Une rencontre constructive avec la ministre de la Famille

La vice-présidente de la CSN, Katia Lelièvre et celle de la FSSS–CSN, Lucie Longchamps, rencontraient hier la nouvelle ministre de la Famille, Suzanne Roy.

Lucie Longchamps souligne que ce type de rencontres peut avoir des effets positifs et constructifs tant pour les travailleuses des CPE que pour les responsables en services de garde éducatifs en milieu familial (RSGE). « Ce qui est important, c’est qu’on puisse faire avancer le réseau même si on n’est pas tout le temps d’accord sur tout ! ».

La rencontre était cordiale. Nous avons le sentiment que la ministre était, tout comme nous, en mode solutions. « Pour nous le modèle des services de garde au Québec est une richesse qui a permis de sortir des milliers de femmes de la pauvreté et de la dépendance économique, rappelle Katia Lelièvre. Nous avons dit à la ministre que nous souhaitions être des partenaires pour travailler à leur maintien et à leur élargissement ».

Pour la FSSS et la CSN, ce fut l’occasion de faire le point sur quelques chantiers des plus urgents. Notamment, il faut trouver des solutions pour stabiliser les services de garde régis. L’inflation a des impacts sur les coûts des opérations en CPE. Dans les RSGE, cela se fait sentir très lourdement, puisque cela a un impact direct et immédiat sur leurs revenus. C’est un appauvrissement total pour ces travailleuses qui assure la continuité alors que le réseau a déjà perdu plus de 24 000 places au cours des dernières années.

De plus, il a été question de l’éviction de 14 CPE annoncée par le Centre de services scolaires de Montréal et des mesures à mettre en place pour pallier les nombreux problèmes que cela engendre pour le personnel des CPE comme pour les tout petits et leur famille.

Lucie Longchamps a profité de l’occasion pour remettre à la ministre une copie du rapport final du Comité consultatif paritaire national portant sur les enfants en services de garde éducatifs à l’enfance et présentant des besoins de soutien particulier. Il en ressort un consensus sur l’urgence d’agir, notamment sur la charge de travail du personnel. Il faut proposer rapidement des solutions, car de nombreuses travailleuses en petite enfance vivent des surcharges de travail et de l’épuisement. Pour qu’elles continuent à offrir ces services si importants pour la population, il faut qu’elles sentent l’appui de tous, y compris de leur direction.

Par ailleurs, durant cette rencontre, nos représentantes CSN et FSSS ont eu l’occasion de revenir sur des propos récents de la ministre qui rappelaient que les dernières négociations avaient entraîné des hausses de salaire importantes. Nous tenions à rappeler à la ministre que ces sommes constituaient un rattrapage et que selon nous, il reste encore du chemin à faire pour la pleine reconnaissance de la valeur du travail dans les services de garde à l’enfance.

Enfin, elles ont abordé le problème des fiches d’assiduité qui doivent être remplies toutes les deux semaines dans les RSGE. La ministre a indiqué qu’elle était prête à se pencher sur cet aspect.

Les 3 000 RSG–CSN acceptent sans enthousiasme l’entente de principe recommandée par le médiateur

Après la tenue de six assemblées régionales virtuelles la semaine dernière, les 3 000 responsables de service de garde en milieu familial de la CSN (RSG–CSN) ont accepté dans une proportion de 86 % l’entente de principe recommandée par le médiateur Nicolas Dionne. « Ce taux d’acceptation ne doit pas cacher le grand mécontentement des femmes qui choisissent d’accueillir chez elles des milliers d’enfants québécois, de les éduquer et d’en prendre soin », nuance d’entrée de jeu Karine Morisseau, représentante du secteur des RSG à la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN).

En effet, les travailleuses comprennent que le contexte actuel de pandémie, dont personne n’aurait pu prédire l’ampleur, a complètement chamboulé la négociation. Des parents angoissés à juste titre, des RSG obligés d’appliquer les mesures sanitaires strictes et des restrictions importantes en matière de rassemblement ont sans doute compliqué les pourparlers avec le ministère de la Famille.

« Le contexte sanitaire qui afflige l’ensemble des RSG en milieu familial leur ajoute un stress important. Cependant, il faut d’ores et déjà préparer la suite du combat pour la pérennité du métier de RSG en milieu familial. Nous serons au rendez-vous », prévient Jeff Begley, président de la FSSS–CSN. Tout indique malheureusement que cette entente recommandée par le médiateur ne freinera aucunement l’exode massif des RSG vers d’autres professions.  

Par ailleurs, le comité chargé de l’analyse du revenu annuel inéquitable des RSG en milieu familial doit reprendre ses travaux au plus tard le 1er janvier prochain. « Les trois représentants nommés par la FSSS–CSN veilleront à ce que le gouvernement soit de bonne foi afin d’en arriver à des recommandations communes à la fin du mois de septembre prochain », rappelle Lucie Longchamp, vice-présidente de la FSSS–CSN, qui demeure convaincue qu’il est inacceptable de travailler 55 heures par semaine pour moins de 30 000 $ par année.

L’entente de quatre ans recommandée par le médiateur prévoit tout de même une augmentation de 11,8 % en matière de rémunération et un allégement de la lourdeur des tâches administratives exigées aux RSG en milieu familial.

Entente de principe entre le ministère de la Famille et la FSSS–CSN faisant suite à la recommandation du médiateur

Après un blitz de rencontres avec le ministère de la Famille, en présence du médiateur Nicolas Dionne, le comité syndical de négociation est convaincu d’être allé au bout du processus de discussion. « Le contexte sanitaire qui afflige l’ensemble des RSG en milieu familial nous ajoute un stress important ainsi qu’aux parents. Ce contexte difficile nous pousse à adhérer à la recommandation faite par le médiateur », nuance d’emblée Karine Morisseau, représentante du secteur des RSG à la FSSS–CSN.

L’entente recommandée par le médiateur sera expliquée au cours des prochains jours à l’ensemble de nos 3000 membres via des assemblées virtuelles d’échanges démocratiques. Le comité de négociation syndical prendra tout le temps nécessaire pour détailler l’ensemble des mesures, avant d’inviter les membres à voter.

« Indépendamment des clauses à incidences financières, nous sommes rassurées de voir que le comité mis en place par la FSSSCSN en 2015 pour analyser la rémunération inéquitable des RSG en milieu familial poursuivra ses travaux avec le ministère de la Famille en présence d’un médiateur du Tribunal administratif du travail, selon un échéancier précis jusqu’en septembre 2021 », ajoute Karine Morisseau.

En attendant le résultat du vote des 3000 RSG en milieu familial de la FSSSCSN, nous suspendons tous nos moyens de pression.

À la veille d’une rencontre de médiation, les RSG en milieu familial augmentent la pression

Partout au Québec, les RSG en milieu familial membres de la CSN se mobilisent pour une grève de 24 heures, le jeudi 24 septembre. Cet ultime moyen de pression vise à envoyer un message clair au ministère de la Famille avec lequel nous avons amorcé un processus de médiation, à la fin août, à notre demande.

« Travailler dur une cinquantaine d’heures par semaine pour une paie de 35 heures, équivalant à 27 000 $ par année, c’est inacceptable, s’indigne Karine Morisseau, représentante du secteur des RSG de la FSSS–CSN. Ces conditions de travail dérisoires conduisent directement nos éducatrices à déserter la profession. Plusieurs centaines d’entre elles ont déjà cessé leurs activités. C’est à se demander si la stratégie gouvernementale, ce n’est pas de sous-payer nos éducatrices pour tuer le réseau des services de garde en milieu familial. Pourtant, ce réseau répond aux besoins des parents. »

Par ailleurs, compte tenu de la situation sanitaire qui se détériore au Québec, il serait irresponsable de rassembler les RSG en un seul lieu le 24 septembre, comme il était prévu à l’origine. Le mouvement de grève est donc localisé dans chacune des régions du Québec. N’empêche, « le contexte de pandémie ne freine pas l’ardeur de ces femmes qui se dévouent pour préparer les enfants québécois en prévision de l’école. Ces éducatrices jouent un rôle essentiel et méritent la pleine reconnaissance du gouvernement Legault », précise Jeff Begley, président de la FSSS–CSN.

