Pas d’entente possible sans une garantie de la protection du pouvoir d’achat et un enrichissement permettant un rattrapage salarial

« Il n’y aura pas d’entente sans la protection du pouvoir d’achat et sans un enrichissement permettant un rattrapage pour nos membres. Nous ne laisserons personne s’appauvrir et ça, le gouvernement de la CAQ doit le comprendre ». C’est en ces termes que les porte-paroles du Front commun ont répondu à l’offre de table centrale déposée hier par le gouvernement.

Pour François Enault, premier vice-président de la CSN, Éric Gingras président de la CSQ, Magali Picard présidente de la FTQ et Robert Comeau, président de l’APTS, le gouvernement a finalement déposé hier – un an après le début des discussions – une première offre salariale qui permettra de négocier de manière plus sérieuse. Toutefois, il semble toujours aussi déconnecté de la réalité vécue par les travailleuses et les travailleurs des services publics, en offrant 12,7% sur cinq ans. « Pas 16,7% comme il l’affirme publiquement, mais bel et bien 12,7%, tel qu’écrit noir sur blanc dans le dépôt ».

Appauvrir les femmes

Rappelons que selon les chiffres du ministère du Travail, les conventions collectives signées en 2022 incluent une augmentation moyenne de 9 % pour la première année. Que propose le gouvernement aux travailleuses et aux travailleurs des réseaux publics pour la première année? Un maigre 4,3 %, alors que l’inflation de 2022 a été de 6,7 %.

« Est-ce que les médecins spécialistes, est-ce que les policiers de la SQ, est-ce que les juges accepteraient de s’appauvrir? La réponse est NON. Comment le gouvernement de la CAQ peut-il sérieusement proposer cela aux femmes des services publics? »

Aucun rattrapage

En plus de l’appauvrissement qui est sur la table, la nouvelle offre ne permet toujours pas un rattrapage. « Les travailleuses et les travailleurs continueront de subir un retard important par rapport aux autres salarié-es du Québec, tant sur les salaires que sur la rémunération globale, même quand on considère le régime de retraite. Il s’agit d’un enjeu primordial si le gouvernement souhaite remettre les services publics sur les rails en attirant et en retenant la main-d’œuvre nécessaire, au lieu de quoi, les travailleuses et les travailleurs actuels seront nombreux à choisir de fuir les réseaux. » Le plus récent rapport de l’Institut de la statistique du Québec indique d’ailleurs que ce retard dans la rémunération globale est de 7,4 % par rapport aux autres salariés du Québec.

La retraite

Rare point positif de cette nouvelle offre : le recul du gouvernement à propos de ses attaques sur le régime de retraite. « Enfin, le gouvernement s’est rendu à l’évidence : les travailleuses et les travailleurs n’avaient pas à être pénalisés par la bonification du Régime des rentes du Québec. En ayant réglé cette question, nous pourrons enfin parler des salaires, des assurances, des ouvriers spécialisés et des disparités régionales, des enjeux importants pour lesquels le statut quo est impensable ».

Statistiques pour mieux comprendre les enjeux de cette négociation

  • Moyenne salariale des employées et employés du secteur public membres du Front commun : 43 916 $ ;
  • Retard salarial : 16,6 % ;
  • Retard de rémunération globale : 7,4 % ;
  • Proportion de femmes parmi les membres du Front commun : 78 %.

Le prix Pierre-Vadeboncoeur remis à Dahlia Namian

Le prix Pierre-Vadeboncoeur, créé par la CSN en 2011, a été remis à la sociologue Dahlia Namian pour son essai La société de provocation, publié chez Lux éditeur. Ce prix est doté d’une bourse de 5000 $ et a été remis à la lauréate par la secrétaire-générale de la CSN, Nathalie Arguin.

L’annonce en a été faite aujourd’hui à l’occasion d’une réunion du conseil confédéral de la centrale qui se tient à Lévis. Pierre Vadeboncoeur, considéré par plusieurs comme l’un des plus importants essayistes québécois, a été conseiller syndical à la CSN de 1950 à 1975.

Cette œuvre, dont le sous-titre est Essai sur l’obscénité des riches, illustre de manière absolument convaincante à quel point l’étalage de la richesse de milliardaires comme Elon Musk, Jeff Bezos ou Bernard Arnault constitue un outrage à l’égard de la multitude qui peine à se nourrir et à se loger. La présidente du jury, Claudette Carbonneau, qui a présidé la CSN de 2002 à 2011, a déclaré en remettant le prix : « Les militantes et les militants vont trouver dans cet essai matière à nourrir leur argumentaire quand il s’agira de faire la démonstration de ces injustices et de ces inégalités qu’il nous faut combattre au quotidien. »

Outre la présidente, le jury était composé des lauréats de l’année dernière, l’auteure Mélikah Abdelmoumen, le journaliste Jean-François Nadeau du Devoir et Catherine Ladouceur, professeure de littérature au Cégep de Sherbrooke et syndiquée à la CSN.

Madame Namian enseigne à l’École de travail social de l’Université d’Ottawa. Ses travaux de recherche portent sur la pauvreté et l’exclusion.

À propos

Fondée en 1921, la CSN est une organisation syndicale qui œuvre pour une société solidaire, démocratique, juste, équitable et durable. À ce titre, elle s’engage dans plusieurs débats qui intéressent la société québécoise. Elle regroupe plus de 330 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou professionnelle dans 8 fédérations, ainsi que sur une base régionale dans 13 conseils centraux, principalement sur le territoire du Québec.

Briseurs de grève au Cimetière Notre-Dame-des-Neiges

Le 28 novembre 2023, le Tribunal administratif du travail (TAT) ordonnait à la Fabrique Notre-Dame, employeur du cimetière, de cesser d’utiliser les services de ses représentants pour accomplir en tout ou en partie les fonctions des salarié-es de l’unité de négociation.

Pour le syndicat, la direction utilise des briseurs de grève, notamment pour les fonctions des préposé-es à l’accueil et des conseillères et conseillers aux ventes, afin de contourner les moyens de pression exercés par les travailleuses et les travailleurs de bureau du cimetière, en grève depuis le 20 septembre 2022.

