Entente de principe acceptée par le syndicat

Réunis en assemblée générale le matin du 29 juin, les membres de l’Association des chauffeurs d’autobus scolaires Matanais Inc. ont accepté à l’unanimité la dernière offre patronale, mettant ainsi fin au conflit de travail qui durait depuis plus de trois mois.

« Nous sommes contents d’être parvenus à nous entendre avant que le centre de services scolaires ne résilie le contrat d’Autobus Matanais Inc. et retourne en appel d’offres, explique Maryse Boulay, porte-parole du syndicat. Nous pouvons nous réjouir d’avoir non seulement sauvé les emplois de nos conductrices et de nos conducteurs, mais également d’avoir réussi à obtenir de 30 % à 65 % d’augmentation salariale sur 6 ans ainsi qu’un salaire hebdomadaire minimal de 630 $ à parti du 1er juillet pour les conducteurs et conductrices de tous types de véhicules confondus. »

Rappelons que les transporteurs scolaires comme Autobus Matanais Inc. ont vu les fonds qu’ils reçoivent du gouvernement être bonifiés dans le but, entre autres, de mettre fin à la pénurie de personnel dans le secteur.

« Il était essentiel pour nos membres d’obtenir une augmentation salariale considérable et de ne pas subir de reculs au niveau des conditions de travail », ajoute Stéphanie Gratton, présidente par intérim de la Fédération des employées et employés de services publics–CSN. « Nous sommes satisfaits que l’employeur ait fini par entendre raison et qu’il se soit finalement rendu compte, comme tous les autres employeurs du secteur, qu’il était impératif de corriger une injustice salariale qui dure depuis plus 20 ans. »

« Cette nouvelle entente témoigne de la grande solidarité et de l’inébranlable détermination des membres du syndicat », affirme fièrement Pauline Bélanger, présidente par intérim du Conseil central du Bas-Saint-Laurent–CSN. « À l’image des autres syndicats du secteur, ces syndiqué-es ont fait des avancées hors de l’ordinaire parce qu’ils se sont tenus debout et ont réclamé leur dû. »

À propos

L’Association des chauffeurs d’autobus scolaires Matanais Inc. regroupe 31 membres et est affilié à la Fédération des employées et employés de services publics–CSN.

La FEESP–CSN compte plus de 425 syndicats affiliés représentant 65 000 membres œuvrant dans le domaine des services publics et parapublics. Elle regroupe 65 syndicats comptant 3 000 membres dans le secteur du transport scolaire.

Le Conseil central du Bas-Saint-Laurent–CSN représente 8 500 membres, répartis dans plus de 96 syndicats, dans toutes les MRC de la région, de La Pocatière à Les Méchins, tous les secteurs d’activité confondus, privé comme public.

Poursuite de la grève au Cimetière Notre-Dame-des-Neiges

Les membres des deux syndicats, réunis en assemblée générale extraordinaire, ont rejeté la recommandation du conciliateur et le protocole de retour au travail qui y est rattaché. Les travailleuses et les travailleurs ont ainsi décidé de poursuivre la grève qu’ils mènent depuis plusieurs mois et de continuer la bataille pour l’obtention de meilleures conditions de travail.

Les comités de négociation présentaient aujourd’hui à leurs membres respectifs les propositions de conventions collectives et les conditions de retour au travail du conciliateur nommé au dossier. Les membres ont jugé que ces recommandations comprenaient trop de bémols et étaient insatisfaisantes. Pour eux, la mauvaise gestion de l’employeur, reflétée dans ces propositions, est inacceptable.

« Ce que les membres ont constaté dans les présentations, c’est que l’employeur voulait nous faire reculer pratiquement partout. Ce qui vient profondément nous chercher dans l’attitude des patrons, c’est la non-reconnaissance de notre travail dont ils font preuve en nous proposant un protocole de retour au travail si décevant. C’est un manque de respect. On perdait sur différents acquis établis. J’ai confiance en nos membres, ils ont pris la bonne décision », avance Patrick Chartrand, président du syndicat des employé-es de l’entretien du cimetière.

« Nous sommes deux syndicats réunis et nous nous battons ensemble depuis si longtemps… ce n’est pas maintenant que nous allons abandonner le combat. Nous avons enduré des années de conflit de travail avant de sortir en grève. Si l’on avait voté en faveur du désolant protocole de retour au travail, on ouvrait la porte à un réel cauchemar pour les années à venir. Ce n’est pas une décision facile que nous avions à prendre, car nous avons hâte d’accueillir fièrement les familles au cimetière, tout en étant respectés dans notre travail », défend Eric Dufault, président du syndicat des employé-es de bureau.

L’importance de la lutte

  « La Fabrique Notre-Dame a aujourd’hui manqué l’occasion de réintégrer les travailleuses et les travailleurs dans un climat sain et satisfaisant. Je tiens à féliciter toutes les militantes et les militants impliqués dans cette lutte historique. Le conseil central et toutes ses composantes les appuient du fond du cœur », affirme Dominique Daignault, présidente du Conseil central du Montréal métropolitain–CSN.

« C’est une négociation qui est difficile depuis si longtemps. Les membres ont dit haut et fort à l’employeur qu’ils sont surtout en désaccord avec les conditions de retour au travail. Nous respectons entièrement le choix qu’ils ont fait. C’est important qu’ils sachent que nous les appuyons et qu’ils pourront compter sur nous jusqu’au bout », soutient Linda Tavolaro, secrétaire générale de la Fédération des employées et employés de services publics–CSN.

À propos

En grève depuis le 20 septembre dernier, le Syndicat des employées et employés de bureau du Cimetière Notre-Dame-des-Neiges-CSN compte 17 membres. Pour sa part, le Syndicat des travailleuses et des travailleurs du Cimetière Notre-Dame-des-Neiges–CSN, responsable de l’entretien, rassemble environ 90 membres qui sont en grève depuis le jeudi 12 janvier 2023.

La Fédération des employées et employés de services publics–CSN (FEESP–CSN), à laquelle sont affiliés les deux syndicats du cimetière, compte plus de 425 syndicats affiliés représentant environ 65 000 membres qui œuvrent dans le domaine des services publics et parapublics. Le Conseil central du Montréal métropolitain (CCMM–CSN) regroupe près de 100 000 membres issus de tous les secteurs d’activité, répartis au sein de quelque 400 syndicats à Montréal, à Laval et dans le Grand Nord du Québec. La FEESP–CSN et le CCMM–CSN sont tous les deux affiliés à la CSN, qui regroupent plus de 330 000 membres.

Bilan des négociations du secteur public avant la saison estivale

À la veille de la période estivale, le Front commun a rencontré les médias, mardi matin, pour dresser le bilan des négociations du secteur public.

« Contrairement à ce que laisse entendre la présidente du Conseil du trésor, des solutions sont mises sur la table par les syndicats. Nous nous attendons donc à ce qu’elles fassent également partie des discussions et que le gouvernement ne se borne pas à vouloir discuter uniquement de ses priorités. L’objectif, pour nous, est toujours d’en arriver à un règlement rapidement, mais pas à n’importe quel prix. En ce sens, nous espérons que l’été permettra de donner un nouveau souffle aux discussions et fera en sorte que les échanges s’accélèrent aux tables de négociations », ont d’emblée fait valoir François Enault, premier vice-président de la CSN, Éric Gingras, président de la CSQ, Robert Comeau, président de l’APTS, et Magali Picard, présidente de la FTQ.

« Nous avons beaucoup parlé d’intensification de la mobilisation dans les dernières semaines. Partout au Québec, les couleurs du Front commun ont été bien visibles, dans nos milieux de travail, dans des rassemblements festifs, pour accueillir des visites de ministres, devant des bureaux de circonscriptions, etc. Mais chose certaine, la dynamique sera différente en termes de mobilisation pour nous dès la rentrée. Nous rappelons que les organisations qui forment le Front commun ont reçu le mandat unanime de planifier le recours stratégique à la grève, ce à quoi nous nous consacrons depuis plusieurs semaines », d’ajouter les leaders syndicaux.

Pour le Front commun, il est temps que les échanges aux tables prennent une tournure différente. Rappelons qu’à l’heure actuelle, l’offre salariale proposée par le Conseil du trésor est toujours de 9 % sur 5 ans alors que l’inflation a été de 6,7 % uniquement pour l’année 2022.