« Enfin, rappelons que si nous avons choisi de tenir une seule journée de grève générale partout au Québec, c’est en pensant aux parents qui nous font confiance et qui sont solidaires de notre combat légitime. Les témoignages d’appui des mères et des pères forcés de trouver un plan B nous font chaud au cœur et nous rappellent pourquoi nous aimons éduquer leurs enfants », soutient en conclusion Karine Morisseau, elle-même RSG.

Les faits à propos des 3000 RSG de la CSN

  • Les RSG travaillent plus de 50 heures par semaine et ne sont payées que pour 35 heures ;
  • 27 000 $, c’est le revenu annuel moyen d’une RSG (une fois les dépenses couvertes) ;
  • Les RSG demandent une rémunération équivalente à une éducatrice en CPE, non formée, au premier échelon ;
  • Le ministère veut appauvrir les RSG avec des offres sous le taux d’inflation (7,67 % en quatre ans) ;
  • Les RSG désertent massivement la profession. Il est estimé que 12 000 places pour les enfants ont disparu depuis le début de la pandémie ;
  • Les RSG sont en négociation depuis mars 2019. Elles ont demandé et obtenu du ministère du Travail la nomination d’un médiateur, en août dernier ;
  • Les 25 et 28 septembre 2020, les RSG poursuivront leurs rencontres de médiation.

Après avoir touché toutes les régions, la grève tournante se conclut à Montréal et Laval

Les responsables de service de garde (RSG–CSN) en milieu familial de la région de Montréal et de Laval ferment aujourd’hui leurs portes pour une journée complète. Il s’agit d’un moyen de pression ultime dans le cadre d’une grève tournante qui a touché l’ensemble des régions du Québec dans la semaine du 14 au 18 septembre 2020. Environ 250 RSG de Montréal et de Laval se sont données rendez-vous devant les bureaux du ministère de la Famille, dès 9 h 45, d’où est partie une marche en direction de l’intersection de l’avenue De Lorimier et de la rue Notre-Dame.

 « Ce n’est pas de gaieté de cœur que les RSG déclenchent une grève de 24 heures. Elles savent que les parents ont besoin de leurs services. Cependant, ces pères et ces mères sont solidaires et comprennent que les conditions de travail des RSG en milieu familial sont inacceptables », précise Dominique Daigneault, présidente du Conseil central du Montréal métropolitain–CSN. 

Les RSG en milieu familial travaillent une cinquantaine d’heures par semaine afin de s’adapter aux horaires des parents. Dans les faits, le ministère de la Famille ne les paie que 35 heures par semaine. Résultat ? Ces RSG gagnent en moyenne 27 000 $ par année, après avoir couvert toutes les dépenses. « Personne n’accepterait un salaire aussi bas pour autant d’heures travaillées. C’est pourquoi des centaines de femmes désertent la profession et ferment définitivement leur service de garde à la maison », s’attriste Karine Morisseau, représentante du secteur RSG de la Fédération de la santé et des services sociaux de la CSN et elle-même RSG en milieu familial.

Propos méprisants du gouvernement

À l’initiative de la CSN, un médiateur va tenter de favoriser une reprise des négociations avec le gouvernement du Québec. Cependant, à la table de négociation, plusieurs déclarations des vis-à-vis gouvernementaux ont laissé entrevoir le mépris pour les demandes légitimes des RSG. « Quand on nous répète que l’on amuse les enfants dans nos maisons et que l’on travaille moins fort à certains moments parce qu’ils ne sont pas tous là en même temps, c’est insultant et dégradant », s’insurge Fatiha Benzama, présidente du Syndicat des RSG de Montréal-Est–CSN.

Il faut que le gouvernement Legault admette que les RSG en milieu familial sont des professionnelles de la petite enfance, qu’elles sont essentielles et qu’elles méritent un salaire équitable qui équivaut aux emplois comparateurs.

Les RSG en milieu familial réduisent leurs heures de travail

En ce vendredi 11 septembre, partout au Québec, les responsables de service de garde (RSG) en milieu familial membres de la CSN limitent la période d’ouverture de leur service à sept heures consécutives, conformément à la rémunération offerte par le gouvernement. Chacune des RSG est libre de commencer sa journée de travail plus tard que d’habitude ou de la terminer plus tôt.

Habituellement, les RSG en milieu familial travaillent jusqu’à 10 heures par jour pour répondre aux besoins des familles. « Calculez ! Ces femmes travaillent au moins trois heures de plus quotidiennement sans rémunération ni reconnaissance du ministère de la Famille. Personne n’accepterait de faire une cinquantaine d’heures par semaine pour 27 000 $ par année, après avoir couvert toutes les dépenses », s’indigne Jacques Létourneau, président de la CSN.

« Être sous-payée à ce point, c’est inacceptable. De façon méprisante, le ministre de la Famille, Mathieu Lacombe, nous considère comme des femmes qui amusent les enfants à la maison plutôt que comme de véritables professionnelles de la petite enfance. Le gouvernement profite de notre dévouement, car il sait que nous refusons de nuire aux parents avec lesquels nous développons une relation de confiance précieuse, décrie Karine Morisseau, représentante du secteur des RSG de la FSSS–CSN. Pas étonnant que des centaines de membres choisissent de fermer définitivement leur service à défaut de pouvoir gagner leur vie. »

Limiter les impacts pour les familles

Cette première étape dans les moyens de pression vise à obtenir une véritable reconnaissance du gouvernement. Les discussions visant à fixer nos conditions de travail doivent reprendre devant un médiateur, à la demande de la CSN. « La dernière chose que nous souhaitons, c’est de déplaire aux parents qui connaissent, eux aussi, leur lot de défis en cette période de pandémie. Mais nous savons qu’ils nous appuient dans nos revendications », ajoute Karine Morisseau.

Tous les parents ont été informés plusieurs jours à l’avance de la situation qui prévaudra le
11 septembre afin que les impacts sur leur routine soit réduit au minimum. De même, ils savent que les moyens de pression vont s’accélérer la semaine prochaine si le gouvernement du Québec s’entête à ne pas reconnaître l’importance des tâches que nous assumons.

La CSN en faveur d’un investissement massif pour la petite enfance

La CSN accueille favorablement la volonté du gouvernement d’investir davantage pour nos enfants de quatre ans, mais souhaite qu’il le fasse aussi pour l’ensemble de la petite enfance. « Le réseau des services éducatifs à l’enfance a été conçu pour les enfants de 0 à 5 ans et il a fait ses preuves pour bien préparer les enfants à la maternelle 5 ans. Le problème, c’est qu’il manque cruellement de places et les parents attendent souvent pendant des années avant d’avoir accès à un service de garde éducatif », affirme Jacques Létourneau, président de la CSN. Ce dernier demande donc au gouvernement de prendre les budgets prévus pour les enfants de quatre ans afin d’offrir un réel choix aux parents en donnant un accès aux CPE et aux milieux familiaux régis et subventionnés à ceux qui le souhaitent, et ce, à un coût équivalent à celui de la maternelle. Il n’est pas judicieux d’offrir des maternelles 4 ans mur à mur. La centrale demande plutôt la gratuité des services de garde éducatifs pour les familles à faible revenu ainsi que pour tous les enfants de quatre ans.

