zavriyev indique qu’il retire son avis d’éviction et qu’il maintient la RPA.

Dans les faits, les services offerts aux aîné-es sont toujours réduits à leur strict minimum. De plus, les appartements disponibles sont loués à une clientèle sans besoins particuliers. La cohabitation s’avère difficile alors que les problèmes de désordre se multiplient. « Il n’y a pas une semaine sans intervention policière. Ça demande de bons nerfs, témoigne la dame. Nous avons vécu de petites victoires le long du chemin, mais nous n’avons pas gagné le fait que Mont-Carmel est une RPA au sens de la loi, précise Mme Loiselle. Elle salue la vague de solidarité exceptionnelle que le groupe de résidentes et de résidents a reçue, entre autres de la part de la CSN, pour mener cette lutte extrêmement dure. On se bat pour l’ensemble des RPA du Québec », rappelle-t-elle.

Leur demande : « que les RPA sortent du marché privé, de l’empire des promoteurs immobiliers. Il faut que le gouvernement mette ses culottes. Zavriyev n’est pas le seul à faire ça. Il faut que le gouvernement encadre ces promoteurs immobiliers qui font n’importe quoi. Ça vaut la peine de se battre. Compte tenu de la démographie du Québec, attachez vos tuques ! Il faut protéger les RPA sinon ce sera leur destruction », prévient Mme Loiselle.

Régler le problème à la source

Malheureusement, ce n’est pas tous les cas de rénovictions d’aîné-es qui sont dénoncés publiquement. « Quand nous nous en rendons compte, nous sommes souvent devant le fait accompli », explique Marlène Ross, la représentante du secteur des centres d’hébergement privés (CHP) à la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN).

Il y a quelques mois, une résidence de Québec, le Domaine Parc des Braves, a fermé ses portes. Ce centre d’hébergement privé était en difficulté financière, et ce, en raison d’un bâtiment payé trop cher. Aujourd’hui, l’immeuble subit une cure de rajeunissement majeure et ses « appartements distingués » sont déjà remis en location régulière à fort prix.

En 23 ans de militance, Mme Ross a pu constater la place de plus en plus grande du privé dans l’hébergement des aîné-es. « On ne se cachera pas que les propriétaires de RPA s’enrichissent sur le dos de leurs locataires et de leurs employé-es, dénonce Mme Ross. C’est triste de constater qu’il y a des résidences sans équipement et sans main-d’œuvre pour donner les services adéquats, mais qui louent à un prix de fous, de 4 000 $ à 5 000 $ par mois », déplore-t-elle.

La plateforme Dignité et solidarité, qui regroupe les orientations de la CSN sur le continuum de soins de santé et de services sociaux aux aîné-es, donne des exemples de ces « services à la carte » vendus à fort prix : prise de tension, installation de bas de compression, distribution de médicaments, lavage des draps (qui n’inclut pas de refaire le lit) ou changement d’une ampoule qui peut coûter entre 5 $ et 10 $… ampoule non incluse !

« Les soins aux aîné-es ne devraient pas être une affaire de gros sous, insiste la vice-présidente responsable des secteurs privés à la FSSS–CSN, Lucie Longchamp. Ce modèle ne fonctionne tout simplement pas. Nous demandons que les soins retournent dans le réseau public. Pendant combien de temps encore le gouvernement fera-t-il la sourde oreille ? »

Les membres du comité de résidents du Mont-Carmel

La CSN se bat depuis toujours pour la consolidation du caractère public du réseau de la santé et des services sociaux. Au cours des dernières années, le sous-financement chronique et le manque de services ont ouvert la porte à la privatisation de ces derniers.

Pour améliorer les soins et les services publics aux aîné-es, la CSN propose quatre grandes orientations : favoriser la pleine participation sociale et citoyenne des aîné-es, garantir une offre adéquate de services publics de soutien à domicile, assurer une bonne qualité de vie, de santé et de bien-être des personnes proches aidantes et garantir une offre de services publics d’hébergement et de soins de longue durée adaptés aux besoins de la population.

La centrale suggère aussi de mettre en place une table de travail réunissant les propriétaires de RPA, les employeurs ainsi que les représentantes syndicales des travailleuses et des travailleurs afin de trouver des des solutions aux problèmes qui frappent le secteur de l’hébergement des aîné-es.

