Les femmes plus pénalisées par la réforme

La réforme de l’assurance-emploi a été décriée sur toutes les tribunes, parce qu’elle contraint notamment les personnes en perte d’emploi à accepter un travail moins bien rémunéré et plus éloigné de leur domicile, ce qui affecte plusieurs secteurs de l’économie. L’effet qu’elle produit sur les chômeuses a pour sa part à peine été évoqué. Il est pourtant direct et bien réel.

La population active se compose à 47 % de femmes, qui contribuent à 45 % des cotisations d’assurance-emploi. Pourtant, en 2013, seulement 35,5 % des femmes en chômage étaient admissibles à des prestations régulières, tandis que 44,8 % des hommes y avaient droit. « En tenant uniquement compte des prestations régulières, les femmes versent plus d’argent dans la caisse d’assurance-emploi qu’elles n’en perçoivent », souligne Kim Bouchard du Mouvement action chômage de Montréal. Les femmes étant davantage touchées par le travail atypique, il leur est plus difficile de cumuler les heures nécessaires à la perception de prestations. « Au lieu de corriger cette discrimination systémique, le gouvernement conservateur est venu l’aggraver par l’entremise de sa réforme », déplore Kim Bouchard.

Classes de chômeurs : les femmes plus touchées

Les chômeurs sont maintenant divisés en trois catégories de prestataires qui sont soumis à des exigences différentes dans la recherche d’un emploi. « Le gouvernement n’a pas fourni de données pour indiquer dans laquelle de ces catégories se retrouvent les femmes et ne s’est prêté à aucune analyse différenciée selon les sexes », déplore la vice-présidente de la CSN, Véronique De Sève. Or, en raison du travail souvent précaire des femmes, plusieurs risquent d’avoir plus de mal à répondre aux critères de la première catégorie (travailleurs de longue date), entre autres de ne pas avoir atteint le maximum permis de 35 semaines de prestations au cours des cinq dernières années. Comme elles s’occupent davantage de l’éducation des enfants ou de proches malades, elles sont également pénalisées par le critère leur exigeant d’avoir payé au moins 30 % de la cotisation maximale pendant sept des dix dernières années.

Selon Kim Bouchard, les femmes risquent également de devenir plus souvent des prestataires soit occasionnelles, soit fréquentes. Ce dernier statut diminue à six semaines seulement le délai de recherche d’un emploi payé à 80 % du salaire antérieur. Après cette période, elles doivent accepter tout travail payé à 70 % du précédent. « Elles courent ainsi le risque d’être emprisonnées dans des emplois précaires comme le commerce de détail, la restauration, les services de garde ou les soins à domicile et de se retrouver rapidement acculées au salaire minimum », dénonce-t-elle.

La réforme de l’assurance-emploi appau­vrit tous les chômeurs, sans exception. Comme c’est le cas avec les politiques d’austérité en général, les femmes en font encore plus cruellement les frais.

Le syndicalisme, une histoire de valeurs

Les attaques des conservateurs contre les syndicats, l’austérité et la négociation dans le secteur public québécois sont autant d’éléments qui mobiliseront les forces vives de la CSN. Ce genre de lutte syndicale ne date toutefois pas d’hier.

Il y a deux phases dans la négociation des salaires et des conditions de travail des employé-es directs et indirects de l’État québécois. La première correspond à la syndicalisation et à la négociation dans les années 1960 et 1970. Elle est marquée par un fort militantisme, la constitution d’un front commun, des grèves nombreuses et une amélioration substantielle de leurs conditions de travail. L’autre période débute avec les décrets imposés par le gouvernement en 1982-1983 et elle se poursuit jusqu’à nos jours. Devant l’imposition de nombreuses lois spéciales, les syndicats s’efforcent d’enrayer une érosion de la rémunération et des conditions de travail.

Pour simplifier, la syndicalisation des secteurs public et parapublic représente une troisième étape dans la syndicalisation des salarié-es au Québec. La première est liée à la syndicalisation des ouvriers de métier à partir du milieu du 19e siècle. Leur qualification leur confère un rapport de force pour essayer d’imposer la négociation collective aux employeurs. Les effectifs syndicaux atteignent 97 000 membres en 1921 et ces travailleurs n’hésitent pas à faire grève : il y a près d’un million de jours de travail perdus à cause de conflits en 1919 et 1920.

Au tour du secteur public

Le syndicalisme franchit une deuxième étape d’expansion avec l’organisation des ouvrières et ouvriers semi-qualifiés et non qualifiés de l’industrie manufacturière. Cet élargissement est le résultat du militantisme syndical pendant la Deuxième Guerre et de l’adoption en 1944 de la Loi des relations ouvrières inspirée du Wagner Act voté aux États-Unis en 1935. Le gouvernement encadre le processus de négociation collective en posant comme principe que les employeurs doivent négocier « de bonne foi » avec les représentants de leurs employé-es. Les effectifs syndicaux atteignent près de 300 000 membres en 1951 (30 % des salarié-es).

Dans les années 1960, le syndicalisme franchit une troisième étape en regroupant massivement les employé-es des services publics et parapublics. Au début de cette décennie, les fonctionnaires de l’État québécois n’ont pas le droit de négocier leurs conditions de travail alors que les enseignantes et les enseignants et les employé-es des municipalités, de la santé et des services sociaux peuvent le faire depuis 1944. Mais ils ne détiennent pas le droit de grève et les conflits de travail doivent être soumis à l’arbitrage. Emportés par le climat de changement issu de la Révolution tranquille, ces salarié-es commencent à joindre massivement des organisations syndicales. Ainsi, à partir de 1961, la CSN commence à syndiquer des fonctionnaires et des ouvriers qui réclament les mêmes droits que les autres catégories de travailleurs, soit la libre négociation, la possibilité de s’affilier à une centrale syndicale et même le droit de grève. Le premier ministre Jean Lesage y était opposé, ayant notamment déclaré en 1962 que « la reine ne négociait pas avec ses sujets ».

Au même moment, les employé-es d’hôpitaux et les enseignantes et les enseignants remettent en cause le système d’arbitrage qui les régit. Des grèves illégales frappent neuf commissions scolaires en 1963 et les infirmières de l’hôpital Sainte-Justine, dont le syndicat est affilié à la CSN, débraient illégalement pendant un mois en octobre de la même année. Lors d’une rencontre avec le ministre de la Santé qui refuse d’intervenir à cause de l’illégalité du conflit, Madeleine Morgan, présidente du syndicat, réplique : « Tout ce que vous avez à faire, si vous voulez que nous soyons dans la légalité, c’est de changer votre loi ! » Le gouvernement, surpris par une mobilisation exceptionnelle des centrales syndicales, cède en 1964 à l’occasion de l’adoption d’un Code du travail. La CSN organise une assemblée extraordinaire de ses dirigeants et militants alors que la FTQ tient un congrès extraordinaire qui donne au comité exécutif le pouvoir de recourir à la grève générale si le gouvernement n’amende pas profondément le projet de loi. Les enseignantes et les enseignants ne sont pas en reste : la Corporation générale des instituteurs et institutrices menace aussi de convoquer un congrès d’urgence. « La pratique intégrale du droit d’association, peut-on lire dans un rapport de la corporation, n’a pu et ne peut se concevoir sans l’usage du droit de grève. »

La dernière version du projet de loi consacre le droit de grève pour tous les employé-es d’hôpitaux, de commissions scolaires et de municipalités. L’année suivante, ce droit est étendu aux enseignantes et enseignants et aux salarié-es directs de l’État. À peu de choses près, les principes généraux du Code du travail s’appliquent avec la restriction que les services essentiels soient déterminés entre les parties ou par décision du Tribunal du travail. Cette libéralisation des règles touchant la syndicalisation et le droit de grève des secteurs public et parapublic place le Québec à l’avant-garde en Amérique du Nord.

Des gains

De 1964 à 1966, les syndiqué-es relevant directement ou indirectement de l’État québécois font des gains importants, tant en terme salarial que sur le plan des clauses normatives. Il faut dire qu’ils ont un long chemin à rattraper tant leurs salaires et leurs conditions de travail viennent loin derrière ceux du secteur privé. Pour éviter la surenchère de négociations décentralisées, le gouvernement se substitue en 1968 aux commissions scolaires et aux corporations hospitalières en se donnant une politique salariale qu’il applique à tous ses employé-es directs ou indirects.

Les syndicats répondent en 1972 par la négociation en front commun, une méthode unique en Amérique du Nord. La négociation de 1972 donne lieu à l’emprisonnement des présidents des trois principales centrales syndicales pour avoir recommandé de ne pas respecter des injonctions. Répétées en 1975 et 1979, les négociations en front commun sont perturbées par des grèves parfois illégales, des injonctions et des lois spéciales. Néanmoins, elles valent des avantages significatifs aux syndiqué-es en termes d’augmentations salariales, d’avantages normatifs et de sécurité d’emploi. Pour le gouvernement, la rémunération de ses employé-es doit correspondre au salaire moyen des emplois analogues dans le secteur privé. En revanche, les centrales souhaitent que les augmentations obtenues aient un effet d’entraînement pour l’ensemble des travailleuses et des travailleurs du secteur privé. Le patronat s’en inquiète et des économistes confirment à cette influence au début des années 1980.