« Pourquoi dépenser près de deux milliards de dollars en béton, alors que les mesures les plus urgentes seraient de réinvestir dans le réseau de l’éducation et de la petite enfance et de rendre disponibles les services éducatifs et les professionnel-les nécessaires pour les enfants plus vulnérables », ajoute Jacques Létourneau, qui rappelle que les coupes dans le réseau scolaire et dans celui de la santé et des services sociaux ont rendu l’accès à ces spécialistes très difficiles, même dans les écoles.

Ratio avantageux

Une autre raison qui milite pour privilégier les services de garde éducatifs pour la petite enfance à l’école, c’est le ratio adulte-enfants. « Limiter le nombre d’enfants par éducatrice est primordial pour la qualité des interactions », soutient Lucie Longchamps, vice-présidente de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS—CSN), qui représente plus de 13 000 membres dans le réseau des services de garde éducatifs. Ce dernier permet un ratio adulte-enfants avantageux (1 pour 6 ou 1 pour 10 au maximum).

Diagnostic avant 4 ans

En plus du ratio plus avantageux, les services de garde éducatifs permettent un diagnostic plus précoce des troubles de l’apprentissage, bien avant quatre ans. « Quand on parle de diagnostic précoce à l’âge de quatre ans, pour un pédiatre, c’est comme si vous me demandiez d’agir dans un CHSLD de bébés », a lancé récemment le pédiatre reconnu Jean-François Chicoine en entrevue avec la CSN. Ce dernier précise que plusieurs diagnostics importants peuvent se faire à 18 mois avec un accès au spécialiste approprié.

Formation adaptée

En ce qui concerne la formation, rappelons qu’une majorité d’éducatrices des services de garde ont suivi une formation entièrement axée sur les enfants de 0-5 ans, tandis que les enseignantes et enseignants détiennent une formation adaptée pour les 5 à 12 ans et non sur les besoins des tout-petits. Ces derniers ne sont pas aussi bien préparés pour l’apprentissage par le jeu.

Que veulent les parents ?

Un récent sondage Léger montre que les parents préfèrent les services de garde éducatifs à la maternelle 4 ans. Le seul obstacle est le manque de places en CPE et chez les responsables en services de garde régis et subventionnés. L’argent prévu pour les maternelles 4 ans pourrait cependant résoudre ce dernier problème tout en permettant l’embauche de plus de professionnel-les. Par ailleurs, rien ne permet de croire que les 20 % d’enfants qui, pour le moment, échappent à toute forme de services éducatifs avant 5 ans seront inscrits par leurs parents à la maternelle 4 ans. Ces parents tiennent peut-être à garder leur enfant à la maison ou attendent une place en services de garde à l’enfance ou encore travaillent avec des horaires atypiques. « Il faudrait en savoir plus sur ces parents avant de créer à grands frais un 2e réseau parallèle pour la petite enfance », insiste Lucie Longchamps, vice-présidente de la FSSS-CSN qui est l’organisation la plus représentative du personnel des CPE.

Un réseau inachevé

Le précédent gouvernement a malheureusement imposé des freins au développement de places subventionnées pour les enfants, notamment en finançant seulement 50 % du coût des nouvelles installations. Cette mesure a favorisé l’essor des garderies privées, d’autant plus que des crédits d’impôt avantageux ont aussi été instaurés. Pour des familles de la classe moyenne, ces crédits peuvent rendre la garderie privée plus avantageuse financièrement au détriment du volet éducatif qui est beaucoup moins encadré dans ce type de service. La CSN demande donc la poursuite du développement des places en milieu familial régi et en CPE, la fin de la modulation des tarifs ainsi que la fin du crédit d’impôt pour frais de service de garde.

Le gouvernement doit investir notre argent judicieusement

La CSN constate que les coûts pour l’implantation de la maternelle 4 ans sont beaucoup plus élevés que prévu et propose de développer considérablement plus de places avec le même argent dans le réseau des CPE ou des services de garde en milieu familial régis et subventionnés.

« Si le ministre veut mettre autant d’argent pour la petite enfance, nous avons une chance historique de compléter le réseau des services de garde éducatifs subventionnés et de créer beaucoup plus de places pour le même montant », lance Jacques Létourneau. Il fait également valoir que le réseau des CPE et des milieux familiaux régis et subventionnés permet l’identification des vulnérabilités chez les enfants dès les premières années, et ce, avant même l’âge de quatre ans et qu’il dispose d’un programme éducatif et d’un horaire qui convient mieux aux familles et aux tout-petits. « D’autant plus que nous pourrions également embaucher du personnel supplémentaire pour dépister efficacement les troubles d’apprentissage et en assurer le suivi, et ce, dès le plus jeune âge », d’ajouter le président de la CSN.

La CSN demande au gouvernement de donner clairement toutes les informations relatives aux coûts des maternelles 4 ans, en comparaison avec ceux des services de garde subventionnés (CPE et milieu familial régi), autant au niveau de la construction que pour le fonctionnement.

« Il est surprenant que le gouvernement continue tête baissée vers son objectif de maternelles 4 ans mur à mur, alors que les parents préfèrent les CPE (sondage Léger) ou les milieux familiaux régis et subventionnés et que ceux-ci conviennent mieux aux enfants de 4 ans », insiste Lucie Longchamps, vice-présidente de la FSSS—CSN qui représente plus de 13 000 membres travaillant dans les CPE et les milieux familiaux.

1,9 G$ en construction de classes seulement

Le ministre Jean-François Roberge veut aller de l’avant même s’il confirme qu’il en coûtera 10 300 $ par an par enfant en frais récurrents et 800 000 $ par classe construite.

Or, selon un sondage rendu public par le ministre, les commissions scolaires du Québec peuvent fournir 959 classes pour les groupes de prématernelles. Comme le projet du gouvernement est d’ajouter 3400 classes de maternelle 4 ans au total, il faudra donc en construire plus de 2400. Une facture de plus de 1,9 G$ ! On ne compte pas dans ce montant les rénovations qui sont probablement nécessaires dans les classes déjà disponibles. Ce serait moins cher dans le réseau des services de garde éducatifs. Un CPE de 65 places peut coûter près de 1,5 M$ à construire et c’est l’équivalent de quatre classes en nombre de places disponibles. C’est donc environ la moitié moins cher en coût de construction.

L’économie de ce dernier réseau serait ensuite récurrente en ce qui concerne les frais annuels de fonctionnement. Selon des chiffres dévoilés par la députée Marwah Rizky en commission parlementaire, les services aux enfants en CPE et en milieu familial coûtent au plus 5400 $ par an par enfant pour 200 jours (l’équivalent du calendrier scolaire). Or, ce montant s’élève à 10 300 $ dans le réseau scolaire.

« Le gouvernement doit faire la lumière sur tous ces chiffres et expliquer pourquoi il ne prend pas l’option la plus populaire, la plus économique et celle qui donne des résultats probants. C’est la solution la plus censée, tant pour les enfants que pour les parents », insiste Jacques Létourneau.

À propos

La CSN représente plus de 13 000 travailleuses dans le secteur des services de garde éducatifs au sein de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS—CSN).

Fondée en 1921, la CSN est composée de près de 2000 syndicats. Elle regroupe plus de 300 000 travailleuses et travailleurs, principalement sur le territoire du Québec.

