Pas de refondation sans décentralisation

Caroline Senneville, présidente de la CSN

Depuis quelques semaines, le gouvernement annonce son intention de procéder à une refondation du réseau de la santé et des services sociaux. La pandémie a démontré hors de tout doute que l’organisation du réseau doit être revue aussi bien pour répondre aux besoins de la population que pour freiner la détresse du personnel.

En 2017, une coalition réunissant la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN) et la Fédération des professionnèles (FP–CSN), représentant les salarié-es de toutes les catégories de personnel, ainsi que l’Alliance des patients pour la santé, l’Association médicale du Québec et l’Association des cadres supérieurs de la santé et des services sociaux, proposait 15 pistes de solutions. La crise de la COVID-19 a montré que ces solutions sont plus pertinentes que jamais pour améliorer et pérenniser le réseau de la santé et des services sociaux.

Pour une réelle décentralisation
Décentraliser le système de santé et de services sociaux, c’est beaucoup plus que de saupoudrer quelques postes de cadres par-ci par-là dans les établissements. Il faut revoir l’organisation du réseau et s’attaquer en priorité à la situation des services aux aîné-es et des services de protection de la jeunesse. Les CHSLD et les centres jeunesse se trouvent noyés dans les mégastructures que sont les CISSS et les CIUSSS, au sein desquels les centres hospitaliers sont des poids lourds.

Décentraliser le réseau, c’est aussi redonner une voix à celles et ceux qui donnent les services comme à celles et ceux qui les reçoivent. La refondation du réseau doit permettre une plus grande participation aux décisions de la part du personnel, en misant sur son expertise et son autonomie professionnelle et celles de la population, notamment au sein des conseils d’administration.

Redevenir un réseau où il fait bon travailler
Après deux ans de pandémie, le personnel est à bout de souffle. Il faut mettre fin à la surcharge de travail et au temps supplémentaire obligatoire (TSO). La meilleure manière d’attirer la relève, c’est de donner de meilleures conditions de travail, dès maintenant, en ouvrant le dialogue entre le gouvernement et les organisations syndicales, comme cela a été fait lors de la 5e vague de COVID-19. Il n’y a qu’une cible à viser et c’est de retrouver la fierté de travailler pour attirer les jeunes dans leur choix de carrière.

Réinvestir pour effacer les ravages de l’austérité
Le réseau peine toujours à se relever de l’austérité des dernières années. Non seulement ces coupes ont miné son fonctionnement, mais ce manque à gagner n’a jamais été comblé. Une refondation du réseau apparaît irréalisable sans investir les sommes nécessaires pour y parvenir. Pensons seulement aux coupes à la santé publique qui ont rendu impossibles la préparation et l’adaptation de la stratégie nationale lorsque la pandémie a frappé. Elles expliqueraient l’hécatombe vécue dans les CHSLD, selon la commissaire à la santé et au bien-être. De plus, un réinvestissement en santé mentale est absolument crucial.

Le renforcement du soutien à domicile est non seulement une nécessité pour la qualité de vie des citoyennes et des citoyens, c’est aussi un choix budgétaire tout à fait cohérent. À cet égard, le Québec a un énorme retard à combler par rapport à des États comparables et aux autres provinces. Il doit donc y avoir des sommes dédiées aux soins en santé physique et mentale à domicile.

Mieux investir là où ça compte n’est pas tant une question de ressources disponibles que de choix politiques. À elles seules, deux mesures comme l’instauration d’une assurance médicaments universelle et une révision du mode de rémunération des médecins permettraient d’octroyer des sommes importantes vers ces priorités structurantes.

Le gouvernement aura-t-il le courage nécessaire pour procéder à une véritable refondation du réseau, notamment sur ces trois axes prioritaires que nous proposons ? L’heure n’est plus aux belles paroles. Il faut intervenir. Il y a urgence d’agir !

La CSN salue le lancement de l’appel de projets du programme Ambition-Compétences par le ministre Jean Boulet

La CSN salue l’annonce ce matin par le ministre du Travail et la Commission des partenaires du marché du travail (CPMT), dont fait partie la centrale syndicale, d’un budget de 46 millions de dollars pour soutenir le rehaussement des compétences et la requalification dans les entreprises en transformation. Tant au niveau de la transition verte que de la transition technologique, les travailleuses et travailleurs affectés ont un besoin urgent de formation et de requalification pour leur permettre de conserver leur emploi ou de développer leurs compétences.

Transition verte et juste
Depuis plusieurs années, la CSN est préoccupée par l’impact des changements climatiques sur les travailleurs et travailleuses et réclame une transition juste, c’est-à-dire la création d’emplois de qualité dans les technologies propres et des mesures permettant de limiter les pertes d’emplois dans les secteurs à risque. « Les changements climatiques engendrent de grands bouleversements en matière d’emploi. Des mesures phares pour favoriser la requalification des travailleuses et des travailleurs sont attendues depuis longtemps », déclare Nathalie Arguin, secrétaire générale de la CSN et représentante de la centrale à la CPMT.

Un exemple concret ? Les alumineries et la production d’acier, dont la modernisation pour une transition écologique est incontournable. « Les travailleurs reçoivent des formations pointues pour œuvrer dans ces domaines, mais d’intégrer à leur formation des éléments concernant la transition verte aidera grandement les entreprises à passer au niveau supérieur. Le travailleur a un rôle concret à jouer dans la transition de son entreprise, et ça passe par la formation », ajoute Mme Arguin.

Transition technologique
Un autre exemple : le secteur des médias, qui est en pleine transformation numérique. Soutenir cette transition, notamment pour les plus petits joueurs souvent régionaux, est nécessaire. Aussi, certains secteurs du monde de la culture, comme les musées par exemple, pourraient développer davantage de diversité dans leur offre et rejoindre un public plus large s’ils avaient la possibilité de se développer numériquement. Idem pour le milieu de l’agroalimentaire, où l’on fait face à de nombreux enjeux en lien avec l’automatisation des procédés de travail.

« Tout est en place pour que les joueurs concernés dans les secteurs qui en ont le plus besoin présentent des projets permettant le rehaussement des compétences et la requalification des salarié-es, conclut la secrétaire générale. C’est dès maintenant qu’il faut passer à l’action. »

Soucy International : des augmentations de 22 % dès la première année

Les 250 travailleuses et travailleurs de l’entreprise Soucy International, à Drummondville, ont entériné cette semaine l’entente de principe intervenue entre leur syndicat CSN et l’employeur.

Dès la première année, tous les salarié-es de l’usine toucheront des augmentations salariales de 22 %. Au terme de la convention, d’une durée de cinq ans, le salaire à la base de l’échelle passera ainsi de 20,29 $ à 27,46 $ l’heure. Le salaire au sommet de l’échelle grimpera de près de 10 $ pour atteindre 37,51 $ l’heure. Avec la nouvelle prime de fidélité négociée (1 $ l’heure après 10 ans, 2 $ après 20 ans), plusieurs employés toucheront 30 % d’augmentation à la signature de la convention, prévue au cours des prochains jours.

