Intoxication néolibérale

perspectives53_librairie_economie_toxiqueL’économie toxique – Spéculation, paradis fiscaux, lobby, obsolescence programmée…

Réseau pour un discours alternatif sur l’économie,
M éditeur, octobre 2014, 148 p.


Nous savons maintenant que l’austérité tue (voir « À la librairie », Perspectives no 48, janvier 2015), mais combien d’entre nous réalisent que l’ensemble de l’œuvre néolibérale concourt à nous « intoxiquer » à petit feu ? L’éco-nomie toxique en fait la démonstration convaincante par de courts textes des plus accessibles, contribuant au passage à démys-tifier les assises de notre économie.

Dans leur introduction, Bernard Elie et Claude Vaillancourt présentent les dix thèmes traités dans le livre. Si certains n’étonnent guère (le recours aux paradis fiscaux, la spéculation, le lobbyisme, la montée des inégalités de revenus), d’autres surprennent davantage (la pensée unique dans l’enseignement de l’économie, l’exploitation sans limites des énergies fossiles, l’obsolescence programmée, la quête constante de la croissance). « Nous nous sommes donné le défi d’examiner ces pratiques économiques, qui sont parfaitement courantes, sur lesquelles on a presque cessé de réfléchir tant elles font partie de notre paysage, mais qui demeurent fondamentalement noci-ves. Si elles persistent, c’est que des individus en tirent avantage. Seulement, ces avantages sont loin d’être partagés, et se transforment même en travers et en nuisance pour toutes les autres citoyennes » (p. 7).

À la lecture des textes, dans l’ordre de présentation ou non, une étrange fascination s’installe lorsqu’on comprend à quel point les thèmes sont interreliés et indissociables de l’idéologie néolibérale et de ses rouages. Comme si on nous présentait les bases du programme des gouvernements néolibéraux qui se sont succédé depuis trop longtemps. Et comme le disent les auteurs en conclusion : « La bataille pour imposer des solutions nouvelles aux problèmes auxquels nous sommes confrontés est donc, d’abord et avant tout, idéologique. Et gagner sur le plan idéologique demeure difficile, d’autant que nous nous heurtons à la fois à des convictions très fortes et à d’immenses intérêts financiers » (p.142). Et la bataille est loin d’être terminée ! C. R.

Pour commander : librairie@csn.qc.ca.

Solidarité avec les lock-outés

La veille de Noël, à quelques minutes de la fin de la journée de travail, les 18 employé-es de la Librairie Martin ont été jetés sur le trottoir. Ces derniers, dont une grande majorité de femmes, s’attendaient pourtant à passer la période des Fêtes et à reprendre les pourparlers au début janvier, comme convenu à la table de négociation.

En raison de la situation financière invoquée par le patron, d’importantes concessions sont exigées des employé-es de cette librairie de Joliette, fondée en 1925. On ne leur demande rien de moins que de reculer au niveau des normes du travail, notamment sur les avantages sociaux : l’assurance collective, les dix journées de congé de maladie, les trois journées personnelles et une sixième semaine de vacances pour les plus anciens.

Les syndiqué-es, qui adorent leur travail, sont prêts à faire un bout de chemin, mais certainement pas d’aller aussi loin, d’autant que leur employeur refuse d’ouvrir ses livres. Lors de leur présentation devant la conciliatrice du ministère du Travail, les experts-comptables de MCE Conseils, dont les services ont été retenus par le syndicat, ont soutenu ne pas être en mesure de recommander aux employé-es de consentir aux concessions exigées par l’employeur. L.-S. H

Blanchissage 2-0 pour le public

Le 24 mars, après plusieurs mois d’attente, le gouvernement faisait connaître sa décision de conserver dans le réseau public de la santé et des services sociaux les deux buanderies pour lesquelles il avait entrepris un processus d’évaluation d’une possible impartition au privé. Pour la CSN, les services de buanderies publiques ont toujours été la meilleure option possible pour le réseau de la santé et des services sociaux. Maintenir le caractère public des deux buanderies, c’est affirmer l’importance de conserver dans notre réseau une expertise développée au fil des ans et 200 emplois de qualité. J. A.-M.

Des efforts récompensés

La CSN, qui se fait un devoir de favoriser l’apprentissage tout au long de la vie, a remis ses bourses Fernand-Jolicœur, le vendredi 18 mars, lors de son conseil confédéral.

C’est le Syndicat national des produits chimiques de Valleyfield (CSN) qui a reçu la bourse de 1000 $ pour avoir obtenu, lors de leur dernière négociation, l’ajout d’un comité de formation paritaire et d’un programme de formation destiné à l’ensemble des salarié-es.

La bourse de 500 $ a été octroyée à Elizabeth Dufresne-Gagnon du Syndicat des travailleuses et des travailleurs du CSSS de Thérèse-De Blainville–CSN pour sa participation active à l’optimisation du Plan de développement des ressources humaines du CSSS de Thérèse-De Blainville.

Perpétuer la tradition

Depuis 2003, la CSN décerne les bourses Fernand-Jolicœur afin de reconnaître et de souligner les efforts investis par les syndicats et les membres dans diverses activités de formation. « Avec l’attribution de ces bourses, la CSN veut faire la promotion de la formation continue en milieu de travail, encourager son développement et sensibiliser les membres à l’importance de celle-ci. Nous souhaitons également reconnaître la contribution d’un syndicat et d’un individu à l’avancement et au développement d’une culture de formation continue, et rendre visibles différentes activités et interventions en formation », déclare Véronique De Sève, vice-présidente de la CSN.

La CSN adresse ses sincères félicitations au lauréat et à la lauréate !

Un vent nouveau souffle sur le Syndicat des travailleurs de McKesson

Alors qu’il était sur le point d’entamer les négociations pour le renouvellement de sa convention collective, le Syndicat des travailleurs et travailleuses de McKesson, à Drummondville, a été maraudé par une « union » américaine. Le travail de consolidation et d’information réalisé par le Service de syndicalisation et la Fédération du commerce-CSN a permis de garder le syndicat dans le giron de la CSN.

Les membres du Syndicat des travailleurs et travailleuses de McKesson Drummondville (STTMD–CSN) ont fait un travail constructif d’auto-analyse afin d’identifier les points forts et les éléments à améliorer au sein de leur syndicat. Un plan de travail a été mis en place à la satisfaction des membres.

Une consolidation syndicale a été entamée. La structure et l’organisation du syndicat ont été revues avec l’aide des conseillers syndicaux de la CSN et de la Fédération du commerce. « Les membres du comité exécutif ont suivi une formation afin de mieux s’organiser, avec le but ultime de mieux servir les membres. La formation a insisté sur la nécessité de leur implication au sein du syndicat pour assurer son bon fonctionnement. Ils ont bien saisi le sens de l’autonomie des syndicats comme on le vit à la CSN, c’est d’ailleurs pour cette raison qu’ils ont choisi de nous faire confiance à nouveau », explique Serge Olivier, conseiller syndical au Service de syndicalisation dans la région du Centre-du-Québec.

La vidéo produite par la CSN pour présenter les nombreux services qu’elle offre a été distribuée aux salarié-es du STTMD–CSN pour qu’ils prennent connaissance des services auxquels ils ont droit comme membres de la CSN et dont ils ignorent bien souvent l’existence, puisqu’ils ne sont pas en contact direct avec les conseillères et les conseillers de la CSN. « Les membres sont en droit de savoir où vont leurs cotisations et, dans un objectif de consolidation du syndicat, il fallait leur démontrer que le choix qu’ils avaient fait il y a trois ans était le bon », ajoute le conseiller syndical.

Le comité exécutif du STTMD-CSN (photo : Michel Giroux).
Le comité exécutif du STTMD-CSN (photo : Michel Giroux).

