Une soif de reconnaissance

Les paramédics sont les professionnel-les de la santé qui offrent des soins, souvent dans un contexte d’urgence et à l’extérieur de l’hôpital, qu’on désignait autrefois comme des ambulanciers. Qu’ils travaillent pour l’organisme public Urgences-santé dans la région métropolitaine, pour une entreprise privée ou pour une coopérative, les paramédics négocient notamment leur rémunération avec le Conseil du trésor puisque c’est Québec qui finance les services. La CSN représente la grande majorité de ces travailleuses et travailleurs, partout au Québec.

Deux côtés de la bouche

Dès les premières heures de la grève, la présidente du Conseil du trésor, alors Sonia LeBel, expliquait sur le réseau X que le règlement salarial négocié dans le secteur public était « accessible » pour les paramédics. Elle s’est bien gardée de préciser que son gouvernement demandait du même souffle aux paramédics qu’ils renoncent à certaines mesures, ce qui reviendrait à réduire leur rémunération d’environ 10 %, soit près de quatre dollars l’heure. Et dès le premier jour du futur contrat de travail ! De plus, le gouvernement considère actuellement que la rémunération des paramédics est trop élevée par rapport à l’évaluation qu’il fait de la valeur de leur travail : ce qui explique qu’il ne prévoit pas de bonifications salariales.

Malheureusement, pendant que le gouvernement maintient cette ligne dure, sur le terrain, les paramédics désertent la profession. Pour celles et ceux qui demeurent en poste, la surcharge de travail devient intenable et les heures supplémentaires obligatoires explosent. Pour le secteur préhospitalier de la FSSS–CSN, la solution à cette faible rétention est d’améliorer les conditions d’emploi, de s’entendre sur une échelle salariale adéquate et d’améliorer le régime de retraite. Faut-il rappeler que la réalité de ce travail est extrêmement exigeant, tant physiquement que mentalement ?

Services essentiels

Étant donné la nature de leur travail, les paramédics sont tenus de maintenir les services essentiels à la population durant la grève. Elle s’exerce donc en deux volets. D’une part, ils cessent d’effectuer une liste de tâches qu’ils remplissent en temps normal, mais qui ne sont pas indispensables à la santé et à la sécurité du public. D’autre part, grâce à une percée réalisée par la CSN lors de négociations précédentes, le personnel-cadre est tenu de contribuer au maintien des services essentiels en effectuant des quarts de travail en remplacement de celles et ceux qui exercent une grève de temps.

Qu’à cela ne tienne, les syndiqué-es ont été très visibles au courant de l’été. Ils ont notamment profité des grands événements pour aller à la rencontre de la population. Plusieurs de ces rassemblements n’auraient pu avoir lieu sans la présence de paramédics prêts à intervenir en cas d’urgence. Pas de paramédics, pas de Grand Prix, pas de festival ! Ce message a pu raisonner à Montréal comme à Trois-Rivières, à Québec, en Estrie, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, dans les Laurentides et en Montérégie, lors d’événements en tout genre, notamment à un match du CF Montréal.

Plusieurs dates de négociation sont prévues cet automne. Par le passé, les paramédics ont souvent fait preuve d’une grande créativité en matière de mobilisation. Nul doute que les élu-es de la CAQ les trouveront sur leur chemin si le parti maintient la ligne dure pour tenter de leur imposer de tels reculs.

Austérité et favoritisme: la CAQ, un parti au service des élites

Le projet politique de ce club sélect au service des mieux nantis est clair et limpide : un Québec où tout se vend, tout se privatise, tout s’exploite. Cette organisation politique applique sans gêne un programme hostile aux droits des travailleuses et travailleurs et est obsédée par l’enrichissement du secteur privé – duquel bon nombre de ses proches font partie.

François Legault et ses ministres ne s’en cachent même plus : les syndicats sont leurs ennemis, des « nids de guêpes » pour reprendre leurs propos. Afin d’affaiblir le pouvoir collectif des travailleuses et des travailleurs pour mieux faire passer des politiques qui enrichissent une minorité, le ministre du Travail, Jean Boulet, a déposé un projet de loi en février dernier. Adopté depuis, il restreint grandement la possibilité pour les syndiqué-es d’améliorer leurs conditions d’emploi. Prétextant qu’il considérera davantage les besoins de la population en cas de grève ou de lock out, le gouvernement se donne le droit de mettre fin à des conflits de travail et d’imposer des services minimums dans tous les secteurs, ou presque. En plus de judiciariser inutilement les conflits, cette loi vient limiter de manière abusive les moyens dont disposent les salarié-es syndiqués pour exercer leur rapport de force nécessaire en négociation. Le message est clair : « Fermez-la, travaillez sans exiger plus, contentez-vous du minimum ! »

Le vrai visage de la CAQ

Les caquistes nous parlent de « rigueur », de « responsabilité » et de « saine gestion des finances publiques ». Mais ces mots maquillent ce qui constitue une austérité néolibérale sans imagination. C’est la réalité québécoise depuis plus de 40 ans.

Pendant que les plus riches et les grandes entreprises dorment sur leurs avantages fiscaux, que la CAQ procède à une baisse d’impôt, se privant ainsi de revenus essentiels, elle continue de réduire les services publics et laisse les écoles tomber en ruines, tout en regardant les hôpitaux crouler sous la pression. Parallèlement, des cliniques et entreprises privées de soins médicaux obtiennent des contrats mirobolants alors que les hôpitaux publics manquent de personnel et de matériel. Les ministres caquistes transforment la maladie en occasion d’affaires et la détresse humaine, en ligne comptable. Résultat de tout cela ? Des services sociaux qui disparaissent, une érosion de la confiance de la population envers ces derniers, des travailleuses et des travailleurs à bout de souffle et le privé qui s’insère partout où il le peut.

Depuis l’arrivée au pouvoir de François Legault, la frontière entre l’État et les intérêts privés est devenue complètement floue. On ne compte plus les nominations de proches dans des postes clés, les contrats publics accordés à des entreprises dirigées par d’anciens collaborateurs ou des donateurs et les appels d’offres qui favorisent la voisine ou le cousin. Quelques exemples : la gestion des maisons des aîné-es, confiée à des entrepreneurs proches du pouvoir, s’est soldée par des dépassements de coûts faramineux et une efficacité douteuse; le 3e lien, présenté comme une nécessité stratégique, semble avant tout une bébelle électorale et une occasion en or pour des firmes d’ingénierie et des promoteurs bien connectés.

Salaire minimum : un mépris assumé

Parlons-en, du minimum. La CAQ refuse obstinément de hausser le salaire minimum à un niveau décent, pendant que le coût de la vie explose. Les gens peinent à boucler leurs fins de mois, mais le gouvernement préfère parler de « compétitivité » et de « prudence économique ». Traduction : mieux vaut protéger les marges de profit des entreprises que de garantir un revenu de base décent à celles et ceux qui font en sorte que le Québec fonctionne.

Et la crise du logement ? Joyeuse inertie. Des familles dorment dans des voitures ou restent piégées dans des appartements insalubres alors que le Québec connaît une flambée des loyers. Un contrôle des loyers aiderait grandement les locataires, mais la CAQ ne règlemente d’aucune façon l’accès au logement. Le parti aggrave même cette crise en révisant la méthode de calcul de l’indice d’augmentation de loyer à l’avantage des propriétaires ! La CAQ n’a pris aucune mesure sérieuse pour le logement social et n’a visiblement aucune volonté d’imposer des balises aux promoteurs voraces.

En somme, la CAQ gouverne avec la main de fer du patronat et le sourire figé du comptable. Son agenda est clair : casser les syndicats, prôner des politiques qui contribuent à réduire le pouvoir d’achat des travailleuses et travailleurs, privatiser l’essentiel des services publics et injecter des milliards dans le privé. Ce choix politique n’est pas un manque de vision, c’est un choix délibéré… et glaçant.

