Norman Laforce

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« J’ai été sur une liste d’attente pendant plus de treize ans avant d’avoir droit à un logement social. La pénurie est flagrante. Mais des deux bords, tant à Québec qu’à Ottawa, on se fiche des besoins des plus démunis. Plutôt que d’investir, on nous annonce toujours une nouvelle vague de compressions. On coupe et on coupe et on coupe, et ce sont toujours les pauvres qui écopent. Et ce n’est plus juste les prestataires d’aide sociale qui ont besoin de logement social, il y a plein de gens qui gagnent le salaire minimum et qui ont beaucoup de difficulté à se loger.

Si ça continue de même, j’ai des grandes craintes de me retrouver à la rue dans les prochaines années. C’est bouleversant. »

– Norman Laforce, militant pour le logement social

Carole Malaet

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« Pourquoi est-ce que le gouvernement s’attaque aux pauvres? On est déjà traité comme la vermine de la société. On dit maintenant à ceux qui sont sur l’aide sociale qu’ils n’ont pas le droit de passé trop de temps à l’extérieur de la province. On restreint les libertés des plus démunis, mais on ne fait rien contre l’évasion fiscale et les riches qui cachent leur argent dans les paradis fiscaux. Après mes dépenses, je suis chanceuse s’il me reste 30 $ dans mes poches. Et je ne vis pas dans le grand luxe… je n’ai pas de téléphone mobile, d’internet ou de télévision, je m’informe uniquement grâce à la radio et les journaux gratuits dans le métro. Je m’alimente avec l’aide des banques alimentaires. Je fabrique mes propres vêtements. Je n’ai rien à donner, mais le gouvernement s’en prend à moi quand même.

Il y a en qui disent qu’on devrait juger une société par son traitement des animaux. Mais moi, je juge les politiciens par leur traitement des plus démunis de la société. Et le gouvernement Couillard devrait avoir vachement honte. »

– Carole Malaet, militante du POPIR

Tommy Proulx-Roy

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« L’avenir, ça nous appartient à nous, les jeunes. Et, c’est à cet avenir-là que l’austérité s’attaque. Ma génération a elle aussi droit aux programmes sociaux et à l’accès aux études postsecondaires. Si on ne se lève pas, le gouvernement continuera de détruire notre futur, nos rêves, notre solidarité. Leur vision me fait peur. Je la refuse. C’est pour ça que j’ai commencé un mouvement de grève à mon école secondaire, parce que ce n’est pas vrai que les jeunes n’ont pas leur mot à dire dans la direction du Québec. »

– Tommy Proulx-Roy, élève de 5e secondaire à l’école Chomedey-de-Maisonneuve

Steve Mckay

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« Au Québec, les lois et le Code du travail imposent des conditions strictes pour obtenir le droit de grève légale. Notamment dans le secteur public, le recours à la grève s’inscrit dans le cadre d’une négociation de convention collective et ce n’est qu’après une étape de médiation forcée ainsi que de multiples délais qu’on peut l’exercer. Les contraintes encadrant la grève sont excessives.

Le 1er mai dernier, des centaines d’enseignantes et d’enseignants de l’ordre collégial ont tenu tête à l’austérité aux côtés de milliers d’autres travailleuses et travailleurs et de centaines de groupes communautaires et citoyens en débrayant dans le cadre d’une journée de grève. Le gouvernement du Québec a cherché à écraser cette action dans les cégeps qui, même si elle n’est pas reconnue par la loi, demeure légitime.

La grève doit demeurer à l’ordre du jour dans le secteur public cet automne si l’on espère faire des gains. Il est essentiel de s’y préparer dès maintenant. L’exemple du 1er mai 2015 doit servir d’inspiration ! »

– Steve Mckay, Cégep de Sherbrooke, président, Syndicat du personnel enseignant du Cégep de Sherbrooke

Lamia Salhi

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« Tout le monde est brûlé. Tout le monde est en surcharge. On exige de nous que nous réalisions le travail de deux, trois personnes. Le chronomètre nous suit partout. On en est à restreindre le temps qu’on donne aux familles en deuil. Chronométrer le soutien pour quelqu’un qui vient de perdre un de ses proches, c’est cruel. Ce n’est pas que notre travail qui est sévèrement touché par les mesures d’austérité, c’est le service qu’on est en mesure d’offrir à la population. Quel non-sens. »

