Travail unique, contrat différent

Alors que leur convention collective est échue depuis plus de trois ans, les membres du Syndicat des agents correctionnels du Canada (UCCO-SACC-CSN) poursuivent leur mobilisation pour obtenir des conditions de travail qui répondent à leurs besoins particuliers.

Au cours des derniers mois, la lenteur des négociations et le manque d’ouverture de la partie patronale ont mis à rude épreuve la patience de ces travailleuses et travailleurs qui évoluent dans un environnement souvent hostile. Ils se sont serré les coudes et ont participé massivement aux nombreuses actions de mobilisation qui se sont tenues à travers tout le Canada.

Sans véritable droit de grève, les agentes et agents correctionnels ont fait preuve de créativité dans l’élaboration de leurs actions : manifestations de toutes sortes, modification de l’uniforme, campagne sur les médias sociaux, etc.

En juin dernier, après le dépôt d’une proposition globale par l’employeur, les membres d’UCCO-SACC–CSN ont une fois de plus démontré leur détermination en rejetant à plus de 99 % cette offre méprisante qui ne reconnaissait aucunement le caractère unique de leur travail. Leur lutte se poursuit.

Départ à la retraite d’une ardente militante syndicale

Au cours de notre dernier congrès, Francine Lévesque, première vice-présidente de la CSN, a annoncé son départ pour une retraite bien méritée après 40 années de militantisme syndical.

C’est à la fin des années 1970 que Francine, alors salariée à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, commence à militer dans son syndicat. Insatisfaite, comme plusieurs autres, de la façon dont le SQEES-298 s’immisce dans la gestion du syndicat local, elle tente de profiter de la période de changement d’allégeance pour rallier la CSN. Son groupe ne parviendra pas à vaincre la campagne de peur menée par le SQEES, qui prévenait les membres qu’à la CSN, ce sont « tous des communistes qui veulent toujours faire la grève… » Malgré la défaite, elle continue à s’impliquer jusqu’à devenir la présidente de son syndicat. Ce n’est qu’en 1985, lors d’une nouvelle période de maraudage, que Francine et ses camarades finissent par gagner leur campagne et se joignent à la CSN.

Entre luttes syndicales et luttes féministes

Après quelques années d’implication au sein de la Fédération des affaires sociales (FAS, aujourd’hui la Fédération de la santé et des services sociaux), Francine Lévesque en devient vice-présidente responsable de la condition féminine. S’ouvre alors pour elle une grande période de luttes et de revendications : la reconnaissance des droits des femmes pour l’atteinte de l’équité salariale, la marche contre la pauvreté Du pain et des roses, la Marche mondiale des femmes et l’élaboration d’un code d’éthique à l’égard du harcèlement et de la violence envers les femmes, entre autres implications. En 2007, les militantes et les militants reconnaissent son dévouement et son leadership en l’élisant présidente de la FSSS–CSN.

Photo : Raynald Leblanc

Lors du conseil confédéral de décembre 2012, les délégué-es élisent Francine au poste de vice-présidente de la CSN. Elle devient ainsi responsable de l’ensemble des négociations, tant du secteur public que du secteur privé. Rapidement, Francine prend la responsabilité de ses dossiers. À peine entrée en fonction, elle doit finaliser l’élaboration de la politique industrielle de la CSN. Quelques mois plus tard, avec le retour des libéraux au pouvoir, elle se mesure au ministre Pierre Moreau qui, avec son projet de loi 3, entendait sabrer les régimes de retraite, notamment dans les secteurs municipal et universitaire.

Francine aura piloté la dernière grande négociation du secteur public avec les partenaires du Front commun. Elle aura été à la tête d’une des plus grandes mobilisations de l’histoire du Québec. Malgré l’intransigeance et l’arrogance du président du Conseil du trésor de l’époque, Martin Coiteux, elle aura su trouver un moyen pour tirer son épingle du jeu et convenir, après quatre journées de grève, d’une convention collective qui bénéficie aujourd’hui à des centaines de milliers de travailleuses et de travailleurs du secteur public.

« On ne peut rêver de plus belle vie que de se consacrer corps et âme à améliorer le quotidien de nos semblables, indiquait Francine lors de son discours d’au revoir au dernier congrès. Mes semblables, c’est vous : des femmes et des hommes qui tentent, malgré un monde trop souvent inhumain, de trouver une dignité et une façon de bien vivre dans leur vie de travail. Leur vie, dans tous ses aspects. »

Francine, pour toutes ces années de dévouement, de solidarité et de luttes, c’est l’ensemble de la CSN qui te dit un grand merci !

Un travail essentiel et intrigant

Si les quelque 1000 arpenteuses et arpenteurs en construction du Québec n’existaient pas, il faudrait les inventer. En leur absence, les édifices pousseraient tout croches ; les tuyaux d’aqueduc passeraient n’importe où ; et les ponts et viaducs seraient à côté de la coche. Regard sur une occupation méconnue sans laquelle les travaux de génie civil ou de voirie ne sauraient voir le jour.

Certains arpenteurs se plaisent à dire que les navigateurs qui découvrirent le Nouveau Monde il y a 400 ans exerçaient le même travail qu’eux. Le père des arpenteurs se nommerait Samuel de Champlain ; c’est lui qui développa les plans des premières seigneuries. Si on s’amuse à remonter le fil de l’histoire, on peut retracer l’existence d’activités d’arpentage 2000 ans avant notre ère, notamment chez les Égyptiens et les Gaulois. Le mot lui-même provient du terme celtique arapennis. Il désigne une mesure agraire surtout utilisée pour les terrains boisés et les superficies de vignes.

Un arpenteur, ça mange quoi en hiver ?

Comme ce fut le cas pour ceux qui de tout temps firent de l’arpentage, les arpenteuses et arpenteurs en construction doivent avoir le compas dans l’œil et la précision à cœur. Ce sont eux qui mettent en lumière les écarts et les empiètements des travaux et qui permettent d’éviter les problèmes relatifs à l’emplacement des limites sur les chantiers. Ils fournissent des données sur l’alignement, l’altitude, l’orientation, les dimensions et la superficie de divers terrains ou projets d’infrastructures. Ils sont appelés à travailler à la construction de réseaux d’aqueduc et d’égout, de stations de métro, de complexes industriels ou commerciaux, de routes et d’autoroutes, etc. Ils collectent, transfèrent, calculent et mettent en plan les données d’arpentage à l’aide d’instruments spécialisés pour délimiter les balises des constructions projetées. À cette fin, ils utilisent, entre autres, un carnet de notes électronique, une station totale robotisée, un récepteur GPS et des logiciels de calcul et de dessin.

Voyage, voyage

En plus de faire preuve d’une grande conscience professionnelle, l’arpenteur doit se montrer mobile et très disponible. Lorsque l’entrepreneur veut savoir si les travailleuses et travailleurs de son chantier peuvent rentrer au travail le week-end, il tient généralement pour acquise la présence de l’arpenteur. « On n’a pas le choix d’être là. Sans nous, les travaux n’avancent pas », soutient Jean-Louis Simard, qui baigne dans le milieu depuis sa jeunesse. Celui qui se destine à cette occupation spécialisée doit aussi être prêt à s’éloigner. « J’ai fait mon bonhomme de chemin un peu partout au Québec. Quand je pars un mois, ça peut vouloir dire rester plus longtemps, voire même jusqu’à un an ! Bien sûr, la vie personnelle en prend un coup. » Ce travail est idéal pour les esprits à la fois bohèmes et cartésiens, puisqu’il implique méthode et analyse d’une part et changement de décor, d’autre part. « J’ai bourlingué dans mon jeune temps, évoque Richard Galarneau, qui pratique l’arpentage depuis une dizaine d’années. Lorsque mon enfant est né, j’ai eu besoin de plus de stabilité, mais une chose était non négociable : travailler dehors. Comme j’étais doué en mathématiques et dans la lecture de plans, l’arpentage m’a semblé une voie évidente. » Son boulot lui permet ainsi de vivre les quatre saisons du Québec tout en parcourant des centaines de kilomètres chaque année. « C’est comme la suite d’un voyage », dit-il en souriant.

