La pratique sage-femme peut faire économiser des millions

À l’occasion de la Journée internationale de la sage-femme, la Fédération des professionnèles (FP-CSN) et le Regroupement Les Sages-femmes du Québec (RSFQ) ont rendu publics les résultats d’une étude comparative des coûts relatifs à un accouchement avec sages-femmes en maison de naissance et d’un accouchement par des médecins à l’hôpital. Commandée depuis un certain temps, cette étude conduite par la firme MCE Conseils vient réfuter les propos tenus dans un reportage de la radio de Québec FM93 voulant qu’il coûte beaucoup plus cher d’accoucher avec une sage-femme qu’avec un médecin. « En comparant le coût d’un accouchement en milieu hospitalier par des médecins à un accouchement avec sage-femme en maison de naissance ou à domicile, on constate qu’accoucher avec un médecin coûte au minimum 25 % plus cher, souligne la présidente du RSFQ, Claudia Faille. Nous avons enfin la démonstration chiffrée de ce que nous affirmons depuis de nombreuses années! »

Sachant que l’accouchement est la raison d’hospitalisation la plus fréquente, ces coûts onéreux sont notamment dus aux sommes allouées au fonctionnement général et aux infrastructures des hôpitaux, à la présence des médecins (omnipraticiens, obstétriciens, anesthésistes, pédiatres) et du personnel médical (infirmières et inhalothérapeutes) lors des accouchements et du suivi postnatal, l’accouchement étant la raison d’hospitalisation la plus fréquente. « Comme on pouvait s’y attendre, l’étude démontre aussi que le suivi complet — prénatal, pernatal et postnatal — coûte plus cher avec les médecins compte tenu de leur rémunération. Ceci en dépit du plus grand nombre d’heures d’accompagnement de la sage-femme pour le suivi complet de grossesse, environ 37 heures au total pour l’ensemble des soins et des services », affirme Claudia Faille.

Des économies substantielles pour le gouvernement
« Au Canada, 26,3 % des naissances se produisent par césarienne, la chirurgie la plus fréquemment pratiquée. Une intervention de ce genre coûte environ 2 265 $ de plus qu’un accouchement vaginal. L’étude démontre que le système de santé canadien pourrait économiser près de 25 millions de dollars si le taux de césariennes était ramené à un maximum de 15 % des naissances, comme recommandé par l’Organisation mondiale de la santé, ajoute la présidente de la Fédération des professionnèles (FP-CSN), Ginette Langlois. Les sages-femmes sont essentielles et incontournables pour atteindre cette cible! »

« L’étude indique aussi que c’est au Québec que le taux de péridurale pour les accouchements est le plus élevé, soit à 71,4 %, comparativement à celui du reste du Canada, qui est de 58,3 %. Cela fait en sorte que le coût est plus élevé pour les accouchements en centre hospitalier, sans mentionner nombre d’interventions pouvant découler de la péridurale, qui contribue à la cascade des interventions. Celle-ci augmente les risques pour les mères et les nouveau-nés ainsi que les coûts », explique pour sa part Claudia Faille.

L’étude de MCE Conseils démontre finalement que si les sages-femmes étaient responsables de 10 % des grossesses et des accouchements au Québec d’ici 2018, comme le recommande la Politique de périnatalité 2008-2018, l’État québécois pourrait se prévaloir d’économies de l’ordre de 2,9 millions de dollars par an sur la rémunération, sans compter les économies récurrentes en frais hospitaliers, également substantielles. « Ne sommes-nous pas dans un contexte d’austérité, où le gouvernement devrait tout mettre en œuvre pour développer et soutenir cette pratique? » questionne Ginette Langlois.