Pascal Schiavone et Anshley Ligondé, les deux représentants de l’employeur visés par l’ordonnance du TAT, auraient été embauchés après le début de la phase de négociation de la convention collective, et ce, en contravention des dispositions anti-briseurs de grève prévues au Code du travail.

De plus, le 9 novembre dernier, le syndicat a gagné un arbitrage de grief, lequel confirme que l’employeur ne respecte pas le plancher d’emploi comme établi dans la convention collective. « Comment un patron qui ne respecte ni la loi ni son contrat de travail peut-il prétendre que sa priorité absolue est d’accueillir les familles endeuillées dans le respect et la dignité ? C’est un non-sens, nous n’y croyons tout simplement pas », confirme Éric Dufault, président du syndicat des employé-es de bureau.

« Une fois de plus, l’employeur manifeste un immense mépris à l’égard de son personnel. L’issue du conflit n’est assurément pas l’embauche de briseurs de grève. L’employeur doit faire preuve d’ouverture et retourner rapidement à la table pour arriver enfin à une entente négociée », ajoute Linda Tavolaro, secrétaire générale de la Fédération des employées et employés de services publics–CSN.

« Cette situation est incroyable ! Sincèrement, nous faisons rarement face à un employeur aussi récalcitrant qui s’entête autant à ne pas vouloir trouver un terrain d’entente par la voie de la négociation. Aujourd’hui, le conseil central dénonce haut et fort l’utilisation de briseurs de grève par ces patrons sans vergogne ! Ce n’est toutefois pas le temps de baisser les bras : l’appui que nous offrons aux travailleuses et aux travailleurs du cimetière est et restera indéfectible », affirme avec aplomb Dominique Daigneault, présidente du Conseil central du Montréal métropolitain–CSN.

En grève depuis le 20 septembre 2022, le Syndicat des employé-es de bureau du Cimetière Notre-Dame-des-Neiges–CSN compte une quinzaine de membres. Ceux-ci revendiquent, entre autres, un salaire qui couvre l’inflation avec une rétroaction salariale. À ce jour, après quelque 40 rencontres de négociation/conciliation et 15 mois de conflit de travail, les parties n’ont toujours pas conclu de convention collective.

Nouvelle convention collective pour les profs de l’UQAM

Réunis en assemblée générale aujourd’hui, les professeur-es de l’UQAM ont entériné l’entente de principe conclue mercredi soir entre leur comité de négociation et la direction de l’université montréalaise. La nouvelle convention collective permettra aux 1225 membres du Syndicat des professeur-es de l’UQAM–CSN d’obtenir, dès la signature, des échelles salariales équivalentes à celles de leurs collègues de l’Université de Montréal.

Les profs de l’UQAM obtiendront ainsi une augmentation minimale de 7,73 % rétroactive au 1er avril dernier, hausse qui pourrait être augmentée en fonction du résultat des négociations du secteur public. Au cours des cinq années de la convention, les profs bénéficieront de hausses minimales de 15,73 %, alors que les sommets de leurs échelles salariales seront bonifiés de 17,5 %.

Les membres du SPUQ–CSN se réjouissent d’avoir enfin obtenu l’intégration au statut de professeur des 25 maîtres de langue de l’École de langues de l’UQAM. Depuis plus de 25 ans, ceux-ci revendiquaient la même échelle salariale et la même charge d’enseignement, ce qui sera dorénavant le cas. Ces 25 ex-maîtres de langue s’ajouteront aux 1200 profs actuels, un plancher d’emploi obtenu par les profs en 2009 et qui sera ajusté à la hausse en fonction d’éventuelles augmentations d’inscriptions.

« Les profs de l’UQAM étaient convaincus du bien-fondé de leurs demandes », souligne la présidente du SPUQ–CSN, Geneviève Hervieux. « Par leur mobilisation, ils auront réussi à convaincre la direction de l’UQAM que c’est en améliorant nos conditions d’enseignement, de recherche et d’encadrement que l’UQAM pourra continuer à jouer son rôle d’innovation sociale et scientifique. »

Malgré l’adoption d’une loi sur la liberté académique, les profs de l’UQAM conserveront leur clause de convention collective en la matière, dont les protections sont supérieures. Pour la première fois, l’enseignement en ligne sera balisé au sein de la convention collective. Partant du principe que les cours en ligne demeurent des cours à part entière, ils seront assujettis à l’ensemble des modalités prévues à la convention – y compris à la moyenne-cible institutionnelle de 41 étudiants par groupe-cours – ce qui permettra ainsi d’éviter certains débordements constatés dans le milieu académique.

En vertu de la nouvelle convention, l’UQAM et le SPUQ–CSN mettront en place un mécanisme paritaire visant à favoriser l’accès à l’égalité aux groupes discriminés. Si l’accès à l’égalité pour les femmes y était prévu, ce n’était pas le cas des personnes issues d’autres groupes discriminés. L’UQAM devient ainsi la première université canadienne à se doter d’un tel mécanisme, tout en maintenant l’autonomie des départements en ce qui concerne les embauches.

« Nous sommes persuadés qu’avec de meilleures conditions de recherche et d’enseignement, les profs de l’UQAM pourront encore mieux contribuer au rayonnement de l’UQAM au sein du milieu académique et de la société québécoise. Nous tenons à remercier le recteur de l’université, Stéphane Pallage, dont l’implication à la table de négociation au cours des derniers jours a certainement contribué à dénouer les blocages auxquels nous étions confrontés. »

Le Syndicat des professeurs et professeures de l’UQAM représente les 1225 profs de l’université montréalaise. Il est affilié à la Fédération des professionnèles–CSN, au Conseil central du Montréal métropolitain et à la CSN, qui représente 330 000 travailleuses et travailleurs des secteurs public et privé, partout au Québec et ailleurs au Canada.

