La réforme Dubé exploite le travail des femmes

Alors que le projet de loi 15 n’a pas été soumis à un réel débat public, alors que de nombreuses organisations directement touchées n’ont pas été entendues, alors que pratiquement l’ensemble des amendements soumis en commission parlementaire ont été refusés, son adoption sous le bâillon le 9 décembre démontre le contrôle que veut exercer la Coalition avenir Québec (CAQ) sur la société québécoise, et particulièrement sur les femmes.

La réforme Dubé constitue en effet un recul pour les travailleuses du réseau de la santé, des services sociaux et du communautaire, mais aussi pour les femmes ayant droit à des soins et services de santé. Les femmes doivent être partie prenante des décisions qui les impliquent et qui les affectent directement. Le gouvernement de la CAQ nous trouvera sur son chemin et nous ne reculerons pas. Nous, signataires de cette lettre, disons : non, ça suffit ! La réforme Dubé est tout sauf santé.

Alors que le terme « exploiter les femmes » est maintenant considéré comme un propos non parlementaire, nous ne pouvons que nous insurger contre le fait que, sur le terrain, l’exploitation du travail des femmes suit son cours. Doit-on rappeler qu’encore l’an dernier, les Québécoises ont gagné 90 % du salaire des Québécois, ce qui marque symboliquement le 25 novembre comme étant le jour à partir duquel les femmes travaillent gratuitement ? Doit-on rappeler que les travailleurs de nos réseaux publics sont à 80 % des travailleuses ?

Doit-on rappeler, aussi, que, selon les données de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ), les travailleuses et les travailleurs des services publics accusent un retard de 7,4 % sur le plan de la rémunération globale et un retard de 16,6 % en ce qui concerne les salaires ?

Et la cerise sur le gâteau : le projet de loi 15, sous le prétexte de rendre notre système public plus efficace, accentue cette tendance à dévaloriser et à contrôler le travail des femmes. La vision du ministre de la Santé, Christian Dubé, pour notre réseau de la santé et des services sociaux est si centralisatrice et autoritaire qu’elle abolit pratiquement tous les espaces du pouvoir citoyen au profit de « top guns » du privé et d’une agence qui deviendra le plus gros employeur du Canada.

Cette vision menace l’autonomie des travailleuses, des groupes communautaires et des sages-femmes dans l’identification des meilleures pratiques, ce qui aura à terme des conséquences sur le libre-choix des femmes. Alors même que ce sont les femmes les principales utilisatrices de ces services, rien n’est proposé au chapitre de la prévention, des déterminants sociaux de la santé ou du bien-être de la population.

La volonté, par ailleurs, du ministre Dubé de ne pas inclure les services sociaux dans le nom de la future Agence santé Québec en dit long à ce sujet. Nous invitons donc les femmes et leurs alliés à exprimer leur opposition à la réforme Dubé en portant le carré mauve.

Lettre ouverte publiée dans Le Devoir, édition du 13 décembre 2023.

Signataires (plus de 115)

Caroline Senneville, présidente de la CSN

Nathalie Arguin, secrétaire générale de la CSN

Katia Lelièvre, 3e vice-présidente de la CSN

Judith Huot, 1re vice-présidente de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN)

Caroline Quesnel, présidente de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN)

Pauline Bélanger, présidente du Conseil central du Bas-Saint-Laurent–CSN

Annette Herbeuval, présidente du Conseil central de la Montérégie–CSN

Manon Tremblay, présidente du Conseil central du Saguenay–Lac-Saint-Jean–CSN

Annick Charette, présidente de la Fédération nationale de la communication et de la culture (FNCC–CSN)

Dominique Daigneault, présidente du Conseil central du Montréal métropolitain–CSN

Ramatoulaye Diallo, responsable politique du comité de condition féminine du Conseil central du Montréal métropolitain–CSN

Josyane Giroux, Regroupement Les sages-femmes du Québec

Stéphanie Vallée, L’R des centres de femmes du Québec

Mélissa Lessard, Centre de documentation sur l’éducation des adultes et la condition féminine (CDÉACF)

Nadia Morissette, L’R des centres de femmes du Québec

Mandoline Blier et Katie Dufresne, Centre de femmes l’Autonomie en soiE

Marie-Claude Goudreault, Maison des femmes des Bois-Francs

Mercédez Roberge, Table des regroupements provinciaux d’organismes communautaires et bénévoles

Marie-Andrée Gauthier, Réseau des Tables régionales de groupes de femmes du Québec

Louise Boivin, Collectif de recherche-action sur le travail et l’association socioéconomique (CREATAS)

Geneviève Lamarche, Coalition solidarité santé

Mylène Bigaouette, Fédération des maisons d’hébergement pour femmes

Roxanne Lorrain, Mouvement pour l’autonomie dans l’enfantement

Marjolaine Goudreau, présidente et porte-parole pour le RÉCIFS

Sylvain Dubé, Réseau communautaire en santé mentale (COSME)

Karen Messing, Équipe de recherche sur le travail SAGE (SAnté, Genre, Egalité), Université du Québec à Montréal

Jessica Riel, directrice de l’Équipe de recherche sur le travail SAGE et professeure à l’École des sciences de la gestion, Université du Québec à Montréal

Isabelle Marchand, professeure, Département de travail social, Université du Québec en Outaouais.

Ruth Rose, Professeur retraitée en sciences économiques, UQAM

Sylvie Riendeau Langlais, Centre de femme Entre Ailes

Dominique Damant, École de travail social, Université de Montréal
Milca Bibeau, Fédération du Québec pour le Planning des Naissances (FQPN)

Andrée-Anne Chevrier, coordonnatrice du Regroupement des femmes La Sentin’Elle

Gabrielle Juneau, Directrice du Quartier des femmes

Colette Cummings, Conseil d’intervention pour l’accès des femmes au travail (CIAFT)

Véronique Dommerc, Centre des femmes de Laval

Jeanine Fournier, coordonnatrice Regroupement des Femmes de la Côte-de-Gaspé

Jolyane Annett, animatrice-intervenante Regroupement des Femmes de la Côte-de-Gaspé

Mathilde Trou, Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale

Nathalie Latreille, Centre de femmes l’Éclaircie

Sylvie St-Amand, Fédération des femmes du Québec

Véronique Laflamme, FRAPRU

Sarah Landry, Coalition pour la pratique sage-femme

Line Camerlain, première vice-présidente, Centrale des syndicats du Québec

Annie Tanguay, La Collective des femmes de Nicolet et région

Rose NGO NDJEL, Direction Afrique au Féminin

Ghazala Munawar, Coordonnatrice Centre C

Carole Boulebsol, professeure, Université du Québec en Outaouais.

Constance Allain, Centre de femmes L’Antre-Hulloises

Megan Audet, Centre de femmes l’Érige

Joanne Blais, Table de concertation du mouvement des femmes de la Mauricie (TCMFM)

Cynthia Damboise, Centre des Femmes du Ô Pays

Mélanie Lefrançois, professeure, École des sciences de la gestion, Université du Québec à Montréal (ESG UQAM) et membre de l’Équipe de recherche interdisciplinaire sur le travail SAGE (Santé – Genre – Égalité)

Karine Drolet, Réseau des groupes de femmes Chaudière-Appalaches

Lucie Martin, Signée Femmes, centre de femmes de Rivière-Rouge

Isabelle Bazinet, Avec des Elles

Nathalie Bernier, Table de concertation des groupes de femmes Bas-Saint-Laurent

Etni Cortés, Centre des Femmes de Montréal-Est/Pointe-aux-Trembles

Hamida Melouane, Assemblée des groupes de femmes d’Interventions régionales Outaouais

Ghazala Munawar, Centre Communautaire des femmes sud-asiatiques

Sandra Etienne, vice-présidente, Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS)

Josée Turbis, Centre Femmes d’aujourd’hui

Marie-Eve Desroches, Table des groupes de femmes de Montréal

Linda Crevier, Table de concertation des groupes de femmes de la Montérégie

Justine Chénier, Regroupement québécois des centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (RQCALACS)

