La CSN revendique un soutien d’urgence aux médias écrits

Aujourd’hui, la CSN demande au gouvernement de Philippe Couillard de prévoir un soutien d’urgence aux médias écrits dans son prochain budget. Deux mesures sont avancées à cet égard : un crédit d’impôt sur la masse salariale et l’intégration de la presse écrite aux programmes existants de modernisation technologique.

« Lors du dernier congrès de la CSN, qui s’est tenu en mai 2014 à Québec, nous avions déjà interpellé le gouvernement au moment même où le Bureau de la concurrence du Canada acceptait l’acquisition par Transcontinental de 74 journaux hebdomadaires de Québecor Média, transaction qui a par la suite entraîné une vingtaine de fermetures et plus d’une centaine de pertes d’emplois dans des régions du Québec. Ce déclin de la presse écrite qui se poursuit n’est pas sans conséquence : selon le Bilan 2016 : État de la nouvelle, d’Influence Communication, les régions n’existent tout simplement plus dans l’univers médiatique québécois, de déplorer Jacques Létourneau président de la CSN. Il est inconcevable que 50 % de la population de notre province n’entend presque plus parler d’elle-même, de ce qui se passe dans leur région, de leur vie culturelle et de leur vie communautaire ».

À ce sujet, au début de la présente semaine, la FNC–CSN a fait parvenir aux 125 député-es de l’Assemblée Nationale une correspondance incluant un résumé de 14 recommandations visant à soutenir l’ensemble des médias dans la crise actuelle.

« Les médias écrits ont urgemment besoin de soutien pour faire face aux multiples transformations qu’ils vivent depuis plusieurs années. La Fédération nationale des communications–CSN se penche depuis plus d’un an sur les avenues prometteuses qui s’offrent aux pouvoirs publics afin d’aider la presse écrite à traverser cette crise. L’introduction d’un crédit d’impôt sur la masse salariale de 25 % dans les grands centres et de 35 % dans les régions coûterait annuellement entre 10 et 13 millions de dollars, de souligner Pascale St-Onge, présidente de la FNC–CSN. Afin de soutenir le virage numérique de ces entreprises de presse, nous proposons d’inclure un volet presse écrite dans le Plan culturel numérique du Ministère de la culture ainsi que dans le volet Culture et numérique de la Stratégie numérique du Québec lancée par le ministère de l’Économie, de la Science et de l’Innovation qui en est responsable. La firme MCE Conseils a évalué que ces deux mesures seraient compensées par le maintien des recettes fiscales dans ce secteur ».

Clément Allard

Nous vous invitons à prendre connaissance de l’étude complète de MCE Conseils commandée par la FNC–CSN et dévoilée en mai 2016. Plusieurs directions de médias écrits revendiquent également un soutien financier gouvernemental pour faire face aux bouleversements actuels.

« Nous assistons à un déclin général des médias, en grande partie à cause de l’instabilité économique créée par la perte des recettes publicitaires qui sont redirigées vers les géants du Web, tels Google et Facebook. Les entreprises qui produisent des contenus au Québec se retrouvent donc à financer les profits de multinationales qui ne contribuent pas à la vitalité de nos médias. En attendant des mesures concrètes pour contrer cette dynamique malsaine, le gouvernement doit garantir le droit du public à l’information et la diversité des voix, qui sont présentement fragilisés par des choix économiques. Voilà pourquoi nous demandons une action immédiate visant à stabiliser et renforcer une des bases incontournables de notre démocratie », de conclure madame St-Onge.

 

La FNC salue la publication d’une étude du FPP portant sur les médias

La Fédération nationale des communications–CSN salue la publication d’une étude du Forum des politiques publiques (FPP) portant sur les médias. Intitulé Le miroir éclaté : Nouvelles, démocratie et confiance dans l’ère numérique, le document diffusé hier pose un regard lucide sur la crise qui traverse actuellement l’univers des médias. Il contient une douzaine de recommandations pour soutenir les entreprises médiatiques et le journalisme.

« La publication de cette étude arrive justement au moment où nous rencontrons les membres de la FNC–CSN dans le cadre d’une tournée dans le but de partager les propositions que nous avons formulées afin de faire face aux nombreux bouleversements qui traversent actuellement les médias, de souligner Pascale St-Onge, présidente de la FNC–CSN. Depuis plus d’un an, nous nous sommes penchés sur les nombreux enjeux qui sont énumérés dans le document du FPP et nous avons participé à plusieurs consultations publiques sur l’avenir des médias. À cet égard, nous avons également proposé 14 avenues prometteuses qui peuvent concrètement contrebalancer les effets négatifs de ces changements radicaux. »

« Nous partageons plusieurs observations quant aux bouleversements des médias traditionnels, à la fragmentation des auditoires et à la multiplication des fausses nouvelles qui minent notre démocratie. Plusieurs autres constats du FPP convergent avec les nôtres, dont l’importance de préserver la diversité des voix, l’idée d’un centre de recherche ou d’un observatoire sur les médias et la problématique des géants du Web que sont Google et Facebook qui ne créent pas de contenus mais qui les utilisent sans contrepartie », de poursuivre la présidente de la FNC.

« Nous sommes en accord avec la plupart des recommandations du FPP, mais nous sommes d’avis que le rejet de la piste des crédits d’impôt nous priverait d’une possible source importante de soutien aux médias que nous réclamons de toute urgence et ce depuis plus d’un an. Nous sommes sensibles à leur argument qui soutient qu’il est facile pour un gouvernement de retirer ces crédits d’impôt en guise de représailles ; nous pensons toutefois que les pouvoirs publics doivent légiférer afin de protéger l’intérêt public, tout en protégeant l’indépendance de la presse. Nous veillerons à ce que ce soit le cas. Aussi, la proposition d’ouvrir le financement des médias à la philanthropie nous paraît peu avantageuse à cause de son instabilité financière et du traitement spécial que certains généreux donateurs pourraient espérer en contrepartie de leur contribution. Les pistes de financement durables seront toujours préférables à celles qui peuvent s’effriter au gré des événements. Nous pensons que l’ampleur de la crise nous invite tout de même à considérer toutes les pistes de solutions de façon à ce que les plus rassembleuses et les plus efficaces soient mises en application dans les meilleurs délais, de préciser madame St-Onge. Les actualités récentes nous démontrent que le phénomène des fausses nouvelles et des faits alternatifs, les atteintes à la liberté de presse par la surveillance des sources journalistiques, les efforts pour faire taire les sonneurs d’alertes et les difficultés économiques de nos médias qui affectent la qualité et la diversité de l’information, mettent en péril notre tissu social, notre culture, et notre vie démocratique. Le temps est venu pour nos gouvernements d’agir afin de protéger le droit du public à l’information ».

Le gouvernement Trudeau délaisse les médias traditionnels

La Fédération nationale des communications (FNC-CSN) dénonce la décision du gouvernement Trudeau de diriger une plus grande part de ses dépenses publicitaires vers les géants du Web américains Google et Facebook, plutôt qu’à nos médias traditionnels canadiens.

« Nous trouvons déplacé que le gouvernement fédéral envoie plus d’argent des taxes et impôts des contribuables canadiens vers des géants du Web américains qui ne contribuent à peu près pas à la fiscalité canadienne ou à la création d’emplois au pays. Pendant ce temps, nos entreprises médiatiques locales et nationales, qui elles, participent depuis des dizaines, voire des centaines d’années à la santé démocratique de notre pays peinent à survivre dans un univers numérique dans lequel elles sont systématiquement désavantagées », s’insurge Pascale St-Onge, présidente de la FNC-CSN.