Des bénéfices non quantifiables

« Il faut évidemment souligner que les bénéfices à moyen et long terme d’accoucher avec une sage-femme vont au-delà de ce que cette étude révèle aujourd’hui, précise enfin la vice-présidente du RSFQ, Mounia Amine. Les sages-femmes ont un modèle de soins unique ancré sur la continuité relationnelle et le partenariat avec les femmes et leur famille. Leur disponibilité 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, la préparation à l’accouchement et l’accompagnement tout au long du travail ont des effets bénéfiques indéniables, notamment sur la diminution des interventions médicales non nécessaires. »

« De toute évidence, les sages-femmes contribuent de façon considérable à la périnatalité et à une allocation des ressources plus efficiente pour d’excellents résultats, une plus grande satisfaction des mères et des familles, et ce, à moindres coûts. Dans cette optique, nous demandons au gouvernement de tout mettre en œuvre pour mieux promouvoir, développer et soutenir la pratique sage-femme! », conclut madame Amine.

Près de 4500 personnes signent la pétition en moins d’une semaine

La Confédération des syndicats nationaux se réjouit de la réponse du public à la pétition déposée le 29 avril dernier sur le site de l’Assemblée nationale afin de réclamer un moratoire sur le transfert de personnel des CLSC vers les groupes de médecine de famille (GMF). En effet, quelque 4500 personnes l’ont signée, et ce, en moins d’une semaine.

« Cela prouve que les Québécoises et les Québécois tiennent à leurs CLSC, souligne le vice-président de la CSN, Jean Lacharité. En transférant des ressources du secteur public vers le secteur privé, le ministre Barrette risque de créer des problèmes importants d’accessibilité aux services sociaux, en particulier pour les usagères et les usagers les plus vulnérables. Il s’agit selon nous d’un bien mauvais choix qui se fait sans aucune consultation. Nous nous réjouissons de voir que de nombreuses organisations syndicales et groupes de la société civile emboîtent le pas dans cette lutte pour préserver nos CLSC. Nous espérons que d’autres organisations et encore davantage de citoyennes et de citoyens se joindront à nous au cours des prochains jours pour défendre l’accès à des services sociaux de proximité. »

La pétition peut être signée en ligne jusqu’au 1er juin, date où elle sera déposée à l’Assemblée nationale. Pour la consulter et la signer : https://www.assnat.qc.ca/fr/exprimez-votre-opinion/petition/Petition-6033/index.html

Une opération risquée et précipitée dénonce la CSN

Des centaines de membres du personnel professionnel et technique du réseau de la santé et des services sociaux ont dénoncé, ce midi, le transfert des professionnel-les des CLSC vers des groupes de médecine de famille (GMF). Ce drainage de ressources au profit d’établissements privés soulève des inquiétudes quant à l’accessibilité aux services professionnels offerts actuellement par les CLSC. La CSN réclame un moratoire sur ces transferts.

Une douzaine de professionnel-les en travail social du CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal ont ainsi appris ce matin qu’ils seraient transférés vers des groupes de médecine de famille. De tels transferts sont d’ailleurs annoncés partout au Québec. Ils quitteront donc les CLSC, d’où ils offrent actuellement des services accessibles à une large clientèle en fonction de leurs besoins, pour se joindre à des cliniques privées. Pour les consulter, les citoyennes et les citoyens devront être inscrit au GMF pour avoir accès aux services. Qu’adviendra-t-il des personnes qui ne sont pas inscrites au GMF et qui doivent consulter en CSLC un professionnel ? Quels seront les services qui demeureront en CLSC à la suite des transferts ? Voilà des questions importantes auxquelles tant le ministère que les établissements n’ont pas répondu jusqu’à maintenant et qui inquiètent, compte tenu du grand nombre de personnes qui n’ont pas accès à un médecin de famille.

L’accessibilité aux services de travailleurs sociaux dans l’Est de l’Île risque donc d’écoper et ce sont les personnes les plus vulnérables de notre société qui en pâtiront, celles qui, pour toutes sortes de raisons, se trouvent en marge du système. Enfin, cette décision affaiblira encore davantage nos CLSC et par conséquent leur mission.