Catherine Paquet, La Marie Debout centre d’éducation des femmes

Cyrielle Casse, Centre de documentation sur l’éducation des adultes et la condition féminine (CDÉACF)

Marie-Andrée Painchaud-Mathieu, Regroupement intersectoriel des organismes communautaire de Montréal (RIOCM)

Élise Landriault-Dupont, Regroupement des groupes de femmes de la Capitale-Nationale

Andrée Pelletier, Le Havre des Femmes

Isabelle Thibault, Réseau des femmes des Laurentides (RFL)

Clara Bastiani, Centre de Femmes du Témiscamingue

Christine Drolet, Centre d’éducation et d’action des femmes de Montréal (CÉAF)

Audrey Corriveau, Centre-Femmes de Bellechasse

Lucie Gosselin, Centre ressources pour femmes de Beauport

Shana Blanchette, Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS Rive-Sud)

JC Chayer, Centre de femmes l’Essentielle

Josée Robidas, Centre de femmes Ainsi soit-elle

Mylène Beaulieu, Regroupement des Femmes de la Côte-Nord

Marika Poulin, Centre femmes l’ancrage

Marianne Pertuiset-Ferland, Association féministe d’éducation et d’action sociale (Afeas)

Claudie Hovington, Centre de femmes L’Alliance des femmes, Côte-Nord

Christiane Bourgault, Centre-Femmes La Jardilec

Monic Brazeau, Centre Femmes aux 4 Vents, Côte-Nord

Martine Duchesne, Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec

Caroline Dépault – Regroupement québécois des CALACS

Micheline Guillaume, Centre des Femmes du Témiscouata – Bas-Saint-Laurent

Karine Harvey, Centre-Femmes aux Plurielles (La Malbaie)

Julie Drolet, Centre des femmes de Longueuil

Annik Gagné-Laferrière, ESPACE région de Québec

Nathalie Lizotte, Centre de femmes Ilot d’Espoir, N-d-Q

Nathalie Babin, coordonnatrice Centr’Elles, comité d’action des femmes d’Avignon

Mélanie Landry, intervenante-animatrice Centr’Elles, comité d’action des femmes d’Avignon

Joanie Béland, Table de concertation de Laval en condition féminine

Annie-Christine Tardif, Fédération autonome de l’enseignement

Christine Arseneault-Boucher, animatrice-intervenante Regroupement des femmes La Sentin’Elle

Lyne Monette, présidente Afeas Lachute

Françoise Ramel, Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec – FIQ

Marie-Eve Blanchard, Regroupement Naissances Respectées (RNR)

Johanie Dupras Renaud, responsable provinciale à la condition féminine, Centrale des syndicats démocratiques (CSD)

Diane Thomas, responsable régionale à la condition féminine Québec/Chaudière-Appalaches – CSD

Jordanne Lavoie, responsable régionale à la condition féminine Richelieu/Yamaska, CSD

Véronique l’Heureux, responsable régionale à la condition féminine Estrie – CSD

Adèle Tremblay, responsable régionale à la condition féminine Saguenay/Lac-Saint-Jean – CSD

Joanie Lussier, responsable régionale à la condition féminine Montréal – CSD

Cynthia Gauthier, responsable régionale à la condition féminine Mauricie/Centre-du-Québec – CSD

Kim Paradis, conseillère syndicale, Centrale des syndicats démocratiques (CSD)

Gabrielle Pitre, Table de concertation des groupes de femmes de la Montérégie (TCGFM)

Kathleen Couture, Coordonnatrice en santé mentale, L’Arc-en-Ciel des Seigneuries, groupe d’entraide en santé mentale.

Tania Bond, coordonnatrice, À la Source Sept-Îles et Port-Cartier

Jade St-Georges, Mère au front (MAF) et doctorante management Université Laval

Rosalie Fournier-Paré, co-coordinatrice, ROSE du Nord

Maud Provost, Organisation communautaire, Réseau d’action des femmes en santé et services sociaux (RAFSSS)

Isabelle Auclair, professeure, Université Laval

Céline Beauregard, Signée Femmes, le Centre de Femmes de la MRC d’Antoine-Labelle

Katherine Robitaille, doctorante en management Université Laval

Kimberley Plante, La Maison d’hébergement L’Égide (2e étape)

Les travailleuses et travailleurs ont assez fait le grand écart

En pleine séquence de grève de sept jours, les organisations syndicales représentant le personnel de la santé et des services sociaux membres du Front commun dénoncent les reculs que le gouvernement veut implanter dans les conditions de travail. Le mantra gouvernemental sur la flexibilité et la souplesse cache mal une volonté de contrôler davantage le travail du personnel essoufflé du réseau.

Après plus d’un an de négociation et alors que le réseau est frappé par une des plus grandes crises de son histoire, les organisations syndicales s’étonnent que le gouvernement maintienne des propositions de reculs aux tables sectorielles. Son intention de revoir les matières locales vise à pouvoir déplacer le personnel dans plusieurs services et sites et à imposer des horaires avec plusieurs quarts de travail. Pourtant, ce que les travailleuses et les travailleurs du réseau et la population souhaitent, c’est plus de stabilité dans l’offre de services.

« Actuellement, le personnel quitte le réseau par les portes et les fenêtres. En attaquant le peu de stabilité qui demeure dans les conditions de travail, le gouvernement pèse sur l’accélérateur pour entrer dans le mur. Il faut faire tout à fait l’inverse. Il faut améliorer dès maintenant les conditions de travail de l’ensemble des titres d’emploi du réseau. En exerçant une troisième séquence de grève partout au Québec en fin de semaine, les travailleuses et les travailleurs du réseau montrent qu’elles et ils sont déterminés à améliorer leurs conditions de travail et à se battre pour de meilleurs services à la population », lancent Réjean Leclerc, président de la FSSS-CSN, Jessica Goldschleger, première vice-présidente de la FP-CSN, Josée Fréchette, première vice-présidente de l’APTS, Isabelle Dumaine, présidente de la FSQ-CSQ, Sylvie Nelson, présidente du SQEES-FTQ et Maxime Ste-Marie, président du Conseil provincial des affaires sociales (CPAS-SCFP).

À cela s’ajoute le fait que le gouvernement, en pleine négociation, a mis fin au temps supplémentaire à taux double pour l’ensemble du personnel, ce qui était pourtant une mesure importante de rétention du personnel. Depuis le début des négociations sectorielles, le gouvernement propose des mesures temporaires et des mesures uniquement pour quelques titres d’emploi, ce qui est loin d’être suffisant pour convaincre le personnel de rester dans le réseau et pour attirer la relève.

« Le ministre Dubé et le premier ministre Legault devraient passer moins de temps à faire de basses attaques contre les syndicats et plus de temps à donner les mandats pour améliorer les conditions de travail du personnel aux tables sectorielles. Ce n’est pas les syndicats qui sont en cause s’il manque de monde dans bien des titres d’emploi ni si le personnel est à bout de souffle. Les travailleuses et les travailleurs en grève s’attendent à plus du gouvernement », de conclure les porte-paroles syndicaux.

Les femmes s’organisent contre PL15 : elles porteront le carré mauve !

Sous l’initiative de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN) et de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), des femmes provenant des milieux syndical, communautaire et universitaire se lèvent pour dénoncer la réforme Dubé contenue dans le projet de loi 15, Loi visant à rendre le système de santé et de services sociaux plus efficace.

Depuis trop longtemps, le travail des femmes dans les services publics est dévalorisé et la réforme Dubé accentue cette tendance dans l’univers de la santé et des services sociaux. Ce sont les travailleuses, mais aussi les usagères des services publics et communautaires, qui subiront en premier lieu les conséquences de cette réforme. À la suite d’une journée de réflexion et d’un appel à l’action, un véritable mouvement féministe opposé à ce projet de loi se dessine.

Le projet de loi 15 est une nouvelle attaque contre les femmes. Les membres du personnel, à 80 % féminin, subiront en majeure partie les contrecoups de la réforme Dubé. Les conditions de travail, l’autonomie et la surcharge sont à améliorer depuis trop longtemps, alors que les politiques de la Coalition avenir Québec (CAQ) empirent plutôt les choses, celles-ci s’inscrivant dans une tendance qui dévalorise le travail des femmes et qui vise à le contrôler. Le meilleur exemple de ce phénomène est l’attaque contre l’autonomie professionnelle et la culture organisationnelle de proximité des sages-femmes.