« Ce n’est pas sérieux. Le gouvernement tente de nous cantonner dans un rôle d’antagonistes, mais la réalité, c’est que l’état de nos réseaux publics nécessite des solutions ambitieuses et de l’ouverture aux propositions des travailleuses et des travailleurs. Il faudrait que ça se reflète dans les échanges aux tables. »

Pour mettre un frein à la saignée de nos réseaux publics, le Front commun parle d’améliorer les conditions de travail pour attirer du personnel et retenir celui déjà en poste – tant en éducation que dans la santé et les services sociaux et qu’en enseignement supérieur. À contre-courant de cette vision, le gouvernement mène des attaques frontales contre le RREGOP qui risquent de pousser vers la sortie une proportion importante de personnes approchant de la retraite. Faut-il rappeler que notre régime de retraite est en bonne santé financière et qu’il constitue l’un des rares avantages du secteur public lorsque l’on se compare au secteur privé?

« Si le gouvernement Legault se cherchait encore une façon de fâcher notre monde, il l’a trouvée! »

Les leaders syndicaux insistent sur le fait qu’il ne faut pas sous-estimer la volonté des membres et leur capacité de mobilisation. « Ils en ont vu d’autres, eux aussi. Ils connaissent la rengaine qui leur est servie actuellement, et franchement, à l’heure actuelle, le gouvernement suscite plus de grogne qu’autre chose. Le Front commun, c’est une réponse aux stratégies de division du gouvernement, qui ne font que nuire aux réseaux publics. Au-delà des tractations de négociations, il y a un manque flagrant de vision sociale à long terme. Et ça, c’est franchement triste. C’est le message que nous portons, pour nos services publics. »

Grande manifestation nationale le 23 septembre

Le Front commun organise une grande marche nationale le 23 septembre prochain, à Montréal, et y convie l’ensemble de la population. « Toutes celles et tous ceux qui sont touchés de près ou de loin, qui connaissent des travailleuses et des travailleurs de nos réseaux, qui veulent soutenir notre lutte et manifester l’importance qu’ils accordent aux services publics, ce sera le moment de le crier haut et fort. Nous aurons besoin de toutes les voix possibles pour se joindre à la nôtre! »

Rappel des revendications du Front commun

Sur le plan salarial, le Front commun revendique l’application d’un mécanisme permanent d’indexation annuelle basé sur l’indice des prix à la consommation (IPC), ainsi qu’un enrichissement visant un rattrapage salarial.

  • Pour 2023 : une hausse de 100 $ par semaine pour l’ensemble des travailleuses et des travailleurs OU IPC + 2 % (selon la formule la plus avantageuse);
  • Pour 2024 : IPC + 3 %;
  • Pour 2025 : IPC + 4 %.

Le Front commun porte également d’autres revendications à la table centrale, notamment en ce qui concerne :

  • la retraite;
  • les droits parentaux;
  • les disparités régionales;
  • les assurances collectives;
  • les lanceurs d’alerte.

Pour plus d’information sur la négociation en cours : https://www.frontcommun.org/.

À propos du Front commun

Ensemble, la CSN, la CSQ, la FTQ et l’APTS représentent plus de 420 000 travailleuses et travailleurs de l’État québécois dans les secteurs publics, en éducation, en santé et dans les services sociaux ainsi qu’en enseignement supérieur. Les conventions collectives sont échues depuis le 31 mars 2023.

Les employé-es du Parc olympique votent cinq jours de grève

Au total, c’est environ 150 travailleurs et travailleuses du Parc olympique qui ont voté une banque de cinq jours de grève à utiliser au moment opportun. Le mandat concerne de nombreux corps de métier, dont le personnel administratif et technique, le personnel de l’entretien du bâtiment et les professionnel-les comme les ingénieur-es et avocat-es.

D’autres votes de grève auront lieu dans les prochaines semaines. Éventuellement, plus de 400 travailleuses et travailleurs pourraient se retrouver en grève cet été et affecter la tenue de la dizaine d’événements prévus pendant la saison estivale. Depuis quelques années, le Parc olympique prend un virage événementiel important et accueille notamment des concerts de musiques, des festivals, des événements sportifs, et autres événements à grand déploiement.

Les revendications principales des employé-es tournent autour de la protection des horaires de travail. La Société de développement et de mise en valeur du Parc olympique souhaite imposer un remaniement des cadres horaires qui étendrait la semaine de travail sur sept jours, comprenant notamment les fins de semaine.

« J’ai quatre enfants et je ne suis pas le seul à avoir des obligations qui font en sorte que j’ai besoin d’un emploi stable ! L’horaire de travail est un acquis important pour les travailleuses et les travailleurs, on va le défendre », explique Nouhoum Doumbia, président du Syndicat des bureaux-techniques du Parc olympique.

« Tout le monde ne peut pas travailler le soir et la fin de semaine, au gré des nouvelles vocations que se donne l’employeur. Si le Parc olympique change ses activités, ce ne sera pas sur le dos des travailleurs et des travailleuses », affirme Stéphanie Gratton, présidente par intérim de la Fédération des employées et employés du secteur public.

« En pleine pénurie de main-d’œuvre, la Société du Parc olympique a tout intérêt à demeurer un employeur de choix. En 2023, on ne peut pas accepter des reculs sur les horaires de travail », ajoute la deuxième vice-présidente de la Fédération des professionnèles, Kathrin Peter.

À propos

La Fédération des employées et employés de services publics-CSN (FEESP-CSN) compte plus de 425 syndicats affiliés représentant environ 65 000 membres qui œuvrent dans le domaine des services publics et parapublics. De son côté, la Fédération des professionnèles regroupe 10 000 professionnel-les, techniciennes et techniciens œuvrant dans cinq grands secteurs : santé et services sociaux, éducation, organismes gouvernementaux, économie sociale et action communautaire, ainsi que le secteur privé.

Les casinos en grève générale illimitée

Cette dernière est effective depuis ce matin, à la veille de la Saint-Jean.

« Nous sommes devant une impasse et on espère que lorsque l’employeur va nous voir forts et unis dans ce vote de grève, il va trouver de la marge de manœuvre parce que les employé-es ne peuvent pas négocier seuls », explique Riccardo Scopelleti, président de l’unité des travailleurs et des travailleuses de sécurité du Casino de Montréal-CSN.

Les 1 700 employé-es syndiqués avec la CSN viennent de conclure cinq jours de grève en plein Grand prix de Montréal.

« Quand on pense que les cinq patrons de Loto-Québec se partageant 650 000 $ en bonis cette année, c’est insultant de se faire refuser des augmentations qui suivent le coût de la vie » s’exclame Chantal Ide, vice-présidente du Conseil central du Montréal métropolitain-CSN.

Plus déterminés que jamais, les travailleuses et les travailleurs demandent des augmentations salariales équivalentes à la hausse du coût de la vie plus 1 $ l’heure. Cette demande vise à protéger leur pouvoir d’achat de même qu’à améliorer l’attraction et la rétention du personnel, gravement éprouvé depuis la pandémie.

Des offres « généreuses »

Dans un communiqué diffusé mercredi, Loto-Québec affirmait avoir fait des offres « généreuses » aux travailleuses et aux travailleurs. « Il n’en est rien », affirme Stéphanie Gratton, présidente par intérim de la Fédération des employées et employés du secteur public-CSN.

« Dans sa dernière offre, l’employeur proposait que les bonifications salariales et les primes soient autofinancées à même une diminution de salaire importante pour toutes les nouvelles personnes embauchées. C’est ça, la générosité de la Société des casinos ? Après qu’elle a vécu la meilleure année financière de son histoire, on s’attend à mieux », explique Mme Gratton.

À propos

La Fédération des employées et employés de services publics-CSN (FEESP-CSN) compte plus de 425 syndicats affiliés représentant environ 65 000 membres qui œuvrent dans le domaine des services publics et parapublics. Le Conseil central du Montréal métropolitain (CCMM-CSN) regroupe près de 100 000 membres issus de tous les secteurs d’activité, répartis au sein de quelque 400 syndicats à Montréal, à Laval et dans le Grand Nord du Québec. La FEESP-CSN et le CCMM-CSN sont tous les deux affiliés à la CSN, qui regroupent plus de 330 000 membres.

Offre finale acceptée à majorité par les membres du syndicat

Réunis en assemblée générale dans la soirée du 20 juin, les membres du Syndicat des travailleuses et travailleurs du transport scolaire de l’Énergie–CSN ont accepté à majorité la dernière offre patronale, mettant ainsi fin au conflit de travail qui durait depuis plus de trois mois.

« Il était essentiel pour nos membres d’obtenir une augmentation salariale considérable avec la nouvelle entente, explique Michel Paquin, président du syndicat. Nous sommes donc satisfaits du fait que notre salaire horaire passera de 24,91 $ à 28,32 $ dès le 1er juillet de cette année. »

Rappelons que les opérateurs d’entreprises de transport scolaire comme Autobus de l’Énergie ont reçu des fonds du gouvernement afin de bonifier les conditions de travail des conductrices et des conducteurs dans l’espoir de mettre fin à la pénurie de personnel.