Fer de lance du syndicalisme, le front commun subit un revers majeur en 1982 et 1983 à l’occasion de la crise économique qui frappe le Québec. Le gouvernement impose une récupération salariale et de très faibles augmentations salariales pendant trois ans. Les grèves déclenchées se terminent par la rigoureuse loi 111, forçant les enseignantes et les enseignants à retourner au travail sous peine de congédiements collectifs et de perte d’ancienneté. Ce lourd échec marque un tournant non seulement pour les employé-es de l’État, mais pour tout le mouvement syndical.

Les négociations subséquentes (1986, 1989, 1992, 1993, 1995, 1997, 1999, 2005) sont marquées par de nombreuses lois spéciales comportant des récupérations salariales, la réouverture de conventions ou leur prolongation, des gels ou de faibles hausses de rémunération. En 1986, le gouvernement s’est donné la loi 160 qui modifie le rôle du Conseil des services essentiels lui octroyant le pouvoir de déterminer l’étendue de ces services, de réagir rapidement et de prévoir de lourdes conséquences pour le non-respect des ordonnances : fortes amendes, baisse de salaire, perte d’ancienneté, suspension de la retenue syndicale, etc. Les employé-es du réseau de la santé en subissent les conséquences lors d’arrêts de travail en 1989, alors que la FIIQ est frappée en 1999. C’est une véritable camisole de force pour limiter le droit de grève.

Le déséquilibre

Depuis les années 1970, le gouvernement s’est appliqué à suivre une politique ayant pour objectif d’aligner la rémunération de l’administration publique et parapublique sur celle du secteur privé. Selon la logique gouvernementale, il appartenait aux entreprises et aux forces du marché de déterminer le niveau de rémunération de ses salarié-es ; l’État devait se contenter d’être un acteur neutre. Mais, depuis les années 1990, il se sert de son pouvoir législatif pour repousser la rémunération des salarié-es de l’État bien en dessous de celle offerte dans le secteur privé. C’est ainsi qu’en 2014, le retard de la rémunération globale (elle comprend les avantages sociaux et les congés) était de 7,6 % par rapport à celui de l’ensemble des autres salarié-es québécois et de 24,1 % par rapport aux autres salarié-es syndiqués.

Compte tenu du nombre imposant de travailleuses et de travailleurs touchés directement ou indirectement par ces négociations (20 % des salarié-es), leurs faibles augmentations influent à la baisse sur la rémunération des autres salarié-es au Québec. Depuis trente ans, elles contribuent à ce que les hausses salariales de l’ensemble des travailleuses et des travailleurs ne dépassent guère l’augmentation des prix à la consommation. Le pouvoir d’achat des salarié-es n’a augmenté que de 11 % depuis plus de trente ans, du jamais-vu depuis que des statistiques sur les salaires réels moyens sont compilées.

Changer le monde pas à pas

L’année 1995 a vu naître au Québec la Marche du pain et des roses avec ses 200 kilomètres parcourus en dix jours et la mobilisation de centaines de femmes de tous horizons contre la pauvreté. Dans la foulée de cet événement, l’idée d’organiser une marche mondiale pour l’an 2000 commence à germer.

S’engager dans le nouveau siècle avec un projet aussi monumental allait placer à la une des médias la lutte des femmes, notamment contre la pauvreté. La tenue de la 4e Conférence mondiale sur les femmes à Beijing en 1995 permet également de sonder les cœurs sur l’idée d’organiser cette marche à l’échelle internationale. Pour mettre en place cet événement, diverses organisations de défense des droits des femmes s’associent pour fonder un mouvement mondial d’actions féministes.

Les 189 pays participant à la conférence adoptent une déclaration et un programme d’action qui sont des plaidoyers contre les inégalités hommes-femmes et pour l’accès des femmes et des filles aux services de santé, d’éducation et de développement économique. On connaît la suite : la marche rassembla plus de 10 000 femmes de tous les continents dans les rues de New York le 17 octobre 2000.

Cette conférence quinquennale amène les États à rendre compte des actions réalisées pour l’atteinte des objectifs. Un rapport parallèle, produit en novembre 2014 par un réseau d’ONG, de syndicats et d’expertes indépendantes, a livré un examen détaillé de la mise en œuvre, par le Canada, de politiques découlant des recommandations de Beijing. Toutefois, les récentes mesures d’austérité ont fait des ravages : un taux d’emploi réduit de 8 % dans le secteur public, un taux de pauvreté inchangé durant les dernières années, l’absence de services de garde de qualité, un taux très élevé de pauvreté chez les femmes et les familles autochtones, l’absence d’un plan d’action canadien de lutte contre les violences faites aux femmes, etc.

La 59e Commission ONU Femmes de mars 2015 démontre le long chemin à par­courir pour concrétiser les promesses du Programme d’action de Beijing. Aujourd’hui encore, « 70 % des pauvres dans le monde sont des femmes. Elles sont surreprésentées dans des emplois à faible statut professionnel, peu rémunérés, informels, à temps partiel, moins sûrs et précaires ». Un récent rapport ONU Femmes confirme que « les politiques d’austérité nuisent à la promotion et à la place des femmes dans le monde du travail » et déplore que « des millions de femmes soient reléguées à des emplois peu rémunérés et de qualité médiocre ».

Cette commission de New York a donné lieu à la participation d’une centaine de syndicalistes, dont la vice-présidente de la CSN, Véronique De Sève, à la conférence officielle et aux activités des ONG.

Finalement, ces militantes ont collaboré à l’écriture d’une déclaration syndicale sur l’accès des femmes à des emplois décents et mieux rémunérés et à la protection sociale.

La marche continue

Tous les cinq ans, à l’échelle internationale, des femmes d’un peu partout participent à la Marche mondiale des femmes (MMF). Cette année, elle se déroule sur le thème « Libérons nos corps, notre Terre, nos territoires ». Rendez-vous à la 4e action internationale pour participer avec les militantes de la CSN aux différentes actions organisées dans les régions du Québec et au rassemblement du 17 octobre à Trois-Rivières. Marchons pour celles qui ne le peuvent pas.

Des politiques hostiles aux agents correctionnels

Les politiques et les fausses promesses du Parti conservateur ont doublement pénalisé les 7500 membres du Syndicat des agents correctionnels du Canada (UCCO-SACC-CSN). L’organisation trace un bilan très sombre des années qu’a passées au pouvoir le gouvernement Harper.

Depuis 2005, UCCO-SACC-CSN fait des représentations auprès du gouvernement fédéral afin qu’il adopte une loi imposant un prélèvement sanguin automatique lorsqu’une agente ou un agent est exposé au sang d’un détenu. « On veut ainsi éviter que les agents ne contractent des maladies. Sept provinces sur dix ont une législation qui permet ce type d’intervention. Mais après 10 ans de démarches de notre part, le gouvernement Harper refuse toujours de légiférer en la matière », explique le vice-président national d’UCCO-SACC-CSN, Jason Godin.

Les conservateurs ont aussi attaqué directement les agents correctionnels en apportant certains changements au Code du travail. L’amendement à la partie 2 du Code du travail vient modifier la définition de danger. Pour que des agents refusent une affectation, il ne suffit plus qu’il y ait un « danger potentiel », il doit maintenant y avoir un « danger imminent ». En d’autres mots, pour qu’une situation soit considérée aujourd’hui comme dangereuse, l’agent correctionnel doit avoir un couteau sous la gorge !

Le gouvernement Harper a également adopté le projet de loi omnibus C-4 afin de limiter la capacité du syndicat à trouver un mécanisme de règlement en cas d’impasse dans les négociations. Pourtant, dans le passé, UCCO-SACC-CSN a négocié avec succès deux conventions collectives en utilisant la conciliation pour sortir de l’impasse dans des cas spécifiques liés à l’environnement de travail de ses membres. Stephen Harper veut ainsi forcer le syndicat à accepter un arbitrage exécutoire.

Lutte à la criminalité illusoire

Le gouvernement conservateur affirme faire de la lutte au crime sa priorité. Cette politique n’est rien d’autre que de la poudre aux yeux destinée à rassurer les électeurs, selon UCCO-SACC-CSN. « En fait, ce gouvernement ne mène pas une lutte contre le crime, mais bien une lutte contre les agents correctionnels fédéraux », ajoute M. Godin. La plateforme électorale des conservateurs tough on crime ne s’est jamais concrétisée. Au contraire, le gouvernement a plutôt réalisé des compressions de 290 millions de dollars dans les centres de détention au pays pour ensuite ajouter d’autres coupes de 65 millions.

Un bon exemple de ce phénomène est la sentence à vie sans possibilité de libération conditionnelle. La nouvelle loi proposée par les conservateurs ne tient pas la route. Les détenus qui étaient reconnus coupables d’un crime nécessitant un emprisonnement à vie sortaient rarement des pénitenciers sous l’ancien système. Ils écopaient toujours d’une sentence dont la durée était indéterminée. S’ils étaient considérés comme trop dangereux pour sortir, la Commission des libérations conditionnelles rejetait leur demande de libération.

Le gouvernement conservateur a également fait des compressions dans les différents programmes offerts aux prisonniers pour favoriser leur réhabilitation. Ces derniers n’ont plus rien à quoi s’accrocher et accumulent ainsi des frustrations qui se traduisent par des tensions encore plus grandes entre les murs, tensions qui doivent être gérées par les agentes et les agents correctionnels.

