Le SCCC-UQO en arrive à une entente avec l’université et le département des sciences de l’éducation

Le Syndicat des chargées et chargés de cours de l’Université du Québec en Outaouais (SCCC-UQO) en arrive à une entente avec l’Université du Québec en Outaouais et le Département des sciences de l’éducation. Selon certaines modalités, les personnes chargées de cours pourront se faire reconnaître leur expérience ou suivre une formation pour pouvoir continuer à superviser des stages ou enseigner les nouveaux cours.

« Nous sommes heureux de cette entente qui permettra à plus de 80 % de nos membres de continuer à enseigner à l’UQO », a déclaré la présidente du SCCC-UQO, Marie Josée Bourget. « La situation la plus difficile était celle des superviseures et superviseurs de stage. Si nos membres acceptent de suivre une courte formation, ils pourront continuer à effectuer ce travail », de poursuivre la présidente.

À l’UQO incluant les campus de Saint-Jérôme et de Gatineau, près de 60 % des cours de 1er cycle sont enseignés par les personnes chargées de cours. Un peu plus de 700 personnes y sont chargées de cours.

Le conseil syndical du SCCCUL réaffirme son désaccord envers les bonifications d’après-mandat octroyées aux hauts dirigeants de l’Université Laval

Le Syndicat des chargées et chargés de cours de l’Université Laval (SCCCUL), réuni en conseil syndical le 2 juin dernier, réitère avec fermeté son profond désaccord à l’égard des bonifications d’après-mandat octroyées aux hauts dirigeants de l’Université Laval, adoptées le 26 novembre 2014 par le Conseil d’administration de l’Université Laval, et déplore l’effet négatif de cette décision sur l’image publique de leur institution.

Au moment où le monde universitaire est touché de plein fouet par des compressions budgétaires sans précédent, et que les chargées et chargés de cours perdent de nombreux cours, dont certains dispensés depuis des années, le SCCCUL juge indécent l’octroi de ces bonifications d’après-mandat accordées aux membres de la haute direction de l’Université Laval, d’autant que ces mesures d’austérité mettent en péril la qualité de l’enseignement et la mission sociale de l’université.

Le conseil syndical du SCCCUL exige donc que le CA revienne sur sa décision d’accorder ces bonifications dénoncées par toute la communauté universitaire, et qu’il maintienne le statu quo existant avant cette déplorable décision. Le SCCCUL représente 1900 chargés de cours en lien d’emploi.

Tous amis de Radio-Canada dépose sa pétition aux Communes

Ce matin, Pierre Maisonneuve, porte-parole de la campagne Tous amis de Radio-Canada, a déposé publiquement une pétition de plus de 23 000 signatures à la Chambre des communes en compagnie d’Hélène Laverdière, députée NPD de Laurier-Sainte-Marie, du député libéral de Saint-Laurent, Stéphane Dion, et du député de Haute-Gaspésie-La Mitis-Matane-Matapédia, Jean-François Fortin, de Forces et Démocratie.

Depuis un an, les gens de tout le pays ont été invités à signer le document qui demande notamment un moratoire sur les compressions à Radio-Canada et la tenue d’une commission parlementaire sur l’avenir du diffuseur et producteur public. À quelques mois de l’échéance électorale, il était impératif pour Tous amis de Radio-Canada de remettre aux parlementaires cette pétition qui prouve une fois de plus, si nécessaire, l’attachement des Canadiens et Canadiennes, notamment francophones, à Radio-Canada.

La pétition sera symboliquement déposée par le député Jean-François Fortin, de Forces et Démocratie. « Il nous fait plaisir de constater que les deux principaux partis d’opposition ainsi qu’un jeune parti émergent sont derrière nous pour appuyer nos revendications envers notre diffuseur et notre producteur public. Cela démontre que la mobilisation populaire porte fruit et que les politiciens nous écoutent », a déclaré le porte-parole de la campagne Tous amis de Radio-Canada, Pierre Maisonneuve.

La campagne Tous amis de Radio-Canada a été lancée afin de défendre l’intégrité de notre seul producteur et diffuseur public national. Cette campagne de mobilisation populaire est organisée par le Syndicat des communications de Radio-Canada qui représente 1600 membres au Québec et à Moncton.

La campagne est soutenue par la Confédération des syndicats nationaux, de concert avec la Fédération nationale des communications-CSN qui regroupe 6000 membres œuvrant dans les domaines des communications et de la culture.

Fondée en 1921, la CSN est une organisation syndicale qui œuvre pour une société solidaire, démocratique, juste, équitable et durable. À ce titre, elle s’engage dans plusieurs débats qui intéressent la société québécoise. Elle est composée de près de 2000 syndicats. Elle regroupe plus de 325 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou professionnelle dans huit fédérations, ainsi que sur une base régionale dans treize conseils centraux, principalement sur le territoire du Québec.

La CSN rend hommage à Jacques Parizeau

La Confédération des syndicats nationaux (CSN) tient à joindre sa voix à toutes celles et à tous ceux qui rendent hommage à Jacques Parizeau, homme d’action et d’une grande franchise, économiste et politicien qui a été aux premières loges des événements marquants de l’histoire récente du Québec.

« En décembre 2002, nous avions invité Monsieur Parizeau à intervenir au conseil confédéral de la CSN, a rappelé le président Jacques Létourneau. Il avait sans détour fustigé le chapitre 11 de l’accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA), en raison de la perte de souveraineté des États qui découlait de l’immense pouvoir qu’il accorde aux entreprises. » Devant les délégué-es réunis, l’ex-premier ministre du Québec avait déclaré que « la marge de manœuvre d’un État pour faire face à la pauvreté est d’autant plus grande que le pays est développé et riche ». Il précisait toutefois que les accords de commerce international malmènent cette marge de manœuvre alors que de plus en plus, il est question d’imposer les règles du marché à la culture, à la santé, à l’éducation ou à des ressources vitales comme l’eau. «Là, disait-il, les règles du marché remplaceraient la capacité d’intervention des gouvernements. » Pour les pays en voie de développement, les politiques néolibérales du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale ont en outre souvent été désastreuses, provoquant des troubles sociaux graves. Jacques Parizeau allait jusqu’à dire qu’il revient de plus en plus aux communautés locales d’agir. ( Perspectives CSN, Numéro 1, mars-avril 2003)

« De tels propos venant d’un homme de sa stature, qui a occupé des fonctions majeures dans l’État québécois, y compris à l’aube de la Révolution tranquille, étaient rafraîchissants pour les militantes et les militants syndicaux, a poursuivi Jacques Létourneau. En outre, sur la question de la dette et des histoires de peur que les tenants des politiques d’austérité ressassent sans fin pour justifier des compressions tous azimuts, Monsieur Parizeau détonnait aussi par ses déclarations éclairantes qui tranchaient avec le point de vue officiel des politiciens et de la ligne économique dominante. Nous saluons bien bas cet homme qui a aussi fait de l’indépendance du Québec un objectif incontournable. »

La CSN tient à présenter à la famille et aux proches du défunt ses plus sincères condoléances.

La suspension des pourparlers et la publication des textes exigées

La Confédération des syndicats nationaux (CSN) se joint aux autres organisations syndicales des pays du Partenariat transpacifique (PTP) pour demander un arrêt des négociations et la publication des textes. Alors que le bilan de l’ALÉNA s’est avéré négatif pour les travailleuses et les travailleurs, ce nouvel accord viendrait approfondir sa portée, puisque les États-Unis et le Mexique sont présents à la table des négociations du PTP. En outre, les effets néfastes de l’ALÉNA frapperaient les autres pays d’Asie et d’Amérique latine (Australie, Brunei, Chili, Japon, Malaisie, Nouvelle-Zélande, Pérou, Singapour et Vietnam).

La CSN invite ses membres et la population à envoyer un message au ministre canadien du Commerce international.

La souveraineté des États menacée

Parmi les dispositions les plus problématiques, on retrouve le mécanisme permettant aux entreprises de poursuivre les États lorsque des législations, notamment celles visant l’intérêt public (protection de l’environnement, santé publique, etc.), limitent leurs profits réels ou anticipés. C’est notamment en vertu de cet article, déjà présent dans l’ALÉNA, que Lone Pine Resources poursuit actuellement le gouvernement canadien pour une somme de 250 millions de dollars en raison du moratoire sur la fracturation hydraulique pour l’exploration des gaz de schiste dans la Vallée du Saint-Laurent.

À ce jour, le Canada a déboursé plus de 200 millions de dollars en dommages et intérêts aux entreprises étrangères, sans compter les frais juridiques pour sa défense. Il fait actuellement face à 9 poursuites totalisant plus de 6 milliards de dollars. Le tout se déroule devant des tribunaux internationaux privés, sans droit d’appel et sans accès pour la société civile.

Les rares analyses économiques réalisées à ce jour sur le PTP sont incomplètes et ne permettent pas d’identifier les impacts de l’accord sur les travailleuses et travailleurs, les consommateurs, les petites et moyennes entreprises, l’environnement, les budgets de santé, l’emploi, le développement régional, etc. Récemment, l’ Union des producteurs agricoles du Québec (UPA) s’inquiétait de ce que la gestion de l’offre puisse faire l’objet de nouvelles concessions dans le cadre du PTP, alors que le gouvernement canadien avait accordé un accès de 17 000 tonnes supplémentaires pour les fromages européens dans le cadre des négociations de l’Accord économique et commercial global (AÉCG) avec l’Europe.