« Nous sommes ravis que les conductrices et les conducteurs d’Autobus de l’Énergie reçoivent enfin leur juste part du gâteau, ajoute Stéphanie Gratton, présidente par intérim de la Fédération des employées et employés de services publics–CSN. Nous espérons que cette entente pave la voie aux autres ententes qui devront être négociées prochainement dans le secteur du secteur du transport scolaire. »

La société mère d’Autobus de l’Énergie, le groupe Sogesco, est l’un des principaux employeurs dans le transport scolaire au Québec.

« Cette nouvelle entente témoigne de la grande solidarité et de l’inébranlable détermination des membres du syndicat, affirme fièrement Pascal Bastarache, président du Conseil central du Cœur du Québec–CSN. À l’image des autres syndicats du transport scolaire, ces conductrices et conducteurs de véhicule scolaire ont fait des avancées hors de l’ordinaire parce qu’ils se sont tenus debout et ont réclamé leur dû. Avec ce nouveau règlement, les autres filiales de Sogesco et les autres employeurs de notre région n’auront d’autre choix que d’ajuster leurs offres salariales en conséquence. »

À propos
Le Syndicat des travailleuses et travailleurs du transport scolaire de l’Énergie–CSN rassemble 15 membres et est affilié à la Fédération des employées et employés de services publics–CSN. Celle-ci regroupe 65 syndicats comptant 3 000 membres dans le transport scolaire.

La FEESP–CSN compte plus de 425 syndicats affiliés représentant 65 000 membres œuvrant dans le domaine des services publics et parapublics. Le Conseil central du Cœur du Québec–CSN regroupe quelque 16 300 membres issus de tous les secteurs d’activité, privés et publics, réunis au sein de 130 syndicats sur une base régionale.

Universités – Pas de liberté académique sans autonomie financière

Les universités doivent cesser de dépendre des dons privés ou des contributions des entreprises. C’est l’un des messages cruciaux portés par la CSN à l’occasion de la consultation gouvernementale afin de revoir la Politique québécoise de financement des universités. La CSN estime qu’une hausse du financement public des universités et une révision des conditions s’y rattachant sont impératives pour assurer la mission de ces organisations essentielles au bien commun. « Pour la CSN, un financement stable et une réelle autonomie financière sont incontournables si le gouvernement tient véritablement au principe de liberté académique », rappelle Caroline Senneville, présidente de la CSN.

La CSN estime que trop de financement conditionnel est calculé à partir de la population étudiante à temps plein (alors qu’un tiers de la population étudiante est à temps partiel) ou sur des partenariats avec le privé. La fluctuation annuelle des budgets empêche les universités de prévoir et d’engager les meilleures ressources.

La CSN souligne par ailleurs l’iniquité envers les universités francophones au Québec. Les universités anglophones obtiennent 47 % des dons philanthropiques et accueillent 43 % des étudiantes et des étudiants étrangers, alors qu’elles représentent seulement 25 % de la population étudiante au Québec. « Le gouvernement doit en faire plus pour l’ensemble du réseau universitaire en portant une attention particulière aux universités francophones, nommément au réseau de l’Université du Québec qui est essentiel pour l’accès aux études supérieures de plusieurs Québécoises et Québécois, notamment en région », ajoute la présidente de la CSN.

Les universités ne sont pas au service des entreprises

La CSN et ses fédérations s’inquiètent également des attentes formulées par le gouvernement à l’égard des universités pour répondre aux besoins des entreprises.

Selon le gouvernement, la politique vise notamment à « améliorer la contribution des établissements universitaires aux enjeux de main-d’œuvre dans les secteurs stratégiques pour l’économie québécoise » et « à renforcer la capacité des établissements de valoriser, sur le plan économique, la recherche et l’innovation. »

« Les universités ne sont pas des usines à fabriquer des travailleuses et des travailleurs pour combler la pénurie de main-d’œuvre. Détourner les missions fondamentales de ces institutions du savoir en les assujettissant aux besoins du marché du travail ne fait que nous appauvrir collectivement, à long terme », met en garde Christine Gauthier, vice-présidente de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec-CSN et responsable du regroupement université.

L’enseignement supérieur est un service public reposant sur les principes d’accessibilité, d’autonomie et d’indépendance propres à la création et à la transmission du savoir ainsi qu’au développement de l’esprit critique.

Gratuité scolaire

Le Québec doit se doter d’une politique sur les droits de scolarité fondée sur le principe de la gratuité scolaire, et ce, à tous les ordres d’enseignement. Cela diminuerait d’autant la trop grande dépendance financière des universités avec le nombre d’inscrits à temps plein chaque année.

« Alors que de plus en plus d’étudiantes et d’étudiants choisissent de délaisser leurs études pour aller sur le marché du travail, il faut plus que jamais assurer une plus grande accessibilité aux études supérieures, notamment à l’université. Un des leviers les plus puissants pour y parvenir demeure la gratuité scolaire, insiste Danny Roy, président de la Fédération des professionnèles-CSN. Contrairement à certaines idées souvent véhiculées, la gratuité de l’enseignement universitaire n’est ni marginale ni utopique, comme en témoigne son application dans les pays scandinaves. De plus, la gratuité permettrait de répondre aux objectifs que s’est fixés la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, comme celui d’augmenter le taux de diplomation et surtout, le nombre d’inscriptions qui est en chute libre, notamment dans le réseau UQ. »

Les moyens de nos ambitions

« Avec un financement insuffisant et instable d’une année à l’autre, les universités sont incapables de conserver leur personnel de soutien qui joue pourtant un rôle essentiel. Dans les universités comme dans l’ensemble du réseau de l’enseignement supérieur, les défis de recrutement et de rétention du personnel de soutien sont importants. Afin d’être en mesure de répondre adéquatement à cet enjeu, il faut offrir des conditions de travail et des conditions salariales attractives. Pour y arriver, il faut s’assurer que les universités obtiennent enfin un financement public, stable, prévisible et à la hauteur des besoins », martèle Stéphanie Gratton, présidente par intérim de la Fédération des employées et employés de services publics-CSN.

Des solutions novatrices

Dans son mémoire, la CSN fournit à la ministre de nombreuses solutions pour rajuster le tir, pour soutenir un réinvestissement public et pérenne des universités et pour accroître l’accessibilité aux études.

Le mémoire contient 20 recommandations, dont la fin de la déréglementation des frais pour les personnes étudiantes étrangères, l’ajustement à la hausse du financement global et des sommes reliées à celles qui s’inscrivent à temps partiel ou encore la hausse du financement pour la recherche et la création, notamment pour la recherche en français.

Mémoire disponible sur demande.

À propos

Fondée en 1921, la CSN est la première grande centrale syndicale québécoise. Composée de près de 1 600 syndicats, elle compte près de 80 000 membres dans le secteur de l’éducation et de l’enseignement supérieur qui sont répartis dans trois fédérations.

Prendre notre pouvoir, maintenant

Ce numéro arrive tout juste après la clôture du 67e Congrès de la CSN. Grand événement attirant quelque 2 000 participantes et participants tous les trois ans, le congrès représente la plus haute instance de la confédération, celle qui guide les grandes orientations du mouvement.

C’est sous le thème Pouvoir, maintenant que s’est déployée cette semaine de réflexion et de mobilisation. Depuis plus de 100 ans, la Confédération des syndicats nationaux est le moteur d’un grand mouvement qui permet aux travailleuses et aux travailleurs d’obtenir les meilleures conditions de travail possibles. Au sortir de trois années de pandémie qui nous auront éloignés les uns des autres, il est important de reprendre ce pouvoir. Comme centrale syndicale, il aura fallu recréer les liens, se donner les moyens de partager nos réalités et déterminer des objectifs concrets pour mieux reprendre nos luttes.

Ces luttes, elles ont été nombreuses, comme vous le verrez dans ces pages. La forte inflation – du jamais vu depuis des décennies – couplée à la rareté de main-d’œuvre a donné à de nombreux syndicats un rapport de force inespéré, des entreprises n’hésitant pas à rouvrir les conventions collectives avant leur terme pour hausser les salaires. Quand le fer est chaud, il faut le battre : des syndicats sont allés chercher des augmentations de 30, 40, voire 50% sur trois ou cinq ans. Un record.

Ces luttes ont été soutenues par la CSN de bien des façons, en commençant par un appui financier incomparable, alors que le Fonds de défense professionnelle CSN a octroyé près de 26 millions de dollars à ses membres en grève au cours du dernier mandat. C’est ce fonds, unique pour une centrale syndicale québécoise, qui a permis toutes les luttes dont il est question ici, et bien plus encore. Des épisodes souvent majeurs, parfois crève-cœur. Mais toujours solidaires.

