Le chantier Davie finalement inclus dans la stratégie nationale en matière de construction navale

La longue bataille menée par les travailleuses et les travailleurs du chantier Davie à Lévis a fini par porter ses fruits le 4 avril dernier, lorsque le gouvernement fédéral a annoncé l’inclusion du chantier dans la Stratégie nationale en matière de construction navale (SNCN).

L’inclusion du chantier dans la SNCN ouvre la porte à des contrats fédéraux évalués à plus de 10 milliards de dollars qui échappaient jusqu’à maintenant au Québec.

Cette annonce met un terme à une injustice historique qui a été dénoncée sur toutes les tribunes depuis 2011. C’est toute une filière industrielle qui peut enfin respirer et envisager l’avenir avec optimisme.

Jean Blanchette, président du Syndicat des travailleurs du chantier naval de Lauzon–CSN, a tenu à remercier chaudement celles et ceux qui y ont cru autant que lui et qui ont mis tous les efforts au fil des ans pour permettre de garder le chantier ouvert.

Vote pour la grève générale illimitée chez Harsco

Le syndicat d’Harsco–CSN a adopté un mandat de grève générale illimitée lors d’un vote tenu en assemblée générale ce matin à Sorel-Tracy. Les membres ont voté à 92,5 % par voie de scrutin secret et exerceront leur droit de grève au moment jugé opportun.

Après 17 séances à la table de négociation, dont 13 devant le conciliateur, les pourparlers n’avancent pratiquement pas et la partie patronale semble indifférente à l’impasse. Les enjeux normatifs à négocier ne manquent pas pour les syndiqué-es de l’usine : la formation, les affichages de postes, les libérations syndicales, les heures supplémentaires et la sous-traitance. À la fin de la dernière ronde de négociation, l’employeur a déposé une offre globale concernant les clauses à incidence financière que les membres ont jugée nettement inférieure à leurs attentes, ce matin en assemblée générale. Dans le contexte, opter pour un mandat de grève générale illimitée est inévitable.

Parmi ses demandes, le syndicat souhaite notamment obtenir de meilleurs salaires pour les 80 employé-es de l’entreprise, qui est spécialisée en recyclage industriel et située dans la région de Sorel-Tracy. « Avec l’inflation et le coût de la vie, les travailleuses et les travailleurs ont le droit de réclamer davantage. En plus, nous demandons que la direction de la compagnie respecte l’ensemble de la convention collective, ce qu’elle ne fait pas depuis plusieurs années. C’est carrément humiliant pour les membres », clame Serge Berthiaume, vice-président à la vie syndicale à la Fédération de l’industrie manufacturière–CSN.

« Les relations de travail sont extrêmement tendues sur le terrain et les négociations n’avancent pas, c’est complètement bloqué ! C’est important de se voter un mandat de grève pour mettre de la pression sur les patrons. Depuis que la CSN est avec nous, c’est du sérieux. Les dirigeants voient que l’on maintient notre point », explique Gaétan Provençal, président du syndicat.

Les employé-es de Harsco environnemental ont adhéré à la CSN il y a un peu plus d’un an. L’entreprise récupère et traite les scories et les autres matières résiduelles provenant de fonderies et d’aciéries pour en recycler le métal ou en faire des granulats destinés à la construction routière, commerciale et industrielle.

« Les membres du syndicat peuvent compter sur l’appui indéfectible du conseil central dans sa lutte pour l’obtention de meilleures conditions de travail. Nous faisons face ici à un employeur récalcitrant qui freine les négociations et qui n’intervient pas pour régler les conflits qui règnent dans l’usine. Ces travailleuses et travailleurs accomplissent un métier souvent difficile et ils ont tout à fait le droit de réclamer une meilleure reconnaissance de leur travail », ajoute Annette Herbeuval, présidente du Conseil central de la Montérégie–CSN.

Les employé-es de Rosenbloom poursuivent la grève générale illimitée

Après s’être doté à l’unanimité d’un mandat de grève générale illimitée, le 13 mai dernier, les 90 membres du Syndicat des employés de Rosenbloom Groupe inc. (CSN) ont rejeté à 99 %, la dernière offre finale de l’employeur ce samedi en assemblée générale spéciale.

Après 10 séances de négociation, devant l’intention de leur employeur d’établir des iniquités, mercredi vers 15 h, la table s’est rompue au terme d’une journée intense de pourparlers.

En plus de ne pas répondre aux demandes du syndicat : augmentations de salaire égales ou surpassant l’inflation, REER, congés de maladie, augmentation des primes, pour ne nommer que celles-ci, Rosenbloom veut modifier les horaires de travail pour les amener à des horaires de 12 heures.

« La grève se poursuivra jusqu’à ce que nous obtenions des conditions de travail à la hauteur de ce que nous méritons, clame Alexandru Plohii, président du syndicat. Nous avons reçu un appui massif de nos membres, qui cette fois-ci, sont déterminés à ne pas se laisser passer sur le dos, nous avons été essentiels durant la pandémie, nous avons fait prospérer l’entreprise en faisant plus avec moins. Maintenant c’est à notre tour d’être rétribués. »

« Les membres de ce syndicat ont toujours su démontrer une collaboration exemplaire dans les moments plus difficiles. Alors que la conjoncture leur est maintenant favorable, il est tout à fait normal que ceux-ci s’attendent à un retour du balancier. La Fédération de l’industrie manufacturière supportera de façon inconditionnelle les membres du syndicat de Rosenbloom dans leur lutte pour améliorer leurs conditions de travail, indique Serge Berthiaume, vice-président à la Fédération de l’industrie manufacturière. »

« Nous sommes vis-à-vis un employeur qui démontre une obstination orgueilleuse, qui refuse de s’acquitter de ses obligations. Ces travailleurs et travailleuses peuvent compter sur l’appui du Conseil central du Montréal métropolitain, afin de mener leur bataille pour l’obtention de conditions satisfaisantes, à la hauteur de leurs attentes de s’exclamer Dominique Daigneault, présidente du conseil central.»

