Petit guide de survie à un lock-out

Si l’on souhaite toujours une résolution rapide à un lock-out, il est possible qu’il dure des semaines ou des mois. Et contrairement à une grève, c’est davantage l’employeur qui a le contrôle quant au moment du retour au travail. Dans ce cas, mieux vaut moduler son énergie pour passer à travers le conflit, sur le long terme. Le syndicat du Zoo de Granby a donc minutieusement choisi où il mettait son énergie : au profit des besoins ponctuels de la table de négociation. Un nœud particulier à défaire ? Comptez sur les membres pour se faire entendre.

Entrevue avec la présidente du syndicat du Zoo de Granby, Camille De Rome.

Préparation d’un marathon

Chaque semaine de piquetage au zoo comptait en moyenne :

  • Deux journées de piquetage traditionnels. Comme la ligne devient un refuge, les membres doivent cultiver l’espace, se l’approprier et s’assurer qu’il permet de faire face aux intempéries météo, canicule comme blizzard.
  • Deux jours d’actions dérangeantes. Ces actions offrent la possibilité de rencontrer des gens et de gagner en visibilité. Pensez à une manifestation ou à une visite surprise chez un partenaire de l’employeur.
  • Deux journées où l’on prévoit des activités ludiques. Parfaites pour favoriser la santé relationnelle des membres, elles contribuent à relâcher la pression. Cours de yoga sur la ligne de piquetage, randonnée, cuisine collective, jeux de société, tous les moyens sont bons pour maintenir de forts liens de solidarité.

Pour survivre à cette véritable guerre psychologique contre l’employeur, il faut travailler sa résilience. Camille conseille de se concentrer sur le court terme et de mettre l’accent sur les petites victoires. C’est le moment d’entretenir des liens de confiance avec les camarades et avec le comité de négociation. Pour la présidente, le meilleur moyen de gagner du contrôle sur son quotidien a été de devenir responsable de la mobilisation. Parce que si les contemplations anxieuses de l’avenir peuvent devenir toxiques, avoir les deux mains sur le volant de l’action est un remède à toute épreuve.

À la rencontre des derniers sylviculteurs

Le projet de loi 97 sur le régime forestier, finalement abandonné par le gouvernement Legault à la fin septembre, comportait un angle mort de taille. Il stipulait qu’une intensification des travaux sylvicoles deviendrait nécessaire si la superficie de récolte du bois était fortement réduite, mais ne proposait aucun plan clair pour rendre cela possible. Cette intensification est toujours nécessaire, mais le financement, lui, brille par son absence.

Aucun investissement n’est prévu pour accroître les travaux forestiers, alors que le secteur relève plusieurs lacunes, dont le manque de main-d’œuvre. Le métier de sylviculteur est en train de mourir par manque de relève.

Le Point syndical a rencontré des membres du syndicat national de la sylviculture l’été dernier dans le Témiscouata.

« Pour doubler la production par hectare, ça prend du monde, ça prend de la relève. On n’attire personne… avec rien ! Ça ne marche pas, résume Denis Malenfant, sylviculteur de 64 ans. Les jeunes qui commencent dans le métier ne restent pas. Il faut se lever vers 4 h 30 pour se rendre à la parcelle afin de débroussailler ou de planter avant les grosses chaleurs. Le métier est aussi risqué : près de 20 % des membres du syndicat ont perdu un doigt en maniant la débroussailleuse en terrain accidenté. En plus, l’équipement et le carburant ne sont pas fournis par l’employeur et le temps pour se rendre dans le bois n’est pas payé. On doit frotter en tabarnouche pour se faire une paye », ajoute Denis, en expliquant qu’un frotteur est quelqu’un qui travaille fort sans jamais abandonner.

« Il faut offrir de bonnes conditions, comme dans n’importe quelle autre job », explique le président du syndicat, Serge Desrosiers. Il rappelle qu’un projet pilote avait vu le jour pour combiner une rémunération à l’heure – déplacement, affûtage des lames – et à l’hectare. Le gouvernement a malheureusement laissé tomber ce projet et le paiement à l’hectare est redevenu la norme.

Le ministère des Ressources naturelles et des Forêts verse un montant par hectare aux entrepreneurs pour les opérations sylvicoles. Or, ces derniers peuvent choisir de réduire la part allouée aux sylviculteurs afin de financer davantage le travail technique en amont, ou encore d’en conserver une plus grande part pour eux-mêmes. Résultat : les conditions sont très inégales d’un entrepreneur à l’autre.

« Malgré tout, ce que j’aime de ma job, c’est la liberté ! Je ne pourrais pas rester enfermé à l’intérieur », résume Denis.

Rien n’est jamais acquis

« En ce moment, l’homophobie et la trans­phobie sont de plus en plus décomplexées et ça se manifeste dans les médias sociaux et dans les sphères politiques », affirme Dominique Dubuc, enseignante en biologie au Cégep de Sherbrooke et militante au comité LGBT+ de la CSN.

Un exemple de cette manifestation dans l’univers politique est le Comité des sages sur l’identité des genres, mis sur pied par le gouvernement caquiste l’an passé. « Il existe déjà des entités politiques, comme le Bureau de lutte contre l’homophobie et la transphobie, qui peuvent conseiller le gouvernement. Il a préféré nommer des gens pas du tout experts qui ont mis sur le même pied des anecdotes et des études. Le rapport du comité ouvre la voie à un recul des droits dans nos institutions éducatives », soutient Mme Dubuc.

Des outils CSN

À la CSN, on s’efforce de rendre les milieux de travail plus inclusifs. « Des études prouvent que dès qu’on a un environnement de travail qui instaure des mesures sécuritaires et plus inclusives pour les personnes en marge de la société, ça donne automatiquement un meilleur climat de travail, plus bienveillant pour tous les salarié-es », affirme Mme Dubuc.

Geneviève Lapointe, éducatrice en CPE à Montréal et représentante du comité diversité sexuelle et pluralité des genres du Conseil central du Montréal métropolitain–CSN, est du même avis : « Il faut continuer à démystifier les préjugés, puis à essayer de briser la désinformation. »

Pour cela, le conseil central offre une formation Ni plus ni moins comme tout le monde ! à l’intérieur de la formation Exécutif I. « C’est une heure offerte aux dirigeantes et dirigeants syndicaux afin de les sensibiliser et de les outiller pour qu’ils puissent bien répondre aux enjeux des personnes LGBT+ », détaille la vice-présidente de la CSN et responsable politique du comité confédéral LGBT+, Katia Lelièvre.

De son côté, Dominique Dubuc a préparé des guides pour les syndicats et les négociateurs de convention collective.

