Les professeur-es à la défense de leur liberté académique

Le Syndicat des professeur-es du Collège François-Xavier-Garneau dénonce la mise en demeure transmise au Cégep Garneau par le Séminaire des Pères Maristes en lien avec l’affaire qui a défrayé les manchettes au cours des derniers mois. Dans cette mise en demeure, le Séminaire accuse deux professeur-es d’avoir porté atteinte à la réputation du Séminaire et demande au Cégep de prendre les dispositions pour que cesse toute atteinte à la réputation du Séminaire de la part de ses professeur-es. Le Syndicat interprète cette mise en demeure comme une tentative d’amener l’employeur à poser des gestes de nature à porter atteinte à la liberté académique de ses membres.

La première personne visée par la mise en demeure est professeure de psychologie. Elle est intervenue publiquement l’été dernier pour dénoncer la volonté du Séminaire des Pères Maristes qui envisageait alors de réintégrer certains des élèves ayant diffusé des images à caractère sexuel mettant en scène d’autres élèves du Séminaire. La seconde personne visée est professeur de philosophie. Dans le cadre d’un cours d’Éthique et politique, il a demandé à ses étudiantes et étudiants de rédiger une dissertation où ils devaient prendre position à savoir si, d’un point de vue éthique, le Séminaire des Pères Maristes devrait ou non réintégrer les élèves visés par l’enquête policière menée dans cette affaire. Dans les deux cas, le Séminaire allègue que la démarche des professeur-es a porté atteinte à sa réputation.

Or, du point de vue du Syndicat des professeur-es, les deux professeur-es visés n’ont fait qu’exercer leur liberté académique. En tant que membres du personnel enseignant d’un établissement d’enseignement supérieur, les professeur-es de cégep ont le droit d’exprimer librement leur opinion sur des questions d’intérêt public, de même que le droit à la liberté d’enseignement et de discussion. Ces droits doivent pouvoir s’exercer sans crainte de représailles ni de répression de la part de l’employeur, de l’État ou de quelque autre personne physique ou morale.

Le Syndicat des professeur-es tient à souligner que, jusqu’ici, la réaction du Cégep Garneau à la mise en demeure a été exemplaire : celui-ci n’a posé aucune action qui aurait pu constituer une atteinte à la liberté académique. Cependant, le Syndicat tient à affirmer haut et fort qu’il soutiendra ses membres face à toute atteinte ou tentative d’atteindre à leur liberté académique.

Les travailleurs de Merinov votent la grève

Rien ne va plus à Merinov, le plus important centre intégré de recherche appliquée dans les domaines de la pêche, de l’aquaculture, de la transformation et de la valorisation des produits aquatiques au Canada. Les négociations piétinent depuis plus d’un an. Exaspérés par l’attitude de leur employeur, les travailleuses et travailleurs ont voté hier soir à 93 % en faveur de la grève générale.

Estelle Pedneault, présidente du Syndicat des travailleuses et travailleurs de Merinov, espère que ce vote massif sera un signal entendu par la direction. « L’employeur souhaite un recul de nombreuses conditions de travail et vise ainsi à précariser ses employé-es. C’est inacceptable! Nous sommes sa principale ressource et nous sommes ici pour innover. Il doit s’ouvrir au dialogue et s’asseoir à la table de négociation. Il en va des relations de travail des prochaines années », souligne-t-elle.

« La situation est aberrante et s’apparente à une négociation de mauvaise foi. D’un côté, l’employeur réclame plusieurs concessions, mais d’un autre côté, il décline presque toutes les offres de rencontre. Il refuse simplement de négocier », précise, pour sa part, Caroline Quesnel, présidente de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQCSN).

Serge St-Pierre, vice-président du Conseil central de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine (CCGIMCSN), espère que cette grève sera évitée, mais, ajoute-t-il, « si Merinov fait la sourde oreille, nous serons là pour épauler ces travailleuses et ces travailleurs. Toutes les ressources du conseil central seront mobilisées, et ce n’est pas peu dire ».

Le comité de négociation du syndicat a dernièrement soumis quatorze dates pour relancer la négociation. Merinov n’a pas daigné répondre aux représentantes et représentants des salarié-es pendant trois semaines, avant de finalement accepter un unique rendez-vous en conciliation. Si l’impasse persiste, tous les outils seront utilisés, notamment la grève, pour ouvrir la voie à une convention collective satisfaisante et respectueuse des travailleuses et des travailleurs.

Réaction de la FNEEQ à la nomination de Jean-François Roberge

La Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQCSN) prend acte de la nomination de Jean-François Roberge à titre de ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur et annonce qu’elle sollicitera rapidement une rencontre avec lui afin d’échanger sur des enjeux qui touchent de près les 35 000 enseignantes et enseignants membres de la fédération.

Lors de la campagne électorale, la Coalition avenir Québec s’est engagée à travailler en collaboration avec les syndicats lors de l’élaboration et de la mise en œuvre de stratégies, de politiques et de plans d’action liés à l’éducation. Dans ce contexte et face à l’ampleur des transformations annoncées, la FNEEQ–CSN tient à assurer au nouveau ministre sa pleine coopération.

« Si la CAQ respecte ses engagements en réinvestissant dans les écoles, les universités et en consolidant les cégeps en régions, le Québec sortira enfin de 15 années de grande noirceur. Mais nous resterons vigilants. Le mal-financement des établissements d’enseignement a provoqué tellement de problèmes que mettre fin au scepticisme des enseignants et des enseignantes est en soi un défi. Les changements devront s’inspirer d’une vision humaniste et citoyenne de l’éducation et de l’enseignement supérieur », soutient Caroline Quesnel, présidente de la FNEEQ–CSN.

De nombreux enjeux ont été soulignés par la FNEEQ durant les dernières semaines. Le rapprochement souhaité par la CAQ entre l’entreprise privée et les établissements d’enseignement est décrié par le secteur depuis toujours. « Nous nous tiendrons à l’affût et nous rappellerons au ministre sa promesse d’être à l’écoute de notre milieu afin qu’il prenne des décisions bénéfiques pour les communautés et l’ensemble de la société québécoise », conclut Caroline Quesnel.

Quel avenir pour les travailleuses et les travailleurs des services publics?

Réunis à Québec pour un forum de consultation en préparation de la prochaine ronde de négociation, près de 500 travailleuses et travailleurs du secteur public, membres de la CSN, se sont rassemblés aujourd’hui sur la colline Parlementaire pour interpeller l’ensemble des élu-es de l’Assemblée nationale sur l’état de nos services publics à la suite des compressions budgétaires des dernières années.

Ces femmes et ces hommes, qui ont choisi de travailler dans les réseaux de l’éducation, de la santé et des services sociaux et dans les organismes gouvernementaux, sont venus témoigner de la détérioration importante de leurs conditions de travail et des graves impacts des politiques d’austérité sur les services à la population. « Nous sommes ici aujourd’hui pour dire au nouveau gouvernement que l’opération de démantèlement de l’État, entreprise par Jean Charest en 2003, doit cesser. L’élu qui sera nommé demain à la présidence du Conseil du trésor devra se rappeler que les mesures d’austérité sont en grande partie responsables de la défaite cuisante des libéraux. Tout au long de la campagne électorale, la CAQ a affirmé qu’elle incarnait le changement. Maintenant, qu’elle le prouve en réinvestissant massivement dans les services publics », a lancé Caroline Senneville, vice-présidente de la CSN, responsable de la négociation des secteurs public et parapublic.

Une restructuration catastrophique
Dans le réseau de la santé et des services sociaux, les conséquences désastreuses de la réforme Barrette ne sont plus à démontrer. « La création de mégas structures découlant des fusions d’établissements a entraîné une réelle et malheureuse déshumanisation des services. Le travail n’est plus le même, l’autonomie professionnelle s’est érodée. Nous demandons à l’éventuel ministre de la Santé de considérer l’expertise des professionnel-les et des techniciennes et techniciens, afin que leur travail reprenne tout son sens », a ajouté Ginette Langlois, présidente de la Fédération des professionnèles (FP–CSN).

