Les mêmes offres toujours insuffisantes pour relever les services publics

« Avec cette contre-proposition salariale qui n’en est pas une, il est clair que nous avons été convié-es à une nouvelle opération de communication du gouvernement Legault; un désolant exercice de relations publiques de la CAQ sur le dos des travailleuses et des travailleurs, alors que ceux-ci se mobilisent partout à travers le Québec pour défendre les services publics. » C’est le message que livre la Confédération des syndicats nationaux (CSN) au sortir de sa rencontre avec le Conseil du trésor ce matin, à Québec.

La CSN se dit extrêmement déçue par la proposition qui leur a été déposée; une proposition collée sur celle qui avait été rejetée en mai 2020 par l’organisation syndicale qui représente plus de 160 000 travailleuses et travailleurs des services publics. Les paramètres salariaux restent identiques à la dernière offre, soit 1,75 % en 2020, 1,75 % en 2021 et 1,5 % en 2022. Les montants forfaitaires à la première et à la deuxième année sont, quant à eux, légèrement bonifiés. « Des mesures éphémères, ce n’est pas ça qui va attirer et retenir le personnel. On est loin du coup de barre nécessaire », lance Caroline Senneville, vice-présidente de la CSN.

Une autre nouveauté de ce dépôt quant aux paramètres salariaux est la mise en place, pour la durée de la convention collective, d’un mécanisme de protection du pouvoir d’achat qui permet d’ajouter au plus 1 %, si l’inflation dépasse 5 % sur la période de trois ans. « C’est quand même incroyable que le gouvernement veuille nous vendre ce mécanisme comme un gain significatif. On parle ici de garantir aux personnels des réseaux, celles et ceux qui prennent soin de nous au quotidien, qu’ils ne s’appauvriront pas en travaillant pour les Québécoises et les Québécois. Et même là, ce n’est pas une vraie garantie, puisque si l’inflation dépasse 6 % sur trois ans, ce sera l’appauvrissement. Et le gouvernement en ajoute une couche en liant le déclenchement de ce mécanisme à la croissance économique », ajoute Mme Senneville.

La CSN ayant obtenu, le 15 mars dernier, un mandat clair de planifier la grève des syndicats de tous les secteurs qu’elle représente, tant dans les réseaux de l’éducation et de la santé et des services sociaux que dans les organismes gouvernementaux, elle affirme que la nouvelle tentative du gouvernement de régler au rabais les conventions collectives du secteur public accélérera les démarches déjà entamées en ce sens. « En refusant encore une fois de prendre les moyens nécessaires pour relever les réseaux, le gouvernement Legault met en péril les services à la population. Nous ne pouvons accepter ça. Et s’il faut que nous utilisions l’ultime moyen de pression pour améliorer nos conditions de travail et ainsi défendre les services auxquels les Québécoises et les Québécois ont droit, nous le ferons », conclut Caroline Senneville.

Le gouvernement entendra-t-il enfin le cri d’alarme lancé par les travailleuses et les travailleurs des services publics?

Devant le mépris exprimé depuis trop longtemps par le gouvernement Legault, qui refuse toujours de donner le coup de barre nécessaire pour relever les services publics, la colère monte chez le personnel. Il y a un an aujourd’hui, les conventions collectives des 550 000 travailleuses et travailleurs des services à la population venaient à échéance. Le gouvernement disait alors vouloir s’entendre rapidement avec ses employé-es, mais 12 mois plus tard, force est de constater que ces paroles n’étaient que du vent. C’est pourquoi, ce matin, des milliers de travailleuses et de travailleurs, toutes organisations syndicales confondues (CSN, CSQ, FIQ, APTS, FTQ, FAE, SFPQ et SPGQ), manifestent leur ras-le-bol devant l’Assemblée nationale à Québec et devant le bureau du premier ministre à Montréal.

Tout au long de la journée, malgré leur surcharge de travail constante et leur épuisement, ces centaines de milliers de femmes et d’hommes qui se dévouent sans relâche pour la population feront du bruit partout à travers le Québec afin de sonner l’alarme sur les situations intenables vécues sur le terrain actuellement et dénoncer l’inaction du gouvernement face à ces situations.

Pour les leaders syndicaux présents à Québec (Jacques Létourneau, CSN; Sonia Ethier, CSQ; Nancy Bédard, FIQ; Andrée Poirier, APTS; Daniel Boyer, FTQ; Sylvain Mallette, FAE; Christian Daigle, SFPQ et Line Lamarre, SPGQ), il est impératif que le gouvernement agisse maintenant.

« La situation catastrophique dans les réseaux, dans la fonction publique et dans les organisations parapubliques ne date pas d’hier. Ce sont des décennies de réformes centralisatrices, de compressions et d’austérité qui ont démoli les services publics. Il est aujourd’hui on ne peut plus clair que ce n’est pas la voie à suivre. Avant d’utiliser la fameuse cassette du « On n’a plus d’argent, les coffres sont vides », le gouvernement Legault doit se poser la vraie question « A-t-on les moyens de se priver des services publics? » La dernière année est venue nous confirmer, hors de tout doute, que la réponse est non », affirment les leaders syndicaux d’une seule voix.

Les organisations revendiquent des améliorations immédiates et significatives aux conditions de travail et de pratique et aux salaires du personnel de l’État pour freiner les départs qui se comptent par milliers depuis le début de la pandémie et réussir à recruter de nouvelles personnes pour venir rapidement prêter main-forte.

« Le gouvernement l’a dit lui-même par la bouche de son ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, pour justifier l’augmentation de 127 % accordée au PDG d’Investissement Québec : « Si on veut avoir des outils à la mesure de nos ambitions, il faut rémunérer les gens en conséquence ». Cette affirmation est fort juste et elle doit aussi s’appliquer aux travailleuses et aux travailleurs qui, au quotidien, prennent soin de nous, de nos parents, de nos enfants, de nos proches », notent les porte-parole syndicaux, tout en ajoutant que chaque jour qui passe sans action directe du gouvernement pour ajouter des ressources humaines et financières en santé et services sociaux, en éducation, dans la fonction publique et dans les organismes gouvernementaux aggrave les problèmes d’attraction et de rétention du personnel et entraîne des conséquences importantes sur les services à la population.

Les travailleuses et les travailleurs veulent maintenant des réponses à leurs questions : après deux ans et demi au pouvoir, qu’attend le gouvernement pour faire ce qu’il faut et investir les sommes nécessaires pour relever les services publics? Quand entend-il donner des mandats à ses représentants aux tables de négociation pour parvenir à des ententes satisfaisantes pour toutes et tous, des ententes à la hauteur des besoins qui changeront le visage des services publics, tant pour celles et ceux qui y travaillent que pour l’ensemble du Québec?

Si le gouvernement refuse toujours de répondre adéquatement à ces questions, les organisations syndicales déploieront des actions de mobilisation plus musclées sur le terrain au cours des prochaines semaines.

« Nous ne resterons pas les bras croisés, alors que les services à la population sont en péril. Nous nous mobiliserons pour le bien-être de toutes les Québécoises et de tous les Québécois », de conclure les leaders syndicaux.

Marlène Paul ou le militantisme syndical pour créer des ponts sur les réalités autochtones

Innue par son père, Marlène est née il y a soixante-trois ans à Mashteuiatsh, la seule communauté autochtone au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Elle enseigne à l’école secondaire Kassinu Mamu de Pekuakamiulnuatsh Takuhikan, à Mashteuiatsh. Elle a œuvré à syndiquer le personnel enseignant de son école en 2014 et est maintenant présidente du Syndicat des travailleuses et travailleurs de Mashteuiatsh—CSN.