Les employé-es ont également négocié une clause leur permettant de faire face à l’augmentation du coût de la vie : ils toucheront des augmentations minimales de 3 % en 2023 et de 2,5 % pour chacune des années subséquentes. Si l’inflation venait à dépasser ces seuils, les augmentations seraient corrigées jusqu’à hauteur de 4 % par année.

« Quand on se tient debout, quand on est solidaires, ça rapporte !, se réjouit le président du syndicat CSN, Paul Ferron. Notre monde a fait preuve d’une très belle solidarité. On a accepté de concentrer toutes nos énergies sur ce que nous avons en commun. Nous avons misé sur de bonnes augmentations salariales au bénéfice de tout le monde. Quand on regarde le résultat, on voit que ça a été payant ! »

Le Syndicat des travailleurs et travailleuses de Soucy International est affilié à la Fédération de l’industrie manufacturière (FIM–CSN) et au Conseil central du Cœur-du-Québec (CCCQ–CSN). Il représente 250 soudeurs, mouleurs, machinistes et assembleurs des deux usines Soucy International de Drummondville, qui assemblent le matériel destiné à la fabrication des VTT et de certains équipements agricoles et militaires.

Santé mentale : les services publics ne résisteront pas à la vague

La prochaine vague liée à la COVID-19 ne sera probablement pas causée par une mutation du virus, mais par une déferlante de problèmes en santé mentale qui risque fort de faire sauter la digue de notre système public.

La CSN salue donc la volonté du ministre Lionel Carmant et du gouvernement d’investir 361 M$ de plus en santé mentale et le plus grand apport du communautaire, mais remarque que ce qui limite l’efficacité du réseau demeure intouché, soit d’encarcaner les cliniciens et les usagers dans une approche rigide. Le ministre ne cesse de vendre le Programme québécois pour les troubles mentaux (PQPTM) comme l’unique réponse au meilleur accès aux soins en santé mentale, alors que sur le terrain les professionnels-les rapportent une perte d’autonomie et une multiplication des étapes dans le parcours de soin des patients. Ce chemin de croix en décourage plusieurs et fait baisser artificiellement les listes d’attente.

Il faut absolument revoir l’organisation pour vraiment améliorer l’accès. « Nous avons besoin d’une refondation de nos services en santé mentale et il faut le faire avant qu’il ne soit trop tard », affirme Jessica Goldschleger, vice-présidente de la Fédération des professionnèles (FP–CSN), qui rappelle que la mauvaise santé mentale entraîne une perte de 50 G$ par année au Canada ainsi qu’une grande souffrance.

Consultation des intervenantes et intervenants
En 2021, la FP–CSN a mené une importante consultation auprès de ses membres qui travaillent en santé mentale. « Nous proposons une approche globale axée sur les besoins de la personne tout au long de son parcours de soins dans le réseau public », insiste Jessica Goldschleger. Il faut, par exemple, éviter qu’une personne attende de longs mois entre le traitement pour la toxicomanie et celui pour l’anxiété. « Les patients ne devraient pas être comme des balles de ping-pong que l’on se renvoie d’une équipe à l’autre », ajoute la vice-présidente.

La CSN recommande notamment que l’on nomme une personne ou une équipe pivot qui va s’assurer que chaque patient qui consulte en santé mentale puisse être suivi pour l’ensemble de ses problèmes dans un court délai. Quelque 16 recommandations sont par ailleurs sorties de la consultation de 2021 menée par la FP–CSN.

« Une des clés pour améliorer la situation c’est de miser sur l’interdisciplinarité. Il ne suffit pas d’en parler, il faut donner du temps et des lieux pour le faire. Il faut que tous les acteurs du réseau qui interviennent auprès de cette clientèle puissent travailler en équipe en se partageant l’information et les solutions à mettre en place, et cela bien entendu, en tout respect des enjeux de sécurité et de confidentialité », enchérit le président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN), Réjean Leclerc.

De plus, la CSN souhaite la mise en place de formations d’appoint pour tous les intervenants et intervenantes de la chaine de services et de soins, permettant à chacun de jouer pleinement son rôle dans ce vaste chantier nécessaire.

Régler le problème en amont
Un des meilleurs moyens pour réduire l’ampleur de la détresse psychologique dans la population du Québec serait d’agir en amont sur des facteurs de stress importants comme la pauvreté, le manque de logement abordable ou la violence envers les femmes. « C’est un défi de société que nous avons devant nous, plaide la présidente de la CSN, Caroline Senneville. Il faut reconstruire notre filet social, car il s’est étiolé. Augmenter le salaire minimum, renforcer les droits des travailleuses et des travailleurs, assurer l’accès au logement ou encore un accès rapide aux différents services de soutien et d’aide sont quelques exemples de leviers dont dispose le gouvernement pour prévenir une dégradation et améliorer les choses. »

Rapport final de la Commissaire à la santé et au bien-être : Il faut passer à l’action !

Pour la Confédération des syndicats nationaux, le rapport final de la Commissaire à la santé et au bien-être, Joanne Castonguay, remet en perspective de nombreuses lacunes qui existaient déjà dans le réseau avant l’arrivée de la COVID-19. Les solutions sont connues depuis longtemps et en ce sens, la CSN appuie en grande partie les recommandations formulées. La CSN appelle le gouvernement à saisir cette occasion pour instaurer un véritable dialogue avec tous les partenaires, dont les syndicats, pour s’assurer de ne jamais revivre un tel drame.

Toutefois, la CSN relève plusieurs éléments sur lesquels le rapport n’insiste pas assez et qui doivent être pris en compte pour pouvoir effectuer le virage nécessaire. Par exemple, il faut prendre en considération la question de la santé et de la sécurité au travail. Il faudrait creuser davantage pour comprendre les lacunes observées sur le terrain par les syndicats. Il s’avère notamment que la gestion inadéquate des équipements de protection individuelle a eu un impact significatif. De même, les mauvaises conditions de travail du personnel ont contribué aux problèmes d’attraction, de rétention et à la rareté de la main-d’œuvre. Le sous-financement des services, le rôle croissant du secteur privé et les lacunes quant à la planification de la main-d’œuvre constituent autant de volets qui nécessitent des changements tant au niveau de la santé publique que de la gouvernance du réseau. Pour la CSN, ces éléments ont tous grandement contribué à la catastrophe.