Au cours de la dernière année, de nombreux cris du cœur ont été lancés par des travailleuses et des travailleurs du réseau. Jeff Begley, président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN), a dit espérer que le nouveau gouvernement réalise rapidement l’ampleur de la crise. « La détresse du personnel est bien réelle. Elle résulte d’une accumulation de problèmes : pénurie de personnel, surcharge, dévalorisation du travail, etc. Nous avons des solutions concrètes à proposer au nouveau gouvernement. En espérant qu’il ait plus d’écoute que le précédent envers celles et ceux qui sont au cœur des services. »

Des idées qui inquiètent
Les coupes budgétaires de l’ère libérale ont aussi fait mal dans les organismes gouvernementaux et dans le réseau de l’éducation. Les effets se font toujours sentir, en particulier chez le personnel de soutien dans les écoles et les cégeps qui ont vu une dégradation importante de leurs conditions de travail. « Avec l’accroissement de la précarité et la multiplication des tâches, il devient de plus en plus difficile de recruter des personnes pour travailler dans les établissements d’enseignement. Une chose est sûre : le déséquilibre qui résulterait d’une éventuelle abolition des commissions scolaires ne ferait qu’aggraver la situation. Nous ne voulons surtout pas d’une réforme Barrette en éducation », a affirmé Nathalie Arguin, présidente de la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP–CSN).

Pour Caroline Quesnel, présidente de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN), la grande proximité de la CAQ avec l’entrepreneuriat et son penchant avoué pour le secteur privé engendrent aussi leur lot d’inquiétudes. « Dans le réseau de l’éducation, particulièrement dans les cégeps, la question de la précarité des enseignantes et des enseignants est criante et nous dénonçons, depuis quelques années, les pressions exercées pour subordonner la formation aux « besoins du marché ». Nous croyons, au contraire, que la force des cégeps réside dans le caractère national de ses programmes et de ses diplômes. Cette cohésion est soutenue par l’expertise et la compétence de nos enseignantes et de nos enseignants. »

Avant de quitter la colline Parlementaire, les manifestants ont tenu à rappeler au nouveau gouvernement que le secteur public a grandement contribué et contribue toujours au développement du Québec et que les travailleuses et les travailleurs des réseaux de l’éducation, de la santé et des services sociaux et des organismes gouvernementaux seront là pour défendre les services à la population au cours des prochains mois et des prochaines années.

De thème à valeurs fondamentales

On consacre souvent beaucoup de temps à leur création, on y réfléchit longuement, on en discute en équipe, on pèse chacun des mots utilisés, on essaie de les rendre significatifs, mobilisateurs, encourageants et uniques : les thèmes.

Au printemps dernier, les fédérations de la CSN tenaient leur congrès. Et au cœur de ces instances, on retrouvait un thème central autour duquel tournaient les propositions et les recommandations. Parfois, même l’ambiance et les activités des congrès sont guidées par le thème choisi. Mais ces fameux thèmes, que veulent-ils dire exactement ? Qu’essaie-t-on de communiquer aux membres et aux délégué-es ? Sont-ils de simples « lignes » de communication ou ont-ils un rôle plus important ? Les fédérations se sont prêtées au jeu de lever le voile sur les questions entourant ces fameux thèmes.

David Bergeron-Cyr (FC–CSN), Ginette Langlois (FP–CSN), Caroline Quesnel (FNEEQ–CSN), Jeff Begley (FSSS–CSN), Pierre Brassard (CSN-Construction). Derrière : Nathalie Arguin (FEESP–CSN), Louis Bégin (FIM–CSN), Pascale St-Onge (FNC–CSN) | Photo : Michel Giroux

FEESP : Mon quotidien, j’y vois. Mon syndicat, j’y crois.
« Le choix de notre thème de congrès est le fruit de la consultation interne de plus d’une centaine de per­son­nes, du comité exé­cutif aux militantes et militants des secteurs et comités, en passant par le bureau fédéral et des salarié-es de l’équipe, explique Nathalie Arguin, présidente de la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP–CSN). Notre thème est bien ancré dans le présent et dans l’action. Il reflète notre approche collective et inclusive dans la dispensation de nos services, démontre le travail quotidien des militantes et militants auprès des membres. Finalement, il exprime la rigueur dans le travail et la confiance en l’action syndicale comme le meilleur moyen pour faire avancer les droits des travailleuses et travailleurs. Nous voulions un thème dynamique, qui fait ressortir le fait que nous sommes en mouvement et sur le terrain. »

FIM : Nos membres au cœur  de nos actions
« Notre thème ? Je crois qu’il dit tout, rigole André Miousse, vice-président à la vie syndicale de la Fédération de l’industrie manufacturière (FIM–CSN). Mais je vais quand même essayer de l’expliquer. La FIM existe grâce aux membres qu’elle représente. Et j’insiste sur le choix du mot “représente”. Pour moi, l’objectif premier de la fédération, ce doit être les services aux membres. Nous devons nous assurer de répondre à leurs attentes et non l’inverse, d’où l’importance de l’idée de “représentation”. Pour la partie “au cœur de nos actions”, nous avons constaté que trop souvent les structures deviennent lourdes. Il était donc important de retourner vers la base, notre base, parce que nous sommes toutes et tous des militants avant toute chose. Nous avons décidé d’arrêter le dédoublement des structures et de nous concentrer sur les services directs aux membres. En bref, ce qui est “au cœur de notre action”, c’est l’amélioration des conditions de vie des travailleuses et travailleurs. Il ne faut jamais oublier d’où on vient si on veut savoir où on s’en va. Pour la partie “nos membres”, nous avions le souhait que tous les membres s’approprient leur fédération. »

Visuels des congrès de la FIM, de la FNEEQ, de la FP, et de la FSSS

FC : Combattre à vos côtés
« Dans un contexte de morosité syndicale, et même de cynisme à l’égard du mouvement ouvrier, notre fédération a choisi de se recentrer sur ses racines, soit le syndicalisme de combat, explique David Bergeron-Cyr, président de la Fédération du commerce (FC–CSN). La combativité est une caractéristique qui distingue depuis longtemps la CSN d’autres organisations syndicales. Pour la FC–CSN, le syndicalisme de combat doit privilégier l’action collective par rapport au traitement individuel des dossiers. L’action collective qui nous caractérise est présente lors des négociations des conventions, mais une fois réglées, toute l’action syndicale est principalement dirigée vers la défense individuelle. Nous voudrions axer le militantisme syndical vers le développement du “savoir être” des camarades, afin qu’ils écoutent les problèmes de leurs membres et développent la solidarité dans leurs milieux de travail. Tous les problèmes vécus par nos membres ne se régleront pas par l’action collective, et tous les syndicats n’ont pas la capacité de régler leurs problèmes par l’action collective. C’est pourquoi la FC–CSN sera “à vos côtés” et accentuera sa présence sur le terrain. Car pour elle, le syndicalisme de combat est le moyen privilégié pour développer une conscience de classe et un sentiment d’appartenance des camarades envers leur syndicat. »

FNEEQ : Élargir l’horizon des possibles
« Lorsqu’est venu le moment de choisir le slogan du con­grès, nous voulions réunir dans une même formule deux dimensions, indique Caroline Quesnel, présidente de la Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec (FNEEQ–CSN) : la portée du travail quotidien des enseignantes et des enseignants dans leur milieu, ainsi que le sens de leur engagement dans la vie syndicale. Le thème retenu témoigne de notre volonté de travailler ensemble afin de concevoir une alternative crédible et applicable aux propositions de la droite politique et économique. Nous voulons trouver d’autres “possibilités” pour contrer les idéologies dominantes qui imposent un système politique injuste et inéquitable et qui privilégient les finances au détriment de l’humain. Finalement, ce thème est surtout une invitation à se retrousser les manches et à trouver des solutions qui tiennent compte des préoccupations des femmes et des hommes, de leurs idées et de leur environnement. Les congrès sont des lieux privilégiés pour développer ces réflexions, pour ensuite les faire vivre au sein des syndicats qui les transmettront à leurs membres qui, à leur tour, les partageront avec leur famille et leurs proches. Ainsi, nous arriverons véritablement à “élargir l’horizon des possibles”. »