« Les GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple) accaparent toujours plus les revenus publicitaires, mais en plus, ils s’enrichissent en utilisant gratuitement, ou contre des sommes dérisoires, les contenus produits à grands frais par d’autres. Pour ajouter l’insulte à l’injure, la plupart d’entre eux ne paient à peu près pas de taxes de vente ici, peu ou pas d’impôts et il est bien connu qu’ils utilisent tous les stratagèmes fiscaux possibles pour échapper au fisc dans les pays où ils font des affaires », de poursuivre madame St-Onge

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L’affaiblissement des médias traditionnels n’est pas sans risque pour l’équilibre démocratique de nos sociétés. Les études sur l’impact des réseaux sociaux dans l’élection de Donald Trump est un exemple éloquent de ce qui peut se produire lorsque plus de fausses nouvelles sont propagées que des informations recueillies, fouillées, mises en contexte et produites par des journalistes professionnels. « Imaginons un instant le vide que laissera sans aucun doute l’effondrement annoncé de nos médias d’information si rien n’est fait et les dérives qui risquent d’en découler. Un pays sans médias libres, indépendants, et financièrement viables, c’est une dictature », s’inquiète la présidente de la FNC–CSN.

Lors des consultations de la Ministre Joly sur la refonte de la politique culturelle canadienne ainsi que celles menées par le Comité permanent du patrimoine canadien sur l’information régionale, la FNC-CSN a proposé plusieurs solutions afin d’assurer la pérennité de nos médias traditionnels dans l’univers numérique du 21e siècle.

« Nous ne sommes pas déconnectés de la réalité. Les membres que nous représentons, dont la plupart sont des journalistes syndiqués et indépendants du Québec, sont aussi sur les réseaux sociaux et nous sommes tous conscients que nous devons y rejoindre le public. Ce que nous demandons, c’est un cadre réglementaire et fiscal qui permettra à nos médias d’adapter leurs modèles d’affaires et leurs pratiques. On l’a fait dans les années 90 en instaurant le Fonds des médias qui subventionne la production télévisuelle pour créer une télévision canadienne de qualité, je ne vois pas pourquoi nous ne serions pas capable d’en faire autant pour le numérique. Mais ça prend une volonté politique que nous ne sentons ni du côté québécois, ni du côté canadien », ajoute-t-elle.

Parmi les solutions proposées, la FNC-CSN favorise entre autres les crédits d’impôt sur la masse salariale afin de permettre aux entreprises de presse de maintenir les emplois. Rappelons que depuis cinq ans, plus du tiers d’entre elles ont disparu dans la presse écrite pour des raisons économiques. D’autres mesures doivent également être envisagées de toute urgence par le gouvernement fédéral telle que l’instauration d’une taxe sur la publicité placée en ligne, ou encore des programmes pour soutenir les investissements pour le développement technologique de nos entreprises médiatiques qui souhaitent explorer de nouveaux modèles.

« Les gouvernements trouvent toujours divers moyens de soutenir les secteurs de l’économie qui doivent se renouveler ou encore ceux de l’avenir. Pensons à l’aéronautique ou aux jeux vidéo. Je ne comprends donc pas cette inaction actuelle alors que de nombreux médias locaux ferment, que de moins en moins de journalistes peuvent exercer leur profession et que la qualité de l’information et du droit du public à l’information en souffrent. C’est le bon fonctionnement de nos sociétés qui est en jeu et nos gouvernements semblent préférer se mettre la tête dans le sable plutôt que de se hâter à trouver des solutions », de conclure Pascale St-Onge.

La FNC–CSN compte 6000 membres œuvrant dans les domaines des communications et de la culture. Elle représente les travailleuses et les travailleurs syndiqués de la majorité des médias québécois ainsi que plusieurs au Nouveau-Brunswick et en Ontario.

Fondée en 1921, la CSN est une organisation syndicale qui œuvre pour une société solidaire, démocratique, juste, équitable et durable. À ce titre, elle s’engage dans plusieurs débats qui intéressent la société québécoise. Elle est composée de près de 2000 syndicats. Elle regroupe plus de 325 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou professionnelle dans huit fédérations, ainsi que sur une base régionale dans treize conseils centraux, principalement sur le territoire du Québec.

Protéger les journalistes indépendants contre les poursuites

La poursuite intentée récemment par le chroniqueur Richard Martineau contre un média indépendant et deux de ses collaborateurs pigistes soulève de nombreuses questions quant à la protection des journalistes indépendants contre les poursuites abusives.

 « L’AJIQ est extrêmement inquiète d’apprendre qu’une chronique satirique, publiée en février dernier par Marc-André Cyr dans Ricochet, vaut au média, au chroniqueur et à l’illustrateur du texte, Alexandre Fatta, une poursuite conjointe de 350 000 $ en dommages et intérêts pour diffamation. Quoi qu’on pense du texte et des caricatures en cause et sans prendre position sur le fond du litige, nous estimons que cette poursuite représente un grave précédant », affirme le président de l’AJIQ, Simon Van Vliet qui est également un collaborateur de Ricochet.

Améliorer la protection des journalistes indépendants

« Faute de moyens financiers suffisants, Ricochet ne dispose d’aucune assurance responsabilité civile lui permettant d’assumer les frais judiciaires d’une poursuite en Cour supérieure et encore moins de payer des dommages exorbitants comme ceux réclamés par M. Martineau. Le média indépendant se voit donc contraint de lancer une campagne de sociofinancement pour assurer sa défense et celle de ses collaborateurs pigistes. Cette situation est inacceptable et confirme la nécessité d’un financement adéquat des médias indépendants qui leur permettrait d’honorer les 10 principes du contrat équitable énoncés par l’AJIQ, dont la protection juridique des journalistes en cas de poursuite est un élément-clé », souligne le président de l’AJIQ.

De plus, alors que la Loi sur la presse prévoit qu’aucune action judiciaire ne peut être intentée sans préavis contre une entreprise de presse, cette protection ne semble pas s’appliquer aux médias électroniques, comme Ricochet, qui ne sont pas enregistrés en vertu de la Loi sur les journaux et autres publications, vieille de plus de 50 ans.

« Pourquoi M. Martineau a-t-il choisi de procéder directement avec une poursuite, plutôt que de demander une rétractation ou un droit de réplique. La Loi sur la presse précise par ailleurs qu’une telle action doit être entamée dans les trois mois suivants la prise de connaissance de l’article par la partie qui s’estime lésée. Pourquoi avoir attendu plus de six mois? », s’interroge Simon Van Vliet. « Cette affaire démontre que la précarité dans laquelle (sur) vivent depuis trop longtemps les journalistes et les médias indépendants fragilise dangereusement leur liberté de parole et d’action », conclut-t-il.

À propos de l’AJIQ : L’Association des journalistes indépendants du Québec, fondée à Montréal en 1988, est la seule organisation au Québec qui vise à améliorer les conditions de pratique, à favoriser le développement professionnel et à valoriser la contribution des journalistes indépendants à la production d’une information de qualité et d’intérêt public. L’AJIQ est affiliée à la Fédération nationale des communications de la CSN, le plus important regroupement de travailleurs et de travailleuses de l’information au Québec.

 

La FNC réclame la transparence dans les aventures immobilières de la Société Radio-Canada

La Fédération nationale des communications partage les inquiétudes du Syndicat des communications de Radio-Canada (SCRC–CSN) représentant plus de 3000 salarié-es du diffuseur public. Celui-ci déplore que tout le processus de la vente de la Maison de Radio-Canada ait manqué de transparence depuis le début, ce qui entretient un climat de suspicion.

Pour la FNC–CSN, les plans des nouveaux locaux consacrent l’orientation de la haute direction à l’effet de ne plus produire d’émission à l’interne, mises à part les affaires publiques et l’information.