En raison du manque de transparence des négociations entourant le PTP, on ne peut compter que sur des documents non officiels afin d’identifier les concessions qui auront des impacts sur la démocratie, l’économie et les sociétés. Ces documents indiquent notamment que le PTP pourrait, par de nouvelles dispositions protégeant la propriété intellectuelle, accroître le coût des médicaments et limiter la liberté d’expression sur Internet.

Un chapitre sur la finance limiterait aussi la possibilité des États de contrôler les produits financiers et les banques, alors que le laisser-aller en ce domaine a plongé l’économie mondiale dans une crise en 2008 dont nous ne sommes toujours pas remis.

La CSN représente quelque 325 000 travailleuses et travailleurs regroupés dans près de 2000 syndicats œuvrant dans tous les secteurs d’activité.

Les salarié-es de Dupont Canada de Thetford Mines acceptent une entente à 95 %

C’est lors d’une assemblée générale qui s’est tenue le dimanche 31 mai que le Syndicat des travaillleuses et travailleurs de E.I. Dupont Canada – Thetford inc. (CSN) a accepté à 95 % une entente avec l’employeur pour leur nouvelle convention collective. Les deux parties avaient entamé leur négociation au début avril à l’échéance de la convention.

C’est avec satisfaction que les salarié-es ont accueilli cette entente qui répond à plusieurs de leurs besoins. À ce titre, la bonification de l’assurance salaire court terme à 100 % de la rémunération dès la première journée, ainsi que l’établissement de balises pour la retraite progressive « sont deux mesures qui ont été particulièrement bien reçues par les membres puisqu’elles répondent à des besoins exprimés antérieurement », souligne Simon Gagné, président du syndicat. Les salarié-es obtiennent aussi de l’employeur des augmentations salariales de 2 % par année, une augmentation des primes horaires de 0,30 $, ainsi que la possibilité de fractionner leur dernière semaine de vacances.

Pour la FIM-CSN, cette entente est une preuve de plus qu’une négociation de bonne foi évite bien des problèmes. Les deux parties sont gagnantes dans ce règlement rapide. Pour Alain Lampron, président de la fédération, « plusieurs employeurs devraient ainsi prendre exemple, onze rencontres de négociation, aucun moyen de pression nécessaire et une entente satisfaisante moins de deux mois après l’échéance de la convention, c’est une bonne nouvelle pour les salarié-es et pour l’employeur ».

À propos

Le Syndicat des travaillleuses et travailleurs de E.I. Dupont Canada – Thetford inc. (CSN) regroupe quelque 65 membres. Il est membre de la Fédération de l’industrie manufacturière (FIM-CSN) qui rassemble plus de 30 000 travailleuses et travailleurs réunis au sein de 320 syndicats, partout au Québec.

Fondée en 1921, la CSN est composée de près de 2000 syndicats. Elle regroupe plus de 325 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou professionnelle dans huit fédérations, ainsi que sur une base régionale dans treize conseils centraux.

Un journal de gauche, c’est possible ?

La « nécessité » d’un journal de gauche revient de façon récurrente dans les rangs militants. Le 64e Congrès de la CSN n’y a d’ailleurs pas échappé, les délégué-es votant une résolution pour que soit considérée la faisabilité d’un tel projet. À l’heure de la concentration effrénée des médias et d’une couverture passablement rétrécie de l’actualité dans les régions, consécutive aux compressions idéologiques à Radio-Canada, aux changements technologiques et aux réductions des salles de nouvelles, la question demeure pertinente.

Le livre de Jacques Keable arrive à point nommé. Artisan de la première heure de l’hebdomadaire de gauche Québec-Presse, le militant et journaliste raconte la trop courte histoire de ce « quotidien du dimanche » vendu 20 cents l’exemplaire de 1969 à 1974. Il le fait sans complaisance, en exposant les difficultés, mais aussi les grands moments de cette presse libre, fertiles en événements politiques. La crise d’Octobre de 1970, le premier Front commun, la montée du Parti québécois, et puis la défense du français et les luttes féministes, étaient le quotidien des journalistes autogestionnaires du journal. Ils accomplissaient leur travail avec les moyens de l’époque, mais au fond, « si les technologies peuvent changer, le métier de journaliste et ses exigences premières de cueillette de l’information et de vérification des faits demeurent les mêmes ».

Québec-Presse « affichait ses couleurs : indépendantiste, anticapitaliste et combattant dans le sens des intérêts des classes populaires du Québec et des organisations syndicales », qu’il lui arrivait pourtant de critiquer, au grand dam de Marcel Pepin. Dans ce livre, l’auteur jette aussi un regard critique sur l’actuelle concentration de la presse. À lire pour mieux saisir cette époque et pour comprendre la seule expérience du genre dans l’histoire du Québec, afin « d’éviter de répéter les mêmes erreurs ».

Une société sans musées est une société sans identité

La Fédération nationale des communications (FNC-CSN) mènera une vaste campagne de sensibilisation et de visibilité dans les musées et sur Facebook, dès cet été, pour exercer de la pression sur nos dirigeants politiques tant à Québec qu’à Ottawa. L’offensive visera également les touristes d’ici et d’ailleurs qui affectionnent nos musées et qui reconnaissent leur importance indéniable pour le développement de la société québécoise.

Avec des budgets de fonctionnement réduits, les musées sont obligés de restreindre leur personnel et par conséquent les services au public : moins de guides, activités d’éducation de plus en plus rares, plages horaires d’accès au public diminuées, etc. Cette asphyxie graduelle qui perdure se fait également sentir partout en région où les musées sont pourtant des attraits touristiques et culturels phares pour l’économie locale. Les gouvernements doivent redresser la situation des musées et leur assurer un meilleur financement.

La CSN représente les salarié-es de neuf institutions muséales aux quatre coins du Québec, dont le Musée des Beaux-Arts de Montréal, le Musée régional de Rimouski, le Musée de la nature et des sciences de Sherbrooke et le musée Huron-Wendat.

lockout chez Velan Montréal

La compagnie de robinetterie industrielle Velan a décrété un lockout le 24 mai dernier à ses installations de Montréal. Près de 400 travailleuses et travailleurs se sont retrouvés sur le trottoir alors que le syndicat affilié à la Fédération de l’industrie manufacturière (FIM-CSN) se disait pourtant prêt à retourner à la table de négociation.

Deux jours avant le déclenchement du lockout, les salarié-es avaient rejeté à 78 % une entente de principe conclue le 19 mai par le comité de négociation. « L’employeur nous proposait un changement important en matière de flexibilité de la main-d’œuvre, il voulait avoir l’option de transférer des employé-es dans d’autres fonctions. Nos membres ont jugé cette proposition inacceptable, craignant que l’employeur n’abuse de cette procédure et qu’ultimement cela se traduise par des pertes d’emplois. C’est exactement le scénario qui s’est produit à Granby, il y a quelques années », explique Jose Sousa, président du syndicat de Velan Montréal.

Les travailleuses et les travailleurs de Granby ont voté en faveur de l’entente de principe dans une proportion de 90 %, mais la clause de flexibilité de main-d’œuvre était déjà incluse dans leur convention collective. Sa reconduction n’était donc pas un point d’achoppement pour eux. 

Fin d’une poursuite bâillon

Quatre ans et huit jugements plus tard, justice a enfin été rendue en faveur de Pierrette Thériault-Martel, fille d’une résidente hébergée au moment des faits au CHSLD Saint-Lambert-sur-le-Lac. Le milliardaire Eddy Savoie, propriétaire des Résidences Soleil, avait intenté une poursuite en diffamation contre Pierrette Martel en août 2011. Cette poursuite s’est avérée abusive, car elle visait à l’empêcher de critiquer publiquement la qualité des soins offerts dans ce CHSLD géré en partenariat public-privé. Le 9 avril dernier, la Cour d’appel a rejeté une demande de révision d’un jugement forçant Eddy Savoie à verser la somme de 310 000 $ en guise de dommages à Mme Martel.

Le plan libéral en quatre projets de loi

PL-10 : Les mammouths

Adopté au petit matin le 6 février dernier à la suite de 15 heures de débat conclu par un bâillon, le projet de loi 10 est l’œuvre maîtresse du ministre de la Santé Gaétan Barrette. Intitulé Loi modifiant l’organisation et la gouvernance du réseau de la santé et des services sociaux notamment par l’abolition des agences régionales, le projet de loi prévoit, entre autres, l’abolition des agences régionales et la création des nouveaux centres intégrés de santé et de services sociaux (CISSS).

Pour le ministre, le PL-10 viendrait améliorer et simplifier l’accès aux soins et aux services grâce à l’abolition d’un palier « administratif » — les agences — et permettrait l’économie de 220 millions de dollars, sur un budget total d’environ 31 milliards de dollars. Ces compressions cadrent bien avec l’atteinte du déficit zéro, l’objectif ultime des libéraux. Selon ses prédictions, seulement 1300 cadres perdraient leur emploi au terme de l’exercice. En plus d’une diminution marquée du nombre de conseils d’administration, qui passent de 200 à une vingtaine, le projet de loi abolit la vaste majorité des CSSS.