L’usine de Rosenbloom, fondée en 1939, est une entreprise familiale de troisième génération, membre du groupe Pro-Ampac, l’un des plus importants producteurs d’emballage flexible au monde.  L’usine de la rue Hodge à Ville Saint-Laurent compte 90 employé-es syndiqués à la CSN et fabrique des sacs d’épiceries et de commandes pour la restauration comme McDonald’s, Burger King et Tim Hortons pour ne nommer que ceux-ci.

La convention collective est échue depuis le 1er février 2023.

À propos du CCMM–CSN
Affilié à la Confédération des syndicats nationaux, le Conseil Central du Montréal métropolitain–CSN regroupe plus de 100 000 membres des secteurs public et privé répartis au sein de 360 syndicats de la région du Montréal métropolitain, de Laval, du Nunavik et du territoire Eeyou Istchee Baie-James.

Appui aux salariés d’Acier Leroux–CSN

Une délégation du conseil fédéral de la Fédération de l’industrie manufacturière (FIM–CSN) est venue aujourd’hui appuyer les 12 travailleurs en grève depuis le 2 juin 2023. 

Négocier pour la rétention et le recrutement 

Selon Louis Bégin, président de la Fédération de l’industrie manufacturière–CSN, « Les employeurs qui regardent l’avenir ont déjà compris qu’en 2023 ils doivent investir dans les conditions de travail afin de retenir et attirer la main-d’oeuvre qualifiée. Ceux qui tardent à écouter les revendications de leur main-d’oeuvre risquent de voir leurs employés quitter pour de meilleures conditions. C’est maintenant devenu un enjeu de compétitivité pour l’embauche et de continuité des opérations lorsque le remplacement de ceux qui partent est plus difficile ». 

Les travailleurs de la région méritent autant 

« L’employeur refuse de donner les mêmes augmentations au Saguenay que celles qu’il a consenties ailleurs. C’est tout simplement insultant! Le travail exécuté en région requière le même niveau de compétence et est exécuté avec autant de professionnalisme qu’à Québec, Sherbrooke, Boucherville ou ailleurs, et j’ajouterais que l’équité salariale n’est pas qu’un enjeu régional. Le coût de la vie augmente ici comme ailleurs et le pouvoir d’achat des travailleurs d’Acier Leroux de Chicoutimi n’a cessé de décliner au cours des dernières années. Il n’y a pas de raison que leurs conditions salariales soient inférieures à celles des grands centres. C’est avec fierté que nous appuyons cette poignée d’hommes dans leur lutte pour le respect et nous les soutiendrons jusqu’au bout », déclare Manon Tremblay, présidente du Conseil central du Saguenay–Lac-Saint-Jean–CSN. 

À propos 

Le syndicat des salariés d’Acier Leroux–CSN, affilié à la Fédération de l’industrie manufacturière, représente une douzaine de travailleurs à ses installations de Chicoutimi.

Les robots et nous

Que ce soit à l’usine d’Alcoa à Baie-Comeau ou à l’entrepôt de Jean Coutu à Varennes, les impacts de l’informatisation et de la robotisation des procédés de production se font déjà sentir. À un rythme tel qu’il devient parfois difficile de bien en évaluer les conséquences sur les emplois.

« Il n’y a pas trop de risques pour nous parce qu’on fait plus d’alliage et c’est ce qui est le plus payant », affirme Hervé Deschênes, président du Syndicat national des employé-es de l’aluminium de Baie-Comeau–CSN. Ce dernier explique que deux nouveaux procédés d’automatisation ont eu des effets bénéfiques sur la santé et la sécurité, puisqu’elles éloignent les employé-es des risques d’éclaboussures du métal en fusion et des explosions causées lors du contact entre l’eau et le métal.

Il y a notamment le robot écumeur. « Avant, ce travail était fait à bras avec une grosse louche pour enlever la croûte qui se forme sur le métal en fusion », indique le président. Cette machine en place depuis 2015 n’a pas eu de répercussions à la baisse sur les emplois.

« On a aussi la machine à gueuse, qui est une roue de coulée automatisée », explique Mathieu Nadeau, vice-président. Cette machine épargne du temps et réduit grandement, elle aussi, les risques d’éclaboussures. Le métal va directement dans le puits de coulée sans passer par le four. Cette machine remplace des emplois, mais elle ne peut pas servir à couler des alliages. Or, l’aluminerie de Baie-Comeau fabrique en grande partie des alliages.