Enquête publique
« Une enquête publique sur la gestion de la pandémie demeure nécessaire, estime la présidente de la CSN, Caroline Senneville. Il faut aller au fond des choses. Ce ne sont pas des coupables qu’on cherche, mais le portrait global afin de pouvoir appliquer des solutions structurantes. Malheureusement, les recommandations formulées dans ce rapport sont parfois timides. Nous les appuyons de façon générale, elles vont dans le bon sens, mais il faut faire beaucoup plus et instaurer des changements en profondeur pour consolider cet acquis précieux qui est mis à mal depuis trop longtemps. »

Pour la CSN, il faudra nécessairement revoir certaines façons de faire pour éviter une telle hécatombe dans le futur et corriger les lacunes identifiées dans le rapport, notamment la gouvernance défaillante, le leadership insuffisant et le manque d’imputabilité.

« Nous n’avons pas le droit de ne pas apporter les changements nécessaires dès maintenant, plaide le président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN), Réjean Leclerc. La clé c’est de pouvoir se parler pour vrai, syndicats, établissements, gouvernement et de travailler ensemble. La gestion par arrêtés ministériels, ça a fait mal non seulement aux relations de travail, mais à notre capacité même de trouver des solutions ensemble, pour le bien de toute la population. Il faut absolument renouer avec le dialogue même dans ce climat d’urgence. La FSSS–CSN sera au rendez-vous d’une telle approche ».

Du côté de la Fédération des professionnèles (FP–CSN), on relève que, malheureusement, comme le mentionne le rapport, le réseau de la santé et des services sociaux a mis ses employé-es en danger en ne respectant pas complètement le principe de précaution. « Nous demandions pourtant depuis le début de la pandémie d’élargir la distribution du meilleur équipement de protection disponible, comme les masques N95. Une réelle approche de précaution aurait alors rassuré et protégé la santé du personnel qui se trouvait au cœur de la tempête », affirme Danny Roy, président de la Fédération des professionnèles (FP–CSN).

La CSN demande le retrait de la CCQ du projet de loi 4

Aujourd’hui, lors du dépôt de son mémoire en commission parlementaire, la CSN a demandé le retrait de la Commission de la construction du Québec (CCQ) du projet de loi 4 renforçant la gouvernance des sociétés d’État et modifiant d’autres dispositions législatives.

« Contre toute logique, le projet de loi 4 prévoit d’assujettir la CCQ à la Loi sur la gouvernance des sociétés d’État. Or, la CCQ est chargée de la gestion des relations du travail dans l’industrie de la construction qui est financée à 98 % par les activités de ce secteur, de souligner François Enault, vice-président de la CSN. L’imposition de ce cadre de gouvernance à la CCQ ferait reculer le dialogue social en mettant à l’écart les acteurs syndicaux d’une organisation qui gèrent leurs propres conditions de travail. Voilà pourquoi la CSN demande le retrait pur et simple de la CCQ du projet de loi 4. »

« La première responsabilité de la CCQ, c’est de faire respecter la Loi R-20 et de gérer les fonds mutualisés par les parties, dont les avantages sociaux, les fonds de formation et d’indemnisation. En ce sens, toutes les associations syndicales doivent impérativement être présentes à son conseil d’administration pour veiller à l’application rigoureuse des conventions collectives que nous avons négociées », de conclure Pierre Brassard, président de la CSN–Construction.

Fondée en 1924, par et pour les travailleuses et travailleurs, la CSN–Construction offre à ses membres tous les outils nécessaires pour défendre et améliorer leurs conditions de travail. Présente et engagée partout au Québec, la CSN–Construction représente plus de 18 000 travailleuses et travailleurs de l’industrie.

Salaire minimum : « une autre occasion ratée », estime la Coalition Minimum 18 $

En se limitant à une maigre augmentation de 0,75 $ du salaire minimum, le gouvernement Legault rate encore une fois l’occasion de lutter contre la pauvreté, d’appuyer la reprise économique et d’apporter des solutions concrètes aux problèmes de rareté de main-d’œuvre, estiment les membres de la Coalition Minimum 18 $. De plus, cette hausse ne pourra permettre à une personne seule travaillant à temps plein au salaire minimum de se sortir de la pauvreté, préviennent-ils. En raison notamment des augmentations marquées du coût de la vie ces dernières années, le salaire minimum aurait dû être haussé à 18 $ l’heure, font-ils valoir.

« Alors que l’augmentation actuelle du coût de la vie menace de nombreux travailleurs et travailleuses à faible revenu, cette hausse nous apparait complètement déconnectée de la réalité », ont réagi les porte-paroles de la FTQ, de la CSN, de la CSQ, de la CSD, de l’APTS, du SFPQ, du SPGQ, du Collectif pour un Québec sans pauvreté, du Front de défense des non-syndiqué-es (FDNS) et du Centre des travailleurs et travailleuses immigrants.

« Le gouvernement ne réalise pas que le salaire minimum actuel, qu’il soit à 13,50 $ ou 14,25 $, ne permet aucunement aux travailleuses et aux travailleurs qui le gagnent de vivre dignement. Avec une telle hausse, il envoie également un message aux employeurs : il ne faudrait surtout pas donner le coup de barre nécessaire en matière de rémunération pour réussir à attirer cette main-d’œuvre dont ils se plaignent ne pas trouver. Enfin, le gouvernement ne semble pas comprendre à quel point le salaire minimum constitue non seulement un moyen approprié de lutter contre la pauvreté, mais également un levier de relance économique. En ce sens, nous nous serions attendus à un plan clair de la part du gouvernement afin d’atteindre le 18 $ l’heure le plus rapidement possible. »

La Coalition reproche au gouvernement de persister à vouloir établir le salaire minimum à hauteur de 50 % du salaire horaire moyen. Pour le milieu syndical et communautaire, cette cible ne prend nullement en compte en compte des besoins des individus et ne leur permet pas de vivre autrement que dans la pauvreté. Pour effectuer la mise à jour de leur revendication relative au salaire minimum, les membres de la coalition prennent en considération différentes données, notamment la mesure de faible revenu à 60 % de la médiane des revenus (MFR-60), un indicateur utilisé par l’Union européenne, beaucoup plus englobant que la mesure du panier de consommation (MPC), qui ne tient compte que des besoins de base (à savoir se nourrir, se loger, se vêtir et se déplacer).

Reprise des classes : des conditions loin de rassurer la CSN

Alors que le gouvernement annonce la reprise des activités dans les écoles préscolaires, primaires, secondaires et professionnelles, le changement de paradigme complet dans la gestion de la pandémie en milieu scolaire inquiète le personnel des établissements publics et privés syndiqués à la CSN.

Ces changements, présentés en catastrophe hier soir aux syndicats, et sans possibilité d’en discuter, impliquent que dorénavant, en dépit des éclosions qui pourraient survenir dans certaines classes, celles-ci devront rester ouvertes. En fonction des lignes directrices émises par le ministère, les centres de services scolaires et les commissions scolaires anglophones devront eux-mêmes développer leur propre plan de contingence. Ceux-ci devront à tout prix éviter les bris de service, malgré le taux d’absentéisme élevé à prévoir.

