Depuis le début des grèves du transport en commun, l’idée que les travailleuses et travailleurs du secteur se plaignent le ventre plein gagne en popularité. Leurs conditions de travail ne seraient « pas assez mauvaises » pour justifier la grève, peut-on lire dans plusieurs médias.
Quand on y regarde de plus près, les employé-es de l’entretien représentés par la CSN ont de bonnes conditions de travail, qui se situent dans « les comparables ». Au 7 janvier 2024, un mécanicien de la STM était payé 34 $ de l’heure alors qu’un préposé à l’entretien gagnait 31,60 $. Ces conditions d’emploi sont le fruit des luttes syndicales menées au fil des années.
« Bien sûr, on peut être fiers de nos conditions qu’on a acquises en se mobilisant. Mais comme tout le monde, on a souffert de l’inflation des dernières années. On a le droit de vouloir que nos conditions demeurent satisfaisantes. Les stations de métro et les autobus vieillissent et nous devons continuer d’avoir les moyens de bien les entretenir », exprime Bruno Jeannotte, président du Syndicat du transport de Montréal–CSN, avant d’expliquer que le syndicat se mobilise également contre la sous-traitance et la perte d’expertise interne qu’elle entrainerait.
Le président se surprend également de l’intérêt soudain du gouvernement pour le transport en commun. Récemment, le ministre Boulet a insisté sur le caractère essentiel du travail des salarié-es de la STM : « Le transport collectif n’est pas assez essentiel pour le financer adéquatement, mais il le devient lorsque les syndicats brandissent leur droit de grève lors des négociations », dénonce le président du syndicat.
Dans les dernières semaines, les dirigeants du Conseil du patronat du Québec, de la Fédération des chambres de commerce du Québec et de l’Association hôtelière du Grand Montréal réclamaient à grands cris au ministre du Travail d’intervenir avec une loi spéciale. Pourquoi ? « Ils ont beau laisser croire qu’ils ont à cœur le sort des plus vulnérables, en réalité ils n’en ont que pour leurs profits. Si le bien-être de la population leur importe, pourquoi ne réclament-ils pas un meilleur financement du transport collectif ? », demande le président du Conseil central du Montréal métropolitain–CSN, Bertrand Guibord.
« Les usagères et les usagers de la STM vivent de plein fouet les impacts de la grève du transport en commun, c’est vrai. Mais leurs ennemis ne sont pas les mécaniciens et les électriciens qui tentent de maintenir de bonnes conditions de travail. Les vrais responsables, ce sont ceux qui sous-financent le transport collectif depuis trop longtemps, explique la présidente de la CSN, Caroline Senneville.
« La rémunération des grands patrons s’envole pendant que les travailleurs et les travailleuses ont de plus en plus de mal à joindre les deux bouts. Le patronat a-t-il intérêt à voir les travailleurs s’entredéchirer ? À ce qu’on affaiblisse le droit de grève à coup de loi spéciale et de réforme étiolant le rapport de force des syndiqué-es ? », se questionne-t-elle.