Le syndicat a majoritairement décidé de demeurer avec la CSN. « Les membres et le comité exécutif ont identifié les différentes tâches qui les attendaient pour ainsi mieux défendre les intérêts des travailleurs auprès de la partie patronale. Tout le monde s’est retroussé les manches et on s’est préparé à affronter les nombreux défis qui se présentaient à nous. L’avenir s’annonce prometteur pour le syndicat de McKesson », explique Serge Alain, vice-président du Syndicat des travailleurs et travailleuses de McKesson Drummondville.

Les membres du comité exécutif sont heureux du dénouement du maraudage, eux qui ont encore à la mémoire l’époque où ils étaient affiliés à l’autre organisation syndicale. « Il y avait peu d’information qui circulait dans l’autre syndicat, cela a beaucoup dérangé les gens. Et le fait de ne pas avoir de conseiller, mais plutôt un « agent d’affaires » a fait une grosse différence parce que tout se réglait entre lui et l’employeur. Les employé-es n’étaient pas impliqués dans la prise de décision », conclut Stéphane Richard, président du Syndicat des travailleurs et travailleuses de McKesson.

Une lutte à poursuivre

Le 28 février dernier, la CSN lançait sa campagne Un réseau qui fait grandir. Faisant partie d’un vaste mouvement de protestation amorcé dans l’ensemble des régions du Québec, cette campagne vise à contrer le saccage des services de garde éducatifs à tarif réduit que le Québec s’est donnés, il y a plus de 20 ans, et s’inscrit dans la lutte engagée par la CSN contre l’austérité.

Le réseau des services de garde éducatifs, d’abord à 5 $, puis à 7 $, a été mis à très rude épreuve depuis quelques années. Mais aujourd’hui, en raison des politiques d’austérité du gouvernement de Philippe Couillard, le réseau est à bout de souffle. Les acquis des 20 dernières années sont menacés par la réduction de l’accessibilité aux services de garde à tarif réduit dans les centres de la petite enfance (CPE), chez les responsables d’un service de garde en milieu familial reconnues (RSG) et dans les services de garde en milieu scolaire, et par la disparition du caractère universel qui les distinguait.

Le 15 mars, une délégation de la CSN a déposé à l'Assemblée nationale 25 000 cartes postales signées en moins de deux semaines et adressées à Philippe Couillard.
Le 15 mars, une délégation de la CSN a déposé à l’Assemblée nationale 25 000 cartes postales signées en moins de deux semaines et adressées à Philippe Couillard (photo : Clément Allard).

Choc tarifaire

Sans débat public, et par bâillon, les libéraux de Philippe Couillard ont mis fin unilatéralement au tarif unique en imposant des frais de garde supplémentaires calculés en fonction du revenu familial en CPE et en milieu familial reconnu, et cela, rétroactivement à avril 2015. Ces augmentations pourraient atteindre pour un seul enfant 174 % ! En service de garde en milieu scolaire, la hausse s’élève à 14,3 %, soit bien au-delà de l’inflation courante. C’est sans compter l’effet de l’indexation permanente de tous les tarifs de garde entrée en vigueur le 1er janvier 2016.

En cette période de déclaration de revenus, des milliers de parents découvrent avec stupeur ce que leur coûteront les nouveaux frais de garde modulés. Au total, pour un revenu familial se situant entre 75 000 $ à 155 000 $, la hausse annuelle pour un seul enfant pourrait varier de quelques centaines à plusieurs milliers de dollars. Mince consolation : pour un deuxième enfant, le dernier budget provincial a prévu une diminution de moitié de la hausse additionnelle au tarif réduit. Toutefois, les parents devront inévitablement payer plus cher.

Pourtant, en avril 2014, lors du discours d’assermentation de la ministre de la Famille, Francine Charbonneau, le premier ministre déclarait : « La famille est le berceau de la société. Vous verrez à poursuivre le développement des places en garderie et éviterez un choc tarifaire aux familles de la classe moyenne, en optant pour une indexation des tarifs. » Visiblement, le gouvernement libéral a répété le même scénario qu’en 2003 lorsqu’il avait haussé les tarifs de garde de 5 $ à 7 $, malgré une promesse faite à l’effet contraire tout juste avant l’élection des libéraux de Jean Charest.

Promotion des garderies commerciales

Les gouvernements libéraux successifs ont pris le parti de favoriser le développement des garderies privées commerciales au détriment des places en CPE et chez les RSG pour les enfants de 0 à 5 ans. Pour les libéraux de Philippe Couillard, il n’existerait aucune différence entre les services offerts dans les garderies commerciales, et ceux dispensés en CPE et chez les RSG reconnues. Or, maintes recherches ont démontré que la qualité des services en CPE et en milieu familial reconnu était supérieure à celle des garderies commerciales. D’autres études ont confirmé que la fréquentation d’un service de garde éducatif de qualité améliore le développement global de l’enfant et son bien-être.

Malgré cela, au fil des années, les gouvernements ont mis en place des mesures pour favoriser les garderies commerciales subventionnées ou non : pour les premières, en leur accordant des places à tarif réduit et, pour les secondes, en bonifiant le crédit d’impôt versé aux parents pour frais de garde. Ce crédit ne devait être que temporaire afin d’aider les familles n’ayant pas accès à une place à contribution réduite et ne devait surtout pas avoir pour but de favoriser le développement des garderies commerciales. Pourtant, alors que ces dernières représentaient 16 % du total des places régies en 2003, elles comptent aujourd’hui pour 35 % de toutes les places disponibles. Et tout laisse croire que le privé va continuer de se développer.

Atteinte  à la qualité des services

Bien que les récentes hausses de tarif rapportent au trésor public quelque 170 millions de dollars annuellement, le gouvernement a poursuivi ses compressions budgétaires sans égard au bien-être des enfants. En dépit de l’entente conclue en février dernier entre le gouvernement et la principale association de CPE, l’Association québécoise des centres de la petite enfance (AQCPE), les compressions vont se poursuivre durant plusieurs années, puisque le mode de financement sera revu à la baisse. L’AQCPE a estimé que parmi les impacts néfastes, de 2000 à 2500 emplois en CPE pourraient être perdus au cours des prochains mois.

Déjà, les répercussions des coupes budgétaires se font sentir à plusieurs niveaux. En CPE, c’est la diminution des heures consacrées à l’alimentation, à la désinfection et à l’entretien sanitaire, à l’accompagnement des enfants aux besoins spécifiques ainsi que le non-remplacement du personnel. En milieu familial reconnu, c’est la baisse des ressources dédiées à l’aide pédagogique et à l’aide aux enfants ayant des besoins spécifiques. En milieu scolaire, c’est la réduction des achats de matériel ainsi que du temps de planification et de préparation au détriment de la diversité des activités offertes aux enfants.

Et c’est sans compter les répercussions que pourraient avoir ces mesures sur la présence des femmes sur le marché du travail, comme le démontrent de nombreuses études.

Résistance !

Rarement la grogne et la résistance populaires aux assauts injustifiés des libéraux auront été aussi marquées. Dans toutes les régions du Québec, on a assisté à de multiples rassemblements et manifestations hautes en couleurs, à des chaînes humaines devant les CPE et devant les bureaux régionaux du ministère de la Famille, à de nombreux appels publics à la raison, en plus de pétitions réclamant du gouvernement la fin du saccage des services de garde et un réinvestissement majeur dans le réseau.

Le mécontentement a été tel qu’en plus d’une mince concession budgétaire aux parents d’un deuxième enfant fréquentant un CPE ou un milieu de garde familial reconnu, Philippe Couillard a dû procéder à un remaniement partiel de son gouvernement, en janvier dernier. Incidemment, il a écarté sa ministre de la Famille, Francine Charbonneau, trop associée à l’intransigeance et aux mesures d’austérité libérales. Il a nommé en lieu et place Sébastien Proulx, député élu en 2014 sous la bannière libérale après son passage à la défunte Action démocratique du Québec, réputé avoir prôné le versement d’allocations directes aux familles plutôt que le développement d’un réseau de services de garde éducatifs de qualité.