« Nous devrions nous réjouir, aujourd’hui, car, effectivement, le projet de nouvelle maison est beau et moderne, souligne la présidente de la Fédération nationale des communications (FNC–CSN), Pascale St-Onge. Toutefois, le manque de transparence de la direction dans tout le processus nous empêche de célébrer, car de trop nombreuses questions demeurent sans réponse. En outre, c’est la fin de toute une époque au cours de laquelle l’expertise et le professionnalisme des artisans de Radio-Canada lui ont permis de produire des pièces d’anthologie de notre répertoire culturel québécois et canadien. »

La FNC–CSN appuie la demande du SCRC–CSN à l’effet de suspendre le processus de vente de la Maison de Radio-Canada le temps d’en éclaircir les nombreuses zones d’ombre. La FNC–CSN est notamnent préoccupée par le recours à la formule de partenariat public–privé dont quelques exemples récents comme l’autoroute 25, le CUSM, le CHUM permettent de penser que les citoyennes et les citoyens ne sont pas du tout à l’abri de mauvaises surprises.

« Nous croyons fermement qu’Ottawa doit se pencher sérieusement sur ce dossier. L’avenir du radiodiffuseur public de même que la bonne gestion des finances publiques doivent être au cœur de la réflexion du gouvernement à l’égard d’une décision prise d’abord et avant tout à cause du parti-pris idéologique de l’ancien gouvernement conservateur » de conclure la présidente de la FNC–CSN.

À propos
La Fédération nationale des communications (FNC–CSN) est une fédération syndicale affiliée à la CSN. Elle regroupe plus de 6000 membres, dont plus de 3000 à la Société Radio-Canada.

Les syndicats de La Presse et Nuglif saluent Guy Crevier à l’occasion de son départ

Les syndicats représentant les 420 employé-es syndiqués de La Presse et de sa filiale Nuglif saluent la fin du mandat de Guy Crevier en tant que président de La Presse en soulignant le rôle important qu’il a joué dans le lancement de La Presse+.

« Monsieur Crevier a noté avec raison le succès de La Presse+ auprès des lecteurs et des annonceurs et aussi le rôle de l’ensemble des employé-es de La Presse et de Nuglif dans ce succès », a affirmé Charles Côté, porte-parole de l’Intersyndicale des syndicats de La Presse et Nuglif.

Les décisions stratégiques et les efforts financiers et humains consentis à ce projet depuis 2010 en ont fait un cas unique dans le secteur des médias écrits dans le monde, comme en témoigne la croissance des revenus publicitaires annoncée aujourd’hui aux employé-es.

Ce succès est d’autant plus important que les médias sont fragilisés par les géants comme Facebook et Google, qui attaquent le modèle d’affaires des journaux sans contribuer à la société en matière d’emplois ou de revenus fiscaux. Sans parler du rôle délétère qu’ont pu jouer les réseaux sociaux dernièrement en diffusant largement de fausses nouvelles. « À ce titre, d’ailleurs, le lectorat de La Presse+ n’est pas dépendant des réseaux sociaux, un choix stratégique qui s’avère très judicieux », a noté Charles Côté.

Les employé-es et les actionnaires de La Presse peuvent se féliciter aujourd’hui d’avoir créé une entreprise numérique viable qui permet à notre média de pleinement jouer son rôle dans la société.

Les syndicats saluent aussi la nomination de Pierre-Elliott Levasseur au poste de président, un gage de continuité. Ce dernier a dit que sa nomination était le signe d’une transition ordonnée. Dans le contexte actuel de renouvellement des conventions collectives, les syndicats souhaitent que les négociations en cours se concentrent sur les enjeux les plus importants, dans le respect de la culture de l’entreprise et de ses artisans.

Source: L’intersyndicale La Presse et Nuglif
Syndicat des travailleurs de l’information de La Presse (STIP/FNC/CSN)
Syndicat des employés de bureau de journaux (SEBJ/FNC/CSN)
Syndicat des travailleurs et travailleurs du centre informatique de La Presse (STTCIP/FNC/CSN)
Syndicat de la publicité de La Presse (SEPB-574 | Unité La Presse/FTQ)

 

 

Misons sur Radio-Canada

L’honorable Mélanie Joly
Chambre des communes
Ottawa (Ontario), Canada
K1A 0A6

Madame la Ministre,

Comme vous le savez, la fin de l’Auberge du chien noir marque également la fin de la production culturelle à l’interne à Radio-Canada. Plusieurs personnes se retrouvent sans emploi, et la SRC risque de perdre très rapidement toute l’expertise qu’elle a bâtie depuis sa création. Voilà de quoi assombrir les célébrations du 80e anniversaire de notre diffuseur public !

Nous croyons qu’il s’agirait là d’une perte énorme, non seulement pour Radio-Canada, mais pour toute l’industrie culturelle québécoise et canadienne ainsi que pour l’ensemble de notre société. Selon nous, le gouvernement canadien devrait saisir l’occasion de la refonte de la politique culturelle annoncée pour 2017 afin de réévaluer cette orientation de Radio-Canada. Si on veut trouver des solutions durables pour assurer la pérennité de la culture québécoise et canadienne dans un univers numérique dominé par des Netflix, YouTube et Facebook, il faut miser sur Radio-Canada, son rayonnement, son expertise et sa mission. Radio-Canada dispose de tous les atouts pour jouer un rôle proactif pour le rayonnement de notre culture commune, au Québec, au Canada et à l’étranger.

Votre gouvernement a déjà prouvé qu’il croyait au diffuseur public en annulant les compressions budgétaires imposées par le précédent gouvernement conservateur. Nous vous invitons à aller plus loin en augmentant le financement de Radio-Canada jusqu’à 43,50 $ par année par citoyen, ce qui représente la moitié de ce que les démocraties avancées comparables au Canada versent à leur diffuseur public (la moyenne des pays de l’OCDE s’établit à 87 $). Nous croyons que renforcer Radio-Canada est plus qu’une question d’argent. La SRC a déjà été un modèle d’innovation et une référence dans le domaine audiovisuel, grâce à ses artisans. Pour remplir pleinement sa mission de vecteur culturel, on doit lui redonner les moyens de produire des contenus originaux dont la valeur ne se mesure pas nécessairement en cotes d’écoute et en revenus publicitaires.

Il faut changer de paradigme et accepter que la SRC joue un rôle de complémentarité aux médias privés et non de concurrence. Cela implique que Radio-Canada conserve et renforce son expertise à l’interne. Qu’elle soit suffisamment indépendante des revenus privés pour pouvoir redevenir l’extraordinaire laboratoire d’expérimentation et de diffusion des découvertes culturelles (littérature, musique, théâtre, etc.) sur toutes les plateformes, qu’elle a déjà été. 2

C’est ainsi qu’elle pourra remplir entièrement sa mission qui n’est pas celle d’un diffuseur privé uniquement motivé par le profit, mais qui n’est pas non plus celle d’un diffuseur spécialisé confiné à un créneau limité. Nous avons besoin d’une SRC bien soutenue pour partager avec le monde les recherches québécoises et canadiennes portant sur des enjeux planétaires sociaux et scientifiques.

Nous avons besoin de ce tremplin pour rendre accessibles au monde entier les découvertes culturelles qui font l’identité québécoise et canadienne. Seule Radio-Canada peut nous permettre de rayonner ainsi partout dans le monde, mission qu’elle a accomplie avec brio dans le passé. Nous avons aussi besoin de la SRC pour refléter, au Québec et au Canada, toutes les facettes de ce monde dans lequel nous vivons.