« Le personnel de nos écoles s’attend à d’autres formes de mesures de contrôle que le recours aux arrêtés ministériels, déplore la présidente de la CSN, Caroline Senneville. Or, les cours n’ont même pas repris en présence, la contamination est à un état maximal, et voilà qu’on nous avise qu’on met un stop à la possibilité de fermer des classes qui seront des foyers d’éclosion. On nous exige que la totalité des services de garde soient maintenus, et ce, en dépit du fort taux d’absence à prévoir en raison de la contamination du personnel. »

Pour la présidente du secteur scolaire de la FEESP–CSN, Annie Charland, le gouvernement doit assurer des conditions sécuritaires au personnel et aux élèves, et ce, dès lundi. « L’accès aux tests PCR offert en priorité au personnel doit être maintenu. L’accès aux masques N95 pour le personnel dans les écoles spécialisées nous a été garanti pour la semaine prochaine, tout comme la disponibilité des tests rapides. D’ailleurs, et j’insiste, les masques N95 devraient être accessibles à tout le personnel des milieux scolaires. Aussi, nous sommes toujours très inquiets par rapport aux problèmes de ventilation, qui ne sont toujours pas réglés après 22 mois de pandémie. Un non-sens. »

La présidente de la FNEEQ–CSN, qui représente les enseignantes et enseignants des écoles privées du Québec, estime qu’il est inquiétant d’envisager le maintien des classes coûte que coûte. « Bien sûr que nous voulons que nos écoles restent ouvertes le plus possible. Mais nous ne voulons pas qu’elles deviennent des foyers de contamination incontrôlables. Dans cette perspective, envisager qu’il ne sera plus possible de fermer une classe en cas d’éclosion constitue un changement majeur qui nous apparait fort préoccupant », a réagi Caroline Quesnel.

Bilan et perspectives 2021-2022 – Les travailleuses et travailleurs méritent mieux

C’est ce matin que la présidente de la CSN, Caroline Senneville présentait aux médias le bilan de la dernière année de la grande centrale. Elle a également abordé les nombreux enjeux à venir au cours de 2022, et en a profité pour proposer des solutions au gouvernement du Québec.

Une année difficile
« L’année 2021 n’aura pas été tendre envers les travailleuses et travailleurs, affirme d’entrée de jeu Mme Senneville. Pertes d’emploi et de revenus, surcharge de travail, santé mentale affectée : ce ne sont que quelques-uns des enjeux que vivent nos membres. » Ceci, avec en trame de fond la rareté de la main-d’œuvre, qui accroît le fardeau sur les travailleurs déjà en place. « On n’a pas juste un déficit de travailleurs, on a un surplus de postes avec des mauvaises conditions. »

Le tout combiné avec un nombre record de conflit de travail. « Présentement, il y a 42 grèves générales illimitées à la CSN et 480 grèves discontinues. Au cours des prochains mois, le quart de nos syndicats manufacturiers seront en négo. Tout comme 25 syndicats de la culture et des communications. Sans compter les écoles et les centres d’hébergement privés, les casinos, des chauffeurs d’autobus et bien d’autres. Nos membres n’ont pas juste un ras-le-bol de leurs mauvaises conditions de travail : ils sont aussi extrêmement motivés à aller chercher ce qui leur revient », affirme François Enault, premier vice-président de la centrale, absent de la conférence de presse.

Des gains également
Des dizaines de milieux ont par ailleurs vu leurs conditions de travail s’améliorer grandement grâce à leur syndicat CSN et ce, autant au public qu’au privé. On n’a qu’à penser à la lutte historique des CPE, dont la CSN a été la locomotive.

L’année 2022 marquera d’ailleurs le début de nouvelles négociations pour ce secteur. « Les syndicats consulteront leurs membres en début d’année en vue de l’élaboration des cahiers de revendications, et le dépôt des demandes s’effectuera l’automne prochain », précise M. Enault.

Des solutions, mais peu d’écoute
Au cours de l’année 2022, la CSN continuera sa lutte pour obtenir l’augmentation du salaire minimum à 18 $ l’heure, pour l’obtention de la réforme de l’assurance-emploi promise par le fédéral et travaillera à ce que les salarié-es soient mieux protégés. « Lorsqu’on réécoute nos conférences de presse d’il y 15 ou 20 ans, on constate une chose : ça fait longtemps qu’on sonne l’alarme à propos de l’état des services publics, maintenant en lambeaux », ajoute Caroline Senneville.

La CSN est aussi extrêmement préoccupée par l’absence d’un plan musclé pour la lutte aux changements climatiques. « On a dépassé le stade où l’on opposait économie et écologie. Quand le réchauffement climatique menace des industries entières, leurs travailleurs et les milieux de vie, ça prend de toute urgence des investissements gouvernementaux pour stopper les impacts négatifs et offrir de la formation aux employés qui devront changer de carrière. C’est ce qu’on appelle la transition juste », renchérit Mme Senneville.

Dans le contexte actuel, il est étonnant que le dialogue ne soit pas au rendez-vous, alors que le parti au pouvoir gouverne par décret. « La pénurie de main-d’œuvre est l’occasion de changer la façon dont on traite les travailleurs et d’en prendre soin. Pour cela, un dialogue avec le gouvernement de François Legault sera nécessaire, attendu, et reçu très positivement par la centrale », conclut la présidente.

Resserrement des mesures sanitaires – Réaction de la présidente de la CSN

La présidente de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), Caroline Senneville, avait ce message à transmettre à la suite des annonces du gouvernement de François Legault hier. Ces annonces toucheront durement des dizaines de milliers de membres CSN. « Au lendemain de la conférence de presse du ministre, on ne se fera pas de cachettes : c’est un coup dur pour plusieurs catégories de travailleuses et travailleurs.

J’ai tout d’abord une pensée particulière pour celles et ceux qui travaillent dans le réseau de la santé : ils vivront un temps des fêtes éprouvant, idem les semaines qui suivront. Nos dizaines de milliers de membres issus du réseau de l’éducation, de la maternelle à l’université, sont eux aussi plongés dans cette morosité et cette incertitude de fin d’année. Il en va de même pour nos travailleuses en CPE.

Et comment ne pas penser aux travailleuses et travailleurs de l’hôtellerie, de la restauration, du commerce de détail et de la culture qui seront encore une fois frappés de plein fouet alors qu’ils étaient encore loin d’avoir réussi à se relever des vagues précédentes?

S’il y a une seule chose que j’aimerais que nos syndicats CSN et leurs membres retiennent aujourd’hui, c’est que nous serons là pour exiger les aides gouvernementales nécessaires afin que tout le monde puisse payer son loyer, manger à sa faim et mettre quelques cadeaux sous l’arbre. Parce que je tiens à le dire : encore trop de personnes au travail gagnent moins que ou à peine 15 $ l’heure. Et ce n’est pas avec ce genre de revenu qu’on a un coussin pour les temps durs.