De plus, les travailleuses et les travailleurs sociaux, habitués à travailler dans un contexte d’autonomie professionnelle et d’interdisciplinarité avec des professionnel-les de la santé et des services sociaux de divers horizons, se trouveront dorénavant sous l’autorité des médecins qui effectueront la référence du patient et élaboreront la description des tâches du professionnel. La CSN exige un moratoire immédiat sur ces transferts afin de permettre une véritable consultation des intervenants et des usagers. De plus, la CSN craint que les impacts de cette décision n’aient pas été adéquatement mesurés. Elle a d’ailleurs lancé une pétition sur le site de l’Assemblée nationale pour exiger ce moratoire.

« Les CLSC remplissent pourtant très bien leur rôle social, rappelle le vice-président de la CSN, Jean Lacharité. En choisissant de miser sur une augmentation du nombre de cliniques privées (GMF et supercliniques) pour développer les soins de première ligne, au lieu de consolider le réseau public, le gouvernement faisait déjà un choix dangereux, selon nous. Cette fois, ça dépasse l’entendement… Pourquoi briser ce qui fonctionne bien sans prendre en compte les risques ? On ne parle pas d’un projet-pilote ici, ça se déroule comme ça à la grandeur du Québec actuellement, à toute vapeur, sans consultation ».

La vice-présidente de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN), Mélissa Gaouette, se désole de voir se matérialiser les principales craintes émises dès les premières annonces suivant l’assermentation de Gaétan Barrette. « Il est de plus en plus clair que pour le Dr Barrette, les services sociaux, c’est secondaire. Nous avions d’importantes réserves à voir l’ensemble des services sociaux de proximité passer sous la gouverne du médical dans des méga-établissements où ils risquent d’être utilisés uniquement dans le but de rentabiliser la pratique du médecin. On a l’impression que ce sont les intérêts corporatistes des médecins qui passent avant tout le reste ! »

Pour la vice-présidente de la Fédération des professionnèles (FP–CSN), Nancy Corriveau, la population québécoise doit réagir de toute urgence. « Le gouvernement est en train de jouer avec un droit fondamental, le droit à l’accès aux services de santé et sociaux en fonction de nos besoins. Une bonne partie des usagers éprouve des difficultés socioéconomiques et c’est là un déterminant majeur de la santé. Qui va leur expliquer que leur CLSC, facile d’accès, n’offre dorénavant plus les services dont ils ont besoin ? Ce ne seront certainement pas les travailleurs sociaux affectés à l’accueil psychosocial des CLSC, puisque ceux-ci seront transférés dans les GMF ! »

À propos
La CSN est composée de près de 2000 syndicats et regroupe plus de 325 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou professionnelle dans huit fédérations, ainsi que sur une base régionale dans treize conseils centraux, principalement sur le territoire du Québec. Dans le réseau public de santé et les services sociaux, les syndicats CSN comptent plus de 120 000 membres.

Syndicat des travailleuses et travailleurs de Viomax (FP-CSN)

Le 4 avril 2016, le Tribunal administratif du travail a reconnu le Syndicat des travailleuses et travailleurs de Viomax – CSN pour représenter « Toutes et tous les salarié-es au sens du Code du travail à l’exception des salarié-es du camp de jour» du centre Viomax.

Ce groupe de travailleuses et de travailleurs, composé principalement de kinésiologues et de sauveteurs nationaux, a fait le choix de joindre les rangs de la CSN afin de revendiquer des conditions de travail décentes. Ils se joignent à la CSN pour bénéficier de la protection, de l’entraide et de l’expertise dont bénéficient déjà leurs collègues regroupés au sein de la CSN.

Le Syndicat des travailleuses et travailleurs de Viomax – CSN est affilié à la Fédération des professionnèles (FP-CSN, au Conseil central du Montréal métropolitain (CCMM-CSN) et, bien entendu, à la Confédération des syndicats nationaux.

La CSN craint les impacts sur le réseau de la santé et la qualité des soins

La CSN est préoccupée par les impacts négatifs de la généralisation de la rémunération à l’acte pour les médecins omnipraticiens pratiquant en CLSC. Désirant accroître le volume de soins prodigués, le ministère et la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec font maintenant pression sur l’ensemble des médecins salariés du réseau de la santé et des services sociaux afin des les amener à accepter une rémunération mixte ou une rémunération à l’acte.