 

Plus de 2000 auxiliaires d’enseignement et de recherche de Concordia rejoignent la CSN

Le vote d’affiliation syndicale de plus de 2000 auxiliaires d’enseignement et de recherche de l’Université Concordia se terminait lundi dernier et les résultats sont sans équivoque : ces dernières et derniers ont choisi à plus de 70 % de se joindre au CREW-CSN, le Concordia Research and Education Workers, affilé à la Confédération des syndicats nationaux (CSN).

« Nous souhaitons la bienvenue au CREW dans le grand mouvement de la CSN. Je sens que les auxiliaires d’enseignement et de recherche de Concordia seront à leur place dans la culture de solidarité de la confédération. Notre mouvement tout entier travaillera sans relâche pour améliorer leurs conditions de travail », explique Caroline Senneville, présidente de la CSN.

Avec l’arrivée du CREW-CSN, la confédération représentera maintenant près de 4000 travailleuses et travailleurs à l’Université montréalaise, notamment des employé-es de soutien, des bibliothécaires et d’autres travailleuses et travailleurs n’appartenant pas au corps enseignant. La CSN représente également les auxiliaires d’enseignement et les surveillants d’examen de l’Université McGill. 

« Ces résultats démontrent le vif désir de transformation qui existe chez les auxiliaires de recherche et d’enseignement de Concordia et prouvent que, quand on s’organise, on peut livrer un changement réel. On va se mettre au travail dès maintenant pour se battre pour les conditions de travail que les membres méritent », explique Mya Walmsley, du CREW-CSN.

Jadis affiliés à l’Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC), les auxiliaires d’enseignements et assistants de recherche ont d’abord tenté de se joindre à la CSN en avril dernier. Bien que les résultats aient alors témoignés d’appuis majoritaires pour la CSN au sein des membres, le Tribunal administratif du travail (TAT) avait demandé un nouveau vote, lequel s’est tenu du 23 octobre au 13 novembre 2023. Encore une fois, la CSN a recueilli les appuis d’une très forte majorité.

Manifestation intersyndicale du personnel des sociétés de transport

Le 14 novembre dernier, plusieurs centaines de membres du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) et de la Confédération des syndicats nationaux (CSN) manifestaient pour envoyer un message fort à la ministre des Transports et de la Mobilité durable, Geneviève Guilbault, et à son gouvernement. Ces syndicats réclament des investissements importants dans le transport collectif.

Pour le SCFP et la CSN, le gouvernement caquiste doit en faire davantage pour soutenir les sociétés de transport collectif du Québec. Les syndicats du secteur demandent au premier ministre Legault de faire le bon choix pour l’avenir du Québec et pour les générations futures, soit d’investir les sommes indispensables à la qualité et l’efficacité du transport en commun au Québec.

D’ailleurs, les syndicats invitent le gouvernement à faire preuve d’honnêteté et de transparence dans sa méthode de calcul servant à déterminer le montant représentant 70 % du déficit des sociétés de transport qu’il est prêt à éponger.

« Le développement du transport collectif est crucial pour l’atteinte des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Pourtant, la CAQ n’a pas de politique claire en la matière et c’est vraiment déplorable, constate la présidente de la CSN, Caroline Senneville. Le Québec a besoin d’un gouvernement novateur en ce qui concerne le transport public. Bien sûr, pour les travailleuses et les travailleurs du secteur, ajoute-t-elle, mais aussi pour toute la société. »

« Il faut que le transport en commun soit considéré comme le fondement de l’économie de demain. Nous demandons au gouvernement des solutions permanentes afin d’offrir un service de qualité à la population. Un financement adéquat permet ultimement aux ménages d’engranger des économies, puisque le transport constitue le deuxième poste budgétaire des familles québécoises, lesquelles sont déjà fortement affectées par le coût de la vie », a déclaré Marc Gingras, président du secteur Transport terrestre du SCFP.

Nouvelle convention collective pour les travailleuses et les travailleurs de l’information de La Presse

Le Syndicat des travailleurs de l’information de La Presse (STIP-FNCC–CSN) a signé son nouveau contrat de travail lundi. Le 3 novembre dernier, les membres avaient adopté, dans une proportion de 98,5 %, l’entente de principe survenue entre leur comité de négociation et la direction du quotidien montréalais.

« Nous sommes très heureux de la conclusion de la négociation et de l’appui des membres », a affirmé Janie Gosselin, présidente du STIP–CSN.

Des hausses salariales de 7 % s’appliquent aux employé-es dès la signature de la convention. Les salaires seront bonifiés de 2 % chaque année à partir de 2025, jusqu’à l’échéance de la convention, en 2027.

La majorité des employé-es aura aussi droit à une reclassification salariale variant entre 2,5 et 3,5 %, en fonction d’écarts constatés avec le secteur journalistique. Depuis 2016, les syndiqué-es n’avaient eu droit qu’à une seule augmentation de salaire, de l’ordre de 1 % en 2020.

La question de l’équité s’était retrouvée au cœur des négociations. Le STIP–CSN et La Presse ont conclu une lettre d’entente prévoyant la possibilité pour l’employeur de verser de la rémunération additionnelle en raison de l’expertise ou de la notoriété, selon des critères bien précis. La direction de La Presse s’est engagée à atteindre la zone paritaire dans le versement de ces bonus d’ici le 1er janvier 2024.

« Pour nous, c’était important que l’octroi de rémunération additionnelle soit balisé, transparent, et qu’il prévienne toute forme de discrimination », a souligné Janie Gosselin.

 

À propos

Le Syndicat des travailleurs de l’information de La Presse–CSN représente environ 200 journalistes, chroniqueuses et chroniqueurs, caricaturiste, photographes-vidéastes, pupitreurs et pupitreuses, réviseurs et réviseuses, recherchistes, chefs de division et graphistes. Le syndicat est affilié à la Fédération nationale des communications et de la culture (FNCC–CSN), qui regroupe 6 000 membres dans 80 syndicats œuvrant dans les domaines des communications, du journalisme et de la culture. Elle est l’une des huit fédérations de la CSN.

Un CPE se verdit

Au Centre de la petite enfance (CPE) Le Repère des mousses, le virage vert amorcé depuis une dizaine d’années permet non seulement de réduire l’empreinte environnementale de l’installation, mais aussi de conscientiser les tout-petits à l’importance de préserver l’environnement.