Shane Vollant-Einish: nouveau souffle sur la Côte-Nord

Originaire de Kawawachikamach, près de Schefferville, Shane Vollant-Einish est profondément ancré dans ses racines innues et naskapies. Avant d’être élu vice-président du Conseil central de la Côte-Nord–CSN, il a parcouru un chemin professionnel très varié, qui témoigne de sa volonté à contribuer à l’essor de sa région et de sa communauté. Au fil de sa carrière, il a occupé plusieurs emplois : pompier, aide-menuisier, pêcheur et Ranger canadien, avant de se consacrer à son poste actuel d’opérateur d’équipement lourd.

« Notre collectivité est relativement isolée et être polyvalent est une qualité essentielle. Les besoins en tout genre sont multiples et souvent urgents. Il est donc crucial de répondre présent lorsque notre communauté nous interpelle », affirme Shane.

« La volonté d’aider les autres m’a poussé à m’engager dans le monde syndical, poursuit-il. Nos communautés sont relativement autonomes et, depuis longtemps, nous avons appris à gérer nos enjeux de manière démocratique. Nos méthodes d’organisation sont très similaires à celles de la CSN et la force de la structure syndicale de la centrale nous inspire. Elle est porteuse d’une histoire de luttes syndicales qui constitue un soutien déterminant pendant les conflits de travail. »

En plus de son rôle de vice-président, Shane occupe le poste d’opérateur d’équipement lourd pour la société de transport ferroviaire Tshiuetin, première ligne de chemin de fer en Amérique du Nord entièrement détenue et exploitée par un regroupement de Premières Nations. « C’est une immense fierté pour nous de détenir et d’opérer cette ligne ferroviaire, déclare Shane. Tshiuetin est bien plus qu’une simple entreprise de transport. Elle emploie de nombreuses personnes, et maintient un lien tangible et direct avec le reste du Québec et du Canada. Elle représente une véritable porte ouverte sur le monde pour les membres de nos communautés. »

Shane est formel, son nouveau rôle au sein du conseil central représente bien plus qu’une simple fonction syndicale : c’est l’opportunité de renforcer les liens entre les travailleuses et travailleurs de la région. « Je suis désormais le représentant de tous les membres de la Côte-Nord. Notre territoire est isolé et nous avons appris à jongler avec cette réalité, mais cela ne veut pas dire que nous devons vivre en autarcie. Au contraire, nous avons beaucoup à apprendre les uns des autres. Le développement de la solidarité régionale est essentiel pour assurer notre progrès collectif. »

Immigration: les rafles se multiplient aux États-Unis

Aux États-Unis, des millions de res­sor­tissants étrangers vivent aujourd’hui dans la peur d’aller travailler. Et pour cause : les milieux de travail sont de plus en plus la cible des rafles menées par les agents de la police fédérale de contrôle de l’immigration (ICE), chargés de faire respecter les politiques migratoires du pays.

Les images font frissonner : masqués, lourdement armés, appuyés par des véhicules militaires, ils envahissent par centaines là une usine, là une ferme, aujourd’hui un restaurant, demain un lave-auto. C’est à de véritables arrestations de masse qu’ils s’activent, se servant d’attaches à usage unique pour immobiliser les travailleurs, le temps de vérifier le statut de chacun.

À Los Angeles en juin dernier, c’est un stationnement du Home Depot de Westlake qui fut le théâtre d’un tel coup de filet. Comme chaque matin, ils étaient déjà quelques centaines de journaliers à espérer être embauchés pour la journée quand les agents de l’ICE ont envahi les lieux, multipliant les arrestations arbitraires. Devant l’ampleur des manifestations, Trump jugea bon de déployer les troupes de la garde nationale, malgré l’opposition du gouverneur californien – et féroce opposant démocrate –, Gavin Newsom.

En juillet, la juge Maame E. Frimpong ordonnait aux corps de police de cesser de cibler aléatoirement les communautés immigrantes en raison de leur accent ou de leur apparence ethnique. Un tel profilage racial enfreint le 4e amendement américain, qui protège les citoyens contre les arrestations abusives.

Si la décision Frimpong a été confirmée par la Cour d’appel, l’administration Trump a depuis porté la question à la Cour suprême qui, dans une décision provisoire rendue le 8 septembre, levait temporairement les interdictions imposées aux opérations de la police de l’immigration.

Mais les forces de l’ICE n’ont pas attendu la décision du plus haut tribunal du pays. Le 7 août dernier, c’est dans le stationnement du même Home Depot de Los Angeles qu’ils ont déployé l’opération « Cheval de Troie ». Cachées dans un camion de location – comme ceux utilisés par les entrepreneurs en quête de main-d’œuvre bon marché –, des troupes ont surgi du camion, pourchassant les malheureux.

Pour de nombreuses communautés immigrantes, le pire est à craindre si la Cour suprême devait, lorsqu’elle se penchera sur le fond de l’affaire, autoriser des arrestations basées sur « l’ethnicité apparente », comme le souhaite l’administration Trump.

D’autant plus que la loi budgétaire que le président a fini par faire adopter au cours de l’été, le One Big Beautiful Bill Act, prévoit une augmentation de 75 milliards $ du budget de l’ICE, permettant à la force d’embaucher 10 000 nouveaux agents. La somme de 45 milliards sera investie au cours des quatre prochaines années pour décupler le nombre de centres de détention pour personnes immigrantes en situation irrégulière, comme cet « Alcatraz des alligators », construit en un temps record en bordure d’une piste d’atterrissage abandonnée en Floride, qui sert depuis à l’expulsion des immigrants.

Le président Trump et sa secrétaire à la sécurité intérieure, Kristi Noem – celle-là même qui avait défrayé la chronique après avoir abattu son chien à bout portant – n’en démordent pas : c’est aux criminels endurcis, « membres de gang, violeurs et pédophiles », qu’ils font la lutte.

Les chiffres montrent pourtant le contraire. Depuis le retour des arrestations de masse, la part d’immigrants sans antécédent criminel parmi les personnes arrêtées par l’ICE n’a cessé d’augmenter, passant de 24 % en décembre à 37 % en juillet, selon les chiffres compilés par le Deportation Data Project de l’Université de Californie à Berkeley.

En marche pour changer le monde

C’est grâce à des féministes québécoises qu’était lancée, il y a 30 ans, la marche historique « Du pain et des roses ». Cet événement a donné naissance au mouvement international de la Marche mondiale des femmes qui, lors de sa première édition en l’an 2000, a rassemblé des personnes issues de 161 pays pour dénoncer la pauvreté et la violence subies par les femmes. Depuis, cette grande mobilisation se déroule tous les cinq ans, partout à travers le monde.

« Bien que les militantes pour l’égalité des sexes aient réalisé des gains, les iniquités persistent. La montée de la droite et du masculinisme suscite des inquiétudes. On constate encore beaucoup de précarité d’emploi chez les femmes et une augmentation de la violence qu’elles subissent », s’inquiète la responsable politique du comité confédéral de la condition féminine et secrétaire générale, Nathalie Arguin.

« À la CSN, notre travail est d’aller sur le terrain et de croire les victimes. On offre des formations sur la condition féminine et sur la prise de parole des femmes. C’est important qu’elles prennent leur place à l’intérieur des syndicats. On veille aussi à ce que la Loi sur l’équité salariale soit respectée, pour une diminution de la précarité économique des femmes. En plus de participer activement à la marche mondiale, on se mobilise chaque 8 mars, Journée internationale des droits des femmes. Mon grand rêve est que tout ceci ne soit plus que commémorations, car nous aurions créé une société basée sur les valeurs féministes qui placent l’économie au service du vivant », explique la responsable de la condition féminine du Conseil central du Montréal métropolitain, Marie-Roberte Lucate.à

Le 18 octobre 2025, la marche mondiale dénoncera les violences faites aux femmes et l’inaction face à la crise climatique. Le rassemblement revendiquera aussi un revenu décent qui garantit l’autonomie financière des femmes et leur droit à l’accès universel et gratuit aux services publics.

Entre petits syndicats

À l’approche des élections municipales à l’échelle de la province, la CSN a décidé de faire le point sur les enjeux vécus par les syndiqué-es du milieu. Alors que ces derniers sont touchés de plein fouet par la hausse du coût de la vie, l’attraction et la rétention de la main-d’œuvre affectent désormais le recrutement.