Le gouvernement continue d’improviser

Avec la pénurie actuelle d’enseignantes, d’enseignants et de professionnel-les, on ne sait toujours pas qui pourra occuper les deux postes requis pour chaque classe de maternelle 4 ans. Le poste à mi-temps pour accompagner l’enseignante ou l’enseignant sera-t-il occupé par des éducatrices, des techniciennes en éducation spécialisée ou par un autre type de professionnel? Dans tous les cas, il risque de manquer de personnel. « Le ministre Roberge doit improviser au gré des pressions populaires et des problèmes qui surgissent », affirme Véronique De Sève, vice-présidente de la CSN, qui rappelle que le ministre a récemment évoqué l’idée d’embaucher des éducatrices en CPE pour combler le manque anticipé d’enseignante pour la maternelle 4 ans.

On signale par ailleurs un nombre d’inscriptions aux maternelles 4 ans plus bas que prévu, ce qui fera en sorte d’augmenter les coûts puisqu’il faudra quand même embaucher une enseignante et une éducatrice à mi-temps pour chaque classe.

Pas d’impact

La prémisse de base du gouvernement est que les maternelles 4 ans apporteraient une plus-value pour la scolarisation des enfants. Or, rien n’est moins sûr. Selon la chercheure Christa Japel de l’Université de Montréal, dans une étude réalisée au Québec et publiée en 2017, les maternelles 4 ans « ont très peu d’effet sur la préparation à l’école et, ainsi, ne réduisent pas de façon significative l’effet des conditions sociodémographiques des enfants sur leur préparation à l’école. »

En fait, le pédiatre de Sainte-Justine, Jean-François Chicoine, estime que les enfants les plus fragiles, qui ont des problématiques affectives, ont besoin d’un milieu plus « apaisant » avec un « référent » plus accessible, comme dans un service de garde éducatif. « Si l’enfant n’est pas capable de faire quelque chose, il faut lui dire en s’agenouillant, en le regardant dans les yeux : “je vais t’aider.” Et pour faire ça, ça prend une relation d’un individu à un autre. Un bon rapport entre l’éducatrice et l’enfant », a expliqué Jean-François Chicoine en entrevue avec le journal de la CSN.

 Des solutions

« Depuis le début, ce qu’il faut, c’est compléter l’offre de places en CPE et en milieu familial régi et subventionné pour pouvoir offrir un service de qualité aux enfants de 0 à 5 ans, partout au Québec », insiste Lucie Longchamps, vice-présidente de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN). Il manque encore aujourd’hui des places en CPE et chez les responsables en services de garde (RSG) dans certaines régions du Québec. Les parents n’ont donc pas vraiment de choix.

Dans le dernier budget du Québec, on voit qu’il faudra attendre 2022-2023 pour obtenir la fin de la contribution additionnelle pour la garde d’enfants, ce que la CAQ avait dénoncé sous le vocable de la « taxe famille ». Pour mieux respecter le choix des parents, la CSN demande au gouvernement d’aller beaucoup plus vite pour respecter sa promesse et rétablir le tarif unique. « Pourquoi ne pas éliminer la taxe famille dès l’an prochain? », suggère Véronique De Sève.

La CSN propose aussi de mettre fin au crédit d’impôt pour les services de garde non régis et pour les garderies non subventionnées. Les services de garde privés en milieu familial ne devraient pas être financés par les fonds publics. Le crédit d’impôt accordé pour les services de garde vient démontrer que ce sont tous les Québécois qui financent ce service de garde alors que l’encadrement y est minimaliste. Si le gouvernement est sérieux dans sa volonté d’améliorer le sort de la petite enfance, il doit prendre tous les moyens pour favoriser les services de garde éducatifs encadrés.

À propos

Fondée en 1921, la CSN est composée de près de 2000 syndicats. Elle regroupe plus de 300 000 travailleuses et travailleurs, principalement sur le territoire du Québec.

La FSSS–CSN compte plus de 13 000 membres dans les services de garde éducatifs, soit en CPE et dans les milieux familiaux régis et subventionnés (RSG).

Renseignements :

Thierry Larivière, Service des communications de la CSN

Cellulaire : 514 966-4380 ; bureau : 514 598-2139 ; thierry.lariviere@csn.qc.ca

Le gouvernement Legault doit prendre un pas de recul

Le gouvernement Legault doit prendre du recul avec son projet d’implanter des maternelles 4 ans partout au Québec, estime la CSN. Les parents, les commissions scolaires et le réseau de services de garde éducatifs en place ne pensent pas qu’il s’agisse de la meilleure option dans le contexte actuel au Québec.

En fait, si le gouvernement Legault veut offrir un service éducatif universel et gratuit aux enfants de 4 ans et favoriser le dépistage précoce de troubles de l’apprentissage, le meilleur moyen est de faciliter l’accès aux CPE et aux services de garde régis en milieu familial (RSG). « L’obligation qui est faite aux commissions scolaires d’offrir le service de maternelle 4 ans ne tient nullement compte des réalités régionales, des services déjà présents sur les territoires des commissions scolaires, souligne le président de la CSN, Jacques Létourneau. Il y aura assurément des impacts négatifs importants sur les services en place, tant pour le milieu familial que pour les CPE. Le ministre suggère une approche mur à mur, tout à fait contraire aux engagements de son gouvernement de proposer un développement harmonieux et dans la complémentarité des services existants. »

Selon un récent sondage de l’AQCPE, trois fois plus de parents préféreraient avoir accès à un CPE ou une RSG plutôt qu’à la maternelle 4 ans si le coût était égal. « Pourquoi le gouvernement Legault veut-il offrir un service que la majorité des parents ne veulent pas avoir? », questionne Jacques Létourneau.

« L’arrivée de la maternelle 4 ans pourrait créer des pertes d’emploi dans les RSG et les CPE de certaines régions. Pendant ce temps, le réseau scolaire se demande comment il pourra trouver le personnel et les locaux pour toutes ces classes de maternelle. C’est un non-sens », affirme Lucie Longchamps, vice-présidente de la FSSS–CSN. Cette dernière déplore par ailleurs le fait que le gouvernement ne dispose pas d’un portrait juste de l’offre et de la demande pour les 0 à 5 ans. Le guichet unique en place pour les services de garde ne comptabilise pas tous les services.

La seule raison qui empêche les parents d’avoir accès au réseau actuel de services de garde éducatifs, c’est la disponibilité des places et la modulation des tarifs. Il faut donc, comme promis par le gouvernement, qu’il revienne au tarif unique le plus rapidement possible et qu’il développe et pérennise le réseau existant. Il s’agit de la solution la moins chère pour le gouvernement et qui pourra se réaliser plus rapidement.

Quatre raisons qui font des CPE et des RSG le meilleur choix

Voici quatre autres raisons pour favoriser l’accès aux CPE et aux RSG plutôt qu’aux maternelles 4 ans, tant pour le bien des petits que pour celui de leurs parents :

  • Le dépistage précoce des troubles de l’apprentissage commence bien avant 4 ans et est plus facile à faire dans un petit groupe. Or, le ratio éducatrice-enfants est de 1/17 dans une classe d’école contre 1/6 chez une RSG et 1/10 dans un CPE. La relation avec une seule éducatrice tout au long de la journée offre également une meilleure stabilité relationnelle pour les petits de 4 ans. À l’école, l’enfant doit souvent passer de la classe au service de garde. Les contacts entre les éducatrices et les parents sont quotidiens dans les CPE et les RSG, ce qui est plus favorable à un suivi de tous les problèmes que peuvent vivre les enfants. À l’école, il n’y a qu’une ou deux rencontres obligatoires par année entre l’enseignante ou l’enseignant et les parents.
  • La disponibilité des services de garde éducatifs s’étend sur 11 h par jour, 261 jours par année au CPE et 10 h par jour, 234 jours par année pour les RSG. À l’école, le service gratuit couvre 5 h par jour pendant 180 jours par année. Pour le reste, il faut prévoir l’inscription au service de garde à 8,35 $ par jour et trouver une solution pour la garde des enfants pendant tout l’été.
  • La formation collégiale des éducatrices est spécifique aux enfants de 0 à 5 ans, tandis que la formation universitaire des enseignantes et enseignants est axée sur les 5 à 12 ans. Les RSG ont également une formation spécifique à la petite enfance.
  • Les locaux et les jeux dans la cour extérieure sont adaptés aux tout-petits. Les objets sont à la bonne hauteur et la salle de bain est habituellement adjacente.