Ce CPE de l’arrondissement Rosemont, sur l’île de Montréal, fait figure de pionnier dans l’adoption de mesures environnementales. « Les choses se sont mises en place tranquillement », raconte Nadine Joseph, éducatrice au Repère des mousses depuis 31 ans et vice-
présidente à la vie syndicale au Syndicat des travailleuses(eurs) des CPE de Montréal et Laval–CSN. Cette idée est vite devenue un projet d’équipe grâce au concours des travailleuses, des parents, des membres du conseil d’administration et de la direction générale.

Cette installation de 70 places, qui compte 15 travailleuses, a débuté par la mise en place du recyclage. En plus de diminuer la quantité de déchets produits, le recyclage a fait fondre les achats de matériel de bricolage. Dans la cour arrière, un jardin a été aménagé permettant de verdir l’espace et du même coup d’approvisionner la cuisine en fines herbes et en légumes frais. Le CPE a longtemps produit lui-même son compost avant de profiter de la collecte des résidus verts de l’arrondissement.

Résolument vert

Petit à petit, ces premières initiatives vertes ont mis la table pour d’autres mesures. Ainsi, le plastique à usage unique a été éliminé au profit de matériaux plus écologiques. La vaisselle, l’ameublement, les jouets et les modules de jeux extérieurs ont eu droit à cette métamorphose. Les couches lavables ont également remplacé les couches jetables.

À l’extérieur, le gazon a fait place à un couvre-sol beaucoup plus écologique et sans entretien coûteux. De plus, le CPE a fait l’achat d’un support à vélos et à trottinettes afin d’encourager les travailleuses et les parents à se déplacer à deux roues. Le Repère des mousses fait aussi une belle place à l’achat local. Plutôt que de s’approvisionner auprès des grandes chaînes d’alimentation, l’installation priorise les commerces du quartier.

Toutes ces initiatives ont même fait des petits auprès d’autres CPE. « La force de notre CPE, ç’a été d’embarquer toute l’équipe. Tout le monde met la main à la pâte », souligne Mme Joseph. Même les enfants sont mis à contribution.

« Nous expliquons aux enfants ce que nous faisons pour l’environnement. À partir de trois ans, ils en sont bien conscients », explique l’éducatrice. Ce virage vert constitue ainsi un outil pédagogique formidable auprès des tout-petits pour qu’ils puissent devenir des citoyens respectueux de l’environnement.

Festivals montréalais : portrait d’une syndicalisation contagieuse

Une petite révolution se trame dans le milieu des festivals de Montréal. Si la métropole est connue pour sa scène événementielle foisonnante, les mauvaises conditions de travail des artisanes et artisans du milieu passent souvent sous le radar. Depuis quelques années, des travailleurs et des travailleuses s’organisent pour que ça change.

En mars 2022, Giulio Évangelista est coordonnateur de production au Gala Québec Cinéma, les anciens prix Jutra. Pour la première fois, il s’implique dans les négociations de sa convention collective et découvre le syndicalisme. Il attrape la piqûre et décide de parler de la CSN à ses collègues du festival Fantasia.

Comme plusieurs personnes du milieu, Giulio est un véritable travailleur saisonnier de la culture. Il est embauché contractuellement par une série de festivals, année après année. Il connaît donc bien la réalité des festivals de cinéma et la précarité qui y est associée.

« La passion ne paie pas le loyer », résume-t-il en faisant référence aux conditions salariales, mais également à la désorganisation dont il a été témoin à plusieurs endroits.

Du côté de Fantasia, l’appétit est grand pour du changement. Le plus gros défi auquel les militantes et militants font face est le sentiment répandu que les mauvaises conditions de travail sont le prix à payer pour travailler dans l’industrie.

«Avec un petit groupe, on a dû se demander sérieusement si on quittait le milieu ou si on tentait de le transformer. Je suis heureuse qu’on ait choisi la deuxième option», explique une travailleuse qui a préféré garder l’anonymat.

Après plusieurs mois de travail, les travailleuses et travailleurs de Fantasia se joignent au syndicat de l’Événementiel–CSN et à la Fédération nationale de la culture et des communications (FNCC–CSN).

« La syndicalisation a été une expérience forte en émotion, mais très positive. Ça m’a rapprochée de mon équipe, j’ai découvert une réelle camaraderie. J’ai hâte de voir ce que l’avenir nous réserve », a conclu la même travailleuse.

Grève des casinos : les gains humains

Les travailleuses et les travailleurs des casinos du Québec ont une longue histoire syndicale qui prend racine au début des années 1990. Combattants et présents dans les jeux en ligne, mais aussi à Charlevoix, Gatineau, Mont-Tremblant et Montréal, ils et elles ont traversé de nombreux conflits et bâti un milieu de travail qui fait aujourd’hui l’envie de toutes et de tous.

Deux ans de pandémie et une inflation record ont terni ce lustre. L’échéance des conventions collectives au printemps 2022 a préparé le terrain pour une mobilisation sans précédent chez les syndiqué-es. Pour la première fois, les 1700 travailleuses et travailleurs des huit syndicats présents aux quatre coins du Québec ont négocié d’une même voix afin d’éviter le déclin de leurs conditions de travail.

Après un an de négociations et une grève de trois mois, on peut dire que c’est mission accomplie. Une recommandation du conciliateur a été acceptée par près des trois quarts des membres en septembre dernier, mettant ainsi fin au conflit de travail. Pour l’occasion, le Point syndical vous propose une incursion dans l’univers syndical des établissements de jeu.

Une longue tradition

Ancien policier pour les chemins de fer du Canadien National (CN), Riccardo Scoppeleti travaille à la sécurité du Casino de Montréal depuis 1993. Il se souvient avec amusement de la signature des cartes survenue deux ans après son embauche dans les salles de bain du casino, à l’abri des regards. Fort de son expérience de délégué syndical au CN, il s’implique dans son nouveau syndicat dès sa fondation.