« Avant, dans le municipal, on nous considérait comme choyés, relève Kuang Selao, président du secteur du même nom à la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP–CSN). Personne ne pleurait nos conditions de travail. Pendant la COVID, le domaine privé a toutefois bonifié ses conditions alors que celui du municipal stagne. »

Kuang raconte avoir vu des cols bleus de son syndicat local quitter le secteur même après 10 ou 15 ans d’ancienneté. « Habituellement, les bleus sortent seulement à leur retraite », poursuit-il. Le président du secteur s’explique mal cette résistance des villes à augmenter les salaires… alors que l’explosion du prix de l’immobilier profite positivement à leurs revenus. Il constate que les villes ne priorisent pas l’investissement dans la main-d’œuvre, même si elles en ont grandement besoin.

Dans le contexte économique, le volet financier est vraiment au cœur des préoccupations des membres. « Lorsqu’on a obtenu une bonification au régime de retraite, une employée m’a dit oui, c’est une bonne nouvelle, mais ça n’ajoute pas de pain sur ma table », illustre Kuang Selao.

Les défis du secteur

L’enjeu majeur du secteur municipal à la FEESP est l’existence de nombreux petits syndicats. « Comme ils ne sont pas toujours autonomes, cela peut affecter leur vie syndicale et la capacité à représenter efficacement les enjeux vécus par leurs membres », complète le président du secteur.

La taille de l’unité fait aussi que le potentiel de candidates ou candidats qui souhaitent s’engager syndicalement est faible. Cela fait boule de neige : les plus petits syndicats ne participent pas aux instances du mouvement. « C’est pour ça qu’à l’exécutif du secteur, on a pris l’engagement d’aller à la rencontre de tous ces groupes », ajoute Kuang Selao.

La participation citoyenne aux élections municipales est en baisse dans la province, de moins en moins de personnes s’y intéressent alors que ça devrait plutôt être le contraire, selon le président du secteur à la FEESP–CSN.

« C’est une entité de proximité, mentionne Kuang Selao. Je trouve que c’est le seul palier où l’on peut avoir un impact direct. »

CISO: immersion syndicale au Mexique

En juin dernier, une délégation de syndicalistes du Congrès du travail du Canada, des Métallos, de l’Alliance de la fonction publique du Canada et du Syndicat canadien de la fonction publique se sont rendus à la rencontre de leurs homologues mexicains afin d’échanger sur leurs réalités respectives, en particulier concernant l’impact de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM).

En tant que membre du conseil d’administration du Centre international de solidarité ouvrière (CISO), Philippe Morin été invité à participer à cette délégation. Le CISO a été fondé à l’initiative de plusieurs acteurs syndicaux québécois, dont la CSN, et regroupe plusieurs organisations affiliées dont certaines fédérations et conseils centraux, en plus de certains syndicats locaux et du Syndicat des travailleuses et travailleurs de la CSN.

Au cours de ce séjour, les camarades du Mexique ont pu expliquer les nombreux défis auxquels ils font face, mais aussi annoncer les éventuelles opportunités de collaboration entre les groupes des pays participants.

Parmi les principaux défis, la CSN souligne la discrimination et la violence faites aux travailleuses, particulièrement lorsque celles-ci s’organisent syndicalement. Cette violence est exercée tant de la part des patrons que par certains militants syndicaux, pas toujours très progressistes… Le courageux travail de sensibilisation de la Red de Mujeres Sindicalistas (Réseau des femmes syndicalistes) et du Comité Fronterizo de Obreras (Comité frontalier des ouvrières) a impressionné les délégué-es et provoqué d’importantes mais difficiles discussions avec certains camarades mexicains de l’industrie lourde.

La rencontre a aussi permis d’amorcer un bilan du traité de libre-échange qui unit les trois pays. Le traité prévoit un mécanisme qui, à la demande de syndicats américains ou canadiens, dépêche des enquêteurs lorsque des violations des droits syndicaux sont dénoncées par des individus ou des organisations mexicaines. Ce dispositif original, qui s’inscrit tout de même dans un rapport inégal entre les pays, est généralement salué par les associations mexicaines, même si des améliorations quant à son efficacité sont souhaitables.

Finalement, la présence de militantes et militants canadiens a aussi favorisé le dialogue entre les syndicats démocratiques du Mexique, notamment parmi nos alliés historiques du Frente Auténtico del Trabajo. Ainsi, les démarches de consolidation et de recherche d’unité entre les syndicats progressistes se poursuivent et se renforcent.

L’antisyndicalisme basé sur des données erronées

La CAQ a résolument pris le virage de l’antisyndicalisme en multipliant les attaques contre le mouvement syndical au cours des derniers mois. Le gouvernement prévoit de revenir à la charge cet automne pour réduire la capacité des syndicats à intervenir dans le débat public, même sur les enjeux qui touchent les travailleuses et les travailleurs au quotidien. Aux yeux de la CAQ, la fin semble justifier les moyens. Si le passé est garant de l’avenir, il faudra se méfier des arguments que les ministres utiliseront pour défendre leur projet, car ils ont fait preuve d’une grande créativité dans l’interprétation des faits, en matière de relations de travail.

Rappelons que durant le printemps et une bonne partie de l’été, le ministre du Travail, Jean Boulet, a mené une campagne antisyndicale en se basant sur des chiffres erronés publiés par Statistique Canada. Ainsi, il a fallu que la CSN interroge l’organisme fédéral pour que ce dernier révèle l’inexactitude des données et qu’il les retire de son site. En fait, Statistiques Canada recommande de consulter ces résultats auprès du ministère du Travail du Québec… le ministère de Jean Boulet !

Ainsi, il n’y a pas eu 759 grèves au Québec en 2024, mais bien 208 conflits de travail, confirme le propre ministère de Jean Boulet, qui est le seul organisme chargé de valider ces informations. L’année 2024, bien qu’effectivement ponctuée de nombreux arrêts de travail, ne fut pas une année record à ce chapitre et se situa légèrement au-dessus de la moyenne annuelle. Non, 91 % des grèves au Canada n’ont pas lieu dans la province !

Édition automne 2025: des nouvelles en rafale

Le personnel de soutien de l’aide juridique met fin à la grève

Après neuf jours de grève, les huit syndicats du Regroupement du personnel de l’aide juridique ont réussi à conclure une entente de principe en juin dernier. C’est le conciliateur au dossier qui a émis une recommandation afin de trouver une sortie au conflit de travail.

« Je suis fière qu’on ait réussi à mobiliser les travailleuses. C’est la première fois que nos membres se sont autant tenues debout. Nous avons mis en place une belle mobilisation graduelle. Nous sentions les effets sur l’employeur à la table de négociation. Mais il a fallu recourir à la grève pour le réveiller, et nous l’avons fait ! », affirme la présidente du regroupement, Josée Désilets.

Avec une même convention collective, les salariées ont maintenant toutes droit à un horaire variable, au télétravail et à la semaine de quatre jours. Elles obtiennent également une augmentation salariale de 17,4 % sur cinq ans et les mêmes gains que le secteur public.

 

La CSN s’opposera à l’interdiction des signes religieux en CPE

Soucieux de redorer son image auprès d’une frange de la population en cette année électorale, il y a fort à parier que le gouvernement Legault donne suite à la recommandation du rapport Pelchat-Rousseau à l’effet d’interdire le port de signes religieux au réseau de la petite enfance.

Au fil des projets de loi déposés par la CAQ, la CSN a toujours défendu sans réserve la laïcité de l’État, tout en s’opposant à ce qu’une vision rigide de celle-ci en vienne à bafouer les droits et libertés des travailleuses et des travailleurs, protégés par nos chartes.

Au même titre que la CSN s’était montrée en défaveur de l’élargissement de cette interdiction à l’ensemble du personnel du réseau de l’éducation, la centrale a annoncé qu’elle s’opposerait à une interdiction du port de signes religieux auprès du personnel des CPE.