 

Renseignements : Thierry Larivière, Service des communications de la CSN

Cellulaire : 514 966-4380; bureau : 514 598-2139.

25 000 femmes soulignent les 10 ans d’un jugement sans précédent

 

Le 31 octobre marque le 10e anniversaire d’un jugement notable rendu par la juge Danielle Grenier de la Cour supérieure en 2008, qui a permis à plus de 25 000 femmes travaillant à leur domicile de recouvrer leur droit de se syndiquer et de négocier collectivement afin d’améliorer leurs conditions de travail. Pour la Confédération des syndicats nationaux (CSN), il s’agit là d’un précédent dans les relations de travail au Canada puisque, pour la première fois, des travailleuses autonomes ont acquis des droits équivalents à l’ensemble des travailleuses et travailleurs.

Pour Jacques Létourneau, président de la CSN : «Ce qui est exceptionnel, c’est que malgré les attaques du gouvernement de l’époque pour tenter d’écraser ces milliers de femmes, et toutes celles qui suivront, elles ont fini par obtenir une victoire éclatante après cinq années de luttes juridiques grâce à la CSN, en dépit de l’énorme machine libérale et des procureurs convaincus qu’elles allaient mordre la poussière. Le message est clair : n’attentez pas aux droits et au bien-être des femmes syndiquées à la CSN. Notre organisation sera toujours là pour veiller au grain.»

Rappel des faits

En décembre 2003, le gouvernement de Jean Charest a adopté sous le bâillon les lois 7 et 8, désyndiquant du coup quelque 10 000 ressources intermédiaires et ressources de type familial (RI-RTF), ainsi que 15 000 responsables en service de garde (RSG) en milieu familial. En 2006, une première décision condamnant le gouvernement du Québec a été rendue par l’Organisation internationale du travail à la suite du dépôt d’une plainte de la CSN au Comité de la liberté syndicale du Bureau international du travail.

Le 31 octobre 2008, c’était au tour de la juge Grenier de déclarer ces lois anticonstitutionnelles et invalides, en écrivant que «les lois 7 et 8 viennent renforcer la vision stéréotypée associée au travail féminin. On n’accorde pas le même traitement parce que le travail accompli en est un de care, exécuté par des femmes, à domicile.» C’est ce jugement qui a forcé le gouvernement Charest à légiférer, en juin 2009, pour rétablir les droits des RI-RTF et des RSG, en faisant adopter par l’Assemblée nationale, unanimement, les lois 49 et 51 visant à encadrer leur reconnaissance et leur nouveau régime de négociation collective.

D’une seule voix, Renée Desnoyers et Karine Morisseau, respectivement représentantes du secteur des RI-RTF et de celui des RSG, ajoutent : «Les avancées obtenues grâce au jugement Grenier, mais aussi aux lois qui ont suivi, ont été excessivement bénéfiques à l’égard de ces 25 000 femmes. Elles se sont sans cesse dévouées pour accueillir des milliers d’adultes et d’enfants confiés par le ministère de la Santé et des Services sociaux et pour voir à leur bien-être, ou encore pour dispenser des services de garde éducatifs à plus de 90 000 tout-petits sous l’égide du ministère de la Famille. Un pas de géant que nous avons franchi collectivement. Et ce n’est surtout pas fini!»

Accès aux indemnités de la CNESST, admission à la Régie des rentes du Québec et au Régime québécois d’assurance parentale, ou encore droit à l’assurance collective pour les RSG et à un régime complémentaire de retraite, voilà quelques-uns des gains obtenus par la négociation. À cela s’ajoutent des bonifications significatives qui leur permet d’améliorer leur situation financière, dont 26 jours de vacances et de jours fériés payés, tout en leur donnant les moyens de contrer, entre autres, l’arbitraire et certains abus du gouvernement ou de leurs représentants.

«Ce jugement est sans doute la meilleure décision qui ait été donnée tant aux RI-RTF qu’aux RSG, alors qu’elles ont subi les effets de la désyndicalisation sauvage du gouvernement en 2003, lance Lucie Longchamps, auparavant RSG elle-même et nouvelle vice-présidente des secteurs privés à la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN). Ces droits et les gains obtenus n’auraient jamais pu nous être consentis sans la lutte de toutes ces femmes et sans l’appui de la CSN.»

 

La CSN devant la Cour supérieure pour contester une décision affectant les RSG

La Confédération des syndicats nationaux (CSN) a procédé aujourd’hui au dépôt d’un recours en Cour supérieure pour contester la décision du ministère de la Famille d’imposer aux responsables en service de garde en milieu familial (RSG) des frais de guichet pour la Place 0-5 ans. Pour la CSN, qui représente 3000 des quelque 14000 RSG au Québec, ces frais non prévus dans leur entente nationale auront notamment pour effet d’appauvrir ces travailleuses autonomes dès le 1er septembre prochain. D’où le dépôt d’une requête pour faire déclarer illégales la directive et l’instruction émises par le Ministère et pour exiger qu’il dédommage les RSG.

Le cœur du litige

Sans consultation et malgré plusieurs représentations, le Ministère a adopté en mai dernier une directive et une instruction forçant l’inscription des RSG à un guichet unique qui réduira la rémunération globale des RSG de près de deux millions de dollars la première année et d’un million de dollars par année par la suite. Il s’agit d’une charge non prévue dans leurs conditions de travail d’environ une centaine de dollars par année pour chaque RSG, alors que leur revenu annuel net est en moyenne de 27000 dollars pour plus de 2400 heures travaillées, soit moins que le salaire minimum une fois payés les impôts et les dépenses liées à leur service de garde.

Ce faisant, le Ministère introduit une iniquité de traitement entre les RSG et les éducatrices en centres de la petite enfance, lesquelles n’ont pas à payer les frais d’inscription qui sont assumés par le ministère de la Famille par l’intermédiaire des établissements. Enfin, la CSN constate que les RSG sont traitées injustement comparativement à d’autres groupes de travailleurs autonomes, dont les 8000 médecins omnipraticiens, qui n’ont aucuns frais à verser dans le cadre de leur inscription au guichet d’accès à un médecin de famille mis en place par le même gouvernement.

Pour Karine Morisseau, nouvelle représentante du secteur des RSG à la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN) : « En imposant ces frais d’adhésion au guichet La Place 0-5 ans, le Ministère tente de modifier unilatéralement une entente nationale convenue avec les RSG qu’il a pourtant lui-même signée, ce qui est inacceptable. Déjà qu’elles doivent se conformer à une panoplie de tâches administratives qui ne cessent de s’accroître, voilà que le Ministère les oblige à payer des frais pour travailler. Ça dépasse l’entendement. Le gouvernement doit vite revenir sur sa décision et annuler les frais de guichet unique. »

Pour Lucie Longchamps, récemment élue vice-présidente de la FSSS–CSN et responsable des secteurs privés : « À la veille des élections provinciales du 1er octobre, le ministre de la Famille et le gouvernement devraient montrer plus de sensibilité à l’égard de celles qui prennent soin bon an mal an de plus 90000 enfants au Québec. Je les invite à réviser leur décision au nom de la cohérence et de l’équité sociale. »

Le recours d’aujourd’hui marque un pas de plus dans la bataille que mène la CSN et la FSSS–CSN pour lutter contre l’imposition des frais du guichet unique. D’autres recours ont d’ailleurs été exercés en vertu des dispositions prévues dans l’entente nationale convenue en novembre 2015 avec le ministère de la Famille et le Conseil du trésor. « On ne lâchera pas le morceau. La FSSS–CSN défendra les RSG jusqu’au bout », conclut Karine Morisseau.