Pour lui, la recette gagnante d’une grève se trouve dans l’appui des membres, de son exécutif et de la CSN, le « mothership » comme il l’appelle affectueusement. Au cœur de son engagement qui dure depuis bientôt vingt ans se trouve sa volonté de trouver des solutions, mais surtout, d’écouter.

« Ma mère m’a toujours dit qu’on avait deux oreilles et une seule bouche pour une bonne raison. Je pense qu’on doit écouter deux fois plus qu’on parle, c’est ce qui me permet de trouver des solutions », explique le président de l’unité de sécurité du Casino de Montréal.

L’écoute, c’est ce qui a fait la différence pour Valérie Bergeron, haute dirigeante syndiquée au Casino de Charlevoix. Au quotidien, elle s’assure que les clientes et clients exécutifs, ou VIP, ont tout ce dont ils ont besoin. Peu à peu, le stress de sa première grève a laissé place à une routine structurée autour des lignes de piquetage. Ce changement de perspective, elle l’attribue en grande partie à Éric Dufour, président de l’unité.

« Éric a vraiment été capable de nous mettre à l’aise, il répondait à toutes nos questions et je n’ai jamais eu l’impression de le déranger. C’était très rassurant de pouvoir nous appuyer sur lui », conclut Valérie, qui ressort de la grève forte des liens de solidarité qu’elle a tissés.

Un an de résistance

Le syndicat des employé-es de bureau du Cimetière Notre-Dame-des-Neiges a entamé son 14e mois de grève. Plus d’un an à revendiquer le respect d’un employeur qui ne manifeste que du mépris à leur égard. Après tant de mois passés sur la ligne de piquetage, les syndiqué-es se retrouvent dans une phase de résistance éprouvante.

Rien ne va plus dans les opérations de l’institution. Les crémations et les inhumations ne peuvent se faire correctement sans le retour en poste du personnel administratif.

Syndicat des travailleuses et travailleurs d’EXO – transport adapté–CSN | Réseau de Transport Métropolitain

À la suite du dépôt d’une requête en accréditation, le 28 août 2023, le Syndicat des travailleuses et travailleurs d’EXO – transport adapté – CSN a été accrédité pour représenter :

« Toutes les personnes salariées au sens du Code, affectées au Transport adapté, dans la direction « Exploitation : Autobus et transport adapté », exerçant les fonctions d’Agent – Transport adapté, Agent – Transport adapté (niveau 2), Agent administratif – Transport adapté, Coordonnateur – Transport adapté, Coordonnateur – Planification du transport adapté, à l’exclusion de la fonction de Coordonnateur – Performance opérationnelle. »

Réorganisation, changement opérationnel, modification des conditions de travail chez EXO n’arrêtent pas. Les travailleurs affectés au transport adapté n’en pouvaient plus. Ils ont décidé majoritairement de se doter d’un syndicat.

Ce nouveau syndicat sera affilié à la Fédération des employées et employés de service public, au Conseil central du Montréal métropolitain et, bien entendu, à la Confédération des syndicats nationaux.

Syndicat des employé-es de l’événementiel–CSN | Festival Fantasia

À la suite de la requête en accréditation déposée le 23 juillet 2023, le Syndicat des employé-es de l’événementiel – CSN a été accrédité pour représenter :

« Toutes les personnes salariées au sens du Code du travail du Québec à l’exception de la directrice adjointe, du directeur artistique, du directeur des partenariats et du directeur de la programmation internationale. »

Les salarié-es de l’événementiel sont traiter comme des travailleurs autonomes, même si ce n’est pas le cas. Après avoir travaillé dans les différents festivals déjà syndiqués, des travailleurs ont décidés que le temps était venu de se syndiquer et de se faire reconnaitre comme de véritables salarié-es.

Cette nouvelle section rejoint le syndicat régional qui est affilié à la Fédération nationale des communications et de la culture, au Conseil central du Montréal métropolitain et, bien entendu, à la Confédération des syndicats nationaux.

Syndicat des travailleuses et travailleurs du Cosmodôme–CSN

À la suite de la requête en accréditation déposée le 23 juillet 2023, le Syndicat des travailleuses et travailleurs du Cosmodôme – CSN a été accrédité pour représenter :

« Tous les salarié-es travaillant à la sécurité. »

Les agents de sécurité du Cosmodôme ont majoritairement choisi de se syndiquer et se sont ainsi dotés d’une convention collective et de meilleures conditions de travail.

Cette nouvelle section rejoint le Syndicat des travailleuses et travailleurs du Cosmodôme – CSN qui est déjà affilié à la Fédération nationale des communications et de la culture, au Conseil central du Montréal métropolitain et, bien entendu, à la Confédération des syndicats nationaux.

Attention : la CAQ met nos ainé-es en danger

Par crainte de rupture de service, le gouvernement de la Coalition Avenir Québec souhaite pérenniser un règlement mis en place dans l’urgence, en pleine pandémie. Alors même que durant cette période nous avons été témoins de situations désastreuses en résidence pour ainés (RPA), ce projet de modification permettrait à toute personne appelée à donner des soins aux usagères et usagers de RPA, mais non membre d’un ordre professionnel, de rester en poste pendant un an, et ce, sans qu’aucune formation ne soit exigée. La Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN) tire la sonnette d’alarme quant aux dangers d’une telle décision pour nos ainé-es et elle interpelle le gouvernement pour qu’il exige que les travailleuses et travailleurs en RPA reçoivent les formations de base beaucoup plus rapidement.

Avant la pandémie, le personnel de RPA devait, pour être embauché, avoir minimalement suivi la formation de réanimation cardiorespiratoire (RCR) et celle portant sur les Principes pour le déplacement sécuritaire des bénéficiaires (PDSB). Le gouvernement souhaite maintenant accorder un délai d’un an après l’embauche pour ces mêmes formations, pourtant très courtes et essentielles à l’exercice du métier.

Lorsque l’on travaille avec des ainé-es en résidence, il est fondamental de pouvoir intervenir en cas d’urgences cardiovasculaires ou d’étouffement. « La formation (RCR) ne dure qu’une journée, dont la moitié peut être faite en ligne. On comprend qu’il manque de personnel, mais de permettre une année complète sans que cette formation de base soit suivie dépasse l’entendement. Des situations d’horreur sont à prévoir parce que c’est carrément dangereux pour la santé et la sécurité nos ainé-es », s’indigne Lucie Longchamp, vice-présidente de la FSSS–CSN.