« Nous avons récemment mis à jour le guide sur la diversité sexuelle et la pluralité des genres, Ni plus ni moins comme tout le monde ! – disponible sur le site de la CSN. On y retrouve, par exemple, une check-list de choses que les employeurs et les syndicats peuvent appliquer pour rendre le milieu de travail plus inclusif », affirme Dominique Dubuc.

De plus, elle a participé à la rédaction du guide de travail La rédaction inclusive des conventions collectives, toujours dans le but de favoriser l’inclusion.

Dure réalité sur le terrain

Après des années de sous-investissement, plusieurs infrastructures publiques de la province tombent en ruine. L’Hôpital Maisonneuve-Rosemont et le Cégep Saint-Laurent en sont deux exemples bien documentés. Mais que signifie travailler comme salarié-e dans de telles conditions ?

Lamia Salhi, agente de griefs au Syndicat des travailleuses et des travailleurs du CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal, est affirmative : « On n’arrive pas à servir la population comme il le faut et c’est très frustrant ! Je vous le confirme, c’est déprimant de travailler dans un taudis. »

Pour les préposé-es aux bénéficiaires, le risque de blessures augmente en raison des chambres qui ne sont plus du tout adaptées. « Ils doivent faire de la gymnastique pour parvenir à manier une civière, jusqu’à devoir sortir les meubles et les bureaux », précise l’agente de griefs.

« Je ne peux pas dire que nos membres ne réalisent plus certaines manœuvres, puisqu’ils ont l’obligation de donner les soins, mais c’est devenu très difficile, mentionne Lamia Salhi. Ils s’efforcent de ne pas baisser la qualité des soins, mais ce sont eux qui en paient les frais. »

On apprenait en 2023 que l’établissement desservait 27 % de la population de Montréal alors qu’elle ne comptait que 19 % des civières et 16 % des lits.

Cégep Saint-Laurent : à la recherche des clés

Au Cégep Saint-Laurent, un pavillon complet a été fermé à la fin 2023, en raison de la déficience de la structure interne du bâtiment.

Deux ans plus tard, la vie étudiante suit son cours, dans un campus éclaté, mais certains problèmes demeurent.

« En ce moment, le nouveau personnel enseignant qui entre en poste n’a malheureusement pas de clés, explique le président du Syndicat des professeur-es du Cégep de Saint-Laurent, Dimitri Zuchowski. La machine qui fait les clés est hors service dans le bâtiment condamné. La seule autre machine équivalente qui existe se trouve en Suisse. »

Refaire les clés est impossible à moins de changer toutes les serrures, ce qui est peu probable, faute de budgets. Pendant ce temps, les nouveaux professeur-es qui ont besoin d’ouvrir une porte doivent en faire la demande au personnel de sécurité.

« En ce moment, on se résigne et on accepte la situation. Mais l’ensemble des procédures s’est considérablement allongé. Ça nous affecte sur tellement d’aspects de notre travail », déplore Dimitri Zuchowski.

30 ans aux côtés des enfants

Cet été se tenait une fois de plus le Camp Vol d’été Leucan–CSN. Cette année, l’événement revêtait un caractère particulier. On y soulignait le 30e anniversaire de cette collaboration de la centrale avec Leucan, témoignant de l’ampleur de l’engagement de la CSN envers cette cause. Des militantes et des militants du mouvement s’investissent chaque année pour rendre possible la tenue de ce camp estival visant à offrir du répit aux familles d’enfants malades depuis trois décennies. Chaque année, l’appui financier de la confédération se fait aussi bien grâce à des campagnes de financement comme le Marche-don, Cours-don et des tournois de golf, que par différentes levées de fonds organisées par des conseils centraux, des fédérations et des syndicats.

Le 30 juillet avait lieu la journée portes ouvertes où plusieurs membres de la CSN sont venus rencontrer les familles qui participent au camp. C’est dans l’ambiance festive du Camp Carowanis, à Sainte-Agathe-des-Monts, que les familles et les enfants ont pu s’amuser et prendre un peu de repos. La baignade et de nombreux jeux ont offert une pause quant aux épreuves vécues par ces familles éprouvées, tout en permettant aux personnes militantes présentes d’expérimenter un autre type d’engagement.

« Maintenant que le camp est terminé, les travaux s’amorcent afin de poursuivre notre engagement pour un autre… 30 ans ! Tant et aussi longtemps qu’il y aura des enfants atteints du cancer, la centrale sera là pour les soutenir », déclare le vice-président, David Bergeron-Cyr. Pour un mouvement comme la CSN, fondé sur la solidarité au quotidien, cet engagement va de soi et permet au mouvement syndical de faire une différence dans la vie des gens. C’est pourquoi la CSN est prête à poursuivre ses efforts dans les années à venir pour continuer d’aider Leucan et les enfants.

Une soif de reconnaissance

Les paramédics sont les professionnel-les de la santé qui offrent des soins, souvent dans un contexte d’urgence et à l’extérieur de l’hôpital, qu’on désignait autrefois comme des ambulanciers. Qu’ils travaillent pour l’organisme public Urgences-santé dans la région métropolitaine, pour une entreprise privée ou pour une coopérative, les paramédics négocient notamment leur rémunération avec le Conseil du trésor puisque c’est Québec qui finance les services. La CSN représente la grande majorité de ces travailleuses et travailleurs, partout au Québec.

Deux côtés de la bouche

Dès les premières heures de la grève, la présidente du Conseil du trésor, alors Sonia LeBel, expliquait sur le réseau X que le règlement salarial négocié dans le secteur public était « accessible » pour les paramédics. Elle s’est bien gardée de préciser que son gouvernement demandait du même souffle aux paramédics qu’ils renoncent à certaines mesures, ce qui reviendrait à réduire leur rémunération d’environ 10 %, soit près de quatre dollars l’heure. Et dès le premier jour du futur contrat de travail ! De plus, le gouvernement considère actuellement que la rémunération des paramédics est trop élevée par rapport à l’évaluation qu’il fait de la valeur de leur travail : ce qui explique qu’il ne prévoit pas de bonifications salariales.

Malheureusement, pendant que le gouvernement maintient cette ligne dure, sur le terrain, les paramédics désertent la profession. Pour celles et ceux qui demeurent en poste, la surcharge de travail devient intenable et les heures supplémentaires obligatoires explosent. Pour le secteur préhospitalier de la FSSS–CSN, la solution à cette faible rétention est d’améliorer les conditions d’emploi, de s’entendre sur une échelle salariale adéquate et d’améliorer le régime de retraite. Faut-il rappeler que la réalité de ce travail est extrêmement exigeant, tant physiquement que mentalement ?