« Visiblement, le gouvernement Legault a perdu tout sens des priorités, se désole Caroline Senneville. Le réseau de la petite enfance est à court d’au moins 30 000 places subventionnées. Les problèmes de recrutement de main-d’œuvre sont criants. Et tout ce que le gouvernement trouve à faire, c’est de se priver de travailleuses compétentes par simple calcul politique. »

Cliniques vétérinaires: des conditions de travail intenables

Après des années de surcharge de travail, les salarié-es de plusieurs cliniques vétérinaires du groupe Daubigny ont décidé de se syndiquer pour faire entendre leur voix.

Le groupe Daubigny, qui représente aujourd’hui plus d’une centaine d’établissements, s’impose comme le plus grand conglomérat vétérinaire au Québec. Toutefois, selon les témoignages des employé-es, cette croissance s’est faite au détriment de la qualité de vie au travail. La stratégie Daubigny est bien rodée : acquérir des cliniques sans afficher clairement son image de marque, augmenter considérablement les tarifs, désinvestir dans l’entretien des lieux et des équipements et détériorer les conditions de travail.

Le message des travailleuses et travailleurs des cliniques vétérinaires est clair : ils veulent améliorer leurs conditions d’emploi et, ultimement, offrir de meilleurs soins aux animaux de compagnie.

 

L’hôtellerie marque des points

Avec l’entente adoptée en septembre par les employé-es de l’Hôtel Le Concorde à Québec, la 11e négociation coordonnée de l’hôtellerie prend fin.

La mobilisation exemplaire des travailleuses et des travailleurs a mené à des avancées importantes : augmentations salariales de 21 % sur quatre ans et hausse de la contribution de l’employeur à l’assurance collective. Les syndicats ont de plus réussi à restreindre le recours aux agences privées. Le personnel améliorera aussi son sort en matière de formation, de vacances, de charge de travail et par rapport aux pourboires. Les journées de grève coordonnées et les nombreuses actions ont mis la pression nécessaire pour forcer les hôteliers à partager les profits.

La ronde de négo a été marquée par de longs conflits dans plusieurs établissements. Bien que certains hôteliers ont tenté d’épuiser les salarié-es, le résultat des négociations prouve que ça n’a pas marché ! La solidarité et la détermination donnent la force nécessaire aux membres pour marquer des points.

 

École de la relève 2025: les jeunes au rendez-vous !

Une quarantaine de militantes et militants ont pris part, en août dernier, à la cohorte de l’École de la relève 2025. Ce camp de formation, destiné aux jeunes de moins de 35 ans issus des syndicats affiliés à la CSN, vise à les initier aux rudiments de l’action syndicale et aux différentes composantes de notre centrale.

Conjoncture oblige, les attaques au droit de grève et à l’activité syndicale et l’impact de la hausse du coût de la vie sur les travailleuses et les travailleurs ont ponctué les discussions cette année. Pour la vice-présidente de la CSN et la responsable du comité confédéral des jeunes, Katia Lelièvre, l’École de la relève est d’abord et avant tout un lieu d’échange et de réseautage fort apprécié par les participantes et participants.

« La formation permet aux jeunes d’échanger sur les défis auxquels ils sont confrontés dans leur milieu de travail, explique Katia. Pour certains, c’est la découverte du milieu syndical, alors que pour d’autres, l’École leur permet d’approfondir leur connaissance de notre mouvement. C’est stimulant de les voir évoluer tout au long de la formation ! »

Une grande victoire syndicale chez Héroux-Devtek

Après un lock-out de deux mois, le syndicat a de quoi se réjouir. Une augmentation salariale significative de plus de 20 %, accompagnée d’une valorisation des primes et du régime de retraite, améliorera les conditions de vie des employé-es spécialisés dans la confection de trains d’atterrissage. (Une photo de Dominic Morissette)

Le chiffre du numéro : 101
L’illustre sociologue Guy Rocher, témoin et acteur important du 20e siècle au Québec, est décédé le 3 septembre dernier. Il avait 101 ans.
Dans le premier gouvernement du Parti québécois, le ministre Camille Laurin fait appel à lui pour la rédaction de la Charte de la langue française, baptisée loi 101, adoptée en 1977. Bon voyage, cher camarade !

Édition automne 2025: bienvenue à la CSN!

Cœur du Québec

  • STT de Transport & Entreposage Paradis (FEESP–CSN)
  • STT de la Micro-brasserie Le Trou du diable | Boutique et salon
    (FC–CSN)

    Lanaudière

    • SEE de la Société québécoise du cannabis | section Rawdon (FEESP–CSN)

    Montérégie

    • SN du Personnel de Francisation | Cégep Saint-Jean-sur-Richelieu (FNEEQ–CSN)
    • STT en santé animale de la Montérégie | Section Clinique vétérinaire de Vaudreuil (FP–CSN)
    • STT des résidences et CH privés de la Montérégie | Section CHSLD Argyle (FSSS–CSN)

    Montréal métropolitain

    • SEE du pensionnat du Saint-Nom-de-Marie (FNEEQ–CSN)
    • STT des industries manufacturières | Section ARD Canada Inc. (FIM–CSN)
    • STT en santé animale de Montréal | Section Clinique vétérinaire du Plateau Mont-Royal (FP–CSN)
    • STT des centres d’hébergement du grand Montréal | Section Résidence le St-Michel (FSSS–CSN)
    • STT de la Compagnie des Prêtres de Saint-Sulpice (FEESP–CSN)

    Québec–Chaudière-Appalaches

    • S des employés municipaux de la Côte de Beaupré | Section Saint-Tite-des-Caps (FEESP–CSN)
    • STT du commerce | section Village Vacances Valcartier, restaurants Le capitaine, Villagio et Chalet sportif (FC–CSN)
    • STT du commerce | section Village Vacances Valcartier – Bars extérieurs (FC–CSN)
    • STT de la MRC de Bellechasse (FEESP–CSN)
    • SN des archéologues du Québec | Section Gaia (FP–CSN)

    Saguenay–Lac-Saint-Jean

    • STT des organismes communautaires du Saguenay-Lac-Saint-Jean | Maison d’accueil pour sans-abri d’Alma (FSSS–CSN)
    • SEE de la Société québécoise du cannabis | section Saint-Félicien (FEESP–CSN)

    Bienvenue à la CSN!

    Résister, au fil des saisons

    En prenant la route du Bas-du-Fleuve cet été, Éric Lavoie Vouligny et Sylvain Bordeleau s’attendaient quand même à recevoir quelques tomates. La région est le fief d’André Bélanger, propriétaire de Béton Provincial.

    C’est d’abord pour informer les travailleurs des autres usines de Béton Provincial des enjeux de leur négociation qu’Éric et Sylvain ont fait tant de kilomètres. Mais aussi pour sensibiliser la population au comportement répréhensible de leur concitoyen, qui n’a pas hésité à mettre 50 employés en lock-out à quelques jours de leur qualification à l’assurance-emploi, en décembre dernier, tout juste avant la saison morte.

    « On voulait passer notre message, explique Éric en entrevue. On voulait aller chez lui, dans sa ville à Matane. Pour que sa famille, ses ami-es, commencent à l’interpeller : comment ça, que ça monte de Montréal pour poser des pancartes jusqu’ici ? »

    Des tomates, Éric et Sylvain n’en auront reçu qu’à Gaspé, où les travailleurs, non syndiqués, craignirent de subir les contrecoups de cette visite improvisée.

    « Partout ailleurs, on nous accueillait à bras ouverts. Ils savent qu’on se bat pour l’industrie au complet. Pour tous les opérateurs de bétonnières du Québec », explique M. Lavoie Vouligny

    « On a fait toutes les usines du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie. On s’arrêtait, on mettait des drapeaux et on parlait aux gars. Sur la route, on s’arrêtait manger dans les haltes : on faisait juste se stationner, les gens venaient nous voir et on distribuait nos tracts… »à

    Tuer la concurrence

    C’est en avril 2024 que Demix Béton, la compagnie qui employait Éric et Sylvain, fut rachetée par Béton Provincial. En pleine expansion, l’entreprise emploie aujourd’hui plus de 2600 personnes dans ses 90 usines et sa centaine de carrières, tant au Québec qu’en Ontario, au Nouveau Brunswick et à Terre-Neuve.