Nos luttes se poursuivent tant dans le secteur public que privé où des efforts coordonnés (en front commun, en intersyndicale, en interfédération) augmentent notre rapport de force et notre Pouvoir, maintenant. Plusieurs dossiers dans lesquels nous avons investi nos énergies au cours des derniers mois ont porté fruit. Je pense aux conventions du privé pour lesquelles la grande majorité des négociations de 2022 ont permis d’éliminer complètement les taux horaires de moins de 18 $ l’heure. Ou au gouvernement qui a dû revenir sur sa décision de hausser l’âge d’admissibilité au régime de retraite québécois. Ou encore à nos démarches pour que le travail des enfants soit mieux balisé, lesquelles ont abouti à la loi sur l’encadrement du travail des enfants. Idem pour la loi anti-briseurs de grève au fédéral. Nous pouvons être fiers de notre contribution à ces avancées et à bien d’autres.

Bien que nos réalités nous placent souvent en situation de lutte, que ce soit aux tables de négociation ou dans la rue, la base de notre action prend racine dans nos valeurs de justice et de liberté ainsi que dans la recherche d’une dignité toujours plus grande pour les femmes et les hommes qui constituent la force de travail du Québec. C’est dans le syndicalisme de centrale, où tant de titres d’emplois sont représentés, que l’on se soutient les uns les autres, qu’on soit machiniste à Saguenay ou préposée aux bénéficiaires à Saint-Hyacinthe.

Alors que notre mouvement entreprend un autre mandat de trois ans avec de nouvelles propositions, avec des souhaits et oserais-je dire, des rêves, nous avons tout en main pour faire entendre nos demandes, comme travailleuses et travailleurs. Nous savons qu’on n’est jamais aussi forts que lorsque nous parlons d’une seule et même voix.

Les combats pour lesquels nous nous levons chaque matin sont multiples et la route syndicale ne sera jamais un long fleuve tranquille. Mais nous croyons à l’égalité des chances et à un avenir meilleur pour tous les travailleurs et les travailleuses.

Que le plus beau café du monde devienne le plus démocratique

Le personnel du Crew Collective & Café, situé dans le Vieux-Montréal, a pris l’industrie par surprise en annonçant sa syndicalisation, un rare exploit dans le secteur de la restauration.

Le taux de roulement élevé dans une industrie souvent composée de jeunes aux études se prête mal à des efforts de démocratisation de milieux de travail. Cela dit, la vague de syndicalisation dans des Starbucks au sud de la frontière donne espoir à une génération de jeunes travailleuses et travailleurs qui refusent de se faire exploiter

Deux sucres, une résistance
Izik Hesselink, natif de Guelph en Ontario, travaille depuis peu au fameux café de la rue Saint-Jacques. Comme la majorité de ses camarades, il est à Montréal pour ses études universitaires et cherchait un travail pouvant accommoder son horaire étudiant. Il est tombé sur le Crew en juillet 2022 et s’est trouvé rapidement enchanté par ce café époustouflant situé dans l’ancien édifice de la Banque Royale du Canada.

« Mes débuts au Café Crew m’ont fait réaliser à quel point je n’avais jamais eu l’occasion de travailler dans un endroit qui me tenait assez à cœur pour vouloir me syndiquer, explique le délégué syndical. C’est magique ici et je ne veux pas manquer le bateau pour améliorer la qualité de vie de mes collègues. On est une belle communauté et c’est un lieu idéal pour des événements communautaires. On aimerait que le staff puisse aussi proposer ou organiser des activités comme des danses ou des projections de films. On veut une vraie démocratie dans notre milieu de travail. »

Plus que des accessoires
Ce n’est bien sûr pas que pour le droit d’organiser des activités ludiques sur les lieux du travail qu’Izik et ses camarades se sont joints au Syndicat des employé-es de la restauration–CSN, mais également pour un salaire équitable à travers les titres d’emploi et une plus grande transparence sur le partage des pourboires.

« Le café est une destination très touristique et on fait souvent affaire avec une clientèle difficile, souligne Izik. Certains s’invitent derrière le comptoir pour prendre des selfies. On n’est pas des accessoires de théâtre pour meubler les fils Instagram. On est des professionnel-les et on mérite un minimum de respect. »

Ces jeunes syndicalistes négocient en ce moment leur toute première convention collective. Paraîtrait-il que la mobilisation s’annonce aussi chaude que le café…

Plus de conflits, mais une solidarité à toute épreuve

Mis sur pause pendant la pandémie, les conflits de travail ont explosé au cours du dernier mandat, le nombre de prestations de grève ou de lock-out en témoigne. Munis d’un nouveau rapport de force, les syndiqué-es ont choisi de se battre, non seulement pour eux-mêmes, mais pour leurs collègues moins nantis. Portrait d’une solidarité en action.

S’il est une chose que la pandé­mie a révélée, c’est bien le caractère essentiel de nos CPE, nous dit Stéphanie Vachon, représentante du secteur à la Fédération de la santé et des services sociaux–CSN. « Avec l’arrivée de la pandémie, les CPE ont été mis en service de garde d’urgence. Soudainement, nous étions essentielles, nous devions être là pour nous occuper des enfants, sans masque. Beaucoup d’entre nous se sont senties utilisées. Quand on a déconfiné le Québec, on était épuisées, mais prêtes à mener la bataille, parce que nos salaires étaient de 16 % inférieurs au réseau de la santé. »

Ce conflit a débouché sur une grève générale illimitée dans les CPE du Québec et fait figure de bataille historique, non seulement par son ampleur, mais par son degré de mobilisation et de solidarité. En offrant de bien meilleures conditions aux éducatrices qui forment 90 % des effectifs, l’employeur a cherché à diviser les troupes. Mais la solidarité a tenu le coup, comme en témoigne Caroline Brière, responsable de l’alimentation au CPE Les petits mulots de Québec. « En assemblée générale, des éducatrices me disaient : “cette bataille-là, on la fait pour toi.” J’ai été très touchée par cet élan de solidarité et de générosité. »

Marc-Olivier Nadeau, éducateur à l’enfance au CPE Courte-pointe, en était à sa première bataille. Son objectif : ne laisser personne derrière. « On est descendus dans la rue pour garder nos responsables de l’alimentation et nos éducatrices spécialisées. Et pour les garder, il fallait se battre. »

Les travailleuses des CPE sont ressorties plus soudées que jamais de leurs 18 jours de grève. Et cette fois, elles ont largement bénéficié de l’appui du public et des parents en particulier, souligne Stéphanie Vachon. « Les parents et les médias étaient 100 % derrière nous. C’était un vrai mouvement populaire. »

« Les parents venaient sur les lignes de piquetage, ils nous donnaient du café, ils nous apportaient du réconfort », ajoute Caroline Brière, qui vit tous les jours la pénurie de personnel dans les CPE. La bataille menée en 2021 était essentielle pour éviter que les effectifs ne fondent à vue d’œil. « Je n’ai jamais vu autant de postes vacants en 17 ans de service. »

Tout le monde reconnaît que le travail est difficile. On accueille de plus en plus d’enfants à besoins particuliers, mais on manque cruellement de ressources pour les encadrer. Les ratios, la charge de travail et une meilleure reconnaissance des travailleuses seront au cœur des discussions non seulement pour les recruter, mais pour garder à l’emploi les 12 000 travailleuses présentes dans les 420 CPE du Québec membres de la CSN. Intéresser les aspirantes et retenir les candidates s’annonce tout un défi pour la prochaine négociation.

Des conflits plus nombreux depuis 2020
La sortie de la pandémie a été un moment décisif pour un grand nombre de syndicats CSN, nous dit Frédérick Bernier, directeur du Fonds de défense professionnelle (FDP). Rappelons que ce fonds d’appui est destiné à fournir aux syndicats de la CSN un soutien financier dans leurs luttes afin de leur permettre de tenir la minute de plus. « Les gens voulaient se réapproprier leur rapport de force et ils n’ont pas hésité à se battre. » Les syndiqué-es ont largement fait appel au FDP, devenu plus accessible et généreux depuis le dernier congrès. Entre 2020 et 2023, le nombre de prestations versées aux syndiqué-es en conflit a atteint 91 000. « On est pas mal au-dessus des prévisions budgétaires, ajoute Frédérick Bernier. Dans les mandats précédents, le FDP était sous-utilisé. Cette fois-ci, la conjoncture a provoqué l’effet contraire. »

Incapables de se mobiliser pendant la pandémie, bon nombre de travailleuses et de travailleurs voulaient à tout prix améliorer leur sort, nous dit Stéphane Dufour, coordonnateur national à la mobilisation et à la vie régionale de la CSN. « Au plus fort de la pandémie, on a vu défiler les prolongations de convention et les hausses minimes de salaire. Les gens voulaient mettre leur énergie à passer à travers et voir après. Mais ils n’ont rien reçu et ça les a choqués. L’inflation est là et ils veulent maintenir leur qualité de vie. Avec la pénurie de main-d’œuvre, ils ont un meilleur rapport de force pour aller au bout de leurs convictions. »

Conflit au Cimetière Notre-Dame-des-Neiges : une nouvelle solidarité
Un autre conflit retient l’attention, celui des employé-es du Cimetière Notre-Dame-des-neiges de Montréal. En septembre dernier, devant l’intransigeance de l’employeur, les employé-es de bureau ont déclenché la grève générale illimitée. En janvier, les employé-es manuels ont emboîté le pas à leurs camarades, déclenchant la grève à leur tour.