Vaste campagne en faveur des services de garde éducatifs

C’est dans ce contexte que la CSN a lancé le 28 février une importante campagne d’information et de mobilisation : Un réseau qui fait grandir. Appuyée entre autres par les conseils centraux partout au Québec, cette campagne a notamment pris l’allure d’une vaste opération de signatures de plus de 100 000 cartes postales adressées à Philippe Couillard, le priant de mettre fin au démantèlement de ce fleuron québécois. D’ailleurs, le 15 mars dernier, la CSN, appuyée du Parti québécois, a procédé à un premier dépôt de 25 000 cartes à l’Assemblée nationale. Cette opération se poursuivra encore pour plusieurs semaines en prévision d’un autre dépôt.

Sept capsules vidéo animées par des personnalités du monde artistique et politique sont actuellement diffusées, notamment sur les réseaux sociaux de la CSN.

À la manière CSN

Au terme d’une tournée de consultations des assemblées générales de leurs syndicats, plusieurs fédérations du secteur public de la CSN ont entériné les ententes de principe intervenues avec le gouvernement en décembre dernier, et ce, tant à la table centrale qu’aux tables sectorielles de négociation. C’est le cas pour la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP), la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ) et la Fédération des professionnèles (FP).

Réunis en conseil fédéral de négociation, les délégué-es de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS) ont pour leur part adopté, le 11 mars dernier, une proposition visant à recommander à leurs syndicats d’entériner l’entente de principe intervenue entre la CSN, la FSSS et le gouvernement du Québec quelques jours plus tôt et qui inclut l’entente de principe obtenue par le Front commun en décembre. Celle-ci devra maintenant être adoptée par l’ensemble des assemblées générales des syndicats.

Rappelons qu’après l’entente de principe convenue entre le Front commun et le Conseil du trésor, trois fédérations du secteur public de la CSN (FEESP, FNEEQ et FP) avaient recommandé son adoption aux assemblées générales de leurs syndicats. La FSSS–CSN avait plutôt opté pour en recommander le rejet, ce qui fut confirmé au terme de la consultation de ses syndicats.

« Nous avons toujours indiqué qu’une entente de principe appartient aux agents négociateurs, à savoir nos fédérations du secteur public, et que la décision revenait aux membres des syndicats dans leur assemblée générale, rappelle Jacques Létourneau, président de la CSN. En ce sens, nous avons maintes fois affirmé que nous soutiendrions nos fédérations, nos syndicats et nos membres jusqu’à la signature de leurs conventions collectives, quelle que soit leur décision. C’est pourquoi nous avons accompagné et soutenu les membres de la FSSS jusqu’à la conclusion d’une entente satisfaisante. »

L’entente intervenue le 8 mars prévoit une contribution supplémentaire de 18,5 millions de dollars par année du gouvernement au régime d’assurance collective de la FSSS et de la FP ainsi qu’à celui de la FEESP. Elle prévoit également que les primes versées aux psychologues ainsi que certaines autres liées au travail dans le Grand Nord, dans les CHSLD et avec les clientèles présentant des troubles graves de comportement, que le gouvernement avait abolies unilatéralement à l’échéance de la convention collective, seront versées rétroactivement au 1er avril 2015.

« Le nouveau président du Conseil du trésor, Sam Hamad, répétait depuis son entrée en fonction que, pour des principes d’équité et de justice entre les travailleuses et les travailleurs du secteur public, il ne mettrait pas un sou de plus dans cette négociation, souligne Francine Lévesque, vice-présidente de la CSN responsable des négociations du secteur public. Nous avons fait valoir au gouvernement que certaines organisations syndicales, représentant des salarié-es du réseau de la santé et des services sociaux et du personnel de soutien des commissions scolaires et des cégeps, avaient convenu en 2010 d’ententes administratives prévoyant la bonification de la contribution de l’employeur à leur régime d’assurance. Par principe d’équité, nous pouvions légitimement y avoir également droit. Avec l’ajout de la rétroactivité des primes, c’est plus de 80 millions de dollars supplémentaires injectés dans l’entente qui amélioreront le pouvoir d’achat des membres de la CSN. »

« Le gouvernement ne pouvait ignorer que les 110 000 membres de la FSSS avaient jugé insatisfaisante l’entente de principe conclue en décembre, souligne Jacques Létourneau. À la manière CSN, malgré des débats parfois difficiles, mais qui représentent la vie démocratique qui nous anime, nous avons accompagné nos membres dans leur choix et avons pu bonifier l’entente afin qu’elle soit jugée satisfaisante. Et ce, pour l’ensemble des composantes de la CSN. C’est ça, la manière CSN ! » n

Un nouveau pas vers la reconnaissance d’un métier

Les quelque 3000 membres du Secteur transport scolaire (STS) affiliés à la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP–CSN) se réjouissent du dépôt du rapport final du Comité d’évaluation de l’emploi de conductrice ou conducteur de véhicule de transport scolaire. Finalisé au mois d’avril 2015, ce n’est qu’à la fin du mois de septembre dernier que le rapport a été acheminé au ministre de l’Éducation alors en poste. Le jeu de chaise musicale qui s’en est suivi n’a malheureusement pas favorisé l’avancée du dossier.

« Nous sommes très heureux du dépôt de ce rapport qui vient couronner des années de travail acharné des militantes et des militants du STS. Depuis plus de 20 ans, nous revendiquons une reconnaissance de notre métier. Grâce au travail minutieux réalisé par ce comité, nous possédons désormais un outil incontestable servant de base à nos revendications salariales. Et nous savons également que plusieurs d’entre nous avons été sous-payés durant toutes ces années, de déclarer Stephen Gauley, président du STS. Les salarié-es membres du STS revendiquent une rémunération juste et décente et des arguments tangibles et solides viennent désormais appuyer nos revendications. »

Michel Gauthier, vice-président, Danielle Fournier, secrétaire et Stephen P. Gauley, président du Secteur transport scolaire de la FEESP-CSN (photo : Michel Giroux).
Michel Gauthier, vice-président, Danielle Fournier, secrétaire et Stephen P. Gauley, président du Secteur transport scolaire de la FEESP-CSN (photo : Michel Giroux).

Les travaux menés par le comité ont permis d’évaluer les emplois de conductrice et de conducteur d’autobus scolaire et de les mesurer à des emplois comparables, principalement des conductrices et des conducteurs d’autobus urbain, interurbain, nolisé et adapté du secteur privé. La réalité et la rémunération des grandes sociétés de transport publiques de Montréal ou de Québec n’ont toutefois pas été prises en considération.

Les conclusions du comité révèlent qu’en 2014, la rémunération moyenne des conducteurs de véhicule scolaire était inférieure de 8,5 % à celle d’un emploi comparable dans le secteur et que cet écart se traduisait par un manque à gagner moyen de 1,34 $ l’heure, selon le véhicule conduit et la clientèle desservie.

« Pour nos membres, le dépôt du rapport final du comité d’évaluation de l’emploi constitue une étape ultime en vue de l’obtention de meilleures conditions de travail sur le terrain. Les travailleuses et les travailleurs du STS savent toutefois que leur lutte n’est pas terminée et qu’il leur faudra poursuivre celle-ci jusqu’à ce que ces conditions maintenant reconnues soient inscrites dans leurs conventions collectives. Chose certaine, le gouvernement et les employeurs devront tenir compte de cette étude dans leur rémunération », de souligner Yvon Godin, vice-président de la FEESP–CSN.

Le chemin ardu pour y arriver

Rappelons que les travaux du Comité mixte sur le transport scolaire, terminés depuis le 12 janvier 2012, recommandaient la mise sur pied d’un comité de travail portant sur l’évaluation de l’emploi. À cette époque, les membres du STS ont dû multiplier les manifestations et les rencontres avec les représentants du gouvernement pour qu’ils procèdent enfin à l’exercice d’évaluation de leurs emplois. « Nous espérons rencontrer prochainement Sébastien Proulx, ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport, afin d’échanger sur les suites concrètes à donner à ce rapport. Même si celui-ci a été finalisé il y aura bientôt un an, nous ne connaissons toujours pas les intentions du gouvernement. Nous travaillons pour être reconnus depuis plus de 20 ans et nous transportons les enfants du Québec tous les matins, en toute sécurité. Il est donc urgent pour nous que le Ministère donne suite aux constats du comité qui a rédigé ce rapport, d’autant plus que ses représentants ont signé ce document », de conclure monsieur Gauley.