« On passe maintenant au travail connecté, avec des IPad, ajoute Mathieu Nadeau. Dès qu’une pièce brise, la commande est immédiatement passée et le bon de travail est créé. Ça risque de coûter des emplois de planificateurs et de cadres. Les planificateurs restent pour le moment en poste, puisque le système n’est pas encore rodé. »

L’aluminerie installe également des caméras pour jauger les anodes sur les ponts roulants. Au cours du procédé, une vieille anode doit être changée par une nouvelle de la même hauteur. Encore là, l’automatisation est plus sécuritaire, mais des emplois d’opérateurs de pont pourraient être touchés.

Ce sont surtout les camions sans conducteurs qui inquiètent le syndicat. Déjà, un chariot élévateur automatique est en activité à l’aluminerie Alouette. À long terme, une centaine d’emplois seraient en jeu. « Ça fait 31 ans que je suis là et chaque fois qu’on entend parler de quelque chose, ça finit par se faire », craint Hervé Deschênes.

L’impact psychologique de l’automatisation chez Jean Coutu

 Il est plus difficile de se faire un ami en travaillant à l’entrepôt de Jean Coutu depuis l’automatisation de la préparation des commandes pour les pharmacies du groupe.

« Il y a moins de travail en équipe et plus de troubles musculosquelettiques », mentionne Audrey Benoit, présidente du Syndicat des travailleuses et travailleurs de PJC entrepôt–CSN de Varennes. Alors qu’ils étaient en équipe de deux, les employé-es travaillent dorénavant seuls. À l’aide d’un simple bouton semblable au bouton de volume d’une radio, les cadres peuvent augmenter la cadence. « C’est la machine qui dicte ton rythme », précise la présidente.

Différentes techniques d’automatisation des commandes ont déjà été mises en place. Prochaine étape ? La consolidation des commandes, qui se feront prochainement avec des bras robotisés qui déposeront la marchandise sur les palettes. D’autres projets sont également à l’étude. Le poste de magasinier sera éventuellement retiré et il y aura de 100 à 150 personnes à relocaliser. « On a de la misère à croire que personne ne perdra son emploi », affirme Audrey Benoit.

 

Le secteur du papier commence sa transition

La baisse de consommation de papier de toutes sortes est constante depuis longtemps. Même si cette réalité est connue depuis des années, la transition commence à peine à se montrer le bout du nez.

« On développe la nanocellulose, notre employeur a décidé d’aller là », indique Gilles Vaillancourt, président du Syndicat national des travailleuses et travailleurs de Kénogami–CSN. Un projet pilote est en place depuis un mois et demi et la production annuelle prévue est de 125 tonnes en 2023. Cette nouvelle fibre peut servir à plein d’endroits, pour solidifier le béton, faire des pare-chocs ou encore des pellicules transparentes qui remplacent celles qui sont faites en plastique de pétrole. « Il n’y a pas encore de clients, mais plusieurs acheteurs potentiels font des tests en ce moment », précise Gilles Vaillancourt.

La fin du plastique à usage unique a été annoncée par le gouvernement Trudeau, mais l’entrée en vigueur se fait de façon très progressive. Une accélération de cette réglementation aiderait grandement la transition du secteur du papier.

« Le marché mondial du papier baisse de 10 % à 14 % par an mondialement. On se tire d’affaire, notamment avec les magazines qui passent maintenant du papier couché au papier calandré, un papier moins dispendieux que nous produisons », ajoute Gilles Vaillancourt, lequel estime que son usine n’est pas en mauvaise posture étant donné les récents investissements de 38 M$ à l’usine Résolu de Kénogami sur le papier calandré et la nanocellulose.

Manque d’investissement à Alma
La situation est moins reluisante à l’usine de Résolu d’Alma. « La machine numéro 9 est en arrêt à cause du supposé manque de commandes », lance Jean-Pierre Rivard, président du Syndicat national des travailleuses et travailleurs des pâtes et papiers d’Alma–CSN, qui craint la perte d’une machine si aucun investissement ne survient dans les années à venir.

L’usine d’Alma produit du papier pour les imprimantes ou les livres de poche ainsi que du papier journal. Il y a eu des essais de production de papier d’emballage pour le secteur alimentaire, mais les commandes ne suivent pas. « Ils disent que le marché va là, mais ils ne prennent pas le risque », analyse Jean-Pierre Rivard. Selon lui, l’usine est victime de son succès, puisque le patron affirme constamment que la production de papier va bien et que l’usine est payante. Le président ajoute que le prix du papier a tout de même augmenté de 300 $ la tonne en un an. Les derniers investissements datent cependant de 2004 à Alma.

Incertitude avec Paper Excellence
Le gros point d’interrogation pour les travailleuses et les travailleurs de Résolu est la direction que prendra l’entreprise depuis son achat par la multinationale indonésienne Paper Excellence. Tous les syndiqué-es se demandent s’il y aura des investissements et une transition claire dans les usines qui appartenaient à Résolu ou si la philosophie de pressage de citron de l’ancien propriétaire va perdurer. Des rumeurs veulent que l’usine de Gatineau passe à la production de carton ondulé, mais rien n’est encore certain, compte tenu des nouveaux patrons qui n’ont pas encore rencontré les employé-es.

Vote de grève unanime chez Acier Leroux 

Réunis en assemblée générale le vendredi 12 mai dernier, les travailleuses et les travailleurs d’Acier Leroux de Chicoutimi ont adopté à l’unanimité un mandat de moyens de pression pouvant aller jusqu’à la grève générale illimitée à déclencher au moment jugé opportun. 