Munis de leur équipement, les arpenteurs sont appelés à travailler sur des terrains accidentés ou difficiles d’accès et doivent être en bonne forme physique. La température peut aussi représenter un obstacle. « J’aime mieux travailler à –20 qu’à 30 », souligne Jean-Louis Simard. Richard Galarneau, lui, apprécie autant les grands froids que les grosses chaleurs. Mais la pluie l’embête : « Elle affecte les équipements et rend la tâche plus ardue. »

Les deux font la paire

L’implantation des limites constitue la partie visible du travail. Pourtant, l’étape des calculs, qui se fait dans les bureaux par une personne désignée, est tout aussi cruciale : si un calcul est erroné, l’implantation le sera de facto. Le travail de l’arpenteur s’exécute donc souvent à deux ; il exige un bon esprit d’équipe et des habiletés sur le plan interpersonnel. « Moi, je dis toujours, l’arpentage, c’est une question de confiance à trois niveaux : il faut que j’aie confiance en mes moyens, il faut que les personnes qui comptent sur moi — contremaîtres, surintendants, autres corps de métier — aient confiance en mes moyens, et enfin, il faut que j’aie confiance en mon collègue qui me fournit les données avec lesquelles je travaille. Si l’un des maillons fait défaut, tout fout le camp », précise Jean-Louis Simard.

Jamais si bien servi que par un arpenteur

Durant leur formation de 18 mois et les 4000 heures de travail qu’ils complètent pour être reconnus classe 2 par la Commission de la construction du Québec, les arpenteurs accumulent des connaissances et des compétences fondamentales. Or, il arrive de plus en plus qu’une personne d’un autre corps de métier exécute certains travaux d’arpentage. Cela représente un risque, puisqu’elle n’est pas formée pour la tâche. Et l’erreur peut coûter cher. « Si une borne empiète sur une propriété privée, la ville doit acheter la portion de terrain nécessaire pour la laisser en place et apporter une dérogation au cadastre, affirme Richard Galarneau. Parfois, au moment de refaire des bordures de rue, on se rend compte qu’un puisard est mal positionné. Le coût de l’opération pour modifier son emplacement tourne autour de 6000 $. Si tous les puisards de la rue doivent être déplacés, c’est pas mal plus coûteux. » Voilà des exemples où la précision de l’arpenteur est indispensable.

D’autres types d’erreurs peuvent aussi se produire : l’inversion de pompe d’un tuyau sanitaire dans un immeuble empêchera l’eau de sortir et sera susceptible de créer des problèmes. « Quand ça arrive, c’est le bordel ! », s’exclame encore Richard Galarneau. Fait à noter : les arpenteurs, qui sont représentés à près de 65 % par la CSN, demandent l’exclusivité de leur travail depuis 2007. Cette reconnaissance qu’ils méritent bien permettrait aux entrepreneurs de s’éviter ce genre d’ennuis. Bien que les arpenteurs ne l’aient toujours pas obtenue, ils ont quand même réussi à décrocher, en 2007, un rattrapage salarial de 29 %.

Compte tenu des lourds impacts de leur travail, les arpenteurs doivent savoir supporter le stress. « Il faut être très productif pour ne pas ralentir les équipes qui doivent procéder rapidement », renchérit Jean-Louis Simard, qui cumule plus de 50 000 heures dans le domaine. Le temps de déplacement entre les chantiers à visiter dans une même journée ajoute au stress. « Il est impératif de se forger une carapace pour parvenir à faire notre job sans se laisser ronger par la pression. »

Dans l’ombre et la lumière

Quoi qu’il en soit, les arpenteurs souffrent toujours d’un autre manque de reconnaissance. Il est en effet rare qu’ils reçoivent des félicitations quand un trottoir est à l’équerre ; mais dès qu’une erreur se produit, les répliques sont automatiques : « Je me suis fié aux données de l’arpenteur ! », entendent-ils trop souvent. Le fardeau leur revient donc de prouver l’exactitude de leurs données. « On doit toujours démontrer qu’on ne s’est pas trompé, ajoute Richard Galarneau. Il m’est souvent arrivé de retrouver le trou initial que j’avais creusé dans la terre à l’aide de mon piquet : c’est une sorte de pièce à conviction. »

Malgré le stress et les bons mots qui se font rares, les arpenteurs en construction adorent leur travail. « J’aime apprendre et je continue tous les jours à améliorer mes techniques, à découvrir de nouveaux trucs et à les perfectionner. J’éprouve aussi une fierté de savoir que ma job est indispensable », lance Jean-Louis Simard. Et son frère d’armes Galarneau de conclure : « Faire de l’arpentage est exigeant, mais extrêmement stimulant. Ce travail me permet de raisonner et de participer à la réalisation de grands projets, au grand air. Que pourrais-je demander de mieux ? »

Ensemble pour des luttes fécondes

Puisque c’est la rentrée, ce n’est pas un, mais deux titres qui vous sont proposés. Dans l’ordre ou le désordre, les chapitres entremêlés de deux essais québécois, a priori aux antipodes, s’unissent finement en un seul filet d’huile — l’une plus piquante, incisive et lyrique, l’autre plus philosophique, à la fois théorique et pragmatique. Les luttes fécondes — Libérer le désir en amour et en politique, de Catherine Dorion, et Agir ensemble — Penser la démocratie syndicale, de Christian Nadeau, se combinent fort bien pour alimenter la réflexion quant à notre démocratie syndicale.

Les luttes fécondes | Libérer le désir en amour et en politique | Catherine Dorion, Atelier 10, 2017, 116 pages
Agir ensemble | Penser la démocratie syndicale | Christian Nadeau, Somme toute, 2017, 86 pages

Si Dorion place l’individu avant tout au cœur des luttes à mener, c’est qu’elle croit fermement que sa mobilisation passe par la prise de conscience de cette énergie — nommée désir, contenue en chacun de nous, et qui n’aspire qu’à être libérée pour se déployer, créer et lutter. Nadeau, de son côté, faisant le constat que « nos démocraties marchent sur une seule jambe », parce qu’elles s’expriment surtout par les mécanismes représentatifs au sein de nos instances syndicales, plaide pour davantage de mécanismes délibératifs, c’est-à-dire de participation. Cela « implique de construire des lieux d’échanges indépendants, dynamiques et novateurs » en marge des instances formelles. Pour le philosophe, les principales menaces au monde syndical sont internes : il fait la démonstration qu’en alliant ces deux modèles, on pourrait en atténuer les effets. « Le syndicalisme est une lutte collective. Pour agir ensemble, il faut penser ensemble. Et penser ensemble implique de parler entre nous. » Ainsi, c’est par la voie des interactions entre individus que peut s’exprimer l’action collective. Voilà qu’apparaît la trame commune aux deux ouvrages.

