L’acupuncture comme outil d’intervention sociale

Alors que l’efficacité de l’acupuncture est reconnue scientifiquement et que cette médecine traditionnelle est intégrée dans plusieurs systèmes de santé à travers le monde, il subsiste plusieurs préjugés à son sujet au Québec. En pratiquant l’acupuncture sociale, Charlotte Astier s’efforce de déconstruire ces mythes et de rendre à l’acupuncture ses lettres de noblesse, une oreille à la fois.

« Mon objectif est de faire reconnaître l’acupuncture comme outil d’intervention sociale. C’est plus qu’une activité relaxante, ça a du potentiel pour la réadaptation en santé mentale et le traitement des dépendances », explique celle qui coordonne maintenant des cliniques d’acupuncture gratuites pour des organismes communautaires et pour l’unité psychiatrique des toxicomanies du CHUM.

L’acupuncture sociale ou solidaire signifie essentiellement de rendre la pratique plus accessible, notamment en traitant un groupe de bénéficiaires simultanément. Cette pratique, acceptée au Québec depuis 2021 à la suite de pressions de la part de l’Association des acupuncteurs du Québec (AAQ), a l’avantage de pouvoir se pratiquer n’importe où et de permettre de répartir le coût d’une heure d’acupuncture entre quelques personnes.

Évidemment, cette approche ne permet pas de traitements individualisés comme la consultation en cabinet privé. On utilise plutôt un protocole nommé NADA, qui consiste à insérer cinq aiguilles fines à des points spécifiques sur le pavillon de chaque oreille.

« C’est un protocole qui a fait ses preuves pour réguler le système nerveux, donc ça va aider à diminuer le stress, l’anxiété, la dépression et les dépendances. C’est le protocole idéal pour le traitement en groupe, puisque ça ne touche que les oreilles. Les gens peuvent être assis et on n’a pas besoin d’aménagement particulier. »

Pour la présidente de l’AAQ, Michèle Joannette, le travail de Charlotte illustre bien la contribution que l’acupuncture pourrait apporter au système de santé québécois.

« Ce n’est pas une question de croyance. Ç’a été démontré que l’acupuncture peut aider dans plusieurs champs : en santé mentale, en obstétrique, et en traitement d’enjeux musculosquelettiques. Il y a des acupunctrices et des acupuncteurs prêts à venir agir pour soulager le réseau de la santé. On attend juste qu’on nous ouvre la porte. »

Les membres de l’AAQ ont décidé de passer à l’offensive pour la reconnaissance et la valorisation de leur profession en s’affiliant à la FP–CSN en novembre 2024.

La décote caquiste

Au-delà des coups de sonde qui ne font que confirmer la déconnexion de plus en plus marquée du gouvernement Legault par rapport aux besoins de la population, voilà que l’agence de notation Standard & Poor’s (S&P) vient d’abaisser la cote de crédit du Québec, ce qui pourrait coûter aux contribuables des centaines de millions de dollars. Du jamais vu en 30 ans !

À en croire le premier ministre, cette décote n’est pas la conséquence des baisses d’impôt qu’il a lui-même octroyées il y a deux ans, ni des investissements de plusieurs centaines de millions de dollars dans des projets économiques risqués, comme une usine de batteries dont la maison mère est maintenant en faillite, ni même de la planification d’un 3e lien qui ne verra jamais le jour à Québec ou encore d’un dépassement de coûts d’un demi-milliard de dollars dans le dossier SAAQclic.

Non, mesdames et messieurs ! Cette décote, aux dires de notre cher premier ministre, serait la conséquence du rattrapage salarial des employé-es du secteur public obtenu lors de la dernière ronde de négociation.

Or, tout récemment, une des membres du comité chargé de l’étude du dossier du Québec chez S&P a confirmé publiquement1 que c’est principalement la réduction d’impôt décrétée par M. Legault il y a deux ans, ainsi que la lourdeur des investissements requis en immobilisations, qui ont pesé dans la balance.

Pour un gouvernement qui se voulait le champion de l’économie, on repassera !

Pendant ce temps, on apprend que plus d’une trentaine de projets d’infrastructures en santé ont été mis sur la glace par le gouvernement… pour des raisons budgétaires (!), alors qu’on doit fermer les salles d’opération de l’hôpital Maisonneuve Rosemont… pour cause d’orage !

Comme si ça ne suffisait pas, la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry – dont nous venons de réclamer la démission – vient d’annoncer des compressions budgétaires historiques de l’ordre de 151 millions de dollars dans le réseau collégial, ce qui affectera les services directs aux élèves, comme du soutien pédagogique, du mentorat ou encore de l’aide psychosociale. C’est la goutte qui fait déborder le vase

Rouleau compresseur antisyndical

Pour compléter le portrait : le ministre du Travail, Jean Boulet, poursuit son œuvre antisyndicale en déposant, en plus du projet de loi 89, une autre pièce législative d’envergure qui vient modifier plusieurs lois du travail et qui comporte de nombreux éléments préjudiciables pour les organisations syndicales, mais surtout, pour les travailleuses et travailleurs, notamment en matière de santé et sécurité.

Si Jean Boulet et François Legault pensent faire mal uniquement aux syndicats avec ces projets de loi, ils se trompent royalement, parce qu’en s’attaquant au rapport de force et aux droits des travailleuses et des travailleurs, c’est à toute la population du Québec qu’il s’attaque.

Heureusement, l’échéance électorale de 2026 arrive à grands pas. Ce sera le temps collectivement d’honorer notre devise nationale Je me souviens !

Faux départ à Ottawa

Parlant d’élections, on connaît désormais les résultats du scrutin sur la scène fédérale.

Si on peut maintenant pousser un léger soupir de soulagement à savoir que la menace d’un gouvernement conservateur mené par Pierre Poilievre est temporairement écartée, il ne faudrait pas se réjouir trop vite de la victoire minoritaire de l’ex-banquier, Mark Carney, qui a repris à son compte certaines idées de M. Poilievre, comme l’abolition de la taxe carbone et l’abandon de la hausse de la part imposable des gains en capital.

Sur l’échiquier gauche-droite, on assiste clairement à un recentrage du Parti libéral du Canada par rapport aux années Trudeau, donc à un virage plus marqué vers la droite.

Le dicton nous dit de donner la chance au coureur. Soit. En espérant qu’il ne trébuche pas trop souvent en s’inspirant des arbitrages budgétaires douteux qui ont conduit, sur la scène provinciale, à la décote caquiste.

La fermeture d’Amazon ne passe pas

La décision d’Amazon de fermer ses sept entrepôts au Québec ne passe tout simplement pas. Une personne du Québec sur deux a ou bien diminué ses achats chez Amazon depuis janvier, ou bien a carrément cessé de transiger avec la multinationale délinquante.

Ces données ont été rendues publiques début mai par l’Académie de la transformation numérique de l’Université Laval, dont l’enquête NETendances porte, chaque année, sur les habitudes de consommation en ligne des Québécoises et des Québécois.