Services essentiels

Étant donné la nature de leur travail, les paramédics sont tenus de maintenir les services essentiels à la population durant la grève. Elle s’exerce donc en deux volets. D’une part, ils cessent d’effectuer une liste de tâches qu’ils remplissent en temps normal, mais qui ne sont pas indispensables à la santé et à la sécurité du public. D’autre part, grâce à une percée réalisée par la CSN lors de négociations précédentes, le personnel-cadre est tenu de contribuer au maintien des services essentiels en effectuant des quarts de travail en remplacement de celles et ceux qui exercent une grève de temps.

Qu’à cela ne tienne, les syndiqué-es ont été très visibles au courant de l’été. Ils ont notamment profité des grands événements pour aller à la rencontre de la population. Plusieurs de ces rassemblements n’auraient pu avoir lieu sans la présence de paramédics prêts à intervenir en cas d’urgence. Pas de paramédics, pas de Grand Prix, pas de festival ! Ce message a pu raisonner à Montréal comme à Trois-Rivières, à Québec, en Estrie, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, dans les Laurentides et en Montérégie, lors d’événements en tout genre, notamment à un match du CF Montréal.

Plusieurs dates de négociation sont prévues cet automne. Par le passé, les paramédics ont souvent fait preuve d’une grande créativité en matière de mobilisation. Nul doute que les élu-es de la CAQ les trouveront sur leur chemin si le parti maintient la ligne dure pour tenter de leur imposer de tels reculs.

Austérité et favoritisme: la CAQ, un parti au service des élites

Le projet politique de ce club sélect au service des mieux nantis est clair et limpide : un Québec où tout se vend, tout se privatise, tout s’exploite. Cette organisation politique applique sans gêne un programme hostile aux droits des travailleuses et travailleurs et est obsédée par l’enrichissement du secteur privé – duquel bon nombre de ses proches font partie.

François Legault et ses ministres ne s’en cachent même plus : les syndicats sont leurs ennemis, des « nids de guêpes » pour reprendre leurs propos. Afin d’affaiblir le pouvoir collectif des travailleuses et des travailleurs pour mieux faire passer des politiques qui enrichissent une minorité, le ministre du Travail, Jean Boulet, a déposé un projet de loi en février dernier. Adopté depuis, il restreint grandement la possibilité pour les syndiqué-es d’améliorer leurs conditions d’emploi. Prétextant qu’il considérera davantage les besoins de la population en cas de grève ou de lock out, le gouvernement se donne le droit de mettre fin à des conflits de travail et d’imposer des services minimums dans tous les secteurs, ou presque. En plus de judiciariser inutilement les conflits, cette loi vient limiter de manière abusive les moyens dont disposent les salarié-es syndiqués pour exercer leur rapport de force nécessaire en négociation. Le message est clair : « Fermez-la, travaillez sans exiger plus, contentez-vous du minimum ! »

Le vrai visage de la CAQ

Les caquistes nous parlent de « rigueur », de « responsabilité » et de « saine gestion des finances publiques ». Mais ces mots maquillent ce qui constitue une austérité néolibérale sans imagination. C’est la réalité québécoise depuis plus de 40 ans.

Pendant que les plus riches et les grandes entreprises dorment sur leurs avantages fiscaux, que la CAQ procède à une baisse d’impôt, se privant ainsi de revenus essentiels, elle continue de réduire les services publics et laisse les écoles tomber en ruines, tout en regardant les hôpitaux crouler sous la pression. Parallèlement, des cliniques et entreprises privées de soins médicaux obtiennent des contrats mirobolants alors que les hôpitaux publics manquent de personnel et de matériel. Les ministres caquistes transforment la maladie en occasion d’affaires et la détresse humaine, en ligne comptable. Résultat de tout cela ? Des services sociaux qui disparaissent, une érosion de la confiance de la population envers ces derniers, des travailleuses et des travailleurs à bout de souffle et le privé qui s’insère partout où il le peut.

Depuis l’arrivée au pouvoir de François Legault, la frontière entre l’État et les intérêts privés est devenue complètement floue. On ne compte plus les nominations de proches dans des postes clés, les contrats publics accordés à des entreprises dirigées par d’anciens collaborateurs ou des donateurs et les appels d’offres qui favorisent la voisine ou le cousin. Quelques exemples : la gestion des maisons des aîné-es, confiée à des entrepreneurs proches du pouvoir, s’est soldée par des dépassements de coûts faramineux et une efficacité douteuse; le 3e lien, présenté comme une nécessité stratégique, semble avant tout une bébelle électorale et une occasion en or pour des firmes d’ingénierie et des promoteurs bien connectés.

Salaire minimum : un mépris assumé

Parlons-en, du minimum. La CAQ refuse obstinément de hausser le salaire minimum à un niveau décent, pendant que le coût de la vie explose. Les gens peinent à boucler leurs fins de mois, mais le gouvernement préfère parler de « compétitivité » et de « prudence économique ». Traduction : mieux vaut protéger les marges de profit des entreprises que de garantir un revenu de base décent à celles et ceux qui font en sorte que le Québec fonctionne.

Et la crise du logement ? Joyeuse inertie. Des familles dorment dans des voitures ou restent piégées dans des appartements insalubres alors que le Québec connaît une flambée des loyers. Un contrôle des loyers aiderait grandement les locataires, mais la CAQ ne règlemente d’aucune façon l’accès au logement. Le parti aggrave même cette crise en révisant la méthode de calcul de l’indice d’augmentation de loyer à l’avantage des propriétaires ! La CAQ n’a pris aucune mesure sérieuse pour le logement social et n’a visiblement aucune volonté d’imposer des balises aux promoteurs voraces.

En somme, la CAQ gouverne avec la main de fer du patronat et le sourire figé du comptable. Son agenda est clair : casser les syndicats, prôner des politiques qui contribuent à réduire le pouvoir d’achat des travailleuses et travailleurs, privatiser l’essentiel des services publics et injecter des milliards dans le privé. Ce choix politique n’est pas un manque de vision, c’est un choix délibéré… et glaçant.

Shane Vollant-Einish: nouveau souffle sur la Côte-Nord

Originaire de Kawawachikamach, près de Schefferville, Shane Vollant-Einish est profondément ancré dans ses racines innues et naskapies. Avant d’être élu vice-président du Conseil central de la Côte-Nord–CSN, il a parcouru un chemin professionnel très varié, qui témoigne de sa volonté à contribuer à l’essor de sa région et de sa communauté. Au fil de sa carrière, il a occupé plusieurs emplois : pompier, aide-menuisier, pêcheur et Ranger canadien, avant de se consacrer à son poste actuel d’opérateur d’équipement lourd.