Ce sont les travailleuses qui devront continuer de soutenir à bout de bras les soins et les services, dans un contexte de pénurie de personnel qui sera exacerbé par l’exode vers le privé. Les travailleuses, mais aussi les citoyennes, verront les centres de décision s’éloigner de leur réalité quotidienne au profit de « tops guns » du privé qui décideront à leur place. Dans les organismes communautaires, les femmes devront encore se battre pour conserver leur peu d’autonomie et pour obtenir un financement adéquat. Les proches aidantes, encore une fois majoritairement des femmes, devront pallier une fois de plus les manques de l’État.

« Les services sociaux et de santé reposent, depuis toujours, sur le travail des femmes. Peu nombreuses aux commandes, elles feront les frais de la réforme Dubé. Leurs conditions de travail doivent impérativement être améliorées. C’est une question de pérennité des emplois et de tout le réseau public », indique Caroline Senneville, présidente de la CSN.

Le coup d’envoi d’un mouvement
« Je suis tannée, les travailleuses, les usagères, les proches aidantes, sont tannées. Tannées d’assister à des reculs démocratiques et de constater que notre voix n’est plus entendue. Tannées de la privatisation galopante qui va créer plus d’inégalités entre nous. Tannées du contrôle de notre travail et de devoir écoper des conséquences du mauvais financement du communautaire. Ça suffit, notre travail qui n’est pas reconnu à sa juste valeur ! Ça suffit, l’effritement de notre filet social ! On ne peut pas accepter ce que la réforme Dubé nous propose », de s’insurger Judith Huot, première vice-présidente de la FSSS–CSN et initiatrice du mouvement.

La CSN et la FSSS–CSN donnent donc le coup d’envoi de ce qu’elles aimeraient voir devenir un véritable mouvement et invitent les femmes du Québec ainsi que leurs groupes alliés à dénoncer la réforme Dubé en portant le carré mauve et en multipliant les actions de mobilisation. Elles comptent d’ailleurs déjà sur le soutien de plusieurs alliées, dont le Regroupement Les Sages-Femmes du Québec, le Réseau des Tables régionales de groupes de femmes du Québec, la Table des regroupements provinciaux d’organismes communautaires & bénévoles.

Françoise David, militante féministe, ex-syndicaliste et ex-présidente de la Fédération des femmes du Québec, donne également son appui à cette initiative. « Prendre soin, soutenir, accompagner, c’est fondamental dans une société qui se veut égalitaire. J’aime l’idée de nous unir afin de développer des services publics et communautaires qui répondent aux besoins des gens et qui soient gérés démocratiquement, le plus près possible des communautés. Les travailleuses, et bien sûr, les travailleurs, doivent se sentir respectés dans des réformes qui se multiplient depuis plusieurs années sans que l’on voie des impacts positifs sur le terrain. Portons un carré mauve pour que le ministre Dubé pense aux femmes, aux travailleuses ! »

À propos
Fondée en 1921, la CSN est une organisation syndicale qui œuvre pour une société solidaire, démocratique, juste, équitable et durable. À ce titre, elle s’engage dans plusieurs débats qui intéressent la société québécoise. Elle regroupe plus de 330 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou professionnelle dans 8 fédérations, ainsi que sur une base régionale dans 13 conseils centraux, principalement sur le territoire du Québec.

La FSSS–CSN compte plus de 145 000 membres dans les secteurs public et privé, partout au Québec, et ce, dans toutes les catégories de personnel. La FSSS–CSN est la plus grande organisation syndicale dans le secteur de la santé et des services sociaux et des services de garde.

Syndicat des Travailleuses et des Travailleurs des centres d’hébergement privés de la région de Québec (CSN) | Mirodor (SEM) 

Le 20 octobre dernier, les membres du Syndicat des employé(e)s du Mirodor (SEM) ont pris la décision de joindre le STT des centres d’hébergement privés de la région de Québec (CSN) et ainsi de s’affilier à la Fédération de la santé et des services sociaux, au conseil central de Québec Chaudière-Appalaches et à la Confédération des syndicats nationaux.

Ce nouveau groupe de travailleuses et de travailleurs représente :

« Toutes les personnes salariées au sens du Code du travail. »

Ces travailleuses et travailleurs ont choisi de s’affilier à la CSN pour enfin obtenir les services dont ils ont besoin et pour intégrer un syndicat régional qui leur permettra de bénéficier de l’expertise syndicale développée dans leur secteur d’activités.

Ils et elles pourront dorénavant partager leur réalité avec les membres des autres sections de leur nouveau syndicat et discuter des enjeux propres à leur milieu de travail afin de trouver des solutions adaptées. Dorénavant, ils ne seront plus seuls !

Sondage en santé et services sociaux : qu’est-ce que ça va prendre pour que le gouvernement nous entende ?

À quelques jours d’une nouvelle séquence de grève, la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN) dévoile les résultats d’un vaste sondage sur les conditions de travail du personnel du réseau. Surcharge de travail, postes vacants et salaire insuffisant sont les maux qui frappent les travailleuses et les travailleurs. Près d’un an après le début de la négociation, le gouvernement tarde toujours à prendre le taureau par les cornes.

La parole aux travailleuses et aux travailleurs

  • Le sondage électronique mené du 30 octobre 2023 au 10 novembre 2023 a permis de rejoindre 20 900 travailleuses et travailleurs du réseau de la santé et des services sociaux.
  • Le salaire insuffisant (selon 78 % des personnes interrogées), le manque de reconnaissance du gouvernement (30 %), les mauvaises conditions de travail (30 %) et les problèmes de gestion (30 %) sont les aspects qui rendent le quotidien au travail le plus difficile, selon les travailleuses et les travailleurs.
  • Pour 84 % des répondantes et des répondants, la charge de travail s’est alourdie dans les trois dernières années.
  • Les postes vacants sont un problème récurrent qui ne fait qu’accentuer la surcharge de travail. Par ailleurs, 72 % des personnes sondées indiquent qu’il y a des postes vacants dans leur département.
  • S’ajoute le fait que 70 % des répondantes et des répondants mentionnent qu’au cours des six derniers mois, des collègues n’ont pas été remplacés d’une à trois fois par semaine.
  • Finalement, 55 % des personnes sondées mentionnent songer à quitter le réseau.

« Si le gouvernement avait besoin d’un signal de plus que le temps presse, le voici ! Les travailleuses et les travailleurs le disent sans ambiguïté : leur charge de travail augmente sans arrêt. Pour devenir un employeur de choix, il va falloir en faire plus. Quand on lui dit aux tables de négociation, il ne nous entend pas. Maintenant que ce sont les travailleuses et les travailleurs qui leur disent, souhaitons qu’il entende raison. Investir dans nos services publics et celles et ceux qui les donnent, c’est un choix politique. Le gouvernement doit revoir ses priorités. Ce qui urge, c’est d’aider celles et ceux qui donnent des services dans le réseau, pas de donner des fonds publics aux richissimes propriétaires d’une équipe de hockey », explique Réjean Leclerc, président de la FSSS-CSN.

La négociation doit nous sortir du statu quo

Le sondage de la FSSS-CSN visait aussi à avoir le pouls des travailleuses et des travailleurs sur la négociation sectorielle en cours.

  • Seulement 11 % des personnes interrogées considèrent que la solution proposée par le gouvernement pour attirer et retenir le personnel dans les régions éloignées est la bonne.
    • Le gouvernement offre un montant forfaitaire au personnel acceptant d’aller travailler temporairement dans ces régions. Pour les répondantes et les répondants, la solution passe davantage par une augmentation des salaires et par des primes de disparité régionale.
  • Les personnes répondantes identifient des solutions qui permettraient d’améliorer leurs conditions de travail :
    • Bonifier et améliorer les règles et la rémunération pour les heures effectuées en temps supplémentaire et en disponibilité (selon 44 % des personnes sondées)
    • Introduire des ratios qui tiennent compte des besoins des usagères et des usagers dans certains services ou titres d’emploi (38 %)
    • Bonifier et améliorer les mesures de conciliation famille-travail-études (36 %)

« Les travailleuses et les travailleurs du réseau de la santé et des services sociaux s’attendent à ce que la négociation mène à des améliorations de leurs conditions de travail. Elles et ils ont besoin d’espoir pour continuer de desservir la population. Les mesurettes et les reculs du gouvernement ne font pas le travail. Le gouvernement dit qu’il veut parler d’organisation. Qu’il vienne le faire aux tables de négociation et ça presse ! », conclut Nadia Joly, représentante des professionnelles en soins de la FSSS-CSN.