C’est motivé par l’attitude de l’employeur à la table de négociation que les syndiqué-es ont convenu d’augmenter leur rapport de force pour en arriver à conclure une convention collective satisfaisante. 

« L’employeur offre des augmentations salariales de 8 % pour trois ans à ses salarié-es de Chicoutimi, alors qu’aux installations de Boucherville, la convention récemment conclue comprend des augmentations de 8 % pour la première année », déclare Manon Tremblay, présidente du Conseil central du Saguenay–Lac-Saint-Jean–CSN. 

Pour Manon Tremblay, « Cette offre de l’employeur est inéquitable, méprisante et insultante et ne couvre même pas l’augmentation du coût de la vie. Les membres du syndicat en ont assez de cette attitude et ont la ferme intention de forcer leur employeur à négocier un règlement équitable et respectueux. Ils ne sont pas moins qualifiés et leur travail mérite d’être reconnu même si nous sommes dans une région éloignée des grands centres. » 

À propos du Syndicat des salariés d’Acier Leroux–CSN, affilié à la Fédération de l’industrie manufacturière, représente 17 travailleuses et travailleurs à ses installations de Chicoutimi. Le Conseil central des syndicats nationaux du Saguenay–Lac-Saint-Jean–CSN compte dans ses rangs plus de 140 syndicats et 15 000 membres, sur tout le territoire de la grande région. 

Le conseil central est l’organisme de représentation régional de la Confédération des syndicats nationaux (CSN) qui, quant à elle, regroupe plus de 330 000 membres dans l’ensemble du Québec. 

Des gains qui passeront à l’histoire pour le Syndicat national des produits chimiques de Valleyfield–CSN

Les membres du Syndicat national des produits chimiques de Valleyfield–CSN (SNPCV–CSN) étaient réunis ce dimanche en assemblée générale afin de se prononcer sur une entente de principe survenue récemment entre les parties. Au terme de l’assemblée, c’est dans une proportion de 88 % que les membres ont entériné ce renouvellement de convention collective assorti de nombreux gains syndicaux d’une grande ampleur.

Les quelque 350 travailleuses et travailleurs de l’usine verront notamment leur salaire être haussé de manière substantielle, puisque leur nouveau contrat de travail collectif prévoit des hausses dépassant le 25 % sur une période de 5 ans. Lorsqu’on prend en compte l’ensemble des matières à incidence monétaire, la rémunération globale sera haussée de 42,5% sur la même période. En outre, les gains réalisés par les salarié-es couvrent pratiquement l’ensemble des matières abordées dans la convention collective. Ainsi, des gains majeurs ont été obtenus, puisque, notamment, les vacances et la contribution de l’employeur aux assurances et aux retraites ont été sensiblement bonifiées.

C’est donc avec énormément d’enthousiasme que le président du SNPCV–CSN, Jean-Sébastien Neiderer, a accueilli le résultat obtenu lors de l’assemblée. « Nous étions conscients que le rapport de force était de notre côté cette fois-ci et notre préparation à l’aube de la négociation a été exemplaire. Toutefois, ce qui a fait pencher la balance, en définitive, c’est l’appui indéfectible de nos membres tout au long du processus et leur mobilisation de tous les instants. Le succès obtenu aujourd’hui, nous le devons avant tout au fait que nos membres ont été, dès le début, unis, solidaires et mobilisés », s’est exclamé avec fierté M. Neiderer.

Pour sa part, M. Louis Bégin, président de la Fédération de l’industrie manufacturière–CSN, estime que « le SNPCV–CSN a réussi à merveille à capitaliser sur une conjoncture qui, pour une première fois depuis longtemps, nous est particulièrement favorable. Par exemple, les clauses touchant la retraite, les vacances et les assurances n’avaient pas été bonifiées depuis 25 ans chez General Dynamics. Pour moi, les gains obtenus par ce syndicat nous serviront de levier partout où nous négocions actuellement au Québec ».

Quant à Annette Herbeuval, présidente du Conseil central de la Montérégie–CSN, « le succès du SNPCV –CSN démontre que lorsque les membres d’un groupe sont tissés serrés, qu’ils pensent et qu’ils agissent de manière collective, tous les espoirs sont permis. De tout temps, les travailleuses et les travailleurs ont réussi à faire plier les patrons les plus récalcitrants lorsqu’ils étaient confrontés à la solidarité collective. Les nombreux gains réalisés par ce syndicat doivent faire école et servir d’exemple à l’ensemble des organisations syndicales de notre région ».

 

Vote de moyens de pression chez Produits Gilbert

Hier, réunis à Roberval en assemblée générale, les concepteurs et dessinateurs de Produits Gilbert ont adopté un mandat de moyens de pression excluant la grève.

Ce vote est motivé par l’attitude de l’employeur à la table de négociation. Les syndiqué-es ont convenu d’augmenter leur rapport de force pour en arriver à conclure une convention collective satisfaisante.

« À ce jour, le syndicat a déployé des efforts pour faciliter les discussions, mais n’a pas constaté d’efforts équivalents de la part de l’employeur qui demeure campé sur ses positions. Les négociations ont débuté il y a quelques semaines. La convention collective est échue depuis le 31 mars 2023 et après 3 rencontres de négociation, nous n’avons toujours pas avancé », déclare Manon Tremblay, présidente du Conseil central du Saguenay–Lac-Saint-Jean–CSN. Elle ajoute : « Nous sommes dans un contexte de rareté de main-d’œuvre. Pour que les gens aient envie de rester et pour attirer la main-d’œuvre, ça prend des salaires intéressants, ça prend des conditions de travail intéressantes ».