Comment penser que les contenus québécois et canadiens originaux pourront se faire une place dans le nouvel univers numérique sans le soutien énergique d’un diffuseur public fort ? Nous partageons entièrement l’objectif du gouvernement de revoir sa politique culturelle à l’aube de la révolution numérique. Nous craignons que cette refonte rate sa cible si elle n’inclut pas la nécessaire réflexion quant au rôle de Radio-Canada, non seulement comme diffuseur, mais également comme producteur de contenus originaux

Jacques Létourneau, président Confédération des syndicats nationaux
Pascale St-Onge, présidente Fédération nationale des communications
Johanne Hémond, présidente Syndicat des communications de Radio-Canada

Surveillance de journalistes par la police

La CSN dénonce vigoureusement la surveillance policière dont font l’objet de nombreux journalistes dans l’exercice légitime de leur fonction. En plus de la surveillance de Patrick Lagacé par le SPVM, dont le cas a été rendu public en début de semaine, de nouvelles informations font état de six journalistes travaillant à La Presse, à Radio-Canada et au Journal de Montréal, épiés cette fois-ci par la Sureté du Québec.

La CSN s’inquiète du peu de considération à l’égard du travail journalistique dont font preuve les corps policiers et la justice. « Il y a eu accumulation, dans les dernières années, d’histoires de surveillance policière et de perquisitions chez des journalistes. Pourtant, on l’a dit et redit, l’exercice de la liberté de presse est l’un des fondements d’un système démocratique. En agissant de la sorte, les corps policiers nuisent au travail journalistique en brisant la confiance qui doit s’établir entre un journaliste et une source. Ultimement, ils briment le droit du public d’être bien informé », affirme Jacques Létourneau, président de la CSN.

« Bien que le premier ministre Philippe Couillard ait annoncé de nouvelles mesures afin de protéger les sources, il faudra en faire davantage pour assurer une pratique journalistique saine, estime Pascale St-Onge, présidente de la Fédération nationale des communications (FNC–CSN). Il est grand temps que le gouvernement envisage l’adoption d’une loi qui consacrerait la protection des sources. En 2007, on y était presque arrivé alors que Serge Ménard avait présenté un projet de loi, qui est malheureusement mort au feuilleton lors du changement de gouvernement. »

Des corps policiers qui n’hésitent pas à recourir à la surveillance et aux perquisitions chez des journalistes, et des juges de paix qui délivrent ces mandats sans trop hésiter, le problème semble endémique aux yeux de la FNC–CSN pour qui une enquête indépendante s’avère nécessaire. « Il faut faire la lumière sur ces pratiques. On ne peut et on ne doit pas faire l’économie d’une enquête indépendante exhaustive et rigoureuse, considère Pascale St-Onge. Est-ce la pointe de l’iceberg? Combien d’autres cas ne sont toujours pas connus à l’heure où l’on se parle? »

Pascale St-Onge rappelle que les journalistes membres de la FNC–CSN qui ont été victimes de surveillance policière pourront compter sur leur syndicat et sur la CSN pour les épauler.

La FNC aux consultations sur le numérique

Le 28 octobre, la présidente de la Fédération nationale des communications (FNC–CSN), Pascale St-Onge, a participé aux consultations pour la refonte de toute la politique culturelle canadienne dans un monde numérique, en présence de la ministre du Patrimoine canadien, Mélanie Joly. Les consultations réunissaient la plupart des joueurs importants du domaine culturel québécois et canadien.

Parmi les sujets abordés, il y avait bien sûr l’avenir de Radio-Canada. Pascale St-Onge y a notamment défendu le renforcement de Radio-Canada. Saluant la décision du gouvernement Trudeau de relever le financement de Radio-Canada au niveau de ce qu’il était avant les compressions imposées par l’ancien gouvernement, elle a plaidé pour que le gouvernement investisse davantage. Car plus les revenus de Radio-Canada proviendront des fonds publics, plus elle sera indépendante des revenus privés et se distinguera dans l’univers médiatique.

Actuellement, Radio-Canada reçoit l’équivalent de 33 $ par année par citoyen canadien en crédits parlementaires alors que la moyenne de financement public dans les pays de l’OCDE équivaut à 87 $. Dans son livre blanc, Tous amis de Radio-Canada plaidait pour une augmentation minimale à 40 $.

Pascale St-Onge a également invité le gouvernement à redonner à Radio-Canada les moyens nécessaires pour recommencer à produire elle-même des contenus uniques en phase avec sa mission. Elle a de plus fait valoir que CBC/Radio-Canada est le seul diffuseur public à servir la population dans les deux langues officielles, l’anglais et le français, ainsi que dans huit langues autochtones, et qu’il doit être un chef de fil en termes d’information et de présence régionale.

Ces consultations ont par ailleurs permis de dégager certains consensus, notamment quant à la nécessité de faire participer les multinationales du Web (Facebook, Google, Netflix, Amazon, etc.) à la fiscalité canadienne (taxes et impôts) et à la production de contenus québécois et canadiens, par exemple par des redevances dans un fonds. Par ailleurs, tous les participants ont souligné l’importance de l’éducation pour assurer que toutes et tous puissent participer à la vie culturelle et démocratique. Ainsi, une information locale, nationale et internationale en santé, de même que des créations culturelles de qualité et diversifiées, contribuent grandement à l’épanouissement de la société.

Non à l’espionnage policier des journalistes

La Fédération nationale des communications (FNC–CSN) et le Syndicat des travailleurs de l’information de La Presse (STIP) dénoncent vigoureusement le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) ainsi que la juge qui a autorisé le mandat de surveillance dont a fait l’objet le journaliste Patrick Lagacé.

« Nous sommes plus de 200 journalistes à La Presse et ce matin, nous nous posons tous les mêmes questions, a affirmé le président du STIP, Charles Côté. Est-ce qu’il y a d’autres cas ? Est-ce que nos sources vont hésiter à nous contacter avec des informations sensibles ? Est-ce qu’il va falloir crypter toutes nos communications ? La liberté de la presse est un droit fondamental, a ajouté Charles Côté. Il ne peut pas s’exercer librement si les communications des journalistes sont surveillées par la police. Il faut absolument que l’appareil judiciaire respecte le rôle du quatrième pouvoir, il en va de l’essence même de la démocratie. »

Le STIP représente 240 employé-es syndiqués de la rédaction à La Presse, dont notamment les chroniqueurs comme Patrick Lagacé, les éditorialistes, les journalistes d’enquête et ceux qui couvrent les matières judiciaires. Les journalistes des bureaux politiques sont aussi membres de notre syndicat. « On le voit, uniquement à La Presse, il y a des dizaines de journalistes professionnels qui ont des raisons concrètes de s’inquiéter des agissements du SPVM, a affirmé Charles Côté. Et je suis certain que le sentiment est partagé dans tous les médias ce matin. »

La FNC–CSN, qui représente la majorité des journalistes syndiqués et des pigistes du Québec, s’indigne également des dérives policières et de la magistrature quant à la liberté de la presse et la protection des sources. « Il y a trop eu d’exemples récents qui démontrent que les corps policiers et les magistrats ne comprennent pas ou pire, ne respectent pas les fondements de notre démocratie qui repose en grande partie sur une presse libre et indépendante, dénonce Pascale St-Onge, présidente de la FNC–CSN. Un mois après l’affaire du journaliste Michaël Nguyen du Journal de Montréal, ça va prendre plus que des paroles pour rétablir la confiance. Nos membres ne tolèreront jamais que le droit du public à l’information soit ainsi bafoué et que leurs sources soient compromises sans motif valable et sérieux. »

 

La FNC–CSN appuie l’initiative de la Coalition pour la pérennité de la presse d’information au Québec

La Fédération nationale des communications (FNC–CSN) tient à saluer la démarche menée par la Coalition pour la pérennité de la presse d’information au Québec, qui demande à Québec une aide gouvernementale particulière. Cette initiative inédite de plusieurs propriétaires de presse écrite arrive à un moment crucial où ces entreprises doivent s’adapter à l’ère numérique et renouveler leur modèle d’affaires. La FNC–CSN tient d’ailleurs à rappeler que les gouvernements provincial et fédéral ont depuis plusieurs mois entre leurs mains une étude commandée par elle et réalisée par la firme MCE Conseils, qui illustre la nécessité et le bien-fondé d’aider la presse écrite dans cette transition. « Nous sommes heureux de constater qu’à la suite de nos nombreuses interventions, dont l’organisation du colloque L’information : le 4e pouvoir sous pression, plusieurs joueurs de l’industrie s’approprient ces questions et forcent le débat. Notre étude démontre clairement que le Québec et le Canada, contrairement à la plupart des autres pays de l’OCDE, ne soutiennent à peu près pas les médias d’information. Dans le contexte actuel, cela doit changer  », déclare Pascale St-Onge, présidente de la FNC–CSN.