Ainsi, « 17 % des internautes déclarent avoir boycotté les achats en ligne réalisés sur Amazon, alors que 32 % d’entre eux mentionnent avoir réduit leurs achats sur la plateforme », précise l’étude.

Ces chiffres ont de quoi réjouir la présidente de la CSN : « Ça démontre qu’au Québec, la solidarité et le respect, c’est encore important », note Caroline Senneville.

En réponse à la fermeture des sept entrepôts d’Amazon et des 4 700 mises à pied qui en résultent, la CSN appelait la population et les institutions à boycotter Amazon, tant l’antisyndicalisme primaire de la multinationale teintait cette décision, insensée sur le plan des affaires.

La réponse des villes et des gouvernements ne s’est pas fait attendre. En mars, la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, incitait l’ensemble de l’appareil gouvernemental à ne plus s’approvisionner chez Amazon, tout en restreignant la possibilité de le faire.

Et après Montréal, Bromont, Alma et Nicolet, les municipalités de Sherbrooke, Québec et Gatineau ont emboité le pas. Au cours des dernières semaines, elles ont toutes informé la CSN que leur administration cessera de s’approvisionner auprès du géant américain fautif.

De leur côté, les recours juridiques intentés par la CSN pour infirmer la fermeture des entrepôts suivent leurs cours. Une première audience avait lieu le 16 mai dernier devant le Tribunal administratif du travail, qui entendra la cause tout au long de l’automne.

Les patrons se traînent les pieds dans le secteur résidentiel

Bien que l’Alliance syndicale de la construction, dont la CSN-Construction fait partie, ait réussi à obtenir des règlements intéressants dans les secteurs industriel, institutionnel et commercial ainsi que du génie civil et de la voirie, les négociations se poursuivent dans le secteur résidentiel. Pour la première fois depuis des décennies, les ententes ont été conclues avant l’échéance des précédentes conventions collectives. Elles prévoient des augmentations salariales de 22 % sur quatre ans et ont été adoptées dans une proportion de 84 %.

« Nous sommes très satisfaits de ces ententes », explique le président de la CSN-Construction, Pierre Brassard, qui souhaite maintenant un déblocage dans le dernier secteur toujours en négociation, celui de la construction résidentielle. « Nous visons le commencement d’un rattrapage par rapport aux autres secteurs, mais les boss nous déposent une offre inférieure à ce qui a été négocié dans ces secteurs. » Le 21 mai, les syndicats ont présenté une offre finale pour tenter de dénouer l’impasse.

Il faut savoir que pour un même métier de la construction, une ou un salarié-e reçoit actuellement entre 2 et 4 dollars de moins l’heure lorsqu’il travaille sur un chantier résidentiel. L’Alliance syndicale souhaite lancer le processus pour enfin régler ce problème qui n’a pas lieu d’être. Or, dans la négociation actuelle, les patrons du résidentiel n’offrent que 5 % la première année contre 8 % dans les autres secteurs.

« Avec une offre comme ça, on viendrait creuser encore plus l’écart en partant », poursuit Pierre Brassard. La CSN-Construction fait présentement le tour des chantiers résidentiels afin de bien informer les travailleuses et les travailleurs de l’état des négociations et leur faire comprendre les importants enjeux en présence.

Le dogme de la laïcité caquiste

Dans les écoles du Québec, le personnel de l’éducation fait déjà face à une pression constante : budgets restreints, violence, conditions de travail pénibles. Pourtant, plutôt que de les soutenir, le gouvernement Legault alourdit encore leur quotidien.

Présenté le 20 mars 2025 par le ministre Bernard Drainville, le projet de loi 94 interdirait le port de signes religieux à tout le personnel scolaire, forçant ainsi des milliers de personnes à choisir entre leur emploi et leur foi.

Derrière l’homélie caquiste sur la neutralité de l’État, la réalité est brutale. Des éducatrices en service de garde, des surveillantes de dîner, des techniciennes en éducation spécialisée, déjà sous-payées et débordées, devront se conformer à des règles stigmatisantes. Pour certaines, cette réforme pourrait signifier la fin de leur carrière. Pour d’autres, un frein au recrutement dans un secteur déjà en crise.

Même la clause de droits acquis ne dissipe pas l’angoisse. « En uniformisant l’apparence du personnel, la CAQ envoie un message d’exclusion aux communautés culturelles et aggrave la pénurie des employé-es de soutien, notamment dans les grandes villes », explique Annie Charland, présidente du Secteur soutien scolaire de la Fédération des employées et employés de services publics–CSN.

Au-delà de l’atteinte aux libertés individuelles, cette réforme brise un équilibre fragile. Les accommodements pour les congés religieux, jusque-là reconnus par la Commission des droits de la personne, ne sont pas un privilège, mais une nécessité. Les remettre en question met en péril des années d’efforts pour bâtir des milieux inclusifs.

Le gouvernement justifie ces restrictions par des incidents survenus dans 17 écoles, notamment à Bedford. Pourtant, ces événements ont eu lieu alors que des règles strictes de laïcité s’appliquaient déjà aux travailleuses et travailleurs visés par ces incidents.

« Plutôt que d’élargir la laïcité sans raison, le gouvernement devrait faire respecter les lois existantes et agir concrètement pour répondre rapidement aux véritables débordements, comme ceux de l’école Bedford », poursuit Annie Charland.
Cette réforme injuste détourne l’attention des besoins réels. Alors que les écoles manquent de ressources, il est urgent d’abolir le gel d’effectifs et d’améliorer les conditions de travail, au lieu d’imposer des règles vestimentaires punitives et inutiles.

Nous ne sommes pas invisibles

C’est le sentiment partagé par de nombreuses personnes qui travaillent dans les résidences privées pour aîné-es (RPA). La grande majorité des membres de la CSN œuvrant dans ce secteur sont des femmes. Elles accomplissent un métier indispensable au bien-être des personnes âgées.

Ces employées connaissent les résidentes et résidents sur le bout des doigts ; leurs petites habitudes et leurs besoins particuliers. Par exemple, une préposée aux bénéficiaires doit, durant un quart de huit heures, visiter tous les usagers et usagères sous sa responsabilité, faire le ménage, préparer les repas et les collations, et même distribuer les médicaments. La charge de travail est telle qu’elles sont souvent contraintes de tourner les coins ronds et de passer moins de temps auprès des occupantes et occupants.

Et pourtant, bon nombre d’entre elles sont à peine rémunérées au-dessus du salaire minimum. Cette réalité touche de nombreux membres de la CSN dans des secteurs majoritairement féminins, où le travail est trop souvent tenu pour acquis. Ces emplois, souvent décrits comme des vocations par certains employeurs, sont parfois perçus comme étant motivés par le désir de servir la communauté. Cette contribution est essentielle et mérite une reconnaissance et une rémunération à la hauteur de leur dévouement.

