La CSN salue les mesures annoncées par le gouvernement fédéral

La Confédération des syndicats nationaux (CSN) appuie les nouvelles mesures que le gouvernement fédéral entend mettre sur pied pour concrétiser la transition des prestataires de la Prestation canadienne d’urgence (PCU) vers le régime d’assurance-emploi.

« La prolongation de 4 semaines de la PCU devrait assurer un revenu aux travailleuses et aux travailleurs qui allaient bientôt avoir utilisé les 24 semaines auxquelles ils avaient droit, explique Jean Lacharité, vice-président de la CSN. Le crédit de 300 heures assurables qu’accorde le gouvernement fera en sorte que plusieurs prestataires qui n’étaient pas admissibles à l’assurance-emploi auparavant le seront maintenant puisque le seuil d’admissibilité aux prestations régulières sera établi à 420 heures assurables. »

La CSN se réjouit également de la création des trois nouvelles « Prestations canadiennes de la relance économique », lesquelles visent à fournir un revenu aux prestataires de la PCU qui ne seront toujours pas qualifiés pour recevoir des prestations d’assurance-emploi.

« Nous sommes heureux de voir que les travailleuses et les travailleurs indépendants, les personnes malades et celles qui doivent prendre soin d’un proche ne se retrouveront pas sans revenu du jour au lendemain », a ajouté M. Lacharité.

Toutefois, l’organisation syndicale rappelle que ces mesures ne sont que temporaires. Les problèmes qui minent le programme d’assurance-emploi depuis plusieurs années subsistent toujours, tout comme la nécessité de réformer celui-ci. L’annonce faite par la nouvelle ministre des Finances, Chrystia Freeland, sur le gel des cotisations au régime d’assurance-emploi pour les deux prochaines années a également de quoi faire sourciller.

« Nous sommes curieux d’en savoir plus sur le financement de ces nouvelles mesures. Il ne faudrait pas hypothéquer l’avenir à long terme de la caisse de l’assurance-emploi, s’inquiète M. Lacharité. Il ne faudrait pas se réveiller dans deux ans avec des cotisations qui explosent parce qu’on a créé un gigantesque trou dans la caisse. »

Le droit de travailler en français doit être renforcé

Le ministre Simon Jolin-Barrette a récemment annoncé son intention de redonner ses lettres de noblesse à la Charte de la langue française, malmenée et devenue chevrotante. Il a non seulement l’intention de mieux encadrer la langue de travail, mais il vise aussi à inclure dans la loi les entreprises sous compétence fédérale. La CSN ne peut que saluer et encourager ces intentions !

Les dernières décennies libérales ont fait mal à la protection de la langue française. La reconnaissance des comités de francisation dans les grandes entreprises a perdu des plumes, l’État se bilinguise et les tribunaux ont laissé tomber les travailleuses et les travailleurs qui tentaient de faire respecter leur droit de travailler en français. Souvenons-nous que l’ancien premier ministre libéral Philippe Couillard a déjà appelé les ouvrières et les ouvriers à apprendre l’anglais « si un cadre anglophone passait par là ». Cette idéologie malheureusement répandue a contribué à un refroidissement de la défense de la langue française dans un total déni de l’anglicisation du Grand Montréal.

Quels sont les faits ?

La dernière étude de l’Office québécois de la langue française (OQLF) montre clairement que les employeurs exigent de plus en plus l’anglais dans les entreprises. L’OQLF indique en effet qu’à Montréal, 63 % des entreprises exigent la connaissance de l’anglais et que 46 % des municipalités ou des arrondissements ont rejeté un candidat à cause d’une mauvaise connaissance de l’anglais.

L’OQLF avait déjà établi que la proportion de personnes travaillant généralement en français a considérablement diminué ces dernières décennies pour atteindre 67 %, soit un taux similaire à ce qui existait avant l’adoption de la Charte de la langue française en 1977 ! À Montréal, hélas, le pourcentage atteint 41 %. Toujours selon l’OQLF, les travailleuses et les travailleurs échangent maintenant à 40 % entre eux dans une autre langue que le français.

Modifier la loi 101

Vouloir défendre la langue française dans les milieux de travail, c’est avant tout vouloir défendre une langue commune : pour offrir des formations, pour diffuser des consignes de santé et de sécurité au travail, pour développer l’esprit d’équipe et pour créer une solidarité entre les travailleuses et les travailleurs.

Trop souvent, l’argument sur l’importance de l’apprentissage des langues par les individus se confond avec le bilinguisme organisationnel. Il faut distinguer la connaissance de l’anglais pour voyager, servir des touristes ou communiquer avec des entreprises étrangères, et l’obligation des travailleuses et des travailleurs au Québec de tenir leurs réunions en anglais. Le ministre Jolin-Barrette doit donc impérativement apporter des modifications à la loi pour, entre autres, renforcer l’article 46 portant sur l’interdiction d’obliger les travailleuses et les travailleurs à parler anglais lorsque ce n’est pas nécessaire, faciliter le processus de plaintes, octroyer aux comités de francisation paritaires de véritables pouvoirs d’action et élargir l’article 141 pour inclure les outils de travail.

Par ailleurs, les efforts de francisation au travail doivent devenir plus systématiques. Défendre le droit de travailler en français n’est pas anodin. Lorsqu’une langue n’est plus utile pour le travail, elle perd de sa vitalité. Valoriser l’utilisation du français dans les milieux de travail constitue une importante clé de voûte afin d’encourager les jeunes à étudier en français, à participer à la culture francophone et à vivre en français. C’est aussi contribuer à la valorisation de la diversité linguistique devant une mondialisation uniformisante et anglicisante. Vu l’envergure de cette évolution, nous espérons que le ministre, en collaboration avec la société québécoise, fera de sa réforme de la Charte de la langue française un véritable chantier d’inclusion et de solidarité.

Jacques Létourneau, président de la CSN

Le ministère de la Sécurité publique refuse de mettre ses culottes

Le Syndicat des agents de la paix en services correctionnels du Québec (SAPSCQ–CSN) condamne fortement le plan de déconfinement des Établissements de détention du Québec que le ministère de la Sécurité publique (MSP) met en branle à partir d’aujourd’hui.