Emplois et démocratie au jeu
Certes, l’information originale, fiable et bien documentée, coûte cher à produire, mais elle est toutefois essentielle à une démocratie en santé. « Le gouvernement ne peut rester inactif devant les demandes de la FNC–CSN et de la Coalition, trop d’enjeux qui touchent les fondements de notre société sont sur la table, explique la présidente. Nous nous attendons d’ailleurs à ce que les deux paliers de gouvernement travaillent avec les acteurs du milieu, incluant les syndicats, les patrons et la population, afin d’adapter le cadre fiscal et réglementaire pour assurer la pérennité de l’industrie de l’information à l’ère numérique. »

Depuis les cinq dernières années, il ne fait aucun doute que l’industrie de l’information est profondément ébranlée par la montée en puissance des géants du Web, américains pour la plupart. Entre 2010 et 2015, près du tiers des emplois ont disparu dans la presse écrite et électronique, et les entreprises ont toutes procédé à des restructurations majeures afin de diminuer leurs coûts. Mais cela ne suffit plus. Même si l’intérêt du public pour l’information est toujours aussi grand – jamais nous n’avons eu accès à autant d’informations sur différentes plateformes –,  c’est l’érosion des revenus qui met à mal l’industrie et qui finit par affecter la pluralité des voix et la qualité de l’information. « Les médias sociaux et autres plateformes telles Google ou Facebook, offrent gratuitement un contenu produit à grands frais par les entreprises de presse, et captent une part toujours grandissante des revenus publicitaires. Le problème, c’est qu’ils ne réinvestissent pas dans le contenu, ni dans la création d’emplois de qualité au Québec et ne payent pas leur juste part aux gouvernements fédéral et provincial », note Pascale St-Onge.

La FNC–CSN entend surveiller attentivement les suites qui seront données à cette démarche.

À propos
La Fédération nationale des communications (FNC–CSN) regroupe 6000 membres dans le domaine des communications et de la culture répartis, dans 88 syndicats. Elle est l’une des huit fédérations de la CSN.

La FNC salue l’octroi d’une subvention de 250 000 $

La Fédération nationale des communications–CSN et le Syndicat des travailleuses et des travailleurs du Musée de la nature et des sciences, STTMNS (FNC–CSN) désirent saluer la décision du ministère de la Culture et des Communications (MCC) d’octroyer une enveloppe de 250 000 $ sur trois ans au Musée de la nature et des sciences de Sherbrooke. Le ministre Luc Fortin en a fait l’annonce ce matin, dans le cadre d’une conférence de presse tenue au musée.

« Nous sommes heureux de recevoir cette reconnaissance par le biais de cette subvention ponctuelle de trois ans. Notre musée a développé une expertise à l’interne qui est désormais reconnue alors que d’autres établissements ont dû faire appel à des sous-traitants. Ce fut tout un défi de former les travailleuses et les travailleurs à l’interne, mais nous y sommes arrivés et nous en sommes très fiers », de déclarer Richard Dupuis, président du STTMNS.

Le musée de Sherbrooke a été désigné par le MCC pour développer des outils permettant de soutenir la création d’expositions itinérantes .

« L’initiative du ministre va dans la bonne direction, mais la FNC–CSN a des attentes relativement à la refonte de la politique culturelle pour que les critères d’admission du PAFIM reflètent davantage la réalité du milieu. Nous souhaitons que cette enveloppe soit également indexée afin d’aider les employeurs à améliorer les conditions de travail des salarié-es œuvrant dans les entreprises culturelles, favorisant ainsi le développement de l’expertise et la rétention de celle-ci. Plutôt que d’octroyer des subventions ponctuelles, le PAFIM doit assurer une stabilité financière à long terme dans le domaine de la culture », de conclure Pascale St-Onge, présidente de la FNC–CSN.

À propos
Le Syndicat des travailleuses et des travailleurs du Musée de la nature et des sciences (FNC–CSN) regroupe environ 30 membres et est affilié à la FNC–CSN qui compte 6000 membres œuvrant dans les domaines des communications et de la culture.

 

Un précédent dangereux pour le travail journalistique

Le Syndicat des travailleurs de l’information du Journal de Montréal-CSN dénonce la perquisition de la Sûreté du Québec qui a eu lieu mercredi soir auprès du journaliste Michaël Nguyen. Le syndicat annonce qu’il entend suivre de près les développements de l’histoire afin d’apporter tout son soutien au journaliste impliqué.

Rappelons que cette saisie intervient à la suite du reportage de Michaël Nguyen sur les gestes commis en décembre 2015 par la juge Suzanne Vadboncoeur auprès des constables spéciaux du palais de justice de Montréal. Le Conseil de la magistrature chercherait à connaître les sources qui ont permis au journaliste de prendre connaissance de ces documents confidentiels. Pour le président du syndicat, Stéphan Dussault, « cette perquisition ne concerne pas seulement le journaliste visé, c’est l’ensemble du travail journalistique qui est menacé. C’est la seconde fois qu’un journaliste du Journal de Montréal est visé par une intervention policière. Il faut qu’on nous laisse faire notre travail dans l’intérêt du public. »

La protection des sources est un principe important du travail journalistique. « Cibler les journalistes et les intimider dans le cadre d’opérations policières peut avoir de graves conséquences, déplore Pascale St-Onge, présidente de la Fédération nationale des communications–CSN. Il ne doit pas y avoir un traitement différent quand le sujet du reportage est un magistrat ou une personnalité publique. Ce qui compte, c’est le droit du public d’être informé. »

Le syndicat entend suivre de près les développements dans ce dossier et interviendra pour apporter son soutien au journaliste Michaël Nguyen en cas de besoin. « Bien que ce soit à l’employeur d’assurer la défense des journalistes dans l’exercice de leurs fonctions, nous allons nous assurer qu’il reçoit tout le soutien nécessaire », conclut Stéphan Dussault.

Un lancement de saison sous le signe de mises à pied pour Vtélé, MusiquePlus et MusiMax

C’est sans enthousiasme que les employé-es de Vtélé, MusiquePlus et MusiMax, représentés par la Confédération des syndicats nationaux (CSN) et par la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), assistent ce matin au lancement de la programmation d’automne du Groupe V Média. L’employeur a confirmé, la semaine dernière, la mise à pied de 29 employé-es à temps plein et d’une quinzaine d’employé-es occasionnels.

Pour le Syndicat des employé-es de V-Interactions (FNC–CSN), cinq techniciens à la mise en ondes ont reçu un avis de mise à pied. Celles et ceux qui restent en poste subiront quant à eux d’importantes modifications de leurs conditions de travail, puisque l’employeur a annoncé qu’il y aura fusion de différents titres d’emploi, et cela, même si les conditions de cette fusion n’ont pas été négociées avec le Syndicat. « Ce que nous tenons à dénoncer aujourd’hui, c’est l’attitude cavalière de cet employeur. Nous comprenons tout à fait que la technologie évolue et que cela peut amener des changements. Toutefois, nous n’acceptons pas que le Groupe V Média fasse fi de la convention collective, décide de fusionner des postes et change les conditions de travail et de rémunération des salarié-es, sans que ces conditions ne soient négociées avec nous », déclare Nathalie Pichette, présidente du Syndicat des employé-es de V-Interactions (FNC–CSN).