Marlène Ross, représentante du secteur des résidences privées pour aîné-es, dénonce cette vision patronale qui contribue au maintien de mauvaises conditions de travail et à la dégradation des services offerts aux aîné-es. « On entend souvent dire que les travailleuses et travailleurs des RPA sont nos anges gardiens. Et comme des anges, on s’attend à ce qu’ils se dévouent pour la cause, et surtout sans se plaindre. Je pense que ces attentes sacrificielles doivent cesser. Nos membres prennent soin de nos aîné-es, de nos grands-parents et de nos parents, quand leurs familles ne sont plus en mesure de le faire. Comme société, le minimum serait de reconnaître l’énorme service qu’elles nous rendent, en les rémunérant justement et en leur offrant de bonnes conditions de travail. »

États généraux du syndicalisme : l’union fait l’avenir

Depuis le printemps 2025 et jusqu’au début de l’année 2027, la CSN, la FTQ, la CSQ, la CSD, l’APTS, la FAE, la FIQ, le SFPQ et le SPGQ uniront leurs forces pour réfléchir collectivement aux défis qui attendent les travailleuses et les travailleurs. « Il s’agit d’une démarche sans précédent qui prend tout son sens dans le contexte où les droits syndicaux sont plus que jamais menacés avec le projet de loi 89, et où le climat social, politique et économique est particulièrement incertain », explique Caroline Senneville, présidente de la CSN.

« Le mouvement syndical a largement contribué à l’amélioration des conditions de travail, à la reconnaissance des droits des travailleuses et travailleurs ainsi qu’au renforcement du filet social de l’ensemble de la population québécoise. Les victoires obtenues ont façonné le Québec moderne et montré la force de la solidarité syndicale et sociale… mais le monde du travail change à une vitesse fulgurante et les défis qui se dressent devant nous sont plus grands que jamais. Dans plusieurs secteurs, la précarisation s’accentue, le taux de syndicalisation stagne ou diminue. La judiciarisation croissante des relations de travail, les attaques politiques face aux lois encadrant le droit d’association et la polarisation des discours fragilisent notre capacité à défendre efficacement les intérêts des travailleuses et travailleurs, qu’ils soient syndiqués ou non. Le mouvement syndical québécois est à un tournant important », peut-on lire dans la déclaration officielle des ÉGS, dont le lancement officiel a eu lieu le 31 mars dernier à Montréal.

En mode introspectif

Au nombre de sept, les thèmes abordés lors des phases de l’exercice permettront de se questionner, de manière franche et honnête, sur les pratiques syndicales et le rôle des organisations. « Quelle est la place du syndicalisme dans la société ? Quelle capacité ont les syndicats à mobiliser leurs membres et à accroître leur rapport de force ? Ce sont quelques-unes des questions que nous nous poserons. Le modèle québécois en relations de travail, l’évolution des relations intersyndicales ainsi que la représentativité et le sentiment d’appartenance des membres seront aussi abordés. Finalement, comment assurer une plus grande inclusion au sein du mouvement syndical aux groupes non syndiqués ? », questionne la présidente Caroline Senneville.

Les États généraux du syndicalisme se dérouleront sur près de deux ans et se déploieront en trois étapes importantes : tout d’abord, tout au long de 2025, une période de consultation sera menée auprès des travailleuses et des travailleurs ainsi qu’auprès de spécialistes du monde du travail et de la société civile, pour recueillir leurs perspectives. Par la suite, au printemps 2026, un colloque où seront discutés les résultats des consultations et où des pistes de solution seront proposées sera organisé. Finalement, un grand événement aura lieu au début de 2027 pour clore les États généraux et présenter les conclusions de cette démarche collective.

Pour plus de détails, visitez le https://syndicalisme.com/.

Une pizzéria branchée et syndiquée

Dans cette pizzéria de la rue Jarry comme dans bien d’autres restaurants montréalais, la distribution des pourboires et la gestion des horaires étaient souvent décidées de manière arbitraire.

« Depuis que je suis rentré au resto, je parlais du syndicat, mais toujours un peu à la blague… Un bon jour, je suis passé à l’action et j’ai amené des cartes à signer », raconte Guillaume Gagné, serveur et étudiant en science politique de 28 ans qui est à l’origine de la nouvelle section montréalaise du Syndicat des employé-es de la restauration–CSN.

Le Point syndical s’est entretenu avec lui dans un petit café situé en face de la pizzéria. Les trois propriétaires, dont un chef très médiatisé, ont refusé que l’on puisse photographier les nouveaux syndiqué-es dans leur milieu de travail.

Guillaume Gagné a eu « la bonne idée » en lisant un article sur une pizzéria de Brooklyn qui s’était syndiquée en 2023. « S’ils sont capables, on l’est aussi, a-t-il alors pensé. Le restaurant new-yorkais a été une inspiration pour moi. Je veux que notre processus de syndicalisation soit une histoire réussie », insiste toutefois Guillaume, en racontant qu’il vient d’une famille ouvrière de Rimouski.

La dizaine d’employé-es ont finalement suivi celui qui est le plus âgé du groupe. « J’étais fier de la gang. En restauration, c’est souvent chacun pour soi, chacun pour son pot, mais les mentalités changent », fait valoir Guillaume.

Déjà, la nouvelle convention des pourboires a été soulevée entre les parties et elle est maintenant beaucoup plus claire. Elle prévoit enfin un pourcentage également pour le personnel de cuisine. Les employé-es ont maintenant accès aux chiffres et peuvent vérifier si tout le pourboire leur revient bel et bien.

La négociation d’une première convention est lancée. Le nouveau syndicat demandera une hausse des salaires, des horaires selon l’ancienneté, mais aussi davantage de respect de la part des patrons. ● Thierry Larivière

Dépossession coloniale : au-delà de la forêt des Pins

Dans Quand tombent les aiguilles de pin, Katsi’tsakwas Ellen Gabriel livre un témoignage percutant et personnel sur l’un des événements les plus marquants de la résistance autochtone récente : la crise d’Oka de 1990. Cet ouvrage puissant retrace les faits survenus lorsque la municipalité d’Oka avait approuvé l’agrandissement d’un terrain de golf sur un territoire sacré des Mohawks, un site ancestral comprenant un cimetière et une forêt historique appelée Les Pins.

Devant cette atteinte à l’intégrité de leur territoire, des membres de la communauté mohawk de Kanesatake avaient décidé de dresser une barricade pour protéger la zone visée. Cet acte de résistance pacifique fut violemment réprimé par les forces policières québécoises, puis par l’armée canadienne. Ce qui avait commencé comme un conflit local se transforma rapidement en un siège de 78 jours, attirant l’attention nationale et internationale. Aujourd’hui connue sous le nom de crise d’Oka, cette confrontation constitue un point tournant dans la lutte pour les droits et la souveraineté des peuples autochtones au Canada.