Les critiques fusent de toutes parts. Pour la CSN, la FP-CSN et la FSSS-CSN, mais aussi pour l’ensemble des acteurs du réseau, les nouveaux CISSS et CIUSSS (centres intégrés universitaires de santé et de services sociaux), rebaptisés « structures mammouths », viendront alourdir et complexifier inutilement l’organisation et l’accès aux soins et aux services. La création des CISSS et des CIUSSS aura aussi pour effet de concentrer entre les mains de quelques personnes les prises de décisions ayant un effet sur l’ensemble du réseau. Plusieurs craignent l’accélération d’une approche hospitalo- centriste, déjà dominante, où l’hôpital gobe une trop grande part du budget des nouveaux CISSS, en particulier la part dévolue aux services sociaux (notons que tous les CISSS chapeautent au moins un centre hospitalier).

Mais une des critiques les plus virulentes à l’égard du PL-10 concerne les pouvoirs démesurés que s’octroie le ministre, du jamais vu ! En effet, Gaétan Barrette se donne un droit de regard sur la composition des conseils d’administration tout en se permettant une ingérence sans retenue sur la nomination des dirigeantes et des dirigeants des différents établissements. En pleine controverse au CHUM, où le ministre veut imposer son « homme » à la tête du département de chirurgie, les allégations d’abus de pouvoir sont légion.

PL-15 : L’austérité à son sommet

Le projet de loi 15, intitulé Loi sur la gestion et le contrôle des effectifs des ministères, des organismes et des réseaux du secteur public ainsi que des sociétés d’État, est déposé par Martin Coiteux, président du Conseil du trésor, en octobre 2014. Il est adopté deux mois plus tard, à la fin de la session. L’objectif est de contrôler la taille des effectifs des ministères, des organismes, des réseaux de la santé et de l’éducation, de même que des sociétés d’État. Les commissions scolaires, les cégeps et les composantes de l’Université du Québec, de même que la Caisse de dépôt et placement du Québec sont visés.

Le PL-15 se veut un outil législatif pour limi­ter de façon coercitive la croissance des effectifs de l’État, ce qui devrait permettre, selon Martin Coiteux, une économie de l’ordre d’un demi-milliard de dollars. À ce frein imposé à la croissance des effectifs s’ajoute un gel d’embauche dans le secteur public. L’austérité à son sommet, avec ses effets sur les services.

De façon unanime, les syndicats et les observateurs y voient une volonté d’augmenter le contrôle et l’emprise du gouvernement sur les sociétés d’État. En limitant sa croissance et en empêchant l’embauche, il ne fait aucun doute que le gouvernement souhaite en secret affaiblir l’État et le rôle privilégié qu’il joue au Québec depuis plus de 50 ans. Une fois les réseaux de la santé et des services sociaux, de l’éducation, mais aussi l’ensemble des sociétés d’État affaiblis, la porte s’ouvrira d’elle-même à la privatisation.

PL-20 : Des quotas, puis une entente

Déposé en novembre dernier et toujours en attente d’adoption, le projet de loi 20 avait au départ pour principal objectif d’imposer des quotas aux médecins. Pour Gaétan Barrette, l’auteur du projet de loi, le PL-10 organise les soins, alors que le PL-20 augmente les soins. À eux seuls, ces deux projets de loi viendraient, toujours selon lui, régler les problèmes du réseau de la santé. Intitulé Loi édictant la Loi favorisant l’accès aux services de médecine de famille et de médecine spécialisée et modifiant diverses dispositions législatives en matière de procréation assistée, le PL-20 dit avoir pour objectif l’amélioration de l’accès aux soins.

Au moment de son dépôt, le projet de loi imposait aux médecins de famille des quotas qu’ils devaient respecter sous peine de sanctions financières pouvant aller jusqu’à 30 % de leur rémunération.

Mais à la fin du mois de mai, coup de théâtre. Gaétan Barrette et la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) s’entendent. Les médecins de famille n’auront pas à respecter de quotas. En échange, ils doivent s’engager à ce que 85 % des Québécois et des Québécoises aient accès à un médecin de famille, d’ici le 31 décembre 2017. Si cet objectif est atteint, le PL-20 ne s’appliquera pas aux membres de la FMOQ. Le ministre de la Santé qualifie l’entente d’historique.

PL-28 : La méthode Harper

Adopté à toute vitesse sous le bâillon le 20 avril dernier, le PL-28, intitulé Loi concernant principalement la mise en œuvre de certaines dispositions du discours sur le budget du 4 juin 2014 et visant le retour à l’équilibre budgétaire en 2015-2016 compte rien de moins que 337 articles.

Véritable fourre-tout présenté par le ministre des Finances Carlos Leitão, cette loi touche entre autres aux tarifs des services de garde, en introduisant des hausses qui feraient grimper les frais jusqu’à 20 $ par jour pour les familles plus fortunées. Elle officialise l’abolition de deux structures municipales d’importance, les centres locaux de développement (CLD) et les conférences régionales des élus (CRÉ). Elle fixe les tarifs demandés par les pharmaciens, entraînant des baisses d’honoraires de 177 millions et fait passer de 100 millions à 500 millions de dollars par année les sommes virées au controversé Fonds des générations.

Malgré l’ampleur du projet de loi, il aura fallu seulement une dizaine d’heures de débat avant que le gouvernement de Philippe Couillard ne juge qu’il soit mûr pour l’adoption en chambre. À l’unanimité, les partis d’opposition, les syndicats et l’ensemble des observateurs ont dénoncé cette méthode trop souvent utilisée par les conservateurs de Stephen Harper. En choisissant délibérément d’inclure dans le PL-28 des politiques qui vont dans toutes les directions, les libéraux tentent de minimiser une décision majeure, celle de toucher aux tarifs des services de garde. Choix collectif ayant une incidence majeure sur la société, les services de garde voient leur accessibilité réduite de manière importante pour une première fois depuis leur création.

Privatisation insidieuse

Le projet de loi 28, tout comme le 10, le 20 et le 15 n’ont dans les faits qu’un seul réel objectif, celui d’ouvrir la porte à la privatisation et à la tarification. De manière insidieuse, en diminuant l’offre, en haussant les tarifs, en affaiblissant l’autonomie des établissements, et en dévaluant le travail des employé-es de l’État, ce gouvernement met en place les conditions idéales pour justifier la pertinence de l’entreprise privée dans les maillons de l’État social québécois.


Quelle analyse faire de ces projets de loi ?

Perspectives CSN a rencontré le vice-président de la CSN Jean Lacharité ainsi que Jeff Begley et Michel Tremblay, respectivement présidents de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN) et de la Fédération des professionnèles (FP-CSN).


L’histoire de deux hommes

Jean Lacharité, vice-président de la CSN

Quelle est la position de la CSN à propos des projets de loi 10, 15, 20 et 28 ?

La CSN s’oppose totalement à ces lois qui remettent en question les acquis sociaux dont s’est doté le Québec depuis la Révolution tranquille.

Qui mène au gouvernement ?

Le gouvernement libéral est l’histoire de deux hommes. Philippe Couillard et Martin Coiteux, bien que certains autres membres jouent un certain rôle, ont un certain poids. Les autres membres du gouvernement ont l’air de sous-ministres. D’ailleurs, le premier ministre laisse beaucoup de place à Martin Coiteux. On a presque l’impression qu’il se cache. Ce que ça dénote, c’est que Coiteux a l’aval complet de son premier ministre pour prendre les devants de la sorte.

Quels sont les objectifs des libéraux ?

La réponse est simple : une remise en question complète du modèle québécois tel qu’on le connaît. C’est-à-dire où l’État joue un rôle social important, même fondamental. À titre d’exemple, avec le projet de loi 10, on crée des structures mammouths. Ces dernières, accompagnées de coupes budgétaires, remettent en cause le panier de services publics.

Même chose avec le projet de loi 15 qui vise la réduction du nombre de fonctionnaires. Mais pas seulement dans la fonction publique. Les employé-es de l’État, en santé, en éducation et dans les organismes gouvernementaux, comme la CSST, sont aussi touchés. Le gouvernement prétend qu’il ne s’adresse qu’aux structures sans toucher aux services, mais c’est totalement faux !

D’où vient cette vision néolibérale et quelles en seront les conséquences ?

Le grand manitou, c’est Martin Coiteux. C’est un idéologue dogmatique de droite qui veut réduire le rôle de l’État. Ce ne sont pas seulement les fonctionnaires et autres employé-es de l’État qui vont en payer le prix, mais bel et bien tous les Québécois, toutes les Québécoises, tous les payeurs d’impôts. Que se passera-t-il quand le réseau public ne livrera plus la marchandise ? On se fera dire « faut aller vers le privé ». Car le réel objectif du gouvernement est d’ouvrir au privé. Les citoyens et les citoyennes vont devoir puiser dans leurs poches pour recevoir ces services. On nous offre des réductions minimes de taxes et d’impôts. Mais ce n’est rien comparé à ce que nous devrons payer pour nous assurer des services. Aux États-Unis par exemple, ça peut coûter entre 15 000 $ et 20 000 $ par année pour une simple assurance maladie.

Nous sommes mieux protégés en payant nos taxes et nos impôts pour nous payer les services dont on a besoin que si nous étions à la merci de l’entreprise privée, dont l’objectif est avant tout le profit.