Une rencontre des délégué-es du Secteur transport scolaire de la FEESP–CSN est pré­vue en avril afin d’établir une stratégie qui donnera suite à cet important rapport.

Le gouvernement abdique ses responsabilités

Au cours des 25 dernières années, le gouvernement du Québec a failli à sa tâche de francisation et d’intégration des immigrantes et des immigrants, c’est du moins ce que démontrent les statistiques. Et si l’on se fie aux grandes lignes du projet de loi 77, qui vise à remplacer l’actuelle Loi sur l’immigration au Québec, la situation ne fera que péricliter davantage.

Le 27 janvier dernier, l’Institut de recher­che en économie contemporaine (IRÉC) publiait un rapport sur les pratiques du gouvernement du Québec en matière de francisation et d’intégration des immigrantes et des immigrants depuis 1991. Or les données recueillies par l’équipe de chercheurs sont inquiétantes.

Ce rapport, au financement duquel la CSN a contribué, révèle que 20 % de l’ensemble de la population immigrée, soit plus de 200 000 immigrants, ne parlaient toujours pas le français en 2011. Près de 160 000 d’entre eux parlaient uniquement l’anglais et plus de 40 000 ne parlaient ni le français ni l’anglais.

« Le gouvernement du Québec n’agit pas avec la cohérence et la rigueur requises pour la francisation et l’intégration des immigrantes et des immigrants. Cette négligence a pour résultat de réduire la place du français dans la vie québécoise et de compromettre l’intégration des nouveaux arrivants à la société et à la culture québécoise. […] La politique d’immigration menée depuis au moins 25 ans et la défaillance des programmes de francisation contribuent largement à l’anglicisation de Montréal », analyse l’auteur du rapport et chargé de projet à l’IRÉC, Jean Ferretti.

Les chercheurs remarquent aussi une baisse importante de la fréquentation des cours de francisation au cours des cinq dernières années. La fréquentation des cours à temps complet est passée de 13 230 en 2010-2011 à 10 759 en 2014-2015.

Le rapport révèle aussi que le financement des programmes de francisation diminue dans l’ensemble des ministères concernés par la francisation (ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion, ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale).

Francisation négligée

En février dernier, la CSN déposait un mémoire devant la Commission des relations avec les citoyens au sujet du projet de loi 77 qui vise à remplacer l’actuelle Loi sur l’immigration au Québec. Rien dans ce projet de loi ne laisse présager un avenir plus radieux en matière de francisation des immigrantes et des immigrants. Dans son mémoire, la CSN déplore d’ailleurs ce qu’elle qualifie d’abandon de la francisation.

Le projet de loi 77 semble vouloir laisser bien peu de place à la francisation des nouveaux arrivants. L’article 58 mentionne l’obligation pour le ministre d’élaborer des programmes d’accueil et de francisation, alors que la loi actuelle dit que le ministre doit assurer et assumer les services d’intégration linguistique. Il s’agit d’un net recul qui est inexplicable compte tenu des besoins en matière de francisation, qui sont pourtant de plus en plus criants.

« C’est une véritable hécatombe. Les libé­raux coupent inlassablement dans les programmes de francisation des immigrants. Le gouvernement rêve en couleur s’il croit qu’ils vont apprendre le français sans soutien, notamment dans les milieux de travail. Certains immigrants sont ici depuis 20 ou 30 ans et ne parlent toujours pas la langue officielle du Québec », lançait Jean Lortie, secrétaire général de la CSN, en février dernier.

La CSN estime que l’intégration des immigrantes et des immigrants passe invariablement par l’apprentissage et l’utilisation de la langue française. Un bouclier de protestation se lève contre le projet de loi 77. Reste maintenant à voir si le gouvernement libéral acceptera de le modifier au profit d’une meilleure intégration et d’une francisation adéquate des immigrants. n

Un pas vers le démantèlement de nos services publics

Il y a un an, le ministre de la Santé et des Services sociaux annonçait l’interruption des projets de construction autofinancés de deux nouvelles buanderies publiques du réseau de la santé. Le ministre Barrette voulait alors évaluer la possibilité du recours au privé pour leur financement. Les deux buanderies, bien implantées dans leur région — Partagec à Québec et Lavérendière dans Lanaudière, avaient pourtant reçu toutes les autorisations nécessaires pour aller de l’avant avec leur projet.

Depuis l’automne 2014, la CSN a démontré à de multiples reprises qu’aucun argument ne justifie la privatisation des services de buanderie publics. Pertes fiscales reliées aux salaires moindres offerts dans le secteur privé, perte d’expertise dans le réseau, perte de plus de 200 emplois de qualité, contrats commerciaux opaques et déficit démocratique pour les partenaires, autant d’éléments qui devraient convaincre le ministre de reculer.

Le 22 octobre dernier, les salarié-es des deux buanderies se sont réunis devant l’Assemblée nationale afin de scander leur opposition à la privatisation de leur établissement. Cette manifestation s’inscrivait dans une longue campagne de sensibilisation et de mobilisation visant à démontrer au ministre que le recours au privé serait un choix mal avisé. Pétition de plusieurs milliers de signatures, sorties publiques, manifestations régionales : la CSN, la FSSS-CSN et les salarié-es de Partagec et de Lavérendière sont demeurés solidaires face à la menace de privatisation. Pour eux, c’est l’ensemble des services auxiliaires rendus dans la santé et les services sociaux qui sont menacés.

Le ministre Barrette devait rendre sa décision en novembre 2015. Au moment d’aller sous presse, il tardait encore à l’annoncer publiquement alors qu’il détenait depuis plusieurs semaines les rapports d’évaluation des soumissions du public et du privé. Le ministre ira-t-il de l’avant avec sa volonté de privatiser ces services publics ?

Royaume de l’exploitation éhontée

Il est constitué d’une majorité de femmes dont la rémunération dépasse à peine le salaire minimum. Qu’elles soient préposées aux bénéficiaires ou à l’entretien, infirmières auxiliaires ou cuisinières, leur travail manque grandement de reconnaissance. Pourtant, la société québécoise ne peut se passer des services de ces travailleuses et ces travailleurs qui prennent soin des aîné-es.

La plupart de ces centres appartien­nent à de puissants groupes nommés Cogir, Chart­well, Résidences Soleil, Groupe Sélec­tion, ou à de riches propriétaires indé­pendants. Grâce au lucratif marché de l’hébergement des personnes âgées au Québec, plusieurs d’entre eux empochent des profits mirobolants.

David contre Goliath

Pour tenter d’améliorer leur sort et tenir tête à ces hommes d’affaires pugnaces, voire véreux, comme on l’a vu récemment, les travailleuses et les travailleurs de 43 accréditations de centres d’hébergement privés affiliés à la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN) ont annoncé en mai dernier leur participation à une négociation coordonnée à travers le Québec. « Nous demandons une augmentation de 1,50 $ l’heure sur trois ans, la formation systématique des employé-es, la création d’un comité de relations de travail fonctionnel et une date d’échéance de convention, soit le 31 mars 2018. L’atteinte de ces objectifs aura un impact direct sur les conditions de vie des aîné-es ; le personnel sera mieux formé et restera en poste plus longtemps en raison de meilleures conditions », explique Nadine Lambert, vice-présidente de la FSSS-CSN.

La Villa Saint-Alexis donne le ton

C’est dans ce rude contexte de négociations que 30 travailleuses de l’accréditation de la Villa Saint-Alexis du Saguenay ont déclenché une grève générale illimitée, le 14 novembre dernier. « Cajétan Bouchard, leur employeur, veut que les employé-es sacrifient cinq congés personnels en contrepartie de leur augmentation salariale », s’indigne Danielle Lemire qui a œuvré longtemps à la Villa avant de devenir représentante du secteur des centres d’hébergement privés à la FSSS-CSN.