Selon le syndicat, le climat de travail était devenu invivable depuis l’embauche, en 2019, d’un nouveau directeur général par la Fabrique de la Paroisse Notre-Dame-des-neiges : mises en demeure, suspensions, injonctions, judiciarisation à outrance. Cet acharnement de l’employeur a provoqué le rapprochement des deux syndicats, qui, depuis janvier dernier, négocient ensemble, comme l’explique Patrick Chartrand, président du Syndicat des travailleuses et travailleurs du Cimetière Notre-Dame-des-Neiges–CSN. « Le mépris de l’employeur est le même envers nos deux syndicats : il cherche à attaquer les mêmes choses de chaque côté. L’union s’est donc faite naturellement. Le 31 janvier dernier, on a présenté nos demandes communes et on est arrivés à la table de négociation ensemble, ce qui est une première dans notre histoire syndicale. Dorénavant, il n’y aura pas qu’un seul syndicat à la table, ce sera les deux ou pas du tout. »

Dès la mi-janvier, l’employeur a fermé le cimetière, empêchant ainsi les familles de se recueillir sur la tombe de leurs défunts. Il a bien tenté d’en faire porter l’odieux aux syndiqué-es en grève, mais bien des familles leur sont demeurées solidaires, comme en témoigne Sandrine Dessureault, conseillère syndicale. « Une manifestation a eu lieu pour la réouverture du cimetière. Des familles appuient les syndicats et viennent parfois sur les piquets de grève. Elles veulent que le conflit se règle au bénéfice de tout le monde. »

L’accumulation des corps et des urnes et le report d’un grand nombre de funérailles rendent chaque jour la situation plus intolérable pour elles, comme l’explique Patrick Chartrand. « Un deuil, il faut le vivre, ça ne se reporte pas. » Avec l’été qui approche, la pression ne pourra qu’augmenter, ce qui forcera peut-être l’employeur à se rasseoir à la table et à négocier.

Olymel, un combat courageux, une fermeture qui fait mal
Après un long combat de plusieurs années ponctué d’un lock-out et de menaces de fermeture, les 911 travailleurs et travailleuses syndiqués de l’abattoir Olymel de Vallée-Jonction ont appris, le 14 avril dernier, la fermeture graduelle de l’usine, d’ici décembre prochain. C’est une véritable tragédie pour les syndiqué-es et toute la population de cette petite communauté de Chaudière-Appalaches, comme le rappelle Alexandre Laviolette, président de la Fédération du commerce (FC–CSN). « C’est une catastrophe régionale. Quasiment tout le monde travaillait chez Olymel, ça fait au moins cinquante ans que cette usine-là fonctionne. »

Il faut aussi mentionner que l’entreprise n’entend pas verser d’indemnités de départ ou de primes de rétention aux employé-es, ce qui risque d’amener plusieurs syndiqué-es à quitter l’abattoir avant même sa fermeture définitive. Le président de la FC–CSN rappelle que 1 000 emplois perdus à Vallée-Jonction, c’est l’équivalent de 69 000 emplois perdus à Montréal. « Les syndicats locaux sont en train de s’informer des besoins de main-d’œuvre dans la région, souligne Alexandre Laviolette. Il y a une solidarité du mouvement pour aider tous ces gens qui vivent cette tragédie-là et qui ne veulent pas s’expatrier. »

La lutte des employé-es d’Olymel Vallée-Jonction prend fin de manière dramatique, mais leur combat aura mis en lumière les conditions de travail très pénibles dans le monde des abattoirs. En avril 2021, au terme d’une négociation difficile, les syndiqué-es étaient parvenus à réaliser des gains importants. Leurs avancées avaient même eu un effet domino sur les conditions de travail d’autres abattoirs et provoqué des réouvertures de conventions collectives.

Avec la fermeture prochaine de l’abattoir Olymel de Vallée-Jonction, le groupe coopératif Sollio en sera à sa deuxième fermeture d’entreprise en 2023. Un triste record. En février dernier, la coopérative Novago, dans Lanaudière, mettait fin à ses activités après 17 mois de grève, préférant mettre la clé sous la porte plutôt que de négocier des conditions de travail décentes. Comme le souligne Alexandre Laviolette, « ils se sont comportés exactement comme une entreprise multinationale américaine. »

Un prochain mandat très actif
Selon Frédérick Bernier, le FDP sera de plus en plus sollicité dans les prochaines années. « Près de 1 500 accréditations syndicales, donc 275 000 membres de la CSN, seront en renouvellement d’ici la fin du prochain mandat. Ce sont autant de possibilités de négociations difficiles ou de conflits. La conjoncture va être favorable pour les travailleuses et les travailleurs. Le FDP était peu utilisé avant, ça nous a aidés à constituer un bas de laine. » Les syndicats CSN sont donc parfaitement équipés pour affronter l’avenir et pour défendre leurs droits.

Ça va bon train

La transition juste doit être au cœur de la transformation économique afin d’accompagner le personnel des secteurs les plus touchés vers de nouveaux métiers où il sera possible de s’épanouir. Le secteur ferroviaire pourrait accueillir ces personnes qui voient leur travail transformé ou aboli. Voici comment.

Alors que les ravages de la crise climatique entraînent des changements majeurs en matière d’emploi, divers secteurs et entreprises procèdent à la décarbonation de leurs activités. Or, celle-ci n’est pas sans provoquer à son tour la décroissance de plusieurs métiers. À l’inverse, les emplois durables sont porteurs d’avenir pour le marché du travail. Le gouvernement fédéral s’est récemment engagé à les faire progresser dans chaque région du Canada, avec son Plan pour des emplois durables.

Tout le monde à bord
Le secteur ferroviaire est en plein essor à travers le monde. Bien que l’Amérique du Nord accuse un grand retard face à d’autres régions, plusieurs projets en cours au Québec nécessiteront un afflux de travailleuses et de travailleurs pour veiller à leur succès. En Gaspésie, le train ne roule plus depuis une décennie. L’état des rails ne permettait plus son passage sécuritaire, mais grâce à de nombreux investissements pour les revitaliser, le passage des trains de marchandises reprendra dans les prochains mois. Cela dit, rien ne nous permet de prédire ce qu’il en sera du train de passagers, malgré les efforts louables de la Coalition des Gaspésiens pour son retour.

Train de vie
Une passion partagée pour les trains unit Dominique Léger et son époux Gilles Lamy depuis des décennies, le couple s’étant rencontré « sur la job » pour VIA Rail à New Carlisle en 1986. Elle, agente de gare, raconte ses souvenirs de solidarité intervillage, quand les gens utilisaient le train VIA pour se partager du bois de foyer pendant la crise du verglas. Lui, ingénieur et chef de train, se remémore cette fameuse soirée où, face à un certain René Lévesque déçu de ne pouvoir se sustenter dans le train, il commanda pour le politicien un steak dans un restaurant situé près d’une gare. Évidemment, il en profita pour solliciter l’appui de Lévesque afin qu’il aide la région à garder le train gaspésien vivant. « Que ce soit ingénieur-e, agente ou agent à bord ou en appui dans les gares, ces métiers font vivre une région entière et même aujourd’hui, à 55 ans, je la reprendrais, cette job. Sans l’ombre d’un doute », souligne Dominique Léger.

La création d’emplois à pleine vitesse
La lutte pour le retour du train régional en Gaspésie n’est pas la seule nouvelle ferroviaire à faire jaser. Il y a aussi le développement de nouveaux rails pouvant accueillir des trains à grande vitesse (TGV) ou des trains à grande fréquence (TGF) le long du corridor Windsor-Québec, entre Québec et Toronto, là où réside plus de 50 % de la population du Canada.