– Lamia Salhi, préposée aux bénéficiaires à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, agente de grief du STT HMR

Alexandre Dubé

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« Les mesures budgétaires du gouvernement sont complètement insensées. Un gel des subventions salariales pour les Contrats d’intégration au travail (CIT), c’est un appauvrissement pour les personnes vivant des situations de handicap. On coupe aussi dans les programmes d’adaptation de domicile et de soutien à domicile. Dans quel univers est-ce que ce sont des gestes acceptables ? Dans quel univers est-ce que ce sont des gestes acceptables ? »

– Alexandre Dubé, Adjoint aux communications

 CAPVISH (Comité d’action des personnes vivant des situations de handicap)

Philippe de Groisbois

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« L’austérité n’a pas pour but de rétablir l’équilibre des finances publiques. Ce n’est pas l’erreur de gouvernants qui ont lu les mauvais économistes, qui ont des “ornières idéologiques”. C’est un projet délibéré qui vise à détruire les structures de solidarité sociale que nous nous sommes données et à réduire nos horizons de liberté et de justice. Face à cette attaque radicale, il faut aussi être radical : il faut désobéir, provoquer, perturber, s’organiser de manière à confronter les politiques de l’oligarchie. »

– Philippe de Groisbois, prof au cégep Ahuntsic

Annie Cloutier

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« Je le sais bien que la brutalité policière est omniprésente dans les manifestations et dans la société en général. Je regarde les images à la télévision et sur Internet et ça me dégoûte profondément.

Mais lorsque c’est ton propre fils qui vient te dire qu’il s’est fait attaquer par la police? Quand tu l’as vu quitter la maison avec rien d’autre que son manteau imperméable et son portefeuille et qu’il se fait bousculer par l’antiémeute avec leurs boucliers et leurs matraques? Là, ça réveille des émotions de mère que je ne souhaite à personne.

Pourquoi est-ce qu’on permet à l’État de taper sur nos enfants ? »

– Annie Cloutier, écrivaine

Kevin Coulombe

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« Je suis agent de planification, de programmation, et de recherche à l’Agence régionale de la santé de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine. Avec l’entrée en vigueur de la loi 10, on n’avait aucune idée de ce qui arriverait à nos postes, nos dossiers et notre travail.

Jeudi dernier, on nous a informés que la direction avait l’intention de nous transférer en bloc, en maintenant toutes nos conditions de travail. Aujourd’hui, à moins de 24 h d’avis avant la première journée de mise en œuvre des centres intégrés de santé et de services sociaux (CISSS), on m’apprend que je vais être intégré dans un service sans me parler du travail que j’aurai à faire. Nous n’avons pas été transférés en bloc. Je ne vais plus faire partie de la même unité de négociation, je dois changer mon régime d’assurance, on nous annonce une coupure de 30 % des effectifs, c’est un bouleversement qui frappe dur.

Tout est improvisé et fait preuve d’une ingérence autoritaire de la part du ministre de la Santé. On n’a même pas le temps de ranger nos dossiers dans des boîtes. C’est désastreux. Tout tombe à l’eau. Toutes les ententes qu’on avait sur nos horaires ne sont plus valides. Ce n’est pas qu’on recommence de zéro, c’est qu’on recule carrément de dix pas. »

– Kevin Coulombe

Marco

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« L’austérité, ce n’est pas nouveau pour la Cinémathèque québécoise. Ça fait plus de 20 ans qu’elle connaît un sous-financement chronique. On a beau lui reprocher d’être méconnue par le public, c’est justement un manque de financement qui limite sa capacité de propager son travail.

La Cinémathèque, c’est une mecque de l’animation d’ici et d’ailleurs, d’hier et d’aujourd’hui. Notre expertise est reconnue mondialement. Nous ne pouvons pas envisager une fusion avec la bibliothèque nationale (BAnQ) sans souligner le risque que cette expertise se perde dans la mêlée. Oui, ce sont des pertes d’emplois, mais c’est aussi la mise au rebut de notre culture et de notre patrimoine. C’est inacceptable qu’on abandonne ce fleuron de notre société. »

– Marco, programmateur-conservateur, animation, Cinémathèque québécoise