Bien que leurs parcours diffèrent grandement (l’une davantage artiste, l’autre professeur), les deux militants semblent ici poursuivre le même but : réformer par l’intérieur (l’organisation, l’individu) en laissant s’exprimer le désir de participer au changement, de « transformer la discontinuité en continuité, les petits points isolés en étendue », et aussi permettre aux « révolutions de prendre pied » (Dorion).

Sur la route

Tout l’été, une caravane a sillonné les routes du Québec. Pour les représentantes et représentants du secteur préhospitalier, c’était l’occasion d’aller à la rencontre des 3600 paramédics, répartitrices, répartiteurs et employé-es de soutien, en grève depuis plus de quatre mois. Leurs conventions collectives sont échues depuis mars 2015 et les négociations sont ardues, notamment parce que le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, a décidé de se désengager complètement des discussions. Les salaires, la retraite ainsi que la réduction de la charge de travail et l’abolition des horaires de faction sont au cœur de leurs priorités.

Les employés de soutien mis à pied pour recourir à la sous-traitance

Ils sont une trentaine de travailleuses et de travailleurs qui, dans certains cas, œuvrent au Collège Stanislas depuis plus de 15 ans. Ils travaillent à l’entretien, à la maintenance, dans les laboratoires et à la sécurité. Les élèves les connaissent souvent par leur nom et ils se font un devoir de veiller à la réputation de ce prestigieux établissement. Malheureusement, au printemps 2017, la direction du collège exprime son souhait de recourir à la sous-traitance. La résistance s’organise.

Le Collège Stanislas est un établissement composé de deux campus, un à Montréal et un à Québec, qui offre aux élèves d’ici un pro­gramme pédagogique conforme à celui du ministère français de l’Éducation nationale. Le tout adapté au contexte québécois. Le collège reçoit au-delà d’un million de dollars en subvention des gouvernements québécois et français.

Affilié à la FEESP–CSN, le Syndicat des employé-es de soutien du Collège Stanislas a entamé au printemps la négociation de la convention collective qui arrivait à échéance le 30 juin 2017. « Dès le départ, nous nous doutions que cette négociation serait difficile. La présentation par l’employeur d’un “arbre de Noël” était un signe précurseur », explique le président du syndicat, Jean Lacoursière.

Demandes inacceptables

Devant la fermeture complète de l’employeur, le syndicat demande rapidement la conciliation. L’employeur transmet au syndicat son dépôt patronal qui se résume à des compressions se chiffrant à 465 000 $ et qui se décline en deux volets : des coupes dans les conditions de travail équivalant à 265 000 $ et l’abolition de quatre postes totalisant 200 000 $. Il exige aussi un gel salarial pour les deux premières années, et offre 1 % par année pour les trois années suivantes.

En plus des compressions annoncées, l’employeur veut transférer la presque totalité des salarié-es d’entretien et de maintenance vers un horaire de nuit, même s’ils ont toujours eu un horaire de jour et de soir. Il souhaite également imposer le retrait d’heures garanties pour certains employé-es réguliers, restreindre l’accessibilité aux assurances, signer la fin de l’uniforme fourni, abolir les primes de soir, etc. « À la première journée de négociation, l’employeur a laissé entendre qu’à défaut d’accéder à la presque totalité de ses demandes, il ira de l’avant avec la sous-traitance et licenciera la totalité des employé-es à l’échéance de la convention, et cela, malgré une disposition de la convention collective qui empêche cette pratique. C’est ce qu’on appelle nous mettre un couteau sous la gorge », note le président du syndicat.

Un collège rentable

Voulant faire la lumière sur les finances de l’établissement, pour entres autres savoir si le recours à la sous-traitance était inévitable, le syndicat a fait appel à MCE Conseils. Malgré la transmission tardive des documents financiers, une analyse de ceux-ci permet d’en arriver à la conclusion que les demandes de coupes de l’employeur s’inscrivent dans un contexte où ses activités de fonctionnement sont rentables et qu’il n’est donc aucunement justifié qu’il envisage le recours à la sous-traitance.

Malgré une mobilisation exemplaire et l’appui de nombreux syndicats, dont celui des enseignantes et enseignants du collège affilié à la FNEEQ–CSN, les employé-es de soutien ont reçu leurs lettres de licenciement, par huissier, à la fin du mois de juin.

« Nous ne baisserons pas les bras. Nous avons plusieurs possibilités de recours et nous entendons poursuivre la lutte. Depuis le début, l’employeur a un objectif : nous briser. Mais c’est bien mal nous connaître », conclut Jean Lacoursière.

Repenser la syndicalisation pour ouvrir toutes grandes les portes

Permettre un accès facile à la syndicalisation à tous les travailleurs et travailleuses du Québec pour améliorer leurs conditions de vie, peu importe leur lieu de travail et le nombre de salarié-es de leur entreprise ou de leur organisation, voilà une des missions premières de la CSN.

C’est avec cet objectif en tête que plusieurs propositions avaient été amenées et adoptées en 2014, lors du 64e Congrès de la CSN. Ces propositions se déclinaient en trois volets : développer un plan stratégique pour favoriser la syndicalisation dans le secteur privé, examiner et modifier au besoin les structures d’accueil existantes pour les petites unités de négociation et identifier des modèles possibles de regroupement en fonction des groupes cibles.

La FIM–CSN prend les devants

La Fédération de l’industrie manufacturière (FIM–CSN) a de son côté choisi lors de son congrès de 2015 de se fixer des objectifs concrets de syndicalisation des PME. Selon les derniers chiffres de l’Institut de la statistique, plus de 99 % des entreprises du Québec sont des PME et près de 80 % de celles-ci ont moins de 20 employé-es, de là l’importance de s’assurer que le droit à la syndicalisation, un droit protégé par les chartes, soit respecté pour ces millions de travailleuses et de travailleurs du secteur privé.

Une fois cela dit, la fédération devait trouver des solutions. « On a regardé en profondeur quels étaient les obstacles pour les petits groupes et on s’est vite aperçu que la difficulté de bâtir une structure assez solide pour assumer l’autonomie complète et continue d’une unité avec un nombre restreint d’employé-es représentait l’enjeu principal », explique Mathieu Lafleur, président de la FIM–CSN.

Le travail de réflexion quant au nouveau modèle s’est donc articulé autour de la possibilité d’offrir un service « clé en main », tout en respectant les valeurs CSN, soit la démocratie, la solidarité et le respect. La FIM–CSN tenait aussi à s’assurer que cette approche facilitante ne déposséderait pas les futurs syndiqué-es des enjeux propres à leur unité locale. « Nous tenions à ce que les employé-es de chaque section conservent les rênes de leur négociation et de leurs relations de travail avec l’employeur », ajoute Mathieu Lafleur.

Ce sont toutes ces réflexions qui ont mené à la création du Syndicat des travailleuses et travailleurs des industries manufacturières (STTIM–CSN).

Accessibilité et efficacité

Le STTIM–CSN a tenu sa première assemblée générale le 18 mai, à Trois-Rivières, lors du conseil fédéral de la FIM–CSN. La constitution du nouveau syndicat stipule qu’il fonctionne avec des sections qui représentent les accréditations ou les regroupements d’un même employeur. Chacune de ces sections a un ou plusieurs délégué-es (selon le nombre de membres) qui travaillent avec le comité exécutif. Dans un souci d’efficacité et afin de ne pas ajouter une nouvelle structure qui complexifierait le modèle, c’est l’exécutif de la FIM–CSN qui agit à titre de comité exécutif du STTIM–CSN.