Des impacts sur la qualité des soins aux patients
La CSN craint qu’à terme la rémunération au volume n’amène une réduction de la qualité au profit de la quantité de soins administrés. « Plusieurs patients nécessitent un accompagnement constant et des visites plus longues », s’inquiète Jean Lacharité, vice-président de la CSN.

Des impacts sur le réseau des CLSC
La CSN est également préoccupée par les impacts qu’aura cette forme de rémunération sur le réseau des CLSC qui, souvent, doivent composer avec des clientèles précarisées et fragilisées nécessitant des soins particuliers et un accompagnement.

Des impacts sur les finances publiques
En pleine période d’austérité budgétaire, il est étonnant que le ministre Barrette opte pour la généralisation de cette forme de rémunération, pourtant responsable d’importants dépassements de coûts par le passé. Rappelons qu’entre 2010 et 2015, les coûts reliés à la rémunération des médecins sont de 417 millions de dollars plus élevés que prévu. Qui plus est, le rapport 2015 de la Vérificatrice générale démontre que la RAMQ n’est pas à même d’assurer un contrôle suffisant des 55 millions de demandes de paiement que formulent les médecins chaque année. « Le système est d’une telle complexité que des firmes privées ont vu le jour ces dernières années afin d’aider les médecins à faire leur facturation. Comment en effet s’y retrouver à travers les 11 000 actes répertoriés par la RAMQ ? Cette dernière peine d’ailleurs à contrôler les demandes de paiement et les coûts explosent. Ils sont où les avantages ?», se demande Jean Lacharité.

Un débat public s’impose
La CSN rappelle que plusieurs pays de l’OCDE ont opté pour une rémunération salariale. « Bien qu’on semble présenter la rémunération à l’acte comme la seule capable de répondre aux besoins, force est d’admettre que plusieurs États parviennent à assurer des services de santé efficients et de qualité autrement. La réalité est donc plus complexe que ce que le ministre Barrette essaie de faire croire. Il est temps d’avoir un débat de fond sur le mode de rémunération des médecins au Québec », de conclure Jean Lacharité.

À propos de la CSN
Fondée en 1921, la CSN est une organisation syndicale qui œuvre pour une société solidaire, démocratique, juste, équitable et durable. À ce titre, elle s’engage dans plusieurs débats qui intéressent la société québécoise. Elle est composée de près de 2000 syndicats. Elle regroupe plus de 325 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou professionnelle dans huit fédérations, ainsi que sur une base régionale dans 13 conseils centraux, principalement sur le territoire du Québec.

 

Poursuite de SNC-Lavalin à l’endroit du CUSM

Le Groupe infrastructure santé McGill (GISM), consortium mené par SNC-Lavalin, a décidé de déposer une poursuite de plus de 330 millions de dollars afin de combler les «extra» dans la construction des nouvelles installations du CUSM. Après les nombreux déboires vécus au CUSM, après les appels d’offres douteux, après les accusations de corruption et de pots-de-vin, et quelque 14 000 défauts de construction plus tard, voilà qu’une nouvelle tuile s’abat sur les très contestés partenariats public-privé (PPP).

Le ministre n’est pas impressionné

Le ministre Barrette a réagi au dépôt de la poursuite en affirmant ne pas être impressionné par la démarche du consortium. Pourtant, tout dans l’histoire du CUSM devrait «l’impressionner».

Les générations futures se rappelleront de la construction du nouvel hôpital du CUSM comme d’un enchaînement ininterrompu d’accusations criminelles, de dépassements de coûts et de rebondissements tous plus préoccupants les uns que les autres.

Pour le ministre, la poursuite déposée ne serait qu’une manœuvre du GISM visant à récupérer les extra, qui étaient évalués en 2014 à 172 millions de dollars, une «situation classique de négociation». De son côté, le GISM soutient que le dépôt d’une poursuite devenait inévitable, après deux ans de négociations infructueuses. Au-delà du montant astronomique de 330 millions de dollars exigé dans la poursuite, il y a tout lieu de s’inquiéter du bourbier judiciaire dans lequel risque de s’enliser le MSSS et des millions de dollars en frais d’avocats et autres, qui ont été ou qui seront nécessaires pour résoudre le litige. En cette ère d’austérité, il aurait été de bon aloi de s’éviter ce genre de gaspillage.