Que propose la CSN pour combattre cette idéologie ?

Il faut d’abord et avant tout prendre conscience du dégât qu’est en train de faire le gouvernement. Ensuite, il faut nous mobiliser. Prendre la rue, être présents aux manifestations, aux rassemblements de masse. Montrer qu’on s’oppose à l’entreprise de démolition qui est en train de se profiler.

Y a-t-il une similitude entre les conservateurs et les libéraux du Québec ?

Tout à fait. Au Québec, on n’aime pas Stephen Harper et on a pu le constater lors des élections. Il faut se rendre compte que le PLQ propose une harperisation intensifiée du Québec. Le PLQ est devenu aussi conservateur que le PC à Ottawa. L’idéologie est la même, réduire considérablement le rôle de l’État. Rappelons-nous la fameuse réingénierie de l’État proposée par Jean Charest entre 2003 et 2005. Nous avions réussi à freiner ses ardeurs — même s’il y a eu certains dégâts — grâce à notre mobilisation. La CSN avait réussi. Le PLQ d’aujourd’hui tente d’achever l’œuvre de Jean Charest et de Monique Jérôme-Forget. Nous aussi nous continuerons notre œuvre : nous appelons l’ensemble des Québécois et des Québécoises à se tenir debout et à démontrer leur opposition à ce projet dévastateur.


Le sabotage des services de garde

Jeff Begley, président de la Fédération de la santé et des services sociaux

Parmi les quatre projets de loi déposés par les libéraux, quel est le plus dommageable ?

Ils sont tous dommageables. Mais le PL 28, qui touche entre autres à la hausse des frais des services de garde, est particulièrement représentatif, car il est le parfait exemple des réelles intentions du gouvernement : ouvrir au privé en prétextant l’inefficacité des services… inefficacité qu’il a lui-même délibérément créée. Prenons les services de garde. Avant leur création en 1996, il pouvait en coûter 30 $ par jour pour envoyer son enfant à la garderie. Ces dernières avaient de hauts taux d’inoccupation. Les cégeps songeaient à réduire leur formation en la matière. Lentement, mais sûrement, les gens se sont mobilisés ; les parents, mais aussi la communauté. Devant l’immense pression populaire, Pauline Marois a créé les centres de la petite enfance (CPE). Sans mobilisation, elle n’aurait rien fait. Rapidement, la demande a explosé. Les services de garde ont reçu un appui populaire impressionnant, les gens étaient emballés. Les CPE ont eu comme impact de pousser les femmes vers le marché du travail. Celles qui y étaient déjà n’avaient plus à travailler la moitié de leur journée pour payer la garderie. C’était accessible et socialement payant. Mais la suite des choses s’est avérée vraiment décevante.

Comment les choses ont-elles évolué ?

Pendant les 20 ans qui ont suivi la création des CPE, l’offre mise de l’avant par les gouvernements successifs n’a jamais réussi à répondre à la demande. Les listes d’attente sont devenues de plus en plus longues. Puis, en 2003, on a mis fin à l’augmentation de l’offre. C’est ce que j’appelle une opération de sabotage. Il faut préciser qu’en même temps qu’on laisse stagner les places intentionnellement, les effets du Régime québécois d’assurance parentale se sont fait sentir : on assiste à une augmentation significative du nombre de naissances au Québec. Le manque de places a eu pour effet de créer de la grogne chez les gens. Le réseau est alors devenu dans la tête de plusieurs mécontents, inefficace. Les perceptions ont changé, et c’était ce que voulaient les libéraux. Il faut dire que depuis le début, le PLQ était contre le programme universel de service de garde.

Qu’en est-il aujourd’hui ?

Aujourd’hui, devant la supposée inefficacité du réseau des services de garde, les libéraux nous disent qu’ils n’ont pas d’argent pour le financer. Pourtant, on sait que pour chaque dollar investi, c’est 1,50 $ qui revient au gouvernement. Il faut dire que les CPE permettent à plus de femmes de travailler, c’est donc plus de gens qui paient de l’impôt. Ça, c’est pour les bénéfices économiques. Mais il y a aussi des bénéfices sociaux non négligeables. Les enfants qui fréquentent les services de garde sont encadrés, stimulés rapidement, ils socialisent, etc.

Nous ne devons pas laisser faire les libéraux. Car sinon, on va payer cher. Très cher. L’augmentation des coûts pour les familles va dépasser cent fois le remboursement d’impôt qu’on nous promet. Il faut appuyer les membres qui sortent dans la rue. Mais il faut aussi que les gens « ordinaires », qui n’utilisent pas nécessairement les services de garde, sortent pour appuyer la cause. Comme en 2012.


L’illogique PL 10

Michel Tremblay, président de la Fédération des professionnèles

Quels sont les effets concrets des projets de loi des libéraux en santé, particulièrement les 10 et 15 ?

Prenons le PL 15 pour commencer. Depuis son adoption, il n’y a plus d’affichage de postes possible, à moins d’avoir la permission directe du Conseil du trésor, dirigé de main de fer par Martin Coiteux. C’est exactement le genre de contrôle que Monique Jérôme-Forget souhaitait du temps qu’elle en était la présidente. Dans ce contexte, disons… contraignant, la loi 10 entre aussi en vigueur. Il faut savoir que le projet de loi a été écrit par le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette lui-même, et sa garde rapprochée. Approche plutôt rare, puisque les fonctionnaires sont souvent mis à contribution dans ce genre de mandat.

La loi 10 est en fait une étape importante dans la transformation que souhaite imposer le ministre Barrette au réseau de la santé et des services sociaux. Dans la tête du ministre, d’ici cinq ans, les effectifs du réseau seront largement réduits et, parallèlement, le financement des activités médicales en fonction des actes posés sera augmenté. Pour arriver à cette fin, on réduit de 30 % le budget dédié à la santé, ce qui ouvrira obligatoirement la porte au privé.

Quel sera l’impact de l’abolition des agences de santé et de services sociaux ?

Au 31 mars dernier, 15 % du personnel d’agence ont perdu leur poste à cause du de la loi 10. Cette décision a créé toutes sortes de situations aberrantes. Prenons l’agence de Montréal par exemple. Le 1er avril, quatre postes d’agents de planification, de programmation et de recherche (APPR) ont été transférés au Centre hospitalier universitaire (CHU) Sainte-Justine. Les APPR possèdent une spécialisation en santé publique et détiennent souvent un doctorat en la matière. Rien à voir avec les services offerts au CHU Sainte-Justine, où il n’y avait pas d’APPR parce qu’il n’en avait pas besoin. La direction de Sainte-Justine, qui doit accueillir ces professionnel-les en raison de leur ancienneté, devra probablement les garder à ne rien faire… et, du même coup, comme le transfert n’est pas accompagné de budget, elle devra vraisemblablement mettre quatre personnes à pied, des psychologues qui travaillaient déjà auprès d’enfants, par exemple. Ici, on est perdant sur toute la ligne : quatre psychologues ne donnent plus de services aux patients de Sainte-Justine, et quatre APPR ne peuvent plus mettre leur expérience à contribution et travailler en prévention.

Quel sera l’impact sur la vie syndicale de toutes ces fusions d’établissements ?

C’est certain qu’avec sa loi 10, le gouvernement souhaite aussi complexifier le fonctionnement de la vie syndicale. Ce n’est pas l’objectif premier, mais disons que ça ne déplaît pas au gouvernement.

Un mot sur le PL 28 ?

C’est un projet de loi aberrant. Le cas des conférences régionales des élus, les fameux CRÉ, en est un bel exemple. Au moment de son dépôt, le PL 28 venait abolir les CRÉ, tout en empêchant les travailleurs d’avoir recours à l’article 45 du Code du travail, qui prévoit que le changement d’employeur par vente ou concession totale ou partielle d’une entreprise n’invalide pas l’accréditation syndicale et, s’il en existe une, la convention collective. Donc, pas de transfert possible pour ces travailleurs, puisque leur accréditation ne tient plus. Il y a finalement eu un amendement à la dernière minute. Alors qu’on espérait un assouplissement du ministre, il a plutôt opté pour la ligne dure et décidé d’étendre la mesure aux employé-es des centres locaux de développement, les CLD, et aux corporations de développement économique communautaire, les CDEC.

Le maximum obtenu

Les membres du Syndicat des travailleurs d’Olymel Vallée-Jonction (STOVJ), affiliés à la Fédération du commerce–CSN, sortent tout juste d’une grève de 17 jours qui s’est bien terminée. Encore une fois, en pleine négociation, l’employeur a brandi le spectre de la fermeture partielle de l’usine.

Le plus important employeur de la région, sort systématiquement la menace de fermeture à chaque renouvellement de convention collective. Malgré ce chantage et en vertu des mandats qui avaient été confiés au comité de négociation, celui-ci est d’avis qu’il a réussi à faire des gains, partout où il était possible d’en faire. « Même si c’est ce que nous aurions souhaité, nous n’avons pas réussi à revenir au niveau salarial que nous avions avant la négociation de 2007. Lors de cette négociation, face à Lucien Bouchard, nous avions perdu environ 40 % en salaire et avantages sociaux. En ce sens, même si les attentes de nos membres étaient élevées et justifiées, nous nous doutions que notre règlement n’allait pas répondre à ces demandes. Et si nous faisons un bilan rapide, nous pouvons dire sans gêne que notre lutte nous aura permis d’obtenir des gains plus satisfaisants que ceux anticipés », précise Martin Maurice, président du STOVJ.