FNC : Des libertés à défendre
« Nous avons choisi ce thème, car les travailleuses et les travailleurs que nous représentons œuvrent dans des secteurs protégés par des droits et libertés inscrits dans nos chartes, soit la liberté de presse, le droit du public à l’information et la liberté d’expression, explique Pascale St-Onge, présidente de la Fédération nationale des communications (FNC–CSN). Or depuis plusieurs années, la culture et les médias vivent de graves difficultés économiques et structurelles. Les plateformes numériques étrangères dévalorisent nos productions journalistiques et artistiques, en les offrant gratuitement aux usagers, le plus souvent sans aucune forme de rétribution, en plus de capter les revenus, qui autrefois finançaient nos productions. Alors, au-delà des emplois à défendre, ce sont les fondements même de notre société qui sont en péril. Qui seront nos yeux et nos oreilles dans les lieux de pouvoir d’où nous sommes autrement exclus si le journalisme professionnel continue de dépérir faute de moyens ? Comment vivrons-nous notre culture, si nos institutions culturelles, nos artistes et nos artisans continuent d’être sous-financés ? Ainsi, la FNC–CSN doit mener ces importants combats pour défendre des libertés et des droits fondamentaux que notre société tient trop souvent pour acquis. »

Visuels des congrès de la CSNConstruction, de la FC, de la FEESP, et de la FIM

FP : Ma profession. Ma fédération. Notre force collective.
« Comme fédération multisectorielle, nous représentons une grande et belle diversité de professionnels œuvrant dans différents milieux de travail, présente Ginette Langlois, présidente de la Fédération des professionnèles (FP–CSN). Ce qui nous unit, c’est justement cette condition “professionnelle”, que l’on soit techniciens, bacheliers, maîtres ou docteurs. Tous ensemble nous cumulons une somme importante d’expertises différentes qu’il nous faut à tout prix mettre à profit lors de notre action syndicale. Cette diversité constitue une richesse pour notre action collective, de la même façon que notre identité professionnelle influence et teinte notre action collective. Nous avons aussi souhaité un congrès tourné vers les préoccupations qui touchent nos membres dans leur pratique professionnelle et qui leur permet, par l’action collective, de sortir de l’isolement afin qu’ensemble nous puissions faire avancer nos conditions. Une large majorité des professionnels ont tendance à s’isoler et à ne pas voir la pertinence de l’action syndicale, percevant leurs connaissances et leurs compétences comme les principaux outils de négociation de leurs conditions de travail. Ainsi, notre thème porte le message que la FP peut être un lieu de mise en commun et le vecteur de leur action collective porteuse de changement. »

FSSS :Déterminées
« Au courant des quatre dernières années, nous avons tous été témoins de la détermination des docteurs Couillard et Barrette et de l’équipe du gouvernement libéral à démanteler le réseau de la santé et des services sociaux, ainsi que celui des services de garde, souligne Jeff Begley, président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN). Du même coup, à la FSSS, nous avons constaté que le rempart face à leurs attaques reposait sur la résilience exceptionnelle du personnel qui continue jour après jour de faire un travail exceptionnel dans des conditions qui varient entre difficiles et exécrables. Dans ce contexte, les délégués-es du congrès ont amorcé des discussions pour que nos voix soient entendues et respectées. Nous sommes déterminés à remettre nos réseaux sur les rails. Pour y arriver, les dirigeants des réseaux et le gouvernement doivent faire preuve d’une réelle écoute. Nous avons des solutions pour la pénurie de main-d’œuvre, pour les problèmes criants de santé et sécurité au travail, pour le manque de prévention dans nos établissements, pour retrouver la satisfaction du travail bien accompli. Nos vis-à-vis doivent renouer avec le dialogue et avec la négociation. Ainsi, nous nous promettons d’être déterminés à nous mettre en mode transformation, pour nous et pour nos réseaux de travail. »

Viser juste avec la CSN–Construction
« Ça bouge dans l’industrie de la construction, annonce Pierre Brassard, président de la CSN–Construction. La nette augmentation des heures travaillées par l’ensemble des salarié-es de l’industrie en témoigne. Dans ce contexte en effervescence, les travailleuses et les travailleurs ont besoin d’une fédération à leur image. Une fédération proche de ses membres. Une fédération qui comprend leurs besoins et qui sait y répondre efficacement. Avec la nouvelle CSN–Construction, ils ne se trompent pas. C’est ça que traduit notre thème de congrès 2018. »

Le Conseil central du Cœur-du-Québec dévoile le gagnant du concours Sphere

Le Syndicat des enseignantes et enseignants du Collège Shawinigan–CSN a remporté le prix du concours SPHERE, qui était organisé pour la troisième année par le Conseil central du Cœur du Québec afin d’honorer une réalisation syndicale ou paritaire en environnement.

C’est la création de jardins collectifs sur le campus qui a permis au syndicat et au comité paritaire en environnement de décrocher le prix. Ces jardins embellissent le campus, nourrissent sa communauté, servent de lieu de regroupement, et combattent les îlots de chaleur dans une région excessivement bétonnée.

Lettre au premier ministre sur l’éducation et l’enseignement supérieur

Monsieur le Premier Ministre,

En tant que nouveau premier ministre, vous serez bientôt appelé à nommer un ou deux ministres de l’Éducation, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Ce sera l’occasion de réaffirmer la mission de l’éducation de la société québécoise mise en place dans la foulée du rapport Parent : une éducation qui doit permettre à chacun de développer son plein potentiel et contribuer à son épanouissement. Il est fondamental de rappeler cette mission alors que notre système d’éducation est fragilisé par une logique marchande qui se traduit notamment par une concurrence entre les écoles et entre les établissements d’enseignement supérieur.

Dans son dernier rapport sur l’état et les besoins de l’éducation, le Conseil supérieur de l’éducation mentionne que la justice sociale à l’école et les valeurs que nous défendons collectivement sont en péril. Nous vous invitons à faire preuve de courage et à répondre à ce cri d’alarme du Conseil supérieur. Oui, cela prendra du courage pour éveiller la conscience des Québécoises et des Québécois sur le fait qu’au lieu d’atténuer les inégalités sociales, notre système scolaire à plusieurs vitesses contribue à leur reproduction.

Deux idées phares de votre programme en éducation nous font craindre pour la suite des choses. D’abord, l’implantation de la maternelle 4 ans dans toutes les écoles mettrait en péril le réseau des CPE et des responsables d’un service de garde en milieu familial reconnues, privant ainsi les jeunes enfants de services éducatifs de qualité. Cela irait à l’encontre de votre objectif d’une intervention précoce. Puis, l’abolition des commissions scolaires serait tout aussi dangereuse alors qu’elles ont pour fonction de répartir les ressources de façon équitable en tenant compte des besoins exprimés par les établissements sur leur territoire ainsi que des inégalités sociales et économiques auxquelles ils sont confrontés. La création de centres de service aux écoles nous apparaît comme un prélude à la sous-traitance, particulièrement pour le personnel de soutien. Lors de votre conférence de presse au lendemain des élections, vous avez démontré une certaine ouverture au dialogue auquel nous souhaitons ardemment participer.