« Le ministère serre la vis aux agentes et agents en nous forçant maintenant à porter la visière en tout temps, alors qu’il n’a même pas le courage d’imposer le port du masque aux personnes incarcérées, s’insurge Mathieu Lavoie, président du SAPSCQ–CSN. On impose le masque à la population entière dans tous les lieux publics fermés. Quel raisonnement tordu amène le MSP à conclure que les corridors et les salles communes d’un établissement de détention ne sont pas des lieux publics fermés ? On aimerait bien le savoir. »

Rappelons qu’avant le plan de déconfinement, les agentes et agents correctionnels devaient porter des masques, des gants et des chemises de protection dans les zones chaudes et tièdes. Le plan de déconfinement élaboré par le MSP leur impose maintenant la visière en tout temps alors qu’il laisse les personnes incarcérées décider si elles veulent porter le masque lors de leurs déplacements et lorsqu’elles se trouvent dans les aires communes.

« Encore une fois, les hauts dirigeants des services correctionnels et du MSP font preuve de négligence et démontrent un manque de reconnaissance flagrant pour le travail de leurs agentes et de leurs agents », poursuit M. Lavoie.

Du côté de la Fédération des employées et employés des services publics (FEESP–CSN), on s’interroge sur la pertinence de précipiter le déconfinement dans un milieu où les risques sont aussi importants.

« Nous avons vu à Bordeaux ce qui se produit quand la maladie s’introduit dans un établissement de détention, rappelle Nathalie Arguin, présidente de la FEESP–CSN. Le gouvernement affirme souvent craindre une deuxième vague de COVID-19, alors on comprend mal pourquoi il est si urgent de réduire les mesures de protection dans les prisons. »

Loi 15 sur les régimes de retraite : jugement très décevant pour les employé-es du secteur municipal

La Cour supérieure vient de rendre une décision qui confirme plusieurs dispositions de la loi 15 qui a permis de sabrer les droits acquis des travailleuses et des travailleurs du secteur municipal pour leur retraite. Seul point positif de la présente décision, les retraité-es n’auront pas à concéder de droits pour financer les déficits des caisses de retraite municipales. C’est tout le contraire qui attend celles et ceux qui sont encore actifs.

Rappelons que la loi 15, votée en 2014, a eu des conséquences dramatiques pour certains employé-es municipaux qui ont parfois perdu jusqu’à 40 % de leur rente de retraite en étant forcés de céder des droits sur le passé. Après la loi 15, plusieurs syndiqué-es ont été forcés de payer 50 % des déficits de leur régime de retraite, même si les conventions collectives convenaient d’un autre arrangement plus favorable envers les travailleuses et travailleurs. À la CSN, c’est quelque 8000 membres qui sont touchés par cette décision. Au Québec, on parle de plusieurs dizaines de milliers d’employé-es des municipalités ou des sociétés de transport en commun.

La CSN dénonce l’attaque que ce jugement du 9 juillet porte aux droits des associations et à leur capacité de négocier. Le juge Benoit Moulin confirme plusieurs effets néfastes de la loi 15. Selon la centrale syndicale, cette orientation est contraire à des arrêts passés de la Cour suprême. Cette loi permet en effet de revenir sur des droits déjà négociés et impose des limites pour la négociation du financement des régimes de retraite dans le futur. Selon la jurisprudence, revenir de façon substantielle sur les droits passés n’est pas constitutionnel. C’est une entrave sérieuse au droit d’association.

La CSN analysera rigoureusement ce jugement du 9 juillet 2020 afin de décider si elle le porte en appel.

La CSN, signataire de la charte de la CNESST à l’égard du coronavirus en milieu de travail

À titre d’organisation siégeant au conseil d’administration de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité au travail (CNESST), la CSN a signé la Charte d’engagement à combattre le coronavirus en milieu de travail.

Reconnaissant que le dialogue social multilatéral est la clé pour identifier et pour mettre en œuvre des solutions durables qui auront une influence directe sur les suites de cette crise, la CSN invite ses organisations affiliées ainsi que l’ensemble des employeurs à prendre les mesures suivantes :

• Collaborer étroitement, employeurs, travailleurs, travailleuses et leurs représentants ainsi que la CNESST, pour convenir du cadre de prévention en santé et sécurité du travail pour accompagner une reprise des activités durable et inclusive de l’ensemble des employeurs et des travailleurs et travailleuses ;
• Repenser l’organisation du travail et reconfigurer nos milieux pour répondre aux défis de la situation actuelle afin de réduire le risque de propagation du virus ;
• Mettre en place les règles de distanciation sociale et les méthodes de travail nécessaires qui pourront rassurer et protéger autant les travailleurs et les travailleuses que les clientèles ;
• Favoriser les meilleures pratiques et encourager, lorsque possible, le télétravail et l’utilisation de moyens de communication numériques avec les clients et les fournisseurs afin de ne pas exposer les clients et les travailleurs et travailleuses à une source de contamination ;
• Prendre, comme employeur, les mesures de prévention nécessaires afin de protéger la santé et la sécurité des travailleurs et travailleuses et veiller notamment à ce qu’ils n’exécutent pas leur travail lorsque leur état représente un risque pour leur santé ou leur sécurité, ou encore celles des autres ;
• Assurer, comme travailleur ou travailleuse, sa santé et sa sécurité, mais aussi celles de ses collègues de travail en ayant notamment l’obligation d’adopter une étiquette d’hygiène sanitaire adéquate et de divulguer sans délai la présence de symptômes associés à une infection à la COVID-19 ;
• Déployer, collectivement, tous les efforts nécessaires pour combattre la pandémie et maintenir, jusqu’à l’existence d’une option thérapeutique approuvée, les mesures de prévention de haut niveau afin de protéger la santé, la sécurité et le bien-être des travailleurs et travailleuses.

Le contenu intégral de la charte d’engagement ainsi que la liste des organisations signataires peuvent être consultés ici : https://www.cnesst.gouv.qc.ca/salle-de-presse/covid-19/Pages/charte-engagement.aspx

La ministre Joly doit venir en aide aux travailleuses et aux travailleurs

Dans une lettre envoyée à la ministre du Développement économique et des Langues officielles, Mélanie Joly, la Fédération du commerce (FC–CSN) demande à la ministre de venir au secours des travailleuses et des travailleurs de l’industrie touristique, les grands oubliés de l’annonce d’investissements qu’elle a faite plus tôt cette semaine.