« Notre collectivité est relativement isolée et être polyvalent est une qualité essentielle. Les besoins en tout genre sont multiples et souvent urgents. Il est donc crucial de répondre présent lorsque notre communauté nous interpelle », affirme Shane.

« La volonté d’aider les autres m’a poussé à m’engager dans le monde syndical, poursuit-il. Nos communautés sont relativement autonomes et, depuis longtemps, nous avons appris à gérer nos enjeux de manière démocratique. Nos méthodes d’organisation sont très similaires à celles de la CSN et la force de la structure syndicale de la centrale nous inspire. Elle est porteuse d’une histoire de luttes syndicales qui constitue un soutien déterminant pendant les conflits de travail. »

En plus de son rôle de vice-président, Shane occupe le poste d’opérateur d’équipement lourd pour la société de transport ferroviaire Tshiuetin, première ligne de chemin de fer en Amérique du Nord entièrement détenue et exploitée par un regroupement de Premières Nations. « C’est une immense fierté pour nous de détenir et d’opérer cette ligne ferroviaire, déclare Shane. Tshiuetin est bien plus qu’une simple entreprise de transport. Elle emploie de nombreuses personnes, et maintient un lien tangible et direct avec le reste du Québec et du Canada. Elle représente une véritable porte ouverte sur le monde pour les membres de nos communautés. »

Shane est formel, son nouveau rôle au sein du conseil central représente bien plus qu’une simple fonction syndicale : c’est l’opportunité de renforcer les liens entre les travailleuses et travailleurs de la région. « Je suis désormais le représentant de tous les membres de la Côte-Nord. Notre territoire est isolé et nous avons appris à jongler avec cette réalité, mais cela ne veut pas dire que nous devons vivre en autarcie. Au contraire, nous avons beaucoup à apprendre les uns des autres. Le développement de la solidarité régionale est essentiel pour assurer notre progrès collectif. »

Immigration: les rafles se multiplient aux États-Unis

Aux États-Unis, des millions de res­sor­tissants étrangers vivent aujourd’hui dans la peur d’aller travailler. Et pour cause : les milieux de travail sont de plus en plus la cible des rafles menées par les agents de la police fédérale de contrôle de l’immigration (ICE), chargés de faire respecter les politiques migratoires du pays.

Les images font frissonner : masqués, lourdement armés, appuyés par des véhicules militaires, ils envahissent par centaines là une usine, là une ferme, aujourd’hui un restaurant, demain un lave-auto. C’est à de véritables arrestations de masse qu’ils s’activent, se servant d’attaches à usage unique pour immobiliser les travailleurs, le temps de vérifier le statut de chacun.

À Los Angeles en juin dernier, c’est un stationnement du Home Depot de Westlake qui fut le théâtre d’un tel coup de filet. Comme chaque matin, ils étaient déjà quelques centaines de journaliers à espérer être embauchés pour la journée quand les agents de l’ICE ont envahi les lieux, multipliant les arrestations arbitraires. Devant l’ampleur des manifestations, Trump jugea bon de déployer les troupes de la garde nationale, malgré l’opposition du gouverneur californien – et féroce opposant démocrate –, Gavin Newsom.

En juillet, la juge Maame E. Frimpong ordonnait aux corps de police de cesser de cibler aléatoirement les communautés immigrantes en raison de leur accent ou de leur apparence ethnique. Un tel profilage racial enfreint le 4e amendement américain, qui protège les citoyens contre les arrestations abusives.

Si la décision Frimpong a été confirmée par la Cour d’appel, l’administration Trump a depuis porté la question à la Cour suprême qui, dans une décision provisoire rendue le 8 septembre, levait temporairement les interdictions imposées aux opérations de la police de l’immigration.

Mais les forces de l’ICE n’ont pas attendu la décision du plus haut tribunal du pays. Le 7 août dernier, c’est dans le stationnement du même Home Depot de Los Angeles qu’ils ont déployé l’opération « Cheval de Troie ». Cachées dans un camion de location – comme ceux utilisés par les entrepreneurs en quête de main-d’œuvre bon marché –, des troupes ont surgi du camion, pourchassant les malheureux.

Pour de nombreuses communautés immigrantes, le pire est à craindre si la Cour suprême devait, lorsqu’elle se penchera sur le fond de l’affaire, autoriser des arrestations basées sur « l’ethnicité apparente », comme le souhaite l’administration Trump.

D’autant plus que la loi budgétaire que le président a fini par faire adopter au cours de l’été, le One Big Beautiful Bill Act, prévoit une augmentation de 75 milliards $ du budget de l’ICE, permettant à la force d’embaucher 10 000 nouveaux agents. La somme de 45 milliards sera investie au cours des quatre prochaines années pour décupler le nombre de centres de détention pour personnes immigrantes en situation irrégulière, comme cet « Alcatraz des alligators », construit en un temps record en bordure d’une piste d’atterrissage abandonnée en Floride, qui sert depuis à l’expulsion des immigrants.

Le président Trump et sa secrétaire à la sécurité intérieure, Kristi Noem – celle-là même qui avait défrayé la chronique après avoir abattu son chien à bout portant – n’en démordent pas : c’est aux criminels endurcis, « membres de gang, violeurs et pédophiles », qu’ils font la lutte.

Les chiffres montrent pourtant le contraire. Depuis le retour des arrestations de masse, la part d’immigrants sans antécédent criminel parmi les personnes arrêtées par l’ICE n’a cessé d’augmenter, passant de 24 % en décembre à 37 % en juillet, selon les chiffres compilés par le Deportation Data Project de l’Université de Californie à Berkeley.

En marche pour changer le monde

C’est grâce à des féministes québécoises qu’était lancée, il y a 30 ans, la marche historique « Du pain et des roses ». Cet événement a donné naissance au mouvement international de la Marche mondiale des femmes qui, lors de sa première édition en l’an 2000, a rassemblé des personnes issues de 161 pays pour dénoncer la pauvreté et la violence subies par les femmes. Depuis, cette grande mobilisation se déroule tous les cinq ans, partout à travers le monde.

« Bien que les militantes pour l’égalité des sexes aient réalisé des gains, les iniquités persistent. La montée de la droite et du masculinisme suscite des inquiétudes. On constate encore beaucoup de précarité d’emploi chez les femmes et une augmentation de la violence qu’elles subissent », s’inquiète la responsable politique du comité confédéral de la condition féminine et secrétaire générale, Nathalie Arguin.