Il y a quelques années, vous avez tenu des propos fort malheureux sur les cégeps, et nous nous réjouissons que votre opinion ait changé. Votre engagement à modifier le mode de financement des cégeps pour entre autres consolider les établissements en région est certainement positif. Nous croyons que la réforme de leur financement doit également prévoir un plancher minimum de services pour le personnel de soutien et pour le personnel professionnel. Une révision du financement de la formation continue et des études à temps partiel est aussi nécessaire afin d’en assurer la gratuité et d’offrir les mêmes services aux étudiantes et étudiants inscrits dans ces programmes. De plus, il faut octroyer les mêmes conditions de travail aux enseignantes et enseignants de la formation continue qu’à leurs collègues de l’enseignement régulier.

Par ailleurs, nous tenons à faire une mise en garde contre votre intention de donner plus de flexibilité aux collèges dans l’élaboration des programmes afin de maximiser l’adéquation entre les formations offertes et les besoins de main-d’œuvre de la région. La variabilité d’un programme technique d’un collège à l’autre risquerait d’affecter la reconnaissance du diplôme national et de réduire la mobilité des diplômés. De plus, la formation collégiale doit permettre d’acquérir des connaissances et des compétences techniques qui transcendent le temps et les besoins des entreprises, c’est d’ailleurs la raison pour laquelle les cours de la formation générale revêtent une si grande importance.

La récente politique de financement des universités prévoit la déréglementation des droits de scolarité des étudiantes et étudiants internationaux. Une telle mesure augmenterait la concurrence entre les établissements, les inégalités de financement (au détriment des universités francophones) et les risques d’un désengagement de l’État. Nous vous demandons de retirer cette mesure. Nous pensons également que la nouvelle politique devrait être bonifiée de manière à mieux tenir compte des services à offrir aux étudiants à temps partiel et à ceux ayant des besoins spécifiques. Interpellé sur le financement des universités, vous avez exprimé votre intention de miser sur une collaboration plus étroite entre le secteur privé et les universités. Vous ne serez pas étonné que nous exprimions notre réticence, l’influence du secteur privé nous semblant déjà trop forte, particulièrement dans le financement et le choix des activités de recherche.

L’ascendant du secteur privé est manifeste également dans les pratiques de gestion et d’administration issues de la nouvelle gestion publique qui mettent à mal le principe de collégialité propre à l’enseignement supérieur. Les différents groupes des communautés collégiale et universitaire doivent être représentés et majoritaires au sein des instances décisionnelles ou consultatives. Pour ce qui concerne la représentation des milieux socioéconomiques au sein des conseils d’administration des établissements des réseaux collégial et universitaire, nous vous invitons à faire respecter la lettre et l’esprit des lois sur les cégeps et sur l’Université du Québec afin d’assurer l’ouverture sur le milieu et la démocratisation promises par ces réseaux. De plus, nous souhaitons la création d’un conseil national des universités pour mieux coordonner le développement du réseau universitaire, une orientation que vous avez déjà appuyée. Il va sans dire que ce conseil ne devrait pas conduire à l’implantation de mécanismes d’assurance qualité ni à une standardisation des contenus pédagogiques.

Enfin, nous partageons l’indignation que vous avez manifestée à l’endroit des coupes budgétaires réalisées par le précédent gouvernement et des effets négatifs qu’elles entraînent sur les services aux élèves et aux étudiants. Tous les partenaires en éducation ont réclamé un réinvestissement important en éducation et en enseignement supérieur. Nous serons à l’affût de vos plans budgétaires afin de nous assurer qu’ils reflètent vos promesses et qu’ils répondent pleinement aux besoins du milieu.

Véronique De Sève, vice-présidente de la CSN, , Nathalie Arguin, présidente de la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP–CSN), Caroline Quesnel, présidente de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN) et Ginette Langlois, présidente de la Fédération des professionnèles (FP–CSN)

La CSN représente près de 70 000 personnes œuvrant dans les réseaux de l’éducation et de l’enseignement supérieur et regroupées dans ces trois fédérations.

La FNEEQ-CSN souligne la 25e Journée mondiale des enseignantes et des enseignants

La Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN) s’associe à l’UNESCO, à l’Organisation internationale du travail (OIT) et à l’Internationale de l’éducation pour souligner la Journée mondiale des enseignantes et des enseignants.

Au cours des années, la FNEEQ–CSN a mené maintes luttes locales et nationales pour améliorer les conditions d’exercice de la profession de ses membres et ainsi promouvoir une éducation de qualité.

Au Québec, la précarité du corps enseignant et le recours de plus en plus fréquent à la sous-traitance figurent parmi les préoccupations prioritaires de la fédération. La situation s’est beaucoup détériorée avec les politiques d’austérité des dernières années, ce qui rend pour plusieurs la profession moins attrayante. Il est grand temps pour le gouvernement du Québec d’assurer aux enseignantes et aux enseignants des conditions qui soient à la hauteur du rôle qu’ils jouent dans la société.

« Si François Legault considère véritablement que l’éducation est une priorité du prochain gouvernement, il devra s’assurer d’améliorer les conditions d’exercice à tous les niveaux d’enseignement, de la petite enfance à l’université », souligne Caroline Quesnel, présidente de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN).

Rappelons que le choix du 5 octobre pour souligner la Journée mondiale des enseignantes et des enseignants est lié à la recommandation de l’UNESCO et de l’OIT signée à la même date en 1966. Dans le préambule, la Conférence intergouvernementale spéciale sur la condition du personnel enseignant reconnaissait « le rôle essentiel des enseignants dans le progrès de l’éducation et l’importance de leur contribution au développement de la personnalité humaine et de la société moderne ».

Cap sur l’emploi, les services publics et l’environnement

Alors que la campagne électorale bat son plein, les porte-parole de la FTQ, de la CSN et de la CSQ ont tenu à interpeller les différents partis politiques sur la base des priorités mises de l’avant par les travailleuses et les travailleurs du Québec. Les défis en matière d’environnement, de développement économique, de financement de nos services publics et des conditions de travail des Québécoises et des Québécois figurent au centre de leurs préoccupations.

« Le développement économique du Québec fait face à de nombreux défis qui doivent être conjugués de façon cohérente, indique Daniel Boyer, président de la FTQ. La situation de l’emploi se porte plutôt bien, mais les problèmes de pénuries de main-d’œuvre menacent notre économie. Une politique proactive en matière de francisation et d’intégration au marché du travail des populations immigrantes est primordiale pour le maintien des emplois actuels et pour l’essor du Québec. Le prochain gouvernement devra également adopter les mesures nécessaires afin de nous sortir de l’industrie des hydrocarbures. Nous avons, au Québec, l’expertise et le savoir-faire nécessaires à cette transition énergétique, laquelle est urgente et devra être planifiée et mise en œuvre afin d’être juste pour les communautés et les travailleuses et les travailleurs. Pour ce faire, le prochain gouvernement devra soutenir ces derniers, notamment en matière de formation professionnelle. Il devra aussi s’engager, selon nous, à mettre en place un véritable régime d’assurance médicaments public et universel. »

L’amélioration des conditions de travail et de vie des travailleuses et des travailleurs québécois ne doit pas se résumer à un slogan électoral, estime le président de la CSN, Jacques Létourneau. « Tous les partis politiques semblent faire de la classe moyenne et des familles leur clientèle électorale privilégiée, souligne-t-il. Pourtant, au-delà de micromesures électoralistes ultra-ciblées, nous constatons un manque d’envergure flagrant de la part des partis. On parle très peu d’un salaire minimum qui permettrait à quelqu’un travaillant à temps plein de se sortir de la pauvreté. Pour nous, ça passe par le 15 $ l’heure. La conciliation famille-travail, ça ne peut se résumer qu’à un slogan : il nous faut des mesures concrètes afin de faciliter la vie des familles de la classe moyenne, particulièrement en termes d’horaires de travail et de prise de congé. Et que dire de la question environnementale? Il est désolant de constater, en 2018, à quel point l’environnement est le grand absent de la présente campagne. La lutte contre le réchauffement climatique passe entre autres par un plan de transport collectif cohérent pour l’ensemble de nos régions — et non pas en fonction des gains électoralistes de telle ou telle couronne de Montréal ou de Québec, laissant les autres régions du Québec sur l’accotement en matière de mobilité durable. »