Les travailleuses et les travailleurs revendiquent notamment des augmentations de salaire qui suivent l’augmentation du coût de la vie et des dispositions conventionnées concernant le télétravail.

À propos

Les concepteurs et dessinateurs de Produits Gilbert sont membres du Syndicat des travailleuses et travailleurs de l’industrie manufacturière (STTIM–CSN) et bénéficie de l’appui du Conseil central du Saguenay–Lac-Saint-Jean–CSN qui représente plus de 15 000 travailleuses et travailleurs dans la région.

STT de Khrome–CSN

À la suite du dépôt de la requête en accréditation, le 13 mars 2023, le Syndicat des travailleuses et travailleurs de Khrome–CSN a été accrédité pour représenter : 

« Tous les salarié-es au sens du Code du travail affectés à la production et fabrication de pièces de composites à l’exception du personnel de l’assurance qualité, développement, superviseur, de bureau et tous ceux exclus par la loi ». 

Cette entreprise est spécialisée dans la fabrication d’équipement pour des chefs de file dans l’industrie du transport en commun dans toute l’Amérique du Nord. Ce nouveau syndicat sera affilié à la Fédération de l’industrie manufacturière, au Conseil central du Coeur du Québec et, bien entendu, à la Confédération des syndicats nationaux. 

Tramway de Québec : La Pocatière sacrifiée au profit du Mexique

Le Syndicat des employés de Bombardier La Pocatière–CSN a appris avec stupéfaction que les voitures du tramway de la Ville de Québec seront fabriquées au Mexique.

Contrairement aux promesses du gouvernement de la CAQ, l’usine de La Pocatière ne ramassera que les miettes de ce projet d’envergure de près de 4 G$, soit seulement l’assemblage.

« Jamais les employé-es de l’usine de La Pocatière n’auraient pu imaginer que le contrat du tramway de Québec, pratiquement dans notre cour, nous échapperait au profit d’une usine mexicaine. La situation est encore plus aberrante puisque l’usine travaille actuellement à fabriquer les voitures du tramway de Toronto », déplore la présidente de la CSN, Caroline Senneville. « Cette décision aura un impact majeur pour les travailleuses et les travailleurs de l’usine de La Pocatière et pour le maintien de leur expertise. C’est un non-sens. »

Tout comme avec le projet de tramways de Toronto, rien n’empêche le gouvernement d’obliger Alstom à fabriquer un pourcentage minimum des voitures du projet de tramway de Québec à l’usine de La Pocatière, ou du moins au Canada.

« Nous avons l’impression de vivre une 2e fois le cauchemar des trains du Réseau express métropolitain (REM) qui, malgré l’expertise des usines d’Alstom au Québec, ont été fabriqués en Inde, dénonce Louis Bégin, président de la Fédération de l’industrie manufacturière (FIM–CSN).

« Plutôt que de construire les voitures à moins de 200 kilomètres de Québec, Alstom confie le projet à une usine mexicaine à plus de 4 000 kilomètres de la province, dans des installations fonctionnant à l’énergie fossile. En matière d’empreinte carbone, le tramway de Québec démarre avec un piètre bilan », fait remarquer Marco Lévesque, président du syndicat de l’usine.

« C’est une bien triste nouvelle non seulement pour les travailleuses et travailleurs de l’usine de La Pocatière, mais aussi pour une foule de fournisseurs de la région et de toute la province », ajoute Pauline Bélanger, présidente par intérim du Conseil central du Bas-Saint-Laurent–CSN. « Le gouvernement de la CAQ manque une belle occasion de maximiser les retombées économiques pour le Québec de ce projet financé par les contribuables d’ici », souligne Mme Bélanger.

Aberration
Cette décision s’avère encore plus aberrante étant donné que la Caisse de dépôt et placement du Québec est l’actionnaire le plus important d’Alstom. D’ailleurs, en février 2020, Alstom annonçait différents « engagements ambitieux renforçant ses assises au Québec » notamment l’expansion des activités pour les sites manufacturiers de La Pocatière et de Sorel-Tracy. Alstom a depuis fermé son usine de Sorel-Tracy.

De plus, en mars 2021, le gouvernement du Québec octroyait un prêt pardonnable de 56 M$ à Alstom. « L’intention, ce serait d’avoir tous les contrats donnés au Québec. On veut avoir de l’achat québécois », déclarait à l’époque le ministre de l’Économie et de l’Innovation, Pierre Fitzgibbon, en conférence de presse.

Les membres du SN des produits chimiques de Valleyfield–CSN adoptent à 99 % un mandat de mobilisation pouvant aller jusqu’à la grève générale illimitée

Ce dimanche 16 avril 2023, les membres du Syndicat national des produits chimiques de Valleyfield (SNPCV–CSN) étaient réunis en assemblée générale afin de recevoir un rapport de la présente négociation. Les 227 membres présents devaient également se prononcer sur un mandat de mobilisation pouvant aller jusqu’à la grève générale illimitée. À cet effet, c’est avec une écrasante majorité de 99 % que les membres ont entériné ce mandat.