« Bien sûr, les grands chantiers de construction stimulent la création d’emplois, mais il faut également noter la quantité importante de travail en continu que des projets de rails génèrent : maintenance, mécanique, ingénierie, logistique, entretien, divers services de commis et service à la clientèle, la liste est longue, » explique Jonathan Peters, professeur en finance au Chazanoff School of Business du City University of New York. « La densité du corridor Windsor-Québec est idéale pour un TGV. Un tel projet d’envergure provoquera non seulement une panoplie d’emplois directs et indirects, mais il facilitera également un accès au marché de travail loin de son domicile, ce qui peut avoir des retombées positives sur la crise du logement. »

Ne pas rater le train
« Ce n’est pas seulement pour la création d’emplois que le train de passagers doit revenir en Gaspésie, mais aussi pour permettre à des touristes de découvrir la région et pour faciliter le déplacement des aîné-es, des jeunes, des gens sans voiture », plaide Gilles Lamy.

Reste à voir si les gouvernements rateront le train ou s’ils finiront par embarquer dans un projet qui dynamisera la région, qui aidera à freiner l’exode des populations et qui facilitera la transition juste vers des emplois de qualité pour des gens bousculés par la crise climatique.

Des victoires avant même la bataille

Nous vivons une situation que les travailleuses et les travailleurs n’avaient pas connue depuis longtemps. Avec la pénurie de main-d’œuvre, il est de plus en plus courant que des syndicats obtiennent des gains très intéressants avant même l’échéance de la convention, parce que l’employeur souhaite conserver son personnel et continuer à embaucher. Une bonne utilisation du rapport de force !

Képa est une entreprise qui approvisionne les communautés autochtones et Hydro-Québec dans le Grand Nord. Les routes de livraison font 1 500 kilomètres aller-retour et l’asphalte s’arrête à Radisson. « Sur cette route, sans téléphone satellite, t’es mort », illustre Alan Étienne, président du syndicat. Bref, on parle ici de personnel qui n’a pas froid aux yeux, surtout en hiver !

Val-d’Or étant la porte d’entrée pour l’Abitibi-Témiscamingue et le nord, plusieurs entrepôts de grandes entreprises s’y trouvent et le personnel de Képa, attiré par le chant de sirènes, pouvait être tenté d’y magasiner un emploi. « Ça grenouillait dans le secteur des entrepôts, ça n’avait pas de sens », explique Laurent Martineau, conseiller du Syndicat des travailleuses et des travailleurs de Képa transport–CSN de Val-d’Or. La convention se termine en décembre 2023, mais en septembre 2022, l’employeur a consenti une hausse de 2 $ à 2,50 $ l’heure qui s’applique à environ 80 % de l’équipe. Ainsi, certains chauffeurs font jusqu’à 100 000 $ par année.

15 % en un an
Déléage est une petite municipalité située près de Maniwaki, dans le nord de l’Outaouais. « Il y avait un énorme roulement de personnel à la ville et de grands problèmes de rétention », indique le président du Syndicat des travailleuses et travailleurs de la municipalité de Déléage, Mario Lacourcière. « Le boss a mis 10 % sur la table. Je n’ai jamais vu ça de ma vie », raconte-t-il. Les augmentations ont même atteint 15 % en 2022. Impressionnant !

Et en Gaspésie
D’autres municipalités de Gaspésie ne sont pas en reste, puisque la question de l’inflation est centrale de même que le départ constant d’employé-es qui se laissent séduire par de meilleurs salaires ailleurs.

À New Richmond, l’employeur s’est mis à embaucher de nouveaux salarié-es à des échelons supérieurs au premier parce qu’il rencontrait des difficultés de recrutement. Afin de régler la situation, le syndicat a proposé d’abolir les deux premiers échelons et d’en ajouter deux nouveaux au bout de l’échelle salariale. Pour les employé-es qui se trouvaient à l’échelon supérieur, cela correspond à des augmentations de 7 % sur deux ans, en plus des augmentations annuelles. « On n’a plus le choix, il faut attirer du monde », explique Éric Laviolette, président du syndicat.

Pour sa part, le syndicat des travailleuses et des travailleurs de la ville de Percé a interpelé l’employeur au comité des relations de travail concernant le problème de l’heure en matière d’embauche et de rétention : l’inflation. Le directeur général en a discuté au conseil municipal.

Par ailleurs, alors que les négociations étaient en cours à Grande-Rivière, l’employeur a proposé une lettre d’entente qui allait octroyer une augmentation de 2,5 % à partir de juillet 2022 en attendant la conclusion d’une nouvelle convention collective. Une avance, en quelque sorte.

Enfin, à Bonaventure, l’employeur a aussi été interpelé par le syndicat au sujet de l’inflation. Il a bonifié l’augmentation salariale de 2022 à 3,5 % plutôt qu’à 2,25 % comme elle était initialement prévue.

Oser la combativité

Le mouvement CSN traîne une longue réputation de savoir « tenir la minute de plus ». Bon an, mal an, cette combativité amène dans nos rangs de nouveaux syndicats qui font le pari (gagnant) de la CSN.

Chez Rolls-Royce Canada, le changement de culture s’est orchestré dans un syndicat qui cumule 70 ans d’histoire. « Les relations de travail, c’était du partenariat entre l’employeur et le district. Nous nous faisions le plus souvent dire non », raconte Richard Dufour, vice-président général.

Le syndicat CSN est accrédité en juin 2021. L’employeur multiplie alors les efforts pour faire dérailler la négociation. En pleine assemblée pour un vote de grève, Rolls-Royce décrète un lock-out. « Nos meilleurs mobilisateurs ont été bien malgré eux les dirigeants de la compagnie ! Ils ont sous-estimé la solidarité des membres et l’efficacité de la CSN », explique M. Dufour.

Après cinq mois et demi de conflit sauvage, les quelque 500 membres signent une entente qui devient la référence en aérospatial.

Reconnus à leur juste valeur
Du côté de l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ), les professeur-es des secteurs professionnel, collégial et universitaire ne gagnaient pas le même salaire que leurs homologues dans les écoles, les cégeps et les universités. « L’ITHQ était gérée comme un ministère plutôt qu’une école ! explique le président du syndicat, Éric Guay. Il n’y avait pas de culture syndicale et la CSN nous a permis d’en installer une. » Du premier BBQ au carré Saint-Louis jusqu’au port du traditionnel t-shirt de mobilisation, les moyens de pression ont évolué au rythme des 140 membres. « Nous nous sommes rendus jusqu’à la grève, souligne le professeur. Maintenant, les conditions salariales équivalent à ce qui se fait ailleurs. Nous avons fait un grand bout de chemin. »

Archéologues
Après des années à réclamer de meilleures conditions de travail, notamment en matière de santé et de sécurité, les archéologues en ont eu assez. Assez de devoir travailler en plein hiver sans abri chauffé ni toilette. Assez que l’octroi des postes se fasse bien souvent par « copinage », avec des écarts salariaux de près du double pour des emplois identiques. L’uniformisation des conditions de travail est devenue la pierre fondatrice du syndicat. « C’est l’avènement d’une culture professionnelle grâce à la CSN. C’est pas facile, mais avec ses 100 ans derrière la cravate, l’organisation en a vu d’autres ! », conclut le président du syndicat, Maxime Vaillancourt.

Le rapport de force se renforce

En janvier 2015, la Cour suprême du Canada rendait une décision fondamentale reconnaissant que le droit de grève est protégé par la Charte des droits et libertés. Au Québec, cette décision est venue modifier la façon dont le tribunal encadre dorénavant le maintien des services essentiels dans les services publics. Tour d’horizon.

Dorénavant, les services essentiels à maintenir dans les services publics en cas de grève doivent être examinés strictement en fonction de leurs impacts sur la santé et la sécurité de la population. Forte de cette décision, la CSN obtient une autre victoire, en août 2017, en faisant invalider un article du Code du travail qui imposait des pourcentages arbitraires de temps de grève en santé et services sociaux.

C’est dire à quel point l’exercice de la grève dans les services publics ainsi que dans le réseau de la santé et des services sociaux aura dorénavant beaucoup plus d’impact et combien il permettra mieux aux salarié-es de déployer un rapport de force véritable.

En l’absence d’un mécanisme d’arbitrage obligatoire, la seule manière de permettre aux salarié-es de négocier vraiment leurs conditions de travail est d’assurer leur droit de déployer leur rapport de force pour que cela ait des conséquences sur l’employeur. À cet égard, le législateur a apporté un changement majeur : le maintien des services essentiels n’est plus dorénavant la seule obligation des salarié-es, mais relève également de l’employeur. Par conséquent, le personnel-cadre doit maintenant contribuer au maintien des services essentiels. Ainsi, l’exercice de la grève dans les services publics entraîne une pression sur l’employeur plus importante qu’auparavant.