« À la CSN, notre travail est d’aller sur le terrain et de croire les victimes. On offre des formations sur la condition féminine et sur la prise de parole des femmes. C’est important qu’elles prennent leur place à l’intérieur des syndicats. On veille aussi à ce que la Loi sur l’équité salariale soit respectée, pour une diminution de la précarité économique des femmes. En plus de participer activement à la marche mondiale, on se mobilise chaque 8 mars, Journée internationale des droits des femmes. Mon grand rêve est que tout ceci ne soit plus que commémorations, car nous aurions créé une société basée sur les valeurs féministes qui placent l’économie au service du vivant », explique la responsable de la condition féminine du Conseil central du Montréal métropolitain, Marie-Roberte Lucate.à

Le 18 octobre 2025, la marche mondiale dénoncera les violences faites aux femmes et l’inaction face à la crise climatique. Le rassemblement revendiquera aussi un revenu décent qui garantit l’autonomie financière des femmes et leur droit à l’accès universel et gratuit aux services publics.

Entre petits syndicats

À l’approche des élections municipales à l’échelle de la province, la CSN a décidé de faire le point sur les enjeux vécus par les syndiqué-es du milieu. Alors que ces derniers sont touchés de plein fouet par la hausse du coût de la vie, l’attraction et la rétention de la main-d’œuvre affectent désormais le recrutement.

« Avant, dans le municipal, on nous considérait comme choyés, relève Kuang Selao, président du secteur du même nom à la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP–CSN). Personne ne pleurait nos conditions de travail. Pendant la COVID, le domaine privé a toutefois bonifié ses conditions alors que celui du municipal stagne. »

Kuang raconte avoir vu des cols bleus de son syndicat local quitter le secteur même après 10 ou 15 ans d’ancienneté. « Habituellement, les bleus sortent seulement à leur retraite », poursuit-il. Le président du secteur s’explique mal cette résistance des villes à augmenter les salaires… alors que l’explosion du prix de l’immobilier profite positivement à leurs revenus. Il constate que les villes ne priorisent pas l’investissement dans la main-d’œuvre, même si elles en ont grandement besoin.

Dans le contexte économique, le volet financier est vraiment au cœur des préoccupations des membres. « Lorsqu’on a obtenu une bonification au régime de retraite, une employée m’a dit oui, c’est une bonne nouvelle, mais ça n’ajoute pas de pain sur ma table », illustre Kuang Selao.

Les défis du secteur

L’enjeu majeur du secteur municipal à la FEESP est l’existence de nombreux petits syndicats. « Comme ils ne sont pas toujours autonomes, cela peut affecter leur vie syndicale et la capacité à représenter efficacement les enjeux vécus par leurs membres », complète le président du secteur.

La taille de l’unité fait aussi que le potentiel de candidates ou candidats qui souhaitent s’engager syndicalement est faible. Cela fait boule de neige : les plus petits syndicats ne participent pas aux instances du mouvement. « C’est pour ça qu’à l’exécutif du secteur, on a pris l’engagement d’aller à la rencontre de tous ces groupes », ajoute Kuang Selao.

La participation citoyenne aux élections municipales est en baisse dans la province, de moins en moins de personnes s’y intéressent alors que ça devrait plutôt être le contraire, selon le président du secteur à la FEESP–CSN.

« C’est une entité de proximité, mentionne Kuang Selao. Je trouve que c’est le seul palier où l’on peut avoir un impact direct. »

CISO: immersion syndicale au Mexique

En juin dernier, une délégation de syndicalistes du Congrès du travail du Canada, des Métallos, de l’Alliance de la fonction publique du Canada et du Syndicat canadien de la fonction publique se sont rendus à la rencontre de leurs homologues mexicains afin d’échanger sur leurs réalités respectives, en particulier concernant l’impact de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM).

En tant que membre du conseil d’administration du Centre international de solidarité ouvrière (CISO), Philippe Morin été invité à participer à cette délégation. Le CISO a été fondé à l’initiative de plusieurs acteurs syndicaux québécois, dont la CSN, et regroupe plusieurs organisations affiliées dont certaines fédérations et conseils centraux, en plus de certains syndicats locaux et du Syndicat des travailleuses et travailleurs de la CSN.

Au cours de ce séjour, les camarades du Mexique ont pu expliquer les nombreux défis auxquels ils font face, mais aussi annoncer les éventuelles opportunités de collaboration entre les groupes des pays participants.

Parmi les principaux défis, la CSN souligne la discrimination et la violence faites aux travailleuses, particulièrement lorsque celles-ci s’organisent syndicalement. Cette violence est exercée tant de la part des patrons que par certains militants syndicaux, pas toujours très progressistes… Le courageux travail de sensibilisation de la Red de Mujeres Sindicalistas (Réseau des femmes syndicalistes) et du Comité Fronterizo de Obreras (Comité frontalier des ouvrières) a impressionné les délégué-es et provoqué d’importantes mais difficiles discussions avec certains camarades mexicains de l’industrie lourde.

La rencontre a aussi permis d’amorcer un bilan du traité de libre-échange qui unit les trois pays. Le traité prévoit un mécanisme qui, à la demande de syndicats américains ou canadiens, dépêche des enquêteurs lorsque des violations des droits syndicaux sont dénoncées par des individus ou des organisations mexicaines. Ce dispositif original, qui s’inscrit tout de même dans un rapport inégal entre les pays, est généralement salué par les associations mexicaines, même si des améliorations quant à son efficacité sont souhaitables.

Finalement, la présence de militantes et militants canadiens a aussi favorisé le dialogue entre les syndicats démocratiques du Mexique, notamment parmi nos alliés historiques du Frente Auténtico del Trabajo. Ainsi, les démarches de consolidation et de recherche d’unité entre les syndicats progressistes se poursuivent et se renforcent.

L’antisyndicalisme basé sur des données erronées

La CAQ a résolument pris le virage de l’antisyndicalisme en multipliant les attaques contre le mouvement syndical au cours des derniers mois. Le gouvernement prévoit de revenir à la charge cet automne pour réduire la capacité des syndicats à intervenir dans le débat public, même sur les enjeux qui touchent les travailleuses et les travailleurs au quotidien. Aux yeux de la CAQ, la fin semble justifier les moyens. Si le passé est garant de l’avenir, il faudra se méfier des arguments que les ministres utiliseront pour défendre leur projet, car ils ont fait preuve d’une grande créativité dans l’interprétation des faits, en matière de relations de travail.