« Étant à moitié innue, j’ai les pieds dans deux cultures. Cela a fait en sorte que souvent, pour les Autochtones, je ne suis pas vraiment autochtone. Et pour les Blancs, c’est pareil, je ne suis pas vraiment comme eux, mon nom de famille est associé aux Innus. Cette tension a parfois été difficile, surtout plus jeune », commence Marlène.

Les pensionnats autochtones, on a l’impression que c’est bien loin, mais Marlène les a connus. La pratique de séparer les enfants autochtones de leur famille en les plaçant dans ces pensionnats a été adoptée par le gouvernement fédéral et le clergé pour « tuer l’indien dans l’enfant ». Ces pensionnats ont existé dans toutes les provinces canadiennes, des années 1880 jusqu’aux années 1990, le dernier ayant fermé ses portes seulement en 1996, en Saskatchewan.

« Lorsque j’étais enfant, il y avait un pensionnat directement dans la communauté, qui s’appelait Pointe-Bleue à cette époque. À l’âge de seulement six ans, on m’a arrachée à ma famille pour m’y envoyer. J’y suis demeurée quatre ans. Pendant tout ce temps, je n’ai pas revu mes parents, mes frères, mes sœurs. Ce fut… marquant », dit-elle simplement.

Après le pensionnat, Marlène fréquente l’école secondaire hors de sa communauté. « Lors de la séparation de mes parents, j’ai ensuite quitté Mashteuiatsh. J’ai étudié en génie mécanique, mais n’ai pas trouvé d’emploi. Je suis donc retournée à l’université en enseignement des mathématiques et des sciences. J’ai enseigné dans plusieurs écoles, partout au Québec, dans des communautés autochtones ou non. Je connais donc bien les différents enjeux touchant les Autochtones en éducation », continue-t-elle.

De retour à Mashteuiatsh depuis plusieurs années, Marlène est d’avis que les perceptions et les préjugés à l’endroit des Autochtones diminuent un peu. « Mais c’est un travail très lent. Ce n’est pas évident d’aller à la rencontre de l’Autre. La méfiance est très présente, de part et d’autre. C’est en créant des espaces d’échange et de dialogue que les barrières pourront tomber, j’en suis persuadée », observe Marlène.

« Les allochtones ont beaucoup de préjugés envers nous. On leur a rentré dans la tête que nous avons des privilèges, notamment au niveau de la chasse et de la pêche. C’est très tendu, ici, sur ces questions, ainsi que sur la question des terres qui appartiennent à la communauté. Ça crée des conflits entre les gens, on entend des propos racistes de la part de citoyennes et citoyens à la radio… Ce n’est pas facile », poursuit-elle.

Marlène croit que l’éducation est une clé importante pour faire tomber ces préjugés et ces méconnaissances, qui engendrent du racisme à l’endroit des membres des Premières Nations. « Les Innus de Mashteuiatsh sont de façon générale plus pauvres et plus malades que les gens de la région. Pourquoi ? Entre autres parce que le système colonial canadien nous maintient encore aujourd’hui dans une posture de mineur vis-à-vis Ottawa. Est-ce que les gens savent qu’on ne peut pas se prendre une hypothèque et que nous ne pouvons pas être propriétaires de nos maisons dans les communautés ? Que le gouvernement fédéral est encore notre “tuteur légal ?” Il commence à y avoir un certain éveil sur ces questions et des politiques timides de réconciliation voient le jour, mais il faut voir cela sur le long terme », souligne-t-elle.

Résolument engagée pour créer des espaces de dialogue partout où elle peut, Marlène a été nommée en 2019 au Conseil supérieur de l’éducation, qui conseille le ou la ministre de l’Éducation. Active au sein de la FNEEQ depuis 2014, elle voit aussi le militantisme syndical comme une occasion de créer des ponts et d’éduquer les gens sur les réalités autochtones. « Il faut parler, parler, parler, pour finir par se comprendre. Il ne faut pas se décourager, ça évolue », termine-t-elle en souriant.

 

 

 

 

Le budget provincial : des promesses séduisantes, un accueil mitigé

« L’enseignement supérieur a été déclaré comme un service essentiel ainsi qu’une priorité par le gouvernement Legault. On ne peut que se réjouir de l’attention qu’accorde enfin ce gouvernement aux études postsecondaires, mais le détail des investissements montre qu’il y aura finalement peu d’argent accordé aux enseignantes et aux enseignants des réseaux collégial et universitaire », constate Caroline Quesnel, présidente de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQCSN). 

Malgré un déficit prévu de 12,5 G$ en 2021-2022, le ministre des Finances, Éric Girard, injecte 700 M$ de dollars en enseignement supérieur jusqu’en 2026. Nous nous réjouissons qu’une bonne partie de ces sommes vienne en aide aux étudiantes et aux étudiants, qui ont particulièrement souffert des impacts de la pandémie. Nous nous interrogeons toutefois sur les mesures d’encouragement, qui ciblent des domaines particuliers (notamment les technologies de l’information) au détriment des autres. Nous tenons à rappeler que l’enseignement supérieur n’est pas au service des besoins du marché de l’emploi. 

Par ailleurs, nous constatons que, du primaire à l’université, le gouvernement mise de manière insistante sur le virage numérique, l’intelligence artificielle et le déploiement de solutions informatiques. Nous ne partageons pas cet engouement pour la technologie. L’enseignement en présence doit être maintenu et favorisé dans tous les ordres d’enseignement, et il ne faut surtout pas tirer de conclusions hâtives de la pandémie. Cependant, les décisions concernant l’utilisation des sommes annoncées devront refléter les préoccupations et les besoins exprimés par les enseignantes et les enseignants, qui ont été au premier plan de l’adaptation et de la poursuite des activités d’enseignement durant la dernière année. Nous craignons que de tels investissements ne fassent qu’alimenter la concurrence entre les établissements. 

Quant au primaire et au secondaire, la Fédération se réjouit des investissements de 170 millions annoncés pour « Soutenir la consolidation des apprentissages en contexte de crise sanitaire », mais signale que la nature de ces investissements devra être précisée en collaboration avec le personnel enseignant. De plus, les 70 M$ octroyés « afin de valoriser la profession enseignante et les carrières en éducation, de soutenir les étudiants en enseignement et leur intégration en emploi ainsi que de mobiliser les personnes qui travaillent au quotidien auprès des élèves du Québec » d’ici 2025-2026 risquent de s’avérer bien insuffisants. 

La Fédération accueille favorablement le soutien annoncé de 41 M$ d’ici 2025-2026 pour les établissements d’enseignement supérieur en région, mais elle souligne néanmoins que les besoins sont beaucoup plus importants. 

« L’éducation et l’enseignement supérieur forment les citoyennes et les citoyens qui façonneront la société québécoise. Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre et de sortie de crise difficile, il s’avère important de bien les soutenir. Qu’enfin le déficit provincial ne représente plus un frein constitue une bonne nouvelle », souligne Caroline Quesnel. 

Vigilance et regrets
Personne ne peut ignorer que l’enseignement en mode non présentiel a accentué les inégalités et a eu un impact important sur la motivation ainsi que le parcours scolaire de milliers d’étudiantes et d’étudiants. La situation a alourdi considérablement la tâche des enseignantes et des enseignants et elle devrait perdurer durant les prochains mois, si ce n’est les prochaines années. L’annonce d’aujourd’hui est ainsi bien accueillie par la Fédération, qui, malgré tout, restera vigilante afin que les sommes injectées soutiennent concrètement le personnel enseignant des cégeps et des universités et répondent enfin aux besoins criants qu’ils expriment depuis plusieurs années. 

Par ailleurs, la Fédération attend avec impatience la publication du Plan d’action pour la réussite en enseignement supérieur, doté d’un budget de 150 M$ d’ici 2025-2026. Nous mettons toutefois en garde le ministère sur le danger de concevoir la réussite uniquement en fonction de l’atteinte de cibles de diplomation sans tenir compte des impacts de la pandémie sur la persévérance et la motivation étudiantes.   