Organisation du travail : le gouvernement parle des deux côtés de la bouche

Alors que le gouvernement martèle que l’organisation du travail est sa priorité, les pourparlers font du surplace depuis des mois aux tables de négociation sectorielles. Pour accélérer les travaux, les organisations syndicales représentant le personnel de la santé et des services sociaux membre du Front commun ont proposé de nombreuses solutions, concernant entre autres l’organisation du travail. Bien que cela soit justement une priorité du gouvernement, celui-ci n’y répond pas aux tables de négociation.

« Chaque semaine nous rappelle à quel point la crise qui frappe notre réseau est majeure. Malgré cela, le gouvernement continue de proposer des reculs, des mesures temporaires ou ne s’adressant qu’à quelques titres d’emploi. Ce n’est pas avec le statu quo qu’on va réussir à attirer et à retenir le personnel. Nous avons fait des propositions, discutons-en ! », lancent Réjean Leclerc, président de la FSSS-CSN, Jessica Goldschleger, 1re vice-présidente de la FP-CSN, Josée Fréchette, 1re vice-présidente de l’APTS, Maxime Ste-Marie, président du Conseil provincial des affaires sociales (CPAS-SCFP), Sylvie Nelson, présidente du SQEES-FTQ et Isabelle Dumaine, présidente de la FSQ-CSQ.

Plus précisément, les solutions syndicales portaient sur des enjeux également priorisés par le gouvernement, soit la révision des primes en santé et services sociaux, le recours à la main-d’œuvre indépendante, l’aménagement du temps de travail, la rémunération du temps supplémentaire et les vacances. D’ailleurs, bien que la question des primes soit présentée comme une priorité gouvernementale, les porte-paroles patronaux peinent à répondre aux questions de la partie syndicale à ce sujet.

De son côté, le gouvernement a fait grand cas de sa priorisation aux tables sectorielles mais le constat est clair : ses propositions sont loin d’améliorer les conditions de travail du personnel. Alors qu’il prétend vouloir devenir un employeur de choix, il propose entre autres de déplacer le personnel selon son bon vouloir.

« Après avoir entendu tourner en boucle les cassettes de Sonia LeBel et de Christian Dubé sur la difficulté de négocier l’organisation du travail, c’est tout simplement incompréhensible de voir le gouvernement traîner de la patte. Cela force un questionnement quant à la bonne foi du gouvernement dans ces négociations. Il est temps qu’il arrête de spinner et qu’il passe aux choses sérieuses », ajoutent les porte-paroles.

Alors que la pression monte et que de nouvelles journées de grève sont prévues, les travailleuses et les travailleurs membres du Front commun – tout comme la population du Québec – s’attendent à ce que les parties patronales et syndicales travaillent vigoureusement à parvenir à une entente. Les organisations syndicales enjoignent au gouvernement de démontrer qu’il souhaite lui aussi régler rapidement ces négociations et se disent prêtes pour des travaux intensifs au cours des prochains jours.

Maîtriser l’inflation sans nuire à celles et ceux qui travaillent

Jusqu’à maintenant, nos gouvernements réagissent au problème de l’augmentation du coût de la vie à la pièce. On envoie un chèque et l’on se contente de laisser aller la Banque du Canada avec sa hausse accélérée des taux d’intérêt. Le problème est si sérieux et si pernicieux qu’il faudrait une stratégie globale beaucoup plus élaborée.

Ça ne va plus. Ça fait mal à des millions de Québécoises et de Québécois. Des travailleuses et des travailleurs se retrouvent de plus en plus à la banque alimentaire. Un récent sondage montre que cette épreuve est le lot de 12 % du personnel de soutien scolaire ! Les loyers ou les hypothèques sont extrêmement difficiles à trouver et à payer et rognent le budget pour l’alimentation.

La dernière offre du gouvernement aux travailleuses et travailleurs du Front commun, à 10,3 % d’augmentation sur cinq ans, ne leur permettrait même pas de conserver la tête hors de l’eau. C’est encore un appauvrissement, puisque ce salaire ne suivrait pas l’inflation.

Il faut que les grandes entreprises comme les épiceries ou les pétrolières cessent d’engranger des profits records sur le dos du monde ordinaire. Quand on sait que les personnes à la tête de ces entreprises gagnent 243 fois le salaire moyen de leurs employé-es, on comprend qu’ils sont déconnectés des vrais problèmes actuels.

La CSN a fait plusieurs recommandations pertinentes en consultation prébudgétaire au fédéral pour casser ce cercle vicieux et faire en sorte que la vie soit enfin plus abordable. En voici quelques-unes :

  • Le gouvernement doit mettre en place des politiques complémentaires à celle de la Banque du Canada pour lutter contre l’inflation : mieux contrôler le prix des loyers et des habitations, investir dans la construction de logements hors marché, réduire le prix des services gouvernementaux ou les offrir gratuitement et augmenter les transferts financiers aux ménages à faibles revenus.
  • Instaurer un régime universel d’assurance médicaments.
  • Permettre aux travailleurs étrangers temporaires de changer d’employeur.
  • Bonifier le financement du transport en commun.

Salaire minimum

Rappelons par ailleurs qu’il est impératif d’augmenter le salaire minimum, lequel n’a jamais suivi l’inflation. Les personnes qui gagnent le salaire minimum, environ 60 % étant des femmes, ont beaucoup moins de marge de manœuvre que les autres quand la facture d’épicerie et le loyer augmentent. Nous le disons et le redirons tant qu’il le faudra, on doit hausser le salaire minimum de façon très importante. Ces travailleuses et ces travailleurs ont souvent montré leur très grande utilité sociale pendant la pandémie, cette augmentation est nécessaire et méritée.

Un toit avant tout

La question du logement en particulier devient centrale. La hausse du coût de la vie engendre de l’itinérance ou des gens qui sont mal logés et qui utilisent une beaucoup trop grande part de leurs revenus pour le faire.

À Montréal en particulier, les mises en chantier sont à un creux historique. Ça n’a aucun sens ! Démarrer plus de chantiers, ça va demander des bras, il n’y a pas de miracle. Il faudra donc une stratégie pour attirer et conserver encore plus de travailleuses et de travailleurs de la construction.

Nous demandons aux deux gouvernements de faire leur part pour nous sortir de cette impasse qui ne se règlera clairement pas en laissant le secteur privé mener le bal. Si ça marchait, on le saurait ! La débandade des services publics au profit du privé ne fait qu’accentuer l’appauvrissement des ménages et compromettre l’accès au logement.

En cette période d’inflation élevée, nous devons, plus que jamais, rester solidaires avec tous les salarié-es qui luttent pour continuer à améliorer leur sort, à commencer par celles et ceux du secteur public qui font Front commun.

 

Autopsie d’une grève imminente

Voilà un peu plus d’un an déjà, le Front commun et ses organisations membres déposaient leurs demandes aux différentes tables de négociation en vue du renouvellement des conventions collectives du secteur public. Devant l’inflexibilité du gouvernement depuis ce dépôt, la grève se pointe maintenant le bout du nez.

Des demandes qui sont souvent des solutions à des problèmes vécus depuis longtemps sur le terrain, dans les établissements de santé et de services sociaux, dans les écoles et dans les collèges. Les solutions n’ont aucun impact si elles sont proposées à un gouvernement qui, dans ses meilleures semaines, se contente d’observer la chute de nos réseaux publics. « On fait quoi avec un gouvernement qui nous prend de haut comme ça, qui refuse d’écouter ? ». Une question lancée par François Enault, 1er vice-président de la CSN et responsable de la négociation du secteur public, à laquelle il s’empresse de répondre : « On l’oblige à bouger, on lui montre toute l’ampleur de la force de frappe des 420 000 travailleuses et travailleurs du secteur public ».