Le modèle proposé par la FIM–CSN, avec le soutien de la CSN, suscite déjà beaucoup d’enthousiasme. Une première unité a déjà été accréditée au sein du STTIM–CSN et plusieurs autres envisagent actuellement de joindre ses rangs.

Pour Stéphane Savoie, syndiqué de l’entreprise Demix à Mirabel et premier délégué officiel du nouveau syndicat, le STTIM–CSN répond efficacement aux besoins du petit groupe d’employé-es qu’il représente. « Lorsque je suis arrivé à la carrière de Mirabel, nous étions affiliés à un autre syndicat, mais c’était pratiquement comme si nous n’étions pas syndiqués du tout. Nous n’avions pas d’aide, pas de ressources et aucune autonomie. Avec seulement 16 employé-es, c’est évident qu’un groupe comme le nôtre a besoin d’un soutien important, mais les travailleurs veulent que la section ait la possibilité de prendre les décisions importantes, de façon autonome. C’est ce que nous offrent le STTIM et la CSN. »

Une mobilisation exceptionnelle

Après deux ans de négociation, marqués par des actions ciblées contre le ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux, des rassemblements devant les pénitenciers et des manifestations régionales et nationales, le Syndicat des agents de la paix en services correctionnels du Québec (SAPSCQ–CSN), qui représente 2800 membres, est très fier de sa mobilisation.

Tout comme dans le cas de la négociation des travailleuses et travailleurs du secteur public, le gouvernement du Québec a présenté des demandes de recul sur plusieurs gains réalisés par le syndicat ces dernières années. L’employeur a cherché à modifier l’horaire de travail, à s’attaquer aux conditions de travail des employé-es à statut précaire et de ceux à temps partiel et souhaitait davantage de « flexibilité » de la part des agentes et agents correctionnels.

13 millions en gains

Mathieu Lavoie, président du syndicat, estime que « la mobilisation a permis de freiner la grande majorité des demandes de recul tout en améliorant de façon significative la convention collective ». Dans une entente de principe recommandée à l’unanimité par le conseil syndical, le SAPSCQ–CSN a obtenu des gains sur les congés de maladie et les congés mobiles, une diminution des coûts des assurances, le règlement des griefs en suspens ainsi que des avancées pour les salarié-es à temps partiel. Le syndicat s’est aussi entendu avec le Conseil du trésor pour un partage égal des coûts du régime de retraite en 2025. Sur le plan salarial, les agentes et les agents correctionnels obtiendront 6,75 % sur cinq ans ainsi qu’un forfaitaire de 1 % la première année. Les assemblées générales du SAPSCQ se prononceront sur cette entente dans les prochaines semaines.

L’information, catalyseur de mobilisation

Durant cette négociation, le syndicat national a développé une stratégie d’information en continu. Les membres ont reçu 18 Info-négo. « Nous avons pris la décision de mener une négociation très transparente. Nous avons mis beaucoup d’énergie sur l’information transmise aux membres. Nous avons senti l’appréciation sur le terrain », affirme le président.

Les moyens de pression que peuvent utiliser les agents de la paix en services correctionnels sont limités. Toute action qui nuit au déroulement des activités normales du centre carcéral peut être considérée comme une grève illégale. Pour développer un rapport de force, le SAPSCQ–CSN a misé sur la force du nombre. Le 8 juin 2015, 500 agentes et agents se sont mobilisés à Trois-Rivières afin de dénoncer les demandes patronales.

Une participation record

Selon le président du syndicat, la stratégie d’information n’est pas étrangère à l’ampleur de la mobilisation. « Chaque fois que nous avions besoin d’un coup de main, notre monde a répondu présent. Jusqu’à maintenant, cette mobilisation nous a permis de bloquer la grande majorité des demandes de recul de l’employeur tout en réalisant des gains, en encadrant et en clarifiant davantage le droit de gérance », conclut Mathieu Lavoie.

Lauréats 2017

Syndicat du personnel scolaire du Val-des-Cerfs (CSN)

Pour la mise en place, avec l’employeur, d’un programme de transfert des connaissances pour tout employé nouvellement embauché. Une formation est offerte aux nouveaux employé-es d’entretien pour leur présenter les différents aspects des tâches qu’ils devront accomplir dans les écoles primaires et secondaires de la commission scolaire. Un volet sur la convention collective est également prévu à la formation.

M. Pierre-André Audet-Bédard, Syndicat d’Indigo Parc Inc.–CSN

Pour son projet de mémoire en relations industrielles portant sur l’effet des campagnes pour l’augmentation du salaire minimum dans la revitalisation du syndicalisme américain. Sa recherche porte sur un sujet qui lui tient particulièrement à cœur, c’est-à-dire la lutte des travailleuses et des travailleurs pour la justice sociale. De plus, elle se conjugue à son implication syndicale et politique des dernières années.

Le cadenassage ou comment sauver des vies

La publicité télé a frappé fort : devant une machine à l’arrêt, on voit un travailleur la réactiver à l’aide d’un simple interrupteur, sans trop se poser de questions. Il en résulte qu’un autre travailleur affairé à des travaux d’entretien à l’intérieur est littéralement écrasé.

Cette publicité de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST), diffusée au cours de l’hiver, en dit long sur l’importance des problèmes dus à l’absence ou au mauvais usage du cadenassage et autres contrôles des énergies. La CNESST a d’ailleurs recensé entre 2010 et 2014 pas moins de 4643 accidents de travail, dont quatre décès liés au démarrage accidentel ou volontaire de la machinerie.

Si ce nombre d’accidents paraît élevé, c’est que le cadenassage ne se limite pas aux usines, mais s’étend à plusieurs secteurs tels que les institutions scolaires et postsecondaires, l’hôtellerie, les loisirs et la restauration, les services municipaux, l’entretien des édifices publics, les casinos, pour ne nommer que ceux-là. Sous la pression constante des syndicats, et notamment de la CSN, le gouvernement n’a eu d’autre choix que d’adopter, à l’hiver 2016, une réglementation plus contraignante concernant le contrôle sécuritaire des énergies.

Un colloque attendu

C’est pour mieux faire con­naî­tre la portée de la nouvelle réglementation et ses effets concrets sur les travailleuses et travailleurs qu’a eu lieu un colloque sur le thème du cadenassage, le 9 février dernier à Drummondville. Quelque 160 militantes et militants ont participé à l’événement dont l’organisation revient à la Fédération de l’industrie manufacturière–CSN, à la Fédération du commerce–CSN et à la Fédération des employées et employés de services publics–CSN.

Pour Jean Lacharité, vice-président de la CSN, « il est absolument inconcevable qu’en 2017, des travailleuses et travailleurs laissent leur santé et même leur vie au travail en raison de l’absence ou de l’inefficience des mesures de cadenassage. Les entreprises doivent prendre conscience qu’elles peuvent et qu’elles doivent agir rapidement pour réduire, voire enrayer les accidents du travail ». Cette prise de conscience ne va toutefois pas de soi, car plutôt que de mettre en place les mesures de protection et de prévention requises et de les faire respecter, certains employeurs choisissent plutôt d’imposer des sanctions disciplinaires à leurs employé-es sans vraiment faire d’éducation.

