Alors que la crise de la COVID-19 met en lumière la défaillance des services donnés aux personnes en perte d’autonomie, la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN) propose 4 solutions pour mieux prendre soin des aîné-es et des personnes handicapées.
Les nombreux cas d’infection et de décès dans les CHSLD illustrent l’urgence d’implanter des solutions pour réparer les services pour les personnes en perte d’autonomie. Si le gouvernement Legault reconnaît maintenant l’ampleur des problèmes du secteur, ces propositions alambiquées imposées sans consultation risquent de passer à côté de l’essentiel. « Les problèmes que nous vivons avec cette crise sont la conséquence d’années de mauvaises décisions politiques. Et cela prendra plusieurs solutions ambitieuses pour réussir à réparer ce que nos gouvernements ont brisé. Mais heureusement, ces solutions existent, pour peu qu’on veuille écouter celles et ceux qui sont sur le terrain chaque jour », lance Jeff Begley, président de la FSSS-CSN.
- Effacer les traces de l’austérité libérale
Les effets des compressions budgétaires se font dramatiquement sentir ces derniers mois. Ne pas investir les montants nécessaires pour prendre soin de la population a mené à des centaines d’abolitions de postes et des coupes de services. Depuis la réforme Barrette, les gouvernements ont récupéré plus de 10 milliards de dollars dans les établissements publics. Ce manque à gagner cumulatif des établissements publics depuis 2013-2014 doit être effacé.
« La première chose que nous devons faire, c’est d’adopter un plan de sortie de l’austérité en remettant l’argent qui a été économisé sur le dos du personnel et des patient-es. On ne pourra pas réparer les services aux personnes en perte d’autonomie en essayant encore de faire le tout à coût nul. On doit se donner les moyens de nos ambitions ! », poursuit Jeff Begley.
- Améliorer les conditions de travail et les salaires de l’ensemble du personnel
La difficulté du réseau à faire face au coronavirus montre qu’il faut améliorer les conditions de travail et salariales du personnel surchargé. Une telle crise devrait convaincre tout le monde qu’on ne peut plus continuer de considérer le personnel du réseau comme une dépense. Pourtant, le gouvernement s’entête à proposer des mesures qui auront pour effet d’accentuer la désorganisation du réseau. Agir seulement pour les préposé-es en CHSLD ne fera qu’aggraver le manque de personnel pour d’autres titres d’emploi essentiels du réseau et du secteur privé, comme les ASSS, le personnel de l’entretien ménager et les préposé-es aux bénéficiaires des hôpitaux. Les disponibilités en tout temps exigées pour la formation accélérée de ces préposé-es sont exactement ce qui a marqué l’échec de l’ouverture des postes dans le réseau dans les derniers mois.
« Bien des gens ont appris avec désarroi à quel point les conditions sont difficiles dans le réseau. Ça fait pourtant des années qu’on s’époumone à proposer des solutions pour améliorer les choses et convaincre les gens de venir travailler dans le réseau. Et pourtant, on continue à ne pas nous écouter et à proposer des choses qui ne marchent pas. Ce n’est pas en demandant aux futurs préposé-es d’être disponibles jour, soir, nuit et fin de semaine qu’on va attirer les gens. Ce ne sont pas des robots ! », explique Jeff Begley.
- Réintégrer le privé dans le secteur public
En refusant d’investir les montants nécessaires, les gouvernements ont forcé le développement du privé en santé. Le cas du CHSLD Herron montre bien l’erreur monumentale qui a été faite. À cela s’ajoute le fait que les gouvernements ont fermé les yeux sur les conditions de vie des usagères et usagers et de celles et ceux qui leur donnent les services, alors pourtant que des places au privé sont sous la responsabilité des établissements publics. La FSSS-CSN demande un espace de travail avec le MSSS pour identifier des solutions permanentes pour le personnel des centres d’hébergement privés. La FSSS-CSN propose aussi de réintégrer dans le secteur public les services qui sont donnés par le privé, aussi bien en hébergement qu’en soutien à domicile.
« Il est temps de faire le bilan d’années de privatisation de la santé. Faire des profits sur la santé des gens, ça ne nous a menés nulle part. La meilleure manière de s’assurer de la qualité et de la continuité des soins, c’est par une offre intégrée dans le public. Le Québec réalise aujourd’hui à quel point les travailleuses et travailleurs des centres d’hébergement privés et du soutien à domicile sont mal payés et mal traités. Intégrons ces personnes dans notre réseau public », indique Jeff Begley.
- Réorganiser notre réseau en misant sur la décentralisation, la démocratisation et l’autonomie des équipes
Mais intégrer ces secteurs dans le réseau public actuellement ne serait pas suffisant. C’est pourquoi la FSSS-CSN appelle le gouvernement à mener une réorganisation du réseau misant sur la décentralisation, la démocratisation et l’autonomie des équipes de travail. Cette réorganisation doit être menée en misant sur la participation de toutes les composantes du réseau.
« Il faut revenir à un réseau qui soigne les gens dans la communauté. Pour ça, il faut faire le constat de l’échec de la réforme Barrette et revenir à un réseau à visage humain », de conclure Jeff Begley.