Pour le Syndicat des employées et employés de MusiquePlus (SEEM–CSQ), les mises à pied touchent onze personnes à la production d’émissions et treize personnes à la traduction et au sous-titrage. Là aussi, on fusionnera des postes, les conditions de travail seront grandement modifiées à quelques semaines du début des négociations et l’ensemble de la production sera confiée à des producteurs indépendants, en sous-traitance. « En faisant fi des ententes qu’il a lui-même signées avec ses employé-es en 2015, le Groupe V Média choisit de ne pas respecter le plancher d’emploi et préfère se tourner vers la sous-traitance. Ça n’a pas de sens ! Nous nous expliquons mal que près de la moitié des sous-titreurs et des traducteurs soient mis à pied avec les nombreuses émissions et les nouvelles séries prévues à la programmation. C’est totalement incompréhensible », ajoute Jean-François Mathieu, président du SEEM–CSQ.

Le trentième anniversaire du télédiffuseur, anciennement TQS, ne sera manifestement pas l’occasion de célébrer pour les employé-es, dont certains y sont depuis les tout débuts.

Médias en transition, journalistes sous pression

Aux nouvelles plateformes se greffent de nouvelles tâches. L’environnement médiatique s’accélère, il faut faire plus avec moins. L’épuisement des troupes est bien réel, et la qualité de l’information, en péril. Perspectives CSN a assisté au colloque « L’information, le 4e pouvoir sous pression », organisé par la Fédération nationale des communications (FNC–CSN), la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ), le Centre d’études sur les médias et le Conseil de presse du Québec.

Aujourd’hui dans les médias, tout le monde, journalistes ou patrons, s’entend pour dire que rien n’est plus pareil depuis l’accélération du numérique, la multiplication des plateformes et le développement fulgurant des médias sociaux. Cette révolution numérique bouleverse les codes et les pratiques. Elle a fait plusieurs victimes et ce n’est pas terminé.

Tous les médias d’information se cher­chent un modèle viable, le support papier agonise. L’avenir est sur le net, mais la rentabilité se fait attendre. Il faut survivre, en attendant de trouver LA formule magique, le Graal.

Au cœur de la spirale, les journalistes et artisans de l’information qui tentent, eux aussi, de survivre et d’exercer le métier qu’ils aiment. « On mesure mal l’impact de ces changements sur la qualité de l’information journalistique et sur le travail des journalistes eux-mêmes », nous dit Judith Dubois, professeure de journalisme à l’École des médias de l’UQAM et auteure d’une recherche menée auprès de 121 journalistes d’expérience. « Les changements technologiques des dernières années ont réduit ce temps précieux dont les journalistes ont besoin pour bien faire leur travail. La pression pour faire plus avec moins et de plus en plus vite ne semble pas sur le point de s’arrêter, alors que la capacité de produire de l’information de qualité, elle, semble avoir atteint ses limites. »

Les journalistes interrogés reconnaissent bien sûr l’utilité des innovations technologiques, mais déplorent la nouvelle charge de travail et l’accélération des cadences qui les empêchent de bien faire leur travail. Ce commentaire d’un journaliste participant à la recherche en dit long sur les nouvelles pratiques : « L’obligation de produire en temps réel est devenue un dogme qui est en train de tuer le véritable journalisme qui suppose un temps de réflexion et de vérification des faits. Il y a de plus en plus de journalistes qui quittent le métier, parce qu’il y a une limite à ce que tu peux produire et à la vitesse à laquelle tu peux travailler. »

Un propos que reprend sans hésiter la présidente de la FPJQ, Lise Millette : « Depuis 2007, on a réduit de plus de la moitié les producteurs de contenus aux États-Unis, le même phénomène a aussi touché nos salles de rédaction. Quand on demande aux journalistes de tout faire sur toutes les plateformes, on fait une grave erreur. »

Le fait de servir à la fois le web, le journal et Twitter a des conséquences importantes, selon Valérie Lessard, journaliste et vice-présidente de la FNC–CSN. « Réécrire trois fois la même histoire sur des plateformes différentes, ça nous empêche d’arriver à un produit qui, le lendemain matin, va être vraiment pertinent pour nos lecteurs, en fonction de ce qu’on a à faire en presse écrite », déplore madame Lessard.

Valérie Lessard, journaliste et vice-présidente de la Fédération nationale des communications (FNC–CSN) | Photo : Pascal Ratthé
Valérie Lessard, journaliste et vice-présidente de la Fédération nationale des communications (FNC–CSN)
Photo : Pascal Ratthé

Une crise bien réelle

Les propriétaires des médias, surtout écrits, ne veulent plus entendre parler de « crise des médias ». Dorénavant, il faudrait plutôt parler de « médias en transition » pour ne pas effrayer les publicitaires qui les font vivre.

La crise est pourtant bien réelle et les revenus ne sont pas au rendez-vous, comme l’explique Claude Dorion, directeur général de la firme MCE Conseils : « Du côté des médias papier, l’argent de la publicité s’en va chez Google et Facebook, et les producteurs de contenus d’ici ne touchent presque rien. On a plus d’information que jamais, mais des acteurs majeurs de l’information au Québec pourraient ne pas survivre, surtout en presse régionale. Les revenus reliés à la presse papier sont en chute importante. Aux États-Unis, en 10 ans, 50 % des revenus ont disparu. Seulement 10 % de ces revenus ont pu être récupérés par leur média en ligne. Si ça continue, il va peut-être rester des publications papier pour l’art et l’architecture, mais l’information générale est menacée de disparition du paysage papier. »

Un point de vue que partagent les dirigeants des entreprises de presse comme Éric Trottier, vice-président information et éditeur adjoint du quotidien La Presse. « C’est clair que les journaux papier sont appelés à disparaître, petit à petit. J’entends encore plein de dirigeants de journaux dire qu’ils croient encore très fort aux journaux imprimés, même si 63 % des revenus publicitaires destinés au papier journal ont disparu depuis 10 ans », déplore le dirigeant.

Pour Claude Gagnon, PDG du Groupe Capitales Médias, il ne fait aucun doute que le support papier est condamné à disparaître : « Ce qui est important, c’est que l’information demeure. Qu’on la lise sur du papier, qu’on la lise sur une tablette, sur un téléphone, ça ne changera absolument rien. Ce qui est encourageant, c’est que depuis 25 ans, nous n’avons jamais eu autant de lecteurs. Le phénomène multiplateforme nous amène une nouvelle clientèle. »

L’abandon du format papier en semaine a été un vif succès selon Éric Trottier de La Presse, « jamais La Presse n’a eu autant de lecteurs dans toute l’histoire du journal. Notre défi maintenant, c’est de rejoindre les jeunes de 20 ans qui, en ce moment, se contentent de regarder Facebook sur leurs téléphones. Nos lecteurs de 70 ans sont déjà avec nous. »

Le modèle de La Presse +, réalisé à grands frais, n’est pas à la portée de toutes les bourses. Ce modèle de gratuité fait d’ailleurs sourciller le professeur Pierre C. Bélanger, du département de communication de l’Université
d’Ottawa. « Je m’interroge sur ce modèle, parce que dans tout ce qui se fait sur la planète, il n’y a que deux médias qui donnent l’information gratuitement sur le web : The Independant au Royaume-Uni et La Presse +, ici au Québec, qui mise beaucoup sur la rentabilité de son modèle d’affaires. Pourquoi tous les autres vendent-ils leur information ? La réalité, c’est que 75 % des principaux journaux américains tarifent leur information sur le web et préfèrent vous demander un petit 4 $ par mois. Pour moi, le modèle de gratuité de l’information ne semble pas fonctionner. »

Claude Dorion, directeur général de la firme MCE Conseils | Photo : Pascal Ratthé
Claude Dorion, directeur général de la firme MCE Conseils | Photo : Pascal Ratthé

Oui à l’aide gouvernementale

Tant que les entreprises de presse ne seront pas parvenues à monnayer les contenus, leur situation demeurera précaire. L’information dans le secteur privé est la seule qui ne reçoit pas sa part d’aide financière des gouvernements.