Rappelons que durant le printemps et une bonne partie de l’été, le ministre du Travail, Jean Boulet, a mené une campagne antisyndicale en se basant sur des chiffres erronés publiés par Statistique Canada. Ainsi, il a fallu que la CSN interroge l’organisme fédéral pour que ce dernier révèle l’inexactitude des données et qu’il les retire de son site. En fait, Statistiques Canada recommande de consulter ces résultats auprès du ministère du Travail du Québec… le ministère de Jean Boulet !

Ainsi, il n’y a pas eu 759 grèves au Québec en 2024, mais bien 208 conflits de travail, confirme le propre ministère de Jean Boulet, qui est le seul organisme chargé de valider ces informations. L’année 2024, bien qu’effectivement ponctuée de nombreux arrêts de travail, ne fut pas une année record à ce chapitre et se situa légèrement au-dessus de la moyenne annuelle. Non, 91 % des grèves au Canada n’ont pas lieu dans la province !

Édition automne 2025: des nouvelles en rafale

Le personnel de soutien de l’aide juridique met fin à la grève

Après neuf jours de grève, les huit syndicats du Regroupement du personnel de l’aide juridique ont réussi à conclure une entente de principe en juin dernier. C’est le conciliateur au dossier qui a émis une recommandation afin de trouver une sortie au conflit de travail.

« Je suis fière qu’on ait réussi à mobiliser les travailleuses. C’est la première fois que nos membres se sont autant tenues debout. Nous avons mis en place une belle mobilisation graduelle. Nous sentions les effets sur l’employeur à la table de négociation. Mais il a fallu recourir à la grève pour le réveiller, et nous l’avons fait ! », affirme la présidente du regroupement, Josée Désilets.

Avec une même convention collective, les salariées ont maintenant toutes droit à un horaire variable, au télétravail et à la semaine de quatre jours. Elles obtiennent également une augmentation salariale de 17,4 % sur cinq ans et les mêmes gains que le secteur public.

 

La CSN s’opposera à l’interdiction des signes religieux en CPE

Soucieux de redorer son image auprès d’une frange de la population en cette année électorale, il y a fort à parier que le gouvernement Legault donne suite à la recommandation du rapport Pelchat-Rousseau à l’effet d’interdire le port de signes religieux au réseau de la petite enfance.

Au fil des projets de loi déposés par la CAQ, la CSN a toujours défendu sans réserve la laïcité de l’État, tout en s’opposant à ce qu’une vision rigide de celle-ci en vienne à bafouer les droits et libertés des travailleuses et des travailleurs, protégés par nos chartes.

Au même titre que la CSN s’était montrée en défaveur de l’élargissement de cette interdiction à l’ensemble du personnel du réseau de l’éducation, la centrale a annoncé qu’elle s’opposerait à une interdiction du port de signes religieux auprès du personnel des CPE.

« Visiblement, le gouvernement Legault a perdu tout sens des priorités, se désole Caroline Senneville. Le réseau de la petite enfance est à court d’au moins 30 000 places subventionnées. Les problèmes de recrutement de main-d’œuvre sont criants. Et tout ce que le gouvernement trouve à faire, c’est de se priver de travailleuses compétentes par simple calcul politique. »

Cliniques vétérinaires: des conditions de travail intenables

Après des années de surcharge de travail, les salarié-es de plusieurs cliniques vétérinaires du groupe Daubigny ont décidé de se syndiquer pour faire entendre leur voix.

Le groupe Daubigny, qui représente aujourd’hui plus d’une centaine d’établissements, s’impose comme le plus grand conglomérat vétérinaire au Québec. Toutefois, selon les témoignages des employé-es, cette croissance s’est faite au détriment de la qualité de vie au travail. La stratégie Daubigny est bien rodée : acquérir des cliniques sans afficher clairement son image de marque, augmenter considérablement les tarifs, désinvestir dans l’entretien des lieux et des équipements et détériorer les conditions de travail.

Le message des travailleuses et travailleurs des cliniques vétérinaires est clair : ils veulent améliorer leurs conditions d’emploi et, ultimement, offrir de meilleurs soins aux animaux de compagnie.

 

L’hôtellerie marque des points

Avec l’entente adoptée en septembre par les employé-es de l’Hôtel Le Concorde à Québec, la 11e négociation coordonnée de l’hôtellerie prend fin.

La mobilisation exemplaire des travailleuses et des travailleurs a mené à des avancées importantes : augmentations salariales de 21 % sur quatre ans et hausse de la contribution de l’employeur à l’assurance collective. Les syndicats ont de plus réussi à restreindre le recours aux agences privées. Le personnel améliorera aussi son sort en matière de formation, de vacances, de charge de travail et par rapport aux pourboires. Les journées de grève coordonnées et les nombreuses actions ont mis la pression nécessaire pour forcer les hôteliers à partager les profits.

La ronde de négo a été marquée par de longs conflits dans plusieurs établissements. Bien que certains hôteliers ont tenté d’épuiser les salarié-es, le résultat des négociations prouve que ça n’a pas marché ! La solidarité et la détermination donnent la force nécessaire aux membres pour marquer des points.

 

École de la relève 2025: les jeunes au rendez-vous !

Une quarantaine de militantes et militants ont pris part, en août dernier, à la cohorte de l’École de la relève 2025. Ce camp de formation, destiné aux jeunes de moins de 35 ans issus des syndicats affiliés à la CSN, vise à les initier aux rudiments de l’action syndicale et aux différentes composantes de notre centrale.

Conjoncture oblige, les attaques au droit de grève et à l’activité syndicale et l’impact de la hausse du coût de la vie sur les travailleuses et les travailleurs ont ponctué les discussions cette année. Pour la vice-présidente de la CSN et la responsable du comité confédéral des jeunes, Katia Lelièvre, l’École de la relève est d’abord et avant tout un lieu d’échange et de réseautage fort apprécié par les participantes et participants.

« La formation permet aux jeunes d’échanger sur les défis auxquels ils sont confrontés dans leur milieu de travail, explique Katia. Pour certains, c’est la découverte du milieu syndical, alors que pour d’autres, l’École leur permet d’approfondir leur connaissance de notre mouvement. C’est stimulant de les voir évoluer tout au long de la formation ! »

Une grande victoire syndicale chez Héroux-Devtek

Après un lock-out de deux mois, le syndicat a de quoi se réjouir. Une augmentation salariale significative de plus de 20 %, accompagnée d’une valorisation des primes et du régime de retraite, améliorera les conditions de vie des employé-es spécialisés dans la confection de trains d’atterrissage. (Une photo de Dominic Morissette)

Le chiffre du numéro : 101
L’illustre sociologue Guy Rocher, témoin et acteur important du 20e siècle au Québec, est décédé le 3 septembre dernier. Il avait 101 ans.
Dans le premier gouvernement du Parti québécois, le ministre Camille Laurin fait appel à lui pour la rédaction de la Charte de la langue française, baptisée loi 101, adoptée en 1977. Bon voyage, cher camarade !

