Un budget inacceptable et inéquitable pour les chômeurs, les travailleurs âgés, les femmes et le Québec

Le budget fédéral ne remplit pas les attentes de la CSN. Après un énoncé économique qui a plongé le Canada dans une crise politique majeure, le gouvernement conservateur acculé au pied du mur devait sauver sa tête, mais il ne réussit qu’à remettre l’idéologie conservatrice à l’avant-scène malgré un simili budget libéral. « Le discours ne propose aucun changement de cap sur des questions de fond comme la péréquation, la réforme de l’assurance-emploi, le droit à l’équité salariale pour les femmes, les baisses d’impôt ou les changements climatiques », de constater la présidente de la CSN, Claudette Carbonneau.

Rien pour le transport collectif et les énergies renouvelables

La centrale syndicale se réjouit des 7 milliards de dollars qui seront investis pour stimuler le développement des infrastructures, mais est déçue du peu d’argent qui sera consacré aux transports collectifs, aux énergies vertes et renouvelables ainsi qu’à l’efficacité énergétique. « L’argent est au rendez-vous, mais les cibles sont mauvaises et les programmes demeurent trop lourds d’application », de renchérir la leader syndicale.

Des baisses d’impôt non désirées

« Malheureusement, le gouvernement Harper profite de la conjoncture économique difficile pour procéder aux nouvelles baisses d’impôt qu’il voulait faire de toute façon, ce qui rendra nécessaire des compressions budgétaires au sortir de la récession. On ouvre ainsi la porte toute grande à la stratégie conservatrice de réduction du rôle et de la taille de l’État. » Depuis trois ans et en tenant compte des nouvelles mesures pour les deux prochaines années, ce seront donc plus de 82 milliards de revenus dont le gouvernement sera privé, avec les baisses des impôts et des taxes. Pire encore, les nouvelles baisses du fardeau fiscal ne ciblent pas les moins nantis.

Plusieurs mesures manquent à l’appel

Assurance-emploi La présidente de la CSN est outrée que le budget ne contienne pratiquement aucune mesure de bonification de l’assurance-emploi. « Alors que 105 000 emplois ont été perdus au pays en novembre et décembre, pour la première fois nous traversons une crise économique majeure avec un programme d’assurance-emploi dégradé par les coupes de 1993. À peine un peu plus de 40 % des chômeuses et des chômeurs arrivent à se qualifier. C’est inacceptable.»

La CSN demandait la mise sur pied de projets-pilotes, d’une durée limitée à trois ans, visant l’assouplissement des règles d’admissibilité, une période de prestations plus longue, un taux de prestation relevé à 60 % et calculé sur les 12 meilleures semaines de la période de référence ainsi que l’abolition du délai de carence.

Les travailleurs âgés Bien qu’un milliard et demi de dollars soit destiné à la formation des travailleurs, cela ne permettra pas au Québec de rattraper le retard accumulé. Par ailleurs, le gouvernement refuse de mettre sur pied un programme de soutien du revenu pour les travailleurs âgés qui n’auront pas le temps ou la capacité d’acquérir de nouvelles compétences avant leur retraite. La CSN réclame depuis longtemps un programme de soutien financier pour leur permettre de faire le pont entre la fin des prestations d’assurance-emploi et le début des prestations de retraite.

Moins d’argent pour le Québec « Les changements à la formule de péréquation sont majeurs et inacceptables pour le Québec, qui perdra au bas mot 1 milliard de dollars par an. Cela compromet l’atteinte d’un équilibre budgétaire et sous-entend des coupes à venir dans son budget. Il s’agit d’une attaque sans précédent contre les intérêts du Québec », de dénoncer la présidente de la CSN.

Avec l’abolition de la formule de péréquation, le Québec perd son seul gain véritable dans le règlement partiel du déséquilibre fiscal alors que les 800 millions de dollars pour le financement du système d’éducation supérieure ne sont toujours pas au rendez-vous.

La CSN constate par ailleurs que ce budget est inéquitable pour les différentes régions du Canada. Alors que l’Ontario reçoit un statut spécial dans la formule de péréquation pour les dividendes versés à Hydro One et obtient 4 milliards pour son secteur automobile en plus de la création d’une agence de développement économique, les communautés forestières, minières et des pêches doivent se contenter d’un milliard de dollars. Les programmes qui visent la promotion de l’industrie forestière à l’étranger et le développement de nouveaux produits et de nouvelles technologies ne représentent que 170 millions. De plus, ces programmes seront consentis au prorata de la population, ce qui place l’Ouest canadien sur le même pied d’égalité que le Québec.

Logements sociaux « Nous sommes également déçus que le gouvernement Harper investisse presque uniquement dans la rénovation de logements sociaux plutôt que de répondre à l’importante demande de construction de nouveaux logements », de poursuivre la présidente de la CSN.