« Plusieurs travailleuses et travailleurs saisonniers du tourisme ne pourront pas effectuer un nombre d’heures suffisant au cours de l’été pour avoir droit aux prestations d’assurance-emploi durant la saison morte. Ces personnes risquent donc de se retrouver sans aucun revenu l’automne venu », peut-on lire dans la lettre signée par Michel Valiquette, responsable politique du tourisme à la FC–CSN. Nous demandons donc à votre gouvernement de s’assurer que ces professionnel-les puissent continuer à avoir droit à la PCU tant que leur situation ne sera pas régularisée. »

M. Valiquette reconnaît toutefois que le gouvernement fédéral a mis de l’avant certaines idées que la FC–CSN appuie et qu’elle avait elle-même proposées, comme une campagne de promotion du tourisme local et l’aide à la rénovation pour adapter les installations en conformité avec les nouvelles normes sanitaires. Le signataire de la lettre apporte cependant quelques bémols significatifs à ce sujet.

« Nous craignons cependant que les sommes prévues pour ces programmes soient insuffisantes et nous aurions souhaité qu’un tel financement soit également disponible pour les entreprises souhaitant améliorer la performance écoénergétique de leurs établissements », précise M. Valiquette.

Ce dernier, qui est également trésorier de la FC–CSN, termine sa lettre par un appel à la collaboration de toutes les forces en présence.

«  Nous croyons enfin qu’un groupe de travail formé de représentants des deux paliers gouvernementaux, d’entrepreneurs, de groupes de consommateurs et de représentants syndicaux doit être mis sur pied, conclut-il. Un tel groupe aurait comme mandat de se pencher sur ces mesures et sur d’autres qui pourraient être instaurées afin d’aider les entreprises touristiques à se sortir du marasme actuel tout en veillant au maintien des conditions de travail des salarié-es de l’industrie. »

Huit syndicats affiliés à la CSN manifestent pour le maintien de la « prime COVID »

Quelques jours après avoir décidé de faire front commun, huit syndicats représentant plus de 4000 employé-es de l’industrie de la transformation de la viande manifestent lundi pour revendiquer le maintien de la « prime COVID » jusqu’à la fin de la pandémie.

« La décision des employeurs de mettre fin au versement de la prime, même si la crise sanitaire est loin d’être terminée, a outré les salarié-es de l’industrie, partout au Québec, explique le président de la Fédération du commerce (FC–CSN), David Bergeron-Cyr. Pourquoi retirer la prime maintenant alors que les travailleuses et les travailleurs continuent de risquer leur santé et de travailler avec des mesures sanitaires et de l’équipement de protection qui rendent leur travail encore plus laborieux. »

La FC–CSN, qui représente plus de 4500 salarié-es dans le secteur de la transformation de la viande, prévient que cette journée de manifestations coordonnées n’est que la première étape d’une longue série de moyens de pression qui seront mis en œuvre au cours des prochaines semaines.

« Nos membres sont en colère. La prime devrait continuer d’être versée tant et aussi longtemps que le risque est présent et nous n’en démordrons pas », insiste M. Bergeron-Cyr.

Une entente de principe serait la meilleure entrée en scène pour Mme LeBel

La Confédération des syndicats nationaux (CSN) espère que ce remaniement ministériel inattendu annoncé aujourd’hui par François Legault permettra de donner un nouveau souffle aux négociations du secteur public.

Pour Caroline Senneville, vice-présidente de la CSN et responsable des négociations du secteur public, « ce remaniement devra donner l’élan nécessaire pour faire débloquer les enjeux qui achoppent ».

La CSN note que ce remaniement ministériel survient dans les réseaux de la santé et des services sociaux ainsi que de l’éducation, alors que la partie patronale, comme la partie syndicale, ont émis le souhait d’une intensification des discussions aux tables de négociation. « Nous sommes assez surpris de voir toute la pression qui est mise par le Conseil du trésor pour arriver à un règlement avant la fin du mois de juin, alors que subitement, il y a un changement de ministre responsable. Espérons qu’avec l’arrivée de madame LeBel, nous verrons plus de cohérence entre les déclarations des élu-es responsables et les mandats portés par leurs porte-parole aux tables de négociation », affirme Mme Senneville.

Pour l’organisation syndicale qui représente plus de 150 000 personnes dans le secteur public, la présente ronde de négociation doit être l’occasion de régler les problèmes urgents de surcharge de travail et de précarité et doit aussi permettre d’améliorer les salaires des travailleuses et des travailleurs, notamment ceux des bas salarié-es des réseaux. La grande détérioration des conditions de travail au cours des dernières années a fait en sorte qu’il est devenu extrêmement difficile d’y attirer et d’y retenir le personnel.

« Les services publics étaient en crise avant la pandémie, ils le resteront si rien n’est fait. Nous espérons que la nouvelle présidente du Conseil du trésor saura discuter avec nous, sans politiser à outrance la négociation du secteur public. Nous avons des solutions pour les réseaux de la santé et des services sociaux, de l’éducation et pour les organismes gouvernementaux, encore faut-il que le gouvernement accepte de nous écouter. Un règlement satisfaisant des conventions collectives pour les 500 000 travailleuses et travailleurs des services publics serait une excellente entrée en scène pour la nouvelle présidente du Conseil du trésor », conclut-elle.

La convention collective de l’ensemble des travailleuses et travailleurs des services publics est échue depuis le 31 mars 2020.

Mise à jour économique : des cibles ambitieuses et des moyens à préciser, estiment les centrales syndicales

Réagissant à la mise à jour économique du ministre des Finances Éric Girard, la FTQ, la CSN, la CSQ et la CSD accueillent positivement le recours à la réserve de stabilisation afin de contrer le déficit de 14,9 milliards et la création d’une provision budgétaire de 4 milliards de dollars pour anticiper les effets d’une possible deuxième vague de contamination.

Les centrales sont toutefois perplexes quant au versement intégral des sommes prévues au Fonds des générations. Elles estiment que ces 2,6 milliards de dollars auraient été beaucoup mieux utilisés en étant investis dans la relance économique et dans la consolidation de nos services publics, grandement mis à l’épreuve depuis le début de la crise de la COVID-19. Les organisations syndicales rappellent que c’est justement cette obsession du remboursement de la dette qui est en partie tributaire de l’hécatombe constatée ces dernières semaines dans le réseau de la santé et des services sociaux.

La FTQ, la CSN, la CSQ et la CSD notent également que les prévisions de croissance économique, ambitieuses, de 6,0 % en 2021 et de 2,4 % de 2022 exigeront d’importantes mesures de relance économique. Afin d’y parvenir, le gouvernement doit rapidement convier l’ensemble des acteurs socioéconomiques afin de détailler les mesures de relance à privilégier. C’est en ce sens qu’elles ont publié hier la plateforme Repenser et relancer le Québec disponible sur leur site Internet respectif.