Le conflit de travail s’est terminé le 3 avril dernier, à la suite de l’acceptation de la recommandation émise par Jean Nolin, le conciliateur nommé au dossier. Le retour au travail s’est effectué dans la semaine du 6 avril et le syndicat se réjouit du fait que presque tous les employé-es en poste avant le conflit ont déjà été rappelés.

« Tout au long de la préparation de notre négociation, de notre période de pourparlers avec l’employeur et durant le conflit, nous avons travaillé en étroite collaboration avec les conseillers syndicaux de la fédération, du conseil central et de la confédération. L’appui de la CSN nous a été précieux du début du processus jusqu’à la fin », précise le président du STOVJ.

Le règlement

D’une durée de six ans, le nouveau contrat de travail comprend des augmentations de salaire de 2 % pour chacune des trois premières années et de 1,75 % pour chacune des trois dernières. Un montant forfaitaire de 800 $ a été versé à tous les salarié-es à la signature de la convention collective, assorti d’un second montant de 55 $ par année de service cumulé. Les salarié-es ont également obtenu une bonification de 14 % de la participation de l’employeur à leur assurance collective, à laquelle s’ajoutent divers gains liés aux clauses normatives. Ils ont également bonifié leurs libérations syndicales en les faisant passer de 144 à 260 jours, en plus d’améliorer le programme de prévention en santé et en sécurité du travail.

Comme il fait bon vivre à Montréal

Cette étude, commandée par la CSN et basée sur des statistiques recensées par la firme de consultants Runzheimer International, rapporte que Montréal serait la ville la plus enviée au point de vue du coût de la vie, en comparaison à Calgary, Toronto et Philadelphie, et ce, malgré une fiscalité plus lourde au Québec. En comparant 19 profils de famille type ayant des revenus différents, il est possible de voir un portrait global de la situation des ménages québécois.

Les auteurs de l’étude, Jean-Denis Garon et Dalibor Stevanovic, affirment que cette recherche leur a permis de rectifier les faits quant à la croyance populaire qu’il en coûte plus cher de vivre au Québec qu’ailleurs. Il est vrai que les Québécoises et les Québécois paient, en moyenne, 20 % de plus en impôt que les citoyennes et citoyens des autres provinces canadiennes, mais ces sommes payées engendrent aussi des bénéfices et servent notamment à fournir des services à la population. « On fait comme si cet argent ne servait qu’à faire des trous et puis à les boucher, mentionne Jean-Denis Garon. En réalité, cela finance des services publics que les citoyens n’auront pas à payer individuellement par la suite. »

Des services publics accessibles

Les services de garde et ceux du transport collectif, l’éducation et la santé sont des services essentiels dont bénéficie la population québécoise à un prix moins élevé que, par exemple, celle des États-Unis. Les soins de santé, que l’on considère au Canada comme étant indispensables, ne sont pas pris en charge par l’État américain. Ainsi, sa population doit se procurer une assurance maladie privée qui peut s’avérer dispendieuse. Certains employeurs offrent de payer jusqu’à 30 % de la prime d’assurance pour leurs employé-es et 15 % de la prime familiale, mais cela laisse les citoyennes et les citoyens aux prises avec des frais de santé considérables. En effet, selon les données compilées dans l’étude, une famille montréalaise paie en moyenne 1548 $ de frais de santé annuellement, alors qu’une famille de Philadelphie en paie 4238 $.

Il est également possible de remarquer cette importante différence lorsque l’on considère les frais de garde et les frais de scolarité des familles avec un enfant. Les frais de scolarité universitaires à Montréal sont les plus bas des quatre villes comparées, avec 2371 $ par an. À Calgary et Toronto, ces dépenses sont plus élevées, soit respectivement 5736 $ et 5724 $. Mais, là où la différence se fait réellement sentir, c’est lorsqu’on observe les frais de scolarité à Philadelphie, qui s’élèvent en moyenne à 12 086 $, soit 9715 $ de plus qu’à Montréal annuellement pour un seul enfant. « Il n’y a pas beaucoup d’endroits en Amérique où une famille avec de jeunes enfants se trouverait mieux qu’ici », explique M. Garon, interrogé sur le sort des familles moyennes québécoises. « Le système fiscal pour les familles est très avantageux, pour les riches comme pour les plus pauvres, d’ailleurs. »

Locataires et propriétaires

Interpellé sur le prix du loyer à Montréal par rapport à d’autres villes canadiennes ou américaines, M. Garon est clair : « Pour un certain nombre de raisons, les loyers sont moins chers ici. Quand une personne doit choisir entre vivre à Toronto ou à Montréal, le prix du loyer entre assurément en ligne de compte. » Pour les locataires, la réglementation québécoise, qui contribue à limiter la hausse du coût des loyers, est une des raisons mentionnées dans l’étude. Ainsi, le prix moyen d’un loyer à Montréal est de 11 077 $ par année, alors qu’il en coûte 16 740 $ à Cal­gary, 15 546 $ à Toronto et 14 662 $ à Philadelphie, ce qui fait une moyenne de 41 % d’écart entre ces villes et Montréal.

Cependant, pour ce qui est des familles propriétaires, la ville américaine de Philadelphie offre un avantage en raison de sa fiscalité moins élevée et du prix des maisons révisé à la baisse à la suite de la crise financière et immobilière de 2007. Le remboursement de l’hypothèque, le paiement de l’assurance et les frais d’entretien coûtent en moyenne 23 017 $ annuellement pour une propriété à Montréal, soit 7638 $ de moins qu’à Calgary, 16 078 $ de moins qu’à Toronto, mais 5237 $ de plus qu’à Philadelphie.

Coût de la vie global

Lorsque l’on prend en considération les différentes variables explorées dans l’étude, on constate que le Québec s’en tire finalement très bien quant au coût de la vie global pour l’ensemble de sa population. En effet, le coût du panier de consommation, c’est-à-dire les biens et services de consommation courante, ainsi que les coûts du logement, du transport et de la santé d’une famille moyenne montréalaise s’élèvent à 51 194 $ annuellement, ce qui est beaucoup plus abordable qu’à Calgary (61 167 $), Toronto (69 318 $) et Philadelphie (55 821 $). L’écart moindre entre Montréal et Philadelphie s’explique vraisemblablement par une fiscalité moins lourde pour les familles disposant d’un revenu de 88 000 $ et plus.

On peut également observer qu’il est plus intéressant d’habiter Montréal que d’autres grandes villes canadiennes pour les familles ayant des enfants. En effet, pour une famille montréalaise sans enfant dont le revenu annuel s’élève à 88 000 $, on note un écart du coût de la vie de 5340 $ avec une famille calgarienne et de 15 045 $ avec une famille torontoise. Or, pour une famille avec un enfant qui fréquente la garderie, on verra cet écart favorable grimper à 13 537 $ avec une famille de Calgary et à 24 022 $ avec une famille Toronto. Plus tard, lorsque cet enfant sera inscrit à l’université, la famille montréalaise bénéficiera d’un écart de 8704 $ avec celle de Calgary et 18 398 $ avec celle de Toronto. Ces données révèlent ainsi la différence entre le Québec et le reste du Canada quant au fardeau financier imposé aux familles voulant envoyer leurs enfants à la garderie ou, plus tard, à l’université. Pourtant, ces deux services sont essentiels au développement des jeunes familles et à la motivation qu’elles ont d’avoir des enfants et de les élever au Québec.

Bilan positif

Pour Pierre Patry, trésorier de la CSN, cette étude est essentielle afin de contrecarrer le discours de droite martelant la position peu enviée du Québec au point de vue de la qualité de vie globale de ses citoyens. « Au bout de compte, affirme-t-il, cette étude vient rassurer les Québécoises et Québécois sur leur situation par rapport au reste de l’Amérique du Nord. On ne vit pas dans un enfer fiscal, comme certains le prétendent. Oui, on paie plus d’impôts et de taxes en comparaison au reste du Canada et à certains États américains, mais on reçoit en contrepartie plus de services publics, ce qui élève finalement le niveau de vie de tous. À la CSN, on considère que c’est un choix de solidarité. »

La détresse psychologique laissée en plan

 « Plus on crée une distance entre les mailles du filet, plus de gens vont y tomber », craint Louis Picard, psychologue au Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine.

Les psychologues et les neuropsychologues du réseau public jouent un rôle unique et crucial puisqu’ils ont la possibilité de travailler en équipe avec plusieurs autres professionnel-les de la santé et de devenir des spécialistes de certains troubles ou détresses psychologiques qui peuvent être parfois très graves. On trouve rarement ces deux caractéristiques chez les psychologues de pratique privée qui visent une clientèle plus large.

Les psychologues de Sainte-Justine, par exemple, aident les enfants grands brûlés à passer au travers de traitements extrêmement douloureux comme l’hydrothérapie. On pense aussi à l’accompagnement des familles lors de deuils ou de maladies graves d’enfants. « La principale richesse du réseau, c’est l’expertise. Une surspécialisation qu’on ne trouve pas toujours au privé », explique Pierre Goulet, neuropsychologue au Centre de réadaptation Lucie-Bruneau. Ce centre est spécialisé auprès d’adultes qui ont subi une atteinte orthopédique ou cérébrale, ou qui sont aux prises avec des maladies évolutives. Il s’agit de les accompagner pour qu’ils arrivent à se réinsérer socialement.