« Le gouvernement conservateur aurait dû saisir l’occasion de regagner la confiance en lançant un message d’espoir, notamment, en ce qui a trait à l’atteinte des objectifs du protocole de Kyoto. Le moins qu’on puisse dire, c’est que la vieille idéologie conservatrice a la peau dure. Le programme de la Coalition demeure infiniment plus juste, plus pertinent et plus équitable. J’incite, donc, les partis d’opposition à rejeter le budget Harper », de conclure la leader syndicale.

La CSN représente plus de 300 000 travailleuses et travailleurs, et ce, tant dans les secteurs privé que public.

Les syndiqué-es votent la grève à 99,6 %

Les membres du Syndicat des travailleurs de l’information du Journal de Montréal (FNC–CSN) ont démontré qu’ils étaient solidaires devant l’attitude de la direction de Quebecor Media et de Pierre K. Péladeau depuis le début de la négociation pour le renouvellement de leur convention collective.

À scrutin secret, ils ont voté dans une proportion de 99,4 % contre les demandes patronales et à 99,6 % en faveur de la grève générale illimitée, qui est déclenchée immédiatement.

« Les résultats sont sans équivoque, a mentionné le président du STIJM–CSN, Raynald Leblanc. Le message que l’assemblée lance à Pierre K. Péladeau est clair : nous n’acceptons pas de laisser aller nos emplois et nos conditions de travail pour lui permettre d’aller de l’avant avec son plan de convergence illimitée qui porterait un dur coup à la qualité de l’information au Québec. Si le Journal de Montréal est en difficulté financière, ce que nous ne croyons pas, qu’il en fasse la démonstration. Au contraire, nos estimations nous indiquent que l’entreprise a fait des profits de 50 millions de dollars sur un chiffre d’affaires de 200 millions l’année dernière. »

Le président du syndicat a indiqué qu’une importante campagne sera lancée cette semaine pour demander à la population de ne plus lire le Journal de Montréal, de ne plus l’acheter et de se désabonner. « Ce que publie Quebecor Media depuis hier est une honte ! C’est un torchon qui ne mérite pas d’être acheté », a poursuivi Raynald Leblanc.

Ce dernier a aussi déclaré que les personnes qui signent encore une chronique devraient prendre exemple sur les Jacques Demers, Martin Brodeur, Daniel Green et autres qui ont cessé leur collaboration en raison du conflit de travail.


Lock-out au Journal de Montréal

La mobilisation s’amorce Plus de 400 personnes manifestent

25 janvier 2009 — Les travailleuses et les travailleurs du Journal de Montréal ont participé à une première manifestation dimanche, au lendemain du lock-out décrété par Quebecor Media. En plus des membres de leurs familles, qui ont marché à leur côté, ils ont reçu l’appui solidaire de plusieurs syndicats, dont celui de l’information de La Presse (CSN) et celui du quotidien The Gazette, dont les membres venaient de rejeter les dernières offres patronales.

Des représentants de l’association de Québec Solidaire de la circonscription de Mercier ont également participé à la manifestation.

Demain, les 253 membres du Syndicat des travailleurs de l’information du Journal de Montréal, affilié à la Fédération nationale des communications (CSN), sont conviés à une assemblée générale où les demandes patronales seront soumises au vote. Un vote de mandat de grève sera également recherché. L’assemblée générale commencera lundi à midi, au Centre du Plateau, 2275, rue Saint-Joseph Est (angle Fullum).

L’accès interdit au journal

24 janvier 2009 — Bien que le conflit semblait inévitable depuis quelques semaines, c’est tout de même avec une grande déception que les 253 travailleuses et travailleurs du Journal de Montréal et les membres de leur famille ont appris la décision de Quebecor d’imposer le lock-out au cours de la nuit de samedi. Pour ces hommes et ces femmes qui mettent tout leur cœur pour assurer un journal et une information de qualité depuis, pour certains, plus d’une trentaine d’années, il s’agit d’un premier conflit de travail.

Fondé en 1964 par Pierre Péladeau, le Journal de Montréal vit en effet aujourd’hui le premier conflit de travail de son histoire, impliquant le personnel de bureau et de la rédaction. « C’est un jour sombre pour l’information au Québec, a constaté le président du Syndicat des travailleurs de l’information du Journal de Montréal (FNC–CSN), Raynald Leblanc. Mais Pierre K. Péladeau et la direction de Quebecor Media, qui, par le geste insensé qu’ils ont posé la nuit dernière, menacent la pérennité d’une institution de l’information au Québec, trouveront devant lui 253 personnes déterminées à sauvegarder les conditions qui assurent à la population une information de qualité. En agissant de la sorte, le PDG de Quebecor a enterré plus de 45 ans de paix industrielle qui a permis à un empire de se constituer.»