    « À Gaspé, un entrepreneur est venu nous dire que Béton Provincial avait racheté toutes les petites usines de la région, relate Éric. Ils ont baissé les prix, ils ont tué toute la concurrence. Ensuite, ils ont fait passer le prix du mètre cube de béton de 100 $ à 300 $. L’entrepreneur nous disait qu’en Gaspésie, tu n’as pas le choix de faire affaire avec Béton Provincial. Pour de la qualité ben moyenne, parfois. »

    Comme tous ses collègues, Éric Lavoie Vouligny est conscient que les conditions négociées chez Demix sont meilleures que celles qui prévalent en Gaspésie. Jusqu’à 6 $ l’heure en moins.

    « Ce sont de petits plants : souvent quatre ou cinq employés, pas plus. Béton Provincial fait ce qu’il veut. Les travailleurs ont peu de marge de manœuvre pour refuser les offres de la compagnie », précise Éric.

    À LaSalle et à Longueuil, les employés ont refusé les offres du boss. Il voulait geler les salaires sur quatre ans, abolir le régime de retraite et couper substantiellement dans l’assurance collective. Depuis décembre, rien n’a trop bougé à la table de négociation.

    « C’est de plus en plus dur, admet Éric. Les gars se trouvent des petites jobs à gauche à droite. Il y en a qui n’ont pas le choix, avec les enfants et la maison à payer. Certains ont carrément décroché et sont allés se faire voir ailleurs, même si la majorité des lock-outés maintiennent chaque semaine la ligne de piquetage. »

    Au moment d’écrire ses lignes, Éric et Sylvain s’apprêtaient à reprendre la route à bord de leur camionnette. « On fera tout le Saguenay pour continuer sur la Côte-Nord ensuite. On s’arrêtera dans les conseils centraux et on prévoit visiter au moins une quinzaine d’usines de Béton Provincial. »

    « Moi, c’est la mobilisation qui me tient. Trouver des idées de mob et m’occuper des gars sur la ligne m’aide à passer au travers », conclut Éric Lavoie Vouligny.

    La déconfiture du royaume abitibien

    Grand cinéaste des gens ordinaires aux vies extraordinaires, Pierre Perrault avait l’habitude de coucher sur papier le contenu de ses films. Cet ouvrage retrace ainsi en détail le film du même nom sorti en 1975 et tourné avec la formidable caméra de Bernard Gosselin.

    En pleine crise des années 1930, le ministère de la Colonisation publiera la brochure Un royaume vous attend afin d’inviter des milliers de chômeurs à quitter la ville pour défricher et développer l’Abitibi.

    Avec les moyens du bord et peu de connaissances, plusieurs familles y développèrent des fermes modestes alors présentées comme celles qui porteraient l’avenir alimentaire du Québec. La famille de Hauris Lalancette fera partie de cette aventure ardue qui se terminera mal pour la majorité de celles et ceux ayant rêvé de vivre dignement dans ce royaume. Héros au centre de l’œuvre, Lalancette luttait à l’époque contre la fermeture de son village, Rochebaucourt.

    Les promesses de rêves des politiciens et du clergé ne seront pas accompagnées d’appuis concrets à cet effort de colonisation. Avec le temps, la dure réalité de la vie dans une région si austère et les coûts importants associés à l’agriculture industrielle finiront par en décourager plusieurs.

    Constatant les besoins de main-d’œuvre nécessaire à la construction de la Baie-James, le gouvernement lui-même enverra des fonctionnaires pour vendre ce nouveau rêve et inciter des familles à déménager vers ces villes plus denses. Défrichées et propices à la culture, les terres abandonnées par les familles seront alors confiées aux compagnies forestières pour qu’elles y cultivent différentes essences d’arbres nécessaires à l’industrie. Les rêves de liberté et les efforts de milliers de gens humbles seront alors gommés de l’histoire et réduits au service de l’économie.

    La lucidité et la colère contagieuses de Lalancette permettent au lecteur de comprendre le système d’exploitation mis en place par le gouvernement de l’époque, sans le soutien promis aux colons. Une histoire 1000 fois vécue par autant de familles dans un système capitaliste profitable aux riches, mais violent et réducteur pour les pauvres.

    Pour emprunter : visiter PôleDoc CSN
    Pour visionner : ici

    Les centrales syndicales et le RATTMAQ appellent à dépolitiser l’immigration

    Les grandes centrales syndicales (CSD, CSN, CSQ et FTQ) ainsi que le Réseau d’aide aux travailleuses et travailleurs migrants agricoles du Québec (RATTMAQ) demandent au gouvernement de dépolitiser la gestion de l’immigration.

    « La planification pluriannuelle de l’immigration est un exercice trop important pour être entaché des débats politiques qui sont souvent inutilement partisans. On doit offrir aux personnes immigrantes toutes les chances de contribuer pleinement à la société québécoise et traiter véritablement avec humanité. Ce que l’on souhaite de tous nos vœux, c’est que le gouvernement fasse la démonstration que les dés ne sont pas pipés », ont affirmé d’une seule voix Luc Vachon, président de la CSD, Katia Lelièvre, vice-présidente de la CSN, Pascal Côté, troisième vice-président de la CSQ, Denis Bolduc, secrétaire général de la FTQ et Mélanie Gauvin, porte-parole du RATTMAQ.

    « Bien que nous participions aux consultations, nous demeurons dubitatifs quant à la volonté réelle du gouvernement d’écouter et d’ajuster sa politique. De nombreux acteurs, issus d’horizons variés, recommandent d’offrir des réelles voies d’accès à la résidence permanente pour les personnes à statut temporaire qui sont actuellement au Québec, notamment afin de répondre à des besoins de main-d’œuvre qui sont à la base permanents. Or, le plan actuel s’oriente clairement à l’inverse et ne répond pas adéquatement aux défis d’immigration, de francisation et d’inclusion au Québec », a ajouté Luc Vachon, président de la CSD.

    Miser sur la résidence permanente
    Depuis de nombreuses années, les centrales syndicales préconisent la résidence permanente plutôt que la précarité associée à la résidence temporaire. À long terme, croient-elles, seule l’immigration permanente motive l’apprentissage du français et peut soutenir la démographie, le marché du travail et la prestation de services.

    « Le Québec a des besoins démographiques, de main-d’œuvre et de services qui sont permanents. Nous devons combler ces besoins en offrant des statuts permanents aux immigrantes et immigrants qui sont ici présentement. Il faut être responsables dans notre façon d’accueillir ces gens. Pour ce faire, nous devons hausser les seuils de la résidence permanente par l’admission de résidents temporaires déjà chez nous, ce qui aura pour effet de réduire leur nombre sur le territoire », affirme la vice-présidente de la CSN, Katia Lelièvre.

    Le piège des permis de travail fermés
    Afin de mettre fin aux pratiques abusives dont souffrent les travailleurs étrangers temporaires, les centrales syndicales et le RATTMAQ exigent du gouvernement qu’il mette fin au permis de travail lié à un seul employeur dans tous les programmes temporaires et qu’il procède à une réforme en profondeur du Programme des travailleurs étrangers temporaires. Mélanie Gauvin, porte-parole du RATTMAQ explique que : « Pour les travailleuses et travailleurs migrants temporaires, la seule véritable capacité d’accueil du Québec doit passer par l’abolition des permis de travail fermés et par un accès égal et inclusif à la résidence permanente. Nous souhaitons que le Québec agisse dans le respect des droits humains. »

    Denis Bolduc, secrétaire général de la FTQ poursuit : « Québec doit arrêter de tourner en rond dans le dossier des travailleuses et travailleurs migrants. Il doit, de façon urgente, régulariser la situation de ces milliers de travailleuses et travailleurs en leur accordant le statut permanent et en mettant fin aux permis de travail fermés » déclare Denis Bolduc secrétaire général de la FTQ.

    Soutenir la francisation et reconnaître l’apport des étudiantes et étudiants étrangers
    Les leaders syndicaux appellent le gouvernement à reconnaître pleinement la contribution des étudiantes et des étudiants internationaux et à réinvestir massivement en francisation, à tous les niveaux, dans les centres de services scolaires, en entreprise et celle offerte par les groupes communautaires.