Marlène Ross, représentante du secteur des centres d’hébergement privés à la FSSS–CSN, souligne également le fait qu’aujourd’hui, dans les résidences pour aîné-es, on retrouve des personnes en déficience intellectuelle, qui sont en dépassement de soins ou encore qui ont des troubles mentaux. « Il est irresponsable de placer ces gens vulnérables et à risque entre les mains de personnes mal outillées pour composer avec leurs réalités. C’est contraire au principe de précaution et ça met nos ainé-es à risque. »

« De plus, ne pas recevoir la formation pour déplacer correctement les usagers et les usagères laisse présager de nombreux accidents de travail. On veut attirer plus de personnel, mais on ne met pas le cadre pour les garder en place. On comprend le besoin de plus de flexibilité, mais on pense que les travailleuses et les travailleurs devraient être formés à leur arrivée ou dans les semaines suivant leur embauche », de conclure la représentante syndicale du secteur.

Le Front commun sera en grève les 21, 22 et 23 novembre prochains

Alors que 420 000 travailleuses et travailleurs sont en grève partout au Québec depuis minuit, le Front commun annonce ce matin que la prochaine séquence de grève se déroulera du 21 au 23 novembre prochains, à moins de parvenir à une entente d’ici là.

« Nous annonçons aujourd’hui le moment de la deuxième séquence de grève qui se tiendra sur trois journées complètes. Notre message ce matin est clair : nos équipes de négociation sont entièrement disponibles pour les deux prochaines semaines. L’objectif, c’est d’arriver à un règlement qui sera gagnant-gagnant, pour les travailleuses et les travailleurs, ainsi que pour les services à la population. Personne ne souhaite une autre séquence de grève, mais nous serons prêts s’il le faut », ont lancé les porte-paroles du Front commun, François Enault, premier vice-président de la CSN, Éric Gingras, président de la CSQ, Magali Picard, présidente de la FTQ et Robert Comeau, président de l’APTS.

« Cela dit, il faut bien comprendre que ce mouvement est une démonstration de la détermination de nos membres, qui ont voté à 95 % en faveur de la grève et qui sont prêts à aller jusqu’au bout, jusqu’à la grève générale illimitée, si le gouvernement ne comprend pas le message », ont tenu à préciser les porte-paroles.  

Rappelons que le 29 octobre dernier, le Conseil du trésor a déposé une offre contenant une bonification dérisoire de seulement 1,3 %. L’offre salariale, qui est passée de 9 % sur cinq ans à 10,3 % pour la même période, ne réglerait en rien les problèmes causés par l’immense retard que subissent les 420 000 travailleuses et travailleurs regroupés en Front commun. Au contraire, elle les appauvrirait.

« Après que 100 000 personnes soient venues appuyer le Front commun dans les rues le 23 septembre, après un mandat de grève générale illimitée adopté à 95 % après un dépôt insultant dimanche dernier, le gouvernement nous pousse aujourd’hui à exercer la grève. Il récolte ce qu’il a semé, rien de moins. À l’heure actuelle, nous avons élagué nos demandes à l’ensemble des tables sectorielles. Mais une chose est certaine, les attentes des travailleuses et des travailleurs sont grandes. Laisser notre monde s’appauvrir, c’est non négociable ! », ont tonné les porte-paroles. 

Rappelons aussi que le gouvernement a choisi de donner aux parlementaires 30 % d’enrichissement et de rattrapage, auxquels viendront s’additionner d’autres augmentations annuelles, et qu’il a offert 21 % sur cinq ans aux policiers de la Sûreté du Québec, offre qui a été refusée. L’entente salariale à convenir avec le Front commun devra obtenir le même niveau de considération.

La CSN met en demeure Transco Montréal

En ce vendredi 3 novembre 2023, à la suite d’une assemblée générale extraordinaire survoltée tenue à Montréal, le Syndicat des travailleuses et travailleurs de Transco–CSN (STTT–CSN) a envoyé une mise en demeure à son employeur. En grève générale illimitée depuis le 31 octobre, le syndicat fait face à un employeur qui multiplie les interventions douteuses et illégales dans le cadre des négociations avec ses salarié-es.

« Nos boss ont joué à un jeu dangereux qui leur a sauté au visage. Depuis le début de la grève générale illimitée, entre autres, Transco Montréal tente de négocier directement avec les salarié-es, ce qui est illégal et qui mine les pourparlers à la table de négociation. Ce matin même, une communication a été envoyée aux salarié-es afin de les inciter à accepter la dernière offre patronale qui est bien en deçà des autres règlements récemment obtenus dans le secteur. À la suite de l’assemblée générale d’aujourd’hui où ces manœuvres antisyndicales ont toutes été exposées, l’employeur fait face à des travailleuses et des travailleurs qui sont plus en colère que jamais et qui ne vont pas se satisfaire d’un règlement au rabais » déclare Carole Laplante, présidente du STTT–CSN.

« Nous savons que Transco Montréal a toujours de la difficulté à recruter et à garder son monde avec les salaires actuellement versés. Ajoutez l’inflation et le prix élevé du logement, plusieurs salarié-es de l’entreprise doivent fréquenter des banques alimentaires chaque semaine pour arriver à combler leurs besoins de base. Contrairement à ce qu’a dit une représentante de Transco sur les ondes du 98,5 FM, la dernière offre présentement sur la table donne un revenu annuel d’environ 31 000 $. Ce n’est pas généreux du tout si l’on considère que les salarié-es doivent être disponibles selon un horaire coupé, le matin et l’après-midi, qui ne permet pas le cumul d’un 2e emploi, 10 mois par année. C’est même bien en deçà du seuil de revenu viable que l’IRIS a fixé pour 2023 qui s’établit à 32 252 $ pour une personne seule à Montréal, souligne Josée Dubé, présidente du secteur du transport scolaire de la Fédération des employées et employés de services publics–CSN. Autobus Transco (1988) inc. à Mascouche, détenu par le même propriétaire, c’est une augmentation de 53 % sur six ans qui a été négociée et acceptée en février 2023. L’argent a été versé par le gouvernement, la capacité de payer est là et nous le savons parce que nous avons accès à cette information. »

L’employeur a reçu une bonification de ses contrats d’environ 25 % depuis l’année scolaire 2021-2022. Cet argent versé au transporteur doit, entre autres, servir à bonifier les conditions de travail parfois faméliques dans ce secteur.