Après les compressions, le démantèlement

On a beaucoup parlé de la fermeture du costumier de Radio-Canada, annoncée en octobre 2014. La dispersion des vêtements de personnages fétiches de notre imaginaire collectif a marqué les esprits. Mais ce n’est que la pointe de l’iceberg.

Radio-Canada, institution de culture, d’information et de création, vacille sur ses bases et peine à réaliser un mandat qu’elle est seule à assurer. Les compressions budgétaires successives du fédéral y sont pour beaucoup. Les dernières en date se sont étalées entre 2012 et 2014 et ont totalisé 115 millions de dollars. Le résultat : plus de 1300 emplois supprimés partout au Canada. C’est la plus récente étape d’un long déclin. En fait, les crédits parlementaires alloués à Radio-Canada/CBC aujourd’hui n’atteignent que 60 % de leur valeur de 1990, selon les données compilées par le groupe Amis de la radiodiffusion canadienne.

Mais au lieu de réclamer un financement adéquat, le conseil d’administration et la haute direction ont décidé de s’accommoder de la situation et de transformer irrémédiablement l’institution.

En juin 2014, ils ont accouché d’un plan, baptisé Un espace pour nous tous, qui prévoit des compressions supplémentaires de 100 millions et la suppression de 1500 autres emplois d’ici 2020. Ils veulent ainsi se créer un coussin financier pour effectuer un virage vers les médias numériques (téléphones mobiles, tablettes, etc.). Près de la moitié de ces 1500 emplois ont déjà été supprimés (392 en octobre 2014 et 318 en avril 2015).

Que nous réserve le plan de Radio-Canada ?

D’abord une baisse du soutien à la culture. Par exemple, les budgets alloués à l’enregistrement de concerts classiques, de spectacles ou de performances d’artistes ont été réduits à presque rien. Résultat : moins de revenus pour les artistes, moins de création.

Deuxième impact : moins d’information régionale accessible à tous. L’automne prochain, la plupart des bulletins de nouvelles télévisés régionaux passeront de 60 à 30 minutes ; au réseau anglais, ils passeront de 90 à 30 minutes. On nous annonce un virage vers les plateformes numériques, mais personne ne sait comment il s’effectuera. Pourtant, une part importante de la population s’informe toujours à la télévision, et bon nombre de gens n’ont pas accès aux plateformes numériques, entre autres en raison des coûts (appareils et abonnement).

Troisièmement, la fin annoncée de la production interne d’émissions dramatiques et de variétés. Déjà, la majorité de ces émissions sont produites par le privé. Mais la Maison de Radio-Canada, à Montréal, recèle encore de vastes studios qui offrent des possibilités uniques au Québec. La direction de Radio-Canada souhaite vendre cet immeuble pour devenir locataire d’un autre immeuble où il n’y aurait plus qu’un seul studio (au lieu des 12 actuels). Deux des trois consortiums qui avaient été retenus pour ce projet immobilier se sont retirés et la proposition du troisième n’a pas été retenue. Malgré cela, Radio-Canada n’a pas renoncé à se départir de la production télévisuelle.

Enfin, de nombreux services en soutien à la production sont réduits ou supprimés : moins de documentalistes, fermeture des ateliers de décors et de costumes, moins de personnel pour l’archivage des émissions, moins d’accès aux services de la bibliothèque, moins de services techniques (prise de son, mixage sonore, montage), etc.

Tout cela se produit pendant que le monde des médias est en plein bouleversement. Les modèles d’affaires sont à revoir, car tous les médias doivent s’adapter aux nouvelles façons dont le public les consulte. Dans ce contexte, nous avons besoin d’un producteur et diffuseur public solide, soutenu par l’ensemble de la société. Cela doit être un enjeu de la prochaine campagne électorale fédérale.

Une idéologie dévastatrice

Du point de vue du droit du travail, cette idéologie chamboule les rapports de force entre patronat et travailleurs, affectant même des acquis de longue date.

Il est difficile de faire une recension rigoureuse de toutes les attaques du gouvernement Harper contre le mouvement syndical. Depuis 2011, les manœuvres tentant d’affaiblir les syndicats du Canada ont été si nombreuses et insidieuses, qu’un portrait fidèle est presque impossible à tracer. Selon Gilles Trudeau, professeur en droit du travail à la Faculté de droit de l’Université de Montréal, les différents projets de loi omnibus ont été truffés de mesures portant atteinte aux syndicats, sans que l’information sorte au grand jour. « Je ne suis pas en mesure de brosser un tableau complet de toutes les actions dans les dernières années qui ont visé directement ou indirectement le mouvement syndical, explique le professeur. Certaines passent inaperçues aux yeux du public, car elles sont incluses dans de gros projets de loi qui font passer un paquet de mesures en même temps. Mais pour moi, il ne fait pas de doute que ce gouvernement a une attitude peu sympathique envers les syndicats. »

Dangereux projets de loi

M. Trudeau cite cependant quelques exemples concrets des tentatives de manipulation du gouvernement. « Le projet de loi d’initiative parlementaire C-377 a particulièrement attiré mon attention », affirme-t-il.

Ce projet de loi, proposé par le député conservateur d’arrière-ban de Colombie-Britannique, Russ Hiebert, a en effet mobilisé le mouvement syndical. En modifiant la Loi de l’impôt sur le revenu, C-377 viendrait forcer les organisations syndicales, même celles sous compétence provinciale, à dévoiler leurs états financiers et leurs dépenses, et indirectement, leurs stratégies futures. Si le projet de loi est adopté, les informations financières de tous les syndicats, ainsi que des renseignements personnels sur les membres et les comités exécutifs, seront diffusées sur le site Internet de l’Agence du revenu du Canada.

« Ce projet de loi me paraît inusité, ajoute Gilles Trudeau. Pour moi, c’est manifestement une tentative de contrôle qui pourrait avoir des impacts majeurs sur l’organisation même d’un syndicat. De plus, cela dépasse largement les compétences du fédéral. »

Après avoir été lourdement amendé au Sénat (par des sénateurs conservateurs), le projet de loi C-377 est retourné en chambre. Au moment d’écrire ces lignes, le Comité sénatorial des affaires juridiques et constitutionnelles tenait des audiences à propos de ce projet de loi dans sa nouvelle version amendée.

L’avocat en droit du travail Stéphane Lacoste est aussi convaincu que l’idéologie conservatrice est hostile aux rassemblements de travailleurs. « Les conservateurs prônent un conservatisme très inspiré des États-Unis, très marqué contre la négociation collective », dit Me Lacoste. Pour cet expert juridique des choses syndicales, c’est un autre projet de loi, le C-525, qui fera le plus mal.

En modifiant la Loi sur les relations de travail au Parlement, la Loi sur les relations de travail dans la fonction publique et le Code canadien du travail, ce projet de loi d’initiative parlementaire impose aux syndicats de la fonction publique fédérale une étape de plus au processus d’accréditation. Le projet empêche toute possibilité d’accréditation automatique. Pour permettre l’accréditation d’un syndicat, le total de 50 % + 1 dans le décompte des cartes signées et la collecte des droits d’adhésion (5 $ par personne) ne suffiront plus. Il faudra dorénavant proposer un vote aux membres, sans limite de temps, par la suite. Une étape qui, selon Me Lacoste, ouvre la porte à toutes sortes de tentatives de dissuasion de la part des employeurs. « Démocratiquement, cette loi nuit aux travailleuses et travailleurs qui souhaitent se syndiquer et au processus naturel d’adhésion, dit-il. Quand on provoque un vote, tout devient possible ! Les employeurs peuvent tenter de soudoyer les travailleurs avec des cadeaux, des promesses… »

Alors que les syndicats ignorent ce qu’il adviendra de C-377, les effets néfastes de C-525 se feront bientôt sentir. Le 16 juin, la loi entrera en vigueur.

Lois spéciales tous azimuts

Les deux experts considèrent qu’une autre tendance du gouvernement Harper prouve son mépris pour la négociation collective, une des valeurs essentielles du droit du travail canadien. « Le gouvernement intervient maintenant beaucoup plus rapidement pour mettre fin à des conflits de travail et bloquer des grèves dans les secteurs fédéraux, affirme Gilles Trudeau. Que le gouvernement fasse passer des lois spéciales pour forcer le retour au travail n’est absolument pas nouveau. Mais ce qui est différent avec ce gouvernement, c’est la rapidité avec laquelle on intervient. Ça démontre un mépris manifeste à l’égard du droit de grève. »

Les exemples sont nombreux, dit M. Trudeau. Dans le secteur des postes, du transport aérien, ferroviaire… Parfois, une grève n’est même pas encore votée que l’on force déjà le retour au travail. « Le gouvernement dit qu’il protège les citoyens en garantissant les services essentiels, explique Stéphane Lacoste. Il faudrait s’entendre sur ce qu’est un service essentiel. Est-ce que recevoir le courrier, prendre l’avion est essentiel pour un être humain ? Non. Je crois que ce qu’ils entendent, c’est plutôt protéger l’économie du Canada de potentielles pertes. »