La FNEEQ-CSN, qui représente notamment les enseignantes et des enseignants dans 45 établissements collégiaux publics, soit environ 85 % d’entre elles et eux, dénonce, à l’instar de la CSN, qu’aucune somme ne soit prévue afin de régler les négociations du secteur public. Si le gouvernement veut reconnaître la contribution des salarié-es de l’État dans la santé, dans les organismes gouvernementaux de même que dans l’éducation et l’enseignement supérieur, les bons mots ne suffisent pas : les actes doivent suivre la parole.  

Nous regrettons que le gouvernement ait décidé de maintenir les versements au Fonds des générations et qu’il ne procède pas à la révision majeure de la fiscalité souhaitée par la Coalition Main rouge, dont elle est membre. Ce faisant, l’État se prive encore une fois de ressources importantes pour soutenir les services publics. Aussi, la décision de la CAQ d’uniformiser le taux de taxe scolaire privera l’éducation et l’enseignement supérieur de plus de 3,6 G$ entre 2020 et 2026. Tout porte à croire qu’à la suite des prochaines élections provinciales, le Québec subira une autre cure d’austérité. Les membres de la FNEEQ-CSN seront une fois de plus prêts et prêtes à se battre !

Budget : Des investissements nettement insuffisants pour relever les services publics

Tôt ce matin, des travailleuses et des travailleurs des services publics, membres de la CSN, ont manifesté devant les bureaux du ministre des Finances, Éric Girard, à Montréal. Munis d’une grande bannière sur laquelle on pouvait lire « Les services publics s’écroulent. La CAQ doit agir! », les militantes et les militants présents en avaient long à dire sur le manque de courage politique du gouvernement pour régler la crise qui perdure dans les réseaux depuis des années.

« La situation est catastrophique dans les services publics. Le Québec tout entier en a pris conscience au cours de la dernière année. Comment le gouvernement peut-il toujours refuser de faire ce qu’il faut pour que la crise dans les réseaux se résorbe enfin? » a lancé Caroline Senneville, vice-présidente de la CSN.

Pour l’organisation syndicale, qui représente plus de 160 000 employé-es dans tous les secteurs des services publics, il est clair que les sommes prévues dans le budget du Québec pour financer les réseaux de la santé et des services sociaux et de l’éducation ne répondent pas aux besoins criants, qui vont bien au-delà la crise sanitaire. « À la question, a-t-on les moyens d’investir davantage, nous répondons a-t-on les moyens de ne pas le faire? C’est le manque d’investissement des dernières décennies qui nous a menés là où nous sommes, avec des services publics en piteux état. Les Québécoises et les Québécois méritent mieux », a ajouté Mme Senneville.

Les militantes et les militants de la CSN tenaient aussi à dénoncer l’hypocrisie du premier ministre et de son gouvernement qui portent un certain discours publiquement et un tout autre discours aux séances de négociation qui se tiennent depuis plus d’un an pour le renouvellement des conventions collectives des travailleuses et des travailleurs des services publics. « Devant les caméras, c’est toujours Merci, Merci, Vous êtes des héros, mais lorsque vient le temps de poser des gestes concrets pour améliorer significativement les conditions de travail et les salaires de toutes ces femmes et de tous ces hommes qui prennent soin de la population du Québec, c’est silence radio aux tables de négociation. »

La vice-présidente de la CSN a tenu à conclure la manifestation par une mise en garde au gouvernement de la CAQ : « Nous luttons pour que les Québécoises et les Québécois aient accès à des services publics de qualité, des services auxquels ils ont droit. Les enjeux sont trop importants pour que nous baissions les bras. Nous n’avons pas dit notre dernier mot! »

La FNEEQ dénonce la composition du comité sur la reconnaissance de la liberté académique

La Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN) déplore que le comité sur la reconnaissance de la liberté académique mis sur pied par la ministre de l’Enseignement supérieur, Danielle McCann, soit composé uniquement de professeur-es d’université et d’une personne représentant le corps étudiant. On n’y trouve aucun membre provenant des chargé-es de cours universitaires ou des professeur-es de cégep, qui sont aussi au cœur de l’enseignement supérieur et qui ont des préoccupations légitimes à l’égard de la liberté académique.

« Durant les derniers mois, les cas les plus médiatisés ont impliqué exclusivement des personnes chargées de cours. Qu’aucune place sur ce comité ne soit accordée à un représentant de ce groupe est franchement décevant et mal avisé », souligne Caroline Quesnel, présidente de la FNEEQ–CSN.

Les enseignantes et enseignants contractuels assument plus de 60 % de l’enseignement au premier cycle, ce qui les place au centre du débat sur la liberté d’enseignement, laquelle est au cœur de la liberté académique. Ces enseignantes et enseignants précaires et vulnérables sont alors laissé-es à eux-mêmes ne sachant pas s’ils pourront compter sur le soutien de leur direction.

Les enjeux entourant la liberté académique, tout comme ceux de lutte aux discriminations, sont complexes et doivent faire l’objet d’un dialogue entre toutes les parties prenantes. La FNEEQ–CSN entend y prendre part.

« Pour que le comité puisse réaliser une analyse complète de l’état des lieux et proposer des pistes de solution, l’expertise de tous les personnels enseignants œuvrant dans les collèges et les universités doit être mise à contribution. J’invite la ministre McCann à réviser la composition de ce comité afin de mieux refléter la réalité », conclut Caroline Quesnel.

Hélène Nazon : « Dépoussiérer nos projets éducatifs pour contrer le racisme »

Professeure de littérature au Cégep Garneau de Québec depuis plus de dix ans et vice-présidente à l’information au comité exécutif du syndicat des professeur-es depuis 2015, Hélène Nazon, dont les parents sont nés en Haïti, se plaît à répondre qu’elle vient du Nouveau-Brunswick quand on lui demande « d’où elle vient ».

« Quand je réponds ce qui est la vérité, que je suis bel et bien née au Nouveau-Brunswick, on me répond : “Non, mais tu comprends ce que je veux dire…” Je l’ai entendu tellement souvent ! J’ai aussi compris très tôt que je ne serais jamais vraiment vue comme étant “d’ici” aux yeux des autres », débute-t-elle.

Sa lunette de professeure fait en sorte qu’elle aborde les questions reliées au racisme en pensant au milieu de l’éducation en premier. « C’est mon milieu et je pense qu’on peut y faire beaucoup de choses », lance-t-elle.

Selon elle, le fait qu’une bonne partie du corps professoral des institutions d’enseignement supérieur ne représente pas la diversité de la société québécoise démontre que les choses doivent bouger. « On dit qu’on est le reflet de la société dans laquelle nous sommes. À mon département, je suis la seule professeure racisée, sur une quarantaine. Et c’est le deuxième département en importance. Dans le cégep au grand complet, il y a aussi bien peu de professeur-es racisés. Pour les déléguée-s de la FNEEQ, c’est la même chose. Pourtant, la question de la représentativité est importante pour une réelle lutte contre le racisme. Mes deux enfants voient bien peu de gens qui leur ressemblent dans les médias québécois. On ne parle même pas de quand moi j’étais enfant ! Quand les personnes qu’on voit dans les médias ou bien qui nous enseignent ne nous ressemblent à peu près jamais, quel message reçoit-on ? », demande-t-elle.

Les débats autour de la liberté académique en milieu universitaire et les revendications d’étudiantes et d’étudiants appartenant à des groupes minoritaires sont pour elle une occasion à saisir pour forcer des débats nécessaires. « À mon avis, la tangente qu’a pris cette discussion publique reflète à quel point les savoirs enseignés dans nos institutions gagneraient à être revisités et décolonisés. Et soulever ces questions dures, mais essentielles, vient toucher des cordes très sensibles, dans un contexte où notre gouvernement refuse de reconnaître la réalité du racisme systémique », souligne la professeure.