Jusqu’à dernièrement, les négociations entre le SNPCV et l’employeur, General Dynamics, se sont bien déroulées. Elles achoppent toutefois à l’heure actuelle sur quelques enjeux, notamment les salaires, les congés, les retraites et les assurances collectives.

Ainsi, pour le président du SNPCV, Jean-Sébastien Neiderer, « l’obtention d’un mandat fort était nécessaire afin d’envoyer un message à l’employeur indiquant que les membres sont déterminés, disposés à faire des sacrifices et à aller jusqu’au bout pour obtenir ce qu’ils méritent. Dans les circonstances, c’était difficile de faire mieux comme message. Nous poursuivons la négociation cette semaine, mais nous n’hésiterons pas à utiliser notre mandat de grève si nécessaire ».

De son côté, Louis Bégin, président de la Fédération de l’industrie manufacturière (FIM–CSN), n’est pas surpris que le SNPCV–CSN ait obtenu un mandat aussi fort. « Partout au Québec, les travailleuses et travailleurs voient leur pouvoir d’achat s’amoindrir alors que les entreprises s’en tirent fort bien et cumulent les profits sans cesse en augmentation. Ce n’est que la moindre des choses que les salarié-es souhaitent maintenir leur pouvoir d’achat et avoir leur part du gâteau. Qu’un syndicat riche d’histoire et de luttes comme le SNPCV–CSN soit déterminé à combler les reculs du passé est dans l’ordre des choses », de conclure M. Bégin.

Enfin, Annette Herbeuval, présidente du Conseil central de la Montérégie–CSN, estime « qu’il sera aisé d’obtenir la solidarité et l’appui de l’ensemble des syndicats de la région. Dans le Suroît, le SNPCV–CSN est connu de toutes et de tous pour sa combativité et sa détermination. Il a contribué à l’histoire des luttes ouvrières non seulement en Montérégie, mais au Québec. Il ne fait aucun doute que si le syndicat juge opportun de déclencher la grève, l’ensemble des ressources militantes de la CSN se déploieront afin que les membres obtiennent justice ! ».

À propos

Le Syndicat national des produits chimiques de Valleyfield (SNPCV–CSN) est affilié à la Fédération de l’industrie manufacturière (FIM–CSN) qui compte plus de 20 000 membres.

La CSN salue l’inclusion du chantier Davie dans la Stratégie nationale en matière de construction navale

La CSN tient à saluer l’inclusion officielle annoncée aujourd’hui à Lévis, du chantier Davie dans la Stratégie nationale en matière de construction navale (SNCN). « C’est une excellente nouvelle pour les travailleuses et les travailleurs que nous représentons, mais également pour le Québec », s’est réjouie Caroline Senneville, présidente de la CSN.

L’inclusion dans la SNCN ouvre la porte à des contrats fédéraux évalués à plus de 10 milliards de dollars qui échappaient jusqu’à maintenant au Québec. « L’annonce d’aujourd’hui met un terme à une injustice historique que nous avons dénoncée sur toutes les tribunes depuis 2011 », ajoute la présidente de la CSN, « c’est toute une filière industrielle qui peut enfin respirer et envisager l’avenir avec optimisme. »

Jean Blanchette, président du Syndicat des travailleurs du chantier naval de Lauzon (CSN) et porte-parole des deux autres syndicats de l’entreprise, a toujours cru au potentiel de la Davie. « Ça fait plus de quarante ans que je travaille à la Davie, comme la plupart de mes camarades de travail, je me suis accroché malgré les faillites et les passages à vide parce que je croyais à l’avenir du chantier », explique-t-il, « je voudrais d’ailleurs remercier tous les collègues qui y ont cru autant que moi, qui ont peut-être pris leur retraite aujourd’hui, mais qui ont mis tous les efforts au fil des ans et qui ont permis de garder le chantier ouvert. » Le syndicaliste est heureux de penser que les jeunes qui commencent n’auront pas à vivre les difficultés qu’a connues sa génération. « Avec l’annonce d’aujourd’hui, on sait qu’il y aura du travail au chantier pour au moins une génération de travailleuses et de travailleurs, sinon plus, ça va de nouveau être possible d’y faire sa carrière sans interruption majeure », se réjouit-il.

« On a réussi à ramener les conditions de travail en tête de peloton dans la région lors des dernières négociations, ce qui est une bonne chose et augure bien pour l’avenir », estime Jean Blanchette, « mais nous comptons demeurer vigilants malgré tout et poursuivre notre mission syndicale de protection des droits et des intérêts des travailleuses et des travailleurs. »

« Il faut célébrer les victoires, c’est important, et aujourd’hui c’est une grande victoire », poursuit Louis Bégin, président de la Fédération de l’industrie manufacturière (CSN). « Nous sommes fiers d’avoir accompagné les syndicats du chantier et l’entreprise dans cette bataille pour la reconnaissance et l’inclusion », dit-il, « soyez assurés que la CSN et ses composantes seront là également pour la suite et les autres batailles à mener. » Le syndicaliste cite notamment les enjeux de recrutement dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, mais également ceux liés à l’organisation du travail. « Il reste du travail à faire et on a bien l’intention de le faire en collaboration avec les syndicats et l’employeur. »