D’autre part, les dirigeants des centrales syndicales réaffirment la nécessité d’un réinvestissement massif dans nos services publics. « Nous sortons d’une période d’austérité qui a mis à mal l’ensemble de la population québécoise, rappelle Sonia Éthier, présidente de la CSQ. Le prochain gouvernement du Québec devra assurer un financement stable de nos services publics. Afin de pallier le manque à gagner engendré par le sous-financement des dernières années, la croissance de ce financement devra être supérieure à celle des coûts de système. Les effets désastreux de la dynamique du financement en yo-yo, on les a constatés, particulièrement auprès de nos aînés et de nos jeunes ayant des difficultés d’apprentissage. Le personnel œuvrant dans les secteurs de l’éducation, de la santé, des services sociaux et des services éducatifs à la petite enfance réclame depuis des années un allégement de leur charge de travail et les ressources nécessaires afin d’assurer de bons services publics. Ça ne peut passer autrement que par l’embauche de personnel supplémentaire afin d’alléger les tâches des salarié-es du secteur public. Non seulement la situation financière du Québec le permet, mais d’autres revenus doivent être récupérés par le gouvernement, notamment par une politique proactive face aux paradis fiscaux. »

En plus de réitérer leur volonté de voir le mode de scrutin révisé afin de renforcer notre système démocratique, notamment par l’adoption d’un système proportionnel mixte, les porte-parole des centrales syndicales invitent les partis à s’engager à instaurer des mesures tangibles visant le soutien à la presse écrite, dans un contexte où les médias d’information vivent des moments particulièrement difficiles.

Un vote massif en faveur de l’entente

Après 25 rencontres de négociation ayant débuté en mai 2017, les membres du Syndicat du personnel du Collège Mont-Saint-Louis viennent d’adopter à 99 % une entente de principe conclue le 29 juin dernier.

« La convention collective de cinq ans qui vient d’être adoptée comporte de nombreuses avancées significatives pour nos membres, a souligné le président du syndicat, Marc-André Vigeant. La bonification des congés, la baisse du nombre d’élèves par classe au premier cycle, la reconnaissance de la charge de travail et la hausse de la participation de l’employeur aux libérations syndicales en constituent quelques exemples. Les parties ont fait preuve d’une grande écoute et d’ouverture, ce qui nous a aussi permis de clarifier plusieurs articles afin de nous assurer d’une compréhension commune de la convention collective. Les membres sont très heureux de ce qui leur a été présenté et leur important appui en faveur de l’entente en témoigne. »

Le vice-président de la Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec (FNEEQ–CSN), Léandre Lapointe, se réjouit aussi de l’issue de la négociation menée par le syndicat qui représente 182 enseignantes et enseignants, professionnel-les et employé-es de soutien. « Les parties ont fait preuve d’une belle ouverture tout au long de la négociation; leur entente profitera autant aux travailleuses et aux travailleurs du collège qu’aux élèves qui fréquentent l’établissement. Nous ne pouvons qu’applaudir la conduite des parties en négociation et le résultat positif qui en découle », a-t-il affirmé.

Les chargé-es de cours : un apport inestimable au réseau universitaire québécois

La Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec (FNEEQ-CSN) réitère que l’apport des chargé-es de cours au réseau universitaire québécois est inestimable.

Dans un article d’Ici Radio-Canada, « Universités : payer plus pour avoir moins », on sous-entend que le nombre important de chargé-es de cours a un impact négatif sur la formation universitaire. Or, la FNEEQ rappelle que les chargé-es de cours sont des professionnels et souvent des experts dans leur domaine respectif, ils sont choisis pour leurs connaissances et leurs compétences par les professeurs, ils sont appréciés des étudiants et ils sont également évalués par ces derniers.

« Les chargé-es de cours sont partie prenante de la mission des universités. Plusieurs d’entre eux font aussi de la recherche et de la création sans toutefois être payés pour le faire. Donc dire qu’à leur contact les étudiantes et étudiants sont peu sensibilisés à la recherche scientifique est une grave erreur. En fait les chargé-es de cours sont bien souvent plus près des réalités des étudiants de premier cycle que les professeurs eux-mêmes », soutient Richard Bousquet, vice-président de la FNEEQ et responsable du regroupement Université. 

Manque de reconnaissance

Les chargé-es de cours s’occupent d’environ 60 % des cours universitaires de 1er cycle et ils donnent de plus en plus de cours de 2e et 3e cycles.

Le rapport de l’Association canadienne de professeures et professeurs d’université rendu public par le Devoir ce matin rapporte que la précarité d’emploi chez les chargé-es de cours causait plusieurs problèmes de stress, d’angoisse et de santé mentale.

« Il s’agit là du réel problème chez les chargé-es de cours. Ils n’ont aucune sécurité d’emploi. Le manque de reconnaissance à leur endroit fait en sorte qu’ils se sentent méprisés et marginalisés. Il ne faut pas se demander s’ils sont compétents, ils le sont, il faut se demander s’ils sont reconnus à leur juste valeur », conclut Caroline Quesnel, présidente de la FNEEQ.

À propos

La FNEEQ représente près de 12 000 chargé-es de cours, tutrices et tuteurs dans la quasi-totalité des universités au Québec. Elle est l’organisation syndicale la plus représentative de l’enseignement supérieur au Québec. La FNEEQ est l’une des fédérations composant la Confédération des syndicats nationaux (CSN), qui regroupe plus de 300 000 membres, tant dans le secteur privé que dans le secteur public.

La FNEEQ-CSN présente ses priorités en éducation

La Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec (FNEEQ-CSN) profite de la rentrée scolaire pour rendre publiques ses priorités en matière d’éducation et réclamer aux partis des engagements plus ambitieux. « Jusqu’à présent, les principales formations politiques n’ont pas su présenter l’éducation comme un projet collectif au Québec », affirme Caroline Quesnel, présidente de la fédération.

Léandre Lapointe, responsable du regroupement des 40 syndicats des établissements privés, déplore que le réseau d’enseignement ait terriblement souffert des compressions du gouvernement ces dernières années. « Les chefs des partis doivent comprendre qu’il est urgent de réinvestir massivement, de façon stable et récurrente, afin de protéger le système d’éducation au Québec. Il importe notamment de mieux soutenir les élèves en difficulté, en leur fournissant des ressources à la hauteur de leurs besoins », soutient-il.

La responsable du regroupement cégep, Josée Chevalier, qui représente 85 % des professeurs de ce réseau, se demande pour sa part de quelle façon les partis veulent consolider la place des collèges dans le système éducatif ainsi que leur apport en région. « Comment entendent-ils s’y prendre pour diminuer la précarité dans l’ensemble des établissements et travailler à l’intégration de la formation continue à l’enseignement régulier? Face aux transformations annoncées du réseau, comment les partis veulent-ils préserver une vision humaniste de celui-ci et valoriser l’expertise des professeurs? Nous devons savoir à quelle enseigne ils logent sur ces questions fondamentales. »

« Comment les partis comptent-ils pallier le mal-financement qui pousse trop souvent les administrations universitaires à se lancer dans la course à la clientèle, que ce soit par la localisation de nouveaux campus dans le territoire d’une autre institution ou le recrutement international? » s’interroge à son tour le responsable du regroupement université, Richard Bousquet. Avec des transformations technologiques annoncées comme celle du eCampus, les chefs des partis doivent nous faire connaître leurs plans pour conserver l’expertise du corps enseignant et maintenir les emplois. Comment entendent-ils contrecarrer la sous-traitance de l’enseignement qui précarise les emplois et qui affecte la formation? Nous sommes avides de les entendre sur ces questions », ajoute celui qui représente une douzaine de syndicats de chargé-es de cours.