Mobilisé par ces questions, son comité exécutif a proposé à la direction du Cégep Garneau de mettre sur pied un comité de travail sur « sur l’enjeu des sujets sensibles abordés en classe » qui inclurait le syndicat, les professeur-es, la direction et les étudiantes et étudiants. « Ces discussions ne peuvent pas se faire sans eux. Il faut absolument travailler à créer de réels espaces de dialogue où toutes les parties présentes sont ouvertes à la discussion et ne demeurent pas campées sur leurs positions. Il faut voir cela comme une occasion de dépoussiérer le projet éducatif du collège », poursuit-elle.

Pour la professeure et syndicaliste, des organisations comme la CSN sont bien placées pour créer de tels espaces de dialogue. « Ces questions sont partout et ne feront que prendre plus de place avec le temps. Il faut prendre le taureau par les cornes et ne pas céder à la peur d’en parler. J’ai trouvé qu’entre le 65e et le 66e Congrès de la CSN, beaucoup de chemin avait été parcouru. On sent une mobilisation plus grande de la part du comité exécutif de la CSN. C’était important d’inscrire la campagne contre le racisme dans le plan d’action des trois prochaines années, appuyé par le plancher. Ce n’est que le début ! », termine-t-elle.

État de choc dans les cégeps, des femmes poussées vers la voie de garage

À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN) rappelle que l’égalité des chances restera hors d’atteinte tant que le gouvernement restera indifférent aux impacts différenciés selon le genre qu’entraînent ses décisions. Dans cette perspective, la fédération dénonce vivement les récentes attaques contre des programmes collégiaux qui qualifient en grande majorité des femmes, et leur donnent accès à des professions intéressantes et recherchées.

D’abord, il est particulièrement gênant pour le ministère de l’Enseignement supérieur (MES) de penser éliminer le programme de Bureautique, qui qualifie durablement une grande majorité de femmes en leur offrant des perspectives d’avancement en cours de carrière que le diplôme d’études professionnelles (DEP) du secondaire n’offre pas. Alors que les employeurs s’arrachent les finissantes du diplôme d’études collégiales (DEC), trop peu nombreuses pour pourvoir les postes disponibles, le MES abolit le programme, puis propose une voie de sortie beaucoup moins riche en termes de contenu. La fermeture du programme limiterait une vaste majorité de femmes sur le plan professionnel puisque 90 % de l’effectif étudiant est féminin.

Il est aussi très préoccupant de voir l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) et l’Ordre professionnel des inhalothérapeutes du Québec (OPIQ) ― qui représentent une vaste majorité de femmes, revendiquer que l’accès à la profession ne passe plus par des DEC qualifiants du collégial, mais par un diplôme universitaire. La Fédération ne s’oppose pas à la formation universitaire dans ces domaines, mais rappelle qu’elle vise des finalités différentes de celles du DEC et est moins accessible que la formation collégiale, notamment en termes de coûts et de nombre d’établissements qui l’offrent.

« La pandémie a exacerbé le manque criant d’infirmières et d’inhalothérapeutes dans le réseau. Ce n’est pas en mettant de nouveaux freins à l’entrée dans la profession qu’on attirera plus de candidates et qu’on palliera le manque de personnel qualifié dans la profession », affirme Caroline Quesnel, présidente de la FNEEQ–CSN.

Encore en 2021, on déplore que les femmes soient plus touchées par la précarité financière que les hommes et qu’elles assument également une plus grande part du travail invisible, notamment celui qui est lié à l’organisation familiale. Dans ce contexte, il est contraire à toute logique de priver une majorité d’étudiantes et de futures travailleuses de perspectives d’emploi intéressantes et très accessibles grâce au réseau public des cégeps, qui leur offre un enseignement supérieur gratuit dans toutes les régions du Québec.

Donnons-nous les moyens de nos ambitions !

Depuis le début de la crise sanitaire, les enseignantes et enseignants du Québec ont porté le système d’enseignement supérieur sur leurs épaules. Nous avons dû adapter en un temps record notre enseignement pour permettre la réussite de nos étudiantes et étudiants et assurer un enseignement de qualité, malgré le manque de reconnaissance et de ressources pour le faire. À bout de souffle, nous exhortons le gouvernement du Québec à investir dans les ressources humaines pour nous permettre de poursuivre cette tâche colossale sans y engager notre santé ou compromettre la réussite de nos étudiantes et étudiants.

Le gouvernement Legault prétend que l’enseignement supérieur est une de ses priorités en temps de pandémie, au point de considérer le secteur comme un service essentiel. Pourtant, les faibles ressources investies pour faire face à un chamboulement majeur du mode d’enseignement ont davantage été dédiées à des infrastructures que pour le personnel enseignant.

Ce sont pourtant ces enseignantes et ces enseignants qui ont dû fournir la plus grande part de l’effort d’adaptation. Modifiant nos cours pendant nos temps libres et nos vacances, suivant des formations souvent non rémunérées pour apprendre des nouvelles formes d’enseignement et nous familiariser avec de nouvelles technologies, nous avons également dû dédier énormément d’heures supplémentaires, toujours bénévolement, pour assurer un encadrement adéquat à nos étudiantes et étudiants qui vivent des situations tout aussi difficiles.

Il va sans dire que la crise sanitaire a également eu un impact important sur la motivation et le parcours scolaire de milliers d’étudiantes et d’étudiants. Nous avons constaté à quel point les inégalités sociales étaient exacerbées par l’accès inégal aux ressources informatiques autant que culturelles. Il nous faut avoir les moyens de permettre à toutes et à tous de réussir et cela passe aussi par des conditions d’enseignement décentes, entre autres pour permettre une relation pédagogique plus humaine.

Un éventuel déconfinement ne devrait pas être plus aisé, puisque le gouvernement voudrait, sans jamais nous avoir consultés au préalable, nous imposer des cours en « comodal », c’est-à-dire à une partie de la classe en présence et l’autre à distance. Comme si l’animation d’une classe « normale » pouvait se faire de la même manière que celle d’un cours à distance, sans que l’une ou l’autre (ou les deux) ne perde en qualité. Toutes ces tâches et adaptations exigent du temps et des conditions de travail qui ne sont pas au rendez-vous. Il faudrait que le prochain budget provincial s’assure de nous donner les moyens d’enseigner dans des conditions adéquates.

Heureusement, nos efforts ont permis de maintenir un enseignement de qualité, malgré la situation adverse, et les taux de diplomation autant que la valeur de ces diplômes n’ont pas été compromis. À bout de ressources, sans moyens suffisants pour accomplir notre tâche, nous craignons cependant pour la santé mentale et physique du corps enseignant qui se sent épuisé et délaissé.

Dans un contexte où les services publics ont été affaiblis par des années d’austérité, le discours de retour à l’équilibre budgétaire qui se fait de plus en plus entendre nous fait craindre le pire. Le gouvernement doit injecter des sommes supplémentaires pour soutenir les enseignantes et les enseignants des cégeps et des universités afin de favoriser la réussite étudiante, condition essentielle au développement social, culturel et économique et génératrice de richesse collective.

Après des décennies de sous-financement de l’éducation et de l’enseignement supérieur, ce ne sont pas seulement des ressources pour une sortie de crise pandémique dont le réseau a besoin, mais d’un véritable réinvestissement à long terme qui permette à nos cégeps et nos universités d’assumer pleinement leur rôle de bâtisseurs de la société de demain.

Donnons-nous les moyens de nos ambitions !