Les failles du modèle privé sont nombreuses. Chercheuse à l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS), Anne Plourde a longuement étudié le phénomène de privatisation des soins et services essentiels pour les aîné-es. « Les cas de rénovictions dans les RPA sont la conséquence de ce choix, celui de confier ces services à des entreprises à but lucratif, qui fonctionnent avec les règles de jeu du privé », explique Mme Plourde.

Elle note aussi la mainmise croissante des grandes entreprises financières sur les RPA. « Ces fonds d’investissement immobilier ont comme unique objectif de générer des profits le plus rapidement possible pour leurs investisseurs », fait-elle remarquer.

Statistiques : la pointe de l’iceberg

La bulle immobilière des dernières années et l’actuelle pénurie de logements ont rendu les rénovictions de plus en plus fréquentes. Les chiffres colligés par le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ) confirment cette tendance lourde. De 2020 à 2023, le nombre d’évictions forcées compilées par les groupes membres du RCLALQ s’est multiplié par près de six. En 2023, elles ont atteint un record avec 3 531 cas, soit une augmentation de 132 %. Toutefois, ces statistiques ne représentent que la pointe de l’iceberg puisque la très grande majorité des opérations de délogement frauduleuses ne sont jamais signalées, souligne cet organisme militant de défense et de promotion du droit au logement qui regroupe 62 organismes sur le territoire du Québec.

Pour sa part, l’Association québécoise des retraité(e)s des secteurs public et parapublic (AQRP) calcule qu’entre octobre 2022 et septembre 2023, 85 RPA ont fermé leurs portes à plus de 2 500 locataires évincés.

« Dans le contexte actuel de pénurie de logements, c’est très tentant pour des propriétaires de changer la vocation de leur RPA afin d’augmenter les loyers et faire plus de revenus avec leur édifice », constate le président de l’AQRP, Paul-René Roy.

Son organisation, qui regroupe 35 000 membres, s’avère particulièrement critique du projet de loi 31 (modifiant diverses dispositions législatives en matière d’habitation) en vigueur depuis février et qui n’inclut aucune disposition pour contrer les évictions dans les RPA. « Quand une résidence ferme, pourquoi ne pas la transformer en projet de logements sociaux ? », propose d’ailleurs M. Roy.

L’Association appuie le projet de loi 198 proposé par Québec solidaire qui modifie les conditions de reprise de logement et d’éviction prévues au Code civil pour mieux protéger les aîné-es. Le 28 mars dernier, les discussions entourant l’adoption de principe de ce projet à l’Assemblée nationale ont donné lieu à des témoignages crève-cœur de gens âgés : « se faire mettre au chemin comme si c’étaient des meubles devenus encombrants », avait alors illustré le porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois.

« Quand les aîné-es se font évincer de leur RPA, ça devient très difficile pour eux de se relocaliser. C’est un stress supplémen­taire qui peut affecter leur santé. On pense que ça devrait être une préoccupation importante pour le gouvernement », conclut Paul-René Roy.

La précarité, ça soûle !

Les deux jours de grève effectués par les 5000 employé-es de la SAQ en avril dernier auront permis d’exposer au grand jour l’une des plus grandes absurdités de notre société d’État : comment une entreprise d’une telle taille peut-elle fonctionner avec si peu d’employé-es permanents ?

En effet, près de 70 % des salarié-es de la SAQ travaillent à temps partiel et sur appel. Ce n’est que dix jours à l’avance, toutes les deux semaines, qu’ils sauront quand ils auront à rentrer au boulot – et si le nombre d’heures prévues sera suffisant pour traverser le mois.

Il leur faudra attendre en moyenne 12 ans avant d’obtenir un poste permanent. Malheureusement, les horaires ne sont guère plus attrayants. « J’ai 14 ans d’ancienneté et je travaille encore tous les vendredis et les samedis soir », nous explique un employé de succursale croisé sur une ligne de piquetage.

Sa conjointe, aussi employée de la SAQ, se voit dans l’obligation de retrancher chaque semaine des quarts de travail afin de pouvoir s’occuper de leurs enfants, amputant du même coup le revenu familial. « Même pour les employé-es permanents, les horaires de travail sont très contraignants », glisse-t-elle dans la discussion.

Prévoir le vide

À la source de cette insatisfaction : le système en place pour planifier les horaires de travail.