Quand tombent les aiguilles de pin va bien au-delà des événements de 1990. Ellen Gabriel inscrit la crise d’Oka dans une histoire plus vaste de dépossession coloniale, qui s’amorce avec la prise illégale des terres mohawks par le Séminaire de Saint-Sulpice au XVIIIe siècle. Elle montre comment cette logique coloniale se poursuit aujourd’hui à travers des projets d’oléoducs, des accaparements de terres, et le déplacement forcé de communautés autochtones. Elle affirme ainsi que le colonialisme n’est pas un fait du passé, mais un système toujours d’actualité – fondé sur la déshumanisation des peuples autochtones et l’exploitation de leurs terres.

Ce livre constitue également une critique puissante de la manière dont l’État canadien réagit aux revendications autochtones : par la militarisation, la manipulation médiatique et la criminalisation de la résistance. L’autrice invite les lecteurs à déconstruire les mythes d’un Canada pacifique et bienveillant. Elle révèle la violence profonde qui sous-tend l’histoire et le développement du pays.

L’ouvrage est un appel à la mémoire, à la justice et à l’action. C’est une lecture incontournable pour quiconque souhaite comprendre non seulement ce qui s’est passé à Kanesatake, mais aussi pourquoi la résistance autochtone est toujours d’actualité

Pour consulter : librairie@csn.qc.ca

Pas de vacances pour la CSN au Club Med

Le 27 mars 2025 marque une date historique pour les travailleuses et les travailleurs du Club Med de Charlevoix. À la suite d’une campagne de changement d’allégeance syndicale mouvementée, le Tribunal administratif du travail rend sa décision : désormais, les membres du syndicat seront représentés par la CSN.

L’aventure remonte à novembre 2022, alors que François Proulx-Duperré, secrétaire général du Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches–CSN, contacte un journaliste du Charlevoisien qui relate alors les conditions difficiles des employé-es du Club Med. « Le reporter m’a dirigé vers Latinos en Charlevoix, l’organisme qui participe à l’intégration de la communauté latino-américaine de la région. La machine de la syndicalisation s’est mise en branle à partir de là. L’association communautaire et la CSN se sont alliées pour soutenir le personnel qui vivait de grandes difficultés : situations d’exploitation, lacunes en santé-sécurité, enjeux de logement et mauvaise gestion des permis de travail fermés », explique M. Proulx-Duperré.

Somme toute, « la CSN se préoccupait depuis quelques années de la précarité dans laquelle se retrouvaient ces travailleuses et travailleurs étrangers temporaires », affirmait au printemps la présidente de la centrale, Caroline Senneville.

Les personnes nouvellement membres ne manqueront pas de défis à la table de négociation. L’amélioration des salaires, qui figurent parmi les plus bas du secteur hôtelier, la diminution de la charge de travail titanesque et l’élimination des injustices basées sur l’origine des salarié-es sont au cœur de leurs revendications.

« On a confiance en la CSN. On vient d’un contexte difficile au Mexique… alors, arriver ici, au Québec, et gagner sa vie dans de mauvaises conditions, c’est compliqué ! On a choisi un nouveau syndicat où tout est transparent. Nous avons de nombreuses tâches à accomplir, mais on a l’opportunité d’être entendus et bien représentés par la CSN », raconte tout sourire, Jenny Anamaria Granados Mediola, la vice-présidente du syndicat fraîchement élue.

Édition été 2025: des nouvelles en rafale

CPE:Entente pour les 13 000 travailleuses
Après avoir tenu 13 jours de grève, les 13 000 travailleuses des CPE de la CSN sont parvenues à obtenir une entente de principe avec le gouvernement. Cette négociation a été marquée par la forte mobilisation des éducatrices et l’appui des parents. L’entente a été recommandée par les syndicats en conseil fédéral les 14 et 15 mai. Une tournée d’assemblées générales se tient jusqu’au 1er juin pour présenter l’entente et permettre aux travailleuses de passer au vote. La négociation s’est conclue en conciliation pour parvenir à dénouer l’impasse. Certains gains amélioreront les conditions de travail du secteur, mais la lutte doit continuer pour assurer l’avenir des CPE.

L’Assemblée générale annuelle d’UCCO-SACC-CSN: un événement riche en actions
Tenue cette année à Kelowna, la 9e assemblée générale annuelle (AGN) d’UCCO-SACC-CSN a été marquée par une forte participation et des échanges soutenus. Plus de 200 délégué-es y ont pris part, abordant des enjeux majeurs touchant la réalité des agentes et agents correctionnels à travers le pays. Parmi les sujets au cœur des discussions, la santé et la sécurité au travail ont occupé une place centrale. Ces dernières années, la prolifération des drones a entraîné une augmentation notable des activités criminelles au sein des établissements pénitentiaires fédéraux, constituant une menace sérieuse pour la sécurité du personnel correctionnel. Conscients de l’urgence de la situation, les élu-es d’UCCO-SACC-CSN ont mené plusieurs discussions afin de mettre en lumière ce phénomène préoccupant et de présenter les solutions proposées par le syndicat. L’assemblée a également été l’occasion de souligner l’importance de la mobilisation en période de négociation. L’occasion également d’accueillir plusieurs membres honoraires, de tenir des ateliers sur le rôle stratégique des médias sociaux et de procéder à l’élection de plusieurs postes au sein du comité exécutif national, dont ceux de président et de premier vice-président. En somme, cette AGN a pleinement reflété la vitalité, l’engagement et la solidarité qui animent l’organisation.

Le chiffre du numéro: 57
Les 40 chauffeuses et chauffeurs d’Autobus Idéal, affectés au transport scolaire d’enfants handicapés à Montréal, auront enfin droit à des conditions de travail comparables à leurs collègues. Sans avoir eu recours à leur mandat de grève, ils ont obtenu une entente de principe prévoyant une 5e semaine de vacances après 20 ans de service et des augmentations salariales allant jusqu’à 57 %, rétroactives au 1er janvier dernier. Ces conductrices et conducteurs touchaient des salaires parmi les plus bas au Québec.

La lutte a payé à l’Hôtel Pur
Sept mois de grève générale illimitée, c’est le temps que ç’aura pris à l’employeur pour reconnaitre à leur juste valeur les 100 employé-es de l’Hôtel Pur. L’entente, adoptée à 80 % par les membres, inclut non seulement l’ensemble des gains de la négociation coordonnée, mais aussi des bénéfices locaux majeurs. Dont une augmentation de 2 $ l’heure pour les préposé-es aux chambres et pour le personnel de l’entretien et de l’administration, ainsi qu’une bonification salariale de 10 % pour l’ensemble des membres. « Il aura fallu tenir plus de sept mois pour faire comprendre à l’employeur qu’il devait nous accorder les avantages de la négociation coordonnée. La détermination des travailleuses et des travailleurs de l’Hôtel Pur a permis d’aller arracher ces gains majeurs. Avec une augmentation salariale de 18 % dès la première année, on a forcé l’employeur à partager les profits réalisés avec son personnel. Ça démontre que la mobilisation des troupes peut mener à la victoire », a expliqué Stéphane Drolet, président du Syndicat des travailleuses et travailleurs de l’Hôtel Pur Québec–CSN.

