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Rendez-vous sur la main d'œuvre

Illustration : Luc Melanson
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Répondre au besoins des patrons

En février prochain, le gouvernement libéral du Québec tiendra son Rendez-vous sur la main-d’œuvre en réunissant 300 participantes et participants issus de tous les milieux socioéconomiques, dont la CSN. L’objectif ? Cerner les défis et les enjeux en matière de main-d’œuvre pour mieux faire face au marché du travail de demain.

Si l’exercice est noble, le gouvernement a pourtant multiplié les actions au cours de son mandat pour nuire à l’économie et à la création d’emplois. Cure radicale pour les finances et les services publics, abolition des conférences régionales des élus (CRÉ), diminution des obligations des entreprises dans la formation des employé-es. Que faut-il attendre de ce rendez-vous ?

« Des rencontres préparatoires ont lieu avec le comité de pilotage en vue de cet événement et on doute pouvoir décrocher une entente significative, avance le président de la CSN, Jacques Létourneau. Il y a un bras de fer actuellement et c’est difficile d’amener les employeurs et le gouvernement ailleurs. On aimerait parler de conditions de travail, mais tout ce qui concerne le salaire minimum à 15 $ l’heure, les régimes de retraite, les disparités de traitement et les normes du travail, sera exclu. On nous a même laissé entendre que le développement économique sera débattu dans un autre cadre avant les prochaines élections. Alors il reste quoi, qui soit différent de la Commission des partenaires du marché du travail ? »

Rien à voir donc avec le Sommet sur l’économie et l’emploi de 1996, organisé par l’ancien premier ministre Lucien Bouchard et présidé par Claude Béland. « Même si on s’était cassé les dents avec le déficit zéro, on a quand même lancé le Chantier sur l’économie sociale et les centres de la petite enfance (CPE), se souvient Jacques Létourneau, qui était alors secrétaire général au Conseil central du Montréal métropolitain–CSN. Vingt ans plus tard, le gouvernement du Québec est en train de saccager les CPE et il est incapable de créer des emplois. »

Des emplois qui tardent

En remportant ses élections en avril 2014, le gouvernement de Philippe Couillard avait promis 250 000 nouveaux emplois en cinq ans, soit l’équivalent de 50 000 emplois par année. Or, au rythme où vont les choses, atteindre la moitié de cet objectif serait déjà un exploit. Il s’est perdu 1100 emplois en 2014, il s’en est créé 37 300 en 2015 et 26 000 en 2016, selon un bilan provisoire des dix premiers mois. Le nombre de chômeurs et de chômeuses a même grimpé de quelques milliers durant les deux premières années du règne libéral. « C’est clair que les emplois créés dans le domaine des services du secteur privé sont plus précaires et sont loin d’être aussi bons que ceux perdus dans le secteur manufacturier. En 2015, près de quatre emplois sur dix étaient atypiques et un emploi sur cinq était à temps partiel. Et rien ne laisse présager un renversement de tendance », martèle Jacques Létourneau.

Donc, pas étonnant de constater que de plus en plus de Québécoises et Québécois ont recours aux banques alimentaires pour subvenir à leurs besoins. Selon Bilan-Faim, ils ont augmenté de 5,3 % l’an dernier. Sur les quelque 172 000 personnes qui y ont eu recours, 10,8 % avaient un revenu d’emploi. C’est pourquoi il est primordial d’augmenter le salaire minimum à 15 $ l’heure, alors qu’il se situe à 10,75 $ actuellement. Plus de 211 500 personnes travaillent au salaire minimum, soit 6 % de la main-d’œuvre québécoise. Près de 57 % d’entre elles sont des femmes et plus de 40 % sont âgées de plus de 24 ans. « Non seulement leur qualité de vie s’améliorerait, notamment grâce à l’augmentation de leur pouvoir d’achat, mais il y aurait aussi des effets bénéfiques sur l’économie. Puisque la satisfaction au travail augmenterait, le roulement de personnel dans les lieux de travail diminuerait, produisant un effet positif sur la productivité », soutient le président de la CSN.

Au printemps 2015, une étude de la Banque TD concluait que « la précarité d’emploi est néfaste pour l’économie canadienne. Sans l’assurance financière que procurent le salaire et les avantages sociaux associés à un emploi et à un horaire de travail stables, le consommateur hésite à dépenser. Les profits des entreprises demeurent ainsi en deçà de leur potentiel, ce qui amenuise l’optimisme des investisseurs. De plus, les recettes fiscales sont moins importantes et les dépenses publiques plus élevées afin de soutenir les personnes qui se retrouvent fréquemment sans emploi ou qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts ».

La précarité au sommet

Bien qu’il soit difficile de définir clairement ce qu’est un emploi atypique, il désigne habituellement le travail temporaire, intérimaire, autonome ou à temps partiel involontaire. Des emplois où l’instabilité financière est plus grande et dont les avantages sociaux sont nettement moins intéressants. Selon l’Institut de la statistique du Québec, environ 20 % des travailleurs syndiqués et non syndiqués occupent un autre type d’emploi que permanent à temps plein. Toutefois, la nature de l’emploi atypique n’est pas la même dans les deux groupes. Les milieux non syndiqués offrent davantage d’emplois à temps partiel permanents, alors que les emplois temporaires à temps plein sont plus répandus dans les milieux syndiqués.

Lors de ce Rendez-vous sur la main-d’œuvre, la conciliation famille-travail-études aurait une petite chance de se tailler une place dans les débats. Pour pallier le problème de pénurie de main-d’œuvre, le ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale, François Blais, a émis le souhait, lors des consultations régionales de l’automne dernier, qu’il y ait davantage de travailleuses et de travailleurs formés en entreprise. Étonnant alors que son propre gouvernement a décidé, lors du budget 2015-2016, d’alléger le fardeau fiscal des PME : désormais, seules les entreprises qui ont une masse salariale supérieure à deux millions de dollars devront consacrer 1 % de leur budget à la formation. Auparavant, le seuil de la masse salariale était d’un million de dollars. Il y a donc deux fois moins d’employeurs assujettis à la loi. Une véritable rebuffade alors que la CSN milite pour une loi contraignante pour toute entreprise qui a une masse salariale de 250 000 $ et plus.

Et pour comble d’insulte, alors que les PME se désengagent de la formation, le milieu des affaires voudrait que les établissements d’enseignement arriment davantage leur formation aux besoins du marché du travail. Ce qu’on appelle couramment l’adéquation formation-emploi pour avoir des travailleurs « clés en main ». Or, la formation professionnelle et technique doit demeurer générique, et ce, particulièrement dans un contexte où le milieu de l’emploi est en constant changement.

Autre preuve que les dés sont pipés d’avance dans les orientations du gouvernement du Québec : le Conseil consultatif sur l’économie et l’innovation créé en octobre dernier, et présidé par Monique Leroux, est presque exclusivement composé de gens issus du milieu des affaires : Banque Nationale, CGI, Couche-Tard, Groupe Canam, EY, Claridge, McKinsey, Caisse de dépôt et placement du Québec.


Austérité en matière d’emploi

  • Compressions au Fonds de développement du marché du travail, à Emploi-Québec et dans les carrefours jeunesse-emploi (CJE).
  • Allègement de la Loi sur la formation de la main-d’œuvre (communément appelée loi du 1 %), qui ne cible que les entreprises dont la masse salariale est supérieure à 2 millions de dollars.
  • Disparition des conférences régionales des élus (CRÉ).
  • Démantèlement des centres locaux de développement (CLD) et des corporations de développement économique et communautaire (CDEC).
  • Gel d’embauche dans la fonction publique.
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