À propos des RSG

Environ 3000 RSG, regroupées dans 37 syndicats régionaux, sont membres de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN). Celle-ci regroupe 110000 membres venant des secteurs public et privé de la santé et des services sociaux ainsi que des services éducatifs à l’enfance, dont plus de 14 000 RSG et travailleuses en CPE. Pour sa part, la CSN est composée de près de 2000 syndicats réunissant plus de 300000 travailleuses et travailleurs.

Un recul de plus

À la suite de l’annonce, ce matin, du ministre de la Famille concernant l’implantation de projets pilotes de haltes-garderies, la CSN souhaite dénoncer la création de ce réseau en marge. « Avec ce programme, le gouvernement crée un réseau parallèle, distinct, alors qu’il aurait été possible de l’intégrer aux réseaux publics déjà en place », a noté d’entrée de jeu la vice-présidente de la CSN, Véronique De Sève.

Le ministre Fortin annonçait, ce matin à Sherbrooke, la mise en place de projets de haltes-garderies afin d’améliorer l’offre d’activités de garde pour les travailleurs et les parents étudiants. S’adressant aux groupes communautaires, le gouvernement leur propose d’offrir des services de halte-garderie, parallèlement au réseau des CPE et des RSG offrant des services de gardiennage les soirs, les fins de semaine et les nuits.

« Bien que nous reconnaissons qu’un tel besoin existe et qu’il faut y répondre, ces nouvelles haltes-garderies constituent des services à rabais, encadrés par très peu de règlementation. Il n’y aura pas d’exigence de formation pour le personnel et pas de programme éducatif. Il s’agit essentiellement de services de gardiennage. Rappelons que des CPE ont déjà la possibilité d’offrir ce type de service. Il aurait été opportun, selon nous, d’analyser les offres existantes avant d’aller plus loin », a noté Véronique De Sève.

Ces projets pourront bénéficier d’une subvention maximale de 75 000 $ par année, ce qui est nettement insuffisant. « On peut se demander quelles seront les conditions de travail des femmes qui y travailleront et de quelle hauteur sera la qualité du matériel éducatif qu’on y retrouvera, a questionné Mme De Sève. Ce dont le secteur communautaire a besoin, ce n’est pas d’une multiplication du financement à la pièce et irréaliste, mais d’un financement adéquat récurrent. Ce dont les familles ont besoin, ce sont des services éducatifs cohérents et de qualité, tout au long du parcours de leurs enfants. »

Nier l’expertise
Les avantages offerts par les CPE et le milieu familial reconnu par un bureau coordonnateur ne sont plus à prouver : toutes les études démontrent la supériorité des CPE par comparaison aux garderies commerciales, qu’elles soient subventionnées ou non. La même supériorité est observable chez les responsables en services de garde (RSG) en milieu familial reconnus par un bureau coordonnateur, par rapport à la garde d’enfants à domicile qui n’est pas régie par la loi. « En mettant sur pied son projet pilote, le ministre Fortin vient ni plus ni moins nier ces faits, notamment l’expertise détenue par les travailleuses de ces réseaux. Ces éducatrices offrent le meilleur grâce à des méthodes éducatives fondées sur le développement global de l’enfant, sa stimulation, l’éveil de tout son potentiel et sa socialisation par le jeu. Elles s’assurent du développement de ses habiletés psychomotrices et langagières, de sa créativité, de son autonomie, de sa capacité à résoudre les conflits et de son bien-être général. Tous les enfants devraient pouvoir en bénéficier. »

Finalement, en octroyant des sommes — même insuffisantes — à ce réseau parallèle, le ministre Fortin perpétue l’inadéquation du financement des réseaux des CPE et du milieu familial reconnu par un bureau coordonnateur. « C’est dans ces réseaux que l’argent du gouvernement doit être investi. Pas dans le privé et pas dans des projets pilotes de gardiennage », a conclu Véronique De Sève.

À propos
La CSN représente près de 300 000 travailleuses et travailleurs regroupés dans quelque 2000 syndicats présents dans tous les secteurs d’activité. La CSN est la plus grande organisation dans le secteur de la santé et des services sociaux.

Ces 40 000 enfants qui nous échappent 

Blogue de Véronique De Sève

Le projet de loi 143 encadrant entre autres les services de garde en milieu familial non régis aura fait couler beaucoup d’encre au cours des derniers jours. À quelques heures de son adoption et au moment où le sort des tout-petits est sur plusieurs lèvres, rappeler les vrais enjeux qu’il comporte me parait essentiel.

Les influenceurs de droite ont tenté de nous convaincre que d’encadrer les services de garde en milieu familial non régis était antiféministe et mènerait inévitablement à la faillite des femmes à la tête de ces organismes. C’est bien là tout le drame : la droite n’en a que pour son idéologie économique, où le privé doit pouvoir sévir coûte que coûte. Et les tout-petits dans tout ça? Poser la question c’est y répondre.

40 000 enfants 
Ce projet de loi avait notamment pour objectif, avant qu’il ne soit amendé par le ministre de la Famille Luc Fortin, de réduire de six à quatre le nombre d’enfants qu’une personne physique peut recevoir en milieu familial, en ne détenant ni permis ni reconnaissance en vertu de la loi, et ce, en incluant ses propres enfants. Or, le ministre a reculé devant la pression. De ce fait, ce sont 40 000 enfants qui échapperont à la législation.

La réalité est la suivante : la garde non régie n’a pas à répondre aux mêmes contrôles et aux mêmes obligations à l’égard de la santé, de la sécurité, du développement, du bien-être et de l’égalité des chances des enfants. Cette garde non régie échappe aussi aux nouvelles obligations de fournir des services de nature éducative et de favoriser la réussite chez l’enfant, tel que le propose le projet de loi.  De plus, en lui permettant de continuer à émettre des reçus officiels pour fins d’impôts, la conséquence sera la suivante : créer auprès des parents une fausse impression de sécurité et l’illusion d’une garantie gouvernementale de la qualité du service fourni.

Avoir à cœur le meilleur développement possible de nos tout-petits ne devrait-il pas passer avant des considérations économiques non fondées ?
Car il faut se le dire : les femmes à la tête des services de garde en milieu familial ne déclareront pas faillite. Celles qui souhaiteraient maintenir leur ratio à six enfants pourraient très bien le faire en s’inscrivant simplement auprès d’un bureau coordonnateur et en se soumettant à une procédure de reconnaissance, et ce, sans frais. La menace imminente de la fermeture de plusieurs services de garde non régis n’est pas sérieuse et ne l’a jamais été.

En attendant, ce sont 40 000 enfants qui vont continuer à nous échapper.
En attendant, nous continuerons de scander notre slogan : Pas de profit sur le dos des petits.

 

Les libéraux préparent-ils les élections sur le dos des petits ?

Blogue de Véronique de Sève

L’annonce récente d’une injection de 40 millions de dollars dans les services de garde éducatifs, dont la moitié avait déjà été présentée au dernier budget, signifie-t-elle que ces services sont devenus une priorité du gouvernement Philippe Couillard, et de son ministre titulaire de la Famille, Sébastien Proulx ? Cette annonce ne règlera absolument pas les problèmes engendrés par trois années d’austérité. La question mérite d’être posée alors que le gouvernement a dégagé depuis les deux dernières années des surplus de quatre milliards de dollars, ce qui correspond à autant de compressions budgétaires dans différentes missions de l’État.