21 juin: tisser des liens avec les nations autochtones
La Journée nationale des peuples autochtones, c’est la célébration de tous les membres des Premières Nations. Cette journée, qui se déroule durant le solstice d’été, est une importante reconnaissance du patrimoine et de la diversité culturelle des peuples autochtones. C’est aussi le moment idéal pour aller à la rencontre des communautés près de chez soi. Le guide et conteur Diego Gros-Louis, qui travaille au Musée huron-wendat, a mentionné à plusieurs reprises au Point syndical, l’importance de tisser des liens entre nos cultures pour mieux se comprendre. « On va se faire la guerre, si on ne se comprend pas », va-t-il jusqu’à dire. Ces rencontres Blancs-Autochtones facilitent la tombée des préjugés et des mythes que peuvent entretenir les allochtones envers les communautés. La CSN souhaite profiter de cette journée pour inviter ses membres à visiter une communauté de leur région pour en apprendre davantage sur l’histoire, les points de vue et la culture des peuples autochtones.

17 mai: journée internationale contre l’homophobie et la transphobie
Avec la montée de l’homophobie en Amérique du Nord, il devient de plus en plus important de poursuivre les luttes pour les droits des personnes membres des minorités sexuelles et de genre – LGBTQ+. Une banalisation de paroles décomplexées et de comportements homophobes, transphobes, misogynes et racistes est observée en ce moment au Québec. De plus, les résultats d’une étude récente menée par le GRIS-Montréal, organisme qui œuvre à l’intégration des personnes LGBTQ+, relèvent une hausse préoccupante de l’inconfort des jeunes face à la diversité sexuelle et de genre. Dans le cadre de la Journée internationale contre l’homophobie et la transphobie, le 17 mai, la CSN a tenu à souligner son soutien aux personnes LGBTQ+. Un midi conférence s’est organisé avec Chacha Enriquez, sociologue et activiste queer. La CSN vient également de mettre à jour le guide syndical sur la diversité sexuelle et la pluralité des genres. Un climat de travail inclusif et une vie syndicale solidaire, c’est au cœur même de la mission de la centrale.

Les épiceries en négo
C’est parti, la négociation coordonnée des marchés de l’alimentation est officiellement lancée. Réunis en comité de coordination à la mi-mai, les syndicats regroupés ont fixé leurs priorités de négo et monté leur grande plateforme de revendications communes. Vu les écarts colossaux – et exponentiels – entre les profits engrangés par les bannières de l’alimentation et les rémunérations du secteur, la priorité numéro un ne surprendra personne. Le personnel des magasins ne se gênera pas pour réclamer des augmentations salariales. De nombreux employé-es du secteur gagnent à peine plus que le salaire minimum. Cette réalité rend les travailleuses et travailleurs d’épiceries particulièrement vulnérables à la hausse du coût de la vie. Pour cette quatrième ronde de négociation coordonnée provinciale, les syndicats de la Fédération du commerce–CSN scanderont qu’ils sont « Encore et toujours essentiels ! »

Équité salariale: patience et détermination

Les travailleuses de la santé ont dû attendre plus de 14 ans avant que le gouvernement leur verse les sommes qu’il leur devait pour le maintien de l’équité salariale. Retour sur une lutte où nos efforts ont fini par payer.

Début 2024. La CSN annonce une entente majeure pour le personnel de bureau et de l’administration. Cette entente concerne 11 titres d’emploi regroupant près de 40 000 travailleuses et travailleurs et contient à la fois des gains sur le maintien de l’équité salariale et sur la rémunération.

Une mob, des milliers de dollars

Chacune des travailleuses a obtenu entre 5000 $ et 30 000 $ grâce à cette entente, si l’on tient compte à la fois de ce règlement et des nouvelles augmentations salariales à la suite de la négociation du secteur public.

« Nos efforts ont fini par payer. La CSN a travaillé sans relâche pendant plus de 10 ans pour que le gouvernement passe à l’action et reconnaisse enfin le travail des femmes. La force de nos arguments et de notre mobilisation aura forcé le gouvernement à bouger. Mais nous devons rester vigilantes pour faire respecter notre droit », explique Carole Duperré, vice-présidente du secteur public de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN).

Des retards inacceptables, un réseau ingérable

Une ombre se dresse vite au tableau. L’entente prévoit des délais de versement des sommes. Après de nombreuses relances, le gouvernement indique qu’il n’arrivera pas à payer les travailleuses à temps. Les systèmes de paie, entièrement confiés à des entreprises privées, ne parviennent pas à effectuer les paiements comme prévu, argue-t-il. Le privé, pourtant présenté comme la grande solution pour l’avenir du réseau de santé et de services sociaux, n’arrive même pas à rembourser les importantes sommes à des milliers de travailleuses et de travailleurs.

Illustration : Amélie Lehoux

Signée le 23 février 2024, l’entente prévoyait que des intérêts de 5 % s’appliqueraient en cas de retards de paiement. Elle laissait d’ailleurs un délai raisonnable au gouvernement pour procéder. Les montants dus en lien avec le maintien de l’équité salariale devaient être versés au plus tard sur la paie du 31 octobre 2024, alors que d’autres montants devaient l’être au plus tard le 23 mai 2024.

Englué dans une centralisation abusive, le réseau a bien du mal à remplir les promesses faites à ses propres employé-es. La création de Santé Québec et la centralisation toujours plus grande à venir annoncent une situation plus chaotique encore. « Le réseau est de plus en plus ingérable. Le gouvernement n’arrive même pas à mettre en application ses propres priorités de négociation. Les nouvelles primes de la convention collective, l’autogestion des horaires et le processus de reconnaissance de l’ancienneté connaissent tous des retards. La centralisation est allée bien trop loin », poursuit Carole Duperré.

Face aux retards se met alors en branle une nouvelle campagne de mobilisation. La FSSS–CSN lance une pétition en ligne exigeant que les paiements se fassent sans délai et que le gouvernement mette en place des mécanismes permanents permettant l’application rapide des ententes sur la rémunération des salarié-es. À cela s’ajoutent plusieurs actions pour faire pression sur le gouvernement, notamment avec les différentes organisations syndicales concernées.

« Le gouvernement ne respectait pas son engagement et malgré nos interpellations, il n’arrivait pas à fixer une date de paiement. Il a donc fallu nous mobiliser pour le forcer à se commettre et pour que les travailleuses touchent enfin leur argent », explique Katie Chamberland-Langlois, représentante du personnel de bureau et de l’administration à la FSSS–CSN.

C’est finalement sur la paie du début d’avril 2025, soit plus d’un an après la signature de l’entente, que les 40 000 travailleuses ont enfin commencé à recevoir les montants tant attendus.

Plus que jamais, la prise en charge sera de mise

À la suite du Sommet SST 2025 – qui a rassemblé 1500 délégué-es de toutes les organisations syndicales et communautaires du Québec impliquées en santé et sécurité du travail (SST) –, et de notre Bilan et perspectives 2025 qui suivait dès le lendemain, un constat toujours aussi clair se dégage de ces trois jours de riches échanges : l’importance d’une prise en charge collective de la SST dans nos milieux de travail.