Par ailleurs, les centrales syndicales indiquent qu’une fois soustraits la provision de 4 milliards et les versements au Fonds des générations, le déficit réel s’approche de la somme de 8,3 milliards, un déficit important, certes, mais bien moindre que les 15 milliards annoncés aujourd’hui. Aussi, elles soulignent que l’année 2019-2020 s’est soldée, une nouvelle fois, avec un surplus beaucoup plus élevé qu’initialement prévu. Le Québec amorçait donc la crise économique dans une situation financière plus qu’enviable.

Citations

« La FTQ se réjouit de l’engagement public du ministre de ne pas reprendre la stratégie de l’austérité de l’ancien gouvernement libéral qui a tant fait mal à nos services publics. Nous saluons aussi la volonté de Québec de mettre le temps qu’il faut pour lutter contre le déficit. Cependant, le gouvernement devra être au rendez-vous pour améliorer les conditions d’exercice d’emplois et les salaires des travailleuses et travailleurs du secteur public. » – Daniel Boyer, président de la FTQ

« Les objectifs de croissance économique du gouvernement sont ambitieux, mais atteignables. Pour y parvenir, le gouvernement doit réunir l’ensemble des acteurs économiques afin de réfléchir aux meilleures stratégies pour appuyer la relance. Celles-ci ne peuvent se réduire à l’accélération de projets d’infrastructure déjà prévus. Des choix de société sont à faire et des mesures particulières doivent être pensées et développées collectivement. Le gouvernement doit favoriser le dialogue social pour atteindre les objectifs qu’il se fixe aujourd’hui. » – Jacques Létourneau, président de la CSN

« La mise à jour économique confirme que le Québec a évité le pire avec des surplus importants accumulés lors des dernières années, notamment le nouveau surplus de 3 milliards pour 2019-2020. Ces montants nous permettent de mieux passer au travers de la pandémie. C’est une bonne nouvelle, puisque personne ne veut revivre l’austérité qui a coupé les services aux familles et aux aîné-es, particulièrement à celles et à ceux en situation de vulnérabilité. Pour soutenir la relance, il nous apparaît plus pertinent que jamais d’investir en éducation, en enseignement supérieur, en santé et en petite enfance, où les besoins sont criants. » – Sonia Ethier, présidente de la CSQ

« Le gouvernement s’engage à retourner à l’équilibre budgétaire d’ici cinq ans, et ce, sans que ça se fasse au détriment des services publics ou par une hausse du fardeau fiscal des Québécoises et des Québécois. S’il s’agit d’une bonne nouvelle pour les services publics, nous croyons sincèrement qu’il y a des choses à explorer du côté des entreprises qui tentent d’échapper au paiement de leur juste part, notamment les géants du numérique. Québec doit augmenter la pression sur Ottawa pour mettre en place une taxe temporaire, le temps que les travaux de l’OCDE aboutissent. » – Luc Vachon, président de la CSD

 

 

Des projections urbaines pour réclamer des investissements dans les services publics

Ce soir, dès la tombée du jour, les travailleuses et les travailleurs du secteur public de la CSN utiliseront des projections urbaines dans le centre-ville de Montréal pour envoyer un message clair au gouvernement de la CAQ, en vue de l’énoncé économique qui sera déposé demain : Le Québec doit faire mieux et investir massivement dans les services publics.

« La crise actuelle met en lumière les dégâts causés par des années de compressions et de mesures d’austérité. Dans bien des secteurs, la situation était déjà critique avant la pandémie; et ça ne va pas en s’améliorant. Ça prend des investissements importants pour mettre en place des mesures structurantes, pas de simples pansements », affirme Caroline Senneville, vice-présidente de la CSN.

Pour la CSN, ces investissements dans les services publics doivent permettre d’améliorer à la fois les salaires et les conditions de travail. L’organisation syndicale rappelle qu’en novembre dernier, l’Institut de la Statistique du Québec confirmait à nouveau que le personnel des services publics était moins bien rémunéré que le reste des salariés québécois. « Il faut briser cette spirale qui tire tout le secteur public vers le bas : des salaires insuffisants qui n’attirent plus, des pénuries de personnel qui se multiplient, des surcharges de travail qui entraînent des maladies professionnelles, de nouvelles pénuries qui s’ajoutent… Ça ne peut plus continuer comme ça ».

Les travailleuses et les travailleurs du secteur public de la CSN sont conscients que le Québec doit faire des choix. Ils demandent aujourd’hui à la CAQ de choisir le bien-être de la population.

« La négligence des derniers gouvernements envers les besoins criants des réseaux publics a rendu l’attraction et la rétention du personnel extrêmement difficiles. Le gouvernement de la CAQ a maintenant le devoir de réparer ce qui a été brisé pour que la population du Québec puisse bénéficier des services auxquels elle a droit », conclut Caroline Senneville.

Les mesures pour les travailleuses et les travailleurs se font toujours attendre

La Fédération du commerce (FC–CSN) déplore le fait que les plans dévoilés récemment par les gouvernements provincial et fédéral pour la relance de l’industrie touristique n’incluent aucune mesure visant à soutenir les travailleuses et les travailleurs du secteur.

« Les mesures annoncées par le gouvernement du Québec sont un pas dans la bonne direction, concède Michel Valiquette, responsable politique du tourisme à la FC–CSN. Nous avions nous-mêmes proposé plusieurs de ces initiatives, notamment en ce qui a trait à la stimulation de la demande intérieure et à l’aide à la rénovation. Par contre, nous sommes très déçus de voir qu’autant au provincial qu’au fédéral, aucune aide n’a été annoncée pour les salarié-es. »

Afin de venir en aide aux travailleuses et aux travailleurs, la FC–CSN demande notamment la prolongation de la Prestation canadienne d’urgence (PCU) et du Programme de subvention salariale d’urgence du Canada (SSUC) ainsi que la mise en place de programmes de formation professionnelle pour soutenir les employé-es mis à pied dans leurs démarches d’acquisition de nouvelles compétences.

« Les salarié-es de l’industrie touristique ont été parmi les premiers à être affectés par la crise de la COVID-19 et ils ont été durement touchés, rappelle M. Valiquette, qui est également trésorier de la FC–CSN. Plusieurs d’entre eux auront bientôt épuisé les 16 semaines de la PCU auxquelles ils avaient droit et n’auront pas accumulé suffisamment d’heures de travail pour recevoir de l’assurance-emploi. Les gouvernements doivent absolument s’arranger pour éviter que ces professionnel-les de l’industrie touristique se retrouvent sans revenus. »

La FC–CSN demande également au gouvernement du Québec de mettre sur pied un groupe de travail formé de représentants gouvernementaux, d’entrepreneurs, de groupes de consommateurs et de représentants syndicaux afin que tous les acteurs concernés puissent travailler ensemble à une relance durable de l’industrie touristique.