Qu’adviendra-t-il du syndicalisme et de la protection des travailleurs si le Parti conservateur est de nouveau porté au pouvoir, en octobre prochain ? La situation ne fera qu’empirer, croit Stéphane Lacoste. « Ce à quoi l’on s’attend comme prochaine étape, c’est une mesure à la Right to Work, inspirée de ce qui se fait aux États-Unis. Je crois que le gouvernement veut laisser le choix aux syndiqué-es de cotiser ou non à leur syndicat, ce qui affaiblirait énormément les syndicats partout au pays. La loi oblige tout de même les syndicats à défendre les travailleurs, mais si les gens ne paient plus de cotisations, la force syndicale sera considérablement affaiblie. »

Le prétexte C-51

Le 6 mai, le projet de loi « antiterroriste » C-51 a été adopté en chambre. En réaction aux attaques d’Ottawa et de Saint-Jean-sur-Richelieu, survenues en octobre dernier, C-51 permet au Service canadien du renseignement de sécurité de surveiller secrètement les personnes s’adonnant à une « activité qui porte atteinte à la souveraineté, à la sécurité ou à l’intégrité territoriale du Canada ou à la vie ou à la sécurité de la population du Canada ». De nombreux militants pour la défense de l’environnement, pour les droits autochtones, provenant de groupes anti­capitalistes, et bien d’autres, craignent d’être surveillés en vertu de cette loi. La confusion règne, et toute la population peut se retrouver sous la loupe. « L’ampleur des communications de renseignements entre les ministères et organismes fédéraux proposés dans C-51 est sans précédent. Ces nouveaux pouvoirs sont démesurés et les mesures de protection de la vie privée proposées sont nettement insuffisantes », écrivait le Commissaire à la vie privée du Canada, Daniel Therrien, dans une lettre ouverte publiée en mars dernier dans Le Devoir. Pour Karine Péloffy, avocate et directrice générale du Centre québécois du droit de l’environnement, il s’agit d’un prétexte pour imposer certaines mesures strictes, qui ne seraient pas acceptées en contexte normal. « On crée un flou pour des raisons idéologiques et l’on mise sur la peur du terrorisme pour appliquer un plus grand contrôle sur les personnes qui sont “nuisibles” à l’économie canadienne », affirme Mme Péloffy. Ce qu’elle considère comme un grand danger, c’est l’absence dans le projet de loi de dispositifs de contrôle ou de régulation de la surveillance. « Ce qui est dommage, c’est que je crois que les gens seront découragés de s’impliquer, par peur d’être considérés comme des “extrémistes”. Mais, nous ne comptons pas nous laisser intimider », conclut Me Péloffy.

Le déclin de l’empire pétrolier de Stephen Harper

Depuis déjà neuf ans, le gouvernement conservateur s’attaque sans remords aux institutions démocratiques d’un océan à l’autre tout en faisant obstacle aux acteurs de la société civile qui osent lui bloquer le chemin. Sur le plan environnemental, le premier ministre éprouve toutefois des difficultés à contourner la résistance des peuples qui refusent sa vision de l’exploitation pétrolière et qui s’opposent au transport non réglementé des hydrocarbures.

Le 11 avril dernier, plus de 25 000 personnes ont pris d’assaut les rues de Québec pour se porter à la défense de l’environnement et pour s’opposer au programme de Stephen Harper et de ses amis de l’industrie pétrolière. Les manifestants ont enjoint les élu-es canadiens à mettre en place des politiques favorisant la réduction d’émissions de gaz à effet de serre (GES) pour respecter les objectifs établis en 2009 lors du Sommet COP15 de Copenhague. Cette marche s’est ajoutée à une vague de contestations des politiques d’exploitation hypercapitalistes du gouvernement Harper.

« Coule pas chez nous »

Malgré sa réélection en 2011 et l’obtention de son premier gouvernement majoritaire, le premier ministre n’arrive pas à mettre en œuvre le développement d’oléoducs pour faciliter la commercialisation du pétrole des sables bitumineux de l’Alberta. La construction de l’oléoduc Keystone XL, projet chouchou du gouvernement, a été mise sur la glace grâce à la pression de mouvements citoyens provenant des deux côtés du 49e parallèle. L’oléoduc Northern Gateway a connu un sort semblable en 2014 face à une forte résistance des peuples autochtones de la Colombie-Britannique. Au Québec, le projet Énergie Est a récemment été reporté au moins jusqu’en 2020 après que TransCanada ait plié sous les cris des citoyennes et des citoyens qui s’opposaient à la construction d’un port méthanier en plein cœur d’une pouponnière de bélugas.

Pour Melina Laboucan-Massimo, mem­bre de la Première nation des Cris du Lubicon et responsable de la campagne Halte aux sables bitumineux pour Greenpeace, il s’agit d’importantes victoires qui méritent d’être célébrées. « Il y a dix ans, ces conversations ne faisaient pas partie du débat public. Mais la population commence à comprendre l’urgence de la situation et à se rallier aux cris d’alarme des groupes autochtones et environnementalistes. »

Tout n’est pas joué

Selon le dernier rapport de la commissaire à l’environnement et au développement durable du Canada, le gouvernement s’écarte de ses obligations internationales de réduction de GES. Il s’est également attaqué au ministère de l’Environnement en lui imposant d’importantes compressions financières ainsi que l’abolition de quelque 300 postes, principalement de scientifiques. Les conservateurs ont éliminé la protection de la majorité des cours d’eau canadiens : des 2,5 millions de lacs et de rivières protégés, il en reste tout juste 159 qui le sont conformément aux lois fédérales.

« C’est une attaque aux droits ancestraux et aux droits issus des traités. Nos communautés sont les plus frappées par ce racisme environnemental parce qu’elles sont les plus près de l’extraction néocoloniale des ressources naturelles. Plus personne ne peut pratiquer la médecine traditionnelle parce que tout est contaminé : l’eau, le sol, les plantes. Nos jeunes comme nos vieux sont en train de mourir de cancers qu’on n’a jamais connus auparavant », dénonce Mme Laboucan-Massimo.

La lutte pour préserver l’environnement devra maintenant faire face à la criminalisation de la dissidence avec l’adoption du projet de loi C-51, mais « malgré l’adoption de cette loi orwellienne, nous devons continuer à nous battre. Le Canada doit assurer la transition vers les énergies renouvelables et la création d’emplois verts » , conclut Melina Laboucan-Massimo.

Les systèmes promoteurs de santé

Depuis une dizaine d’années, les systèmes promoteurs de santé sont en constante progression au Québec. Des démarches comme Entreprise en santé, Établissements promoteurs de santé, Planetree, pour ne nommer que celles-là, peuvent mener à une accréditation et gagnent en popularité autant dans le secteur privé que dans le secteur public. Mais pourquoi donc cette frénésie ?

Les coûts d’assurance maladie liés à la santé psychologique (dépressions, troubles anxieux, etc.) ne cessant d’augmenter, l’idée d’améliorer le climat de travail et de promouvoir le bien-être du personnel est une avenue qui tombe sous le sens. Avec de telles démarches, on vise à améliorer la satisfaction au travail, par exemple, en offrant un environnement de travail plus agréable, plus lumineux, moins bruyant, ou encore en favorisant la communication et la reconnaissance au sein des équipes. Certaines démarches telles qu’Entreprise en santé, visent également à favoriser des habitudes de vie plus saines chez les travailleurs comme une alimentation équilibrée et l’activité physique.

La mise en place de telles démarches peut également avoir pour but de favoriser l’embauche de meilleurs candidats et, surtout, de les retenir… Dans le secteur de la santé et des services sociaux, par exemple, le Ministère est tellement préoccupé par l’absentéisme et le roulement du personnel, qu’il impose aux établissements des cibles pour l’atteinte de telles accréditations. En 2015, 50 % des établissements de santé et services sociaux devront être accrédités par un programme reconnu d’amélioration du climat de travail tel qu’Entreprise en santé.

Se faire entendre

Se doter d’une accréditation permet sans aucun doute d’influencer l’image d’une entreprise ou d’un établissement. Cela lui permet de mettre à l’avant-plan les efforts investis en matière de santé au travail. Mais en quoi consistent ces efforts ? Sont-ils partie prenante d’une démarche rigoureuse de prévention des risques ? Rien n’est moins sûr… De nombreux syndicats ont vécu ou vivent présentement la mise en place d’une telle démarche dans leur milieu. Si certains constatent des bénéfices, d’autres témoignent de résultats mitigés et d’autres encore sont inquiets des conséquences qu’auront ces systèmes à moyen terme. Pour que la démarche porte des fruits, certains ingrédients sont essentiels : d’abord, la volonté de la direction d’apporter de réels changements et, ensuite, l’approche collaborative avec les travailleurs et leurs représentants.

Il est essentiel que les syndicats locaux s’interrogent sur l’utilisation de ces appro­ches et qu’ils fassent entendre leur point de vue. Si la direction tient à implanter l’un de ces systèmes, il faut que le syndicat soit impliqué à chacune des étapes afin d’y intégrer les considérations des travailleuses et des travailleurs. Par exemple, on souhaitera assurer la confidentialité des informations données par ceux-ci dans le cadre d’un son­dage sur leurs habitudes de vie et leur état de santé. Également, on voudra éviter qu’ils soient tenus de participer à des activités liées au bien-être lors de leur temps personnel, tel que le cours de yoga du mercredi midi !