« Si les leaders politiques considèrent véritablement l’éducation comme une priorité, il leur reste maintenant un mois pour présenter une vision globale et inspirante aux électeurs du Québec », conclut Caroline Quesnel, qui représente près de 34 000 membres du primaire à l’université.

Un changement de cap s’impose

Bien que la ministre de l’Enseignement supérieur, madame Hélène David, semble prendre au sérieux le rapport d’enquête sur le partenariat entre l’Institut MATCI Montréal et l’université TÉLUQ, les principales organisations syndicales concernées par la situation espèrent que les correctifs qui seront apportés à la gestion de l’établissement ouvriront la porte à la collégialité.

« On fait le constat que le projet de restructuration de la direction de l’université TÉLUQ est en contradiction avec les intérêts des étudiantes et des étudiants. Il n’y a pas que la question de la privatisation de l’encadrement. La direction a créé un nouveau statut de personnes tutrices qualifiées ironiquement de professeurs sous contrat avec comme résultat l’élimination graduelle mais certaine de tutrices et de tuteurs chevronnés en formation à distance. Il faut redresser la situation, d’autant plus qu’on demande à ces nouveaux employés de donner trois fois moins de temps en encadrement aux étudiants que sous le modèle ayant auparavant fait ses preuves,» souligne Nancy Turgeon, présidente du Syndicat des tuteurs et des tutrices de la Télé-Université (STTTU).

La ministre a décidé de mener une vérification sur l’université TÉLUQ à la suite des pressions syndicales et politiques, et l’intervention de deux personnes tutrices membres du conseil d’administration dénonçant les irrégularités dans la gouvernance et l’entente secrète de partenariat.

« Nous souhaitons cependant qu’elle rende public ce rapport d’enquête et surtout qu’elle prenne les moyens pour que la direction de l’université travaille dans le respect des lois et dans le respect de sa communauté, » précise Caroline Quesnel, présidente de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN).

Selon Louise Briand, vice-présidente du secteur universitaire de la Fédération des professionnèles (FP-CSN), le véritable problème est celui de la sous-traitance des activités d’encadrement à une entreprise privée. « C’est une décision qui a des conséquences graves non seulement sur les emplois des tutrices et des tuteurs qui accompagnent depuis des années les étudiantes et les étudiants de l’établissement, mais aussi sur tout le réseau universitaire, car cette décision ouvre la porte à des entreprises privées pour former les étudiantes et les étudiants », conclut-elle.

Les organisations syndicales sont satisfaites que la ministre ait demandé une enquête et qu’elle prenne des décisions en conséquence. La ministre David doit cependant assumer pleinement ses responsabilités en enseignement supérieur en mettant en priorité la qualité de la formation et la réussite des étudiantes et des étudiants, et en clarifiant ses intentions quant à la suite des événements.

Une mission essentielle en danger

Nancy Turgeon travaille comme tutrice en études internationales à la Télé-Université (TÉLUQ) depuis 2011. En 2016, elle est élue présidente de son syndicat. Or, elle est loin de se douter de la tourmente que les membres doivent se préparer affronter.

Les 200 tutrices et tuteurs de la TÉLUQ, qui cumulent autour de 15 ans d’expérience en moyenne, savent encadrer avec brio le cheminement pédagogique de leurs étudiantes et étudiants. Ils travaillent surtout avec des personnes opérant un retour aux études, souvent des femmes qui ont un emploi à temps partiel et qui doivent mener de front leurs différentes obligations. Ils rendent ainsi accessible un savoir de qualité à une population étudiante atypique qui éprouve des difficultés à accéder aux études supérieures. « Les tutrices et tuteurs ne font pas que corriger de la copie et distribuer des notes. Ils sont en contact étroit avec les étudiants, qui travaillent de façon isolée, et veillent à leur expliquer la matière moins bien assimilée », précise Nancy Turgeon. Ils sanctionnent ainsi leur réussite, les appuient dans leur cheminement et les motivent à continuer. Ces spécialistes de l’encadrement — une forme d’enseignement à distance propre à l’Université TÉLUQ — sont la force vive de l’université.

Main-d’œuvre bon marché et jetable

En septembre 2016, la TÉLUQ décide de briser la convention collective en sous-traitant l’enseignement de quatre programmes de langues à l’Institut MATCI. Elle confie donc à cet institut privé le soin d’embaucher de nouvelles personnes et de s’occuper de l’encadrement et du suivi des étudiantes et étudiants, sans même que le conseil d’administration de l’université ne sache comment est effectué leur travail.

Les attaques de la TÉLUQ envers ses tutrices et tuteurs ne s’arrêtent pas là. En mai 2017, alors qu’ils sont eux-mêmes en négociation, ils apprennent dans Le Soleil la signature de la nouvelle convention collective du Syndicat des professeures et des professeurs de la Télé-Université. Celle-ci implique pour eux d’importantes mises à pied découlant de la création d’une unité d’accréditation qui couvre une catégorie d’emploi inédite : les professeur-es sous contrat. « Chaque fois qu’un poste de professeur sous contrat est affiché, on sait que ça entraîne directement une diminution de travail pour nos membres », explique Nancy Turgeon.  

Les professeur-es sous contrat sont soumis aux mêmes critères d’embauche que les tutrices et tuteurs, mais n’ont aucun accès à la permanence et ne peuvent progresser dans l’échelle salariale. Tandis que les tuteurs assurent l’enca­drement de 516 étudiants par année, ces « professeurs », loin d’avoir la même expérience dans la formation à distance, doivent en suivre 546. De plus, alors que les tuteurs sont tenus de consacrer une moyenne de 3 h d’encadrement individuel par étudiant, les professeurs sous contrat ne doivent en donner qu’une seule. « L’université exploite les professeur-es sous contrat et met en péril la qualité de ses services à des populations étudiantes vulnérables, dénonce la présidente du syndicat. Pourtant, tous les étudiants et étudiantes payent les mêmes frais de scolarité pour des services différents. Ils sont aussi évalués selon les mêmes critères, peu importe le temps que les différents statuts d’emploi peuvent leur allouer en encadrement. »

Pour joindre l’insulte à l’injure, la TÉLUQ tente de bâillonner les membres et le syndicat qui osent dénoncer la situation. À ce titre, Nancy Turgeon a reçu trois mises en demeure, alors qu’une poursuite de 80 000 $ est intentée contre le syndicat des tuteurs et tutrices et deux organisations affiliées à la CSN.

Mais ce qui est le plus dur moralement, souligne Nancy Turgeon, c’est l’existence d’un lien d’emploi sans pouvoir travailler. « On ne sait pas si les contrats de ces professeur-es nouveau genre seront renouvelés. Les tutrices et tuteurs qui perdent leurs assignations pourraient ne retrouver du travail que dans quatre ans ! Mais en attendant, l’expertise de ces personnes, âgées en moyenne de 50 ans, est jetée aux poubelles ; celles-ci n’ont d’autres choix que de se recycler. Et elles doivent le faire rapidement, car elles n’ont même pas accès à l’assurance-­emploi ! Ça, c’est vraiment crève-cœur. »

Manifestation à Villa Maria

Plus de 70 membres du personnel de Villa Maria ont participé tôt ce matin à un piquetage devant les entrées du collège Villa Maria. Alors que le roulement de personnel atteint des records et que la direction prend des décisions qui pourraient nuire au cheminement pédagogique des élèves, ils demandent un changement de gouvernance.