L’ancienne cuisinière dresse un portrait bien peu reluisant du contexte de travail dans cette résidence. « L’employeur se fiche éperdument de la convention collective : il engage des personnes qu’il ne prend pas la peine de former, il les prive des deux jours d’initiation prévus à la convention, il omet d’afficher des postes et en crée d’autres de toutes pièces, à temps partiel bien sûr, il fait exécuter des travaux aux employées sans respecter les descriptions de tâches existantes, et j’en passe ! », s’exclame Danielle Lemire. Elle ajoute qu’après avoir congédié le préposé à l’entretien, l’employeur demandait à des salariées d’exécuter des tâches que le préposé aurait normalement dû accomplir. Il lui arrive aussi de confier à la buandière ou à l’infirmière la responsabilité d’aller servir les repas du midi. Si une résidente ou un résident requiert des soins pendant ce temps, l’infirmière doit quitter la salle à manger pour se rendre au chevet de la personne malade. « Mais qui en subit les contrecoups ? Les résidents, les préposées, tout le monde », lance-t-elle, exaspérée.

L’été dernier, 42 personnes embauchées à la Villa Saint-Alexis ont finalement décidé de quitter la résidence pour aller travailler ailleurs. « Ce roulement de personnel occasionne bien des dépenses inutiles à l’employeur, poursuit Danielle Lemire. Or, il a lui-même admis en comité de relations de travail que ses employé-es ne restent pas en raison des salaires trop bas. Qu’attend-il pour favoriser leur rétention et s’éviter tous ces frais ? »

Benoîte Congolo : Une préposée aux bénéficiaires dévouée 
corps et âme

« Ce travail est tellement exigeant qu’on ne peut l’accomplir sans vraiment aimer les personnes âgées », affirme pour sa part Benoîte Congolo qui travaille depuis cinq ans dans une résidence de Laval comptant quelque 600 résidentes et résidents. »

La préposée aux bénéficiaires, qui a tous les jours à sa charge entre 9 et 10 aîné-es, commence le matin à 6 h 30 et termine à 15 h. Elle réveille d’abord les résidents, donne le bain à certains d’entre eux et s’occupe des autres bains en après-midi. Après les avoir aidés à s’habiller, elle accompagne tout ce beau monde à la cuisine pour le petit déjeuner. À sa pause du midi, elle doit faire vite pour manger, puisqu’elle remplace la préposée à l’accueil.

La résidence où Benoîte travaille est classée semi-autonome, mais elle garde pendant une certaine période les résidents dont l’état s’aggrave et devient de plus en plus lourd au fil des ans — Alzheimer, Parkinson, démence. « Nous devons bien sûr veiller sur ces personnes le temps qu’elles obtiennent une place dans des centres spécialisés », explique-t-elle. Cette situation exige beaucoup d’énergie supplémentaire pour les travailleuses.

Malgré tout, Benoîte est l’une des chanceuses qui ont pu bénéficier d’une formation offerte aux travailleuses et travailleurs, et ce, sans frais pour les propriétaires, par l’entremise de Formarez, une mutuelle de formation à laquelle siège la FSSS-CSN. Celle-ci permet notamment aux préposées de mettre à jour leurs connaissances, leurs techniques de travail et leurs manières d’agir avec les personnes âgées. « On y a appris, par exemple, quelles sont les bonnes positions à adopter pour donner les bains. C’est important parce qu’on peut se blesser très facilement. » Malheureusement, malgré le coût nul pour eux, plusieurs employeurs refusent à leurs employé-es l’accès à cette mutuelle.

Christiane Bissonnette : Une préposée à l’entretien courageuse

Christiane Bissonnette, préposée à l’entretien ménager et déléguée syndicale dans une résidence de Québec, ne chômait pas avant d’être congédiée par son employeur. Chaque semaine, elle devait s’occuper de 68 chambres. « Les préposé-es n’ont pas le temps de déplacer les meubles ou de ramasser ce qui traîne », explique-t-elle. Des surplus peuvent aussi s’ajouter à leur charge de travail déjà bien remplie. Lorsque la gastro sévit, par exemple, les préposé-es à l’entretien doivent aussi procéder à de vastes opérations de désinfection.

Christiane Bissonnette a été remerciée à la suite de la plainte d’un résident qui dit avoir trouvé des graines sur le couvre-lit et le plancher de sa chambre. « L’employeur saisit tous les prétextes possibles afin de prendre en défaut les employé-es et de sanctionner sévèrement celles et ceux qui militent un peu trop dans le syndicat », explique Gilles Gagné, le président du syndicat de la région. « Le cas de Christiane ressemble beaucoup à un congédiement pour activités syndicales et nous avons déposé une plainte à cet effet. »

Sylvie Meunier : Une cuisinière persévérante

Sylvie travaille comme cuisinière quatre jours par semaine, de 7 h à 18 h, et doit préparer quotidiennement 440 repas aux résidents. Mais avant même de s’attaquer aux menus, elle prépare la soupe, fait cuire les légumes, les coupe, les pile et les divise selon les départements. L’assistante de Sylvie arrive à 9 h. À midi, elle s’absente pour aller servir les résidents à la salle à manger. Elle doit aussi préparer de la purée en grande quantité, ce qui lui prend au moins une heure. Et puis il lui faut laver la vaisselle, défaire les boîtes, préparer les desserts pour le lendemain. La charge est énorme. Sylvie est pour sa part très souvent interrompue dans le cours de son travail. « On peut soudainement me demander de préparer des muffins en plus du reste. Le jeudi, je dois m’occuper des commandes. On n’arrête pas de courir. »

L’accréditation de la résidence où elle travaille aujourd’hui n’a pas joint la négociation coordonnée. « Les dates ne coïncidaient pas, mais je souhaite que nous participions à celle de 2018. La négo coordonnée permet d’obtenir des gains bien supérieurs à ce qu’on peut aller chercher de façon isolée et d’en faire bénéficier le plus grand nombre. Moi, j’y crois à ce concept », renchérit-elle.

Bien d’autres exemples pourraient être cités pour décrire les conditions de travail qui existent dans bon nombre de centres d’hébergement privés du Québec. Mais on peut d’ores et déjà conclure à l’état lamentable des conditions dans lesquelles exercent les travailleuses et les travailleurs de ce secteur. Les choses doivent changer, ça urge.

Nouveau contrat de 700 millions de dollars

L’attente d’un contrat pour la construction d’un ravitailleur pour la Marine royale canadienne a été interminable pour les 800 syndiqué-es CSN du chantier de Lévis, le plus important au Canada. Après 16 mois, le contrat de transformation d’un porte-conteneurs de 20 000 tonnes en navire de ravitaillement, équipé d’un hôpital pour des missions humanitaires, a finalement été signé à la fin novembre par le nouveau gouvernement fédéral. Il était moins une pour plusieurs travailleurs et travailleuses.

« C’est une très bonne nouvelle pour nos membres, a réagi Raphaël Jobin, nouveau président du Syndicat des travailleurs du Chantier naval de Lauzon, affilié à la Fédération de l’industrie manufacturière (FIM-CSN). Ça met fin à beaucoup d’inquiétude sur le chantier. On va enfin être assurés d’avoir du travail pour les 18 à 24 mois à venir. » Au printemps 2015, 234 employé-es avaient été mis à pied, faute de contrat. Environ 400 nouveaux emplois seront générés par ce nouveau contrat.

« Enfin !, s’est exclamée Ann Gingras, présidente du Conseil central de Québec Chaudière-Appalaches (CCQCA-CSN). C’est un juste retour des choses que l’octroi de ce contrat à la Davie, alors que les conservateurs ont donné en 2011 plus de 33 milliards de dollars de contrats de la Marine royale canadienne aux seuls chantiers de Vancouver et de Halifax. »

« Le chantier naval de Lévis, qui compte 190 années d’existence, peut aider à répondre aux multiples besoins de l’industrie maritime du Canada. Ce que l’on veut, c’est que le chantier ait voix au chapitre, tout comme les autres chantiers », renchérit Alain Lampron, président de la FIM-CSN.