Rappelons que cet événement historique constituait le point culminant de cinq ans de travaux et de négociation à la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) afin d’en arriver à une entente touchant les mécanismes de prévention et de participation.1

Durant le Sommet SST, une douzaine d’ateliers sur la prévention, la réparation, et la judiciarisation à outrance imposée par les employeurs ont été tenus selon les secteurs d’activité impliqués. Dans le cadre de Bilan et perspectives, nous avons davantage abordé les questions des risques psychosociaux, de la détresse en milieu de travail, du bilan du régime intérimaire et de la négociation en matière de SST. Ensemble, les deux événements furent de francs succès.

Au sortir du Sommet, nous apprenions que le gouvernement de la CAQ déposait le PL 101. Un projet omnibus qui vient entre autres modifier le Règlement sur les mécanismes de prévention et de participation en établissement en diluant la portée de ce règlement dans les systèmes de santé et d’éducation.

« Contre toute logique, le gouvernement de la CAQ vient appliquer des mesures d’austérité à un processus qui a été entièrement proposé et orchestré par ce même gouvernement. Plus que jamais, nous devons donc prendre en charge et collectiviser les enjeux en matière de SST. Pour y arriver, à la CSN, on connaît la formule : intégrer de la formation, de la mobilisation et des règles claires dans nos processus de négociation. Ça devient le cœur de notre stratégie négociatrice », conclut David Bergeron-Cyr, vice-président de la CSN et responsable politique de la SST.

1. Le 19 septembre 2024, le conseil d’administration de la CNESST a adopté à l’unanimité la version finale du Règlement sur les mécanismes de prévention et de participation en établissement (RMPPÉ), et ce, dans le délai qui lui était imparti par la Loi 27, adoptée en 2021. Or, à ce jour, contre toute logique vu le consensus obtenu, le Conseil des ministres n’a toujours pas entériné ce règlement. 

Édition été 2025: bienvenue à la CSN!

Abitibi-Témiscamingue–Nord-du-Québec

  • STT DU CPE CHEZ CALIMÉRO (FSSS–CSN)

Estrie

  • STT DU COMMERCE | SECTION SKI BROMONT (FC–CSN)
  • ST D’HPE–CSN (FSSS–CSN)TT DU BMR DE MATANE (FC–CSN

Laurentides

  • ST DE LA STATION MONT-TREMBLANT | CHÂTEAU BEAUVALLON (FC–CSN)

Lanaudière

  • ST EN SERVICE DE GARDE DE LANAUDIÈRE | CPE DES AMIS DES PRAIRIES (FSSS–CSN)

Montérégie

  • STT DE LA CLINIQUE VÉTÉRINAIRE DOUVILLE–CSN (FP–CSN)

Montréal métropolitain

  • ST DES CENTRES DE LA PETITE ENFANCE DE MONTRÉAL ET LAVAL | CPE DU CENTRE-VILLE (FSSS–CSN)
  • ST DES CENTRES DE LA PETITE ENFANCE DE MONTRÉAL ET LAVAL | ROSEMONDE (FSSS–CSN)
  • ST DES CENTRES DE LA PETITE ENFANCE DE MONTRÉAL ET LAVAL | PATAPOUF (FSSS–CSN)
  • STT DU RÉSEAU EXPRESS MÉTROPOLITAIN (REM) (FEESP–CSN)

Québec–Chaudière-Appalaches

  • STT DU CENTRE DE PRÉVENTION DU SUICIDE DE QUÉBEC | FONDATION (FSSS–CSN)
  • STT DU CLUB MED QUÉBEC CHARLEVOIX (FC–CSN)

Bienvenue à la CSN!

1er mai : on était de la partie

Nous avons souligné la Journée internationale des travailleuses et des travailleurs alors que le gouvernement mène une charge à fond de train contre ceux-ci. La privatisation dans les réseaux publics, l’austérité imposée partout, le projet de loi 89 – véritable cadeau pour les patrons –, le salaire minimum qui ne permet pas d’arriver même en travaillant à temps plein… pour François Legault et ses acolytes, c’est la journée internationale des boss à l’année ! Des travailleuses et travailleurs ont tenu des actions partout au Québec pour dénoncer ces politiques caquistes néfastes.

Dans les coulisses de la ville

Avec ses 2800 km de voies publiques à entretenir et une superficie de 1 136 km2, soit deux fois celle de Montréal, ce n’est pas le travail qui manque. Pour le groupe des quelque 550 travailleuses et travailleurs, le printemps est synonyme de grand ménage.

Nous devons nettoyer les déchets camouflés par la neige tout l’hiver, mais surtout, retirer le sable et le sel des trottoirs et des rues. C’est un enjeu de propreté, mais surtout de pollution. Lorsque le calcium utilisé pour faire fondre la glace en hiver pénètre les nappes phréatiques, il finit dans les lacs et contribue à générer les algues bleues, endommage les arbres sur les bords de route et favorise la prolifération de plantes envahissantes qui résistent mieux au sel. À la grandeur du Québec, 1,5 million de tonnes de sels de voirie sont épandues annuellement.

Le printemps, c’est le moment d’entretenir les parcs, les arbres et les espaces verts. C’est aussi le temps de prendre soin des nids de poule.

Pendant une opération qui s’étend sur 10 à 12 semaines, les cols bleus parcourent la ville pour d’abord arroser le trottoir et ainsi éviter la poussière, puis pousser le mélange de sel, de gravier et de sable du trottoir à la rue. Ensuite, dans une chorégraphie qui rappelle celle du déneigement, le tout est aspiré et déposé dans un camion qui se dirige vers le dépôt à neige ou un centre de décontamination.

« On commence le nettoyage dès que possible. D’abord par le ménage des boulevards parce qu’ils sont déjà déblayés, après viennent les routes collectrices », explique M. Blanchette. Son travail est parfois ralenti par celui de la population qui, croyant bien faire, entasse le mixte (terme savant qui réfère au mélange de granulaire et de sel) en petites piles. « Les balais mécaniques ne sont pas conçus pour ramasser ça », ajoute-t-il.

Le printemps, c’est aussi le moment d’entretenir les parcs, les arbres et les espaces verts, et c’est le temps de prendre soin des nids de poule, cachés pendant l’hiver et dont la condition est empirée par les gels et dégels du printemps.

Du côté de la Ville de Mont-Tremblant, le printemps laisse de côté la saison du ski et ouvre la porte à la villégiature estivale. Depuis la fusion, la taille de la localité a explosé et le profil des citoyennes et citoyens a changé. Les exigences de productivité envers les cols bleus sont plus élevées, explique Kuang Selao, président du syndicat des employé-es municipaux de la ville et représentant du secteur municipal à la Fédération des employées et employés de services publics–CSN.