Pour plus d’information sur les enjeux préoccupants à Villa Maria, visitez le site de la coalition SOS Villa Maria

Le gouvernement crée beaucoup d’incertitude

Le plan d’action numérique en éducation et en enseignement du gouvernement est à peine dévoilé qu’il soulève déjà plusieurs questions pour la Confédération des syndicats nationaux (CSN) et ses fédérations membres. Pour la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants (FNEEQ-CSN), la Fédération des profesionnèles (FP-CSN) et la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP-CSN), le plan de plus de 80 pages apporte bien peu de précisions et contribue surtout à créer un climat d’incertitude pour les travailleuses et les travailleurs du milieu de l’éducation, et ce, quant à chacune des trois orientations.

« Le plan ne prévoit pas de comité directeur pour la mise en œuvre de ce vaste chantier, soulève Véronique de Sève, vice-présidente de la CSN. C’est le néant quant à l’intégration des partenaires dans l’élaboration de la stratégie, rien ne précise le rôle qu’ils devront jouer, quels objectifs ou axes doivent être développés par qui, dans quel ordre ou à quel moment. Bref, c’est un plan sans acteurs. Pour éviter un développement chaotique, nous réclamons la mise en place d’un comité incluant les représentantes et représentants des organisations syndicales et étudiantes. »

« D’entrée de jeu, on constate que le gouvernement mise sur la formation de tous les titres d’emploi, explique Sylvie Tremblay, vice-présidente-trésorière de la FEESP. C’est une bonne intention, mais il n’y a aucun détail concernant la mise en place de cette formation. Il n’y aucun calendrier prévu pour ces formations et nous savons déjà que les employé-es du milieu de l’éducation manquent de temps pour accomplir tous les volets de leur tâche. Impossible également de savoir qui donnera ces formations et si du personnel supplémentaire sera embauché pour les donner. Il en va de même pour la mise en place, le soutien technique et l’entretien. Il est important de ne pas recourir à des sous-traitants provenant du privé, et de plutôt privilégier la compétence du personnel du secteur public. »

« Concernant certains points plus précis du plan, le gouvernement souhaite mettre sur pied un campus virtuel et déployer davantage la formation à distance, remarque Caroline Quesnel, présidente de la FNEEQ. Il faut faire attention à ce que la formation virtuelle serve réellement à rendre l’éducation plus accessible sur le plan géographique et ne constitue pas une alternative « bon marché » à un enseignement en présentiel. En ce qui a trait au projet de campus virtuel, nous avons plusieurs craintes voulant que cette plateforme contribue à nourrir la concurrence entre les établissements, notamment par la course à la « clientèle » étudiante internationale. Nous craignons aussi une standardisation de la formation en enseignement supérieur. Les initiatives actuelles en formation à distance comportent aussi des écueils quant à la sous-traitance de l’enseignement, comme c’est le cas à la TÉLUQ. Le plan doit interdire ces dérives. »

« Nous sommes également préoccupés par la question de l’autonomie professionnelle, poursuit Louise Briand, vice-présidente de la FP. Il est impensable de mettre en place une stratégie qui aura des impacts potentiels sur la liberté académique, sur le droit d’auteur et sur la façon d’enseigner sans respecter la latitude qu’ont les professeurs. »

« Le gouvernement parle à plusieurs reprises du développement des compétences numériques, s’inquiète Véronique de Sève. Or, ces fameuses compétences ne sont jamais clairement définies, ce qui est particulier dans un plan qui touche l’éducation. On souhaite développer des compétences, sans savoir lesquelles. Nous craignons également que le programme mis en place pour le développement de ces compétences se fasse au détriment des autres matières enseignées. Il faut éviter de tomber dans un simple effet de mode qui répond aux impératifs des entreprises sans avoir de vision globale de l’éducation. »

« Ça fait maintenant quelques mois que le gouvernement délie les cordons de la bourse et annonce de grandes réformes et de grands chantiers. On sent bien que la campagne électorale est lancée officieusement. Voilà pourquoi nous ne lançons pas ces questions qu’au gouvernement, mais à tous les partis politiques. Nous souhaitons avoir l’heure juste et savoir où se situe chacun des partis quant au plan dans son ensemble et par rapport aux multiples questions qu’il soulève », conclut Véronique de Sève.

Le collectif SOS Villa Maria interpelle la ministre Kathleen Weil

Une délégation formée d’élèves, de parents et de membres du personnel de Villa Maria s’est présentée cet après-midi au bureau de la ministre libérale et députée de Notre-Dame-de-Grâce Kathleen Weil, afin d’y déposer trois pétitions rassemblant au total près de trois mille signatures.

Le premier document, présenté par Linnea Nguyen, Anika Finch et Léa Caza-Oettel, étudiantes de troisième secondaire, comportait des centaines de pages. La pétition SOS pour l’école de musique de Villa Maria, mise en ligne à la suite de l’annonce de la fermeture de l’école de musique en janvier dernier, a récolté plus de 2000 signatures et près de 600 commentaires. Les signataires sont principalement des étudiantes et étudiants du collège, des anciens élèves de Villa Maria, des musiciens professionnels et des individus provenant de diverses institutions culturelles québécoises. D’autres artistes, ainsi que des membres de la communauté qui gravitent autour de Villa Maria ont également ajouté leur nom à la longue liste de celles et ceux qui plaident pour la sauvegarde de l’école de musique, riche de 165 ans d’histoire et réel bassin de la relève musicale au Québec.

Nathalie Fisette-Caza, présidente de l’Association de parents de Villa Maria, accompagnée de Marcel Naud et Peter Mercuri, tous trois parents d’élèves et membres fondateurs de la CAGE (Coalition pour l’avancement de la gouvernance en éducation), ont déposé une pétition signée par plus de 600 personnes, majoritairement des parents d’élèves, mais aussi des individus ayant une relation particulière avec le collège (notamment d’anciens étudiants et leurs parents). Demandant notamment un moratoire sur la fermeture de l’école de musique et une représentation/participation effective des enseignants et des parents aux décisions de l’établissement, les signataires en appellent à un changement immédiat de gouvernance dans l’intérêt des enfants et de l’ensemble de la communauté de Villa Maria.

Le personnel du collège était quant à lui représenté par deux représentants du syndicat, tous deux enseignants à Villa Maria. Ils ont présenté une lettre signée par 100 membres du personnel à l’intention de Sébastien Proulx, ministre de l’Éducation, demandant un moratoire sur les décisions qui ont un impact sur les conditions de travail des enseignantes, des enseignants et du personnel non enseignant. Ils demandent également que ce moratoire s’accompagne d’une enquête approfondie de la gouvernance actuelle du collège et que des changements soient apportés en fonction des résultats de cette enquête.

Aussi présentes à la rencontre, Sue Macelli et Maureen Marovitch, mères d’étudiantes et membres du collectif SOS Villa Maria, ont tenu à rappeler à Mme Weil que le collège reçoit près de 50 % de son financement en subventions gouvernementales. L’opacité du processus décisionnel et les refus répétés de dialogue remettent en cause la bienveillance du conseil d’administration envers le cheminement des élèves. Avec l’augmentation anormale des frais de scolarité dépassant le cadre budgétaire spécifié par le gouvernement et l’expulsion de l’employée de la Fondation Villa Maria des murs de l’école, les membres du collectif sont d’avis que le gouvernement doit intervenir fermement et rapidement afin de rétablir un climat de confiance entre le conseil d’administration, la direction, les parents et le personnel et redonner aux élèves de Villa Maria un environnement propice aux apprentissages.

Une politique qui ne répond pas aux attentes

La nouvelle politique de financement des universités déposée aujourd’hui par le gouvernement libéral ne permettra pas de répondre aux attentes. « La ministre responsable de l’enseignement supérieur a fait fi de nombreuses recommandations largement partagées par la communauté universitaire. Rappelons que les travaux ont été effectués dans la plus grande opacité » a déploré d’entrée de jeu, Véronique De Sève, vice-présidente de la CSN.