Par ailleurs, le syndicat devra s’assurer qu’une telle démarche ne remplace pas la prise en charge globale de la santé et de la sécurité, car celle-ci n’a pas pour objectif d’éliminer tous les dangers à la source, tel que le prévoit la Loi sur la santé et la sécurité du travail. Le syndicat doit donc veiller à ce que ces accréditations soient complémentaires au travail du comité paritaire en SST et non qu’elles le remplacent…

Battre Harper

De tous les partis qui ont gouverné le Parlement canadien dans notre histoire récente, peu ont causé autant de tort que le Parti conservateur de Stephen Harper. Certes, celui de Pierre Elliott Trudeau trouve une place de choix dans ce panthéon peu reluisant, avec la loi des mesures de guerre, en octobre 1970, qui a abouti à l’arrestation arbitraire de centaines de militantes et de militants, et avec les agissements de la GRC qui accentuèrent la crise. D’autant qu’il a aussi voté le Bill C-73, en 1975, pour geler les salaires. Bien sûr, les conservateurs de Brian Mulroney, notamment avec la première réforme du régime d’assurance-chômage, en 1989, ne sont pas en reste.

Mais aucun n’aura frappé aussi fort et fait autant de ravages que le gouvernement dirigé par Stephen Harper. En quelques années seulement, ce gouvernement aura changé la perception du Canada sur la planète. Et c’est totalement justifié.

Sur le plan environnemental, le président américain, qui a bloqué le projet d’oléoduc Keystone XL cher à Stephen Harper, pourrait passer pour un militant écologiste, en comparaison avec ce dernier. En centrant sa politique de développement économique sur une lubie pétrolière, le chef conservateur et sa bande ont causé la disparition de centaines de milliers d’emplois du secteur manufacturier, dont plusieurs dizaines de milliers au Québec. C’est ce que certains ont qualifié de « syndrome hollandais ». Et c’est sans compter les dégâts faits à l’environnement et aux populations vivant près des sites d’extraction des hydrocarbures, dont les Autochtones. Avouons qu’il est assez gênant de se faire rappeler que le Canada est le seul pays à s’être retiré du protocole de Kyoto…

À cet égard, la résistance populaire face aux projets pétroliers de TransCanada et d’Enbridge est aussi une opposition au gouvernement de Philippe Couillard. Ce dernier voit dans leur réalisation, qui ferait du fleuve Saint-Laurent une porte de sortie du pétrole sale des sables bitumineux de l’Ouest canadien, une occasion de « rembourser » le Canada pour la part versée en péréquation. Méchant calcul. Nous tenons à rappeler au premier ministre Couillard que la hauteur des surplus fédéraux est évaluée à quelque 110 milliards de dollars d’ici 20 ans, alors que les déficits cumulatifs des provinces seront de 172 milliards. C’est ce qu’on appelle le déséquilibre fiscal.

Philippe Couillard serait mieux avisé de réclamer une partie de ces ressources excédentaires pour financer les services publics et les programmes sociaux. J’ai déjà qualifié le tandem Couillard-Harper de dangereux duo pour le Québec, et ce n’est pas sans raison.

Une feuille de route entachée

Considérons une partie du bilan de Stephen Harper depuis son accession au pouvoir en 2006 : diminution du taux d’imposition des profits des entreprises, se privant ainsi de 7,5 milliards de dollars ; report de l’âge de la retraite, dès 2017, à 67 ans ; saccage du régime d’assurance-emploi ; introduction de la mesure de fractionnement de revenus pour les couples avec enfants, qui pourrait faire sortir quelque 7000 femmes du marché du travail ; abolition de l’obligation de remplir la version longue du recensement ; adoption de la loi répressive C-51 et dépôt des projets de loi antisyndicaux C-377 et C-525 ; retrait de la protection des cours d’eau ; suppression de 2000 postes de scientifiques ; changement radical de la nature de l’aide internationale en appuyant des projets liés aux intérêts des minières, entre autres, plutôt que de l’aide au développement international et du soutien aux ONG ; réduction massive du financement du diffuseur public Radio-Canada/CBC et suppression de 1300 postes. Et cette liste est loin d’être complète.

Par ses politiques, le gouvernement Harper atteint la qualité de vie de millions de personnes d’un océan à l’autre. C’est pourquoi, dans le respect de la loi électorale, le conseil confédéral de la CSN a voté un plan de campagne pour battre le Parti conservateur. Il est de la responsabilité des militantes et des militants des mouvements sociaux et syndicaux de s’impliquer dans cette mobilisation. Dans nos milieux de travail, échangeons sur le bilan des conservateurs. Dans nos familles et avec nos proches, discutons des effets de leurs politiques sur notre quotidien. Le 19 octobre, sortons Harper du Parlement !

RI-RTF : le choix de la démocratie

Plus de 400 ressources ont ainsi profité de la période de changement d’allégeance syndicale prenant fin le 30 janvier dernier pour quitter la Fédération des familles d’accueil et ressources intermédiaires du Québec (FFARIQ) et venir gonfler les rangs du secteur des RI-RTF de la CSN.

Pour Renée Desnoyers, responsable d’une famille d’accueil à Terrebonne depuis 16 ans et nouvelle présidente du syndicat CSN des RI-RTF de la région de Lanaudière, la décision d’opter pour la CSN s’est imposée en octobre dernier à la suite d’une assemblée de la FFARIQ. Alors que la négociation à venir était à l’ordre du jour, la présidente d’alors a plutôt tenté de convaincre les membres d’adhérer à un régime d’assurance, tout en refusant de répondre à leurs questions. « Je suis membre de la FFARIQ depuis la syndicalisation des RI-RTF en 2001. J’ai siégé au comité exécutif, j’ai beaucoup donné, mais là c’était une goutte de trop, celle qui a fait déborder le vase », déplore-t-elle. Absence de démocratie, droit de parole muselé, pouvoir de décision centralisé à Québec : la liste des déficiences est longue.

Maurice Dumais, responsable d’une famille d’accueil de Saint-Pacôme et vice-président de l’exécutif temporaire du syndicat CSN du Bas-Saint-Laurent, confirme les problèmes évoqués par la présidente : « On a vraiment donné la chance au coureur, mais en tant que membre du CA j’ai été confronté à tout ce que décrit Renée. Puis, lorsqu’ils ont décidé de me remplacer au CA, la démocratie et l’intérêt des membres ont pris le bord. »

Pour ces deux militants, très actifs durant la campagne d’allégeance syndicale, l’inquiétude suscitée par la loi 10 du gouvernement Couillard et ses conséquences anticipées pour les RI-RTF a constitué une autre bonne raison de joindre les rangs de la CSN. « La présidente de la FFARIQ ne voulait même pas reconnaître que la loi 10 allait affecter les RI-RTF. Pourtant, on sait qu’on va se retrouver face à des monstres, les CISSS, qui seront nos interlocuteurs dans nos régions. On a besoin d’une organisation qui peut nous appuyer avec toutes les ressources et la volonté nécessaires et pour nous, ça, c’est la CSN », ajoute Renée Desnoyers.

Les deux intervenants s’entendent pour dire que l’adhésion des RI-RTF à la CSN vient avec des attentes. D’abord, ils désirent que la réalité bien particulière des RI-RTF destinées à l’enfance, qui offrent un refuge aux enfants relevant de la Loi sur la protection de la jeunesse, soit prise en compte, notamment dans le cadre de l’actuelle négociation. Ils souhaitent également que la CSN représente les ressources au civil lorsque la situation le réclame. Enfin, ils espèrent que les conseillères et conseillers affectés à leurs syndicats respectifs deviendront les porteurs des représentations auprès des établissements donneurs d’ouvrage. « Nous sommes pris entre l’arbre et l’écorce en tant que contractants avec l’établissement, et si on se montre trop ferme ou si on est jugé “dérangeant”, il peut cesser de nous envoyer des enfants. Ce que la CSN nous offre, c’est de pouvoir compter sur une personne conseillère qui parlera en notre nom », poursuit M. Dumais.

Opposer le bouclier CSN

En conclusion, tous les deux tiennent à dire qu’ils sont vraiment heureux de l’accueil qu’ils ont reçu à la CSN. Ils se disent très satisfaits des services reçus et de l’attention que leur ont accordée les différentes personnes conseillères de la CSN : « En quelques mois, on a rencontré plus de conseillers et ils nous ont accordé plus de temps que tout ce que nous aurions pu espérer de la FFARIQ pendant des années. Avec la CSN, on a trouvé le bouclier, oui, c’est vraiment ce qui la décrit le mieux, le bouclier que nous recherchions », affirment en chœur Renée Desnoyers et Maurice Dumais.

L’austérité, les jeunes et l’éducation

Ils comprennent aussi que l’éducation est une clé pour l’avenir collectif du Québec. Les jeunes constatent que leur avenir et celui de l’État social sont menacés. C’est pour ces raisons qu’ils étaient présents et très impliqués politiquement ce printemps.

Des compressions et des tarifications sont prévues dans tous les secteurs du monde de l’éducation. Même des jeunes du secondaire se sont mobilisés et ont organisé des manifestations. Les étudiantes et les étudiants ont tenté une grève ce printemps et ils se préparent pour l’automne.

Le mouvement étudiant n’a eu aucune écoute de la part du gouvernement ces derniers mois. Leurs demandes, leurs revendications et leur espoir d’une société plus juste ont simplement été balayés du revers de la main. La seule réussite intéressante fut le départ d’Yves Bolduc qui n’avait visiblement pas les capacités pour diriger ce ministère. Maintenant, que fait-on avec M. Blais, un universitaire aguerri ? Sera-t-il capable d’être à l’écoute des jeunes cet automne ? Malheureusement, rien ne nous permet d’y croire. Que faire pour parvenir à nous faire entendre ?