Jean Lacharité affirmait dans son mot d’ouverture : « Je connais des entreprises où c’est tolérance zéro sur la question du cadenassage. Mais je sais également qu’il y a des travailleurs dans certaines usines qui disent “je n’ai pas besoin de cadenasser. J’ai toujours fait ça de même, ç’a toujours marché et, de toute façon, ça va plus vite”. Donc, les mesures de prévention appellent également à une responsabilisation accrue des salarié-es. À cet égard, les syndicats ont un rôle très important à jouer pour faire appliquer les mesures de cadenassage, comme prévu dans la nouvelle réglementation. »

Le colloque a été l’occasion pour plusieurs personnes de se sensibiliser aux divers problèmes rencontrés. Christine Leroux, nouvelle vice-présidente en santé et sécurité du travail du Syndicat des travailleuses et travailleurs de Bacon Inter-América (CSN) fait partie de celles-ci : « Au départ, je pensais que le cadenassage était une grosse bibitte et que je ne saurais pas de quoi on parle concrètement. Mais ç’a été tout le contraire. Ce qui m’a le plus surprise, c’est de savoir que des travailleurs délèguent le cadenassage à d’autres dans le but strictement de gagner du temps, au risque d’accroître les accidents. »

Quand la mobilisation change la donne

À peine huit mois après la fin de leur convention collective, le 30 juin 2016, il a fallu que les 950 chauffeurs du Réseau de transport de la Capitale (RTC) menacent de faire la grève pour finalement obtenir à l’arraché une entente de principe avec leur employeur. Le 16 mars dernier, l’entente a été adoptée en assemblée générale à 87,6 %. La nouvelle convention sera en vigueur jusqu’en juin 2021, soit la durée minimale de cinq ans prévue dans la nouvelle loi 24 sur le régime de négociation dans le secteur municipal.

Des avancées ciblées

Le contrat de travail comporte plusieurs avancées pour les travailleuses et les travailleurs. Sur le plan salarial, ils obtiennent, rétroactivement au 1er juillet 2016, une hausse de 8 % sur cinq ans. Des améliorations sont aussi apportées au régime de retraite, dont une bonification significative de la rente de base, malgré les contraintes de la loi 15 qui régit maintenant le financement des caisses complémentaires de retraite.

« C’était un des enjeux de cette négociation qui nous permet de rattraper un certain retard sur les conditions de travail existant dans la plupart des entreprises publiques au Québec », précise Ghislain Dolbec, président du Syndicat des employés du transport public du Québec métropolitain (SETPQM–CSN), affilié à la Fédération des employées et employés de services publics–CSN. L’autre grand enjeu portait sur l’organisation du travail, dont l’amplitude de 12 heures de présence au travail des chauffeurs que l’employeur voulait accroître. « Nous avons réussi à faire reculer le RTC qui, autrement, aurait augmenté le temps de présence des chauffeurs et nui à leur qualité de vie et à celle de leurs familles », poursuit le président.

Un cadeau aux employeurs

Premier syndicat à vivre sa négociation sous le coup de la loi 24, le SETPQM–CSN a vite constaté que le nouveau régime de négociation a radicalement changé les règles du jeu, en tentant de renverser le rapport de force en faveur de l’employeur. En plus d’un nouveau processus et de délais très serrés, la loi a agi comme une épée de Damoclès au-dessus de la tête des syndiqué-es, l’Assemblée nationale pouvant ultimement décréter les conditions de travail. Mais voilà, les chauffeurs n’avaient pas dit leur dernier mot.

Le SETPQM–CSN était déjà en négo­ciation quand le gouvernement a fait adopter sa loi tant promise aux municipalités en échange d’un pacte fiscal de 300 millions de dollars, le 2 novembre 2016. Comme de nombreux reculs étaient déjà sur la table, les chauffeurs ont décidé d’accélérer leur scénario de lutte dès le 29 novembre en optant à 99 % pour un mandat de moyens de pression, excluant la grève. Avec le temps, ces moyens se sont avérés insuffisants pour faire reculer l’employeur. Le 26 février, les chauffeurs ont voté à 95,6 % un mandat de grève générale illimitée à exercer le 13 mars, avec maintien de certains services essentiels.

Mais la sortie virulente du maire Régis Labeaume contre les chauffeurs dès l’annonce du vote de grève a joué en leur faveur. Le maire avait alors menacé de « dévoiler » la teneur de leurs conditions de travail, qui sont d’ordre public, ce qui entraînerait, selon lui, la « révolte » de la population. Cet appel à peine voilé à la violence contre les chauffeurs a eu plutôt l’effet contraire, soit de provoquer l’ire de certains chroniqueurs et journalistes, de la direction du RTC et même d’une partie de la population.

Pour Ghislain Dolbec, la conclusion de cette négociation et l’entente intervenue s’expliquent surtout par « l’implication des membres à tous les niveaux, incluant le taux élevé de participation aux actions syndicales, malgré le danger que pouvait représenter la loi 24. Sans le mandat de grève fort et sans les moyens de pression exercés par les chauffeurs, nous n’aurions jamais pu obtenir cette entente tellement les contraintes et les délais pour négocier étaient astreignants. »

Ambitionner sur le pain bénit

La nouvelle est tombée le 1er avril à minuit une, et non, il ne s’agissait pas d’un poisson d’avril. Après 23 séances de négociation, l’employeur a mis fin abruptement et sans raison aux discussions et a jeté en lock-out les 120 travailleuses et travailleurs du centre de distribution Multi-Marques Laval, qui produit les pains Pom, Bon matin et Villaggio.

Pourtant, la négociation se déroulait relativement bien, malgré quelques points qui achoppaient. « Nos membres sont vraiment en colère, car il n’y avait pas d’impasse dans les négociations au moment de la mise en lock-out, affirme Pascal René De Cotret, président du Syndicat des travailleuses et travailleurs de distribution Multi-Marques Laval (CSN). Ce geste de Multi-Marques, propriété de Canada Bread, est totalement injustifié et témoigne d’un profond mépris et d’un manque de respect à l’égard des salarié-es du centre de distribution Multi-Marques. On a vraiment l’impression de faire les frais d’une stratégie patronale qui consiste d’abord à nous pénaliser, ainsi que nos conjointes et nos enfants, parce qu’on a refusé de céder à l’ultimatum de l’employeur, annoncé vers 16 heures le vendredi 31 mars, de convenir d’une entente finale au plus tard à 23 h 59, alors qu’il restait plusieurs éléments à régler. » Une demande de conciliation avait d’ailleurs été déposée, peu avant le déclenchement du lock-out, au ministère du Travail dans le but de relancer sans délai les négociations avec l’employeur. Au cœur des demandes syndicales figuraient entre autres la flexibilité et les horaires de travail, la sécurité d’emploi pour la trentaine de salarié-es à temps partiel, le régime de retraite, l’assurance collective ainsi que les salaires.La convention collective d’une durée de cinq ans des salarié-es qui œuvrent jour et nuit, sept jours sur sept, est échue depuis le 22 septembre 2016.