Édition automne 2025: bienvenue à la CSN!

Cœur du Québec

  • STT de Transport & Entreposage Paradis (FEESP–CSN)
  • STT de la Micro-brasserie Le Trou du diable | Boutique et salon
    (FC–CSN)

    Lanaudière

    • SEE de la Société québécoise du cannabis | section Rawdon (FEESP–CSN)

    Montérégie

    • SN du Personnel de Francisation | Cégep Saint-Jean-sur-Richelieu (FNEEQ–CSN)
    • STT en santé animale de la Montérégie | Section Clinique vétérinaire de Vaudreuil (FP–CSN)
    • STT des résidences et CH privés de la Montérégie | Section CHSLD Argyle (FSSS–CSN)

    Montréal métropolitain

    • SEE du pensionnat du Saint-Nom-de-Marie (FNEEQ–CSN)
    • STT des industries manufacturières | Section ARD Canada Inc. (FIM–CSN)
    • STT en santé animale de Montréal | Section Clinique vétérinaire du Plateau Mont-Royal (FP–CSN)
    • STT des centres d’hébergement du grand Montréal | Section Résidence le St-Michel (FSSS–CSN)
    • STT de la Compagnie des Prêtres de Saint-Sulpice (FEESP–CSN)

    Québec–Chaudière-Appalaches

    • S des employés municipaux de la Côte de Beaupré | Section Saint-Tite-des-Caps (FEESP–CSN)
    • STT du commerce | section Village Vacances Valcartier, restaurants Le capitaine, Villagio et Chalet sportif (FC–CSN)
    • STT du commerce | section Village Vacances Valcartier – Bars extérieurs (FC–CSN)
    • STT de la MRC de Bellechasse (FEESP–CSN)
    • SN des archéologues du Québec | Section Gaia (FP–CSN)

    Saguenay–Lac-Saint-Jean

    • STT des organismes communautaires du Saguenay-Lac-Saint-Jean | Maison d’accueil pour sans-abri d’Alma (FSSS–CSN)
    • SEE de la Société québécoise du cannabis | section Saint-Félicien (FEESP–CSN)

    Bienvenue à la CSN!

    Résister, au fil des saisons

    En prenant la route du Bas-du-Fleuve cet été, Éric Lavoie Vouligny et Sylvain Bordeleau s’attendaient quand même à recevoir quelques tomates. La région est le fief d’André Bélanger, propriétaire de Béton Provincial.

    C’est d’abord pour informer les travailleurs des autres usines de Béton Provincial des enjeux de leur négociation qu’Éric et Sylvain ont fait tant de kilomètres. Mais aussi pour sensibiliser la population au comportement répréhensible de leur concitoyen, qui n’a pas hésité à mettre 50 employés en lock-out à quelques jours de leur qualification à l’assurance-emploi, en décembre dernier, tout juste avant la saison morte.

    « On voulait passer notre message, explique Éric en entrevue. On voulait aller chez lui, dans sa ville à Matane. Pour que sa famille, ses ami-es, commencent à l’interpeller : comment ça, que ça monte de Montréal pour poser des pancartes jusqu’ici ? »

    Des tomates, Éric et Sylvain n’en auront reçu qu’à Gaspé, où les travailleurs, non syndiqués, craignirent de subir les contrecoups de cette visite improvisée.

    « Partout ailleurs, on nous accueillait à bras ouverts. Ils savent qu’on se bat pour l’industrie au complet. Pour tous les opérateurs de bétonnières du Québec », explique M. Lavoie Vouligny

    « On a fait toutes les usines du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie. On s’arrêtait, on mettait des drapeaux et on parlait aux gars. Sur la route, on s’arrêtait manger dans les haltes : on faisait juste se stationner, les gens venaient nous voir et on distribuait nos tracts… »à

    Tuer la concurrence

    C’est en avril 2024 que Demix Béton, la compagnie qui employait Éric et Sylvain, fut rachetée par Béton Provincial. En pleine expansion, l’entreprise emploie aujourd’hui plus de 2600 personnes dans ses 90 usines et sa centaine de carrières, tant au Québec qu’en Ontario, au Nouveau Brunswick et à Terre-Neuve.

    « À Gaspé, un entrepreneur est venu nous dire que Béton Provincial avait racheté toutes les petites usines de la région, relate Éric. Ils ont baissé les prix, ils ont tué toute la concurrence. Ensuite, ils ont fait passer le prix du mètre cube de béton de 100 $ à 300 $. L’entrepreneur nous disait qu’en Gaspésie, tu n’as pas le choix de faire affaire avec Béton Provincial. Pour de la qualité ben moyenne, parfois. »

    Comme tous ses collègues, Éric Lavoie Vouligny est conscient que les conditions négociées chez Demix sont meilleures que celles qui prévalent en Gaspésie. Jusqu’à 6 $ l’heure en moins.

    « Ce sont de petits plants : souvent quatre ou cinq employés, pas plus. Béton Provincial fait ce qu’il veut. Les travailleurs ont peu de marge de manœuvre pour refuser les offres de la compagnie », précise Éric.

    À LaSalle et à Longueuil, les employés ont refusé les offres du boss. Il voulait geler les salaires sur quatre ans, abolir le régime de retraite et couper substantiellement dans l’assurance collective. Depuis décembre, rien n’a trop bougé à la table de négociation.

    « C’est de plus en plus dur, admet Éric. Les gars se trouvent des petites jobs à gauche à droite. Il y en a qui n’ont pas le choix, avec les enfants et la maison à payer. Certains ont carrément décroché et sont allés se faire voir ailleurs, même si la majorité des lock-outés maintiennent chaque semaine la ligne de piquetage. »

    Au moment d’écrire ses lignes, Éric et Sylvain s’apprêtaient à reprendre la route à bord de leur camionnette. « On fera tout le Saguenay pour continuer sur la Côte-Nord ensuite. On s’arrêtera dans les conseils centraux et on prévoit visiter au moins une quinzaine d’usines de Béton Provincial. »

    « Moi, c’est la mobilisation qui me tient. Trouver des idées de mob et m’occuper des gars sur la ligne m’aide à passer au travers », conclut Éric Lavoie Vouligny.

    La déconfiture du royaume abitibien

    Grand cinéaste des gens ordinaires aux vies extraordinaires, Pierre Perrault avait l’habitude de coucher sur papier le contenu de ses films. Cet ouvrage retrace ainsi en détail le film du même nom sorti en 1975 et tourné avec la formidable caméra de Bernard Gosselin.