« Si des Tremblantois voyageaient dans le temps et retournaient en l’an 2000, ils ne reconnaitraient pas leur ville », ajoute le président qui est inspecteur de bâtiment de formation. La région, qui connaissait une certaine dévitalisation économique dans les années 1990, s’est transformée autour du tourisme. Mont-Tremblant s’est densifiée et les commerces se sont installés un peu partout. Les terrains plats non-exploités se font désormais très rares.

La croissance de la ville a fait grimper ses revenus, mais a aussi fait augmenter la charge de travail, notamment pour les cols bleus spécialisés dans l’entretien de la voirie. En haute saison touristique, c’est l’hiver qui génère le plus d’heures supplémentaires aux membres du syndicat. « Dès qu’il neige, on va nettoyer les rues. Si on attend qu’il y ait une accumulation, c’est sûr qu’on recevra des messages de la population », explique M. Selao.

Près de 600 kilomètres séparent Mont-Tremblant et Saguenay, mais dans les deux cas, le printemps amène son lot de travail pour les cols bleus qui prennent soin de nos routes. Souvent dans l’ombre, ces travailleuses et travailleurs jouent un rôle essentiel dans l’entretien de nos villes.

Construction résidentielle – Déclenchement de la grève le 28 mai, à moins que l’APCHQ ne fasse voter ses membres

Le 21 mai dernier, l’Alliance syndicale de la construction – regroupant les cinq syndicats de l’industrie – a demandé à l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ) de faire voter ses membres en leur présentant sa dernière offre. Le communiqué subséquent de l’association patronale n’a pas fourni les éléments de réponse nécessaires permettant à l’Alliance syndicale de conclure si l’APCHQ allait faire voter ses membres, ou non, à la suite de sa demande.

Lorsque l’Alliance syndicale parle de faire voter les membres de l’APCHQ, elle se réfère à l’article 44.1 de la Loi R-20, dans laquelle il est notamment stipulé qu’une « association représentative peut conclure une entente sectorielle […] si elle y est autorisée par la majorité de ses membres qui exercent leur droit de vote lors d’un scrutin secret ».

La Loi R-20 prévoit que l’APCHQ soit soumise aux mêmes obligations qu’un syndicat. Après tout, par définition, l’APCHQ est une association représentative. « Il serait désolant que l’APCHQ prive ses membres d’un tel droit de parole et ne respecte pas la démocratie propre au régime de représentation associative, tel que prévu par la Loi R-20 » affirme Alexandre Ricard, porte-parole de l’Alliance syndicale de la construction. « Les employé.e.s de l’APCHQ ne peuvent pas prendre unilatéralement la décision de mettre le Québec en grève, en refusant de soumettre au vote nos offres à ses membres », poursuit-il.

Cette consultation doit se faire dans les plus brefs délais. L’APCHQ a démontré par le passé qu’elle pouvait soumettre un vote à ses membres à l’intérieur de deux semaines. L’Alliance syndicale s’attend donc à ce que la période de vote se termine au plus tard le 6 juin 2025, afin de limiter le plus possible les pertes salariales des travailleurs et travailleuses, car ils n’ont pas droit à la rétroactivité salariale.

 

En route vers la grève

L’Alliance syndicale a pour sa part obtenu son mandat de grève en exécutant une consultation au scrutin secret, accessible à l’ensemble des membres des cinq syndicats, et respectera le mandat fort (83,8%) qu’elle a obtenu de cette façon.

L’Alliance syndicale donne donc à l’APCHQ jusqu’au lundi 26 mai, à midi, pour l’informer de la tenue, ou non, d’un vote secret pour l’ensemble des membres de son association sur la dernière offre présentée. En cas de refus de tenir un tel vote auprès de ses membres, une grève générale illimitée sera déclenchée le mercredi 28 mai, à 00h01, dans le secteur résidentiel.

 

L’impact sur la population québécoise

La partie patronale laisse miroiter que les familles québécoises écoperont financièrement de ce conflit de travail et que c’est la faute des travailleurs et travailleuses du secteur résidentiel.

Notamment, l’APCHQ estime que la demande de l’Alliance syndicale « générerait un coût supplémentaire direct de 55 000 $ sur une maison unifamiliale neuve ». Notons que ce calcul de l’APCHQ est basé sur le prix de vente d’une construction unifamiliale neuve de 660 000 $*.

Selon la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), au Québec, pour l’année 2024, c’est seulement 13,27% de la construction résidentielle qui sont des maisons unifamiliales. C’est donc dire que la majorité des constructions sont produites par des promoteurs immobiliers et qu’un faible pourcentage de la population risquerait d’en sentir des conséquences potentielles.

Qui plus est, de nombreux autres facteurs ont un impact important sur la hausse des coûts des maisons : l’augmentation des prix des terrains, les taxes foncières et l’explosion des taux d’intérêt, pour ne nommer que ceux-là.

 

À propos de l’Alliance syndicale de la construction

L’Alliance syndicale est composée des cinq syndicats de l’industrie de la construction : la FTQConstruction, le Syndicat québécois de la construction (SQC), le Conseil provincial du Québec des métiers de la construction (International), la CSD-Construction et la CSN-Construction. Ils unissent leurs voix pour représenter l’ensemble des travailleurs et des travailleuses de l’industrie lors de la négociation des conventions collectives. www.facebook.com/AllianceSyndicale/

PL 89 – Le Québec recule, les syndicats sonnent l’alarme

Des centaines de travailleuses et de travailleurs ont manifesté ce midi devant l’Assemblée nationale pour dénoncer les lourdes conséquences qu’aura le projet de loi 89 (PL 89) sur les travailleuses et les travailleurs du Québec.

À l’approche de son adoption, les organisations syndicales ont dénoncé d’une même voix une attaque frontale contre les relations de travail. « Avec ce projet de loi, le ministre du Travail Jean Boulet vient démanteler l’équilibre fragile, mais essentiel entre les travailleuses, les travailleurs et les patrons. C’est un recul majeur pour le Québec », ont déclaré les porte-paroles Robert Comeau de l’APTS, Caroline Senneville de la CSN, Nadine Bédard-St-Pierre de la CSQ, Patrick Bydal de la FAE, Julie Bouchard de la FIQ, Denis Bolduc de la FTQ, Christian Daigle du SFPQ et Annie Morin du SPGQ.