    « L’apprentissage du français est un formidable passe-partout pour l’intégration des personnes immigrantes au Québec! Le gouvernement devrait éviter de jouer au yo-yo avec le financement comme il l’a fait l’automne dernier. Ce sont des parcours de vie dont il est question, pas de simples chiffriers Excel. En matière d’intégration, on ne peut pas non plus faire abstraction des étudiantes et étudiants internationaux. Ils sont déjà bien intégrés à leurs communautés et contribuent à la vitalité économique, sociale et culturelle de celles-ci », a conclu Pascal Côté, troisième vice-président de la CSQ.

    Ras-le-bol du mépris de l’environnement et de la démocratie

    Aujourd’hui, près de trois mille personnes ont répondu à l’invitation du mouvement Pour la suite du monde (PLSDM), qui compte quelque 50 organisations membres. Elles ont manifesté leur ras-le-bol du mépris de l’environnement et de la démocratie par le gouvernement Legault en arborant une cravate afin de souligner le manque d’écoute de la classe dirigeante, composée d’hommes en cravate souvent sous l’influence de lobbyistes intéressés par le profit à tout prix plutôt que le bien-être collectif. Ces manifestations avaient lieu aux abords du congrès de la CAQ à Gatineau ainsi qu’à Montréal, à Québec, à Rimouski, à Saint-Jérôme et à Baie-Saint-Paul.

    Ces rassemblements ont pour but d’exprimer le ras-le-bol généralisé de la population envers la gestion erratique et court-termiste du gouvernement Legault dans plusieurs dossiers ayant un impact environnemental significatif. Les groupes dénoncent notamment les projets de déréglementation environnementale au profit d’entreprises telles que Northvolt ou Stablex, la loi 69 qui ouvre la porte à la privatisation de l’énergie renouvelable et à la politisation des tarifs d’énergie, la réforme du régime forestier qui offrait nos forêts aux industries, le sous-financement répété du transport en commun, la surreprésentation des lobbyistes aux intérêts privés, le projet pharaonique du 3e lien, l’atteinte à la capacité des travailleurs et travailleuses de pouvoir négocier d’égal à égal afin d’améliorer leurs conditions, l’effritement général du filet social, etc.

    La revendication du mouvement est simple : il faut mettre en œuvre une transition énergétique, écologique et sociale au bénéfice de l’ensemble des Québécois et Québécoises et inclure la population dans les décisions pour un véritable dialogue social !

    Encore cette année, le Québec a subi les conséquences des changements climatiques de plein fouet avec des pluies diluviennes, des morts prématurées dues aux canicules et aux fumées venant de l’Ouest, des phénomènes climatiques extrêmes. Il est plus que temps de mettre en place les véritables solutions pour inverser la vapeur.

    Les partenaires du mouvement exigent que le nouveau cabinet des ministres de la CAQ aille à la rencontre des groupes de la société civile pour comprendre leur réalité et leurs besoins. Les élu-es pourraient ainsi entendre les préoccupations de la majorité de la population au lieu de s’enfermer derrière des portes closes pour prendre des décisions entre eux.

    Un récent sondage commandé par Équiterre* dans la foulée de l’adoption du projet de loi C-5 a révélé que 60 % des répondants et répondantes étaient en désaccord avec le fait qu’un grand projet puisse contourner des règles environnementales existantes. La guerre commerciale avec le président Trump demande de faire certains choix, mais on ne doit pas sacrifier l’environnement et reléguer l’urgence de sa protection aux générations futures en approuvant trop rapidement des projets sans tenir compte des impacts environnementaux et sociaux.

     

    Manque généralisé de démocratie

    Le manque de démocratie du gouvernement Legault se manifeste également dans d’autres dossiers : grande centralisation des décisions en santé et en éducation, nouvelles entraves au droit de grève, etc. Tout cela contribue au ras-le-bol des membres de Pour la suite du monde qui s’étaient d’abord coalisés sur des dossiers environnementaux.

    En conclusion, les groupes exigent que les décisions cessent de se prendre derrière des portes closes et que les solutions qui émergent de la société civile soient enfin entendues et mises en œuvre.

     

    Citations 

    Secteur environnement

    « Si ce gouvernement est impopulaire, ce n’est pas parce que les lois environnementales sont dans le chemin de l’industrie minière, militaire ou de l’intelligence artificielle, c’est parce qu’il ne met pas ses priorités à la bonne place. La solution est simple : améliorer les services publics et l’offre de logement abordable et aider le monde et les municipalités à traverser les épisodes climatiques extrêmes en mettant à niveau les infrastructures. Prendre encore plus de mauvaises décisions pour l’environnement, comme ils l’ont fait avec le contournement du BAPE pour Northvolt, ça ne les rendra pas plus populaires », tranche le directeur des relations gouvernementales chez Équiterre, Marc-André Viau.

     

    Secteur syndical

    « Les attaques du gouvernement Legault contre les travailleurs et les travailleuses nuisent au maintien d’un rapport de force équilibré. Cette stratégie politique déconnectée des réels besoins de la population limite leur capacité à négocier de meilleures conditions de travail. C’est encore plus vrai à une époque où le logement et la vie en général coûtent de plus en plus cher et que les travailleuses et travailleurs sont affectés par les conséquences des changements climatiques. Il est important aussi de rappeler que les luttes syndicales ont profité et profitent encore à l’ensemble de la population du Québec, et ce, depuis des décennies. « S’en prendre aux syndicats, c’est s’attaquer à celles et ceux qui luttent quotidiennement pour protéger et pour améliorer leur qualité de vie. Le gouvernement Legault semble l’oublier, et ce n’est sûrement pas étranger à son faible taux de popularité actuel dans les sondages », affirme le vice-président de la FAE et porte-parole syndical de PLSDM, Patrick Bydal.

     

    Secteur jeunesse

    « Les politiques d’austérité de la CAQ n’ont pas leur place dans notre société. La jeunesse, la transition socioécologique, l’éducation et l’enseignement supérieur ne sont pas des questions que le premier ministre peut se permettre d’ignorer. Il est temps d’investir là où ça compte : dans les écoles, les cégeps, les universités, dans la transition socioécologique », martèlent Flora Dommanget de l’Union étudiante du Québec (UEQ) et Christopher Zéphyr de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ).

     

    Secteur de la santé

    « Comme médecins, l’une de nos hantises est de manquer un diagnostic vital. C’est pourtant ce que font les gouvernements à l’heure actuelle. En minimisant la crise climatique, en allégeant les réglementations environnementales et en misant sur des gains illusoires à court terme, ils choisissent d’ignorer des menaces bien réelles pour la santé des gens. La bonne nouvelle, c’est qu’il n’est pas trop tard pour rectifier le tir, poser le bon diagnostic et offrir le traitement adéquat. Les données scientifiques sont claires : la transition sociale, écologique et énergétique est non seulement bénéfique pour la santé de tous, mais aussi économiquement intelligente », explique la présidente de l’Association québécoise des médecins pour l’environnement (AQME), Dre Claudel Pétrin-Desrosiers.

     

    Secteur citoyen

    « Les mouvements de citoyennes et de citoyens sont importants dans notre société, car ce sont des personnes qui s’organisent et montent au front au nom du bien commun, en défendant le vivant. Malheureusement, les décisions prises entre le gouvernement et les entreprises privées, à huis clos ou par le biais de projets de loi, mettent à mal la démocratie (et ses institutions), ainsi que l’avenir de nos enfants. C’est pourquoi la population est amenée à décrier, à résister et à combattre les mauvais choix gouvernementaux qui détruisent l’environnement (milieux humides, forêts, faune, santé humaine) ! », s’indigne Francis Waddell de Demain Verdun.