Nos équipes sont en lien constant avec les autorités pour la suite des choses, et nous serons là pour informer nos membres et répondre à leurs besoins. D’ici là, j’invite tous les membres et salarié-es du mouvement CSN à tenir bon. Des crises, on en a vu d’autres en 100 ans d’histoire. Après le creux de la vague, ça ne pourra que remonter », affirme la présidente.

La CSN invite tous ces membres à aller chercher leur première, deuxième ou troisième dose de vaccin.

La Confédération et ses organisations affiliées tiennent à rappeler que la priorité absolue demeure la santé de toutes et tous.

Message de Caroline Senneville en vidéo : https://vimeo.com/657932585

Les agents correctionnels font pression sur le Conseil du trésor

Les agents des services correctionnels du Québec ont accentué la pression sur le gouvernement, mardi matin, en manifestant devant les bureaux du Conseil du trésor à Québec au moment où les négociations entre les parties syndicale et patronale se poursuivaient à l’intérieur.

« Nos membres sont venus de partout au Québec pour exiger la reconnaissance qu’ils méritent », affirme Mathieu Lavoie, président du Syndicat des agents de la paix en services correctionnels du Québec (SAPSCQ–CSN). « Ça fait vingt mois que notre convention est échue. Le temps est venu de passer aux choses sérieuses. »

En novembre dernier, les membres du syndicat ont d’ailleurs voté à 97 % en faveur d’un mandat de moyens de pression lourds afin de faire monter la pression d’un cran et de soutenir leur comité de négociation au moment où les pourparlers s’intensifient et que la question salariale est toujours en suspens.

« Les services correctionnels n’échappent pas à la crise de pénurie de main-d’œuvre qui sévit partout au Québec, explique Stéphanie Gratton, vice-présidente de la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP–CSN). Avec la pandémie de COVID-19 qui continue de faire rage dans les établissements de détention, l’exercice du travail des agents des services correctionnels est devenu encore plus dangereux qu’il ne l’était déjà. Les agentes et les agents de la paix du Québec doivent enfin être reconnus à leur juste valeur. C’est pourquoi le Conseil du trésor doit impérativement mettre en place les moyens pour attirer et retenir le personnel qui effectue quotidiennement ce travail essentiel à la sécurité de notre société. »

Le manque de personnel figure parmi les problèmes qui minent grandement le réseau carcéral québécois, estime le président du SAPSCQ–CSN. À l’heure actuelle, près de 400 postes demeurent vacants, et ce, depuis plusieurs mois – sans compter les quelque 300 agents qui sont en absence prolongée.

Selon un sondage commandé à la firme Léger par le SAPSCQ–CSN, moins du quart des Québécoises et des Québécois affirment qu’ils accepteraient de travailler comme agente ou agent de services correctionnels, ce qui explique en partie les difficultés de recrutement.

Les syndiqué-es de la CSN du secteur des CPE entérinent l’entente de principe à 93 %

Dans le cadre de dizaines d’assemblées générales ayant eu lieu entre le 9 et le 11 décembre, les 11 000 travailleuses et travailleurs de CPE syndiqués à la CSN ont adopté à 93 % l’entente de principe survenue mercredi dernier entre le gouvernement et les porte-paroles de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN). Cette décision met ainsi un terme à la grève générale illimitée que les membres de la CSN exerçaient depuis le 1er décembre dernier.

« Ça n’a pas été une négociation facile, mais nous avons réussi à faire plusieurs avancées grâce à la solidarité et à la détermination de nos membres, a affirmé Stéphanie Vachon, représentante du secteur des CPE à la FSSS–CSN. Une négociation implique toujours des compromis et celle-ci ne fait pas exception à la règle, mais nous pouvons être fières de la façon dont nous avons mené cette négociation historique. »

Parmi les gains réalisés, les représentantes et représentants de la FSSS-CSN ont notamment obtenu un rattrapage salarial de 18 % pour les éducatrices qualifiées et les éducatrices spécialisées, ainsi que des augmentations variant entre 8 % et 12.5 % pour les autres appellations d’emploi, pour lesquelles le gouvernement n’offrait au départ que 6 %. De plus, les membres de la FSSS-CSN obtiendront également une prime de reconnaissance équivalant à 3 % de la rémunération des heures travaillées entre le 1er avril 2020 et le 31 mars 2021.

La nouvelle convention collective prévoira également l’ajout de trois heures dédiées à la préparation du dossier de l’enfant et de huit heures accordées aux responsables en alimentation pour la gestion de la cuisine. La récupération de deux jours fériés supplémentaires et la création d’un comité dont le mandat est d’identifier les principales difficultés vécues par le personnel éducateur en matière d’intégration des enfants à besoins particuliers figurent également parmi les avancées obtenues par la CSN après le déclenchement de sa grève générale illimitée.

« Nous espérons que les progrès réalisés grâce à notre combativité vont permettre d’assurer la pérennité du réseau et de convaincre les travailleuses d’y rester, explique Lucie Longchamps, vice-présidente de la FSSS-CSN. La question des ratios d’enfants par éducatrice reste toutefois en suspens, mais le ministre Lacombe a affirmé être prêt à travailler avec nous pour trouver une solution à ce problème. Nous continuerons donc à mener ce combat sur un autre terrain en vue d’obtenir satisfaction. »

Les 11 000 syndiqué-es CSN du secteur des CPE se prononceront sur une entente de principe

Mercredi matin, les porte-paroles de la CSN et de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN) ont accepté de soumettre au vote de leurs membres l’entente de principe survenue avec le gouvernement après près de 48 heures de négociations intensives.

« Nous avons travaillé extrêmement fort pour en arriver là, a affirmé Stéphanie Vachon, représentante du secteur des CPE à la FSSS–CSN. Nous avons le sentiment d’avoir fait tout ce que nous pouvions pour faire avancer les priorités des travailleuses à la table de négociations, mais, au bout du compte, la décision leur revient. C’est pourquoi nous leur donnerons la chance de se prononcer le plus tôt possible. »

Les syndicats affiliés à la CSN ont donc le mandat d’organiser des assemblées générales le plus rapidement possible afin d’exposer en détail les offres patronales et permettre aux membres de voter sur la question. Les travailleuses de CPE syndiquées à la CSN retourneront au travail dès que l’entente de principe nationale aura été entérinée par les travailleuses.

Aucun autre détail au sujet de l’entente potentielle ne sera diffusé d’ici à ce que les membres aient pu en prendre connaissance.

Entente entérinée au Marriott Château Champlain

La Fédération du commerce (FC–CSN) se réjouit de la conclusion d’un quinzième règlement dans le secteur de l’hôtellerie. Hier, les travailleuses et les travailleurs du Marriott Château Champlain, un hôtel majeur comptant 610 chambres, ont entériné le contenu de la convention collective 2020-2024. Cette entente reprend tous les éléments de la plate-forme que se sont donnés les syndicats de l’hôtellerie en négociation coordonnée.