« Les enfants qui arrivent ici vont être pris en charge, mais on doit ensuite les référer en première ligne », explique Dominique Pallanca, psychologue à Sainte-Justine. Or, cette première ligne (CLSC ou ressources communautaires) croule sous le nombre de cas et doit souvent se contenter de donner un service restreint d’une dizaine de séances, ce qui n’est pas toujours adapté aux cas plus lourds. « Un enfant avec une maladie chronique et un trouble de la personnalité limite, par exemple, risque fort de nous revenir. On assiste à un phénomène de portes tournantes », fait valoir Louis Picard, qui précise que le privé aura souvent moins l’intérêt à s’occuper de ces cas plus difficiles.

Le manque de ressources ne touche pas que le secteur de la santé. « La longueur des listes d’attente pour avoir accès à un psychologue dans les écoles fait peur », affirme Dominique Pallanca, qui précise que les soins psychologiques, par exemple pour les troubles du langage chez les enfants, ne peuvent souvent pas attendre. Les parents doivent alors se tourner vers le privé.

Le réseau public moins attractif

Les psychologues qui consacraient la majeure partie de leur temps au réseau public, et qui suffisaient déjà à peine à la tâche, risquent d’être encore moins nombreux à cause de l’abandon d’une prime qui visait à combler l’écart entre les revenus dans le réseau public (45 $ l’heure au maximum) et dans le privé (entre 80 $ et 120 $ l’heure, moins les frais). Rappelons que le doctorat est maintenant obligatoire pour exercer cette profession. Cette prime de 6,7 % à 9,6 % pour ceux qui consacrent quatre ou cinq jours par semaine au réseau public a été abandonnée le 1er avril par le gouvernement Couillard. Elle avait pourtant été convenue après une réflexion sérieuse sur les raisons du manque d’attractivité de la profession dans le réseau public. On souhaitait y attirer des professionnel-les pour réduire les listes d’attentes, qui ont déjà atteint 18 mois pour certains enfants à Sainte-Justine.

La prime en question représentait environ 35 millions de dollars pour tout le Québec. « C’est une décision qui manque complètement de vision », déplore Dominique Pallanca. Le coût social de l’abandon des personnes avec un problème de santé mentale est beaucoup plus élevé.


La CSN représente plus de 700 psychologues et neuropsychologues qui sont membres de la Fédérations des professionnèles (FP-CSN) ou de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN).

Faire de l’éducation une véritable priorité nationale

Humour, poésie, chanson et beaucoup de réflexion ! Quelques centaines de personnes, préoccupées par l’avenir de nos cégeps et de nos universités, se sont réunies au Bain Mathieu dans l’est de Montréal, le 19 mars dernier, pour lancer le processus qui mènera à la tenue d’états généraux sur l’enseignement supérieur.

Il s’agit d’un appel aux acteurs progressistes en éducation pour créer un espace de discussion au sujet de ce qui ne tourne pas rond dans notre système d’éducation. Au fil des années, quelques chantiers de réflexion ont été lancés. Mais les conclusions, incluant celles tirées du Sommet sur l’enseignement supérieur tenu en 2013, ont souvent laissé la plupart d’entre nous sur notre appétit.

Cette fois, la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN) veut ouvrir le dialogue pour réfléchir à des mesures concrètes et stopper la marchandisation de l’éducation. « Il faut qu’on forme des employé-es, oui, mais il faut qu’on forme avant tout des citoyennes et des citoyens », prévient Caroline Senneville, présidente de la FNEEQ.

Le constat semble généralisé. « C’est une éducation qui a été complètement soumise au marché, à une logique d’austérité et de réduction de l’État », déplore Alexis Tremblay de la Fédération étudiante collégiale du Québec. Stefana Lamasanu, chargée de cours à l’Université McGill dénonce « les concepts managériaux d’efficacité, de clientélisme et de performance qui s’immiscent partout dans le discours. L’éducation n’est pas là pour nous transformer en produits du marché ». Marie Blais, présidente du Syndicat des chargé-es de cours de l’Université du Québec à Montréal (FNEEQ-CSN) ajoute « que ce soit au primaire, au secondaire ou en enseignement supérieur, une seule chose compte : l’argent, les sources de revenus et les clients ».

Trop de béton au détriment de l’éducation

Si le réseau, sous-financé, requiert des investissements additionnels, encore faut-il dépenser correctement les budgets actuels. Michel Seymour, professeur de philosophie à l’Université de Montréal, constate depuis quelques années que les administrations universitaires accordent la priorité aux immobilisations. « Il y a une dérive immobilière et ce n’est pas dû qu’à l’Îlot voyageur de l’UQAM. On assiste à une dérive tentaculaire qui fait que les universités ont construit des pavillons tout neufs à proximité des universités concurrentes. Cela n’a aucun bon sens d’engloutir autant de fric dans le béton. » Pendant ce temps, le gouvernement prétend que l’argent manque, des cours sont supprimés et le ratio maître-élèves augmente.

Tout le Québec en souffre, hommes et femmes, et il risque d’en souffrir pour longtemps. La présidente de la Fédération des femmes du Québec, Alexa Conradi, craint même un retour en arrière. « La question de l’éducation, dans son accès et son contenu, est un élément central dans la démarche de quête d’égalité pour les femmes. On souhaite que les femmes aient accès à l’éducation pour améliorer leurs conditions. Mais aussi pour pouvoir contester les relents du sexisme dans les savoirs. »

Selon la FNEEQ-CSN, l’enseignement supérieur est un droit et l’éducation doit réellement être une priorité nationale. « Une société qui n’a pas d’éducation de qualité, c’est une société qui s’appauvrit à tous points de vue : culturel, social et économique », alerte sa présidente, Caroline Senneville.

Les appuis à la démarche se multiplient afin de renverser la vapeur. C’est donc en coalition, au-delà des allégeances, que la FNEEQ-CSN joindra ses efforts à ceux d’autres organisations syndicales, étudiantes et de la société civile pour réaliser les états généraux que nous voulons !

La solidarité et la persévérance

Le 2 mars dernier, les quelque 400 salarié-es de SSQauto déclenchaient une grève générale illimitée pour appuyer leurs revendications à la table de négociation. Les syndiqué-es, outrés de l’attitude méprisante de l’employeur, ont rejeté en bloc l’ensemble des demandes patronales. Il a fallu attendre neuf semaines de grève, l’intervention de la Fédération du commerce-CSN et de la CSN ainsi que l’arrivée d’un nouveau conciliateur pour enfin voir le conflit se solder par un règlement satisfaisant aux yeux des salarié-es.

« Sacrifiez-vous, je dois me payer une tour ! »

Les grévistes étaient offusqués de voir SSQauto se payer une nouvelle tour de bureaux à Longueuil, alors que l’employeur exigeait de leur part d’importants reculs, notamment en matière de retraite et d’assurance collective. Il était difficile de ne pas avoir l’impression que SSQ se construisait une tour sur le dos de ses salarié-es. Ils n’ont d’ailleurs pas manqué de le souligner en se mobilisant le 12 mars dernier alors qu’ils s’étaient réunis devant le chantier du futur édifice.

L’employeur espérait sûrement voir les salarié-es accepter ses demandes sans dire un mot. Il en a été tout autrement, ceux-ci ayant évalué que la mobilisation pouvait permettre des gains là où il semblait n’y avoir que des reculs. Les membres ont décidé de se serrer les coudes afin d’opposer à l’employeur un rapport de force suffisamment important pour le faire revenir à la table de négociation et lui faire renoncer à certaines exigences. Il est à noter qu’en cours de chemin, les syndiqué-es de SSQauto ont reçu l’appui de leurs quelque 600 collègues de SSQvie, qui ont voté trois jours de grève pour les appuyer.

La solidarité a finalement payé

Malgré l’intransigeance patronale, malgré la sous-traitance dont ils étaient victimes, malgré l’épuisement résultant de neuf semaines de grève, les travailleuses et travailleurs ont refusé de baisser les bras et ont pu obtenir un règlement qui répondait à leurs attentes. Selon Éric Tremblay, président du Syndicat des salariés et salariées de SSQ société d’assurance générale, « la grève a été éprouvante pour nos membres, mais avec cette entente, elle en a valu la peine. Le retour au travail sera plus facile, les salarié-es ne se seront pas battus en vain ».

À la conclusion de ce règlement, les travailleurs et les travailleuses ont obtenu des hausses de 11 % réparties sur une période de six ans, auxquelles s’ajoute un montant forfaitaire de 5 % pour l’année 2014. Les salarié-es réussissent à éviter que leur régime de retraite soit intégré à celui des cadres et des professionnel-les non syndiqués. En outre, alors que l’employeur voulait obstinément hausser l’âge de départ à la retraite à 63 ans, les syndiqué-es ont réussi à faire en sorte qu’il passe de 60 à 61 ans. Ils ont également réussi à obtenir une amélioration générale de l’ensemble des différentes primes qui leur sont accordées, tout en maintenant celle liée au départ à la retraite. Pour leur part, les conseillers et les conseillères en assurance de groupe voient leurs différentes conditions de travail bonifiées.