Un gouffre sans fond depuis longtemps décrié

Depuis longtemps, les groupes sociaux et syndicaux dénoncent les PPP, notamment parce qu’ils constituent de véritables abysses dans lesquels l’État engouffre des sommes colossales aux dépens des services publics qui, eux, doivent faire vache maigre.

Le CHUM et le CUSM ne font pas exception. Initialement prévus à 3,1 milliards de dollars, les coûts réels de ces projets atteignaient 7 milliards en 2014. Et malheureusement, la fin de la construction des CHU en PPP ne marquera pas la fin du gaspillage, loin de là.

En effet, le partenariat se poursuivra pour les trente prochaines années. La firme responsable de la réalisation du projet en assurera ensuite l’entretien. Comme des contrats commerciaux sont à la base des PPP, le secret commercial y sévit; il s’avère donc impossible de connaître le coût des différentes opérations, mais on peut craindre des dépenses importantes. Les dépassements de coût et les frais juridiques liés à la phase de construction pourraient n’être que le premier épisode d’un long feuilleton hors de prix.

Ce résultat était prévisible et il serait tentant de s’écrier: «Nous l’avions dit!» Mais la satisfaction serait bien mince et nous préférons adopter une approche plus constructive. Il convient plutôt de rappeler au gouvernement actuel que des pistes de solutions existent, pour autant que le courage politique y soit.

Se sortir des PPP, un chemin suivi par de plus en plus d’États

Le modèle des PPP est vivement critiqué, ici, comme ailleurs dans le monde. Certains États ont vite compris que les contrats qui encadrent cette pratique ne sont pas des fatalités et qu’il est toujours possible de s’y soustraire. C’est le chemin qu’a suivi récemment la France, qui avait conclu un PPP pour la construction du Centre hospitalier sud-francilien (CHSF), un hôpital de taille comparable aux CHU en PPP. Le rachat de ce contrat aurait permis, selon le directeur du CHSF, d’économiser jusqu’à 700 millions d’euros. L’Angleterre a également mis fin à plusieurs contrats en PPP qui étaient responsables à eux seuls de 50 % du déficit du budget de la santé.

Même si d’aventure la résiliation des contrats devait entraîner le versement de pénalités, cela vaudrait mieux que de continuer à financer un tel trou noir pour les dépenses publiques. Seul un rachat de ces contrats permettra de juguler l’hémorragie.

Une étude de l’IRIS démontre que le rachat de ces contrats permettrait d’économiser jusqu’à 4 milliards de dollars. Il faudra que le gouvernement reconnaisse que les partenariats public-privé sont un échec, que «la rigueur» dont il se targue commande d’y mettre fin, et que l’avenir en santé est dans le secteur public.

La FP-CSN déplore le transfert d’activités des CLSC vers les groupes de médecine de famille

La Fédération des professionnèles de la CSN (FP-CSN) déplore le transfert annoncé d’une partie des activités des CLSC vers les groupes de médecine de famille (GMF) et doute de l’effet de ces mesures sur l’efficacité dans la prestation de services.

« En transférant les ressources vers les GMF, les services sociaux se donneront selon une approche uniquement médicale. On change complètement de paradigme dans la façon d’assurer ces services, assure Ginette Langlois, présidente de la FP-CSN. Alors qu’il existe déjà une organisation des services professionnels selon une approche interdisciplinaire qui fonctionne bien, soit les CLSC, il vaut mieux resserrer les liens entre les CLSC et les GMF. Les CLSC assurent déjà le bon service, au bon moment, par le bon professionnel », estime-t-elle.