La nouvelle formule de redistribution ne permettra pas de réduire la concurrence entre les établissements pour attirer davantage de clientèles. Le montant des subventions repose encore trop sur le nombre d’étudiants, sans compter l’apport financier que procurera l’effectif des étudiants internationaux. « Le sous-financement du réseau va continuer à accentuer les iniquités du modèle de financement », a précisé Mme De Sève. Une des faiblesses du financement basé sur le nombre d’étudiants équivalent à temps plein est qu’il ne tient pas compte des caractéristiques de l’effectif étudiant. « À cet effet, nous déplorons que les critères n’aient pas été modifiés pour mieux tenir compte des coûts associés aux services offerts aux étudiants à temps partiel, qui sont de plus en plus présents dans les universités ».

Du côté de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec, on s’oppose notamment à la libéralisation des droits de scolarité et à ce que les étudiantes et les étudiants internationaux permettent le désengagement de l’État dans le financement de l’enseignement supérieur. « Nous nous opposons à la déréglementation des droits de scolarité pour les étudiants internationaux qui sont plus que jamais perçus comme une source de financement additionnel. L’accueil d’étudiants internationaux doit s’inscrire dans une quête d’enrichissement culturel et intellectuel et non dans une vision utilitariste ou de désengagement financier de l’État » a précisé pour sa part Jean Murdock, président de la FNEEQ–CSN.

Pour sa part, la Fédération des professionnèles note que si certains éléments de la nouvelle politique apparaissent positifs, d’autres inquiètent. « Pour nous, le soutien accru aux établissements de petite taille et la réduction du nombre d’allocations spécifiques semblent intéressants. Toutefois, les mandats stratégiques qui permettront un financement basé sur l’atteinte de cibles convenues entre le gouvernement et les universités soulèvent, chez nous, des craintes. Cela ressemble étrangement à des contrats de performance qui orienteront la réalisation de la mission des universités et le développement des programmes » a conclut Ginette Langlois, présidente de la FP–CSN.

À propos
Fondée en 1921, la CSN regroupe plus de 300 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou professionnelle dans huit fédérations, ainsi que sur une base régionale dans treize conseils centraux, principalement sur le territoire du Québec.

La Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec–CSN regroupe quelque 35 000 membres dans 46 cégeps, 39 établissements privés et 13 syndicats d’université.

La Fédération des professionnèles de la CSN compte plus de 8 000 membres, principalement dans les secteurs de la santé, des services sociaux et de l’éducation, notamment des professeurs et des professionnel-les d’université.

Boycottage massif de la consultation sur les violences sexuelles

L’Association générale étudiante (AGE-UQO), le Comité femmes ainsi que trois syndicats de l’Université du Québec en Outaouais (UQO) ont décidé de boycotter la consultation menée par la direction de l’université concernant l’élaboration d’une politique de lutte contre les violences sexuelles. Le Syndicat des chargées et chargés de cours (SCCC-UQO), le Syndicat des professeures et professeurs (SPUQO) et le Syndicat des étudiantes et étudiants salariés (SEES-UQO) ne participeront pas à la consultation.

La loi 151 visant à prévenir et à combattre les violences à caractère sexuel dans les établissements d’enseignement supérieur obligeait l’UQO à consulter les associations étudiantes et les syndicats dans l’élaboration d’une politique. Or, les cinq organisations refusent de participer à cette consultation.

Dans une lettre datée du 14 mai, les trois syndicats demandaient au recteur de l’UQO que l’énoncé méthodologique de la recherche soit connu tout comme les règles éthiques. De plus, ils demandaient que les résultats soient rendus publics une fois la consultation terminée. Ces demandes ont toutes été refusées par le rectorat.

« L’UQO a choisi de sous-traiter la consultation à des étudiantes et des étudiants inscrits à la maîtrise de gestion de projets. L’AGE-UQO déplore que cet exercice soit confié à des personnes étudiantes non expertes, non outillées et non rémunérées. Si l’AGE puise dans ses poches pour embaucher une intervenante sociale afin de lutter contre les violences sexuelles, la lenteur de l’UQO à participer à des outils concrets et le peu de considération qu’elle porte à cette consultation démontrent un manque flagrant de volonté politique et une incompréhension des enjeux », a déclaré Bianca Schiffo Fuoco, conseillère générale de l’AGE-UQO.

« L’UQO n’a jamais pris au sérieux la lutte contre les violences sexuelles. Depuis, le début, le Comité consultatif pour une communauté exempte de harcèlement, de violence et d’agression à caractère sexuel a manqué de transparence. C’est d’ailleurs pourquoi trois chargées de cours avaient quitté ce comité le 13 décembre 2017 », a soutenu Marie-Josée Bourget, présidente du SCCC-UQO.

« Nous avons peur que la politique soit déjà écrite et que cette pseudo-consultation ne serve qu’à se conformer à la loi 151 », a pour sa part affirmé Sophie Potvin, présidente du SEES-UQO. « Nous avons l’impression d’être instrumentalisées par l’UQO. Nous accepterions d’être consultées si l’enquête était menée par des spécialistes des violences sexuelles et si nous avions l’assurance que notre opinion allait être prise en compte », a pour sa part déclaré Valérie La France-Moreau, porte-parole du Comité femmes UQO.

« Nous avons à coeur la lutte contre les violences sexuelles. Nous voulons participer à l’élaboration de la politique de lutte contre ces violences. La haute direction de l’UQO ne s’y prend pas de la bonne manière pour y arriver » a soutenu Stéphanie Demers, présidente du SPUQO.

Québec accroît l’iniquité entre les universités

La Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN) a pris connaissance des intentions de la ministre David, rapportées par La Presse aujourd’hui. La fédération s’oppose à la libéralisation des droits de scolarité et à ce que les étudiantes et les étudiants internationaux deviennent une source de financement permettant le désengagement de l’État dans le financement de l’enseignement supérieur.

Pour la FNEEQ-CSN, ces nouvelles règles créeront des iniquités entre les universités et auront notamment des impacts sur l’avenir et le développement des établissements en région. À McGill et Bishop’s, par exemple, les étudiants canadiens non résidents du Québec et les étudiants étrangers représentent près de la moitié de l’effectif total. Or, c’est loin d’être le cas des universités du réseau de l’Université du Québec en région. La déréglementation des frais de scolarité va donc grandement favoriser les universités des grands centres urbains au détriment des établissements du réseau de l’Université du Québec qui en accueillent très peu. Cette orientation fait des diplômes un bien qui se négocie sur le marché national et international et participe à la marchandisation de l’éducation.

Les universités en région semblent être les grands oubliés par cette annonce de la ministre qui prévoit aussi un financement plus généreux des programmes de maîtrise et de doctorat. Leur offre de formation de deuxième et troisième cycles étant beaucoup plus réduite, elles seront donc, encore une fois, nettement défavorisées par rapport aux «grandes» universités.

Jean Murdock, président de la FNEEQ-CSN, questionne la décision de la ministre de procéder par règle budgétaire pour encadrer les salaires et les bonifications des recteurs. «Il est temps de mettre fin à la tendance des dernières années qui a conduit les recteurs, principalement ceux des universités à charte, à s’apparenter à de hauts dirigeants d’entreprise», conclut-il.

Enfin, selon Jean Murdock, «ces annonces sont une autre démonstration des décisions prises à la pièce sans véritable vision du développement et de la mission des universités au Québec. C’est pourquoi la FNEEQ-CSN réclame la création d’un conseil des universités qui aurait une fonction de conseil et de coordination du développement du réseau universitaire. Plus encore, une loi-cadre devrait définir les assises du contrat social entre les universités et la société québécoise, ainsi que le cadre de référence entre les universités et l’État.»

Fondée en 1969, la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec-CSN regroupe quelque 35 000 membres dans 46 cégeps, 39 établissements privés et 13 syndicats d’université. Elle est l’organisation syndicale la plus représentative de l’enseignement supérieur au Québec. La fédération est l’une des huit fédérations affiliées à la Confédération des syndicats nationaux.