Syndicat des professeures et professeurs enseignants de L’UQAM
Syndicat des professeures et professeurs du Collège de Rosemont
Syndicat des professeurs du Collège d’enseignement général et professionnel de Saint-Laurent
Syndicat des chargées et chargés de cours de l’université de Montréal-SCCUM
Syndicat du personnel enseignant du Collège d’enseignement général et professionnel d’Ahuntsic
Syndicat des professeurs du Collège d’enseignement général et professionnel du Vieux-Montréal
Syndicat des enseignantes et enseignants du Cégep Montmorency
Syndicat de l’enseignement du cégep André-Laurendeau

L’enseignement à distance post-pandémie : pas si vite, dit la FNEEQ

À la suite de la publication aujourd’hui d’une lettre adressée à la ministre Danielle McCann et signée par 55 professeur-es de cégep, la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN), qui représente environ 85 % des gens enseignant dans le réseau collégial public, tient à réitérer la valeur inestimable de l’enseignement en présence et ses avantages incomparables.  

La dernière année a obligé le personnel enseignant à improviser et à multiplier les efforts pour diminuer sensiblement l’impact de la pandémie sur la réussite ainsi que sur la persévérance des étudiantes et des étudiants. Cela dit, elle n’a pas encore permis de réfléchir collectivement aux balises essentielles à l’intérieur desquelles le développement de l’enseignement à distance doit s’effectuer. La façon de dispenser la formation collégiale, par exemple en présence ou non, ou de manière synchrone ou asynchrone, doit pouvoir se justifier tant sur le plan de la pédagogie que sur celui du développement psychosocial. De plus, la fédération estime qu’il s’avère impératif que la qualité et la richesse des interactions ainsi que le développement de compétences relationnelles et communicationnelles restent des critères d’appréciation aussi importants pour les cours à distance que pour ceux qui sont donnés en mode présentiel. Il importe que tout mode de transmission de la formation vise le développement des personnes sur les plans humain, citoyen et professionnel de même que le développement de leur autonomie et de leur esprit critique.

 « La pandémie a fait en sorte que la formation en mode non présentiel s’impose sans réelle réflexion, préparation ou discussion. En raison de son caractère inédit, cette période ne doit surtout pas servir de modèle pour l’avenir de l’enseignement supérieur », souligne Caroline Quesnel, présidente de la FNEEQ-CSN. « Nous ne sommes pas encore sortis de la crise sanitaire et il serait prématuré, autant pour le ministère de l’Enseignement supérieur que pour les directions d’établissement, de prendre des décisions à cet égard, notamment en lien avec l’instauration généralisée de l’enseignement comodal. »

 Afin de permettre à toutes les enseignantes et à tous les enseignants de se faire entendre, la fédération demande que les conventions collectives prévoient la consultation des instances concernées (département, comité de programme, etc.) avant toute mise en œuvre d’un enseignement à distance.

« Nous ignorons encore où nous en serons l’automne prochain et la contribution de toutes les personnes préoccupées par l’avenir de l’enseignement supérieur est la bienvenue. Ce type de discussion doit se faire dans les lieux appropriés, par exemple les assemblées générales », conclut Yves de Repentigny, vice-président et responsable du regroupement cégep de la FNEEQ-CSN.

LA FNEEQ-CSN met en garde contre l’improvisation et la précipitation

C’est avec circonspection que la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN) accueille les précisions apportées par la ministre Danielle McCann quant au retour des étudiantes et des étudiants dans les cégeps et les universités au moins une journée par semaine. Maintes fois réclamée par la Fédération, la reprise de l’enseignement en présence doit s’effectuer sans précipitation, dans des conditions favorisant son succès.

Une véritable concertation entre les directions d’établissement et les syndicats représente un passage obligé. Pour Caroline Quesnel, présidente de la FNEEQ–CSN, ce dialogue devient essentiel puisqu’enseigner simultanément en présence et à distance, tel que souhaite l’imposer la ministre McCann, occasionnera une surcharge de travail importante pour les enseignantes et les enseignants déjà épuisé-es et pourrait contrevenir aux dispositions des contrats de travail et des conventions collectives.

« Nous devons garantir la sécurité des milieux d’enseignement et porter une attention particulière à celles et ceux qui se trouvent dans une situation de grande vulnérabilité face au coronavirus. Personne ne serait gagnant si la rentrée s’effectuait sans discuter des modalités avec les enseignantes et les enseignants de chaque établissement et sans que leurs préoccupations et inquiétudes soient considérées, » souligne-t-elle.

L’improvisation est donc à proscrire dans les circonstances et cette mise en garde s’adresse tout autant au gouvernement, qui devra privilégier la stabilité et, dans la mesure du possible, la prévisibilité des activités d’enseignement jusqu’à la fin de la session. Un retour en arrière serait le pire des scénarios aux yeux de la Fédération.

« Il est difficile, en contexte de pandémie, de donner un enseignement équivalant à ce qui se fait habituellement en classe sans hypothéquer notre santé physique et psychologique ainsi que celle des étudiantes et des étudiants. Nos membres comprennent qu’il s’agit d’un premier pas vers une certaine normalité. Une désillusion serait catastrophique », conclut Caroline Quesnel.

Durant la dernière année, les enseignantes et les enseignants ont dû faire preuve de créativité et multiplier les efforts pour diminuer l’impact de la pandémie sur la réussite éducative. Toutefois, ce qu’a avant tout exposé la crise sanitaire, c’est la valeur inestimable de l’enseignement en présence, tant pour le personnel enseignant que pour la population étudiante.

Fermeture du programme Techniques de bureautique : des femmes et des entreprises pénalisées.

La Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN) est choquée de voir que le ministère de l’Enseignement supérieur (MES) envisage toujours d’abolir le programme Techniques de bureautique dans les cégeps du Québec, et ce, après avoir dit montrer de l’ouverture à une réévaluation de la situation. Avec un taux de placement des finissantes et finissants qui frôle les 100 %, aucun argument probant ne soutient une décision aussi radicale alors que les employeurs s’arrachent les diplômé-es compte tenu du niveau de compétence élevé qui les distingue.

La FNEEQ trouve particulièrement inquiétant de voir que le MES songe à la fermeture d’un programme dont la pertinence demeure, sans même avoir cherché à le mettre à jour depuis 1999. Heureusement, les enseignantes et les enseignants n’ont pas attendu le ministère pour adapter le contenu des cours afin que les connaissances soient toujours en harmonie avec les besoins des milieux de travail. En effet, les personnes détentrices d’un diplôme d’études collégiales (DEC) en Bureautique accomplissent des tâches administratives qui touchent tant la gestion que la communication ou la technologie et qui requièrent une grande autonomie de même qu’un jugement critique et éthique bien développé.

D’ailleurs, en février 2018, le Palmarès des carrières plaçait pourtant le poste de « secrétaire de direction », au troisième rang de son Top 3 des professions les plus prometteuses pour les diplômé-es du collégial. « Nous sommes particulièrement préoccupé-es par une fermeture qui limiterait une vaste majorité de femmes sur le plan professionnel puisque 90 % de l’effectif étudiant est féminin. Les candidates potentielles n’auraient d’autre choix que de se tourner vers le diplôme d’études professionnelles (DEP) du secondaire, qui les limiterait tant sur le plan de l’avancement professionnel que sur celui du salaire », précise Caroline Quesnel, présidente de la FNEEQ–CSN.

« Les enseignantes et les enseignants font valoir depuis plusieurs années la nécessaire mise à jour du titre du programme et de ses voies de spécialisation pour les rendre plus attrayants et plus représentatifs des perspectives de carrière qu’offre véritablement le programme : pourquoi le MES n’envisage-t-il pas cette solution d’une simplicité frappante? Abandonner une mauvaise idée ne constitue jamais un aveu de faiblesse », affirme Yves de Repentigny, vice-président responsable du regroupement cégep de la FNEEQ–CSN.