Pour David Bergeron-Cyr, vice-président de la FC–CSN, il est totalement inconcevable que Canada Bread qui appartient au géant de l’alimentation mondiale, Grupo Bimbo, jette ainsi à la rue ses propres travailleurs : « On rappelle que Grupo Bimbo a réalisé en 2016 des ventes de près de 7 milliards de dollars américains. Présent dans 22 pays, il emploie 127 000 personnes dans 144 usines et plus de 1600 centres de distribution. L’entreprise ne connaît aucune difficulté financière. »

Un employeur sans scrupules

Mais la mise en lock-out de ses propres employé-es n’est pas le seul fait d’armes de Multi-Marques et de Canada Bread. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’entreprise ne se gêne pas pour ambitionner sur le pain bénit lorsqu’il est question du respect de ses employé-es. Le 22 mars dernier, avant le lock-out, une vingtaine de travailleuses et de travailleurs accompagnés de quelques retraité-es se sont rendus au siège social de Canada Bread afin de l’occuper momentanément. L’objectif de cette action surprise était de mettre de la pression sur l’employeur afin qu’il verse les sommes dues au régime de retraite. Il faut dire que Multi-Marques est l’un des pires employeurs au Canada : de 2002 à 2013 il conteste de toutes les manières légales possibles son obligation de payer ce qu’il doit au régime. Alors que la Cour suprême a rendu une décision en faveur des travailleurs en 2013, il revient à la charge avec une nouvelle contestation devant le Tribunal administratif du Québec pour retarder l’inévitable paiement. Cet acharnement fait en sorte que personne n’a eu un sou, pas même les retraités, dont certains sont décédés. Quelque 480 travailleurs ou ex-travailleurs de Multi-Marques sont lésés par l’attitude de l’employeur ; 150 d’entre eux sont membres de la CSN ou l’ont déjà été.

« C’est nous, les travailleuses et les travailleurs, qui faisons les frais de cet entêtement inexplicable alors que l’entreprise s’enrichit littéralement sur notre dos. Alors que le problème n’est pas le manque de moyens financiers, mais plutôt son refus systématique de verser les sommes dues, pénalisant les travailleuses et travailleurs qui ont trimé dur pendant leur vie. Le lock-out du 1er avril vient confirmer nos dires. Heureusement, nous sommes prêts à nous battre », a noté Pascal René de Cotret.

Outil d’inclusion et de solidarité

En soutenant la francisation dans nos milieux de travail, nous contribuons clairement à la pérennité du français au Québec comme langue commune. Mais les enjeux sont très diversifiés. Pour les travailleuses et les travailleurs, connaître le français, c’est pouvoir en apprendre sur leurs droits au travail et sur les moyens de les défendre, par exemple en santé et en sécurité. C’est le meilleur moyen de favoriser l’inclusion et de développer une véritable solidarité entre tous les travailleurs et travailleuses, sans égard à leurs origines. Le 23 mars, à l’occasion de la Journée de la francisation CSN, plus de 70 délégué-es de toutes les fédérations et de plusieurs régions du Québec se sont réunis à Montréal pour échanger sur les défis de la francisation.

L’action dans les milieux de travail s’avère plus nécessaire aujourd’hui que jamais alors que le français comme langue de travail est en recul dans la région de Montréal, particulièrement dans les petites et moyennes entreprises. Mais même dans les municipalités et dans les établissements et institutions publiques, on assiste à des reculs préoccupants quant à la défense du français. La CSN a produit une nouvelle version de sa brochure sur la francisation à l’intention des syndicats.

Le livre de la tournée « Faut qu’on se parle »

Un vent nouveau souffle sur le Québec ces jours-ci. Nous sommes nombreux à le sentir, et c’est heureux. C’est à l’automne dernier que s’est annoncée l’aventure Faut qu’on se parle, telle une bouffée d’air frais qui allait réchauffer les cœurs québécois : un collectif (Aussant, Côté, Labrecque-Saganash, Lanctôt, Mayrand, Nadeau-Dubois, Prosper, Vadeboncœur, et autres) souhaitait « délier » les langues pour permettre le dialogue sur ce qui nous lie et nous unit, pour jaser de notre bien commun. L’appel à la forme impérative s’inspire de « cette injonction douce mais sérieuse qu’on adresse à nos aimés quand la situation mérite une vraie grosse mise au point ». En effet, il faut aimer le Québec et avoir confiance en son peuple pour proposer une démarche qui interpelle si intimement ses concitoyens.

Le collectif a imaginé une action fort simple, rassembleuse et un brin audacieuse : mobiliser les communautés, dans leur coin de pays, les faire se réunir pour débattre, ensemble, des grandes questions qui occupent souvent l’espace public, alors que jamais le monde ordinaire n’y est convié. Ainsi, près d’une vingtaine de consultations publiques en milieu urbain, des assemblées de cuisine ou de salon — surtout en région, se sont tenues. En guise de balises, dix questions-thèmes pour circonscrire et animer les échanges. Vous les connaissez, elles sont au cœur de nos préoccupations : démocratie, économie, région, éducation, Premiers peuples, santé, climat, etc. Vous le savez maintenant, la démarche a été un franc succès et la réponse a largement dépassé les attentes. Aujourd’hui, la publication du livre-bilan Ne renonçons à rien donne une idée de la teneur des débats et des propositions soumises. Mais son grand intérêt est ailleurs : l’expérience semble confirmer l’hypothèse émise par le collectif selon laquelle le peuple québécois a soif de s’impliquer pour changer les choses, et pour le mieux, qu’il a des solutions de remplacement à ce qui est décidé par nos gouvernements.

L’ensemble de l’initiative avait l’ambition de réconcilier citoyen-espace public et politique, de « créer du sens, mais surtout du mouvement ». Parions qu’on réclame déjà de renouveler l’expérience, tant celle-ci a touché l’essentiel pour remettre en phase les Québécoises et Québécois, et leur devenir. Ne renonçons à rien… sauf au cynisme.

Pour commander : librairie@csn.qc.ca

Des états généraux, pourquoi ?

À la lecture des conclusions des États généraux de l’éducation de 1995-1996, il est stupéfiant de constater que les choses n’ont guère changé. Les derniers états généraux ne s’étant pas avérés un moteur de changement, pourquoi vouloir organiser en 2017 des États généraux de l’enseignement supérieur ? Peut-être simplement parce que nous en avons le devoir !

On a vu s’organiser, au cours des dernières années, une mobilisation citoyenne autour de l’éducation. L’enseignement supérieur semble cependant moins mobilisateur, étant considéré moins en danger. Quand on voit la rémunération toujours croissante de certains chefs d’établissement, quand on voit les projets pharaoniques de certaines universités, quand on voit les projets avec les entreprises privées… bien peu de cœurs saignent pour nos collèges et nos universités. Pourtant, sur le terrain, dans les salles de classe bondées, les conditions d’études et de travail se détériorent et l’offre de cours diminue. La situation est dramatique et nous croyons que nous devons nous porter à la défense des universités et des collèges québécois.

Mais comment mener cette bataille ? À la Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec (FNEEQ–CSN), nous sommes fiers d’avoir atteint une première étape, celle de réunir l’ensemble des acteurs en enseignement supérieur autour d’enjeux, de questions et de problématiques qui font consensus. Depuis 2013, la FNEEQ–CSN, en collaboration avec de nombreux partenaires, cherche à mettre en place une coalition capable de porter un tel projet. Nous y sommes parvenus en réunissant les représentants étudiants et ceux de toutes les catégories de personnel présentes dans les collèges et les universités du Québec. L’événement aura lieu à l’Université Laval, du 18 au 20 mai. Les principaux objectifs partagés par l’ensemble de ce collectif sont les suivants :

  • Créer un espace de débat et de réflexion autour des enjeux en enseignement supérieur.
  • Remettre à l’ordre du jour certains enjeux, comme la gratuité, l’aide financière aux étudiantes et étudiants, la marchandisation de l’éducation, l’assurance qualité, le financement, la gouvernance, l’éducation populaire et la formation continue, l’accessibilité, la recherche, la tâche enseignante, etc.
  • Créer ou renforcer les liens avec d’autres organisations qui œuvrent en éducation pour partager nos analyses et unir nos actions pour faire de l’éducation une priorité nationale.
  • Débattre des solutions qui correspondent à notre vision de l’enseignement supérieur et des conditions nécessaires à sa réalisation.
  • Prévoir un plan d’action et mobiliser la société québécoise pour faire pression sur les pouvoirs politiques.