Celles et ceux qui aident ont besoin d’aide

À compter de mars 2020, les services publics ont été propulsés malgré eux au-devant d’une crise sanitaire sans précédent. « Au cœur de la crise, le Québec a réalisé toute l’importance qu’ont nos services publics. Des “ anges gardiens”, voilà ce qu’on a dit des femmes et des hommes qui ont tenu le Québec à bout de bras », rappelle François Enault. « Si la population s’en souvient et en est encore reconnaissante, M. Legault et la CAQ ont rapidement oublié tout le travail accompli quand est venu le temps de discuter des améliorations à apporter aux conditions de travail et au salaire de ces centaines de milliers de personnes », poursuit-il.

Des solutions sur la table depuis un an déjà

Le 28 octobre 2022, plus de 2000 membres étaient venus accompagner les porte-paroles du Front commun au dépôt des demandes syndicales. « Dès cet instant, on sentait déjà la grogne », indique François Enault. « Deux mille personnes à l’étape du dépôt, c’est un signe clair, mais le gouvernement ne l’a pas entendu et, un an plus tard, il ne l’entend toujours pas ».

Alors que la crise sanitaire a exacerbé les enjeux et les défis qui touchent les salarié-es des réseaux publics, il aurait été normal de s’attendre à ce qu’au moins quelques-unes des solutions proposées soient accueillies avec bienveillance, sinon avec un peu d’écoute. « C’est insultant ! La partie patronale est au courant des problèmes, tout le monde connaît les problèmes, on en parle dans les médias chaque semaine », s’insurge François Enault, « mais quand les gens sur le terrain proposent des solutions, les patrons font la sourde oreille ».

Des dépôts patronaux qui frisent le ridicule

À la fin de décembre 2022, la présidente du Conseil du trésor, Sonia Lebel, et les comités patronaux de négociations présentaient leurs « offres » aux syndicats. Alors que les salarié-es réclament des augmentations importantes et justifiées, ainsi qu’un mécanisme pour les protéger face à une inflation hors de contrôle, le gouvernement répond maintenant par une offre de 10,3 % sur cinq ans, sous ses propres prévisions d’inflation et des attaques au régime de retraite. Là où les employé-es réclament des améliorations à leurs conditions de travail comme des outils pour contrer la surcharge et l’épuisement professionnel, et des améliorations à la conciliation famille-travail-études-vie personnelle, les employeurs répondent par des demandes de « souplesse », la possibilité de refuser plus facilement les congés, des horaires de travail plus longs, etc. François Enault est clair « c’était injurieux au moment du dépôt. Après un an sans mouvement significatif, je ne pense pas trouver de mots assez polis pour décrire la situation. Il ne reste qu’une solution pour faire comprendre au gouvernement le sérieux de nos demandes. »

Santé : cessera-t-on de centraliser et de privatiser ?

Après Couillard et Barrette, la réforme du réseau de la santé et des services sociaux concoctée par le ministre Dubé, qui s’incarne notamment dans le projet de loi 15, va complètement centraliser le réseau dans une seule agence nationale !

Une autre conséquence moins en évidence de cette réforme sera de placer le réseau public en concurrence plus constante avec le privé. Ce faisant, on risque fort d’assister à une croissance de la part des services assurés par le secteur privé, dont les trois nouveaux mini-hôpitaux annoncés par le ministre. Même si la majorité des services est encore aujourd’hui couverte par notre carte d’assurance maladie, nous payerons collectivement la facture supplémentaire qui viendra du privé, un peu comme la télémédecine offerte par certaines assurances collectives privées.

Le gouvernement et les partis d’opposition discutent encore des amendements possibles à faire au projet de loi. Malgré certaines modifications, la CSN estime toujours que ce projet de loi ne s’attaque pas aux racines du problème du réseau, soit la difficulté d’accès aux soins et services. Si le gouvernement avait consulté et tenu compte des demandes des citoyennes et des citoyens et de l’expérience des gens sur le terrain, le ministre Dubé aurait laissé tomber le recours à des services coûteux du privé et se serait plutôt intéressé à améliorer le réseau public en décentralisant les services afin de mieux répondre aux besoins de chacune des régions du Québec et des acteurs du réseau de la santé et des services sociaux. En Suède par exemple, le système de santé est principalement géré par les 21 régions du pays et mise beaucoup sur les soins ambulatoires plutôt que sur le nombre de lits dans le réseau. Or, ce pays réussit à respecter des délais rapprochés pour l’accès aux soins, dont les opérations ou les traitements appropriés qui se font dans les 90 jours.1 Ce pays réussit ce tour de force en utilisant significativement moins le privé que le Québec !

L’accès, pas la centralisation

Selon un sondage SOM dévoilé le 11 septembre dernier, l’amélioration de l’accès au système de santé est la priorité au Québec, avec 40 % des répondantes et répondants qui classent ce problème au sommet de leurs préoccupations. Malgré l’expérience traumatisante de la pandémie et après cinq ans au pouvoir, le gouvernement actuel n’a pas plus corrigé le tir que les précédents. Pire, le projet de loi 15 ne résout pas le problème d’accès, il risque même de l’empirer en diminuant le nombre de leviers régionaux.

Le projet de loi 15 du ministre Christian Dubé a été vendu sur la place publique comme une nécessité pour améliorer l’efficacité du réseau. Tout le monde s’entend là-dessus : il faut faire quelque chose. Or, le problème d’accès est en partie lié à celui du manque de main-d’œuvre. Il faudrait donc d’abord agir vigoureusement pour devenir un employeur de choix et ainsi faciliter l’embauche et la rétention du personnel.

La présentation de la réforme Dubé misait sur des mots avec lesquels il est difficile d’être en désaccord : efficacité et décentralisation. Mais au-delà des mots, où sont les mesures qui vont réellement en ce sens et qui règlent les problèmes constatés sur le terrain ? La création de l’agence Santé Québec sera, au contraire, une forme de centralisation. Remonter à Québec pour prendre certaines décisions risque souvent d’être encore moins efficace que dans les mégastructures actuelles que sont les CISSS. Imaginez des relations de travail à Québec lorsque l’on habite le Saguenay ou l’Abitibi ! Tout ça pour donner l’impression au gouvernement qu’un seul organisme peut tout contrôler. Si cette stratégie fonctionnait, la réforme Barrette aurait été un franc succès ! L’agence Santé Québec aura aussi comme effet collatéral d’éloigner la responsabilité des échecs de la cour du ministre. Ce dernier pourra en effet renvoyer les plaintes à l’agence.

Le leitmotiv de l’efficacité pourrait par ailleurs mener à des décisions qui manquent d’humanité. La mission de productivité de l’agence Santé Québec et la reddition de compte qui l’accompagnera vont se concentrer sur les statistiques de temps d’attente, ou sur le temps consacré à chaque traitement. Cette approche comptable n’aura pas le bien-être de la population et des employé-es du réseau comme priorité. Pour que le tableau de bord à Québec paraisse bien, on risque de donner moins de latitude à celles et ceux qui donnent les soins aux patientes et aux patients. On s’expose plutôt à chronométrer chaque tâche. Or, prendre la main d’une personne qui souffre n’est peut-être pas nécessaire ou important pour une ou un gestionnaire qui croit qu’un hôpital se gère comme une usine automobile, mais est essentiel pour lui donner un peu de dignité.

Vers de vraies solutions

La CSN estime qu’il n’est pas trop tard pour déclencher des états généraux sur la santé. Il faut réfléchir à ce que l’on veut comme système de santé, il faut identifier les solutions que l’on souhaite. C’est notre filet social qui est en jeu !

La santé et les services sociaux représentent près de la moitié des dépenses de l’État québécois. Le vieillissement de la population pourrait même accentuer cela. Ça mérite certainement que l’on revoie l’ensemble de l’œuvre pour s’assurer qu’il correspond à ce que les Québécoises et les Québécois veulent et que nous cessions de gaspiller collectivement des fonds publics qui vont aller grossir les profits du secteur privé. Le ministre Dubé a raison, il faut une réforme en profondeur.