Depuis le début des négociations, en octobre, le syndicat a tout mis en œuvre pour renouveler la convention collective sans conflit et en répondant à des préoccupations patronales, dont le site Internet et les horaires de travail. « Mais nous n’acceptons pas de diminuer nos revenus, de sacrifier nos emplois et d’éliminer les conditions qui assurent le respect du code de déontologie journalistique en acceptant ce que Quebecor tente de nous imposer, a averti Raynald Leblanc. Le Journal de Montréal est encore très rentable avec des profits de plus de 50 millions $, sur un chiffre d’affaires de 200 millions l’an dernier. Pierre K. Péladeau s’est lui-même octroyé une hausse de salaire de 29 % l’an dernier. Il demande aujourd’hui à des travailleuses de réduire leurs revenus du quart et à tous les employés de diminuer les avantages sociaux de 20 %, tout en allongeant d’autant la semaine de travail de 25 % sans compensation. C’est carrément indécent ! »

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Lancement du site Internet http://www.ruefrontenac.com/

En ce jour sombre pour le Journal de Montréal, les 253 lock-outés membres du Syndicat des travailleurs de l’information du Journal de Montréal, affilié à la Fédération nationale des communications (CSN), lance un site Internet, www.ruefrontenac.com, où ils continueront à exercer leur métier et à informer, chaque jour, leur public.

Parce que le Journal de Montréal est désormais publié sans journalistes, les professionnels de l’information qui ont fait du quotidien de la rue Frontenac le plus lu au Québec vous convient maintenant sur Internet. Sorte de pied de nez à l’employeur, qui reproche au syndicat de refuser de se tourner vers l’avenir et les nouvelles technologies, le site en sera un d’information et d’actualité.

« C’est la preuve que le syndicat est prêt à travailler sur les nouvelles plateformes. Notre seule condition a toujours été de négocier ce virage numérique, ce que l’employeur refuse de faire depuis des années», a affirmé le président du STIJM–CSN, Raynald Leblanc.

Amèrement déçus par les sites Internet de nouvelles mis en place par l’empire Quebecor, comme celui du journal 24 heures, les membres du syndicat veulent produire un site Internet de qualité, à l’image de leur professionnalisme.

Dans une lettre envoyée à Pierre Karl Péladeau vendredi, le syndicat a réaffirmé ses positions : « Votre père a fait du Journal de Montréal le quotidien numéro 1 au Québec. Nos offres vous permettraient maintenant d’aller plus loin, et de faire du Journal de Montréal la première source d’information sur Internet. Réglons dès maintenant cet enjeu majeur, évitons de faire perdurer un conflit de travail qui aurait pour conséquence de miner le moral de vos employés et regardons vers l’avenir. »

Par la bouche de nos crayons ! http://www.ruefrontenac.com/

Le site Web des employés en lock-out du Journal de Montréal est l’œuvre des 253 membres en lock-out membres du Syndicat des travailleurs de l’information du Journal de Montréal (CSN). Son nom s’inspire de la rue où se côtoient leurs bureaux et ceux du Journal de Montréal, le « quotidien de la rue Frontenac ». Il fait aussi référence à ce jour d’octobre 1690 où Frontenac a lancé à l’émissaire anglais venu demander la reddition de la ville de Québec qu’il n’avait « point de réponse à faire à votre général que par la bouche de mes canons ». C’est finalement un léger clin d’œil à notre source d’inspiration, Rue89.

Le STJIM lance un appel à la population, aux institutions, aux entreprises et aux différentes organisations du Québec afin qu’elles cessent d’acheter le quotidien, produit sans le travail des employé-es frappés d’un conflit, et de la publicité, y compris les petites annonces. « Tant que le Journal sera publié, on étire indûment le conflit, a poursuivi le président du syndicat. C’est pourquoi nous demandons l’appui de toutes et tous à la bataille que nous menons contre le géant Quebecor pour que le conflit soit le moins long possible. Nous déplorons le fait que Quebecor n’ait pas tiré les leçons de la décision de la Commission des relations du travail dans le dossier du Journal de Québec qui a clairement établi à l’embauche de scabs durant les 16 longs mois qu’a duré le lock-out dans la Capitale. Pour nous, toutes personnes qui accompli nos tâches sont des scabs et c’est inacceptable. Nous agirons en conséquence.»

Dès 6 heures ce matin, une pyramide téléphonique s’est mise en branle pour rejoindre les membres du syndicat. Le piquetage a débuté à 10 heures et les membres sont conviés à une assemblée générale spéciale le lundi 26 janvier à midi pour discuter de la grève et des autres moyens mis en place pour ramener l’employeur à la table de négociation. L’assemblée se tient au Centre du Plateau, 2275, rue Saint-Joseph Est (angle Fullum).