À propos

En négociation depuis plus de 18 mois, le STTT–CSN compte près de 350 membres responsables d’autant de parcours de transport scolaire.

Cibles d’immigration : les centrales syndicales décrient l’omission de l’immigration temporaire

Les quatre grandes centrales syndicales dénoncent le manque de considération du gouvernement du Québec envers les travailleuses et les travailleurs migrants temporaires, alors qu’il a décidé de maintenir sa cible d’immigration à 50 000 personnes. Pour la CSD, la CSN, la CSQ et la FTQ, cette décision rend quasiment impossible l’accès à la résidence permanente pour ces gens qui contribuent pleinement à la vitalité économique et sociale du Québec.  

« En maintenant ses cibles, le gouvernement emprisonne dans la précarité la grande majorité des personnes immigrantes temporaires qui habitent et travaillent déjà dans nos milieux, partout au Québec », a décrié la présidente de la CSN, Caroline Senneville.

Au cœur de l’enjeu, la grande proportion des travailleuses et travailleurs temporaires aux prises avec des permis fermés qui les rendent captifs d’un seul employeur avec, pour conséquence, la crainte de représailles s’ils tentent de faire valoir leurs droits. Rappelons que le rapporteur spécial de l’ONU a dénoncé cette situation qui s’apparente à de l’esclavage moderne. 

« Dans un contexte de recours débridé à la main-d’œuvre temporaire pour combler des besoins permanents, le gouvernement ne pouvait omettre d’inclure cette proportion importante des personnes immigrantes dans ses cibles d’immigration. En les ignorant, il pave la voie à ce que les abus se poursuivent et se généralisent à l’égard des travailleuses et travailleurs étrangers captifs de leur permis de travail fermé », explique Denis Bolduc, secrétaire général de la FTQ. 

Les nombreux obstacles à la résidence permanente contribuent d’ailleurs à la croissance, au sein du marché du travail, d’une population immigrante sans statut, dont plusieurs travailleuses et travailleurs ne détiennent que des permis temporaires. Leur accueil permanent est donc considéré comme un enjeu crucial, tout comme la régularisation de leur statut.

« Nous saluons le désir de mieux soutenir l’accès à la francisation des travailleuses et travailleurs étrangers temporaires et d’encourager les employeurs à prendre leurs responsabilités en la matière. Cependant, nous demandons des moyens pour les inclure et les franciser, et non de nouvelles mesures d’exclusion. L’apprentissage effectif du français ne pourra se faire dans les conditions proposées », explique Mario Beauchemin, vice-président de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ).

Pour les centrales, les travailleuses et les travailleurs migrants ne doivent pas se voir imposer de nouvelles exigences au renouvellement de leur permis de travail, tel qu’un niveau de français, et à l’obtention de la résidence permanente. Ils devraient plutôt avoir un accès réel à la francisation, à de meilleurs salaires et des conditions de travail décentes, à des protections sociales et à une meilleure protection contre l’exploitation et les abus.

« L’immigration est un sujet à la fois crucial pour l’avenir de la société québécoise, et malheureusement polarisé à outrance. La planification et les niveaux d’immigration doivent refléter nos réels besoins et être plus humains. Il nous incombe de développer les capacités d’accueil, incluant la francisation en milieu de travail et la régionalisation de l’immigration, afin d’inclure convenablement toutes les personnes immigrantes », explique Luc Vachon, président de la CSD.

L’immigration temporaire est composée des travailleuses et travailleurs étrangers, des demandeurs d’asile et des étudiantes et étudiants étrangers. Au Canada, cette immigration a augmenté de 68 % en deux ans et représente désormais plus de 470 976 personnes au Québec, selon Statistique Canada. 

Un dépôt insultant, une fois de plus

« Beaucoup de bruit pour rien : une bonification pitoyable de seulement 1,3 % sur une durée de cinq ans. » C’est avec une vive déception, mais peu d’étonnement, que les porte-paroles du Front commun ont pris connaissance du dépôt effectué ce matin par le Conseil du trésor, lequel est reçu comme un affront. Encore une fois, le gouvernement démontre son incapacité à comprendre les difficultés vécues dans les services publics et à réaliser l’urgence de sauver le bateau qui est en train de couler. Il prouve de plus sa déconnexion complète face à la colère des travailleuses et des travailleurs qui, épuisés, portent sur leurs épaules des services publics plus que jamais fragilisés.

« Ce dépôt est une nouvelle claque au visage des 420 000 travailleuses et travailleurs du Front commun. C’est une insulte. C’est trop peu trop tard. Pour nos gens, tendre l’autre joue, c’est terminé », ont tonné d’une seule voix les porte-paroles du Front commun, François Enault, premier vice-président de la CSN, Éric Gingras, président de la CSQ, Magali Picard, présidente de la FTQ, et Robert Comeau, président de l’APTS.

Malgré le fait que 100 000 personnes sont venues appuyer le Front commun dans les rues le 23 septembre, malgré un mandat de grève générale illimitée adopté à 95 % et l’annonce d’une première journée de grève, l’éléphant a encore accouché d’une souris. Le gouvernement continue de vouloir tout décider seul, de tout imposer, habitué à manœuvrer ainsi depuis sa première élection, en 2018.

« Nous ne voyons rien dans ce dépôt qui permettrait de lever la grève. Nous devons nous rendre à l’évidence. La grève est la seule solution pour que le gouvernement comprenne. Puisqu’il le souhaite, on va l’exercer haut et fort le 6 novembre prochain », ont renchéri les porte-paroles. Ces derniers ont aussi précisé qu’ils prendront le temps d’analyser le dépôt en détail et en feront la présentation à leurs instances respectives, mais il ne fait déjà aucun doute qu’il n’est pas à la hauteur des attentes de leurs membres.