L’annonce par le ministère de l’Éducation en début de semaine de l’ajout de 100 nouvelles classes de maternelle 4 ans (à temps plein, en milieu défavorisé) n’est pas non plus une solution aux problèmes créés par ce gouvernement. Nous croyons que les CPE et les services de garde en milieu familial sont les mieux placés pour offrir des services adaptés aux besoins de ce groupe d’âge : milieu de vie de qualité, formation du personnel, ratio qui tient compte de l’âge des enfants, etc.

De plus, l’ajout de ces places en maternelle ne tient aucunement compte d’une récente étude sur la qualité éducative de la maternelle 4 ans, depuis son déploiement en 2013. Dans un reportage de Radio-Canada du 30 mars 2017, on expliquait que les maternelles 4 ans n’avaient pas atteint leurs objectifs à cause d’un manque de qualité attribuable au fait que près d’un quart des enseignants n’avaient pas suivi de cours spécifiques en enseignement préscolaire et à un manque de personnel et de soutien matériel.

Pourquoi ne pas effectuer un virage et remettre les services éducatifs à l’enfance au cœur de la politique familiale du Québec ? Rappelons que depuis 2014, le réseau a subi des compressions de plus de 300 millions principalement dans les centres de la petite enfance et le milieu familial.

Par ses actions, le gouvernement a aussi volontairement ralenti le développement des services de garde éducatifs en CPE et en milieu familial, en privilégiant le recours aux garderies commerciales moyennant l’octroi de crédits d’impôt fort alléchants versés aux familles. Ainsi, leur nombre s’est rapidement multiplié au cours des récentes années, augmentant de 784 % depuis 2009 pour atteindre quelque 61 400 places aujourd’hui !

Il faut aussi rappeler les impacts financiers du choc tarifaire sur les familles, à la suite de la nouvelle tarification basée sur le revenu annuel. Selon Radio-Canada, pour l’année 2016-2017, il semble que quelque 126 000 familles ont dû débourser environ 130 millions de dollars, en plus de la contribution de base de 7,75 $ par jour, elle-même indexée à chaque année. On est loin ici de la promesse faite par Philippe Couillard, au lendemain des élections d’avril 2014, qui s’engageait à éviter « un choc tarifaire aux familles de la classe moyenne, en optant pour une indexation des tarifs. »

À l’approche des élections provinciales, ces annonces et les quelques millions supplémentaires ne permettront jamais de rattraper les sommes perdues ni de contrer le saccage des services éducatifs, un joyau que le Québec s’est pourtant donné il y a maintenant vingt ans. Seule une réinjection massive de fonds publics pourra permettre d’offrir aux familles des services éducatifs à la petite enfance de qualité. Et pour y arriver, il faudra un changement de cap radical visant la primauté des enfants sur toute autre considération.

Voilà pourquoi la CSN lancera dès le début de l’automne prochain une vaste campagne publique de sensibilisation intitulée Pas de profits sur le dos des petits, conforme aux orientations et aux consensus développés lors du Sommet sur l’éducation à la petite enfance tenu les 4 et 5 mai dernier. Il importe de rappeler aux partis politiques que les services éducatifs ne sont pas une marchandise quelconque, mais un bien public de grande valeur sociale et humaine.

Semaine des services éducatifs en CPE et en milieu familial

La Confédération des syndicats nationaux (CSN) tient à souligner la semaine des services éducatifs en CPE et en milieu familial qui se déroule jusqu’au 3 juin. La centrale veut ainsi reconnaître l’apport indéniable des services éducatifs au développement des enfants et de la société québécoise en général, mais aussi saluer les efforts quotidiens des travailleuses et des travailleurs au bien-être des tout-petits.

Pour Véronique De Sève : « Les nombreuses attaques menées par le gouvernement libéral contre les services éducatifs subventionnés et régis et son choix délibéré en faveur de leur commercialisation croissante ne feront jamais oublier que le Québec s’est clairement doté depuis plus de 20 ans d’un joyau unique au Canada et envié de par le monde. Comme organisation, nous allons tout faire pour que le réseau reprenne ses lettres de noblesse, notamment en mettant toute la pression nécessaire pour en faire un enjeu de la prochaine élection provinciale. C’est le sens de la nouvelle campagne d’information qui sera menée au cours des prochains mois. »

La CSN lancera dès le retour des vacances estivales une nouvelle campagne dont le thème est Pas de profit sur le dos des petits, qui s’inscrit en continuité avec sa précédente campagne nationale Un réseau qui fait grandir, laquelle a permis notamment de déposer à l’Assemblée nationale plus de 80 000 cartes postales réclamant la fin du saccage des services éducatifs.

Enfin, comme d’autres, la CSN a participé au Sommet sur l’éducation à la petite enfance les 4 et 5 mai dernier, lequel a réaffirmé la nécessité de consolider et de développer le réseau des services de garde éducatifs subventionnés et régis. Elle a également signé une déclaration des partenaires en faveur de la reconnaissance du droit de tous les enfants à des services éducatifs de qualité dès la naissance. 

Une déclaration des partenaires en faveur des services éducatifs de qualité dès la naissance

La Confédération des syndicats nationaux (CSN) endosse la déclaration des partenaires à l’occasion du Sommet sur l’éducation à la petite enfance qui s’est terminé aujourd’hui. Comme d’autres, la CSN mettra tout en œuvre pour valoriser davantage et poursuivre le développement du réseau des services éducatifs à la petite enfance. La CSN s’engage aussi à en faire la promotion, et ce, dans le meilleur intérêt des tout-petits, mais aussi du personnel en centres de la petite enfance (CPE), en milieu familial régi et en milieu scolaire, sans qui ce réseau n’existerait tout simplement pas. La confédération souhaite aussi contribuer à une concertation éventuelle des différents partenaires qui ont participé au Sommet dans le but de poursuivre les discussions qui restent à faire.

La délégation de la CSN au Sommet, composée d’une trentaine de travailleuses en CPE et de RSG en milieu familial

La CSN tient d’abord à souligner l’apport de l’Association québécoise des centres de la petite enfance (AQCPE) qui a permis la tenue de ce grand rendez-vous sur l’avenir des services éducatifs. « Ce sommet est une bouffée d’air frais alors que le gouvernement libéral poursuit ses attaques pour affaiblir le réseau des services éducatifs à la petite enfance, affirme Dany Lacasse, vice-président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN). L’événement est d’autant plus pertinent que nous sommes à dix-huit mois des prochaines élections provinciales en 2018. L’existence d’un réseau de qualité, accessible et à l’abri de la marchandisation des services aux petits, doit devenir un enjeu électoral. »

La déclaration signée par près d’une trentaine d’organismes a permis de dégager des consensus à partir desquels le travail devra se poursuivre. L’égalité des chances pour tous les enfants, l’accès à des services de qualité universels et gratuits, la fin des compressions budgétaires et le développement de places régies et subventionnées sont des objectifs que partage la CSN.

En outre, la CSN demande au gouvernement d’assurer la gratuité des services, comme c’est le cas en éducation, pour les familles à faible revenu dans un premier temps. L’atteinte de cet objectif doit être prioritaire et accompagnée de l’abolition du tarif modulé et du retour au tarif universel, des mesures qui ont fait leurs preuves par le passé.