La Fédération a réuni, les 15 et 16 octobre derniers, des professeur-es de Techniques de bureautique des 15 syndicats affiliés dont le collège qui offre le programme pour dégager des pistes de solutions afin d’en assurer l’avenir. Unanimement, celles-ci et ceux-ci lancent un appel au ministère afin qu’il s’engage plutôt sur la voie logique d’une révision en profondeur de la formation. Toutes et tous se disent prêts à y participer en grand nombre.

 

 

Un retard de rémunération indécent, alors que les services publics sont à bout de souffle

Actuellement en négociation pour le renouvellement des conventions collectives de plus de 160 000 travailleuses et travailleurs du secteur public, la CSN estime que le rapport de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) démontre, encore une fois et sans ambiguïté, l’urgence de donner un sérieux coup de barre en matière de rémunération.

« Nous sommes en plein cœur de la négociation et les chiffres révélés par l’enquête annuelle de l’ISQ illustrent amplement la détérioration des conditions salariales dans le secteur public. Il est clair que ce rapport vient appuyer le bien-fondé de nos demandes et il est temps que le gouvernement entende raison et assume ses responsabilités », affirme Caroline Senneville, vice-présidente de la CSN.

En effet, l’enquête menée par l’ISQ souligne que la rémunération globale des employé-es de l’État (ce qui inclut le salaire, le régime de retraite et les avantages sociaux) affiche un retard alarmant de 9,2 % par rapport à l’ensemble des salarié-es québécois; un retard qui s’est amplifié, puisqu’il était de 6,2 % l’année dernière. Du point de vue strictement salarial, le retard est encore plus manifeste, alors que les employés de l’État gagnent 16,5 % de moins que les autres salariés du Québec.

« C’est tout simplement indécent. Nos services publics étaient déjà en crise avant la pandémie et ils sont actuellement portés à bout de bras par des centaines de milliers de travailleuses et de travailleurs. En ce moment, l’élastique est tendu au maximum et les problèmes de surcharge de travail et de pénurie de main-d’œuvre continuent de fragiliser les services à la population, sans compter l’impact considérable pour les hommes et surtout pour les femmes qui y travaillent, puisqu’elles occupent plus de 75 % des emplois du secteur public », ajoute Caroline Senneville.

En négociation depuis plus d’un an, la CSN estime que l’heure est venue pour le gouvernement Legault de prendre acte de la situation et d’agir en conséquence. Actuellement, les augmentations salariales proposées par le gouvernement sont de 1,75 % en 2020 et en 2021 puis de 1,5 % en 2022.

« C’est une proposition tout simplement déconnectée de la réalité, car comme le démontre le rapport de l’ISQ, les salaires des syndiqué-es ne faisant pas partie du secteur public ont augmenté en moyenne de 2,6 % en 2020. L’offre sur la table ne ferait qu’accentuer l’écart entre les travailleuses et les travailleurs des services publics par rapport aux autres salariés du Québec. Le gouvernement ne peut plus ignorer ce que nous lui soulignons depuis plus d’un an, soit l’urgence d’agir et de soutenir nos services publics en donnant un sérieux coup de barre en matière de rémunération », explique la vice-présidente de la CSN.

La CSN a déposé cet automne une contre-proposition qui revendique une augmentation de 2 $ l’heure pour l’année 2020 et le plus avantageux entre 0,75 $ l’heure ou 2,2 % pour les deux années subséquentes. « Actuellement, les salaires d’un bon nombre de travailleuses et de travailleurs des services publics ne leur permettent pas de vivre décemment. Notre revendication en montants fixes vient directement répondre à cet enjeu, puisque ses impacts sont plus importants pour celles et ceux qui gagnent le moins. Notre demande répond aux besoins réels du personnel des réseaux », conclut Caroline Senneville.

Examens virtuels au cégep

La Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN) s’inquiète que le ministère de l’Enseignement supérieur (MES) envisage d’obliger les cégeps à basculer en mode complètement virtuel à partir du 17 décembre, comme c’est déjà le cas pour le primaire et le secondaire. La fédération estime qu’une telle décision porterait préjudice à l’équité entre les étudiantes et les étudiants quant à l’évaluation des compétences.

« On sait à quel point il est facile de recourir au plagiat et à la fraude à distance. L’exemple éloquent de l’application “PhotoMath”, qui permet d’avoir la solution à un problème de calcul différentiel ou intégral à l’aide d’une simple photo prise avec le cellulaire, suffit à lui seul à montrer tous les dangers liés à un passage à des examens en mode non présentiel seulement », précise Yves de Repentigny, vice-président responsable du regroupement cégep de la FNEEQ–CSN.

Beaucoup d’enseignantes et d’enseignants comptent sur les examens en présence pour véritablement jauger les apprentissages réalisés. En modifiant les plans à si brève échéance, on viendrait les en empêcher tout en ne leur laissant pas suffisamment de temps pour arriver avec des solutions de rechange qui permettront d’atteindre adéquatement cet objectif.

Pour Yves de Repentigny, le MES risque de mettre le feu aux poudres dans les collèges puisque cela viendrait obliger des enseignantes et des enseignants déjà surmenés et pas très éloignés du point de rupture tant physique que psychologique à chambarder à la dernière minute les évaluations qu’elles et ils avaient préparées.

Ajoutons que, compte tenu du nombre d’étudiantes et d’étudiants qui occupent un emploi dans des commerces et qui vont probablement beaucoup travailler durant la période des Fêtes, le basculement en mode virtuel à 100 % risque de ne pas avoir l’effet préventif escompté puisque, contrairement aux jeunes du primaire et du secondaire, ces personnes ne se retrouveront pas en situation d’isolement relatif.

Vingtième édition de la Journée nationale des chargées et chargés de cours

La Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQCSN) est fière de souligner aujourd’hui la 20e édition de la Journée nationale des chargées et chargés de cours. Celle-ci s’inscrit dans une vaste campagne qui vise à faire connaître la grande diversité des profils des personnes chargées de cours et leur apport inestimable à la formation des étudiantes et des étudiants. Cette année, la crise sanitaire qui bouleverse nos vies et le monde de l’enseignement a plutôt mis en exergue la précarité de leur travail, pourtant inestimable pour la société québécoise. Cette réalité est toutefois méconnue et mérite qu’on la fasse connaître.

Sous l’appellation de chargé-e de cours, on trouve de nombreux titres d’emplois, notamment les tutrices et tuteurs en formation à distance, les professeur-es enseignants, les superviseur-es de stage, les chargé-es d’enseignement, les chargé-es de formation pratique et les chargé-es de clinique. Toutes et tous contribuent à leur façon à la qualité de l’enseignement offert dans les universités. Plusieurs font aussi de la recherche et de la création.

Les conditions de travail de ces personnes se sont particulièrement détériorées au cours des derniers mois. L’adaptation des cours en mode non présentiel et l’augmentation de la taille des groupes-cours qui s’en est suivie ont occasionné un important alourdissement du travail sans nécessairement que les universités accordent des ressources supplémentaires. À contrario, certaines enseignantes et certains enseignants ont obtenu moins de groupes-cours, voyant ainsi leur charge de travail diminuer de façon importante.

« Ces enseignantes et ces enseignants contractuels assument plus de 60 % de l’enseignement au premier cycle et une part de plus en plus grande de ce dernier aux cycles supérieurs. Sur ce plan, nous pouvons prétendre que leur expertise et leur passion servent de rempart pour préserver la qualité de l’enseignement universitaire malgré le peu de reconnaissance obtenue jusqu’ici des directions des universités. Il est temps de rectifier le tir », souligne Richard Bousquet, vice-président et responsable du regroupement université de la Fédération.