 

Ces éléments de consensus doivent maintenant être discutés dans une perspective d’avenir. Depuis près d’un an, la FNEEQ–CSN et ses partenaires travaillent de façon accélérée à la programmation. Le 1er mars dernier, le collectif s’entendait sur le programme final. Après une table ronde, le jeudi 18 mai en soirée, trois grandes conférences thématiques auront lieu le vendredi matin. Suivront plus d’une douzaine d’ateliers différents. Le tout se terminera en plénière, le samedi matin, où nous souhaitons profiter de la présence de représentants de la communauté de l’enseignement supérieur dans un même lieu pour nous projeter vers l’avant. Nous espérons pouvoir dégager des pistes d’action, qui tiendront compte des diverses consultations gouvernementales et du calendrier électoral québécois. 

Bonne retraite à un militant hors du commun

À l’emploi de l’Alcan Shawinigan depuis 1973, Alain Lampron s’implique en 1978 dans son syndicat, le Syndicat des travailleurs de l’aluminerie Alcan Shawinigan. En 1990, il fait le saut à la Fédération de la métallurgie (FM–CSN) comme secrétaire, il en deviendra le président en 1994. En 2011, il participe à la fondation de la Fédération de l’industrie manufacturière–CSN (fusion de la Fédération de la métallurgie et de la Fédération des travailleurs du papier et de la forêt), il en sera le président jusqu’à son départ.

La longue marche se poursuit

Les services préhospitaliers tels que nous les connaissons ont été bâtis à la suite de luttes mémorables menées depuis plus de 30 ans par le personnel du secteur, notamment les ambulanciers paramédicaux de la CSN, ce qui a mené à une véritable professionnalisation du secteur et à une amélioration considérable des services à la population. L’année 2017 s’annonce déjà comme un nouveau jalon important de cette grande marche vers la consolidation de ces services, qui nous apparaissent aujourd’hui indispensables.

En avril dernier, le ministre de la Santé et des Services sociaux lançait un pavé dans la mare en annonçant le retrait du gouvernement des négociations avec le personnel de ce secteur. À l’en croire, les conditions de travail et d’exercice de la profession ne seraient plus de son ressort. Et pourtant, même si les services sont assurés par des entreprises et des coopératives partout, sauf à Montréal et à Laval, c’est le gouvernement qui les finance, par contrat. C’est l’État et les établissements publics qui établissent les normes de la profession et qui doivent assurer une uniformité des services sur le territoire. Il est difficile d’imaginer, d’ailleurs, comment il pourrait en être autrement.

Des enjeux importants

Les 3600 membres des syndicats CSN du secteur — paramédics, répartitrices et répar­titeurs et employé-es de soutien — sont sans convention collective depuis le 31 mars 2015. Les négociations concernent Urgences-santé, à Montréal et Laval, et des dizaines d’entreprises et de coopératives partout au Québec, réunies au sein de trois associations patronales. Au moment d’écrire ces lignes, les discussions sur les aspects normatifs étaient passablement avancées. Toutefois, les pourparlers achoppent sur les questions nécessitant de nouveaux investissements. Car, selon les patrons, le gouvernement refuse de leur garantir toute somme supplémentaire au-delà du 1er avril 2017, alors qu’elles devront renouveler leurs contrats de service. Et comme le gouvernement dit ne plus vouloir négocier directement avec les syndicats du secteur, les membres de la CSN se trouvent sans interlocuteur pour discuter de leurs principales priorités.

Pourtant, un règlement sur ces sujets, outre la question salariale, entraînerait des améliorations immédiates aux services à la population, un aspect délicat pour le gouvernement. Ainsi, l’instauration d’horaires normaux au lieu des horaires de faction, en vertu desquels les paramédics doivent se tenir prêts à intervenir durant sept jours consécutifs, serait bénéfique pour le temps de réponse des paramédics aux appels d’urgence — il va de soi qu’on ne peut passer 168 heures de suite derrière le volant d’une ambulance à attendre un appel… De même, les surcharges de travail dans certaines zones urbaines font en sorte que les services ne peuvent être déployés de façon optimale. En négociation, le personnel du secteur veut également élargir l’accès à une retraite progressive et s’attaquer à des problèmes de santé et de sécurité du travail.

La grève

Dans ces circonstances, les syndicats ont décidé de consulter leurs membres sur le déclenchement éventuel d’une grève au cours de laquelle ils pourraient aller jusqu’à cesser certains types de transport. Une telle grève n’a jamais été exercée. La santé et la sécurité de la population ne seront bien entendu pas mises en péril, mais en cessant d’effectuer ces transports non essentiels, ils exerceront une pression considérable sur tout le système qui peinera à trouver une solution de rechange.

« Nous sommes conscients qu’une grève générale dans le secteur sera inconfortable pour tout le monde, explique le responsable du secteur à la FSSS–CSN, Jean Gagnon, membre du comité national de négociation. Mais si on doit se rendre là, le ministre Barrette en sera le seul responsable. C’est à lui d’agir, maintenant, pour faire débloquer la négociation. »

Reconnaître le trouble de stress post-traumatique

Après plusieurs années de lutte pour la reconnaissance du trouble de stress post-traumatique (TSPT) et des blessures de stress opérationnel (BSO) subis par les personnes qui travaillent avec les détenu-es,
le Syndicat des agents correctionnels du Canada (UCCO-SACC–CSN) a accueilli avec enthousiasme le dernier rapport du Comité permanent de la sécurité publique et nationale.

Intitulé Santé mentale et sécurités des collectivités : appuyer nos agents de sécurité publique à l’aide d’une stratégie nationale sur les blessures de stress opérationnel, ce rapport, publié en octobre dernier, contient seize recommandations, dont plusieurs touchent directement la reconnaissance des enjeux de santé mentale pour les agentes et agents correctionnels.

En mai dernier, Jason Godin et Gord Robertson, respectivement président national et deuxième vice-président national d’UCCO-SACC–CSN, ont participé aux audiences tenues par le Comité permanent de la sécurité publique et nationale. Leur témoignage, fort apprécié par les membres du comité, a d’ailleurs été repris, en partie, dans le rapport final : « Nous sommes des premiers intervenants dans le véritable sens du terme. Nous sommes à la fois des ambulanciers paramédicaux, des agents de police et des pompiers, à l’intérieur des murs des prisons fédérales canadiennes (…) De toute évidence, nous sommes les agents de la sécurité publique les plus négligés, qui œuvrent au sein d’un système que la plupart des Canadiens préféreraient oublier. Malheureusement, les effets traumatisants de notre travail sont peu reconnus. » – Jason Godin, président du Syndicat des agents correctionnels du Canada (UCCO-SACC–CSN).