Les paramédics sont parmi les premiers groupes des services publics à avoir testé ces nouvelles possibilités. Dès 2017, ils cessent certaines tâches, notamment celles qui sont liées à la facturation. Il faut souligner qu’avant la décision de la Cour suprême, les paramédics étaient légalement tenus au maintien de 100 % des services en tout temps. Au Québec, en dehors de Montréal et de Laval, les services ambulanciers sont assurés par des entreprises privées ou par des coopératives financées en grande partie par les fonds publics. Ainsi, en cessant de remplir les formulaires de facturation, les paramédics ont ajouté une pression importante sur les employeurs.

Puis, en 2021, ils élargissent encore leurs moyens de pression en ajoutant une grève de temps. Chaque jour, certains paramédics étaient en grève pour une durée de quatre heures et remplacés sur la route par du personnel-cadre disposant de toute la formation nécessaire. Notons qu’en parallèle, ils se sont dotés d’un fonds de grève complémentaire au Fonds de défense professionnelle de la CSN (FDP) afin que tous les travailleurs et les travailleuses se partagent le fardeau financier de la grève.

Dans la même veine, ces nouvelles possibilités ont été utilisées par différents secteurs. Chaque fois, les syndicats améliorent leur rapport de force. Entre autres secteurs, pensons aux centres d’hébergement privés où les salarié-es peuvent à présent effectuer une grève qui a plus d’impact. Ce rapport de force renouvelé leur a permis jusqu’à maintenant de conclure des ententes satisfaisantes avec plus de la moitié de la quarantaine de résidences en négociation coordonnée à la CSN, et les autres sont en bonne voie d’atteindre également leurs objectifs.

Dans le secteur préhospitalier, les répondantes et répondants médicaux d’urgence (RMU) et le personnel de bureau exercent actuellement la grève de temps en plus de la grève de tâches. Lorsque des RMU font grève, ils sont remplacés par du personnel-cadre. Épuiser les cadres en les confrontant à la réalité quotidienne d’un travail exigeant en sous-effectif chronique, n’est-ce pas un bon moyen de leur faire prendre conscience de la nécessité de reconnaître adéquatement le travail des salarié-es ?

Quant à elles, les infirmières et les infirmières auxiliaires de Héma-Québec ont repoussé les limites jusqu’à forcer l’employeur à reporter des rendez-vous de prélèvement de sang de certains types en fonction du niveau des réserves de sang. Elles ont récemment eu gain de cause auprès du Conseil du trésor en maintenant intégralement leur parité salariale avec les professionnel-les en soins du secteur public.

En imposer aussi davantage dans le réseau de la santé
La prochaine grève se fera bien plus sentir que par le passé au sein des établissements du réseau de la santé et des services sociaux et par le gouvernement. Le personnel-cadre devra aussi contribuer au maintien des services essentiels.

Début avril, toutes les organisations membres du Front commun (CSN, CSQ, FTQ et APTS) ont déposé, en même temps, leurs listes de services essentiels auprès de tous les employeurs. Une première ! « On peut dire que c’est la première fois qu’on va pouvoir faire la grève pour vrai en santé et services sociaux, si cela devient nécessaire, explique le 1er vice-président de la CSN, François Enault. Les cadres, il va falloir qu’ils travaillent au lieu de nous regarder aller. Ils vont subir eux aussi les inconvénients de la grève. Nous pourrons déployer un véritable rapport de force et mettre plus de pression que jamais sur les administrations. »

Le privé en santé : ce n’est pas la panacée

La crise de la COVID-19 a montré clairement à la population du Québec que le système de santé et de services sociaux est mal en point. Plusieurs y voient l’échec du réseau public et se disent maintenant prêts à faire encore plus de place au secteur privé à but lucratif.

Pourtant, les problèmes du système, le personnel les vit depuis des décennies. Et quand on remonte à la source de plusieurs de ces problèmes, on trouve… le secteur privé à but lucratif ! Car il faut être bien clair, notre système de santé n’a jamais été vraiment public. De Jean Rochon à Christian Dubé en passant par Philippe Couillard et Gaétan Barrette, chacun leur tour avec leur réforme, ils ont choisi de faire toujours plus de place au privé dans un système de moins en moins public.

Avant même de prendre le nom de CSN, en 1960, la CTCC revendiquait l’instauration d’un régime public de soins de santé et de services sociaux. Cette revendication visait d’abord à assurer à toute la population l’ensemble des soins requis sans égard à ses moyens financiers et sans devoir contracter de lourdes dettes. Cet objectif demeure au cœur de l’engagement de la CSN, raison pour laquelle elle fait encore aujourd’hui de la défense du service public l’une de ses priorités.

Si le privé fonctionnait, on le saurait !
Ce ne sont pas les exemples d’inefficacité du secteur privé à but lucratif en santé et services sociaux qui manquent. En voici quelques-uns.

Pénuries de main-d’œuvre :  Les établissements privés à but lucratif font partie du problème de la pénurie de main-d’œuvre qui sévit dans les établissements publics. Où ces entreprises privées trouvent-elles leurs salarié-es, si ce n’est dans les établissements publics ?

Les agences de placement privées pullulent. Elles offrent souvent à leur personnel de meilleurs salaires que le secteur public. Ces travailleuses et travailleurs du secteur privé ont aussi un meilleur contrôle sur leur horaire de travail, ce qui a pour conséquence que seuls les salarié-es du public subissent les heures supplémentaires obligatoires. Aussi, certains établissements sont devenus carrément dépendants de ces entreprises qui engrangent les profits. En 2022, près d’un milliard de dollars de fonds publics ont été versés aux agences…

Des coûts plus élevés : Le gouvernement se veut rassurant en affirmant que l’assurance-maladie continuera de payer même quand les services seront donnés dans les futurs hôpitaux privés. Il s’agit toutefois de fonds publics, donc de l’argent des contribuables. Or, en santé et services sociaux, le privé coûte plus cher. C’est comme ça partout dans le monde. Plus les États font place au privé, plus la facture globale en santé est élevée quand on additionne les dépenses privées et publiques. Encore tout récemment, l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) démontrait que les chirurgies coûtent plus cher au privé qu’au public. La multiplication de frais accessoires réclamés par les cliniques privées, l’explosion des coûts des régimes d’assurances complémentaires ou encore les frais exorbitants exigés par des centres d’hébergement privés qui exploitent leurs travailleuses et leurs travailleurs donnent un bon indicateur du coût réel des services dans le secteur privé à but lucratif.

Où sont les résultats ? Celles et ceux qui font la promotion de la marchandisation en santé nous serinent également que le privé est plus performant, plus innovant. Cela reste à démontrer… Prenons le cas des groupes de médecine familiale (GMF), gérés par le privé. Ceux-ci ont été mis sur pied il y a déjà plus de 20 ans, rappelons-le, comme une solution aux problèmes d’accès à la première ligne pour la population. Ce faisant, les gouvernements ont miné considérablement le rôle des CLSC publics qui, dès leur création, devaient et devraient encore être LA porte d’entrée du système pour toute la population. Par conséquent, ce sont non seulement les services médicaux qui sont moins accessibles aujourd’hui en CLSC, mais également les services psychosociaux : on constate en effet une baisse de plus de 50 % du nombre d’heures de consultation en psychothérapie offertes dans les CLSC publics depuis la création des GMF.

La privatisation, c’est aussi dans les services de l’ombre. Est-il normal qu’un établissement public de santé fonctionnant 24 heures sur 24, 7 jours par semaine, ne puisse compter entièrement sur son propre personnel pour entretenir et réparer les installations et les bâtiments ? Une enquête menée au CHUM il y a quelques années montrait clairement qu’il coûtait quatre fois plus cher à l’établissement d’avoir recours à des sous-traitants plutôt qu’à ses propres ouvriers. Il faut savoir que les ouvriers du secteur public, comme presque tous les autres salarié-es de l’État, gagnent un meilleur salaire dans le secteur privé, pour le même travail.

Pour la CSN, l’enjeu de l’accès aux soins de santé et aux services sociaux pour toute la population devra être ardemment défendu au cours des prochains mois. La confédération propose plusieurs solutions réalistes pour améliorer le réseau public. Pour les consulter, c’est par ici !

Un congrès rassembleur

Le 67e Congrès de la CSN a marqué les retrouvailles des membres de la confédération six ans après le dernier à s’être tenu en personne, en 2017. L’enthousiasme était proportionnel à l’attente ; les gens ont été revigorés par le contact humain et par la présentation visuelle impressionnante sur un immense écran qui prenait toute la largeur de la salle.

« L’atmosphère était intense, c’était agréa­ble. C’est ce que je voulais, un congrès le fun, ce qui ne l’a pas empêché d’être en tous points démocratique, avec plusieurs débats et même une élection ! », commente Caroline Senneville, présidente de la CSN réélue après un vote contre un candidat imprévu, Cheikh Fall, président du Syndicat des travailleuses et des travailleurs de Bridor–CSN. Ce dernier s’est rallié devant le congrès et les délégué-es ont chaudement applaudi la réélection de Caroline Senneville.