Offre salariale

L’offre salariale, qui est passée de 9 % sur cinq ans à 10,3 % pour la même période, ne réglera en rien l’immense retard que subissent les 420 000 travailleuses et travailleurs regroupés en Front commun par rapport aux autres Québécoises et Québécois.

« La nouvelle offre salariale ne réussira pas à nous sortir de l’appauvrissement proposé par le gouvernement. Nous jouons toujours dans le même mauvais film, un film catastrophe. »

Rappelons que le gouvernement a choisi de donner aux parlementaires 30 % d’enrichissement et de rattrapage auxquels viendront s’additionner d’autres augmentations annuelles et qu’il a offert 21 % aux policiers de la Sûreté du Québec. L’entente salariale à convenir avec le Front commun devra le considérer.

« Nous constatons que ces offres substantielles ont été offertes à des emplois à majorité masculine, alors que les services publics, composés à 78 % de femmes, ne se font offrir que des miettes. On est encore devant une discrimination inacceptable envers les femmes. »

Primes

En reconduisant certaines primes jusqu’au renouvellement de la convention collective, la ministre LeBel a posé le seul geste sensé dans le contexte, mais il ne s’agit pas d’un gain, c’était déjà acquis. S’attaquer aux conditions de travail et de pratique des travailleuses et des travailleurs œuvrant dans des secteurs en difficulté, de la part d’un gouvernement qui prétend vouloir être un employeur de choix, aurait été une grave erreur. Cependant, en mettant fin à des mesures administratives prévues dans le cadre de la COVID-19, le gouvernement met le feu aux poudres.

Retraite

Le recul du gouvernement sur une mesure de « détention » qu’il voulait imposer au Régime de retraite du personnel employé du gouvernement et des organismes publics (RREGOP) – soit le fait de faire passer la retraite sans pénalité de 55 à 57 ans pour les personnes ayant 35 ans de service – constitue une bonne nouvelle, certes, mais l’attaque majeure demeure alors que le régime est pourtant en excellente santé financière, dont la réduction des rentes exigées sous prétexte d’une bonification du régime de rentes du Québec (RRQ).

Tables sectorielles

Le règlement de cette négociation passe certes par une entente à la table centrale, mais également aux tables sectorielles. « Malgré tous les signaux envoyés à ces tables, dont l’élagage mené récemment, nos vis-à-vis patronaux répondent qu’ils n’ont aucun mandat pour parler même de leurs propres demandes. Nous sommes rendus à nous questionner sur la volonté et la capacité du gouvernement à convenir d’ententes satisfaisantes prochainement. »

Comme toujours, le Front commun sera disponible pour négocier afin de faire avancer cette négociation rapidement, à la satisfaction de ses membres.

Trois syndicats du transport scolaire déclencheront une grève générale illimitée

Trois syndicats du Secteur transport scolaire de la Fédération des employées et employés de services publics–CSN déclencheront des grèves générales illimitées les 30 et 31 octobre prochains. Le 30 octobre 2023 à 6 h, le Syndicat national du transport écolier du Saguenay–Lac-Saint-Jean–CSN et le Syndicat du transport scolaire du Saguenay–CSN débrayeront simultanément. Le 31 octobre 2023, ce sera au tour du Syndicat des travailleuses et travailleurs de Transco–CSN (STTT–CSN) à Montréal de déclencher leur arrêt de travail, sans date de retour.

« La grève pour nous, c’est vraiment le moyen de pression ultime que l’on prend quand les patrons refusent d’entendre raison, en plus de refuser de nous verser notre juste part de l’argent qu’ils ont reçu du gouvernement pour financer nos hausses salariales. L’inflation qui nous frappe de plein fouet ne nous laisse aucun autre choix. Les salaires proposés par les employeurs aux tables de négociation sont nettement insuffisants, compte tenu des responsabilités que sont les nôtres. La balle est maintenant dans leur camp. Ils auraient dû nous proposer des blitz de négociation avant la grève, mais ne l’ont pas fait. Comme tout le monde, nous souhaitons un règlement rapide et nous travaillons entièrement en ce sens depuis le tout début de ces négociations », déclare Josée Dubé, présidente du Secteur transport scolaire.

Rappelons qu’au mois de février dernier, le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, est intervenu sur la place publique afin d’appuyer les revendications des travailleuses et travailleurs en soulignant que les chauffeuses et chauffeurs doivent avoir leur juste part.

Au Saguenay–Lac-Saint-Jean, les deux syndicats sont sans contrat de travail depuis le 30 juin 2023 et ont respectivement voté à 100 % en faveur d’un mandat pouvant aller jusqu’à la grève générale illimitée. Le Syndicat national du transport écolier du Saguenay–Lac-Saint-Jean–CSN a adopté son mandat de grève en assemblée générale le 12 avril dernier et le Syndicat du transport scolaire du Saguenay–CSN l’a voté le 13 avril dernier. La Commission scolaire Central Québec, le Centre de services scolaire De La Jonquière et le Centre de services scolaire des Rives-du-Saguenay seront touchés par ces deux arrêts de travail.

À Montréal, le STTT–CSN a adopté un mandat de grève générale illimitée à 99 % le 18 octobre dernier. Le Centre de services scolaire de Montréal, le English Montreal School Board, la Commission scolaire Lester-B.-Pearson et le Centre de services scolaire Marguerite-Bourgeoys seront touchés par leur arrêt de travail.

À propos

Le Syndicat national du transport écolier du Saguenay–Lac-Saint-Jean–CSN regroupe 148 membres alors que le Syndicat du transport scolaire du Saguenay–CSN en regroupe 77. Les deux unités sont affiliées à la Fédération des employées et employés de services publics–CSN (FEESP–CSN). Pour sa part, le STTT–CSN compte près de 350 membres responsables d’autant de parcours de transport scolaire.