Le mouvement étudiant a été accusé d’être trop diffus dans ses revendications. Devrait-il centrer son discours sur les coupes dans les institutions scolaires ? Pourtant, toutes les mesures d’austérité, et pas seulement celles qui touchent l’éducation, auront un impact sur l’avenir des jeunes. Le mouvement étudiant a eu aussi beaucoup de déchirement interne. L’avenir de la FEUQ est, disons, des plus incertains ; l’ASSÉ est en attente de nouveaux porte-parole. Ces groupes devront profiter de l’été pour évaluer leur situation. Dès l’automne, les étudiantes et les étudiants, les jeunes du Québec, devront donc s’unir autour d’un discours fédérateur afin de ne laisser aucun choix au gouvernement de nous écouter et de comprendre en quoi l’éducation est centrale pour notre avenir et celui de l’État.

À suivre cet automne.

Le SCRC et la FNC dénoncent l’expulsion de deux journalistes lors d’un colloque

Le Syndicat des communications de Radio-Canada (FNC-CSN) et la Fédération nationale des communications-CSN dénoncent le fait que deux de leurs membres ait été expulsés d’une conférence qui s’est déroulée jeudi dernier, à Montréal, lors d’un colloque organisé par l’Association des transports du Québec (AQTr).

Pascal Robidas et Dominic Brassard, journalistes à Radio-Canada, étaient dûment accrédités pour assister à la conférence intitulée Défis et enjeux du transport de matières dangereuses, qui portait sur le transport de produits pétroliers. Le conférencier, vice-président de l’Association des chemins de fer du Canada, a toutefois refusé que sa conférence soit enregistrée, affirmant qu’il n’avait pas été mis au courant du fait que des médias pourraient être présents. L’AQTr a affirmé à la Fédération professionnelle des journalistes du Québec qu’elle indiquera désormais, sur le formulaire que doivent remplir les conférenciers, que les médias peuvent assister aux événements qu’elle organise. « Les journalistes ont un rôle essentiel dans une société démocratique : celui de rapporter aux citoyennes et aux citoyens les informations nécessaires pour bien comprendre les enjeux du monde dans lequel ils vivent. Pour cela, ils doivent pouvoir faire leur travail librement. L’AQTr promet de modifier ses pratiques, mais entre-temps, les citoyens n’auront pas eu accès à des informations d’intérêt public », affirme Isabelle Montpetit, présidente du SCRC (FNC-CSN).

Ce n’est pas la première fois que Dominic Brassard subit des entraves dans son travail. Il rapporte avoir déjà été expulsé du stationnement de l’Agence métropolitaine de transport, où il faisait un micro trottoir, et il a eu maille à partir avec des manifestants au printemps 2015. En janvier 2014, le maire de Saint-Lambert avait aussi tenté de l’empêcher d’enregistrer une réunion du conseil municipal. « Les entraves à la pratique du journalisme se multiplient à une époque où la viabilité économique des médias est fragile et où les ressources affectées au journalisme s’amenuisent. Dans ce contexte, il est primordial que les journalistes de Radio-Canada, mais aussi de l’ensemble des médias, puisse faire leur travail en toute liberté », conclut Pascale St-Onge, secrétaire générale de la Fédération nationale des communications-CSN.

Le Syndicat des communications de Radio-Canada représente 1600 membres au Québec et à Moncton. Il est affilié à la Fédération nationale des communications-CSN, qui regroupe 7000 membres œuvrant dans les domaines des communications et de la culture.

Fondée en 1921, la CSN est une organisation syndicale qui œuvre pour une société solidaire, démocratique, juste, équitable et durable. À ce titre, elle s’engage dans plusieurs débats qui intéressent la société québécoise. Elle est composée de près de 2000 syndicats. Elle regroupe plus de 325 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou professionnelle dans huit fédérations, ainsi que sur une base régionale dans treize conseils centraux, principalement sur le territoire du Québec.

Manifestation aux flambeaux des responsables en service de garde dans les rues du Vieux-Québec

Des responsables en service de garde (RSG) en milieu familial membres de la CSN, provenant de plusieurs régions, vont manifester sous les flambeaux dans les rues du Vieux-Québec au cours de la soirée.

À l’aube d’une rencontre de négociation prévue le 1er juin, elles veulent dénoncer une fois de plus les offres salariales ridicules faites par le ministère de la Famille, qui refuse de leur reconnaître l’équité avec les éducatrices en centres de la petite enfance. Elles condamnent l’iniquité de traitement dont elles sont victimes comparativement aux médecins, aux pharmaciens d’hôpitaux et aux membres de l’Assemblée nationale, dont la rémunération va s’accroître passablement au fil des prochains mois.

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Lucie Longchamps, elle-même RSG et membre du comité national de négociation à la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), rappelle que les RSG sont toujours sans entente depuis le 1er novembre 2013 : « Les choses ont assez duré. Mais il n’est surtout pas question d’accepter l’inacceptable, soit 0,14 $ par enfant par jour pour chacune des deux premières années d’une entente, ce qui équivaut à 0,08 $ l’heure ! Les RSG n’ont pas à faire les frais d’une politique d’austérité et d’appauvrissement alors que, d’un autre côté, des groupes de professionnels comme les médecins ou encore les pharmaciens d’hôpitaux vont voir leur rémunération haussée de 20 à 40 % au cours des prochaines années. La vie coûte cher pour tout le monde, y compris pour les RSG qui seraient particulièrement pénalisées avec les offres du gouvernement. Nous voulons l’équité avec nos consœurs éducatrices en centres de la petite enfance, comme les 19 000 médecins l’ont acquise, et comme s’apprêtent à l’obtenir les parlementaires de l’Assemblée nationale. »

Rappel de la situation des RSG

Les éducatrices en CPE ont droit, à l’embauche, à 13 congés payés additionnels à ceux octroyés aux RSG, ce qui représente un rattrapage de 5 % applicable au 1er décembre 2013, conformément à leurs demandes déposées en juin 2014. Elles réclament aussi que leur soient versées les mêmes hausses consenties notamment aux travailleuses en CPE et à l’ensemble des 540 000 salarié-es de l’État, soit 2 % au 1er avril 2014 et 1 % au 31 mars 2015. Or, le Ministère n’offre qu’un maigre 0,5 % par année pour les deux premières années d’une entente, soit 197 $ brut par année, ce qui est largement en deçà du coût de la vie. « Il n’y a pas de raison justifiant que le gouvernement traite les responsables de service de garde différemment d’autres groupes de professionnels ou de hauts fonctionnaires déjà bien rémunérés, lance pour sa part Dany Lacasse, vice-président et responsable du secteur privé à la FSSS-CSN. C’est une question d’équité et de justice. Ce qui est bon pour pitou est bon pour minou ! Quand on regarde les offres ridicules faites aux responsables en service de garde du Québec, il n’est pas surprenant de voir certaines d’entre elles quitter le modèle de services de garde régis pour joindre les services de garde privés non régis et non réglementés. En fait, c’est à croire que le gouvernement fait tout pour favoriser leur retour au privé. »

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À propos des RSG et de la CSN

Plus de 3000 responsables en service de garde familial sont membres de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN). Celle-ci regroupe 130 000 membres provenant des secteurs public et privé de la santé et des services sociaux. Pour sa part, le Conseil central de Québec-Chaudière-Appalaches (CCQCA-CSN) regroupe sur une base régionale plus de 45 000 syndiqué-es des secteurs privé et public. La CSN est composée de près de 2000 syndicats regroupant plus de 325 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou professionnelle dans huit fédérations, ainsi que sur une base régionale dans treize conseils centraux.

Les agents correctionnels font du porte à porte pour éviter une réélection des conservateurs

Des dizaines d’agents correctionnels des pénitenciers de l’Atlantique affiliés au Syndicat des agents correctionnels du Canada (UCCO-SACC-CSN) font du porte-à-porte le samedi 30 mai dans la circonscription de Cumberland–Colchester-Musquodoboit Valley, plus précisément dans les secteurs de Truro et Amherst afin d’inviter les électeurs à ne pas soutenir le Parti conservateur du Canada aux prochaines élections.

Armés d’arguments solides démontrant que le bilan des conservateurs est désastreux, entre autres en matière de sécurité publique, les agents correctionnels discuteront avec les électeurs de ce secteur de la ville. « Le gouvernement conservateur affirme faire de la lutte au crime sa priorité. Cette politique de lutte à la criminalité n’est rien d’autre que de la poudre aux yeux destinée à rassurer les électeurs », affirme Doug White, président régional de l’Atlantique UCCO-SACC-CSN.

Le gouvernement conservateur a retranché 355 millions de dollars dans le budget du Service correctionnel. Le secteur qui a le plus écopé à la suite de ces coupes est le programme de formation des détenus. Une des conséquences de cette décision est de rendre les pénitenciers plus dangereux pour les agents correctionnels. Plusieurs détenus se retrouveront tôt ou tard dans la communauté, mais ils devraient être en mesure de développer des aptitudes afin de favoriser la réinsertion sociale.