Le problème semble idiot tant il est simple. Afin de concevoir les horaires de travail des employé-es permanents, les gestionnaires de la SAQ isolent les deux semaines les moins achalandées de l’année : celles suivant le Jour de l’an. C’est à partir de cette séquence que les « besoins minimaux » en matière de personnel seront attribués aux employé-es permanents… pour l’ensemble des 52 semaines de l’année. Y compris les soirs et les fins de semaine.

L’achalandage, on l’aura compris, sera beaucoup plus grand que les prévisions minimales. Les gestionnaires se voient donc obligés, toutes les deux semaines, d’ajouter des horaires de travail qui seront attribués, à la dernière minute, aux employé-es à temps partiel disponibles.

La planification des horaires de travail est au cœur de la négociation actuelle des 5000 employé-es de la SAQ. Après bientôt 18 mois de négociation, les parties en sont toujours aux aspects normatifs de la convention collective. Le Syndicat des employé-es de magasins et de bureaux de la SAQ (SEMB-SAQ–CSN) a en poche un mandat de 15 jours de grève. Au moment d’écrire ces lignes, deux journées avaient été jusqu’alors exercées. λ

La médecine, une bonne affaire ?

« Je donnerai mes soins à l’indigent et à quiconque me les demandera. Je ne me laisserai pas influencer par la soif du gain ou la recherche de la gloire. » — Extrait du serment d’Hippocrate

Dans la dernière année, quelque 500 médecins généralistes de la province se sont retirés du régime public de l’assurance maladie. Année après année, cette tendance ne cesse d’augmenter et est désormais quatre fois plus importante qu’il y a à peine quinze ans.

Une fois retirés de la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ), ces médecins, formés dans des universités subventionnées par l’État, ne peuvent plus exercer dans le réseau public, à moins de se réinscrire à la RAMQ et créer ainsi un effet de va-et-vient. Quel est l’impact de cette tendance ? La médecine est-elle une business comme les autres ?

Dans les cliniques privées, un bilan de santé peut coûter plus de 500 $ et une consultation en psychiatrie, près de 1000 $. Ces soins, offerts selon les besoins du marché et non de la santé publique, sont loin d’être accessibles à tous et à toutes. Rappelons que plus de 60 % des Québécoises et Québécois sont incapables de mettre de l’argent de côté chaque mois.

David Bergeron-Cyr, vice-président de la CSN, se questionne : « Quand je vais voir un médecin, je dois pouvoir avoir confiance en lui. Ce que je trouve inquiétant, dans la notion du privé, c’est qu’une voix dans notre tête répète : est-ce que l’on me propose ce service parce que c’est le meilleur ou bien parce que c’est le plus rentable ? »

Que doit-on faire, alors, pour récupérer cette expertise au public ? Serrer la vis aux médecins-entrepreneurs, mais aussi améliorer les conditions de travail au public.

« Les médecins ne peuvent pas opérer des cliniques à eux seuls. Actuellement, le secteur privé draine les ressources humaines du réseau public et ça crée un cercle vicieux. On doit redonner ses lettres de noblesse au système public de soins de santé pour que les professionnel-les du réseau y restent. Pour préserver son droit à un réseau vraiment public, accessible et humain, la population doit se mobiliser ! », conclut le vice-président qui est aussi le responsable politique de la campagne Pour un réseau vraiment public !

Une lutte syndicale sur tous les fronts

Devant le nombre grandissant de personnes qui rompent avec les normes d’orientation sexuelle et d’identité de genre, il est possible d’observer chez certains membres de la société une incompréhension devant les enjeux vécus par ces personnes.

Beaucoup de gens ne savent ni quoi en penser ni comment agir. Aussi, une montée de l’intolérance à l’endroit des revendications des personnes et communautés LGBT+, notamment envers les personnes trans, est remarquée. Les syndicats n’évoluant pas en vase clos, ces phénomènes sont aussi présents dans les milieux de travail et dans la vie des organisations syndicales.

En effet, plusieurs syndicats se tournent vers la CSN et ses composantes, car ils se sentent démunis pour bien représenter et défendre leurs membres quant à ces réalités. D’autres syndicats peinent quant à eux à reconnaître les discriminations envers ces personnes, comme des atteintes aux droits fondamentaux. Certains craignent que la défense de ces membres se fasse au détriment d’autres syndiqué-es. Pourtant, selon la législation, tout le monde a droit à la dignité, à l’égalité et au respect.