     

    Secteur municipal

    « Les élus municipaux ont le pouvoir d’assurer une participation active de la population en l’informant et en la mobilisant sur les enjeux pouvant avoir un impact réel sur sa qualité de vie. Les beaux gros projets ne sont pas toujours aussi séduisants qu’on tente de nous le faire croire. Avant de les accepter ou de les rejeter, la population a besoin qu’on lui fasse confiance dans sa capacité à se prononcer. Vent d’élus se positionne sur certains enjeux environnementaux et sociaux, non pas pour imposer ses choix, mais dans le but d’offrir l’information la plus objective possible pour que chacun puisse faire un choix éclairé », précise le vice-président de Vent d’élus, Sylvain Pillenière.

     

    Secteur de l’économie

    « La logique économique dominante est insoutenable. En cherchant à maximiser le profit aux actionnaires, elle accélère la dégradation environnementale et aggrave les inégalités sociales. Il est grand temps de transformer le système économique. Partout au Québec, des initiatives en économie sociale portées par les communautés démontrent qu’il est possible de bâtir une économie qui travaille pour nous », souligne la directrice du Chantier de l’économie sociale, Béatrice Alain.

     

    Secteur communautaire

    « La nomination de Bernard Drainville au ministère de l’Environnement est un exemple parmi tant d’autres du désengagement complet de la CAQ envers les enjeux socioclimatiques », s’exclame Florence Nappert, des AmiEs de la Terre de Québec. « Le milieu communautaire ne baissera pas les bras : nous continuerons de dénoncer la vision extractiviste du gouvernement et de mener des actions en faveur de la justice climatique et sociale », conclut-elle.

     

    *Sondage, septembre 2025. Équiterre.

    https://cms.equiterre.org/uploads/Rapport-de-sondage-Le%CC%81gerE%CC%81quiterre-C5.pdf

     

    À propos du Collectif pour la suite du monde 

    Nous sommes un mouvement réunissant des organisations syndicales, environnementales, de santé, communautaires, jeunesses, économiques ainsi que des collectifs citoyens et d’élus autour d’une vision démocratique de la transition environnementale et sociale.

    À travers diverses actions, nous nous mobilisons afin de forcer nos gouvernements à mettre en place des solutions démocratiques porteuses de justice sociale et environnementale.

    Notre mouvement rassemble une cinquantaine d’organisations, représentant plus de deux millions de personnes. https://pourlasuitedumonde.ca/

    Le SAPSCQ–CSN, bien visible au Congrès national de la CAQ

    Hier soir, des membres du Syndicat des agents de la paix en services correctionnels du Québec (SAPSCQ–CSN) ont manifesté leur présence en marge du Congrès national de la Coalition avenir Québec (CAQ) qui débute à Gatineau ce samedi 27 septembre 2025.

    Le président national du syndicat, Mathieu Lavoie, en a profité pour interpeller François Legault et ses ministres responsables de leur négociation :
    « Le gouvernement de la CAQ doit prendre acte du rejet de l’entente de principe des agents en services correctionnels (ASC) du Québec le 13 juin dernier. Pour nous, il est clair que le travail essentiel de protection de la sécurité du public par les ASC doit être reconnu à sa juste valeur.

    « Notre syndicat a dénoncé à plusieurs reprises les mauvaises conditions de travail qui règnent dans les établissements de détention au Québec : les prisons craquent de partout, la violence et l’intimidation y sont constantes, les livraisons par drone, les cellulaires et la drogue circulent abondamment et les équipements de sécurité ne sont pas à la hauteur des problèmes vécus. Le nouveau ministre de la Sécurité publique, Ian Lafrenière, doit ramener la loi et l’ordre dans les établissements de détention.

    « Nous interpellons également la nouvelle présidente du Conseil du trésor, France-Élaine Duranceau, afin qu’elle donne des mandats clairs à ses porte-paroles dans le but de bonifier les conditions de travail des ASC, lesquelles ne reconnaissent pas suffisamment le caractère particulier et essentiel à la sécurité publique de ce métier ».

    À propos

    Le SAPSCQ–CSN est un syndicat autonome affilié à la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP–CSN) depuis 2006. Il représente plus de 2800 agentes et agents de la paix en services correctionnels, répartis dans 18 établissements de détention partout au Québec.

    Fondée en 1921, la CSN est une organisation syndicale qui œuvre pour une société solidaire, démocratique, juste, équitable et durable. À ce titre, elle s’engage dans plusieurs débats qui intéressent la société québécoise. Elle regroupe plus de 330 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou professionnelle dans 8 fédérations, ainsi que sur une base régionale dans 13 conseils centraux, principalement sur le territoire du Québec.

    Les paramédics demandent la médiation

    Face à l’impasse dans les négociations pour le renouvellement des conventions collectives des 3300 paramédics membres de syndicats CSN, la Fédération de la santé et des services sociauxCSN demande au ministère du Travail de nommer une personne médiatrice-conciliatrice pour aider les parties à trouver un règlement satisfaisant.

    Rappelons que les conventions collectives sont échues depuis avril 2023 et que les paramédics exercent la grève depuis le 6 juillet dernier. Parmi les éléments qui nuisent au progrès dans les négociations, notons les demandes du gouvernement visant à réduire la rémunération des paramédics, jusqu’à quatre dollars l’heure dans certains cas. De leur côté, les paramédics veulent convenir d’une échelle salariale qui reflétera, enfin, pleinement la valeur de leur travail.

    Les parties ont convenu de poursuivre les négociations d’ici la nomination d’un médiateur afin de pouvoir progresser sur les sujets moins litigieux.

    « Il est dans l’intérêt de tout le monde que nous trouvions un règlement satisfaisant dans les meilleurs délais, explique le représentant du secteur préhospitalier à la FSSS–CSN, Jean Gagnon. Les paramédics du Québec n’accepteront jamais de baisser leur salaire ! S’il est surprenant que le gouvernement le croie possible, on espère que l’arrivée d’une tierce personne nous aidera à remettre les négociations sur les rails. »

    Les syndicats du secteur préhospitalier FSSS–CSN se réuniront le 21 octobre afin de faire le point sur l’avancement des négociations et de se doter d’un nouveau plan d’action.

    Non à une réforme du modèle d’affaires de la SAQ sans débat

    Au printemps dernier, la Société des alcools du Québec (SAQ) annonçait la fermeture de succursales dans plusieurs régions, soulevant l’inquiétude de nombreuses communautés pour leur vitalité. Élus municipaux, commerçants locaux, organismes de développement et citoyens se sont alors mobilisés afin de demander un moratoire sur les fermetures et l’adoption d’une politique de responsabilité territoriale par la société, culminant avec le dépôt d’une pétition portée par le Guillaume Cliche-Rivard, député de Saint-Henri–Sainte-Anne, et appuyée par les trois partis d’opposition à l’Assemblée nationale1.

    Or, l’annonce d’une nouvelle stratégie commerciale basée sur les mini-agences, quelques semaines après les fermetures de succursales, pose un problème plus large : au nom de la maximisation des revenus pour les coffres de l’État, la SAQ semble s’apprêter à revoir son modèle d’affaires, et ce, sans débat public. Cette approche est franchement inquiétante du point de vue de la santé publique.

    On le sait, l’alcool n’est pas un produit banal. La tendance à la diminution de la consommation est une bonne nouvelle, et ce, même pour les finances publiques, parce que les coûts sociaux et de santé liés à la consommation d’alcool étaient évalués à 3,24 milliards de dollars en 2020, soit plus de 5 % du budget en santé2.

    Une mission commerciale à concilier avec la responsabilité sociale

    La mission de la SAQ, inscrite dans la Loi sur la Société des alcools du Québec, ne mentionne ni sa responsabilité sociale ni en santé publique. Néanmoins, son statut de monopole d’État vient avec de telles attentes que la SAQ reconnaît elle-même.

    Or, le gouvernement du Québec a demandé, dans son budget 2024-2025, des efforts de 1 milliard sur cinq ans aux sociétés d’État, incluant notamment la SAQ, la Société québécoise du cannabis (SQDC) et Loto-Québec. Cibler une optimisation des revenus pourrait mener à influencer les comportements de consommation envers des produits qui présentent des risques importants sur la santé.