« Si on veut que le secteur retrouve son effervescence des dernières années, il faut que tout le monde travaille ensemble. Les travailleuses et les travailleurs sont au cœur de cette industrie, qui était déjà aux prises avec un problème d’attraction et de rétention de main-d’œuvre. Ils doivent absolument être pris en compte dans tout plan de relance économique. »

Les femmes exclues de la relance économique

Les femmes ont été touchées de multiples façons par les conséquences de la COVID-19. Comme elles composent la majeure partie du personnel de la santé et des services sociaux ainsi que du réseau de l’éducation, elles ont été en première ligne au plus fort de la crise.

Selon les types d’emplois, les femmes fournissent entre 70 % et 90 % de la main-d’œuvre dans le secteur public. Affrontant au quotidien les difficultés de santé et de sécurité entraînées par la situation exceptionnelle que nous connaissons, elles ont veillé sur leurs concitoyennes et concitoyens dans les hôpitaux, les CHSLD et autres établissements de santé, les services à domicile et les services de garde. Elles ont également dû faire preuve d’adaptation et de créativité pour faire l’école à la maison et organiser la reprise des classes. Aussi bien dire qu’elles portent les services publics sur leurs épaules.

Or, elles remportent malheureusement la palme au chapitre des pertes d’emplois causés par la COVID-19. Les données d’Emploi-Québec révèlent qu’en mars seulement, 167 900 d’entre elles ont été mises à pied au Québec, comparativement à 96 100 hommes. Pourquoi un si grand écart ? Parce que les pertes d’emplois ont principalement été infligées aux personnes occupant des postes précaires ou des postes peu rémunérés. Deux catégories où les femmes sont surreprésentées.

Et pourtant, les femmes demeurent les grandes oubliées du plan de relance économique du gouvernement Legault.

Un plan par des hommes et pour les hommes
Certes, un plan de relance et de création d’emplois s’impose et la CSN n’a pas manqué de le souligner lors de sa participation à la commission parlementaire sur le projet de loi 61. Avec ce projet de loi, le gouvernement restreint toutefois son apport à la reprise économique en accélérant des projets déjà prévus pour la plupart, bafouant au passage les règles démocratiques et environnementales. Cette stratégie de relance consiste essentiellement en des investissements massifs dans des projets d’infrastructure. Cette fois encore, Québec compte injecter 2,9 milliards dans le Programme québécois des infrastructures, qui s’ajoutent aux 11 milliards prévus. La CAQ mise de la sorte sur des projets de construction et de transport et favorise la création d’emplois principalement masculins. Bien qu’il puisse être louable d’investir dans ce type d’économie, les travailleuses n’y trouveront pas leur compte.

Il est d’ailleurs ironique qu’on les mette ainsi de côté après avoir tant compté sur elles durant la crise. Le moment était pourtant parfait pour recourir à l’analyse différenciée selon les sexes afin d’atteindre l’égalité entre les femmes et les hommes par des mesures concrètes. Or, ceux qui œuvrent principalement à cette relance depuis quelques semaines, quatre hommes (Christian Dubé au Conseil du trésor, Éric Girard aux Finances, Pierre Fitzgibbon à l’Économie et Jean Boulet au Travail), ont manqué de sensibilité et d’équité envers les femmes. L’occasion était pourtant belle pour élargir nos horizons et compter sur un leadership féminin et féministe au sein du conseil des ministres.

Bien sûr, on peut arguer que les 10 000 postes de préposé-es aux bénéficiaires à venir seront occupés entre autres par des femmes. Mais qu’arrivera-t-il des emplois de même type dans le secteur privé ? Par ailleurs, il ne serait pas surprenant que les hommes accourent pour occuper ces nouveaux postes maintenant bien rémunérés.

La relance de Legault : à redéfinir
Le monde d’aujourd’hui sera bien différent de celui d’hier et dans ce contexte, il y aurait lieu de réfléchir à une véritable transformation de notre société. N’oublions pas que la crise financière de 2008 a engendré, dans plusieurs États occidentaux, des mesures d’austérité sans précédent. Les femmes y ont goûté de façon directe. Et les services publics, qui ont passé dans le tordeur en même temps que la job des femmes, en pâtissent encore aujourd’hui.

Le gouvernement a attendu que les services offerts aux personnes âgées ans les CHSLD tant publics que privés implosent sous nos yeux avant d’agir. Mais il n’a pas saisi la chance offerte par cette relance pour améliorer la qualité des soins et des services au cœur duquel les femmes occupent une place prépondérante.

On ne peut se limiter à des mots bienveillants en temps de crise et à des augmentations de salaire ponctuelles pour souligner l’apport crucial des femmes à la société. Il est temps de reconnaître enfin qu’elles sont un maillon déterminant pour des services publics dignes de ce nom.

Véronique De Sève
Vice-présidente de la Confédération des syndicats nationaux (CSN)

Les syndicats d’Olymel feront front commun

En réaction à l’annonce d’Olymel à l’effet qu’elle cessera, le 22 juin prochain, le paiement de la prime de 2 $ l’heure qu’elle versait à ses salarié-es en raison de la pandémie de la COVID-19, les sept syndicats des usines et de l’entrepôt d’Olymel affiliés à la Fédération du commerce (FC–CSN) consulteront leur conseil syndical afin d’obtenir un mandat pour créer un front commun en opposition à cette décision.

« Plusieurs exemples, au Québec et ailleurs, ont démontré que les travailleuses et les travailleurs du secteur de la transformation de la viande sont parmi ceux qui sont le plus à risque durant la pandémie, rappelle le président de la FC–CSN, David Bergeron-Cyr. La prime devrait continuer d’être appliquée tant et aussi longtemps que le risque est présent. »

La FC–CSN, qui représente plus de 4 500 salarié-es dans le secteur de la transformation de la viande, estime que la décision d’Olymel est d’autant plus injustifiée que les ventes de l’entreprise n’ont pas diminué de façon significative durant la crise.

« Ce sont les travailleuses et les travailleurs qui risquent leur santé et doivent composer avec des mesures sanitaires et de l’équipement de protection qui rendent leur travail encore plus laborieux, explique M. Bergeron-Cyr. Pendant ce temps, Olymel continue de s’en mettre plein les poches. »

La Fédération du commerce (FC–CSN) compte quelque 28 000 membres regroupés dans plus de 330 syndicats présents dans les secteurs du commerce de détail, de gros et de services divers, de l’agroalimentaire, des finances et du tourisme.