Manifestations en appui aux travailleuses et aux travailleurs des services publics

Partout à travers le Québec, des milliers de personnes participent aujourd’hui à des manifestations organisées par la CSN en appui au personnel du réseau de la santé et des services sociaux, de celui de l’éducation ainsi que des organismes gouvernementaux présentement en négociation pour le renouvellement de leurs conventions collectives. Les travailleuses et les travailleurs du secteur public, qui assurent les services à la population dans des conditions devenues extrêmement difficiles, réclament du gouvernement qu’il reconnaisse enfin l’ampleur de la crise qui sévit et qu’il donne un réel coup de barre en investissant significativement dans les réseaux publics.

À Montréal, plusieurs centaines de personnes ont marché dans les rues du centre-ville en scandant des messages à l’attention du premier ministre et de la présidente du Conseil du trésor : « Legault, LeBel, n’attendez pas la prochaine crise », « Urgence d’agir, services publics à rebâtir », « Des services plus humains, pour le Québec de demain ».

Pour Jacques Létourneau, président de la CSN, l’appui de la population aux revendications du personnel des réseaux témoigne de la nécessité pour le gouvernement actuel de faire les choix qui s’imposent et de mettre les ressources nécessaires pour répondre aux besoins des travailleuses et des travailleurs sur le terrain. « Nos services publics s’écroulent depuis trop longtemps. Aujourd’hui, on voit l’étendue des dégâts et c’est toute la population qui en souffre ».

Létourneau souligne que la raison principale invoquée par le gouvernement pour justifier les mesures de confinement actuelles, c’est justement la capacité affaiblie de réponse du système de santé, grandement hypothéqué par les compressions et les mesures d’austérité des dernières décennies. « M. Legault l’a dit à maintes reprises : nous sommes arrivés dans cette crise avec des réseaux fragilisés et c’est pourquoi il a dû, au cours des derniers mois, prendre des décisions qui, à leur tour, ébranlent l’ensemble du Québec. Pensons aux bris de service en santé et services sociaux qui se multiplient, avec des interventions chirurgicales annulées et des suivis qui tardent. Pensons au réseau de l’éducation, dont les ressources humaines et financières sont étirées au maximum depuis des mois, et qui montre des signes de plus en plus inquiétants d’épuisement généralisé. Pensons aussi à toutes les activités commerciales mises en suspens et les impacts que cela entraîne sur notre économie. »

La CSN, qui représente plus de 150 000 travailleuses et travailleurs dans les services publics, réitère qu’elle propose depuis fort longtemps de nombreuses solutions et que celles-ci ont été déposées aux diverses tables de négociation depuis plus d’un an. « Pour que la situation s’améliore, il faut impérativement régler une fois pour toutes les problèmes de pénuries de main-d’œuvre. Et pour y arriver, ça prendra plus que des mercis en conférence de presse. Il faut améliorer les conditions de travail et de pratique en s’attaquant sérieusement à la surcharge de travail qui est devenue insoutenable. Et ça prend aussi de meilleurs salaires, des augmentations significatives, particulièrement pour celles et ceux qui gagnent le moins », ajoute Jacques Létourneau.

« Au cours des prochaines semaines, les travailleuses et les travailleurs des services publics, mobilisé-es et solidaires, entendent utiliser tous les moyens à leur disposition pour faire comprendre au gouvernement qu’il y a urgence d’agir. Le personnel des réseaux et l’ensemble de la population du Québec méritent mieux. M. Legault doit faire mieux », conclut le président de la CSN.

Le personnel enseignant, le grand oublié de la mise à jour économique

La Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN) accueille avec des sentiments partagés l’annonce du ministre des Finances, Éric Girard, qui, dans le cadre de la mise à jour économique du gouvernement, injecte 25 millions de dollars pour faciliter l’accès au réseau collégial et la diplomation. Une portion indéterminée, mais nettement insuffisante de cette somme est destinée à l’embauche ponctuelle de personnel enseignant et au soutien psychologique des profs de Cégep. Aucun investissement n’est cependant prévu pour soutenir les personnes chargées de cours universitaires, qui sont des enseignantes et des enseignants à statut précaire et dont les conditions de travail se sont particulièrement détériorées au cours des derniers mois. Ces fonds apparaissent terriblement dérisoires vu la crise dans laquelle a été plongé le monde de l’éducation et de l’enseignement supérieur depuis le début de la pandémie.

La FNEEQ–CSN réclame depuis plusieurs mois des ressources supplémentaires dédiées exclusivement aux ressources enseignantes de manière à alléger la tâche durant cette période inédite. Un récent sondage a d’ailleurs mis en relief tout le drame qui se joue actuellement derrière les écrans des enseignantes et des enseignants. Les attentes étaient grandes; la déception l’est tout autant.

Pour la fédération, le gouvernement envoie un mauvais signal aux enseignantes et aux enseignants, qui espéraient mieux respirer la session prochaine. Les sommes annoncées pour les Cégeps sont destinées à une longue liste de « mécanismes compensatoires » qui incluent le tutorat par les pairs, le soutien scolaire, l’achat de services et de matériel. L’exercice risque fort de se solder par un saupoudrage inefficace des ressources
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« Afin de maintenir la mobilisation et l’engagement du personnel enseignant dans le contexte de la pandémie, le gouvernement doit investir des sommes substantielles pour faire une réelle différence dans leur travail. Nous martelons depuis des mois que les conditions d’apprentissage sont étroitement liées aux conditions d’enseignement. Le message ne semble pas avoir été bien compris. L’impact sur la persévérance et la réussite éducative pourrait se faire sentir sur des années », déplore Caroline Quesnel, présidente de la FNEEQ–CSN.

Un filet social à renforcer
Selon la FNEEQ–CSN, la population du Québec a suffisamment souffert du désinvestissement dans les services publics, l’éducation, l’enseignement supérieur, les programmes sociaux et l’action communautaire autonome.

En vue du prochain budget, qui déterminera en grande partie notre capacité collective à traverser cette crise et les autres qui pourraient survenir, la fédération demande au gouvernement Legault d’adopter, dès le prochain budget, les solutions fiscales qui lui permettront de procéder aux investissements nécessaires pour renforcer le filet social.

La FNEEQ–CSN, qui est membre de la Coalition Main rouge, invite donc les membres de tous ses syndicats et la population à signer la pétition qu’elle lance aujourd’hui.

Des travailleuses et des travailleurs des services publics, membres de la CSN, occupent les bureaux du Conseil du trésor

Des employé-es du réseau de la santé et des services sociaux, de celui de l’éducation et des organismes gouvernementaux occupent ce matin les bureaux montréalais du Conseil du trésor. Alors que le gouvernement a convié les différents secteurs des fédérations du secteur public de la CSN à un blitz de négociation ce week-end, force est de constater que les vis-à-vis patronaux n’ont toujours pas en main les marges financières pour mettre en place les solutions nécessaires. « Nous sommes ici aujourd’hui pour dire à la présidente du Conseil du trésor que, pour rebâtir les services publics qui vivent une crise sans précédent, les ressources doivent être au rendez-vous. La volonté de négocier que vous avez exprimée au cours des derniers jours ne doit pas être une simple façade; elle doit se traduire par des investissements importants », affirme Jacques Létourneau, président de la CSN.

Les militantes et les militants qui déploient cette action depuis 9 h 45 ce matin, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des bureaux du Conseil du trésor, se font aujourd’hui les porte-parole de toutes celles et de tous ceux qui soutiennent la population au cœur de cette crise; une crise qui, par ailleurs, existait déjà dans les réseaux publics bien avant la pandémie. « Pour qu’il n’y ait plus de pénurie de personnel dans nos réseaux, il faudra plus que des mercis en point de presse. Il doit y avoir de meilleures conditions de travail et de pratique et, pour y arriver, il faut s’attaquer sérieusement à la surcharge de travail qui est devenue insoutenable. Et ça prend aussi de meilleurs salaires, des augmentations significatives, particulièrement pour celles et ceux qui gagnent le moins », ajoute Jacques Létourneau.