En effet, bien que le PL 89 vise uniquement les travailleuses et les travailleurs syndiqués, ses effets se feront sentir sur l’ensemble de la main-d’œuvre. Les avancées obtenues par la négociation syndicale exercent une pression positive sur les milieux non syndiqués, forçant les employeurs à s’ajuster pour demeurer compétitifs. « En limitant la capacité de nos membres à défendre et améliorer leurs conditions de travail, c’est l’ensemble du moteur économique québécois, c’est-à-dire les salarié-es, que le gouvernement attaque », ont dénoncé les porte-paroles. D’ailleurs, s’il y a un groupe qui sort gagnant du PL 89, c’est bien celui des patrons, qui ont encensé tour à tour le projet de loi en commission parlementaire il y a quelques semaines. « Étrangement, seuls les patrons ont applaudi, pendant que de nombreux spécialistes en relations du travail ont exprimé de sérieuses inquiétudes quant au projet de loi. »

 

Des luttes syndicales payantes  

Depuis des décennies, les luttes menées par les travailleuses et les travailleurs syndiqués ont permis d’importantes avancées sociales. Salaire minimum, congés parentaux, équité salariale, réseau des CPE : autant de gains arrachés grâce à la mobilisation syndicale. « Ce sont nos moyens de pression et nos grèves qui ont permis à des millions de Québécoises et de Québécois de bénéficier de ces droits. Priver les travailleuses et les travailleurs de leur capacité à lutter, c’est freiner les progrès de toute la société québécoise », ont insisté les porte-paroles.

 

Absence de dialogue

Finalement, l’ensemble des organisations syndicales a dénoncé l’attitude cavalière du ministre du Travail, qui n’a même pas cru bon les informer qu’un tel bouleversement était en préparation. « Avec une approche aussi maladroite, il a rendu les discussions pratiquement impossibles, et nous le déplorons vivement. C’est par le dialogue qu’on peut trouver des solutions gagnantes », ont renchéri les porte-paroles.

Rappelant que le droit de grève est enchâssé dans les chartes des droits et libertés, tant québécoise que canadienne, les organisations syndicales ont signifié leur intention d’évaluer la possibilité de contester le projet de loi 89 devant les tribunaux. « Nous ne laisserons pas nos droits être bafoués. Que le premier ministre et son ministre du Travail se le tiennent pour dit : notre mobilisation se poursuivra », ont conclu les porte-paroles.

Projet de loi n° 100: une modernisation attendue

De passage en commission parlementaire aujourd’hui à Québec, la CSN a accueilli favorablement le projet de loi n° 100, Loi sur la négociation et la détermination des conditions de travail requérant une coordination nationale notamment dans les secteurs public et parapublic. Le PL 100 vient enfin moderniser la loi, répondant à de nombreuses préoccupations soulevées depuis des années par la CSN.

« Le projet de loi cible les enjeux concrets vécus à la table de négociation, là où le cadre actuel montrait ses limites. Il rétablit un droit fondamental, celui de négocier l’ensemble des clauses des conventions collectives en plus d’éliminer le passage obligatoire vers un processus de conciliation pour obtenir le droit de grève dans les secteurs public et parapublic », explique François Enault, premier vice-président de la CSN.

« Le PL 100 tient compte des pratiques actuelles de négociation ainsi que de l’évolution des contextes juridique et constitutionnel. À ce titre, la CSN salue l’approche fondée sur le dialogue adoptée par la ministre Sonia LeBel, qui tranche avec celle privilégiée par le ministre Jean Boulet dans le cadre du projet de loi no 89 », renchérit le premier vice-président.

En excluant la possibilité de fusion des unités en santé et services sociaux, le gouvernement prend une décision responsable. « Les travailleuses et les travailleurs du réseau de la santé et des services sociaux peinent à exercer leurs tâches dans un contexte de sous-financement récurrent et de gels d’embauche, le tout dans des édifices spectaculairement négligés. Leur imposer un maraudage aurait été contre-productif », note le premier vice-président.

En conclusion, la CSN apporte certaines recommandations pour renforcer les avancées du PL 100. « Ces propositions traduisent notre volonté d’instaurer un cadre de négociation plus équitable, plus cohérent et surtout, plus mobilisateur pour les travailleuses et les travailleurs que nous représentons, ainsi que pour l’ensemble des acteurs concernés. Nous espérons que les parlementaires sauront entendre cette voix », conclut François Enault.

 

 

L’Alliance syndicale dépose une offre finale pour le secteur résidentiel

À la suite de la demande faite vendredi dernier par l’Alliance syndicale de la construction à l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ) pour un blitz de négociation, des rencontres ont eu lieu durant la longue fin de semaine. Malgré ces efforts, aucune entente n’a été conclue.

L’APCHQ a transmis une offre d’entente intérimaire (d’une durée d’un an) à l’issue des discussions exploratoires, mais l’Alliance syndicale estime que cette proposition est insuffisante et ne répond pas aux besoins urgents des travailleurs et des travailleuses. « Les salarié.e.s du secteur résidentiel perdent en moyenne 145 $ par semaine et ne retrouveront jamais cet argent. Il est urgent d’agir. La main que nous tendons aujourd’hui à l’APCHQ est notre ultime tentative pour éviter un conflit de travail », a déclaré Alexandre Ricard, porte-parole de l’Alliance syndicale.

Une offre finale soumise pour un vote

L’Alliance syndicale dépose, ce matin, une dernière offre afin de sortir de l’impasse et de respecter les travailleurs et travailleuses du secteur résidentiel. En échange, elle demande à l’APCHQ de la soumettre directement au vote à ses membres, afin de leur donner l’occasion d’accepter, ou de refuser, les termes de cette offre finale. L’Alliance croit que les employeurs méritent le droit de se prononcer sur une proposition qui s’aligne avec celles déjà acceptées dans les trois autres secteurs de l’industrie. Il est important de se rappeler que, pour ces trois secteurs, les patrons avaient jugé à près de 90 % que des termes similaires à cette offre étaient satisfaisants.

L’Alliance syndicale considère qu’il serait juste de passer au vote pour éviter que l’application des moyens de pression — pouvant aller jusqu’à la grève — ne soit engagée. Si l’APCHQ refuse de soumettre cette offre ou si ses membres la rejettent, l’Alliance syndicale devra évaluer ses options pour les prochaines étapes à venir.

Un secteur en péril

L’Alliance syndicale est inquiète pour la suite des choses. Le secteur résidentiel vit une crise d’attractivité et de rétention de la main-d’œuvre. Plusieurs travailleuses et travailleurs quittent actuellement ce secteur pour aller vers d’autres chantiers, où les conditions sont meilleures et les ententes respectées. Sans des conditions salariales à la hauteur, il sera impossible de construire le Québec de demain et de répondre aux besoins criants en matière de logement de la population.

Mandat de grève

Conformément à la Loi R-20, l’Alliance syndicale est autorisée, dès aujourd’hui, à exercer un mandat de grève obtenu par les cinq syndicats. Si ce moyen de pression s’avère nécessaire pour obtenir le rattrapage salarial attendu, il sera utilisé. Les travailleuses et travailleurs du secteur résidentiel méritent le respect et des conditions à la hauteur de leur contribution essentielle.

À propos de l’Alliance syndicale de la construction

L’Alliance syndicale est composée des cinq syndicats de l’industrie de la construction : la FTQ-Construction, le Syndicat québécois de la construction (SQC), le Conseil provincial du Québec des métiers de la construction (International), la CSD-Construction et la CSN-Construction. Ils unissent leurs voix pour représenter l’ensemble des travailleurs et des travailleuses de l’industrie lors de la négociation des conventions collectives. www.facebook.com/AllianceSyndicale/