« Ce gouvernement vous ment et il ne fait rien pour assurer la sécurité des Canadiens, bien au contraire. Nous rencontrons les électeurs afin qu’ils soient mieux informés et qu’ils fassent ainsi un choix éclairé lors des prochaines élections à l’automne », conclut M. White.

Les impacts de l’austérité dénoncés

Les travailleuses et travailleurs du CSSS Champlain-Charles-Le Moyne ont dénoncé une fois de plus ce midi l’impact des mesures d’austérité en santé et services sociaux. Cette manifestation s’inscrit dans une série d’actions menées par les syndicats de la Confédération des syndicats nationaux (CSN) pour démontrer que le gouvernement Couillard affaiblit actuellement le réseau public, sans nous donner de moyens de lutter contre la hausse des inégalités sociales.

Le démantèlement de nos services publics est en cours

Les compressions budgétaires frappent de plein fouet les services à la population dans le réseau de santé et de services sociaux. Pour l’année à venir, c’est plus de 500 millions de dollars de compressions qui seront imposées aux établissements. Au CSSS Champlain-Charles-Le Moyne, les compressions ont déjà des effets directs sur les services, notamment sur les soins d’assistance aux personnes en perte d’autonomie, sur les interventions liées aux maladies infectieuses et sur le déplacement des usagers.

« En plus de participer à plusieurs manifestations, nous avons aussi voulu nous adresser directement à la population. C’est pourquoi nous avons fait paraître des articles sur les impacts de l’austérité. Face à l’arrogance du gouvernement Couillard, il faut faire entendre un contre-discours. Contrairement à ce que les citoyennes et citoyens pourraient croire, ils sont les premiers perdants face à l’austérité. Que ferons-nous si nos services publics sont privatisés et que nous n’avons pas tous les moyens de payer? Est-ce qu’il faut attendre que l’accès aux soins de santé et de services soit réduit davantage avant d’agir? Devrons-nous bientôt changer la carte soleil pour la carte de crédit? », demande Jean Mercier, président du syndicat CSN du CSSS Champlain-Charles-Le Moyne.

« Derrière les chiffres des compressions budgétaires, ce sont les services que nous recevons comme population qui sont touchés! Ce sont les citoyennes et citoyens qui sont les premières victimes de ces mesures d’austérité. Nous devons attendre plus longtemps pour obtenir les services, quand ce n’est pas des services qui sont supprimés. Et plutôt que de s’occuper de cela, l’ensemble des intervenant-es du réseau est actuellement occupé à appliquer la réforme de structure la plus complexe qu’on a jamais vue. Que les politiciens arrêtent de faire des réformes de structure et qu’on s’occupe des besoins de la population! », lance Steve St-Onge, vice-président régional de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN).

De plus en plus nombreux à refuser l’austérité

Depuis septembre dernier, nombre d’actions ont eu lieu pour dénoncer les mesures d’austérité imposées par le gouvernement Couillard. Les syndicats de la FSSS-CSN et de la Fédération des professionnèles (CSN) ont dénoncé le projet de loi 10 et les compressions budgétaires, en plus de se mobiliser en vue de la négociation du secteur public.

« La mobilisation en Montérégie a été importante et elle va se poursuivre. Le 1er mai dernier, nous avons été présents partout dans la région pour dénoncer l’austérité. Encore aujourd’hui, nous dénonçons l’impact de ces mesures pour la population. Nous serons au rendez-vous dans les mois à venir, afin de faire comprendre à ce gouvernement que nous refusons l’austérité », explique Annette Herbeuval, présidente du Conseil central de la Montérégie – CSN.

« On le voit de plus en plus, les réels objectifs du gouvernement Couillard sont d’affaiblir les services publics pour mieux pouvoir les privatiser par la suite. Ce n’est donc pas étonnant de constater que l’austérité attaque la classe moyenne et les plus démunis de notre société et qu’elle laisse indemnes les mieux nantis. Il y a près de 50 ans, on s’est doté de services publics pour répondre à nos besoins. C’est le meilleur moyen pour limiter les inégalités sociales et pour grandir comme société. On doit se donner les moyens de conserver ses acquis! », de conclure Jacques Létourneau, président de la CSN.

À propos de la CSN

Fondée en 1921, la CSN est une organisation syndicale qui œuvre pour une société solidaire, démocratique, juste, équitable et durable. À ce titre, elle s’engage dans plusieurs débats qui intéressent la société québécoise. Elle est composée de près de 2000 syndicats. Elle regroupe plus de 325 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou professionnelle dans huit fédérations, ainsi que sur une base régionale dans treize conseils centraux, principalement sur le territoire du Québec.

Fière et solidaire : la FIM-CSN ouvre son congrès

C’est aujourd’hui que s’ouvre le congrès de la Fédération de l’industrie manufacturière (FIM-CSN) dans la ville de Chicoutimi. C’est sur le thème Fiers et solidaires que plus de 300 délégué-es des quatre coins de la province sont attendus pour prendre part à cette instance, la seconde de l’histoire de la FIM. Pendant toute la semaine, les participantes et les participants seront appelés à se prononcer et à débattre de différents sujets qui concernent leur fédération syndicale.

La CSN et le Conseil central du Saguenay-Lac-Saint-Jean participeront également au congrès de la FIM. En effet, Jean Lortie, secrétaire général de la CSN, et Engelbert Cottenoir, président du CCSLSJ-CSN, seront présents afin d’adresser aux délégué-es un message de soutien.

Fierté : le congrès, un moment phare de la vie démocratique de la FIM

La fusion de deux fédérations de la CSN, la Fédération des travailleurs et des travailleuses du papier et de la forêt et la Fédération de la métallurgie, est à l’origine de la création de la FIM en 2011. Le congrès de 2015 sera l’occasion pour les membres de déterminer leurs propres orientations. Pour le président, Alain Lampron, ce deuxième congrès comporte un moment privilégié dans l’histoire de la fédération : « le premier congrès a reconduit les grandes orientations des deux fédérations préexistantes. À compter d’aujourd’hui, les délégué-es seront appelés à se prononcer sur de nouvelles orientations spécifiques à leur nouvelle réalité qui permettront de renforcer le secteur manufacturier et de riposter contre les politiques d’austérité des libéraux, qui nous attaquent de plein fouet. ».

Malgré son nouveau statut, la FIM a vite fait preuve d’une grande maturité alors que les deux secteurs fondateurs auraient pu se braquer et que des résistances auraient pu se manifester. « Aujourd’hui, il n’est plus question de “métal” ou de “papier”, mais bien de l’industrie manufacturière. Nous avons réussi à passer outre ces distinctions qui s’étaient enracinées depuis plusieurs décennies dans le monde syndical. C’est de cette maturité que nous devons être fiers », lance Alain Lampron.

Solidarité : la FIM un véhicule efficace pour défendre les travailleurs et les travailleuses

Tout au long du congrès, les délégué-es auront l’occasion de montrer leur solidarité de différentes façons. Dès la première journée, un panel sur la stratégie intersyndicale regroupera des intervenantes et des intervenants internationaux et de différentes allégeances syndicales. C’est ainsi que se retrouveront à la même table, Pierre Cuppens, secrétaire général de la CSC bâtiment-industrie & énergie de la Belgique; Brian Kohler, directeur de l’IndustriALL Global Union responsable de l’Amérique du Nord; Daniel Roy, directeur québécois du Syndicat des Métallos et, finalement, Nathalie Guay de la CSN.

De plus, il importe de souligner que les congressistes iront manifester leur appui aux syndiqué-es des concessionnaires automobiles de la région – affiliés à la CSD, en lock-out depuis plus de deux ans. « La différence d’allégeance ne doit pas servir à justifier l’absence de solidarité, s’exclame Alain Lampron. CSN ou pas, un travailleur, c’est un travailleur, et nous devons le soutenir dans sa lutte. » Avec ce congrès, la FIM espère lancer le message que la solidarité qui unit ses membres doit aussi être présente lors des relations intersyndicales.

Une semaine bien chargée

Bien d’autres sujets seront abordés au cours du congrès : relations intergénérationnelles, vie syndicale, finances de la fédération – sans compter la tenue d’élection – ne sont qu’un échantillon de ce qui sera discuté tout au long de ces quatre jours. Une soirée de solidarité se tiendra également le jeudi 28 mai.

Après ce congrès, la FIM aura tout en main pour poursuivre son travail : « Ce congrès, c’est aussi le coup d’envoi pour trois autres années d’histoire et de syndicalisme au cours desquelles nous aurons maintes fois l’occasion de nous montrer fiers et solidaires », de conclure Alain Lampron

À propos

La Fédération de l’industrie manufacturière (FIM-CSN) rassemble plus de 30 000 travailleuses et travailleurs réunis au sein de 320 syndicats, partout au Québec.

Fondée en 1921, la CSN est composée de près de 2000 syndicats. Elle regroupe plus de 325 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou professionnelle dans huit fédérations, ainsi que sur une base régionale dans treize conseils centraux.

Velan décrète un lock-out à ses installations de Montréal

La compagnie Velan a décrété un lock-out aujourd’hui à ses installations de Montréal. Près de 400 travailleurs et travailleuses se retrouvent sur le trottoir après une série de rencontres de négociations qui les ont laissés pour le moins amères.