« Maintenant que nous avons une entente dans cet hôtel majeur de Montréal, il n’y a aucune raison pour que nous ne puissions pas convenir du même règlement dans tous les autres hôtels encore en négociation, explique le trésorier de la FC–CSN, Michel Valiquette. Nous allons redoubler d’ardeur pour obtenir ce même règlement dans les neuf autres hôtels syndiqués CSN qui n’ont pas encore conclu d’entente. »

Les négociations se poursuivent dans neuf hôtels pour obtenir des ententes comparables à celles déjà conclues ailleurs, notamment au Château Champlain. Elles prévoient des augmentations totalisant environ 8 % pour un contrat de quatre ans, des bonifications aux assurances collectives ainsi que des mesures pour mieux protéger les travailleuses et les travailleurs en ces temps de crise afin de préparer une relance qui profitera à tout le secteur touristique, particulièrement à ceux et celles qui y travaillent et qui sont les véritables créateurs de richesse dans l’industrie.

15 règlements
Voici les 15 hôtels où des ententes ont été conclues avec le syndicat CSN représentant leurs salarié-es :

Montréal métropolitain
  • Suites Faubourg St-Laurent
  • Comfort Inn Dorval
  • Comfort Inn Pointe-Claire
  • Fairfield by Marriott
  • Hilton Laval
  • Quality Inn du centre-ville
  • Holiday Inn de Laval
  • Residence Inn
  • Ruby Foo’s
  • Best Western Côte-de-Liesse
  • Marriott Château-Champlain
Québec–Chaudière-Appalaches
  • Manoir du Lac Delage
  • Delta de Québec
Estrie
  • Quality Sherbrooke
  • Delta Sherbrooke

 

 

 

Minimum 18 $ : consensus du mouvement syndical et communautaire autour du salaire minimum

Un nouveau consensus voit le jour au sein du mouvement syndical et communautaire québécois : le salaire minimum doit être haussé à 18 $ l’heure, et ce, afin d’assurer qu’une personne seule travaillant 35 heures par semaine puisse se sortir de la pauvreté. C’est la raison d’être de la coalition Minimum 18 $, lancée ce matin, qui demande au gouvernement de François Legault de tenir compte des réalités économiques actuelles lors de l’annonce relative à la prochaine hausse du salaire minimum, attendue dans les jours à venir.

Cette mise à jour devenait nécessaire en fonction de la hausse du coût de la vie des dernières années. Malgré le fait qu’elle a rendu désuète la revendication antérieure de 15 $ l’heure, elle révèle le statut encore plus inapproprié du salaire minimum actuel de 13,50 $, soutiennent les membres de la coalition. Cette dernière regroupe le Collectif pour un Québec sans pauvreté, le Front de défense des non-syndiqué-es, le Centre des travailleurs et travailleuses immigrants, la FTQ, la CSN, la CSD, l’APTS, le SFPQ et le SPGQ.

« Il n’y a aucune raison, ni économique et encore moins morale, à ce qu’une personne travaillant à temps plein au Québec soit contrainte de vivre dans la pauvreté », ont fait valoir les représentantes et les représentants de la coalition lors du lancement de leur campagne ce matin. « Il est de la responsabilité de notre gouvernement de veiller à ce que tous les Québécois et toutes les Québécoises puissent, par leur travail, vivre dignement. »

« La pandémie aura révélé le rôle essentiel du personnel des résidences pour aîné-es, de la chaîne alimentaire et du commerce au détail, ont-ils déclaré. Or, une large proportion de ces personnes, majoritairement des femmes, doivent cumuler des emplois sous-payés, mais demeurent tout de même incapables de joindre les deux bouts pour faire vivre leur famille. En n’intervenant pas directement par l’entremise de la hausse du salaire minimum, le gouvernement cautionne cette marginalisation économique, cette exclusion sociale de centaines de milliers de travailleuses et de travailleurs, tout comme celle de leurs enfants. »

La vigueur actuelle de la reprise économique et les problèmes, omniprésents, de pénurie et de rareté de main-d’œuvre favorisent considérablement une telle hausse du salaire minimum, plaident les organisations syndicales et communautaires. Elles soulignent que les secteurs de la restauration et du commerce de détail, bien que ne représentant que 17 % de l’emploi total au Québec, cumulent pourtant à eux seuls 44 000 postes vacants, soit 23 % des emplois qui sont à combler à l’heure actuelle. Or, la moyenne des salaires offerts pour ces postes est de 15,07 $ l’heure, bien en deçà de la moyenne de 21,80 $ pour l’ensemble des postes vacants – et largement inférieure à la moyenne des salaires de l’emploi au Québec, qui se situe à 28,52 $.

Pour effectuer la mise à jour de leur revendication relative au salaire minimum, les membres de la coalition prennent en considération différentes données, notamment la mesure à faible revenu à 60 % de la médiane des revenus (MFR-60), un indicateur beaucoup plus englobant que la mesure du panier de consommation (MPC), qui ne tient compte que des besoins de base (à savoir se nourrir, se loger, se vêtir et se déplacer). À plus d’une reprise, les organisations membres de la coalition ont soulevé leurs préoccupations auprès du ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale quant au côté arbitraire de sa cible, soit un salaire minimum établi à 50 % du salaire moyen.

D’autres organisations syndicales et communautaires sont appelées à joindre la coalition au cours des prochains jours. C’est le cas de la CSQ, dont les instances démocratiques se prononceront sur le sujet à la mi-décembre.

Les sages-femmes réclament « une vraie reconnaissance » de leur travail

Le Regroupement des sages-femmes du Québec (RSFQ) rencontrera ce jeudi à Montréal les représentantes et les représentants du ministère de la Santé et des Services sociaux pour relancer les négociations avec le gouvernement provincial.

Le regroupement, affilié à la Fédération des professionnèles (FP–CSN), est sans entente de travail avec l’État québécois depuis le 31 mars 2020.

En juin dernier, le RSFQ a déposé ses demandes salariales qui visent à établir la parité avec d’autres professionnel-les du réseau de la santé. Mais en l’absence de mandat donné par le gouvernement à ses négociateurs, aucune rencontre de discussion n’a eu lieu depuis près de six mois.

Le regroupement rassemble 230 sages-femmes qui œuvrent dans les 15 maisons de naissance et les sept services de sages-femmes de la province. Le RSFQ tente d’obtenir « une vraie reconnaissance de la profession pour assister plus de naissances » à travers la province.