    En pleine crise des années 1930, le ministère de la Colonisation publiera la brochure Un royaume vous attend afin d’inviter des milliers de chômeurs à quitter la ville pour défricher et développer l’Abitibi.

    Avec les moyens du bord et peu de connaissances, plusieurs familles y développèrent des fermes modestes alors présentées comme celles qui porteraient l’avenir alimentaire du Québec. La famille de Hauris Lalancette fera partie de cette aventure ardue qui se terminera mal pour la majorité de celles et ceux ayant rêvé de vivre dignement dans ce royaume. Héros au centre de l’œuvre, Lalancette luttait à l’époque contre la fermeture de son village, Rochebaucourt.

    Les promesses de rêves des politiciens et du clergé ne seront pas accompagnées d’appuis concrets à cet effort de colonisation. Avec le temps, la dure réalité de la vie dans une région si austère et les coûts importants associés à l’agriculture industrielle finiront par en décourager plusieurs.

    Constatant les besoins de main-d’œuvre nécessaire à la construction de la Baie-James, le gouvernement lui-même enverra des fonctionnaires pour vendre ce nouveau rêve et inciter des familles à déménager vers ces villes plus denses. Défrichées et propices à la culture, les terres abandonnées par les familles seront alors confiées aux compagnies forestières pour qu’elles y cultivent différentes essences d’arbres nécessaires à l’industrie. Les rêves de liberté et les efforts de milliers de gens humbles seront alors gommés de l’histoire et réduits au service de l’économie.

    La lucidité et la colère contagieuses de Lalancette permettent au lecteur de comprendre le système d’exploitation mis en place par le gouvernement de l’époque, sans le soutien promis aux colons. Une histoire 1000 fois vécue par autant de familles dans un système capitaliste profitable aux riches, mais violent et réducteur pour les pauvres.

    Pour emprunter : visiter PôleDoc CSN
    Pour visionner : ici

    Les centrales syndicales et le RATTMAQ appellent à dépolitiser l’immigration

    Les grandes centrales syndicales (CSD, CSN, CSQ et FTQ) ainsi que le Réseau d’aide aux travailleuses et travailleurs migrants agricoles du Québec (RATTMAQ) demandent au gouvernement de dépolitiser la gestion de l’immigration.

    « La planification pluriannuelle de l’immigration est un exercice trop important pour être entaché des débats politiques qui sont souvent inutilement partisans. On doit offrir aux personnes immigrantes toutes les chances de contribuer pleinement à la société québécoise et traiter véritablement avec humanité. Ce que l’on souhaite de tous nos vœux, c’est que le gouvernement fasse la démonstration que les dés ne sont pas pipés », ont affirmé d’une seule voix Luc Vachon, président de la CSD, Katia Lelièvre, vice-présidente de la CSN, Pascal Côté, troisième vice-président de la CSQ, Denis Bolduc, secrétaire général de la FTQ et Mélanie Gauvin, porte-parole du RATTMAQ.

    « Bien que nous participions aux consultations, nous demeurons dubitatifs quant à la volonté réelle du gouvernement d’écouter et d’ajuster sa politique. De nombreux acteurs, issus d’horizons variés, recommandent d’offrir des réelles voies d’accès à la résidence permanente pour les personnes à statut temporaire qui sont actuellement au Québec, notamment afin de répondre à des besoins de main-d’œuvre qui sont à la base permanents. Or, le plan actuel s’oriente clairement à l’inverse et ne répond pas adéquatement aux défis d’immigration, de francisation et d’inclusion au Québec », a ajouté Luc Vachon, président de la CSD.

    Miser sur la résidence permanente
    Depuis de nombreuses années, les centrales syndicales préconisent la résidence permanente plutôt que la précarité associée à la résidence temporaire. À long terme, croient-elles, seule l’immigration permanente motive l’apprentissage du français et peut soutenir la démographie, le marché du travail et la prestation de services.

    « Le Québec a des besoins démographiques, de main-d’œuvre et de services qui sont permanents. Nous devons combler ces besoins en offrant des statuts permanents aux immigrantes et immigrants qui sont ici présentement. Il faut être responsables dans notre façon d’accueillir ces gens. Pour ce faire, nous devons hausser les seuils de la résidence permanente par l’admission de résidents temporaires déjà chez nous, ce qui aura pour effet de réduire leur nombre sur le territoire », affirme la vice-présidente de la CSN, Katia Lelièvre.

    Le piège des permis de travail fermés
    Afin de mettre fin aux pratiques abusives dont souffrent les travailleurs étrangers temporaires, les centrales syndicales et le RATTMAQ exigent du gouvernement qu’il mette fin au permis de travail lié à un seul employeur dans tous les programmes temporaires et qu’il procède à une réforme en profondeur du Programme des travailleurs étrangers temporaires. Mélanie Gauvin, porte-parole du RATTMAQ explique que : « Pour les travailleuses et travailleurs migrants temporaires, la seule véritable capacité d’accueil du Québec doit passer par l’abolition des permis de travail fermés et par un accès égal et inclusif à la résidence permanente. Nous souhaitons que le Québec agisse dans le respect des droits humains. »

    Denis Bolduc, secrétaire général de la FTQ poursuit : « Québec doit arrêter de tourner en rond dans le dossier des travailleuses et travailleurs migrants. Il doit, de façon urgente, régulariser la situation de ces milliers de travailleuses et travailleurs en leur accordant le statut permanent et en mettant fin aux permis de travail fermés » déclare Denis Bolduc secrétaire général de la FTQ.

    Soutenir la francisation et reconnaître l’apport des étudiantes et étudiants étrangers
    Les leaders syndicaux appellent le gouvernement à reconnaître pleinement la contribution des étudiantes et des étudiants internationaux et à réinvestir massivement en francisation, à tous les niveaux, dans les centres de services scolaires, en entreprise et celle offerte par les groupes communautaires.

    « L’apprentissage du français est un formidable passe-partout pour l’intégration des personnes immigrantes au Québec! Le gouvernement devrait éviter de jouer au yo-yo avec le financement comme il l’a fait l’automne dernier. Ce sont des parcours de vie dont il est question, pas de simples chiffriers Excel. En matière d’intégration, on ne peut pas non plus faire abstraction des étudiantes et étudiants internationaux. Ils sont déjà bien intégrés à leurs communautés et contribuent à la vitalité économique, sociale et culturelle de celles-ci », a conclu Pascal Côté, troisième vice-président de la CSQ.