    Pour réduire les coûts et augmenter les profits, la SAQ privilégie les mini-agences, moins coûteuses et aux heures d’ouverture plus étendues qui facilitent l’accès à des boissons à forte teneur en alcool. La livraison privée accentue aussi ce risque. Accroître l’accès à des produits fortement alcoolisés, dans des lieux de proximité, et à des heures élargies et où la vérification de l’âge n’est pas aussi renforcée, c’est accroître les effets négatifs de l’alcool touchant les populations les plus vulnérables. Imaginons-nous réellement que la livraison Uber Eats sera propice à une consommation responsable ?

    De même, la fermeture complète de succursales réduit les coûts, parce que la clientèle est captive : la SAQ détient le monopole sur les produits qu’elle vend. Or, les mini-agences appelées à remplacer certains points de vente offrent une sélection limitée. Ainsi, pour accéder à une gamme complète de produits, on s’attend tout simplement à ce que les citoyens des centres-villes de Gatineau et de Saguenay, à titre d’exemple, parcourent de nombreux kilomètres pour se procurer des produits diversifiés.

    Ce que nous constatons et qui inquiète, c’est que la SAQ est en train de briser le pacte social. Soyons clairs : nous sommes en faveur du monopole public pour la vente de ces produits. Mais cela doit venir avec des responsabilités.

    C’est pour cette raison que nous demandons un moratoire sur les fermetures de succursales et sur le déploiement de la stratégie de nouvelles agences, d’ici à l’adoption d’une politique de responsabilité territoriale.

    La responsabilité sociale et territoriale, c’est d’analyser les impacts sur la santé des décisions qui sont prises, mais aussi l’impact sur la vitalité commerciale des collectivités. La fermeture d’une SAQ peut induire une spirale négative, en nuisant aux affaires des autres commerçants, du boulanger jusqu’à l’épicier, et contribuer à la dévitalisation des centres-villes et noyaux villageois. C’est contraire aux principes d’aménagement durable du territoire, alors que de nombreuses municipalités de partout au Québec déploient des efforts importants pour redynamiser leurs centralités.

    Surtout, pourquoi est-ce qu’une telle réforme du modèle d’affaires de la SAQ se ferait complètement sous le radar ? Les impacts sont beaucoup trop grands. Il faut prendre le temps de l’analyser avant d’aller de l’avant.

    Nous soumettons une première proposition, pour ce débat de société à venir : inscrivons la responsabilité sociale et la santé directement dans la mission inscrite dans la loi sur la SAQ, comme c’est le cas pour la SQDC.

    Les orientations anti-travailleurs de la CAQ se confirment

    La présidente de la CSN, Caroline Senneville, rencontrait le ministre Boulet ce matin au sujet des attaques antisyndicales promues par le gouvernement. Hier, un éventuel projet de loi visant les cotisations syndicales a fuité, indiquant l’intention du gouvernement de continuer de s’en prendre aux travailleuses et aux travailleurs.

    « Même si le ministre Boulet prétend que le document de travail qui a fait l’objet d’une fuite mardi n’est que préliminaire, et qu’il ne s’agit pas d’un document officiel, il ne leurre personne. Ce document, aussi « préliminaire » soit-il, illustre de manière on-ne-peut-plus limpide les orientations anti-travailleurs du gouvernement de la CAQ. En d’autres mots, le jupon traîne par terre », Caroline Senneville, présidente de la CSN.

    Le procès d’Amazon débute vendredi

    Après plusieurs objections préliminaires et autres mesures dilatoires, c’est ce vendredi, devant le Tribunal administratif du travail, que s’ouvrira enfin le procès d’Amazon. La multinationale américaine est en effet l’objet d’un recours intenté par la CSN à la suite de la fermeture, en janvier dernier, de ses sept entrepôts situés au Québec.

    Cette décision constitue un « vaste subterfuge » visant à se soustraire de ses obligations prévues à la loi et à éradiquer toute présence syndicale au sein de l’entreprise, soutient la centrale syndicale dans sa plainte déposée le 20 février dernier. « La multinationale ne cesse pas ses activités de vente en ligne sur le territoire. Elle choisit de réorganiser ses activités dans le but d’éluder ses obligations d’employeur en vertu du Code du travail », précise la requête déposée en vertu des articles 12, 13, 14 et 53 du Code du travail.

    Devant la juge Irène Zaïkoff, le procès s’ouvrira par le témoignage du président d’Amazon Canada Fulfillment Services, Jasmin Begagic, qui devra expliquer en quoi la fermeture des sept centres de distribution constitue une simple décision d’affaires qui n’a aucun lien avec la syndicalisation des employé-es de l’entrepôt DXT4, de Laval, et la campagne de syndicalisation qui était en cours dans les autres entrepôts québécois de la multinationale.

    « Il est clair pour nous que la fermeture des entrepôts d’Amazon visait principalement à freiner la campagne de syndicalisation en cours et la conclusion d’une première convention collective en Amérique du Nord », affirme la présidente de la CSN, Caroline Senneville. « Après les nombreuses objections préliminaires et autres mesures dilatoires utilisées par Amazon, le procès peut maintenant aller de l’avant. Il est temps que les travailleuses et les travailleurs obtiennent justice à la suite de ces fermetures illégales à plusieurs égards. »


    Une décision qui défie toute logique

    « Illégale à plusieurs égards », la décision d’Amazon doit être infirmée par le Tribunal, demande la CSN au nom de nombreux plaignants.

    Puisque « les agissements d’Amazon s’attaquent à l’ordre juridique québécois [et] parce que cet employeur n’hésite pas à licencier des milliers de personnes afin de donner l’exemple », la CSN demande au Tribunal d’ordonner la reprise des activités aux sept entrepôts visés par la plainte et de verser à chaque employé plus d’un an de salaire en guise d’indemnité, en plus de dommages moraux et exemplaires.

    La plainte fait valoir que la décision de fermer ses entrepôts québécois est en contradiction directe avec le plan d’affaires mis de l’avant par la multinationale au cours des dernières années. Les quatre derniers centres de livraison au Québec, dont l’entrepôt syndiqué DXT4 à Laval, n’ont été établis que depuis trois ans, rappelle la CSN, à l’image des investissements massifs de la compagnie dans la stratégie du « dernier mile ».

    Ces entrepôts de proximité, nécessaires à la livraison en un jour, « ne constituent pas seulement la façon la plus rapide de livrer les produits aux consommateurs, mais aussi la façon la plus économique de le faire », déclarait en octobre dernier le PDG d’Amazon, Andrew Jassy, après avoir annoncé un an plus tôt son intention de doubler le nombre de stations capables de livrer les colis le jour même.

    « Rien ne laissait présager qu’Amazon choisirait, à peine trois mois plus tard, de faire un retour à un modèle de livraison par des tiers », affirme la CSN dans sa requête. Pour la centrale syndicale, « Amazon n’hésite pas à avoir recours aux mesures les plus extrêmes et à sacrifier sa rentabilité afin d’éviter l’imposition d’une première convention collective », véritable objectif d’une décision aussi draconienne.


    À propos

    Le 19 avril dernier, la CSN déposait une requête auprès du TAT pour représenter les
230 salarié-es de l’entrepôt DXT4 d’Amazon, rue Ernest-Cormier à Laval. Au cours des semaines précédentes, un grand nombre de salarié-es avaient rallié leur syndicat. Le 10 mai, le TAT accréditait officiellement le syndicat, reconnaissant qu’une majorité d’employé-es y avaient adhéré.

    La négociation en vue d’établir une première convention collective a débuté en juillet. Le 22 janvier dernier, Amazon annonçait son intention de fermer ses sept entrepôts au Québec et de céder l’ensemble de ses opérations à la sous-traitance.

    Rappelons qu’Amazon a été condamnée par le TAT pour ingérence et entraves antisyndicales à l’entrepôt YUL2 à Lachine et qu’elle subit présentement un procès du même type pour des actions similaires menées à l’entrepôt DXT4 de Laval.

    Fondée en 1921, la Confédération des syndicats nationaux (CSN) regroupe 330 000 travailleuses et travailleurs des secteurs public et privé, et ce, dans l’ensemble des régions du Québec et ailleurs au Canada.