Les grèves sont assez rares dans le secteur financier et celle de SSQauto aura permis de démontrer que la solidarité, la persévérance et la lutte peuvent rapporter. Cela n’a pas été de tout repos, mais avec l’entente conclue, les salarié-es sont rentrés au travail la tête haute.

La négociation coordonnée, un franc succès

Avec seulement un marché d’alimentation toujours en pourparlers, il est indéniable que la négociation coordonnée dans le secteur de l’alimentation s’avère un succès. Pour certains, les gains enregistrés sont considérables : augmentations salariales importantes, amélioration ou mise en place de régimes de retraite, plus de reconnaissance envers les employé-es comptant beaucoup d’ancienneté, congés de maladie pour les camarades travaillant à temps partiel, voilà le terrain gagné grâce à une négociation serrée, et surtout à la solidarité dont les syndicats ont fait preuve dans les bons moments comme dans les moins bons.

« Assurément, ce sont des ententes historiques ! Dans certains syndicats, les employé-es ont obtenu des augmentations salariales allant de 14,5 % à 21 % échelonnées sur quatre, cinq, six ou sept ans. Dans le contexte économique actuel, et dans une industrie qui n’a pas la réputation d’accorder de grosses augmentations salariales, c’est extraordinaire. Nous devons être très fiers de ce que les syndicats ont accompli », affirme Dany Roy, conseiller syndical à la Fédération du commerce (FC-CSN).

Le début des négociations laissait pourtant présager un bras de fer entre les syndicats et Loblaws. En septembre 2014, la compagnie laissait entendre qu’elle comptait franchiser sous la bannière Héritage tous les Maxi syndiqués avec la FC-CSN qui participaient à la négociation. Les conditions de travail des employé-es auraient décliné de façon dramatique. Heureusement, la négociation a incité la partie patronale à changer son fusil d’épaule et permis de renouveler les conventions collectives, tout en maintenant les acquis pour les travailleuses et travailleurs concernés et en garantissant que l’ensemble de ces magasins gardent leur affiliation corporative.

« C’est certain que la stratégie patronale dans ce dossier précis était de faire reculer de façon significative les conditions de travail des employé-es. Heureusement, on a pu éviter le pire. Il est aussi important de mentionner que les travailleurs de ces sept magasins Maxi demeurent les mieux payés au Québec, » explique le conseiller syndical, Gilles Truchon.

C’est toute l’industrie qui sort gagnante de cette négociation, constate Serge Fournier, président de la FC-CSN : « Le travail effectué en commun par nos syndicats en alimentation a donné des résultats probants. Les gains réalisés font en sorte que les employeurs auront un personnel stable et professionnel, et que les communautés seront économiquement plus fortes. Tout le monde gagne en négociant des conventions collectives décentes. Ces ententes sont la preuve de l’efficacité des négociations coordonnées. »

Par celles-ci, les syndicats de l’alimentation ont démontré une belle solidarité et une détermination à toute épreuve. Ils ont gagné le respect des employeurs et celui du monde du travail.

20 ans à faire les choses autrement

À l’automne 1995, par un beau dimanche matin, l’équipe du Service de l’information de la CSN se livrait à un remue-méninges plutôt inusité. Il fallait en effet trouver un nom pour ce fonds de travailleurs que l’Assemblée nationale, quelques mois plus tôt, avait chargé la CSN de mettre sur pied. Après plusieurs heures de discussions animées, un nom avait finalement fait l’unanimité : Fondaction, le fonds de la CSN pour la coopération et l’emploi.

L’adoption de la loi constitutive de Fondaction, en juin 1995, avait été l’aboutissement de plusieurs années d’efforts conduits principalement par le trésorier de la centrale, Léopold Beaulieu. Ce dernier, un partisan de l’économie sociale, avait derrière lui une longue histoire marquée au coin de la coopération et de la finance socialement responsable. Léopold Beaulieu avait été l’un des fondateurs, en 1971, de la Caisse des travailleurs réunis de Québec, devenue avec le temps la Caisse d’économie solidaire Desjardins, qui affiche aujourd’hui un chiffre d’affaires annuel de 1,4 milliard de dollars.

En janvier 1996, Fondaction lançait sa première campagne de souscription. Il avait fallu faire vite. Une petite équipe avait été formée, au sein de laquelle se retrouvaient des salarié-es prêtés par la CSN, qui y était aussi allée d’une mise de fonds de 663 000 $ pour permettre à Fondaction de prendre son envol. Une somme de 8 millions de dollars avait été recueillie la première année. Vingt ans plus tard, en 2013-2014, 198,1 millions de dollars ont été souscrits, dont 122,9 millions de dollars par la retenue sur le salaire, la très grande majorité de ces retenues étant faites au profit de travailleuses et de travailleurs membres de syndicats affiliés à la CSN. Les femmes représentent 51,5 % des 127 755 souscripteurs, dont les revenus annuels se situent en deçà de 50 000 $. L’actif total de Fondaction s’établissait cette même année à 1,26 milliard de dollars. C’est sur une structure de bénévoles actifs dans les milieux de travail — les Représentants Fondaction, les RF — que s’appuie le fonds pour son développement.

L’originalité de Fondaction

Le fonds de la CSN détonne dans le monde de la finance et de l’investissement, comme en témoigne le slogan qui l’identifie : Donner du sens à l’argent. Transposées dans le monde de la finance, ce sont les valeurs défendues par la CSN que Fondaction met en avant. En faisant du développement durable son cheval de bataille, le fonds de la CSN a fait figure de pionnier. Fondaction, qui a jusqu’à maintenant publié cinq rapports de développement durable, soumet volontairement son fonctionnement et ses pratiques à une analyse indépendante.

La préoccupation du développement durable prend de plus en plus d’importance, les entreprises devant prendre en compte la sensibilité grandissante du public à cet égard. En 2014, 5774 entreprises à travers le monde avaient décidé d’appliquer les lignes directrices de la Global Reporting Institute (GRI) pour produire leur rapport. Parmi ces entreprises, 703 sont des institutions financières et 139 d’entre elles ont atteint le niveau A+. Au Canada, seulement deux institutions financières ont atteint ce niveau, dont Fondaction. Depuis, elle est devenue la première institution financière en Amérique du Nord à s’imposer les exigences les plus élevées de la GRI. Seulement neuf institutions dans le monde agissent de la sorte.

Au détour de ce vingtième anniversaire, Léopold Beaulieu entend poursuivre encore plus résolument la recherche de cohérence entre les investissements en entreprises, l’épargne en vue de la retraite et les placements effectués par le fonds. « Il y a de grands enjeux de société, des enjeux sociétaux qui sont tout à la fois économiques, sociaux et environnementaux. Fondaction doit se retrouver au cœur de ces enjeux et apporter sa contribution », soutient-il. C’est là qu’il compte amener Fondaction.

Déjouer le haut-parleur néo-libéral

Il est notamment véhiculé par des voix qui condamnent tous ceux qui osent le dénoncer. Lors des états généraux Ensemble, organisons la riposte que le Conseil central de Québec Chaudière-Appalaches (CSN) a tenus à la fin d’avril 2015, Jean-Noël Grenier, professeur au Département des relations industrielles de l’Université Laval, a présenté une analyse éclairante des stratégies mises de l’avant par les partisans du régime actuel d’austérité. Avec humour, il a incité son auditoire à réagir aux attaques vicieuses contre les syndicats et l’ensemble des travailleurs.

Une double stratégie

Politiser les relations de travail.

Afin de répondre aux raisonnements douteux de nos détracteurs qui répètent ad nauseam leurs messages simplistes dans certains médias, il faut bien comprendre leurs tactiques, lance d’emblée le professeur Grenier. D’abord, ils politisent à outrance les relations de travail et organisent des campagnes de dénigrement bien ciblées pour diviser afin de mieux régner. « L’idée est de démontrer que les syndicats sont déraisonnables, indifférents au sort de la classe moyenne qui paye la majorité des impôts et des taxes », explique-t-il. Bien sûr, ces médias ne crient pas à la une que la classe moyenne, dont ils se disent les ardents défenseurs, est constituée des 520 000 employé-es syndiqués de la fonction publique.

L’une des stratégies des politiciens au pouvoir consiste aussi à s’ériger en protecteurs des jeunes. « Pour leur assurer un avenir meilleur, il faut leur offrir les pires services ! », s’exclame ironiquement Jean-Noël Grenier. Ils parlent de rigueur plutôt que d’austérité ; ils jouent au bon père de famille pour gérer une situation supposément catastrophique ; ils évoquent la modernisation des services publics alors qu’ils travaillent plutôt à la reconfiguration du rôle de l’État pour laisser toujours plus de place au privé et à la tarification. « Quiconque critique leur rhétorique contradictoire se fait accuser d’être corporatiste, égoïste, contre le progrès et de vouloir protéger ses acquis à tout prix. Leur discours, à la fois apocalyptique et faussement basé sur de bonnes intentions, ne tolère pas l’opposition », soutient le professeur.

Dépolitiser la gestion des finances publiques.