En mai dernier, Jason Godin et Gord Robertson, respectivement président national et deuxième vice-président national d’UCCO-SACC–CSN, ont participé aux audiences tenues par le Comité permanent de la sécurité publique et nationale. Leur témoignage, fort apprécié par les membres du comité, a d’ailleurs été repris, en partie, dans le rapport final : « Nous sommes des premiers intervenants dans le véritable sens du terme. Nous sommes à la fois des ambulanciers paramédicaux, des agents de police et des pompiers, à l’intérieur des murs des prisons fédérales canadiennes (…) De toute évidence, nous sommes les agents de la sécurité publique les plus négligés, qui œuvrent au sein d’un système que la plupart des Canadiens préféreraient oublier. Malheureusement, les effets traumatisants de notre travail sont peu reconnus. » – Jason Godin, président du Syndicat des agents correctionnels du Canada (UCCO-SACC–CSN).

Un pas dans la bonne direction

Avec des recommandations qui proposent l’application de mesures concrètes, comme l’introduction de dispositions législatives contenant une présomption de blessures de stress opérationnel en faveur des agents de la sécurité publique, UCCO-SACC–CSN considère le rapport présenté par le Comité permanent de la sécurité publique et nationale comme un pas dans la bonne direction. L’adoption de ce type de mesures législatives, d’un océan à l’autre, viendrait régler d’importantes iniquités qui existent actuellement, puisqu’on ne trouve pas la reconnaissance du TSPT pour les premiers intervenants dans toutes les législations provinciales. Actuellement, certains agents correctionnels qui souffrent de blessure de stress opérationnel doivent se battre pour qu’un lien de causalité soit établi entre leur travail et leur état, tandis que d’autres reçoivent immédiatement le soutien nécessaire.

Au cours des prochains mois, UCCO-SACC–CSN interpellera les député-es provinciaux et fédéraux afin d’assurer que ce rapport ne soit pas tabletté et que ses recommandations soient mises en application dans les plus brefs délais. Les membres du syndicat travailleront aussi à sensibiliser la population canadienne aux conséquences sur la santé mentale d’expositions répétées à des situations traumatisantes, telles que celles auxquelles sont confrontés les agentes et agents correctionnels dans le cadre de leurs fonctions. Plusieurs études menées au cours des dernières années, entre autres par le ministère de la Sécurité publique du Canada, font état d’un taux oscillant entre 25 % et 36 % d’agents correctionnels souffrant du trouble de stress post-traumatique. Un taux alarmant qui les situe au même niveau que les vétérans, et qui justifie amplement que l’on mette en place des mesures importantes de prévention et de soutien pour ces travailleuses et ces travailleurs.

Mettre fin au saccage

Le 3 décembre dernier, deux manifestations se sont tenues devant les bureaux du député et premier ministre Philippe Couillard pour dénoncer les conséquences néfastes de l’opération de démantèlement des services de garde éducatifs en centres de la petite enfance, en milieu familial régi et en milieu scolaire, sur les travailleuses et les familles.

Des milliers de cartes ont été remises par huissier à Philippe Couillard pour réclamer la fin des compressions budgétaires, un réinvestissement majeur dans le réseau et l’abandon de la tarification modulée selon le revenu familial. Au total, près de 80 000 cartes postales ont été signées par la population et les travailleuses et travailleurs de toutes les régions depuis le lancement de la campagne de la CSN Un réseau qui fait grandir, le 28 février dernier. De ce nombre, 25 000 cartes avaient déjà été déposées à l’Assemblée nationale, le 15 mars dernier, pour réclamer du gouvernement un changement de cap.

« Le premier ministre Philippe Couillard doit se montrer sensible à cette démarche qui a permis de rejoindre un à un des parents, des salarié-es, des spécialistes et des personnalités de tous horizons et de toutes les régions, a lancé Véronique De Sève, vice-présidente de la CSN. Deux années d’austérité ont permis au gouvernement d’engranger des surplus de 3,9 milliards de dollars en 2015-2016, en plus de 1,5 milliard versés au Fonds des générations. Il a donc amplement les marges de manœuvre pour remettre le réseau sur ses rails. »

Un réseau mis à mal

Photo : Michel Giroux

Les compressions de 300 millions de dollars imposées depuis 2014 font très mal aux enfants et aux travailleuses et travailleurs. En CPE : diminution des heures consacrées à l’alimentation, à la désinfection et à l’entretien sanitaire, à l’accompagnement des enfants aux besoins spécifiques, ainsi que le non-remplacement du personnel. En milieu familial régi : baisse des ressources dédiées à l’aide pédagogique et à l’aide aux enfants ayant des besoins spécifiques. En milieu scolaire : réduction des achats de matériel ainsi que du temps de planification et de préparation au détriment de la diversité des activités offertes aux enfants.

En outre, les gouvernements libéraux successifs ont mis en place au fil des ans des mesures pour favoriser le développement de garderies commerciales : pour certaines, en leur accordant davantage de places à contribution réduite et, pour d’autres, en bonifiant le crédit d’impôt versé aux parents pour frais de garde. En 2003, ces garderies privées représentaient 16 % du total des places, contre 35 % aujourd’hui.

À bout de souffle !

« Ça ne peut plus continuer ! », ont affirmé en chœur Lucie Longchamps, représentante du secteur des responsables de service de garde en milieu familial (RSG), Louise Labrie, représentante du secteur des CPE, toutes deux de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN), et Gabrielle Messier, du Syndicat du soutien scolaire Chemin-du-Roy affilié à la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP–CSN). « Tout le monde est à bout de souffle tellement on nous oblige à faire plus avec beaucoup moins. C’est sans compter les effets sur la santé physique et psychologique de nos travailleuses et de nos travailleurs de même que pour les RSG qui, dans bien des cas, sont contraintes d’abandonner leur service de garde pour aller au secteur privé », ont conclu les représentantes.

Une rencontre positive, mais…

Après les années difficiles du règne conservateur, la santé du chantier naval de la Davie demeure toujours dans un état précaire, tant et aussi longtemps que de nouveaux contrats structurants ne seront pas assurés. Prenant acte des difficultés que doivent affronter les centaines de travailleurs et de travailleuses du chantier de Lévis-Lauzon, la CSN a rencontré en décembre dernier le ministre fédéral des Affaires étrangères, Stéphane Dion, afin de le sensibiliser à cette situation. La délégation était formée de Francine Lévesque, vice-présidente de la CSN, Alain Lampron, président de la FIM–CSN, et de Raphael Jobin, président du syndicat des travailleurs du chantier naval de Lauzon.

Selon Francine Lévesque : « Il était essentiel pour nous de sensibiliser le ministre Dion à la situation toute particulière du chantier naval Davie en lui rappelant l’importance de ces emplois pour l’économie du Québec. »

Alain Lampron sort de cette rencontre optimiste : « Le chantier naval Davie est reconnu dans toute l’Amérique du Nord pour son excellence, le Québec ne peut se permettre de perdre cette grande expertise navale. Le fédéral a le pouvoir de venir consolider le chantier avec les contrats de réfection des brise-glaces canadiens et la construction de nouveaux bateaux. C’est ce que nous voulions faire valoir auprès du ministre Dion. »

Pour les porte-parole syndicaux, le gouvernement doit être sensible au fait que ce sont les travailleurs et les travailleuses qui subissent au premier chef les incertitudes sur l’avenir du chantier. « La décennie conservatrice nous a fait vivre beaucoup d’inquiétude, car les mises à pied ont été très fréquentes. Nous croyons qu’il est maintenant temps que des actions fortes soient prises afin de nous donner un peu de répit et de nous permettre de travailler sans la crainte constante de perdre nos emplois », plaide Raphaël Jobin.