PL61 : la relance ne peut se faire sur le pilote automatique ni de façon autocratique, plaide la CSN

Paraissant en commission parlementaire sur le projet de loi 61 aujourd’hui, la CSN a défendu l’objectif du gouvernement de soutenir la relance économique et la création d’emplois en intensifiant le déploiement de projets d’infrastructure. Toutefois, s’inquiète la centrale syndicale, le gouvernement ne peut faire l’économie d’une réflexion impliquant la société civile quant aux orientations à donner à la reprise, encore moins en déréglementant tous azimuts les mécanismes de contrôle politiques, civiques et environnementaux dont le Québec s’est doté pour baliser de tels projets d’infrastructure.

En ce sens, le projet de loi 61 portant sur la relance de l’économie du Québec doit être profondément revu avant son adoption, estime la CSN.

« Oui, le gouvernement doit investir massivement pour relancer l’économie. Maintenant, ce n’est pas parce que nous sommes d’accord sur le principe que nous allons cautionner la façon de faire rétrograde qui est envisagée par le gouvernement », a plaidé le président de la CSN, Jacques Létourneau.

« Nous sommes devant un curieux paradoxe, a soulevé le porte-parole syndical. D’un côté, le gouvernement désire à ce point relancer l’économie qu’il trouve approprié de suspendre toute forme de contrôle parlementaire, de minimiser les obligations de reddition de compte et de saccager les règles en matière d’environnement et d’octroi de contrats publics. De l’autre, il reprend intégralement ses engagements électoraux, sans aucune forme de consultation de la population, ni même un semblant de réflexion quant aux mesures qui pourraient être les plus appropriées pour faire face aux nombreux défis économiques et sociaux engendrés par la crise. Alors que nous avons une occasion en or de mettre de l’avant un développement économique axé sur une nécessaire transition énergétique, le gouvernement se met en mode « business as usual ». Pour le dialogue social pourtant demandé par la quasi-totalité de la société civile, on repassera ! »

À cet égard, le président de la CSN se désole de constater que les projets de construction et de rénovation bénéficieront principalement aux travailleurs masculins. « Les femmes ont été les plus touchées par la crise, note Jacques Létourneau. Les pertes d’emploi ont été catastrophiques pour les personnes qui occupent des postes précaires et à temps partiel, parmi lesquelles les femmes sont nettement surreprésentées. Le projet de loi sur la relance n’apporte pas non plus de réponse pour les travailleuses et les travailleurs des secteurs culturel et touristique, durement affectés par la crise. »

La CSN s’inquiète grandement du manque flagrant de contrôle parlementaire prévu par le projet de loi, notamment par la promulgation d’un état d’urgence sanitaire quasi permanent. « Dans un état de droit, le recours à un décret sanitaire doit servir à répondre à des impératifs de santé de la population. Pas à enfreindre l’obligation de rendre des comptes aux parlementaires et à la population ni à outrepasser les règles environnementales. En ce sens, le projet de loi 61 fait sérieusement reculer le Québec, dont le destin ne peut être dicté à coups de décrets ministériels. Il y a lieu de s’inquiéter d’une telle volonté de bafouer nos institutions démocratiques », de conclure le président de la CSN.

Olymel soigne son image, mais se moque de ses employé-es

À la suite de l’annonce d’Olymel  confirmant qu’elle ouvrira ses usines les samedis 30 mai et 6 juin afin d’abattre plus de porcs et d’éviter « l’abattage humanitaire », la Fédération du commerce (FC – CSN) regrette que l’entreprise refuse toujours de payer ses salarié-es à taux double pour les heures supplémentaires qui devront être travaillées afin que cette initiative porte fruits.

« Ce sont les travailleuses et les travailleurs qui s’exposent au risque en travaillant une journée de plus, affirme le président de la FC – CSN, David Bergeron-Cyr. Olymel pourrait redonner à la communauté en acceptant de payer ses salarié-es à taux double, d’autant plus que l’offre des producteurs fait en sorte que cela se ferait à coût nul pour la compagnie. C’est ça que les employé-es veulent, pas un billet de tirage pour un panier d’épicerie. »

La FC – CSN, qui représente plus de 4 000 salarié-es dans le secteur de la transformation de la viande, estime qu’Olymel est davantage préoccupée par son image que par le sort des travailleuses et des travailleurs .

« Évidemment, on veut aider les producteurs qui sont aux prises avec des porcs en surplus, mais cette initiative est davantage une opération de relations publiques qui a pour objectif d’aider Olymel à redorer son blason, renchérit le président de la fédération. Si Olymel voulait vraiment faire une différence, elle donnerait une bien plus grande portion des profits de la vente des porcs abattus pendant ces deux jours à des organismes de la région. »

La Fédération du commerce (FC – CSN) compte quelque 28 000 membres regroupés dans plus de 330 syndicats présents dans les secteurs du commerce de détail, de gros et de services divers, de l’agroalimentaire, des finances et du tourisme.

Aide juridique : l’arrêt des procès nuit aux enfants et aux accidenté-es

L’accès à la justice est une autre des victimes de la COVID-19. La mise sur pause de notre système de justice et l’accumulation importante de dossiers qui l’accompagne risquent de causer des préjudices à bien des personnes au Québec, y compris à des enfants vulnérables et à des accidenté-es du travail qui comptaient sur l’aide juridique. On annonce un plan de réouverture des tribunaux pour le 1er juin. Même si ceux-ci reprenaient leurs travaux en juin, le nombre de salles dans les palais de justice pourrait ne pas suffire à rattraper les retards créés au cours des deux derniers mois.

« Dans la mouvance de la commission Laurent, il faudra être très vigilant », indique Émilie Lacroix, avocate de l’aide juridique à Rivière-du-Loup qui pratique en droit de la jeunesse. Cette dernière explique que les cas urgents, ceux qui exigent par exemple de retirer un enfant de son milieu, sont entendus par audience téléphonique. Bien que la Loi sur la protection de la jeunesse permette de procéder de cette façon dans des cas exceptionnels, l’avocate considère que cela soulève d’importantes questions relativement au respect des droits fondamentaux des enfants, des adolescents et des parents vulnérables.