Pour le président de la CSN, il est impératif que le gouvernement actuel fasse les choix qui s’imposent et donne un réel coup de barre pour relever les réseaux. « Nos services publics s’écroulent depuis trop longtemps. Aujourd’hui, on voit l’étendue des dégâts et c’est toute la population qui en souffre ». Il souligne que la raison principale invoquée par le gouvernement pour justifier les mesures de confinement actuelles, c’est justement la capacité affaiblie de réponse du système de santé, grandement hypothéqué par les compressions et les mesures d’austérité des dernières décennies. « M. Legault l’a dit à maintes reprises : nous sommes arrivés dans cette crise avec des réseaux fragilisés et c’est pourquoi il a dû, au cours des derniers mois, prendre des décisions qui, à leur tour, ébranlent l’ensemble du Québec. Je pense notamment aux bris de service en santé et services sociaux qui se multiplient, avec des interventions chirurgicales annulées ainsi que des suivis qui tardent. Je pense au réseau de l’éducation, dont les ressources humaines et financières sont étirées au maximum depuis des mois et qui montre des signes de plus en plus inquiétants d’épuisement généralisé. Je pense aussi à toutes les activités commerciales mises en suspens et les impacts que cela entraîne sur notre économie. »

Il est maintenant on ne peut plus clair pour la CSN que la situation du Québec serait tout autre avec des services publics solides, soutenus adéquatement par l’État. « Personne ne veut repasser à travers ce qu’on vit aujourd’hui. Le gouvernement doit agir dans le meilleur intérêt de la population en répondant aux besoins des travailleuses et des travailleurs des réseaux afin qu’elles et ils puissent soigner, instruire et accompagner décemment les Québécoises et les Québécois au quotidien », conclut Jacques Létourneau.

Ce sont les travailleuses et les travailleurs des services publics qui nous sortiront de la crise; le gouvernement doit les écouter

Après 40 séances de négociation à la table centrale ainsi qu’un nombre important de rencontres aux tables de négociation sectorielles et alors qu’une crise sans précédent affecte les services publics, la CSN dénonce l’immobilisme du Conseil du trésor et interpelle aujourd’hui le chef du gouvernement. « M. Legault, qu’attendez-vous pour aller écouter celles et ceux qui affrontent cette tempête? Allons-y ensemble, dès maintenant. » C’est le message que lance ce matin Jacques Létourneau, président de la CSN, au premier ministre du Québec. Il ajoute que les travailleuses et les travailleurs des réseaux sont les mieux placés pour évaluer les changements nécessaires qui doivent être apportés pour améliorer les services à la population, puisqu’ils vivent les problèmes au quotidien dans leur travail, et ce, depuis bien avant la pandémie.

M. Létourneau lance cet appel alors que, depuis plusieurs semaines, les personnels des établissements de santé et de services sociaux, des établissements scolaires, des collèges et des organismes gouvernementaux tentent de se faire entendre en multipliant les interventions publiques dans différentes régions du Québec. Ce matin, une action était d’ailleurs menée en plein cœur du centre-ville de Trois-Rivières. « Les travailleuses et les travailleurs ne veulent plus de ces pansements qui ne sont là que pour stopper l’hémorragie. Ils veulent des mesures durables qui permettent d’améliorer réellement leurs conditions de travail et, par conséquent, les services à la population. Pouvoir faire leur travail plus humainement, c’est ce qu’ils demandent. »

La CSN, qui revendique un réel coup de barre dans les services publics, tant sur le plan des conditions de travail et de pratique que sur celui du salaire, constate qu’à toutes les tables de négociation, c’est la même rengaine : les porte-parole du gouvernement n’ont pas de mandat, donc, aucune solution concrète n’est proposée pour régler les graves problèmes de pénurie de main-d’œuvre qui sévissent actuellement dans l’ensemble des réseaux publics.

Malgré les rencontres du premier ministre avec les PDG des CISSS et des CIUSSS et les discussions entre la présidente du Conseil du trésor et les comités patronaux de négociation en éducation et en santé et services sociaux, la situation s’aggrave et les bris de services se multiplient. « Les gestionnaires parlent de réorganisations temporaires… Mais dans les faits, quand on est forcé de fermer l’urgence de Gatineau, quand on ferme un service d’obstétrique pendant 10 jours à Ville-Marie ou quand on entend parler d’une direction d’école qui aurait pris en charge un groupe dans un service de garde scolaire, il s’agit de ruptures de services. Et il y en avait déjà avant l’arrivée de la COVID-19 », ajoute M. Létourneau.

Pour la CSN, il est impératif que le gouvernement donne des mandats aux personnes qui le représentent pour que la négociation progresse et que de vraies solutions puissent être mises en place dès maintenant. « Est-ce que M. Legault comprend vraiment ce qui se passe sur le terrain? Quand on entend certaines de ses déclarations en conférence de presse, qui ne reflètent pas du tout la réalité, on se pose la question. Avec la négociation, le gouvernement a l’occasion d’agir immédiatement pour que les Québécoises et les Québécois aient accès aux services auxquels ils ont droit. Il doit le faire », conclut Jacques Létourneau.

Les ZOOMbies sortent des cégeps

Cette année, la pandémie a fait naître une catégorie de créatures encore jamais observées au Québec : les ZOOMbies ! Ce matin, en effet, des centaines de profs de cégep de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN) sortent de leurs écrans et des nombreuses plateformes virtuelles d’enseignement qui les ont transformés en ZOOMbies pour grogner leur désarroi devant les bureaux du ministère de l’Enseignement supérieur (MES) à Montréal et à Québec ainsi que dans des cégeps de toutes les régions de la province. Aucun maquillage n’est cependant nécessaire tant leurs yeux sont cernés et leur dos est voûté par la surcharge de travail. Les ZOOMbies manifestent en appui aux porte-parole de la FNEEQ-CSN, qui revendiquent au même moment des ressources supplémentaires au MES.

Depuis le début de la crise sanitaire, la tâche enseignante est fortement alourdie par l’adaptation importante des cours, tant en présence qu’en modes hybride ou non présentiel, ainsi que par les besoins extraordinaires des étudiantes et des étudiants en termes d’encadrement. Transformés symboliquement en ZOOMbies, les profs lancent un cri du cœur et projettent l’image de ce qui les attend si elles et ils n’obtiennent pas de ressources enseignantes substantielles pour alléger le fardeau vécu cet automne.

À peine quelques semaines après le début de la session, la situation s’avérait déjà alarmante selon un sondage qui a démontré que la détresse psychologique touchait plus de la moitié des enseignantes et des enseignants. Les ressources supplémentaires accordées jusqu’ici par le gouvernement ont eu peu d’impact sur la tâche enseignante puisqu’elles ont été utilisées par les directions d’établissement pour combler d’autres besoins. « Nous espérons obtenir une enveloppe financière importante et dédiée exclusivement à l’allégement de la tâche enseignante durant la pandémie. La capacité à bien encadrer celles et ceux qui suivent nos cours est cruciale pour assurer la persévérance et la réussite éducative de toutes les populations étudiantes : les conditions d’apprentissage et les conditions d’enseignement vont de pair », précise Caroline Quesnel, présidente de la FNEEQ-CSN.

« Toutes les communautés sont actuellement mobilisées pour atténuer les impacts de la crise. Les enseignantes et les enseignants ne font pas exception et se trouvent aux premières loges pour former les citoyennes et les citoyens de demain au bénéfice de toute la société québécoise. Voulons-nous vraiment les abandonner ? Espérons que nous saurons redonner rapidement un visage plus humain à leur profession », conclut Yves de Repentigny, vice-président responsable du regroupement cégep de la FNEEQ-CSN.