Un CPE se verdit

Au Centre de la petite enfance (CPE) Le Repère des mousses, le virage vert amorcé depuis une dizaine d’années permet non seulement de réduire l’empreinte environnementale de l’installation, mais aussi de conscientiser les tout-petits à l’importance de préserver l’environnement.

Ce CPE de l’arrondissement Rosemont, sur l’île de Montréal, fait figure de pionnier dans l’adoption de mesures environnementales. « Les choses se sont mises en place tranquillement », raconte Nadine Joseph, éducatrice au Repère des mousses depuis 31 ans et vice-
présidente à la vie syndicale au Syndicat des travailleuses(eurs) des CPE de Montréal et Laval–CSN. Cette idée est vite devenue un projet d’équipe grâce au concours des travailleuses, des parents, des membres du conseil d’administration et de la direction générale.

Cette installation de 70 places, qui compte 15 travailleuses, a débuté par la mise en place du recyclage. En plus de diminuer la quantité de déchets produits, le recyclage a fait fondre les achats de matériel de bricolage. Dans la cour arrière, un jardin a été aménagé permettant de verdir l’espace et du même coup d’approvisionner la cuisine en fines herbes et en légumes frais. Le CPE a longtemps produit lui-même son compost avant de profiter de la collecte des résidus verts de l’arrondissement.

Résolument vert

Petit à petit, ces premières initiatives vertes ont mis la table pour d’autres mesures. Ainsi, le plastique à usage unique a été éliminé au profit de matériaux plus écologiques. La vaisselle, l’ameublement, les jouets et les modules de jeux extérieurs ont eu droit à cette métamorphose. Les couches lavables ont également remplacé les couches jetables.

À l’extérieur, le gazon a fait place à un couvre-sol beaucoup plus écologique et sans entretien coûteux. De plus, le CPE a fait l’achat d’un support à vélos et à trottinettes afin d’encourager les travailleuses et les parents à se déplacer à deux roues. Le Repère des mousses fait aussi une belle place à l’achat local. Plutôt que de s’approvisionner auprès des grandes chaînes d’alimentation, l’installation priorise les commerces du quartier.

Toutes ces initiatives ont même fait des petits auprès d’autres CPE. « La force de notre CPE, ç’a été d’embarquer toute l’équipe. Tout le monde met la main à la pâte », souligne Mme Joseph. Même les enfants sont mis à contribution.

« Nous expliquons aux enfants ce que nous faisons pour l’environnement. À partir de trois ans, ils en sont bien conscients », explique l’éducatrice. Ce virage vert constitue ainsi un outil pédagogique formidable auprès des tout-petits pour qu’ils puissent devenir des citoyens respectueux de l’environnement.

Projet de loi 15 : vaste coalition contre la réforme Dubé

Une coalition de près de 300 syndicats et groupes de la société civile dénonce le manque de consensus envers le projet de loi 15. Le ministre Christian Dubé défend depuis un an sa vaste réforme. Celle-ci mènera à la création de l’agence Santé Québec qui englobera tout le réseau de la santé et des services sociaux. Les organisations membres de la coalition reprochent au gouvernement de ne pas avoir consulté le milieu au préalable et demandent maintenant au ministre de prendre un pas de recul pour débattre démocratiquement des enjeux soulevés par le projet de loi 15. On pense notamment à la très grande centralisation et à l’ouverture à plus de services offerts par le secteur privé. Santé Québec deviendrait le plus grand employeur au Canada, ce n’est pas rien !

En plus de cette vaste coalition, on note la sortie de six anciens premiers ministres du Québec qui craignent essentiellement que cette réforme entraîne la perte d’autonomie des institutions qui sont des pôles de recherche universitaire. Il faudra surveiller le gouvernement pour voir s’il utilisera la méthode antidémocratique du bâillon pour faire passer son projet de loi avant Noël.

Syndicat des travailleuses et des travailleurs de la résidence Wales–CSN | CHSLD Foyer Wales

À la suite du dépôt de la requête en accréditation, le 4 août 2023, le Syndicat des travailleuses et des travailleurs de la résidence Wales – CSN a été accrédité pour représenter :

« Tous les salarié(e)s au sens du Code du travail à l’exclusion des employés-es de bureau et du personnel administratif »

Les travailleuses et travailleurs de cette résidence ont fait la démarche de se syndiquer dans le but de contrer le favoritisme ainsi que le comportement irrespectueux de cet employeur.

Le désir de vouloir avoir leur mot à dire depuis le conventionnement de cet établissement a fait partie de leur décision de faire la démarche de se syndiquer et cela, avec une forte majorité.

Cette démarche de syndicalisation leur permettra d’améliorer leurs conditions de travail, de tendre vers des conditions se rapprochant des autres syndicats dans le même milieu de travail et d’obtenir le respect de leur employeur qu’ils méritent.

Ce nouveau syndicat sera affilié à la Fédération de la santé et services sociaux, au Conseil central des syndicats nationaux de l’Estrie et, bien entendu, à la Confédération des syndicats nationaux.

Attention : la CAQ met nos ainé-es en danger

Par crainte de rupture de service, le gouvernement de la Coalition Avenir Québec souhaite pérenniser un règlement mis en place dans l’urgence, en pleine pandémie. Alors même que durant cette période nous avons été témoins de situations désastreuses en résidence pour ainés (RPA), ce projet de modification permettrait à toute personne appelée à donner des soins aux usagères et usagers de RPA, mais non membre d’un ordre professionnel, de rester en poste pendant un an, et ce, sans qu’aucune formation ne soit exigée. La Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN) tire la sonnette d’alarme quant aux dangers d’une telle décision pour nos ainé-es et elle interpelle le gouvernement pour qu’il exige que les travailleuses et travailleurs en RPA reçoivent les formations de base beaucoup plus rapidement.

Avant la pandémie, le personnel de RPA devait, pour être embauché, avoir minimalement suivi la formation de réanimation cardiorespiratoire (RCR) et celle portant sur les Principes pour le déplacement sécuritaire des bénéficiaires (PDSB). Le gouvernement souhaite maintenant accorder un délai d’un an après l’embauche pour ces mêmes formations, pourtant très courtes et essentielles à l’exercice du métier.

Lorsque l’on travaille avec des ainé-es en résidence, il est fondamental de pouvoir intervenir en cas d’urgences cardiovasculaires ou d’étouffement. « La formation (RCR) ne dure qu’une journée, dont la moitié peut être faite en ligne. On comprend qu’il manque de personnel, mais de permettre une année complète sans que cette formation de base soit suivie dépasse l’entendement. Des situations d’horreur sont à prévoir parce que c’est carrément dangereux pour la santé et la sécurité nos ainé-es », s’indigne Lucie Longchamp, vice-présidente de la FSSS–CSN.

Marlène Ross, représentante du secteur des centres d’hébergement privés à la FSSS–CSN, souligne également le fait qu’aujourd’hui, dans les résidences pour aîné-es, on retrouve des personnes en déficience intellectuelle, qui sont en dépassement de soins ou encore qui ont des troubles mentaux. « Il est irresponsable de placer ces gens vulnérables et à risque entre les mains de personnes mal outillées pour composer avec leurs réalités. C’est contraire au principe de précaution et ça met nos ainé-es à risque. »

« De plus, ne pas recevoir la formation pour déplacer correctement les usagers et les usagères laisse présager de nombreux accidents de travail. On veut attirer plus de personnel, mais on ne met pas le cadre pour les garder en place. On comprend le besoin de plus de flexibilité, mais on pense que les travailleuses et les travailleurs devraient être formés à leur arrivée ou dans les semaines suivant leur embauche », de conclure la représentante syndicale du secteur.

Le Front commun sera en grève les 21, 22 et 23 novembre prochains

Alors que 420 000 travailleuses et travailleurs sont en grève partout au Québec depuis minuit, le Front commun annonce ce matin que la prochaine séquence de grève se déroulera du 21 au 23 novembre prochains, à moins de parvenir à une entente d’ici là.