« On a beaucoup mis l’accent sur “les grands hommes” dans les derniers jours, que ce soit les politiques qui ont fait des représentations et accompagné l’entreprise ou encore les propriétaires qui ont cru au chantier et y ont investi, et c’est normal », ajoute Barbara Poirier, présidente du Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches (CSN), « mais j’aimerais que l’on ait une pensée aujourd’hui pour les générations de travailleuses et de travailleurs qui se sont succédé à la Davie. » Pour la présidente du conseil central, ça devrait être eux les vrais héros de l’histoire ! Elle poursuit : « qui a fait des sacrifices négo après négo pour sauver le chantier ? Qui s’est donné corps et âme pour faire de ce chantier le meilleur en Amérique du Nord ? Ce sont les travailleuses et les travailleurs. »

« Depuis près de 75 ans, des générations de syndicalistes affiliés à la CSN ont défendu leurs collègues puis l’outil de travail lui-même, le chantier, pour maintenir en vie une tradition de construction navale plus que centenaire, il y a de quoi être fiers », conclut Barbara Poirier, « ce n’est pas la fin de l’histoire, loin de là, c’est un nouveau chapitre qui commence et que nous allons écrire ensemble. »

Encore une fois, la CSN réussit un tour de force 

Le syndicat des travailleuses et travailleurs de la Fonderie Belgen (CSN) a conclu avec succès la négociation d’une nouvelle convention collective. 

Les salarié-es se sont prononcés à 92 % en faveur d’une entente de cinq années où ils ont obtenu des gains significatifs, notamment au niveau des augmentations des salaires et des avantages sociaux, ainsi qu’une amélioration notable des conditions de travail. « Nous n’avons jamais abandonné ; la solidarité et la participation de toutes et de tous ont eu un impact extraordinaire sur le résultat de la négociation. » – Bruno Sirois, président du syndicat de la Fonderie Belgen. 

Les travailleuses et les travailleurs bénéficieront d’une augmentation de salaire de 10 % pour l’année 2023, de 3 % ou l’IPC pour les années 2024-2025 et de 3,5 % ou l’IPC pour les années 2026-2027. En plus d’une augmentation des avantages sociaux et d’une amélioration des conditions de travail, les travailleurs auront également droit à des congés payés supplémentaires et à des primes majorées substantiellement. Ceci s’ajoute à un réajustement salarial de 16 % qui lui a été négocié avant l’échéance de la convention collective en 2021. Ce qui place les salarié-es de la Fonderie Soucy Belgen en tête de liste des comparables pour les salaires dans l’industrie manufacturière. Paul Lavergne, président du Conseil central du Coeur du Québec–CSN : « Cette négociation est un succès sur toute la ligne et a été possible grâce à l’implication de tous les services de la CSN, la FIM–CSN ainsi que de l’appui du Conseil central du Coeur du Québec. » 

En conclusion, Louis Bégin, président de la Fédération de l’industrie manufacturière (FIM–CSN) se dit fier de la combativité des travailleuses et des travailleurs lors de cette négociation de convention collective qui pourra offrir des avantages supplémentaires aux travailleurs. « Je suis convaincu que ces gains contribueront à améliorer la qualité de vie des travailleurs et à diminuer l’impact de la pénurie de main-d’oeuvre sur cette entreprise en offrant des salaires plus que compétitifs ». 

Les tramways de Québec seront-ils vraiment fabriqués au Québec ?

La CSN salue la mise en pratique d’un certain nationalisme économique qui permettra de concevoir et d’assembler au Québec les voitures du futur tramway de Québec. Il n’est cependant pas clair pour le syndicat que les pièces seront fabriquées localement.

« Le nationalisme économique du premier ministre Legault doit vouloir dire quelque chose quand ça compte vraiment. Il faudra donc s’assurer que le maximum de composantes soit fabriqué au Québec. Il faut aussi que l’attribution de contrats à des usines de chez nous continue lorsqu’il y aura plus qu’un soumissionnaire dans les prochains projets de transport en commun », insiste Caroline Senneville, présidente de la CSN.

« Les Américains ne se gênent pas pour favoriser leurs constructeurs avec le Buy American Act. Nous pouvons faire plus et mieux et appuyer notre industrie tant pour la fabrication que pour l’assemblage des voitures », ajoute Louis Bégin, président de la Fédération de l’industrie manufacturière–CSN qui se réjouit par ailleurs du contrat pour La Pocatière annoncé hier.

« Il était temps que ce soit notre tour ! Nous sommes très contents de pouvoir assurer un avenir à notre usine pour les prochaines années, et surtout, de développer une expertise qui pourra servir à nouveau », affirme Marco Lévesque, président du Syndicat des employé-es de Bombardier La Pocatière–CSN. Ce dernier reproche toutefois à Alstom de ne pas avoir informé le syndicat de la sortie de cette nouvelle avant que les médias en parlent.

Plusieurs projets de transport en commun ont échappé aux constructeurs québécois et canadiens ces dernières années, et pas moins de cinq projets de transport en commun sur rail sont en préparation au Québec. Il faudrait éviter que ces contrats soient envoyés à l’étranger comme pour le projet de REM de Montréal.

La FIM–CSN demande donc que les gouvernements continuent d’exiger 25 % de contenu local, tout en revendiquant un assemblage réalisé au Québec ou au Canada. Québec pourrait également exiger que le contrat d’entretien soit local. Le but est de faire en sorte que les projets payés par les contribuables du Québec aient des retombées économiques au Québec. On s’assure également d’une meilleure qualité et d’une plus grande conscience de notre climat difficile dans la conception et la fabrication.