Enfin, la CSN partage l’objectif à l’effet que le gouvernement doit mettre fin rapidement aux crédits d’impôt qui ont entraîné une hausse du nombre de places en garderies commerciales alors que la fréquentation des services régis et subventionnés a stagné ou diminué en milieu familial et en CPE. En ce sens, l’annonce du ministre de la Famille, Sébastien Proulx, concernant la révision de l’offre de services dans certaines régions nous inquiète grandement. « Qu’adviendra-t-il des places existantes en CPE et en milieu familial régi ? lance Véronique De Sève, vice-présidente de la CSN. Est-ce une façon d’encore favoriser les garderies commerciales ? Est-ce que le gouvernement va enfin s’attaquer aux milieux de garde non régis ? La CSN désire participer à ce chantier pour s’assurer que l’offre des services éducatifs à la petite enfance permette aux parents d’avoir accès à des services de qualité. »

« Les pistes de solution et les consensus dégagés autour de la déclaration, conclut-elle, sont inséparables de la lutte sociale menée depuis plusieurs mandats pour obliger le gouvernement à abandonner ses politiques austères et rétrogrades. En ce sens, la CSN lancera dès l’automne la seconde phase de sa bataille pour le maintien et le développement d’un réseau de services de qualité. Cette campagne, ayant pour thème Pas de profits sur le dos des petits, cible d’abord et avant tout les politiques néolibérales qui ne visent qu’à créer des occasions d’affaires sur le dos des enfants. »

À propos de la CSN

Fondée en 1921, la CSN est une organisation syndicale qui œuvre pour une société solidaire, démocratique, juste, équitable et durable. À ce titre, elle s’engage dans plusieurs débats qui intéressent la société québécoise. Elle est composée de près de 2000 syndicats qui regroupent plus de 325 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou professionnelle dans huit fédérations, ainsi que sur une base régionale dans treize conseils centraux, principalement sur le territoire du Québec.

NON à la commercialisation des services de garde !

Plutôt que de poursuivre le saccage des services de garde à la petite enfance en misant davantage sur les garderies commerciales pour qui la recherche de profit se fait trop souvent au détriment des services dispensés aux enfants, le gouvernement ferait mieux de corriger son tir s’il veut que le Québec puisse maintenir son offre de services de garde de qualité. C’est l’un des messages qu’entend livrer aujourd’hui et demain la Confédération des syndicats nationaux (CSN) au Sommet sur l’éducation à la petite enfance organisé par l’Association québécoise des CPE et l’Institut du nouveau monde (INM).

L’heure est grave

Le réseau des services de garde régis et subventionnés a subi des compressions majeures d’environ 300 millions de dollars depuis 2014. Parallèlement, les gouvernements libéraux successifs ont mis en place des mesures pour favoriser le développement de garderies commerciales : pour certaines, en leur accordant davantage de places à contribution réduite et, pour d’autres, non subventionnées, par la bonification substantielle du crédit d’impôt versé aux parents pour frais de garde. Leur nombre s’est d’ailleurs rapidement multiplié au cours des récentes années pour atteindre 748 % depuis 2009 (http://bit.ly/2oWhfmO).

Pour Véronique De Sève, vice-présidente de la CSN : « Bien qu’ils aient entraîné des ravages, les efforts du gouvernement pour créer à tout prix des occasions d’affaires sur le dos des enfants, en plus des impacts néfastes de la tarification modulée selon le revenu familial, n’ont pas tué la volonté de la population de lutter pour un réseau de services de garde éducatifs de très haute qualité conforme aux visées du système d’éducation au Québec. À dix-huit mois des élections provinciales, la tenue d’un tel sommet constitue un véritable pied de nez face aux politiques libérales, en plus de constituer une belle opportunité de ramener à l’avant-scène l’enjeu que représente pour la société la sauvegarde de ce réseau le plus envié au Canada et dans le monde. »

Dany Lacasse, vice-président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN), rappelle que « plusieurs recherches ont confirmé que la fréquentation d’un service de garde éducatif améliore le développement global de l’enfant et son bien-être si les services sont de qualité. D’autres études ont démontré que la qualité des services en CPE et en milieu familial régi est supérieure à celle des services offerts dans les garderies commerciales. À contrario, le gouvernement n’a jamais produit une seule étude sérieuse pour justifier l’abandon de politiques d’avant-garde en matière de services de garde mis en place depuis plus de vingt ans. »

Un sommet nécessaire

Pour la centrale syndicale, le Sommet sur l’éducation à la petite enfance sera donc une occasion rêvée de discuter de cette question et des recommandations faites à la suite de consultations menées dans une quinzaine de villes au Québec par l’INM à l’automne dernier, à l’initiative de l’Association québécoise des centres de la petite enfance (AQCPE). La CSN et plusieurs de ses syndicats en centres de la petite enfance et en milieu familial régi ont d’ailleurs participé à cet exercice.

Le rapport de la Commission itinérante sur l’éducation à la petite enfance établit clairement que la tarification en vigueur a des effets pervers sur la consolidation d’un réseau de qualité et sur l’accessibilité aux services. Il comporte 22 recommandations portant sur la qualité, l’accessibilité, l’universalité et la gouvernance des services éducatifs offerts aux tout-petits. La CSN accueille favorablement la grande majorité des recommandations du rapport.

Représentant plus de 22 000 travailleuses et travailleurs dans les services de garde, dont 11 000 en CPE et 3300 en milieu familial régi, de même qu’une forte proportion des enseignantes et enseignants de niveau collégial en techniques d’éducation à l’enfance, la CSN en profitera pour faire valoir ses positions sur les enjeux cruciaux qui façonneront le réseau québécois des services de garde éducatifs et le Québec de demain.

À propos de la CSN

Fondée en 1921, la CSN est une organisation syndicale qui œuvre pour une société solidaire, démocratique, juste, équitable et durable. À ce titre, elle s’engage dans plusieurs débats qui intéressent la société québécoise. Elle est composée de près de 2000 syndicats qui regroupent plus de 325 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou professionnelle dans huit fédérations, ainsi que sur une base régionale dans treize conseils centraux, principalement sur le territoire du Québec.

Un diachylon sur une plaie ouverte

Bien que la CSN accueille favorablement tout investissement dans le réseau des services de garde éducatifs, elle considère que le gouvernement devrait faire preuve de modestie après avoir procédé à un véritable démantèlement du réseau. Notons que dans le cadre du lancement de la Grande semaine des tout-petits, le ministre Sébastien Proulx a annoncé un investissement de 30 millions de dollars dans les CPE et les services de garde en milieu familial.

La CSN rappelle qu’avant de procéder à ce réinvestissement, le gouvernement a imposé des compressions de l’ordre de 300 millions de dollars, et ce depuis 2014. « C’est indécent, on sabre avec acharnement et de façon aveugle un réseau qui a fait ses preuves et après, on redonne des miettes, s’indigne Véronique De Sève, vice-présidente de la CSN. Est-ce que le ministre espère qu’on va applaudir ? »

Le réseau des services de garde éducatifs en CPE, en milieu familial et en secteur scolaire a besoin d’un financement stable et adéquat. « On ne construit pas un réseau efficace en fonction d’un agenda électoral. Il faut que le gouvernement s’engage dans la voie d’un financement récurrent qui assure l’accessibilité et la qualité des services offerts », plaide Véronique De Sève.

C’est entre autres pour ces raisons que la CSN tient à démontrer sa détermination en faveur des services de garde éducatifs en CPE, en milieu familial et en secteur scolaire, en organisant deux grandes manifestations, à Montréal et à Saint-Félicien, le 3 décembre prochain. Elle y convie l’ensemble de la population interpellée par l’avenir des services de garde éducatifs.

Grandes manifestations à Montréal et à St-Félicien
Grandes manifestations à Montréal et à St-Félicien