« Nous annonçons aujourd’hui le moment de la deuxième séquence de grève qui se tiendra sur trois journées complètes. Notre message ce matin est clair : nos équipes de négociation sont entièrement disponibles pour les deux prochaines semaines. L’objectif, c’est d’arriver à un règlement qui sera gagnant-gagnant, pour les travailleuses et les travailleurs, ainsi que pour les services à la population. Personne ne souhaite une autre séquence de grève, mais nous serons prêts s’il le faut », ont lancé les porte-paroles du Front commun, François Enault, premier vice-président de la CSN, Éric Gingras, président de la CSQ, Magali Picard, présidente de la FTQ et Robert Comeau, président de l’APTS.

« Cela dit, il faut bien comprendre que ce mouvement est une démonstration de la détermination de nos membres, qui ont voté à 95 % en faveur de la grève et qui sont prêts à aller jusqu’au bout, jusqu’à la grève générale illimitée, si le gouvernement ne comprend pas le message », ont tenu à préciser les porte-paroles.  

Rappelons que le 29 octobre dernier, le Conseil du trésor a déposé une offre contenant une bonification dérisoire de seulement 1,3 %. L’offre salariale, qui est passée de 9 % sur cinq ans à 10,3 % pour la même période, ne réglerait en rien les problèmes causés par l’immense retard que subissent les 420 000 travailleuses et travailleurs regroupés en Front commun. Au contraire, elle les appauvrirait.

« Après que 100 000 personnes soient venues appuyer le Front commun dans les rues le 23 septembre, après un mandat de grève générale illimitée adopté à 95 % après un dépôt insultant dimanche dernier, le gouvernement nous pousse aujourd’hui à exercer la grève. Il récolte ce qu’il a semé, rien de moins. À l’heure actuelle, nous avons élagué nos demandes à l’ensemble des tables sectorielles. Mais une chose est certaine, les attentes des travailleuses et des travailleurs sont grandes. Laisser notre monde s’appauvrir, c’est non négociable ! », ont tonné les porte-paroles. 

Rappelons aussi que le gouvernement a choisi de donner aux parlementaires 30 % d’enrichissement et de rattrapage, auxquels viendront s’additionner d’autres augmentations annuelles, et qu’il a offert 21 % sur cinq ans aux policiers de la Sûreté du Québec, offre qui a été refusée. L’entente salariale à convenir avec le Front commun devra obtenir le même niveau de considération.

Fin du temps supplémentaire à taux double : le gouvernement attise la grogne des travailleuses et des travailleurs

Les organisations syndicales représentant le personnel de la santé et des services sociaux membres du Front commun dénoncent la décision de la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, de mettre fin à la rémunération du temps supplémentaire à taux double en date du 4 novembre. En vigueur depuis l’urgence sanitaire, l’employeur avait pourtant proposé de la pérenniser, avant de reculer sur cette offre en octobre dernier.

« Que s’est-il passé depuis bientôt un an pour que le gouvernement juge que ces incitatifs ne sont plus pertinents? Les listes d’attente sont-elles plus courtes? Les visites aux urgences moins nombreuses? Le temps supplémentaire obligatoire s’est-il raréfié? En reculant sur la reconnaissance accordée aux travailleuses et aux travailleurs lorsqu’ils offrent des services au-delà des heures normales de travail, la ministre LeBel montre encore une fois sa déconnexion des besoins de notre réseau public et accentue la crise de pénurie de main-d’œuvre qui accable le réseau », dénoncent les porte-paroles de la FSSS-CSN, de la FP-CSN, de l’APTS, du SCFP-FTQ, du SQEES-FTQ et de la FSQ-CSQ.

Retour à la case départ pour la partie patronale

« Sous prétexte d’avoir fait une priorisation de leur cahier de demandes, nos vis-à-vis aux tables de négociations ont reculé sur l’une des rares propositions répondant aux revendications des travailleuses et des travailleurs. Loin de faire progresser les pourparlers, cela alimente la grogne des celles et ceux qui continuent de porter notre réseau public à bout de bras », ajoutent les représentantes et les représentants des organisations syndicales.

La proposition de rémunérer le temps supplémentaire à taux double ne reste en effet sur la table que pour le personnel en soins infirmiers œuvrant dans un service 24/7 identifié par le gouvernement (urgence, soins critiques, CHSLD, maisons des aînés, maisons alternatives et santé mentale) puisqu’elle est retirée pour les autres catégories de travailleuses et travailleurs. Le gouvernement créé ainsi une grave iniquité alors que le travail en temps supplémentaire est un fardeau porté par l’ensemble du personnel du réseau.

Alors que les 420 000 membres du Front commun s’apprêtent à exercer leur première séquence de grève le 6 novembre, la fin du temps supplémentaire à taux double va ajouter de l’huile sur le feu au lieu de favoriser un règlement. Les organisations syndicales demandent au Comité patronal de négociation du secteur de la santé et des services sociaux (CPNSSS) de faire preuve de bonne foi en rémunérant le temps supplémentaire à taux double pour toutes les travailleuses et tous les travailleurs de la santé et des services sociaux.

Un dépôt insultant, une fois de plus

« Beaucoup de bruit pour rien : une bonification pitoyable de seulement 1,3 % sur une durée de cinq ans. » C’est avec une vive déception, mais peu d’étonnement, que les porte-paroles du Front commun ont pris connaissance du dépôt effectué ce matin par le Conseil du trésor, lequel est reçu comme un affront. Encore une fois, le gouvernement démontre son incapacité à comprendre les difficultés vécues dans les services publics et à réaliser l’urgence de sauver le bateau qui est en train de couler. Il prouve de plus sa déconnexion complète face à la colère des travailleuses et des travailleurs qui, épuisés, portent sur leurs épaules des services publics plus que jamais fragilisés.

« Ce dépôt est une nouvelle claque au visage des 420 000 travailleuses et travailleurs du Front commun. C’est une insulte. C’est trop peu trop tard. Pour nos gens, tendre l’autre joue, c’est terminé », ont tonné d’une seule voix les porte-paroles du Front commun, François Enault, premier vice-président de la CSN, Éric Gingras, président de la CSQ, Magali Picard, présidente de la FTQ, et Robert Comeau, président de l’APTS.

Malgré le fait que 100 000 personnes sont venues appuyer le Front commun dans les rues le 23 septembre, malgré un mandat de grève générale illimitée adopté à 95 % et l’annonce d’une première journée de grève, l’éléphant a encore accouché d’une souris. Le gouvernement continue de vouloir tout décider seul, de tout imposer, habitué à manœuvrer ainsi depuis sa première élection, en 2018.

« Nous ne voyons rien dans ce dépôt qui permettrait de lever la grève. Nous devons nous rendre à l’évidence. La grève est la seule solution pour que le gouvernement comprenne. Puisqu’il le souhaite, on va l’exercer haut et fort le 6 novembre prochain », ont renchéri les porte-paroles. Ces derniers ont aussi précisé qu’ils prendront le temps d’analyser le dépôt en détail et en feront la présentation à leurs instances respectives, mais il ne fait déjà aucun doute qu’il n’est pas à la hauteur des attentes de leurs membres.

Offre salariale

L’offre salariale, qui est passée de 9 % sur cinq ans à 10,3 % pour la même période, ne réglera en rien l’immense retard que subissent les 420 000 travailleuses et travailleurs regroupés en Front commun par rapport aux autres Québécoises et Québécois.

« La nouvelle offre salariale ne réussira pas à nous sortir de l’appauvrissement proposé par le gouvernement. Nous jouons toujours dans le même mauvais film, un film catastrophe. »

Rappelons que le gouvernement a choisi de donner aux parlementaires 30 % d’enrichissement et de rattrapage auxquels viendront s’additionner d’autres augmentations annuelles et qu’il a offert 21 % aux policiers de la Sûreté du Québec. L’entente salariale à convenir avec le Front commun devra le considérer.