Le contrat du ravitailleur suscite beaucoup d’espoir, notamment parce que le nouveau gouvernement fédéral de Justin Trudeau a promis des investissements majeurs dans la Marine royale canadienne. Dans leur programme, les libéraux ont décrit ainsi le règne de neuf années des conservateurs : « La Marine royale canadienne se classe sous le Bangladesh en matière de capacité et ne peut plus être considérée comme une marine hauturière. » Parmi les besoins identifiés, on y note des « brise-glaces, des navires de ravitaillement, des navires de patrouille extracôtiers de l’Arctique, des navires de combat de surface, et autres ressources dont la marine a besoin ».

Un joyau à préserver

Une telle transformation comporterait des risques à plusieurs niveaux. C’est pourquoi la CSN mène une campagne pour contrer l’éventuel démantèlement de la société d’État, qui rapporte plus d’un milliard de dollars en dividendes à la société québécoise.

L’an dernier, la présidente de la Commission de révision permanente des programmes du gouvernement du Québec, Lucienne Robillard, a remis en question la pertinence du modèle d’affaires de la SAQ et recommandé de la mettre en concurrence avec le secteur privé, comme l’ont déjà fait d’autres provinces avec des résultats fort décevants. Par la suite, le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, semble avoir démontré son parti pris pour la privatisation en se disant ouvert à la libéralisation du marché des vins et spiritueux.

« Les dés semblent donc pipés, car la commission a refusé que le PDG de la SAQ se fasse entendre, tout en ignorant les études les plus récentes réalisées au Canada, rappelle Alexandre Joly, président du Syndicat des employé-es de magasins et de bureaux de la SAQ (SEMB–SAQ). La commission Robillard est arrivée avec des conclusions bidon sur l’efficience de la SAQ en la comparant avec la LCBO, son équivalent ontarien. Non seulement elle a utilisé des données dépassées, mais elle a comparé deux situations fort différentes. Elle n’a même pas considéré que la LCBO vend de gros volumes de bières commerciales, ce qui n’est pas le cas de la SAQ. Or, c’est beaucoup plus facile de vendre une caisse de bière qu’une bouteille de vin ».

Plus productive

En réalité, la productivité et les ventes globales de la SAQ ont augmenté de façon importante au cours des dernières années et les frais administratifs sont passés de 25 %, en 2005, à moins de 19 % aujourd’hui, ce que la commission semble avoir délibérément occulté. Malgré tout, elle accuse la SAQ de manquer d’efficience, laissant entendre que le secteur privé ferait mieux que la société d’État. Le modèle de privatisation albertain est souvent évoqué pour faire miroiter, à tort, des économies sur le prix et sur la diversité des vins offerts. Mais la seule étude retenue par la commission Robillard a été réalisée il y a 20 ans, soit quelques mois après la privatisation, alors que les plus récentes analyses qui démontrent que la privatisation a fait croître les prix à un rythme deux fois plus élevé qu’au Québec ont été ignorées. La CSN et le SEMB–SAQ ont d’ailleurs produit une vidéo qui démonte pièce par pièce l’argumentaire appuyant la privatisation de la vente d’alcool en Alberta.

La présidente du Syndicat du personnel technique et professionnel de la SAQ, Sandrine Thériault, souligne que le modèle privilégié par le gouvernement Couillard est celui de la Colombie-Britannique, où cohabitent maintenant le privé et le public. « Là-bas, au privé, les prix de l’alcool ont augmenté en moyenne de 10 % à 15 %. Mais en plus, le gouvernement subit une baisse de revenus annuels qu’il doit combler en augmentant les taxes. Il n’y a donc aucune logique à suivre cette formule. »

De son côté, le président de la CSN, Jacques Létourneau, rappelle que la SAQ est largement reconnue pour l’excellence de ses pratiques commerciales. « L’offre de produits de la SAQ est l’une des plus importantes au monde et l’on trouve des produits de qualité dans toutes les régions de la province, pas seulement dans les grands centres. De plus, il ne faut pas oublier toute l’expertise qu’elle a développée au fil des années et la qualité des services qui y sont offerts. » La SAQ n’a pas à rougir d’être aussi performante !

Défendre le français comme langue de travail

Le deuxième Forum mondial de la lan­­gue française (FMLF) auquel participait une délégation de la CSN s’est tenu à Liège en juillet dernier. La Confédération syndicale internationale (CSI), par l’entremise de son réseau de la francophonie syndicale, y prenait également part. On y a notamment discuté de la langue comme outil idéologique, de la place du français au travail et des possibilités de tisser des liens de solidarité internationale grâce à la francophonie syndicale.

Le réseau de la francophonie syndicale soutient que l’Organisation internationale de la Francophonie doit faire du français, langue de travail, l’un des enjeux prioritaires à défendre auprès des employeurs et des gouvernements. Michel Paré, du STT du Bonaventure (CSN), et Benoît Pépin, du STT de Sonaca (CSN), ont présenté les moyens concrets développés par les syndicats de la CSN pour franciser les milieux de travail du Québec.

Plusieurs de nos camarades africains et haïtiens n’ont pu se présenter à cet événement, faute d’avoir réussi à obtenir un visa. Il est condamnable qu’à l’heure de la mondialisation, des syndicalistes se voient encore refuser le droit de participer à de tels forums alors que les biens circulent sans entraves.

Le savoir dans l’étau de l’austérité

L’austérité libérale, ce n’est pas seulement un exercice d’équilibre budgétaire en accéléré, c’est aussi une volonté d’éliminer les espaces démocratiques de la société. L’UQAM n’est pas épargnée.

Les négociations que mène l’université avec ses professeures et professeurs depuis 2014 montrent comment la nature même de l’institution est menacée. « Ce qui est en jeu, c’est la démocratie. Si l’on cède aux demandes patronales, les départements ne seront plus entre les mains de ceux qui pensent chaque discipline », explique Michèle Nevert, présidente du Syndicat des professeurs et professeures de l’Université du Québec à Montréal (SPUQ–CSN).

L’UQAM est en effet une université qui fait place à la démocratie participative, notamment sur les questions d’orientation des études et des recherches. Or, les demandes patronales visent à remettre plusieurs décisions importantes strictement entre les mains de cadres. Ces derniers ne sont cependant pas au cœur de la recherche et doivent avant tout rendre des comptes sur l’aspect financier. « L’université a une vocation particulière, ce n’est pas une usine », insiste Pierre Lebuis, vice-président du SPUQ et actif au sein du comité de négociation. Pour lui, l’université doit être un « incubateur libre » qui permet de mettre de l’avant des axes de recherche. Les décisions imposées d’en haut, en fonction de créneaux à la mode, ne pourront jamais donner d’aussi bons résultats et certains champs de recherche utiles pour la société risquent d’être négligés. Outre la question démocratique, les compressions budgétaires du gouvernement actuel, qui s’élèvent à près de 300 millions de dollars pour le secteur universitaire, se font rudement sentir. « Il y a des pressions énormes de productivité », affirme Michèle Nevert. L’UQAM veut notamment éliminer toute balise relative au nombre moyen d’étudiants par groupe, qui est déjà en nette progression depuis 2009.

Par ailleurs, comme les fonds disponibles pour la recherche se font de plus en plus rares, notamment en provenance d’Ottawa, la concurrence pour les obtenir est plus féroce. Pour y parvenir, les professeures et les professeurs doivent publier plus d’articles et doivent donc faire de la recherche dans un contexte où l’université ne prévoit pas de fonds spécifiques à cette activité pour chacun d’entre d’eux. Ainsi, pour soutenir les étudiantes et les étudiants des 2e et 3e cycles et payer les frais liés à leurs recherches, les professeurs ont l’option de donner plus de cours. Cette méthode rapporte toutefois relativement peu d’argent et réduit le temps consacré à la recherche.