Malheureusement, au fil des fusions d’établissements depuis le début des années 2000, le ministère de la Santé et des Services sociaux a délaissé peu à peu le modèle des CLSC pour se diriger vers un modèle plus médicalisé. Ainsi, la prévention est mise de côté pour faire place à une approche axée sur les soins curatifs. À titre d’exemple, les travailleurs sociaux en CLSC mettent l’accent sur la prévention, ce qui permet de limiter par la suite les interventions de type curatif.

Ce transfert de ressources vers les GMF risque donc de s’accompagner d’une nouvelle façon d’assurer les services. « Nous sommes d’accord sur l’objectif de sortir de l’hospitalo-centrisme, mais cette nouvelle approche demeure tout de même centrée sur l’aspect médical. Or, il est possible et parfois souhaitable d’offrir ces services sans passer par un médecin. Au lieu de rendre le continuum de service plus fluide, il semble qu’on le complexifie inutilement. Pourquoi changer une formule qui a fait ses preuves? », se demande la présidente de la FP-CSN. La nouvelle directive ministérielle risque donc de limiter davantage l’accessibilité des services psychosociaux.

La Fédération des professionnèles de la CSN compte plus de 8 000 membres, principalement dans les secteurs de la santé, des services sociaux et de l’éducation.

Des délais de traitement de signalement inacceptables. Faut-il s’étonner des fugues par la suite ?

Les syndicats des centres jeunesse affiliés à la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN) et à la Fédération des professionnèles (FP-CSN) dénoncent les délais de traitement de signalement inacceptables dans ces centres et demandent un réinvestissement immédiat de la part du gouvernement ainsi que la fin des restructurations organisationnelles actuelles.

« Si l’on regarde les moyennes de 2014-2015 recueillies auprès du ministère de la Santé et des Services sociaux, les délais de traitement ne sont pas conformes aux exigences ministérielles dans aucune région du Québec. En Estrie, par exemple, il faut attendre plus de 57 jours entre le traitement d’un signalement et l’évaluation-orientation (c’est-à-dire, le premier contact entre l’intervenant du centre jeunesse et l’enfant ou la famille), alors que cela ne devrait pas dépasser huit jours. Pouvez-vous imaginer à quel point on peut se sentir abandonner par le système? », dénonce Mélissa Gaouette, vice-présidente à la FSSS-CSN.

« Si les cas les plus urgents sont traités adéquatement, il est triste de constater que les cas “moins prioritaires”, comme certains cas de négligence, de troubles de comportement, d’abus et de mauvais traitements psychologiques, sont souvent délaissés », explique Nancy Corriveau, vice-présidente à la FP-CSN. Les codes 3 s’aggravent et deviennent souvent des codes 2 ou des codes 1, faute d’avoir reçu des services adéquats.

Les centres jeunesse ont subi des compressions de 50 millions de dollars entre 2010 et 2014. Alors que les besoins sont criants et que les employé-es sont à bout de souffle, le gouvernement a choisi de prioriser la refonte des structures avec la création des CISSS et des CIUSSS, entrée en vigueur le 1er avril 2015. D’ailleurs, les chiffres d’aujourd’hui n’englobent pas les traitements depuis la mise en place de ces nouvelles structures à vocation médicale. Toutefois, déjà dans le rapport du vérificateur Lebon, déposé le 10 mars dernier à la suite des fugues reliées à l’exploitation sexuelle, on souligne que cette refonte a créé de la turbulence et de la désorganisation des services sur le terrain. Les chiffres de 2015-2016 sont donc attendus avec beaucoup d’intérêt et d’inquiétude.

« Au cours des derniers mois, l’attention médiatique s’est portée sur les cas de fugue, notamment au Centre jeunesse de Laval. Toutefois, il faudrait regarder tout ce qui cloche bien avant la fugue et il serait hypocrite de ne s’attarder qu’à ces cas », souligne la vice-présidente du Syndicat des employés du Centre jeunesse de Laval, Julie Perron Hamilton.

« La fugue est une finalité. C’est l’entrée dans le réseau qui est problématique. Et comme le mentionne le rapport Lebon, il est futile de penser réduire les fugues ou mieux accompagner les jeunes filles en cause, s’il y a, en même temps, fuite du financement et des compétences », conclut la présidente du Syndicat des travailleurs et travailleuses du Centre jeunesse de Montréal, Sylvie Théorêt.