Aujourd’hui, les médias papier sont presque tous en faveur d’une aide gouvernementale. Claude Dorion de MCE Conseils rappelle que « les milliers d’emplois perdus au Canada dans les médias ont privé les gouvernements de millions de dollars en recettes fiscales. Nous, nous croyons que le gouvernement peut aider ce secteur comme il le fait pour d’autres tel que le secteur des jeux vidéo afin d’assurer une diversification des revenus et permettre au secteur de la presse écrite d’assurer la transition. »

En Finlande, l’aide de l’État est parvenue à assurer la rentabilité des entreprises de presse, sans contraindre les médias ni compromettre la qualité de l’information. En ce domaine, le Québec et le Canada font figure de « parents pauvres ». Les journaux du Québec reçoivent une aide gouvernementale annuelle d’environ trois dollars par habitant contre 92 dollars pour les journaux finlandais. Au Canada, le fédéral ne contribue que pour 31 dollars par habitant au financement de Radio-Canada, alors que certains pays, comme la Norvège, consacrent 164 dollars par habitant à leur télévision publique.

En attendant une hypothétique aide de l’État, ce sont les journalistes et autres artisans producteurs de contenus qui font tourner la machine et qui, chaque jour, mettent en jeu leur réputation et leur intégrité, comme le souligne Francine Bousquet, coordonnatrice à la FNC–CSN : « L’information de qualité, ce sont les journalistes qui la font et la qualité de l’information, ce sont les journalistes et les syndicats qui l’ont toujours défendue. Je ne connais pas un seul syndiqué qui est contre ça. Moderniser nos conventions, c’est aussi ce qu’on fait depuis longtemps afin que l’information continue d’être faite par des humains, et non pas par des robots. »

L’information : un bien public qui doit être protégé et expliqué

L’État québécois, à commencer par le ministère de la Culture et des Communications, doit intervenir de façon urgente pour protéger une information professionnelle de qualité partout au Québec. Dans un mémoire sur l’information présenté au Bureau du renouvellement de la politique culturelle, la Fédération nationale des communications (FNC–CSN) détaille une douzaine de recommandations afin d’assurer la survie de l’information partout sur le territoire.

« Le grand public et le gouvernement doivent comprendre que le virage numérique et les médias sociaux exercent une pression importante sur les modèles d’affaires des médias professionnels d’information qui forment pourtant le 4e pouvoir. Ils doivent être appuyés dans cette période de transformation, sans quoi, fermetures, compressions et licenciements de journalistes vont se poursuivre au péril de la démocratie », de mettre en garde Pascale St-Onge, présidente de la FNC–CSN. Nos médias doivent obtenir du soutien étatique pour s’adapter et mieux rejoindre les gens sur les plateformes de leur choix, entre autres sous forme de crédits d’impôt temporaires sur la masse salariale. En aucune façon, cette aide ne doit compromettre l’indépendance des organes de presse face à l’État.

Une récente étude de la firme MCE-Conseils confirme que le tiers des recettes publicitaires québécoises est désormais encaissé par les géants américains du web. En retour, ils ne produisent aucun contenu et ne payent presque aucune taxe ici. En ce sens, le gouvernement doit exiger des rediffuseurs d’information tels que Google et Facebook qu’ils contribuent, par exemple sous forme de redevances, au financement de la production et de la diffusion d’une information de qualité et diversifiée.

Éduquer et mettre en garde le public contre « les fausses nouvelles »

La FNC–CSN demande également au ministère de l’Éducation de jouer son rôle auprès des adultes de demain. Il faut mettre sur pied, et de toute urgence, des programmes d’éducation sur les médias. Les citoyennes et les citoyens doivent être en mesure de faire la différence entre les informations provenant de sources fiables et les « fausses nouvelles », entre le contenu promotionnel et le contenu rédactionnel. Ils doivent également bien saisir le fonctionnement des médias pour en comprendre le rôle dans notre société démocratique.

De plus, le public doit développer sa compréhension du fonctionnement des réseaux sociaux. « Est-ce que chaque internaute sait que ce qui apparaît sur son fil d’actualité, sur Facebook par exemple, a été sélectionné par des algorithmes secrets conçus pour alimenter les usagers selon leurs intérêts ? Aucune place ici pour la diversité des voix. On ne fait que conforter les gens dans leurs pensées », explique Pierre Roger, secrétaire général de la FNC–CSN.

Pour entretenir une saine démocratie, il faut des citoyennes et des citoyens bien informés et éclairés.

La FNC réclame un réinvestissement d’urgence dans le réseau muséal

De toute urgence, le gouvernement du Québec doit bonifier substantiellement l’enveloppe budgétaire du Programme d’Aide au fonctionnement pour les institutions muséales (PAFIM). Cette enveloppe n’a jamais été augmentée ni même indexée au coût de la vie depuis 2007. C’est la principale demande formulée par la Fédération nationale des communications (FNC–CSN) dans son mémoire présenté aujourd’hui dans le cadre des consultations du ministère de la Culture et des Communications en préparation de la refonte de la politique culturelle du Québec.

« Depuis presque 10 ans, les institutions muséales font preuve d’héroïsme pour continuer d’assurer une fonction essentielle dans toute société, soit la préservation et la diffusion de notre patrimoine collectif et de notre histoire, et ce malgré un important sous-financement du réseau muséal, souligne Pascale St-Onge, présidente de la FNC–CSN. Quand le gouvernement clame que tous doivent faire leur part pour assainir les finances de l’État, on peut affirmer que les musées font la leur depuis des années, avant même la crise économique de 2008. »

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Manque à gagner structurel

En tenant compte que de l’inflation, le réseau muséal enregistre aujourd’hui un manque à gagner structurel de 2,5 millions de dollars annuellement. Rappelons d’ailleurs que le rapport Corbo du Groupe de travail sur l’avenir du réseau muséal, mis sur pied sous la gouverne de l’ancien ministre péquiste Maka Kotto, recommandait d’injecter 8,3 millions de dollars dans le réseau dès 2014. Il proposait également de bonifier les enveloppes d’aide de 14 millions de dollars à partir de 2015. Cela n’a jamais été fait.

L’objectif de revoir la politique culturelle, dont la dernière mouture date de 1992, est entre autres de l’adapter à notre époque contemporaine. « Par exemple, il est inacceptable qu’aujourd’hui, le salaire annuel moyen d’un conservateur de musée – métier qui exige un niveau de maîtrise universitaire – soit de 39 500 $, de dénoncer Claudine Viens, vice-présidente de la FNC–CSN. L’enveloppe du PAFIM doit donc être ajustée en conséquence des exigences et du coût de la vie actuel. »

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Assurer l’avenir d’une information de qualité au Québec

Les compressions, pertes d’emplois et fermetures de salles de nouvelles se multiplient partout au Québec depuis quelques années, comme ailleurs dans le monde. En cinq ans, la presse écrite a perdu le tiers de ses effectifs, selon les dernières données de l’Institut de la statistique du Québec. « C’est la conséquence de revenus publicitaires en chute libre et qui sont engrangés de plus en plus par les géants américains du web tels Google ou Facebook, qui eux, ne produisent aucun contenu chez nous », déplore Pascale St-Onge, présidente de la FNC–CSN. « Tant qu’un cadre règlementaire et fiscal ne viendra pas protéger nos médias, je ne vois vraiment pas pourquoi la courbe s’inverserait », ajoute la présidente qui en appelle à une intervention urgente des gouvernements fédéral et provincial.