Cette équation devient encore plus stressante pour les nouveaux professeurs qui n’obtiendront leur permanence qu’après quatre ans. Ils se doivent de « performer », c’est-à-dire de susciter l’intérêt des organismes subventionnaires qui les financent. Cette période de quatre ans, parfois plus pour celles et ceux qui prennent un congé parental, ne suffit pas à l’administration qui réclame maintenant cinq ans. C’est d’autant plus excessif quand on sait que plusieurs profs commencent leur carrière après 40 ans. « Parmi les nouvelles recrues, environ 20 % d’entre elles commencent leur carrière et quittent l’université dans les premières années », indique d’ailleurs Pierre Lebuis.

Une négociation qui stagne

Malgré quelque 42 séances de négociation en date du 2 octobre dernier, les deux parties sont toujours aussi éloignées sur certains points importants qu’elles l’étaient au début des pourparlers. La population étudiante a augmenté de façon importante de 2009 à 2015. Le SPUQ demande notamment l’ajout de professeurs pour diminuer le nombre d’étudiants par groupe. « La partie patronale n’a même pas réagi aux demandes syndicales. On travaille pourtant sur ce document depuis 2011 », s’insurge la présidente du SPUQ. Notons que les professeurs de l’UQAM sont les moins bien payés de toutes les universités au Québec.

Même combat

Pour la première fois, la presque totalité des 130 000 membres de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN) renouvellent en même temps leur entente ou leur convention collective, échue depuis le 31 mars 2015. Aux 110 000 syndiqué-es du réseau public de la santé et des services sociaux, membres du Front commun, qui négocient avec le Conseil du trésor, s’ajoutent plus de 18 000 travailleuses et travailleurs issus de quatre secteurs privés qui se sont arrimés au secteur public. Pour 2015 à 2018, ils demandent des hausses salariales de 13,5 %, soit annuellement 2 % en rattrapage, 2 % pour la protection contre l’inflation et 0,5 % pour l’enrichissement.

Principaux enjeux de négociation

Le secteur des services préhospitaliers regroupe 3 400 paramédics, répondants et répartiteurs médicaux d’urgence et membres de personnel de soutien. Ils réclament une hausse de la cotisation des employeurs au régime de retraite, une progression plus rapide dans les échelons salariaux et l’amélioration des primes de soir et de nuit. Une diminution de la charge de travail et l’abolition des horaires de faction en région figurent parmi les autres demandes. Au moment d’écrire ces lignes, les négociations n’avaient pas encore débuté.

Environ 10 500 travailleuses et travailleurs des centres de la petite enfance (CPE) amorceront bientôt leur négociation. Ce sont des éducatrices, mais aussi des responsables de l’alimentation, des secrétaires et des commis- comptables, du personnel de soutien pédagogique et des agentes de conformité.

En plus d’une augmentation de salaire, ces syndiqué-es revendiquent un relèvement de la contribution des employeurs au régime d’assurance collective. La prévention en santé et sécurité au travail, le droit à une représentation du personnel au conseil d’administration et la reconnaissance des congés annuels d’un CPE à un autre forment l’essentiel des demandes ciblées.

Quelque 1200 ressources intermédiaires, de type familial et familles de proximité (RI-RTF) sont membres de la FSSS. Ces ressources hébergent à leur domicile un maximum de neuf personnes aux prises avec une déficience physique ou intellectuelle, des personnes âgées en perte d’autonomie et des jeunes en difficulté. Il s’agit d’un secteur atypique visé par une loi particulière sur la reconnaissance et le régime de négociation.

Outre une hausse de leur rétribution conforme aux augmentations négociées par le Front commun, les RI-RTF veulent obtenir des améliorations en matière de procédure de remplacement lors de congé, une plus grande stabilité et le maintien du caractère familial de la ressource, ainsi qu’un renforcement des comités de concertation pour mieux baliser le règlement des mésententes avec les établissements du réseau public.

De leur côté, 3300 responsables d’un ser­vice de garde en milieu familial (RSG) accueillent à leur domicile des enfants de zéro à cinq ans (un maximum de neuf), moyennant une subvention du ministère de la Famille. Il s’agit également d’un secteur atypique visé par une loi particulière sur la reconnaissance et le régime de négociation.

Leur entente collective étant échue depuis la fin 2013, les RSG réclament l’équité avec leur comparateur, les éducatrices en CPE au premier échelon (non formées), suivi des augmentations négociées par le Front commun. Au moment d’écrire ces lignes, les RSG ont conclu une entente de principe comportant notamment un mécanisme pour réévaluer leur rémunération à la lumière des avantages consentis à leur comparateur.

À la défense de la bouteille brune

Voici la situation : vous devez choisir entre deux contenants de bière. Le premier est utilisable une seule fois et est récupérable à 71 %. Le second est réutilisable de 12 à 15 fois et son taux de récupération est de 98 %. Votre choix serait-il porté vers l’option écologique ? Et si on vous disait que la production et la récupération du second contenant génèrent plus du double d’emplois québécois que la mise en marché du premier, votre choix s’en trouverait-il confirmé ? Enfin, si on vous informait que les grands brasseurs tentent désespérément de faire disparaître le second contenant du marché, car il coûte plus cher à produire et à récupérer, seriez-vous indignés ?

L’entente sur la consignation et la récupération des contenants entre Recyc-Québec et les producteurs de bière s’apprêtait à être renouvelée au moment de mettre sous presse et devra concilier deux positions diamétralement opposées. Ainsi, les géants de l’industrie brassicole québécoise veulent favoriser l’utilisation du contenant à remplissage unique (CRU), comme les canettes d’aluminium. Les travailleurs de Labatt et de Molson, quant à eux, luttent pour l’instauration de mesures favorisant l’augmentation de la mise en marché du contenant à remplissage multiple (CRM), communément appelé « bouteille brune », pour des raisons autant économiques qu’écologiques.

Écologiquement parlant

Alors que la bouteille brune est réutilisable en moyenne 15 fois avant d’être récupérée à 98 %, la cannette d’aluminium n’est utilisable qu’une seule fois et est récupérée à 71 %. Selon le Bilan 2012 de la gestion des matières résiduelles au Québec de Recyc-Québec, le nombre de contenants de bière à remplissage multiple vendus a diminué de 34 % de 2005 à 2012, alors que le nombre de contenants de bière à remplissage unique vendus a augmenté de 179 % ! Ce changement comporte un coût environnemental. Une analyse menée en 2008 révèle que la valeur économique des bénéfices environnementaux associés au recyclage et à la récupération atteint plus de 750 millions de dollars au Québec, gain économique non négligeable.

Depuis plus de 25 ans, il existe une entente entre les fabricants de boissons et Recyc- Québec, qui prévoit des pénalités pour chaque CRU vendu au-delà de 37,5 % des ventes totales d’un producteur. En réalité, les brasseurs se soucient à peine de ces pénalités. En effet, puisque la récupération des bouteilles est de leur responsabilité, les brasseurs préfèrent de loin payer la maigre pénalité imposée par Recyc-Québec pour pouvoir produire plus de cannettes.

De l’argent bien investi

Pour les producteurs, la suppression des bouteilles brunes de l’industrie brassicole québécoise signifierait également une économie dans la main-d’œuvre. En effet, Sylvain Moreau, président du Syndicat des travailleurs de la Brasserie Labatt (CSN) estime qu’en moyenne 15 travailleurs s’affairent sur la chaîne de production de bouteilles brunes, comparativement à seulement 4 employé-es pour celle des canettes. « Il est évidemment question de préserver les emplois québécois dans ce secteur », explique-t-il, comptant défendre fermement cette position.

En luttant pour l’abolition des pénalités, les grands brasseurs tentent de se soustraire à leur obligation de réutiliser et de recycler les bouteilles brunes. Ils relèguent ainsi leurs responsabilités aux services publics de collecte sélective et, ultimement, à la population. Il est totalement inacceptable de supprimer l’option écologiquement et économiquement responsable pour une hausse de leurs revenus, mais au prix d’une perte de ceux de la collectivité.