Le syndicat national des employé-es de Velan affilié à la Fédération de l’industrie manufacturière (FIM-CSN) et la partie patronale en sont venus à une entente de principe dans la nuit de mardi à mercredi. Toutefois, vendredi dernier les employé-es ont rejeté dans une proportion de 78 % cette entente de principe.

« Velan nous proposait un changement important au niveau de la flexibilité de la main-d’œuvre, en d’autres mots la compagnie voulait avoir l’option de transférer un employé dans d’autres fonctions. Nos membres ont jugé que c’était une proposition inacceptable, car ils craignent que l’employeur abuse de son droit de transférer et qu’ultimement cela se traduise par des pertes d’emplois. Notre mandat est de retourner à la table de négociation et de trouver une entente satisfaisante pour tous », affirme Jose Sousa, président du syndicat de Velan Montréal.

Velan, qui œuvre dans le domaine de la robinetterie industrielle, compte plus de 500 travailleurs et travailleuses syndiqués à ses installations de Montréal et Granby. Les éléments normatifs étaient négociés séparément par chacun des syndicats, alors que l’aspect financier et certaines clauses normatives d’importance étaient négociés à une seule et même table.

Un désengagement public inacceptable

En imposant d’importantes compressions budgétaires aux commissions scolaires, le gouvernement continue à se désengager, petit à petit, en matière d’éducation des élèves du primaire et du secondaire. Le gouvernement doit cesser de mentir à la population, les compressions affectent directement les services.

La CSN et la FEESP déplorent en effet qu’en réduisant le financement des services de garde en milieu scolaire – dans certains cas les coupes peuvent atteindre jusqu’à 43% du financement public – on assiste à un transfert du financement de l’État vers un financement assuré par les parents. « Le gouvernement se désengage de plus en plus et renforce la notion de l’utilisateur-payeur. Depuis deux ans, il utilise la même tactique déplorable : il augmente les tarifs assumés par les parents, mais en profite, du même coup, pour réduire son propre financement de manière beaucoup plus importante. D’année en année, on se retrouve avec des services de garde sous financés », explique la vice-présidente de la CSN, Véronique De Sève.

Volet éducatif fragilisé

Il ne fait aucun doute qu’avec un désengagement continu du gouvernement, nous risquons d’assister à une transformation de la mission des services de garde. « Le gouvernement souhaite nous imposer le rôle de simples gardiens d’élèves, alors que notre mission est beaucoup plus large. Nous offrons des services complémentaires au programme éducatif de l’école, explique Danielle Beaulieu, présidente du secteur scolaire de la FEESP-CSN. Nous avons comme mission, entres autres, de participer à l’atteinte des objectifs du programme éducatif de l’école et de mettre en place des activités qui aident au développement global de l’enfant Les coupes successives viendront fragiliser le volet éducatif dont nous avons la responsabilité », déplore Danielle Beaulieu, présidente du secteur scolaire de la FEESP. Bref, le projet du gouvernement est de faire payer plus les parents pour moins de services.

Classes spécialisées

Les élèves handicapés et en difficulté d’apprentissage feront aussi les frais des coupes imposées par les mesures d’austérité du gouvernement de Philippe Couillard. Par exemple, la Commission scolaire de Laval abolira dès l’automne prochain 21 classes spécialisées pour ce type d’élèves. Pourtant, les classes spécialisées assurent une égalité des chances aux élèves ayant des difficultés d’apprentissage. En les intégrant aux classes régulières, on compromet leur parcours scolaire.

« L’éducation est une richesse sociale et une responsabilité de l’État. Le gouvernement de Philippe Couillard se soucie très peu de l’égalité des chances pour tous en la matière. C’est inconcevable. On ne peut accepter ça », conclut Véronique De Sève.

À propos

La Fédération des employées et employés de services publics-CSN compte plus de 400 syndicats affiliés représentant environ 55 000 membres œuvrant dans le domaine des services publics et parapublics.

Fondée en 1921, la CSN est une organisation syndicale qui œuvre pour une société solidaire, démocratique, juste, équitable et durable. À ce titre, elle s’engage dans plusieurs débats qui intéressent la société québécoise. Elle est composée de près de 2000 syndicats. Elle regroupe plus de 300 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou professionnelle dans huit fédérations, ainsi que sur une base régionale dans treize conseils centraux, principalement sur le territoire du Québec.

Tous amis de Radio-Canada salue le dépôt du rapport Houle

Tous amis de Radio-Canada salue le dépôt du rapport intitulé Le financement de Radio-Canada : état de situation et pistes de solution, divulgué aujourd’hui par Jean-Marc Fournier, ministre québécois responsable des Affaires intergouvernementales canadiennes et de la Francophonie canadienne, et Madeleine Meilleur, procureure générale et ministre déléguée aux Affaires francophones de l’Ontario.

Le rapport rédigé par le consultant expert Michel Houle dresse un portrait alarmant de la Société Radio-Canada, mais propose des pistes de solution constructives, qui permettraient au radiodiffuseur public de bien remplir pleinement son mandat auprès des communautés francophones et acadiennes. « Ce rapport reconnaît avec force ce que nous dénonçons sur la place publique depuis plusieurs années relativement au financement de Radio-Canada/CBC, aux multiples compressions qui lui ont été imposées ainsi qu’aux solutions que nous préconisons afin de redonner à notre producteur et à notre diffuseur public la vigueur dont il a besoin pour remplir sa mission, particulièrement envers tous les francophones au Canada. Tous amis de Radio-Canada est heureux d’avoir contribué à la réflexion qui a mené à la publication de ce rapport », souligne Pierre Maisonneuve, porte-parole de Tous amis de Radio-Canada.

Le 19 janvier dernier, une délégation de Tous amis de Radio-Canada avait rencontré les ministres de la Francophonie du Québec, de l’Ontario et du Nouveau-Brunswick afin de leur faire part de leur point de vue sur l’avenir de Radio-Canada. Les ministres ont retenu cinq pistes de solutions : le rehaussement graduel, sur trois ans, des crédits parlementaires versés à Radio-Canada pour qu’ils reviennent au niveau de 2008-2009, une augmentation de 150 millions de dollars par rapport aux crédits actuels ; le maintien et l’indexation annuelle des crédits budgétaires en fonction de l’IPC, pendant les cinq années suivantes ; l’instauration d’une subvention annuelle additionnelle de 35 millions de dollars sur cinq ans pour renforcer la programmation locale des stations de radio et de télévision de Radio-Canada/CBC hors des marchés métropolitains, et ce, afin de contrer la perte financière liée à l’abolition totale du Fonds pour l’amélioration de la programmation locale (FAPL), le 31 août 2014, par le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) ; la conversion du pouvoir d’emprunt à court terme de 220 millions de dollars de la SRC en marge de crédit à long terme d’environ 300 millions de dollars, afin qu’elle puisse déployer des initiatives multiplateformes et accroître sa présence dans l’univers de la télévision spécialisée, sans qu’il y ait d’incidence sur la qualité et la quantité de la production de contenu et ; favoriser l’accès aux services spécialisés en propriété exclusive de CBC/Radio-Canada afin qu’ils soient accessibles partout au Canada.

« Nous sommes heureux de constater que nos revendications trouvent écho dans la classe politique au pays. L’avenir de Radio-Canada nous préoccupe plus que jamais et ces propositions constituent un grand pas dans la bonne direction. Il faut maintenant que ces avenues fassent leur chemin à Ottawa, là où des partis politiques doivent s’engager clairement à concrétiser ces propositions », de préciser Jacques Létourneau, président de la CSN et responsable politique de la campagne Tous amis de Radio-Canada.

« Pour la FNC, il s’agit d’un important rapport en soutien à Radio-Canada, à la qualité de l’information et à la diffusion de la culture francophone sur toutes ses plateformes, partout au Canada. Nous comptons diffuser largement les constats et les propositions qui y sont formulées afin que ce point de vue qui défend notre unique producteur et diffuseur public présent d’un océan à l’autre soit entendu et reconnu », de marteler Pascale St-Onge, secrétaire générale de la Fédération nationale des communications-CSN.

« Pour tous les artisans de Radio-Canada, il est réconfortant de constater que les problèmes du producteur et diffuseur public sont reconnus et que des solutions sont proposées. Nous savions que nous jouissons d’un vaste appui public. Aujourd’hui, nous lançons un appel à toute la population canadienne pour que ces propositions soient partagées massivement », conclut Isabelle Montpetit, présidente du Syndicat des communications de Radio-Canada (FNC-CSN).

La campagne Tous amis de Radio-Canada a été lancée afin de défendre l’intégralité de notre seul producteur et diffuseur public national. Elle est organisée et soutenue par la Confédération des syndicats nationaux, de concert avec la Fédération nationale des communications-CSN et le Syndicat des communications de Radio-Canada (FNC-CSN).

Le Syndicat des communications de Radio-Canada représente 1600 membres au Québec et à Moncton. Il est affilié à la Fédération nationale des communications-CSN, qui regroupe 7000 membres œuvrant dans les domaines des communications et de la culture.

Fondée en 1921, la CSN est une organisation syndicale qui œuvre pour une société solidaire, démocratique, juste, équitable et durable. À ce titre, elle s’engage dans plusieurs débats qui intéressent la société québécoise. Elle est composée de près de 2000 syndicats. Elle regroupe plus de 325 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou professionnelle dans huit fédérations, ainsi que sur une base régionale dans treize conseils centraux, principalement sur le territoire du Québec.