Alors qu’un discours médiatique très populiste politise les relations de travail, une dépolitisation de la question des finances publiques est opérée par des politiciens intransigeants. Dans cette optique, le débat est évacué, le renflouement des déficits n’est possible qu’avec des compressions monstres, seuls remèdes à la survie de nos services. Ce discours est tellement mis de l’avant que tous ceux qui osent le remettre en question se voient au mieux qualifiés d’écervelés ou d’inconscients. Pour concrétiser cette idéologie et neutraliser les avis contraires, on abolit des lieux d’échanges comme la Conférence régionale des élus (CRÉ). On montre ainsi la porte aux représentantes et représentants des groupes de la société civile, on remplace des personnes élues par des personnes nommées qui vont inlassablement répéter le mantra du gouvernement.

Un camouflage éhonté

La logique du discours néolibéral consiste à détourner et à taire certaines vérités pour que le message passe plus aisément. Elle est axée sur certaines dépenses sans allusion aux emplois qu’elles créent et aux revenus qu’elles rapportent en taxes et impôts. Elle s’abstient notamment de parler des 800 millions de dollars perdus par l’abandon de la taxe sur le capital. Elle applaudit aux baisses d’impôt consenties aux entreprises qui auraient pu aider à résorber le déficit. Elle ignore la question des paliers d’imposition fiscale. En outre, le système comptable gouvernemental est organisé pour créer des déficits qui devront être renfloués par la transformation du rôle de l’État. La « restructurite » est à ce titre fort utile pour tromper le public. Il faut abolir les commissions scolaires, martèle-t-on à titre d’exemple, tout en évitant de préciser ce qu’il en sera de la coordination et des coûts des services à remplacer et des conséquences sur la représentation citoyenne.

En santé, les restructurations se produisent souvent lors de l’amorce d’une négociation collective et relèvent de la pure stratégie, souligne d’ailleurs le conférencier. « Comme le gouvernement ne peut justifier les faméliques conditions qu’il propose à ses employé-es, il se lance dans des refontes du système en invoquant l’urgence et la nécessité d’épargner. Les syndicats et autres groupes peinent alors à convaincre leurs membres et la population que l’état actuel des organisations et des services n’est pas critique au point de jeter le bébé avec l’eau du bain », fait valoir Jean-Noël Grenier.

Des techniques de gestion axées sur des résultats précis et empruntées à l’entreprise privée (Lean, Toyota) sont introduites sans débat pour soi-disant améliorer le système. « Les travailleuses de la santé doivent limiter à quelques minutes leurs entretiens avec les patients. C’est surréaliste », déplore en marge de la conférence du professeur Grenier la présidente du Conseil central de Québec Chaudière-Appalaches (CSN), Ann Gingras. L’ensemble de ces pratiques issues de l’approche managériale impose aux salarié-es de la fonction publique l’obligation de consacrer une bonne partie de leur temps à la bureaucratie. « On alourdit le travail en instaurant des mesures de gestion gourmandes en temps qui empêchent de livrer des services adéquats. À plus ou moins longue échéance, ceux-ci risquent de devenir moins efficaces, justifiant par le fait même les coupes imposées. Un véritable cercle vicieux », ajoute-t-elle.

Les porteurs de ce discours ne laissent rien au hasard. Ils créent des organismes, comme la Fondation 1625 pour la hausse des frais de scolarité. Ils investissent le Web et les médias sociaux. « Voyez un peu les commentaires sur les sites de nouvelles, sur Facebook et Twitter… Ce sont toujours les mêmes personnes qui interviennent, qui cognent sur le clou de la démagogie et du mépris », fait remarquer Ann Gingras. Ces attaques sont encore plus frontales dans les médias d’opinion de certaines régions comme à Québec. Toutes ces stratégies atteignent en partie leur but : les populations matraquées finissent par s’habituer à la dégradation des services qu’elles reçoivent et par se débrouiller de plus en plus par elles-mêmes. Un défaitisme s’installe y compris chez nos syndiqué-es : un État présent qui cherche à améliorer les services publics devient suspect.

À nous de jouer

Il faut donc agir à tous les niveaux pour faire de l’éducation politique et ne pas compter uniquement sur les mobilisations ponctuelles, qui sont insuffisantes pour résister à ces assauts. « Les jeunes et tous nos membres sont tous les jours exposés aux offensives de nos détracteurs. Dans les taxis, les autobus, les usines, dans les médias de masse, partout, ils les entendent, ils les lisent, ils les voient. Nous devons être présents sur toutes les plateformes dans tous les milieux et occuper le terrain, de toutes les façons », renchérit Ann Gingras.

La négociation est certes importante, mais s’y limiter ne fera que minimiser les impacts des compressions sur les membres. Il faut donc investir les milieux de travail et bien nous outiller pour aller à leur rencontre. La meilleure façon de les conscientiser est d’ailleurs d’écouter ce qu’ils ont à dire. Il faut nous armer d’arguments contre le néolibéralisme qui sévit dans plusieurs médias et s’infiltre partout. Nous devons aussi tisser des liens solides avec les autres groupes qui partagent nos valeurs, interroger la société et intervenir dans tous les lieux de décision, allant des conseils de ville aux réunions diverses de politiciens provinciaux et fédéraux. « Il n’y a rien d’anormal à ce que le mouvement syndical se remette en question. Si ce n’était pas le cas, je serais inquiet. Nous devons nous attendre à remporter toutes sortes de victoires, des petites comme des grandes. Après toutes les attaques que nous subissons, il faut avouer que nous sommes résilients. Les associations syndicales seront encore là demain, tout comme les associations d’employeurs et les partis politiques. S’ils nous attaquent de la sorte, c’est parce que nous sommes des adversaires coriaces, des résistants », conclut finalement Jean-Noël Grenier.

Comment larguer les futurs retraités

En juin 1985, une retraitée du nom de Solange Denis apostrophe le premier ministre conservateur, Brian Mulroney, à la suite de sa décision de désindexer les pensions de vieillesse. « Tu nous as menti », lui lance-t-elle devant des journalistes à Ottawa. « T’es venu chercher notre vote, pis, bye bye, Charlie Brown. » Ces propos ont créé une telle onde de choc que Brian Mulroney a dû faire marche arrière et annuler la désindexation pourtant prévue dans son premier budget.

Autres temps, autres mœurs : en mars 2012, les conservateurs majoritaires de Stephen Harper ont repoussé l’âge d’admissibilité à la retraite à 67 ans, limitant ainsi le régime universel de pension déjà largement insuffisant. Malgré une forte opposition, les dispositions du régime mis en place en 1951 ont été modifiées. Les nouvelles mesures s’appliqueront progressivement à partir de 2023 jusqu’à son entrée en vigueur complète en 2029. Dès lors, les Canadiennes et les Canadiens devront patienter deux ans avant de se prévaloir de la pension de la sécurité de la vieillesse (PSV) et du supplément de revenu garanti (SRG), pour les plus pauvres d’entre eux. Pour les personnes nées avant le 31 mars 1958, aucune perte. C’est pour les autres que l’histoire se complique.

Le gouvernement a invoqué les effets du vieillissement de la population sur les finances publiques pour justifier sa réforme, soit la hausse du nombre de retraité-es, mais aussi l’augmentation de l’espérance de vie. Selon les données du Directeur parlementaire du budget sur la viabilité financière du gouvernement et les prestations aux aîné-es, les coûts du régime devraient passer en 2012 de 2,2 % du PIB (32 milliards) à 3,2 % du PIB (142 milliards) jusqu’en 2031-2032. Cependant, à partir de 2032, ces mêmes coûts vont redescendre à 1,8 % du PIB annuellement. Pourquoi alors cet empressement à réformer le régime canadien, sinon pour imposer davantage de coupes dans l’un des programmes sociaux les plus utiles ?

La pauvreté conjuguée au futur

Ainsi, les personnes nées entre le 1er avril 1958 et le 31 janvier 1962 toucheront leur pension selon une formule qui leur fera perdre progressivement des revenus de retraite sur une base mensuelle. Mais celles nées après le 1er février 1962 perdront deux années de rentes complètes — en plus de devoir travailler ou vivoter jusqu’à 67 ans —, des montants évalués à environ 6500 $ par individu par année, ce qui entraînera une hausse de la pauvreté de 6 à 17 % chez les aîné-es, dont 50 % des plus pauvres perdront 60 % de revenus, selon l’étude Reforming Old Age Security : Effects and Alternatives, menée l’automne dernier par des chercheurs de l’Université Laval et de l’Université du Québec à Montréal.

La même étude montre que cette réforme du programme, en prenant en compte ses répercussions sur les recettes fiscales, aura pour effet de diminuer les dépenses fédérales annuelles de 7,1 milliards de dollars en 2030. Ce sont donc les provinces, dont le Québec, qui devront assumer les coûts — estimés à près de 169 millions de dollars en 2030 — engendrés par le recours accru aux prestations de l’aide sociale pour compenser la perte du PSV. L’étude conclut que les femmes seront les grandes perdantes, leurs revenus étant généralement 40 % inférieurs à ceux des hommes.

En reportant l’âge de la retraite, le gouvernement Harper s’est nettement engagé dans une voie commune aux gouvernements successifs des dernières années : pelleter ses responsabilités sociales dans la cour des individus en les appauvrissant davantage. À moins que d’autres, comme Solange Denis il y a trente ans, décident de faire renverser la vapeur !


Pour en savoir plus : L’assaut contre les retraites, sous la direction de Normand Baillargeon, M Éditeur, 167 pages, avril 2015