Une expertise unique en périnatalité
« Ces professionnelles apportent une expertise essentielle au réseau de la santé, aux femmes et aux familles du Québec qui désirent une approche plus humaine et globale en périnatalité, affirme Josyane Giroux, présidente du RSFQ. Le gouvernement du Québec doit passer à l’action et s’engager pour que les sages-femmes fassent partie de la solution à la crise en obstétrique qui frappe le Québec. »

En 2015, le gouvernement avait promis que les sages-femmes assumeraient dès 2019 les suivis de maternité complets de 10 % des Québécoises enceintes. Six ans plus tard, à peine 4,5 % des femmes enceintes ont accès aux services des sages-femmes.

« Reconnaître le travail des sages-femmes favorise des familles en meilleure santé, des communautés plus productives et un système de santé plus solide », fait valoir Mme Giroux.

Pour que les Québécoises aient accès aux services
Outre une nouvelle échelle de rémunération qui reconnaît leur « juste valeur » et qui met fin à la précarité des premières années de pratique, les sages-femmes souhaitent que leur autonomie professionnelle soit respectée et valorisée.

De plus, elles réclament des mesures d’attraction et de rétention en régions éloignées, où la pénurie de main-d’œuvre est la plus criante, et la création d’une banque de sages-femmes de dépannage encadrée par des conditions de travail décentes.

2,50 $ pour une journée de garde
« Les sages-femmes peuvent être appelées à toute heure du jour et de la nuit pour accompagner une naissance ou répondre aux questions de la clientèle », explique Mme Giroux.

Elles reçoivent environ 2,50 $ pour huit heures de garde. Ailleurs dans le réseau de la santé, les professionnel-les et les salarié-es obtiennent une heure de salaire pour chaque quart de travail en disponibilité.

Si attirer c’est bien, retenir c’est mieux !

Aux travailleuses et aux travailleurs sans emploi, Québec offrira une allocation de 475 $ par semaine si ceux-ci acceptent de retourner sur les bancs d’école en fonction des programmes identifiés par le gouvernement comme étant aux prises avec un problème de recrutement de main-d’œuvre.

Pour la présidente de la CSN, le fait que le gouvernement stimulera, par des bourses, l’accès aux d’études dans des secteurs où ce même gouvernement en est l’employeur démontre toute l’absurdité des piètres conditions de travail du secteur public. « S’il fut une époque où les gens s’orientaient spontanément vers le service public, c’est que les conditions de travail y étaient attrayantes. Or – on le constate dans les CPE, dans la santé, en éducation – ce n’est plus le cas. Malheureusement, le rendement de ces milliards annoncés en formation ne sera jamais optimal si la qualité des conditions de travail du secteur public n’est pas au rendez-vous. Parce qu’attirer c’est bien, mais retenir c’est mieux ! », soutient Caroline Senneville.

Un son de cloche largement partagé dans le secteur de la santé et des services sociaux. Le nouveau président de la FSSS–CSN, Réjean Leclerc, regrettait cette semaine que le gouvernement ait, encore une fois, agi seul. « Pourquoi ne pas avoir profité d’une telle opération pour entendre les solutions de celles et ceux qui tiennent nos réseaux à bout de bras depuis le début de la pandémie et leur offrir des possibilités d’avancement de carrière dans le réseau ? Il faut attirer la relève, c’est certain, mais il faut aussi s’assurer de reconnaître les efforts de celles et ceux qui sont à l’emploi. Et pour ça, il va falloir finir par s’attaquer aux conditions de travail ! »

La FSSS–CSN s’inquiète par ailleurs de voir que certains titres d’emplois du réseau de la santé et des services sociaux ont été exclus, comme les préposé-es en entretien ménager, les préposé-es en retraitement des dispositifs médicaux et le personnel de l’informatique. L’absence des auxiliaires dans le secteur de la santé et des services sociaux apparait particulièrement problématique, en raison des besoins grandissants en services de soutien à domicile, dont ils sont les principaux piliers.

Quels programmes ?

Le premier ministre s’est contenté d’identifier six secteurs, qu’il juge ou bien « essentiel », ou alors « stratégique » : la santé et les services sociaux, l’éducation, les services de garde, le génie, les technologies de l’information et la construction. La liste complète des programmes d’études admissibles devrait être rendue publique sous peu.

« Il y a de l’argent, mais pas pour tous. Seulement pour ceux qui [auront] fait les bons choix », soulignait Caroline Quesnel, présidente de la FNEEQ-CSN, lors du conseil fédéral de l’organisation. « C’est une vision utilitariste, qui subordonne l’éducation et l’enseignement supérieur aux besoins immédiats du marché. »

Pour la FNEEQ-CSN, l’Opération main-d’œuvre lancée en grande pompe par François Legault repose essentiellement sur une approche individualiste, basée sur les besoins des individus plutôt que sur ceux de l’ensemble des intervenants, étudiants comme professeurs, du réseau de l’éducation et de l’enseignement supérieur. « Il est très décevant de constater que l’investissement en enseignement supérieur, réclamé depuis fort longtemps, est essentiellement concentré sous forme de bourses aux études, sans prévoir suffisamment de ressources additionnelles dans nos collèges et nos universités pour accompagner les étudiantes et les étudiants dans leur réussite. »

Thérapie de conversion : la CSN satisfaite des nouvelles règlementations

La CSN tient à ajouter sa voix à celles des nombreuses personnes et organisations qui ont milité pour que cessent, à travers tout le Canada, les thérapies de conversion. Celles-ci seront formellement interdites à la suite de l’adoption, hier à Ottawa, d’un projet de loi à cet effet. La centrale syndicale tient à réitérer son engagement à poursuivre les batailles qui demeurent nécessaires pour mettre fin à la discrimination et à d’autres formes de violence vécues par les membres de la communauté LGBTQ+ en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre.

« Nous saluons l’adoption à l’unanimité de la loi interdisant les thérapies de conversion au Canada. Il s’agit d’une avancée importante et le résultat d’une longue bataille, tant au Québec qu’au Canada », a déclaré Katia Lelièvre, vice-présidente de la CSN et responsable politique du comité confédéral LGBT+ de la centrale syndicale.

En toute vapeur, hier à la Chambre des communes, une motion sans préavis a été présentée par le Parti conservateur, puis adoptée à l’unanimité par les parlementaires. Par cette motion, les députés ont adopté le projet de loi C-4, qui vise à interdire les thérapies de conversion. Lorsqu’il sera approuvé par le Sénat, le fait de faire suivre une thérapie de conversion à une personne, qu’elle soit mineure ou majeure, sera dorénavant un acte passible d’un emprisonnement maximal de cinq ans. En faire la promotion ou la publicité sera aussi passible d’une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à deux ans.

Réforme de la Loi sur la protection de la jeunesse : le ministre Carmant vise juste

Pour la Confédération des syndicats nationaux (CSN), le projet de loi réformant la Loi sur la protection de la jeunesse, présenté aujourd’hui par le ministre délégué à la Santé et les Services sociaux, Lionel Carmant, constitue un pas dans la bonne direction. La CSN se réjouit d’y retrouver plusieurs de ses recommandations.