« Nous constatons que ces offres substantielles ont été offertes à des emplois à majorité masculine, alors que les services publics, composés à 78 % de femmes, ne se font offrir que des miettes. On est encore devant une discrimination inacceptable envers les femmes. »

Primes

En reconduisant certaines primes jusqu’au renouvellement de la convention collective, la ministre LeBel a posé le seul geste sensé dans le contexte, mais il ne s’agit pas d’un gain, c’était déjà acquis. S’attaquer aux conditions de travail et de pratique des travailleuses et des travailleurs œuvrant dans des secteurs en difficulté, de la part d’un gouvernement qui prétend vouloir être un employeur de choix, aurait été une grave erreur. Cependant, en mettant fin à des mesures administratives prévues dans le cadre de la COVID-19, le gouvernement met le feu aux poudres.

Retraite

Le recul du gouvernement sur une mesure de « détention » qu’il voulait imposer au Régime de retraite du personnel employé du gouvernement et des organismes publics (RREGOP) – soit le fait de faire passer la retraite sans pénalité de 55 à 57 ans pour les personnes ayant 35 ans de service – constitue une bonne nouvelle, certes, mais l’attaque majeure demeure alors que le régime est pourtant en excellente santé financière, dont la réduction des rentes exigées sous prétexte d’une bonification du régime de rentes du Québec (RRQ).

Tables sectorielles

Le règlement de cette négociation passe certes par une entente à la table centrale, mais également aux tables sectorielles. « Malgré tous les signaux envoyés à ces tables, dont l’élagage mené récemment, nos vis-à-vis patronaux répondent qu’ils n’ont aucun mandat pour parler même de leurs propres demandes. Nous sommes rendus à nous questionner sur la volonté et la capacité du gouvernement à convenir d’ententes satisfaisantes prochainement. »

Comme toujours, le Front commun sera disponible pour négocier afin de faire avancer cette négociation rapidement, à la satisfaction de ses membres.

Améliorer les conditions de travail avant de frapper un mur

Quelques jours avant de déclencher la grève, une centaine de travailleuses et de travailleurs membres de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN) ont manifesté devant les bureaux du Comité patronal de négociation du secteur de la santé et des services sociaux (CPNSSS) pour réclamer un déblocage de la négociation.

Près de 20 000 travailleuses et travailleurs attendent – encore – l’employeur de choix

Près d’un an après le début de la négociation sur les conditions de travail en santé et services sociaux, la FSSS-CSN déplore le peu d’avancées. Pourtant, une crise majeure frappe le réseau et les employeurs peinent plus que jamais à attirer et à retenir le personnel. En marge de la manifestation, la FSSS-CSN a déposé une pétition recueillant près de 20 000 signatures aux représentant-es du CPNSSS pour réclamer que le gouvernement entende les solutions des travailleuses et des travailleurs.

« Le temps presse. Chaque semaine, nous voyons à quel point il est urgent d’améliorer les conditions de travail du personnel du réseau. Malgré les beaux discours, le gouvernement rate la cible depuis le début de la négociation. Après plus de 50 rencontres de négociation, il propose des mesures temporaires, des mesures ne touchant que quelques titres d’emploi et des mesures offrant plus de flexibilité pour les employeurs, au détriment du personnel. Ce n’est pas avec ça qu’on va convaincre les gens de venir travailler dans le réseau. C’est encore moins avec ça qu’on va convaincre les gens d’y rester », explique Réjean Leclerc, président de la FSSS-CSN.

« Notre message aujourd’hui est clair : le CPNSSS doit aller chercher ses mandats pour faire débloquer la négociation. Pour que ça avance enfin, le gouvernement doit arrêter de s’entêter à ne vouloir parler que de ses priorités. Si on veut améliorer les services à la population, il faudra abandonner les mesurettes et le statu quo. De notre côté, on est prêt à faire avancer la négociation pour donner de l’air à celles et à ceux qui s’occupent de la population », de conclure Réjean Leclerc.

Le Front commun sera en grève le 6 novembre

Le 6 novembre prochain, les 420 000 travailleuses et travailleurs représentés par le Front commun exerceront une première séquence de grève, d’une journée. En éducation, dans la santé et les services sociaux ainsi qu’en enseignement supérieur, partout au Québec et d’une seule voix, ils enverront un premier coup de semonce pour forcer le gouvernement à faire une offre substantielle au Front commun.

C’est par les médias sociaux que le Front commun a appris cette semaine l’intention du gouvernement de déposer une nouvelle offre ce dimanche, 29 octobre. « Nous attendrons de prendre connaissance du dépôt gouvernemental avant de commenter. Mais nous dirons tout de même ceci : pour se sortir du pétrin dans lequel il s’est lui-même placé, le gouvernement n’a qu’une chose à faire : revenir avec une offre substantielle et cesser ses attaques, notamment sur la question de la retraite. Une nouvelle offre insuffisante accompagnée d’une énième opération médiatique serait reçue comme une claque en plein visage par les femmes et les hommes qui font fonctionner les services publics. La hauteur des mandats de grève octroyés par les membres témoigne de la hauteur des attentes dans nos réseaux quant à l’issue de cette négociation », ont déclaré les représentants du Front commun, François Enault, premier vice-président de la CSN, Éric Gingras, président de la CSQ, Magali Picard, présidente de la FTQ, et Robert Comeau, président de l’APTS, en conférence de presse, ce matin, à Montréal.

« Nous avions été clairs sur notre intention d’exercer le mandat et la stratégie de grève votés par les travailleuses et les travailleurs que nous représentons pour arriver à une entente satisfaisante. Au-delà des échanges croisés sur l’élagage aux tables sectorielles, la réalité, c’est que rien ne bouge à la table centrale et sur les questions salariales ».

Depuis de nombreux mois, le Front commun est sur toutes les tribunes pour rappeler au gouvernement que ses offres ne passent pas et que de proposer aux travailleuses et aux travailleurs de maintenir le statu quo constitue la recette parfaite pour mettre le feu aux poudres. Compte tenu de l’état dans lequel se trouvent nos réseaux publics, maintenir une offre salariale insultante, des attaques au régime de retraite et réclamer à tout vent plus de flexibilité relève de l’aberration. Si le gouvernement veut être un employeur de choix, il faut que ça se traduise aux tables de négociation.

« Après un an de négociations, des dizaines de rencontres aux tables, beaucoup d’échanges à travers les médias, des actions de mobilisation et de visibilité partout au Québec, une manifestation monstre qui a rassemblé 100 000 personnes dans les rues de Montréal, et maintenant des mandats à 95 % en faveur d’une grève pouvant aller jusqu’à la grève générale illimitée, il faut croire que le gouvernement attend une première journée de grève pour bouger, si désolant cela soit-il. Mais que ce soit clair : il est responsable de l’annonce que nous faisons aujourd’hui », ont ajouté les leaders syndicaux.

« Nous sommes conscients des impacts considérables qu’une grève engendre sur le quotidien des Québécoises et des Québécois. Mais nous savons que la population n’a plus envie de vivre avec des services publics carencés et continuellement en pénurie de main-d’œuvre. Nous espérons donc sincèrement que ce sera assez pour faire bouger le gouvernement de manière sérieuse et limiter les désagréments. Mais si le message n’était pas entendu, une deuxième séquence pourrait être exercée, laquelle constituerait le plus grand mouvement de grève qu’ait connu le secteur public depuis 50 ans. »

Dans l’éventualité du déclenchement d’une grève le 6 novembre prochain, le Front commun précise que les services essentiels seront assurés.

Syndicat des travailleuses et travailleurs des centres d’hébergement–CSN | Providence Notre Dame de Grâce

 À la suite du dépôt de la requête en accréditation, le 27 juin 2023, le Syndicat des travailleuses et travailleurs des centres d’hébergement – CSN a été accrédité pour représenter : 

« Tous les salariés-es au sens du Code du travail à l’exclusion du personnel administratif et des chefs de services ». 

Le climat de travail est devenu toxique, l’ancienneté n’est pas respectée, il y a des abus de pouvoirs et des conflits d’intérêts, etc. 

Ce nouveau syndicat sera affilié à la Fédération de la santé et des services sociaux, au Conseil central du Montréal Métropolitain et, bien entendu, à la Confédération des syndicats nationaux.