Bons débats
« Je sens une grande adhésion aux deux sujets principaux abordés par le congrès : la transformation et la protection des emplois ainsi que le rapport de force », se réjouit Caroline Senneville. Les ateliers sur les propositions ont permis aux congressistes de mener des réflexions intéressantes qui ont ensuite été rapportées en plénière. L’analyse du rapport de force est selon eux primordiale. La prise en compte d’éléments conjoncturels – pénurie de main-d’œuvre, télétravail, nouveaux membres, etc. – permet de s’ajuster en conséquence. Le rapport de force doit être travaillé en continu et non seulement en période de négociation. La construction d’alliances, l’information et la vie syndicale sont aussi des éléments majeurs pour le maximiser.

Comité exécutif de la CSN réélu pour 2023-2026 : Katia Lelièvre, 3e vice-présidente ; David Bergeron-Cyr, 2e vice-président ; François Enault,
1er vice-président ; Yvan Duceppe, trésorier ; Nathalie Arguin, secrétaire générale ; Caroline Senneville, présidente.

En ce qui concerne les conséquences de la transformation des emplois entraînée par les changements climatiques et démographiques, par les progrès technologiques, par la robotisation et l’intelligence artificielle et par la délocalisation des emplois, les congressistes ont insisté sur « l’importance d’écouter les gens qui sont au cœur de la machine » afin de s’assurer d’une transition durable et juste qui ne laisse personne derrière. Ils ont aussi réclamé plus de moyens pour pouvoir accompagner les travailleuses et les travailleurs dans ces transformations. La présidente note par ailleurs la solidarité des congressistes de différents secteurs qui ont atteint un consensus en environnement, faisant ainsi preuve de beaucoup d’ouverture et d’écoute.

Une grande solidarité s’est également exprimée durant ce congrès lors de la rétrospective des luttes et de l’accueil des nouveaux syndicats. Le dernier passage à un congrès de la CSN du président du Syndicat de l’usine d’Olymel de Vallée-Jonction, Martin Maurice, fut pour sa part très émotif en raison de la fermeture imminente de l’usine de 1 100 employé-es.

Enfin, pour faire connaître l’apport des syndicats dans la société québécoise, le congrès propose de mieux partager les bons coups, de travailler à contrer la désinformation et de s’affirmer davantage sur la place publique.

Et fait particulièrement intéressant à noter, il a été décidé de tenir des états généraux du syndicalisme après qu’une volonté claire en ce sens a été exprimée.

Santé financière solide
Bonne nouvelle sur le plan du budget : la santé financière de la CSN se porte bien. On note un excédent du budget de fonctionnement pour le mandat précédent qui a entre autres choses permis à la CSN d’investir dans de nouvelles ressources, comme dans un programme temporaire de mentorat pour assurer la transmission adéquate des connaissances et du savoir-faire à la nouvelle cohorte de conseillères et de conseillers syndicaux.

Quelque 2 000 participantes et participants ont pris part au congrès, un nombre que l’on n’avait pas vu depuis longtemps. « J’espère qu’il y aura encore plus de monde au prochain ! », conclut la présidente.

La solidarité syndicale au-delà de la langue

Depuis près d’un an, le Syndicat des travailleuses et travailleurs du Hilton Garden Inn–CSN accueille une quinzaine de réfugié-es ukrainiens parmi ses membres.

Leur arrivée a nécessité une certaine adaptation, puisque la plupart ne parlaient ni le français ni l’anglais, explique la vice-présidente du syndicat, Malak Perron-Duclos. « Les communications se passent avec les moyens du bord : un bon vieux téléphone cellulaire et l’outil de traduction Google. Les sourires et les pouces en l’air font aussi le travail ! »

La grande majorité des réfugié-es sont des femmes venues ici pour fuir la guerre, leur conjoint étant demeuré au front. « Nous ne connaissions ni la CSN, ni nos droits, ni les éléments du contrat de travail. C’est un nouveau pays, une nouvelle langue, un nouveau contexte », raconte Irene, arrivée au pays il y a 11 mois. C’est agréable de savoir que nous pouvons compter sur des gens pour nous aider. » Tout comme ses collègues préposées aux chambres, plongeurs, cuisinière et préposés à l’entretien, Irene suit des cours de français, selon un horaire adapté à son quart de travail.

Nouvelle culture… syndicale !
En pleine négociation, le syndicat a fait traduire en russe les tracts, les macarons et les différentes communications destinées à ses membres. « Nous avons réussi à les intégrer aux activités syndicales. Ils participent aux assemblées et posent des questions », se réjouit Élisabeth Béfort-Doucet, conseillère syndicale à la Fédération du commerce–CSN. Certains ont porté le macaron même si la plupart se sont montrés assez timides face aux activités de mobilisation.

Nous essayons de leur expliquer qu’il ne faut pas avoir peur de perdre son travail, précise Malak Perron-Duclos. Nous ne voulons pas les brusquer. C’est vraiment important que toutes et tous se sentent soutenus dans ce grand changement », résume la vice-présidente du syndicat.

L’organisation recherche d’ailleurs une militante ukrainienne qui pourrait aider à la traduction des outils de communication.

La formule écolo gagnante

Avec le guide Soyons écolos qu’ils peaufinent depuis 2013, les syndiqué-es CSN du départe­ment de chimie du Cégep de Trois-Rivières ont trouvé la formule gagnante pour se voir décerner le prix SPHERE 2023. Mais d’où vient donc le caractère écologique exemplaire de leur projet ?

Laboratoires verts
Soyons écolo balise les procédures de traitement des déchets dans les laboratoires étudiants. Que ça soit par la neutralisation des différentes solutions qui doivent être expulsées dans les égouts, par la récupération et le recyclage de tous les produits organiques ou par la réutilisation des solvants employés en classe, le personnel et les élèves du département de chimie maîtrisent l’art de bien verdir leur laboratoire d’école.

« Ce qui est vraiment innovateur dans notre département, c’est la gestion logistique du programme, explique Suzie Cloutier, enseignante de chimie dans ce cégep. On s’organise pour que les déchets organiques d’un laboratoire soient récupérés, repurifiés, et réutilisés lors d’un autre laboratoire. Nous déployons la séquence pour qu’il y ait le moins de déchets possible et qu’on puisse récupérer autant que faire se peut. »

Réactions jubilatoires
En sillonnant les corridors du département, on remarque que la fierté des membres face à cette reconnaissance est palpable. « Nous sommes touchés que notre projet nous ait permis de remporter un prix pour l’environnement, se réjouit Francis Cloutier, technicien en travaux pratiques au Cégep de Trois-Rivières. Ça nous donne un petit boost pour continuer à mettre en application nos bonnes pratiques et à améliorer notre gestion des matières dangereuses. »

Décerné par le Conseil central du Cœur du Québec–CSN, le prix SPHERE, qui en est maintenant à sa sixième édition, récompense un syndicat de la région pour la réalisation d’un projet environnemental dans son milieu de travail.

Agir pour la reconnaissance et l’inclusion

Créé par une résolution du congrès en 2011, le groupe de travail sur les réalités autochtones de la CSN a œuvré, en collaboration avec plusieurs organisations autochtones partenaires, afin de lancer un ambitieux plan d’action visant à outiller et à mobiliser toutes les composantes du mouvement pour agir contre la discrimination envers les Autochtones et pour le respect de leurs droits.

Adopté par le conseil fédéral en février dernier, ce plan d’action promeut notamment la sensibilisation des membres de la CSN à la réalité des Autochtones ainsi que leur inclusion dans les syndicats et les instances du mouvement.

our télécharger la brochure – aussi disponible en version papier sur commande – ou pour en apprendre plus sur la longue histoire d’appui aux peuples autochtones par la CSN, rendez-vous au https://www.csn.qc.ca/autochtones.

Boutique de la CSN : Affichez vos couleurs

Lancée au début de la pandémie, la boutique en ligne de la CSN connaît un franc succès depuis sa création. On y trouve une variété de produits aux couleurs de notre centrale, tous vendus au prix coûtant.

La boutique reprend le matériel promotionnel de la CSN déjà existant et élargit l’offre. Aux traditionnelles tuques s’ajoutent casquettes, chandails, bouteilles d’eau, sacs, carnets de notes, épinglettes et écussons. En 2021, une collection du centenaire se greffe à la boutique pour offrir, entre autres choses, des verres de bière rendant hommage aux manifestantes et aux manifestants qui ont marqué notre mouvement depuis la naissance de la CSN il y a un siècle.

L’ensemble des produits respecte le programme d’approvisionnement responsable de la CSN.