Notamment, la CSN partage les objectifs visant à :

  • Réaffirmer que l’intérêt de l’enfant doit primer dans toutes les décisions qui le concernent ;
  • Permettre la communication de renseignements confidentiels lorsque c’est nécessaire pour protéger l’enfant ;
  • Répondre aux réalités particulières des enfants autochtones et inuits.

« Pour que cette réforme fonctionne, il faudra continuer le travail au niveau des services, tempère la présidente de la CSN, Caroline Senneville. Pour nous, il demeure impératif d’assurer un financement adéquat, dédié et stable pour les missions sociales du réseau de la santé et des services sociaux, mis à mal par des années d’austérité et de sous-financement. J’invite le gouvernement à s’engager sans tarder dans des travaux, avec la participation des syndicats, pour mettre en place des solutions à long terme aux problèmes d’attraction et de rétention de la main-d’œuvre dans ce secteur. Parce que la protection de la jeunesse, c’est avant tout des techniciennes et des professionnelles dévouées et compétentes qui voient leurs conditions de travail et d’exercice se dégrader d’année en année. Ce n’est pas sans conséquence sur les services à la jeunesse. »

Parmi les solutions envisagées par la CSN, notons l’amélioration des conditions de travail, la diminution des charges de travail, le travail interdisciplinaire, le respect de l’autonomie professionnelle ainsi que la conciliation famille-travail-études.

Enfin, la CSN souligne que les services de première ligne en prévention doivent permettre d’agir sur les déterminants sociaux de la santé. Pensons aux services éducatifs à l’enfance, à l’éducation, au logement, etc.

La Fédération des professionnèles (FP–CSN), qui représente des milliers de techniciennes et professionnelles du réseau au Québec, souligne qu’il y a urgence d’agir pour entamer un redressement. « Les listes d’attente ne font qu’augmenter depuis plusieurs années, rappelle sa vice-présidente, Jessica Goldschleger. Par conséquent, les délais d’intervention augmentent également. Finalement, nous nous retrouvons souvent avec des dossiers plus compliqués qui auraient dû être pris en charge beaucoup plus tôt, pour le bien-être de ces enfants. »

La Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN), qui représente toutes les catégories de personnel œuvrant en protection de la jeunesse notamment en territoire autochtone et inuit, salue l’orientation visant à mieux répondre aux besoins particuliers de ces communautés. « Pour nous, il était essentiel que cet enjeu spécifique soit traité », rappelle la représentante des techniciennes et professionnelles du réseau à la FSSS, Roxanne Palardy. « Nous sommes prêts à travailler concrètement avec le ministre pour faire en sorte que ces intentions se concrétisent sur le terrain. » 

Directeur national
Enfin, la CSN veut poursuivre la réflexion quant à la création du poste de Directeur national de la protection de la jeunesse. Pour la CSN, il faut s’assurer que la réforme amène globalement une certaine décentralisation et une amélioration des services. Il n’est pas clair que la création de ce nouveau poste y contribue.

L’État a la responsabilité d’offrir une rémunération plus compétitive

Pour la CSN, la CSQ et la FTQ, c’est sans surprise que les données dévoilées ce matin par l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) confirment l’accroissement de l’écart de la rémunération globale entre les employé-es de l’État et le reste des salarié-es québécois.

Dans son rapport, l’ISQ révèle que le retard entre la rémunération globale des employé-es de l’État – qui inclut le salaire, le régime de retraite et les autres avantages sociaux – et celle du reste des salarié-es du Québec demeure au-dessus des 9 % (9,2 % en 2020 et 9,4 % en 2021) alors qu’il était de 6,1 % en 2012.

Salaire
Le constat est sans appel : ces 10 dernières années, le salaire des employé-es de l’État comparé aux autres salarié-es du Québec n’a cessé de se détériorer, pour passer de 11,2 % (2012) à 17,6 % (2021).

Or, pour les présidences des trois centrales syndicales, le contexte de pénurie de main-d’œuvre commande des conditions salariales plus compétitives. « Les chiffres sont sans équivoque. Attirer et retenir le personnel, c’est le nerf de la guerre pour les prochaines années, partout, dans tous les secteurs. C’est aussi vrai pour les services publics. En plein contexte de pénurie de main-d’œuvre, le gouvernement a la responsabilité d’offrir à ses employé-es des conditions de travail et salariales attrayantes », de réagir Caroline Senneville (CSN), Éric Gingras (CSQ) et Daniel Boyer (FTQ).

« Chez les ouvriers spécialisés (menuisiers, peintres, électriciens et autres), l’écart de salaire avec les autres salarié-es québécois est de 36,4 % alors que l’écart chez les professionnel-les est de 14,6 % et de 21,7 % chez les employé-es de bureau. Ça devient gênant; comment Québec peut espérer attirer et retenir son personnel avec de tels salaires alors que dans bien des cas, particulièrement chez les ouvriers spécialisés, le privé offre un salaire bien supérieur à ce qu’offre le secteur public? », ajoutent les leaders syndicaux.

« Le gouvernement aura beau argumenter que les conclusions actuelles de l’ISQ ne tiennent pas compte des règlements de la dernière négociation du secteur public, il ne fait aucun doute que les retards observés demeureront. Comme les autres salarié-es québécois, on s’inquiète de l’impact de l’inflation, qui, dans plusieurs cas, risque d’être supérieure aux hausses de salaire. L’ISQ prévoit d’ailleurs qu’en 2021, le salaire des travailleuses et travailleurs va croître à un rythme beaucoup plus lent que l’Indice québécois des prix à la consommation (IPC), qui, en 2021, devrait tourner autour des 3,4 %. »

Pénurie de main-d’œuvre
En prévision de la prochaine ronde de négociation qui doit s’amorcer dans moins d’un an, les trois centrales syndicales, qui représentent quelque 325 000 travailleuses et travailleurs des services publics québécois, insistent sur le fait que la crise sanitaire a révélé au grand jour – et de façon brutale – la réalité des travailleuses et travailleurs du secteur public.

« Pour s’attaquer sérieusement à la capacité d’attraction et de rétention des réseaux, il est urgent d’améliorer la rémunération des travailleuses et travailleurs en éducation, en santé et dans la fonction publique en octroyant à ces derniers un rattrapage juste et équitable. Ce sont en grande partie ces travailleuses et ces travailleurs qui ont permis au Québec de traverser cette pandémie. Ne l’oublions pas », ont conclu les leaders syndicaux, qui rappellent aussi que ces emplois sont majoritairement occupés par des femmes.

Nos organisations (CSN, CSQ, FTQ) représentent plus de 1 125 000 travailleuses et travailleurs dans toutes les régions du Québec, tant dans le secteur public que privé.