La situation n’est pas facile non plus du côté du droit administratif, comme pour les cas d’accidenté-es du travail qui contestent les décisions de la CNESST. Même avant la crise de la COVID-19, il n’y avait que trois avocats de l’aide juridique pour ce genre de cause (CNESST, SAAQ, IVAC et Retraite Québec) pour l’ensemble du territoire de Laval et de Montréal ! « Il va y avoir un important retard à rattraper », confirme Bruno Boucher, avocat de l’aide juridique à Montréal. « En région, c’était déjà très long avant d’avoir une date de procès en droit administratif », précise Émilie Lacroix. Avec les dossiers qui s’empilent pendant la pandémie, plusieurs accidenté-es du travail ou de la route, victimes d’actes criminels ou assisté-es sociaux devront donc prendre leur mal en patience.

Fin de la grève générale illimitée : une nouvelle convention collective signée pour deux ans

Après près de 14 semaines de grève, les membres du Syndicat des travailleuses et travailleurs de la Coop du Collège de Maisonneuve (STTCCM–CSN) ont adopté à l’unanimité une entente de principe en assemblée générale qui a mené à la signature, le 8 mai dernier, d’une convention collective d’une durée de deux ans. Le vote sur cette entente, effectué en ligne le 30 avril, s’est tenu à scrutin secret.

« Ce règlement constitue un immense soulagement pour nous, après plus de trois mois de grève. Nous avons réussi à bloquer les demandes de recul que voulait nous imposer l’employeur, en plus d’avoir réalisé quelques gains, notamment en ce qui a trait aux salaires. Malgré le goût amer que nous laisse cette lutte menée pendant des semaines, nous sommes aujourd’hui satisfaits. Cela dit, ce long conflit a laissé des traces durables, dont la fermeture du café étudiant. Les ponts devront être rebâtis, tout comme le lien de confiance avec l’employeur », a affirmé Jean-Sébastien Provencher, président du STTCCM–CSN.

Un conflit pas comme les autres

Cette négociation, qui devait s’ouvrir sous le signe de la réconciliation après le dernier conflit en 2017, a plutôt débuté avec des demandes de recul de la part de l’employeur, en plus de se dérouler dans des circonstances exceptionnelles de crise sanitaire. « Entre le départ de la direction générale, le changement de porte-parole du côté de l’employeur, la fermeture du café étudiant, la pandémie et la fermeture du collège, nous pouvons dire que rien dans ce conflit de travail n’a été ordinaire. Mais la détermination et le courage dont ont fait preuve les membres du STTCCM–CSN ont eu raison de l’entêtement de l’employeur, ce qui constitue une victoire dans les circonstances », a déclaré Alexandre Giguère, vice-président de la Fédération du commerce (FC–CSN).

Autre gain significatif dans ce contexte inédit : la solidarité qui s’est créée au sein de la communauté collégiale. « Ce qui est encourageant, malgré la durée du conflit, c’est de voir toute la solidarité qui s’est tissée au fil des mois avec, notamment, l’association étudiante du cégep et le Syndicat des professeures et professeurs du Collège de Maisonneuve. En période crise, on se rend compte plus que jamais à quel point la solidarité peut faire toute la différence. Aujourd’hui, je lève mon chapeau aux travailleuses et aux travailleurs de la Coop Maisonneuve qui se sont battus sans relâche pour se faire respecter et obtenir de meilleures conditions de travail. Votre fougue et votre ténacité sont tout à votre honneur ! », a ajouté Dominique Daigneault, présidente du Conseil central du Montréal métropolitain (CCMM–CSN).

Le syndicat invite enfin tous les étudiants et le personnel du cégep à préserver ce lien de solidarité qui sera précieux pour la suite des choses. « Nous aurons besoin de cette solidarité et de la vigilance de chacun dans les semaines et les mois qui viennent pour assurer une reprise saine des activités de la Coop. C’est en restant unis que nous pourrons y arriver », de conclure M. Provencher.

Rappelons qu’un mandat de 72 heures de grève avait été voté le 7 janvier 2020, un mois avant que ne soit déclenchée la grève générale illimitée à la suite du rejet d’une offre qualifiée de « finale » par l’employeur. Il s’agissait de la deuxième négociation en deux ans pour le STTCCM–CSN et le deuxième conflit de travail en autant de temps.

Une prime qui confirme que les salaires sont insuffisants

« Bien entendu, cette nouvelle prime est bienvenue, mais cette augmentation temporaire de salaire sous forme de prime vient encore une fois confirmer que les travailleuses et les travailleurs des services publics sont sous-payés. »

La CSN réagissait ainsi à l’annonce faite aujourd’hui par le premier ministre d’une nouvelle prime pour le personnel soignant travaillant à temps plein dans les CHSLD ou les zones chaudes des hôpitaux. L’organisation syndicale, qui représente plus de 150 000 personnes dans les services publics, réclame depuis le tout début de la crise une prime de 3 $ l’heure pour tout le personnel au front contre la COVID-19 et de 4 $ l’heure pour ceux et celles qui offrent plus de disponibilité.

« Le fait que cette nouvelle prime soit en montant fixe plutôt qu’en pourcentage répond à nos demandes exprimées et répétées depuis le 23 mars, soit que la reconnaissance du risque ait la même valeur pour toutes et tous. Toutefois, nous déplorons que cette prime ne s’applique toujours pas à toutes les travailleuses et tous les travailleurs au front, notamment à l’ensemble du personnel en santé et services sociaux et au personnel des services de garde d’urgence qui est aussi sur la première ligne depuis le début », affirme Caroline Senneville, vice-présidente de la CSN.

« Il ne faut pas perdre de vue que la seule solution à long terme pour contrer la rareté de main-d’œuvre qui sévissait déjà avant la pandémie dans le secteur public, c’est de reconnaitre pleinement la valeur du travail de tout le personnel. Si on veut agir pour retenir les travailleuses et les travailleurs des réseaux, c’est ce qu’il faut faire ». La CSN convie le gouvernement à convenir dès maintenant de telles solutions adaptées et durables.

« Au cœur de cette crise, on le constate plus que jamais, les services publics sont les piliers de notre société. Ces piliers sont fragiles, la population le comprend aujourd’hui. Il faut s’assurer de les renforcer en améliorant significativement et de façon permanente les conditions de travail et de pratique ainsi que les salaires de celles et ceux qui sont là pour nous, pour nos grands-parents, pour nos enfants, pour nos amis », conclut Caroline Senneville.