La campagne de sensibilisation en cours est menée conjointement par les syndicats affiliés à la CSN, aux Teamsters et aux TUAC. Plus de détails à mieuxenbouteille.ca.

Une lutte qui a porté ses fruits

Que peut-on faire quand un employeur menace d’abolir des postes au sein d’une institution aussi importante que le Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine ? On se mobilise et on fait beaucoup de bruit pour sauver les emplois. C’est ce qu’ont fait les employé-es du CHU Sainte-Justine syndiqués à la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), le 12 juin dernier.

Au printemps 2015, la direction de Sainte- Justine annonçait son intention de supprimer 115 postes d’infirmières et d’infirmiers auxiliaires. Ils sont pourtant indispensables au bon fonctionnement de l’établissement de santé selon les dires de tous ceux qui travaillent auprès des jeunes patients. La direction disait vouloir remplacer les 115 auxiliaires par 54 infirmières bachelières candidates à la profession, c’est-à-dire qu’elles n’ont pas encore réussi l’examen final, et 12 infirmières françaises formées en néonatalogie.

« On se demandait de quel chapeau la direction allait sortir ces 66 infirmières et infirmiers. D’ailleurs, 66 infirmières, baccalauréat en main ou non, sont incapables de faire la tâche de 115 auxiliaires, c’est humainement impossible. Pour nous, c’était clairement les enfants qui allaient écoper. En plus, la direction faisait circuler un sondage auprès des parents afin de savoir s’ils étaient disposés à pratiquer des gestes médicaux auprès de leurs enfants. En termes plus clairs, la direction demandait aux parents de faire certaines tâches habituellement réservées au personnel soignant. Devant cette situation inacceptable, nous avons décidé d’agir vite et fort », explique Louise Laplante, présidente du Syndicat des professionnel-les en soins infirmiers et cardiorespiratoires du CHU Sainte-Justine (FSSS-CSN).

Un succès marquant

Le syndicat a donc organisé un BBQ convivial devant le centre hospitalier. Cette action avait pour but de dénoncer la réorganisation du travail causée par les abolitions de postes, mais aussi les compressions budgétaires imposées à Sainte-Justine.

Des 36 millions de dollars de compressions sur cinq ans imposés par Québec au CHU Sainte-Justine, il reste encore 15 millions de dollars à récupérer pour la période 2015-2016. Le service de néonatalogie fera certainement les frais de ces compressions.

La réorganisation du travail implique aussi plusieurs mouvements de personnel tandis que le ratio infirmière-patients augmente considérablement. Ce remue-ménage se fait nécessairement au détriment des patients, puisque le seul but de l’exercice est l’atteinte de l’objectif budgétaire. « Malheureusement, les coupes et les compressions exigées par le présent gouvernement feront en sorte que plutôt que de prodiguer des soins de qualité comme nous l’avons toujours fait, nous nous contenterons d’offrir des soins sécuritaires, le ratio infirmière-patients ayant déjà atteint sa limite », ajoute Mme Laplante.

« C’est typique de ce gouvernement : on sort un énorme scalpel pour faire des coupes inconsidérées sans consulter les employé-es qui sont sur la première ligne. On ampute d’abord et on se questionne ensuite sur les conséquences. C’est à se demander si le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, sait vraiment ce qu’il fait », lance Jean Lacharité, vice-président de la CSN.

Mais, dénouement heureux au terme de l’activité de solidarité, la direction de l’hôpital a partiellement reculé. Notre action aura permis que les infirmières et les infirmiers auxiliaires dont les postes avaient été abolis soient réaffectés dans d’autres hôpitaux. La direction a également décidé de garder les 35 infirmières et infirmiers sans sécurité d’emploi qu’elle avait envisagé de remercier.

La preuve qu’avec la solidarité, on peut déplacer des montagnes.

Le coeur dans la forêt

Au cœur de la forêt, bien en amont des scieries et des usines de pâtes et papiers, les travailleurs et les travailleuses sylvicoles s’activent afin de rendre possible l’industrie forestière. Disséminés partout dans la province, travaillant au centre de zones forestières éloignées, ces ouvriers et ces ouvrières créent de nouvelles forêts, les entretiennent et en font la coupe. « Nous sommes des bâtisseurs de forêts ! », lance Thierry Charbonnel, sylviculteur et trésorier du syndicat.

Pourtant, leur travail est méconnu tout comme les conditions difficiles dans lesquelles ils l’exercent. Cette année, le Syndicat national de la sylviculture (SNS-CSN) mène une négociation coordonnée pour que leurs conditions soient ajustées à la réalité du 21e siècle.

En finir avec des conditions d’une autre époque

C’est sur ce thème que les travailleuses et travailleurs ont amorcé leur négociation coordonnée, car à plusieurs égards, leurs conditions sont dignes du siècle dernier. En effet, leur rémunération est dépendante de leur rendement et les dépenses pour l’acquisition et l’entretien des outils de travail sont à la charge des salarié-es. Considérant qu’il s’agit d’un travail saisonnier, le travail à forfait les force à pousser leur cadence au maximum, quitte à ignorer leur santé et leur sécurité.

Bien que le SNS-CSN ait fait certains gains par le passé, notamment sur la question des équipements de sécurité (un montant est versé sur chaque paie), les patrons sont souvent très réfractaires à l’idée d’en accorder davantage. Il faut savoir que les différents employeurs sont subventionnés par le gouvernement. Ici aussi, l’austérité frappe les travailleurs et les travailleuses. Malgré cela, en plus de certains gains locaux, le syndicat a réussi à obtenir 2 % supplémentaires en vacances pour les salarié-es ayant plus de 20 ans d’ancienneté et des libérations syndicales en période de négociation.

Le paradoxe sylvicole

Malgré les conditions très difficiles dans lesquelles ils œuvrent, et bien qu’ils soient tous très critiques envers celles-ci, aucun des travailleurs sylvicoles rencontrés ne voudrait changer de travail. René Martel, président du SNS-CSN, pointe le paysage et s’exclame : « C’est notre quotidien, le bois, les montagnes et les animaux, que veux-tu de mieux ? » La quiétude de la forêt contraste avec les difficultés de leur emploi. Richard, un ancien col bleu, insiste : « Je ne retournerais plus travailler en ville, ici c’est dur, mais t’as la paix. Pas de boss, tout seul dans le bois ! »

Les sylviculteurs sont fiers, ils étaient heureux d’exposer leur quotidien et de nous en parler. La rancœur face à leurs conditions de travail laisse parfois la place à leur passion pour la forêt. Toutefois, alors que les ficelles du métier se transmettaient autrefois de génération en génération, la chaîne semble se briser. « J’aime ma job, mais je ne voudrais pas que mes enfants suivent mes traces, je leur souhaite mieux. » C’est à travers ces mots, lancés par un délégué en pleine assemblée syndicale au mois de mai, que le paradoxe sylvicole s’exprime le mieux.

Des gains appréciables et des défis

Avant que les salarié-es des neuf municipalités de l’Estrie affiliés à la Fédération des employées et employés du secteur public (FEESP-CSN) ne décident de parler d’une même voix en se dotant d’une plateforme d’enjeux communs, les négociations étaient ardues. Les négociations coordonnées qui se déroulent depuis trois ans dans plusieurs municipalités de l’Estrie ont permis à des centaines d’employé-es d’améliorer leurs conditions de travail et aux sept municipalités impliquées de continuer à prospérer.

Toutefois, du travail reste à faire à Saint-Denis-de- Brompton où les négociations se déroulent depuis presque un an. L’assemblée générale du syndicat a rejeté à 100 % l’offre finale de l’employeur. Les salaires, les vacances et la retraite progressive sont les points en litige. À Windsor, une négociation difficile s’annonce, principalement sur les salaires et sur certains acquis des dernières conventions collectives.