Un devoir de représentation

De façon plus concrète, quelles sont les obligations des syndicats ? La Charte des droits et libertés de la personne du Québec est précise : la discrimination et le harcèlement sont interdits en milieu de travail. Le Code du travail du Québec est aussi très clair : un syndicat a le devoir de représenter toutes les personnes salariées faisant partie de son unité d’accréditation. Cela implique donc de s’assurer que l’employeur respecte ses obligations et ne discrimine pas des personnes LGBT+ dans l’application de la convention collective. Ce devoir de représentation peut se manifester par la défense ponctuelle des droits de ses membres LGBT+ sur des dossiers précis, mais aussi de façon plus large, en cherchant à négocier des conventions collectives plus inclusives.

Les syndicats peuvent en effet jouer un rôle important lors des négociations pour le renouvellement de leur convention, afin que les milieux de travail soient aptes à mieux accueillir et soutenir les personnes LGBT+. D’ailleurs, les lois ont changé et les règles de l’assurance parentale aussi. Cela implique que les droits des personnes et des familles LGBT+ doivent être reconnus, notamment en matière de droits parentaux, de congés et d’avantages sociaux. Cela peut aussi constituer l’inclusion de plans de transition pour accompagner les personnes qui font une transition de genre, par exemple.

Se former pour contrer la discrimination

Une formation pour les représentantes et représentants syndicaux sur des situations discriminatoires en milieu de travail constitue une autre étape pour cerner les enjeux en lien avec les conventions collectives. Que la position du syndicat en fait d’inclusion des personnes LGBT+ soit visible : affichage d’un autocollant ou d’un drapeau LGBT+. Des actions de sensibilisation simples à poser qui mettent en lumière ces réalités !

Les personnes et les communautés LGBT+ se mobilisent depuis des décennies afin d’obtenir les mêmes droits que tout le monde, dans toutes les branches de la société. Les organisations syndicales ont joué un rôle important dans ces divers combats au fil du temps. Mais ces luttes contre la discrimination et pour l’atteinte d’une réelle égalité ne sont pas derrière nous, encore moins dans un contexte de résurgence d’intolérance. Les syndicats, avec leur devoir de représentation, leur capacité de mobilisation et leur poids politique, sont toujours bien placés pour mener ce genre de luttes.

Si comme organisation syndicale vous souhaitez en savoir davantage, n’hésitez pas à parler à votre personne conseillère syndicale. λ

Derrière les paillettes des festivals

Saison estivale rime souvent avec fête, festivités, festival… Mais est-ce vraiment la fête pour les employé-es festivaliers ?

D’après les données de Bonjour Québec, la province recense plus de 500 festivals chaque année. Une étude commandée par la Fédération nationale de la culture et des communications (FNCC–CSN) brosse un portrait peu reluisant des conditions de travail des salarié-es festivaliers.

Une bonne partie des postes qui y sont offerts sont « événementiels » : ils ne bénéficient habituellement pas des avantages sociaux qui sont offerts aux employé-es permanents. Ce sont des emplois pouvant s’apparenter à des postes dits saisonniers, avec toute la précarité qui en découle. La rémunération est loin d’être mirobolante ; elle avoisine bien souvent le salaire minimum.

Julie, qui vérifie les billets à l’entrée, est payée 15,75 $ l’heure et travaille (debout !) une douzaine d’heures par jour. Rafik, au bar, a de fortes chances d’être « employé » à la manière d’un bénévole, récoltant comme seul revenu, les pourboires de la soirée. Le technicien de son, Jean-François, est derrière sa console depuis 7 h ce matin et y restera jusqu’à la fin du spectacle, bien au-delà de 23 h. Maria – vous ne la voyez pas –, elle s’occupe de la logistique. Elle reçoit 21 $ l’heure et n’a pas de pause-repas.

Syndiquer ces milieux fait partie des priorités de la FNCC–CSN afin de créer un rapport de force permettant de changer la donne. Avec la fin récente du festival Juste pour rire, l’industrie festivalière a lancé un cri d’alarme, demandant une sécurisation et une bonification des financements publics. Doivent être prévus dans cette nécessaire bonification des montants pour améliorer les conditions salariales et de travail des employé-es festivaliers. Sinon, combien de Juste pour rire sont appelés à disparaître ?