La CSN déplore le manque de protection des travailleurs vulnérables et la confusion du gouvernement à cet égard

La CSN déplore vivement la confusion généralisée à l’égard des travailleuses et des travailleurs de 60 ans et plus ainsi que des personnes vulnérables dans un contexte de déconfinement, qui semble de plus en plus improvisé. La centrale syndicale exige du gouvernement des consignes claires à l’endroit des employeurs, notamment dans le secteur public, afin que tout soit mis en œuvre pour protéger leur santé et leur sécurité.

« Lundi, François Legault indiquait que toute personne âgée de 60 ans et plus devait demeurer confinée. Hier, la vice-première ministre déclarait que celles-ci sont aptes à retourner au travail. Rien pour rassurer les travailleuses et les travailleurs », dénonce Jacques Létourneau. Le président de la CSN rappelle que les directives du ministère de l’Éducation en date de vendredi dernier étaient claires à cet égard, avant qu’elles ne soient changées du tout au tout mercredi matin.

« Malgré les appels à la flexibilité et à l’ouverture lancés par le premier ministre, la confusion règne au sein des établissements de santé, d’éducation et de services de garde, constate Jacques Létourneau. Qu’il s’agisse d’une travailleuse enceinte ou d’une personne immunosupprimée ou à la santé fragile en raison de son âge, c’est une bataille de tous les instants pour exiger d’être retiré du milieu de travail. La confusion qui règne au sein du Conseil des ministres n’aide en rien cette situation. »

« Nous ne voulons pas prêter de mauvaises intentions au gouvernement, de poursuivre M. Létourneau. Mais devant la confusion des messages et les changements de cap du gouvernement, on se demande si le déconfinement des écoles et des services de garde n’est pas d’abord au service d’une relance économique précipitée, et ce, au détriment de la santé et de la sécurité de la population. »

La CSN exige ainsi du gouvernement qu’il transmette une consigne claire aux employeurs du secteur public et également à ceux du secteur privé. Toute personne craignant pour sa santé ou sa sécurité devrait pouvoir être exclue de son milieu de travail. Pour la CSN, le libre arbitre des employeurs locaux, qui a clairement démontré ses limites et ses contradictions, doit cesser.

Surcharge et manque de concertation

Dans son mémoire présenté hier devant la Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse, la CSN estime qu’il est urgent pour le gouvernement d’investir temps, énergie et argent afin de redresser la situation des services sociaux. Résultant d’une consultation des membres ayant une expérience significative auprès d’enfants et de familles en contexte de vulnérabilité, le mémoire donne la parole aux intervenantes sur le terrain.

Organisation et financement
La majorité des intervenantes interrogées ont indiqué ne pas avoir l’impression d’offrir des services de qualité et selon l’intensité requise : la rupture dans le continuum des services, le manque de personnel et la surcharge de travail font en sorte qu’elles doivent trop souvent s’improviser « pompières » et éteindre des feux de cas plus critiques. Pendant ce temps, d’autres cas doivent patienter plus longtemps. Une organisation offrant davantage de souplesse, dans un plus grand respect de l’autonomie professionnelle et du jugement clinique, permettrait d’offrir des services selon la qualité et l’intensité requises. Quant au financement, le constat est clair : les investissements sont insuffisants en raison du sous-financement chronique. De plus, les sommes investies sont mal réparties, engendrant ainsi un accès difficile aux soins et aux services. Devant la représentante de la Commission, Jean Lacharité, vice-président de la CSN, a souligné « l’urgente nécessité de réinvestir de façon majeure dans les CLSC de manière à pouvoir travailler en amont sur le plan de la prévention de la maltraitance envers les jeunes ».

Pour assurer l’accès et la continuité des services à la jeunesse, le financement adéquat et stable des missions sociales du réseau de la santé et des services sociaux ainsi que des partenaires du réseau, comme les organismes communautaires, est essentiel.

Conditions de pratique
Plus de la moitié des intervenantes relatent avoir une trop grande charge de travail et ne pas arriver à suffire à la tâche pendant les heures normales de travail. En plus d’être trop grande, cette charge est complexe et émotionnellement difficile. Dans une très forte majorité, les intervenantes ont pointé manque de personnel comme étant le facteur principal de la surcharge. Les problèmes d’attraction et de rétention de personnel ainsi que les conditions d’exercice ne favorisant pas la conciliation famille-travail-études n’aident certainement pas à régler la situation. « La protocolisation des soins et le peu de consultations de la part des gestionnaires ou supérieurs immédiatsur les pratiques cliniques contribuent assurément à la démotivation de ces professionnelles », a rapporté devant la Commission Jessica Goldshleger, responsable du secteur santé et services sociaux de la Fédération des professionnèles–CSN. Pour la CSN, l’organisation du travail doit être revue afin de favoriser un réel travail interdisciplinaire et un véritable respect du jugement clinique des intervenantes.

Finalement, les personnes sondées ont constaté une complexification des cas et une augmentation des comorbidités chez les jeunes. S’ajoute à cela une augmentation importante des problèmes de santé mentale, tant chez les parents que chez les enfants. Pour la CSN, cela démontre l’importance de la prévention qui doit être faite auprès des parents.

Concertation des réseaux
Une meilleure collaboration entre les réseaux s’est aussi avérée un enjeu non négligeable. La CSN précise que selon ses membres, il est nécessaire d’instaurer de nouveaux mécanismes de concertation entre les réseaux. Or, les principaux obstacles à la concertation des réseaux sont le manque de communication, de collaboration et de coordination ainsi que la méconnaissance du rôle de chacun. La mise sur pied d’une coordination, de lieux d’échange et de discussions pourrait à cet égard s’avérer utile.

Les réalités spécifiques aux communautés autochtones
La CSN compte parmi ses membres des intervenantes et des intervenants qui travaillent auprès des jeunes et des familles au Nunavik, dans le Nord-du-Québec et sur les Terres-Cries-de-la-Baie-James. L’enquête menée par la CSN a permis de mettre en lumière des éléments qui nuisent à l’accès et à la qualité des services offerts à la jeunesse. Le haut taux de roulement du personnel, la surcharge de travail, la méconnaissance des cultures et des traditions autochtones et le manque de ressources spécialisées ont été cités comme nuisant à la qualité des services. En ce sens, Jeff Begley, président de la Fédération de la santé et des services sociaux–CSN, a fait ressortir devant la Commission que « la mise en place d’un processus de reconnaissance des compétences des personnes autochtones, l’accès à de la formation professionnelle et du soutien clinique pour ces dernières, ainsi que des activités d’échanges interculturels pour les non-autochtones nouvellement embauchés constituent des pistes de solutions intéressantes ».