Un chantier maritime historique grâce à l’action syndicale

Le chantier maritime Davie a été fondé en 1887 pour la construction de navires, bien avant l’arrivée de la Confédération des travailleurs catholiques du Canada (CTCC), ancêtre de la CSN ; et il existe encore aujourd’hui en bonne par­tie grâce à ses syndicats CSN.

Avant la construction de navires, en 1829, la famille Davie réparait des navires dans la paroisse de Pointe-Lévy. Quelques années après la 2e Guerre mondiale – période pendant laquelle le chantier a tourné à plein régime –, les travailleurs décident de délaisser les accréditations syndicales internationales par métiers. La raison est simple et légitime : ils veulent être réunis sous un même syndicat. Il faut dire que les salaires ne suffisent plus à payer les loyers qui avaient monté en flèche – jusqu’à 45 $ par mois – à la fin de la guerre à Montréal. Ce sera l’entrée en scène du Syndicat des travailleurs du chantier naval de Lauzon (STCNL–CSN) en 1949, qui réalisera un gain important grâce à une grève conjointe avec le chantier naval Vickers de Montréal dès 1951. La lutte se poursuivra en 1958 avec une grève de deux mois.

Vue de la première cale sèche de la compagnie George T. Davie & Sons,
août 1903.

« Depuis les années 80, c’est le STCNL–CSN qui fait en sorte que le chantier reste ouvert », raconte le président du syndicat, Jean Blanchette, en entrevue avec Le Point syndical. Les propriétaires et les gros contrats se succèdent, mais il y a en effet des périodes creuses où le syndicat est pratiquement le seul à bord du chantier Davie. De 2010 à 2013, il n’y a que deux travailleurs sur le chantier, simplement pour maintenir les installations.

« J’ai connu l’achat par Marine Industries à la fin de 1988. Ils ont fermé les chantiers de Montréal et de Sorel-Tracy », se souvient le président du syndicat. Il faut dire que Jean Blanchette est entré à la Davie en 1981 !

En 1996, le travail sur les frégates est terminé et un creux se fait sentir jusqu’en 2000. « On tombait dans des faillites », explique-t-il.

En 2007, le chantier est vendu à des Norvégiens qui font faillite. Les membres du STCNL–CSN restent trois ans à la maison.

En 2011, une convention collective est signée pour faciliter l’arrivée d’un acheteur italien, Ficantieri, le même constructeur à l’origine du traversier F.-A.-Gauthier. Malgré une baisse de 4 $ l’heure et la perte de certains métiers, les membres acceptent, il faut sauver le chantier. « Les Italiens décident de ne pas acheter en fin de compte, par manque de contrats fédéraux », précise Jean Blanchette. C’est finalement Upper Lake, en Ontario et SNC-Lavalin qui acquièrent Davie. « Les gars voulaient travailler, ils ont accepté ces mêmes conditions », précise le président.

Le chantier est finalement vendu à Inocea en 2012. Les propriétaires actuels entrent en scène : Alex Vicefield et James Davies. Un rappel au travail intervient en 2013, un navire hauturier est fabriqué pour Cecon et deux traversiers pour le Québec.

Stratégie nationale de construction navale
Le STCNL–CSN s’attend à l’inclusion prochaine de Davie dans la Stratégie nationale de construction navale. Une fois confirmée, cette inclusion, au même titre que les chantiers de Halifax et de Vancouver, permettra d’importantes mises à niveau du chantier, à hauteur de 750 M $, dont un important prêt du gouvernement du Québec. Davie serait alors en mesure d’entreprendre de très importants chantiers, notamment sur les brise-glaces de la garde côtière. « En faisant partie de la Stratégie nationale, on peut avoir des contrats directement du fédéral », explique Jean Blanchette en ajoutant que plusieurs anciens du chantier ne croient toujours pas à cette bonne nouvelle, tant ils ont été échaudés par le passé. « À partir du moment où on va être nommé, il y aura un bel avenir pour les plus jeunes », croit néanmoins Jean Blanchette.

Jean Blanchette, président du Syndicat des travailleurs du chantier naval de Lauzon–CSN, 2023. // Pascal Ratthé

« On a négocié notre convention comme si on était le troisième chantier de la Stratégie nationale », poursuit-il en parlant des gains de novembre 2021, qui incluent notamment un rattrapage salarial de 25,5 % à la signature, le 18 avril 2022.

Dans toute cette saga, il faut souligner l’apport des deux autres syndicats de la CSN présents à la Davie, le Syndicat des employé-es du corps de sécurité de Davie–CSN et le Syndicat des employé-es de bureau du chantier naval de Lévis–CSN. Leur rôle essentiel auprès de leurs membres a certainement contribué à faire du chantier ce qu’il est aujourd’hui.

Connaître le passé
« Il faut connaître le passé pour savoir pourquoi les choses se font d’une certaine façon », estime le président du STCNL–CSN. Ce dernier conseille d’ailleurs de choisir des dirigeants syndicaux qui « montent tranquillement » dans l’organisation, afin d’assurer une connaissance et une continuité. Ça n’a pas toujours été le cas à Davie, ce qui a mené à des chicanes, car beaucoup de choses avaient été oubliées. « Le matin, on va souvent sur le chantier et les membres l’apprécient », conclut Jean Blanchette qui a fait son bout de chemin pour assurer quelques décennies de plus à ce chantier plus que centenaire.