Jeunes et moins jeunes migrent vers internet. L’idée n’est pas de lutter contre ce phénomène, mais bien de baliser la transition numérique de nos salles de nouvelles afin d’assurer la survie d’une information de qualité, produite ici, pour les gens d’ici. La Fédération nationale des communications (FNC–CSN) et la Confédération des syndicats nationaux (CSN) ont donc confié à la firme MCE Conseils le mandat de produire une étude pour identifier des moyens d’intervention pour soutenir le secteur dans son adaptation au nouvel environnement technologique et commercial.

Recommandations

De façon urgente et pour une période transitoire, la FNC–CSN recommande à l’État de soutenir la presse écrite qui est particulièrement fragilisée. Il faut dire que, contrairement à la télévision, cette dernière n’est à peu près pas financée par l’État.

La fédération propose donc les trois mesures suivantes : (A) un crédit d’impôt remboursable sur la masse salariale, inspiré de ce qui existe dans le secteur des titres multimédias ou de la production cinématographique et télévisuelle. Encore une fois, l’objectif est de maintenir les emplois et d’assurer la production de contenu québécois.

Aussi, le gouvernement du Québec devrait contribuer financièrement et inciter à (B) l’adaptation des pratiques commerciales pour augmenter la capacité de mise en marché des producteurs de contenus d’information québécois. Aujourd’hui, les investissements québécois en matière de publicité sur les plateformes internet et mobiles représentent près de 25 % des dépenses des annonceurs. « La presse écrite est le principal segment touché par l’érosion de ses parts de marché. C’est de l’argent directement versé aux États-Unis à des entreprises qui ne paient aucune taxe à la consommation au Québec », explique Claude Dorion, directeur général de MCE Conseils. Afin d’ériger une barrière entre l’État et le 4e pouvoir, un tel crédit d’impôt dédié à augmenter la mise en marché devrait être administré par un organisme parapublic autonome et compétent tel que la SODEC.

Enfin, le gouvernement du Québec devrait bonifier d’au moins 3 millions de dollars son actuel Plan culturel numérique de 115 millions de dollars en ajoutant (C) un volet « médias » pour soutenir l’innovation des sites de presse en ligne et des nouvelles plateformes qui offrent des publications numériques quotidiennes d’information politique et générale.

Ces trois recommandations transitoires engagent la responsabilité de l’État afin qu’il s’assure de la viabilité de la presse. Le droit à l’information et le rôle névralgique de la presse écrite dans le débat démocratique justifient à eux seuls cette intervention.

Cependant, à moyen et long terme, ces mesures ne sauront garantir l’avenir de l’information au Québec et au Canada, que ce soit en ce qui concerne la presse écrite, la télévision, la radio ou même les plateformes numériques.

Aussi, ces trois propositions ne doivent pas avoir pour effet de libérer certains joueurs importants de leur responsabilité à plus long terme. La FNC–CSN invite donc les gouvernements à mettre en place le plus rapidement possible des mesures afin de forcer les géants du web à contribuer au financement de la production de contenus et à la fiscalité des pays où ils font des affaires.

Comme évoqué lors du colloque « L’information : le 4e pouvoir sous pression » en mai dernier, plusieurs avenues peuvent être étudiées :

  • une taxe aux entreprises de nouvelles technologies, telles Google et Facebook, qui utilisent nos infrastructures pour rejoindre le public canadien ;
  • une redevance télévisuelle distribuée aux médias de l’information ;
  • une taxe sur les services internet ;
  • une taxe additionnelle sur les achats d’équipement électronique par les ménages et entreprises.

« Les Québécoises et les Québécois doivent pouvoir compter sur une information riche, partout, alimentant des réflexions de fond sur la politique, l’économie, la société, la culture et l’actualité en général, afin de jouer leur rôle de citoyen et d’électeur de manière éclairée. À terme, il en va de la survie de la démocratie », de conclure Jacques Létourneau, président de la CSN.

Des coupes au compte-gouttes à Radio-Canada

À la veille des congés d’été, la direction de Radio-Canada a annoncé de nouvelles coupes de postes principalement dans le secteur de la technique. Le Syndicat des communications de Radio-Canada (FNC–CSN) représentant plus de 3000 travailleuses et travailleurs de la société au Québec et à Moncton, dénonce fermement ces nouvelles coupes.

Il s’agit de sept postes déclarés excédentaires en plus de 18 postes vacants qui ne seront comblés, soit un total de 25 postes.

L’expérience des membres touchés par ces coupes va de 5 à 25 ans. Indistinctement, Radio-Canada sacrifie les précaires et les anciens.

En ajoutant, les 20 postes supprimés avec la mise en place des régies automatisées, nous nous retrouvons avec un total de 45 postes supprimés en deux mois.

Par ce geste, Radio-Canada confirme sa volonté de mettre un terme définitif à la production interne et de poursuivre son plan 2020, malgré le réinvestissement de 675 millions sur cinq ans par le gouvernement fédéral.

Le SCRC estime qu’une grande partie de ce réinvestissement doit se refléter dans l’organisation du travail et servir à l’amélioration des conditions de travail des artisans et au maintien, voire la création d’emplois.

Le Syndicat des communications de Radio-Canada (SCRC) dénonce fermement ces nouvelles coupures.

« Visiblement, la direction met en branle son plan en ne tenant pas en compte des négociations qui viennent de commencer. Ce n’est pas un signe positif. Nous exigeons que tous les changements d’organisation du travail passent impérativement par la table de négociation » réagit la présidente du syndicat, Johanne Hémond.

Le SCRC est solidaire des membres touchés et sera à leur côté pour préserver leurs droits.

 

La FNC demande au gouvernement d’agir

La Fédération nationale des communications (FNC-CSN) déplore le licenciement de 65 personnes au Québec et en Saskatchewan et demande aux gouvernements de prendre leurs responsabilités pour protéger les emplois ainsi que la production d’une information locale et régionale de qualité.

« On espérait avoir fini d’encaisser les compressions, mais il semble qu’on ne soit pas au bout de nos peines, déplore la présidente de la Fédération nationale des communications, Pascale St-Onge. Ces nouvelles coupes viennent accentuer la crise généralisée que connaît l’information locale au Québec et au Canada. Pour que l’information existe, il faut assurer le maintien des emplois de journalistes qui la produisent et de tous les autres artisans des médias qui participent à sa diffusion et à l’existence des médias. C’est la condition sine qua non de l’exercice d’une saine démocratie. Or, déjà, les effectifs sont surchargés et ont du mal à suffire à la tâche. Cette situation a nécessairement un impact sur la qualité de l’information. Tout le monde, absolument tout le monde est perdant. »

Pascale St-Onge rappelle que les coupes n’en finissent plus de s’accumuler dans les salles de nouvelles et les médias. « Ça ne peut plus durer, les gouvernements ont le pouvoir d’agir. On voit qu’en Europe et ailleurs dans le monde, les pays adoptent des positions beaucoup plus proactives que nous afin de préserver le droit du public à l’information. Dès la semaine prochaine, nous allons lancer un rapport présentant notre vision des règles fiscales et du cadre règlementaire nécessaires ainsi que les mesures de soutien qui s’imposent selon nous pour assurer la survie de l’information, et plus particulièrement de l’information locale », conclut-elle.