Pourquoi seuls les recteurs accueillent favorablement le budget Leitão?

Les membres de la Table des partenaires universitaires (TPU), qui exigent un réinvestissement urgent pour soutenir la réalisation des missions universitaires, constatent encore une fois qu’ils ne sont pas entendus. « Lorsque l’on observe les effets délétères des trois derniers budgets du gouvernement du Québec, on constate que le manque de vision du gouvernement semble céder à une volonté de destruction systématique du service public qu’est l’université, et de surcroit avec l’accord des chefs d’établissement », dénonce les représentants de la TPU.
En effet, alors que tous les membres de la communauté universitaire ont accueilli avec déception le dernier budget Leitão, les chefs d’établissements sont les seuls de la communauté universitaire à s’en réjouir. « De deux choses l’une, soit les recteurs ne comprennent rien aux affaires universitaires, soit ils trouvent leur compte dans la manière dont sont actuellement allouées les ressources aux universités, leur permettant de s’octroyer des salaires et des avantages exorbitants aux dépens du personnel et des étudiants. » En gérant les universités comme des entreprises, les dirigeants ont relégué l’enseignement et la recherche au second plan.

« Comment en effet saluer le dépôt d’un budget qui pérennise les compressions récurrentes dont sont victimes les universités depuis quatre ans, suscitant la surcharge des personnes qui y travaillent et la détérioration des conditions d’études ? » L’investissement dans le béton et les partenariats forcés avec les entreprises sont plus susceptibles d’enrichir les amis du Parti libéral que d’améliorer la qualité de la vie universitaire.

La TPU est constituée des organisations suivantes :

  • Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ)
  • Conseil provincial du secteur universitaire (CPSU)
  • Conseil québécois des syndicats universitaire (CQSU)
  • Fédération des associations étudiantes universitaires québécoises en éducation permanente (FAEUQEP)
  • Fédération du personnel professionnel des universités et de la recherche (FPPU)
  • Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN)
  • Fédération des associations étudiantes du campus de l’Université de Montréal (FAECUM)
  • Fédération des professionèles (FP-CSN)
  • Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université (FQPPU)
  • La table des syndicats universitaires de la CSQ (TSUCSQ)

Ententes de principe à la Régie des installations olympiques

Des ententes de principe ont été conclues hier soir entre la Régie des installations olympiques (RIO) et les trois syndicats CSN qui représentent le personnel régulier de la RIO. Les membres des comités de négociation de ces trois syndicats affiliés à la Fédération des employé-es et employés de services publics (FEESP-CSN) et à la Fédération des professionnèles (FP-CSN) estiment avoir obtenu des améliorations significatives aux conventions collectives de leurs membres.

Sur l’enjeu principal de cette négociation, soit l’exercice de reclassement des emplois de la RIO, les représentants syndicaux se disent très satisfaits du règlement obtenu. Rappelons que cet enjeu traînait depuis la signature des dernières conventions collectives, en 2010, alors que l’employeur s’était engagé, par le biais d’une lettre d’entente, à entreprendre l’évaluation complète de tous les postes visés par les conventions collectives du personnel régulier de la RIO.

L’adoption des ententes de principe sera recommandée par les comités de négociation lors des assemblées générales qui se tiendront dans les prochaines semaines. En tant qu’organisme gouvernemental, la RIO participe à la négociation du secteur public et ses syndicats, affiliés à la CSN, sont membres du Front commun. Pour les membres des deux syndicats de la FEESP-CSN, les assemblées des prochaines semaines seront donc également l’occasion de se prononcer sur l’entente de principe de table centrale qui couvre notamment les salaires et le régime de retraite. Les membres du syndicat de la FP-CSN ont, quant à eux, adopté l’entente de table centrale lors d’une assemblée antérieure, en février.

Les professeures et professeurs de l’UQAM en grève ce mardi

En négociation pour le renouvellement de leur convention collective depuis le 30 avril 2014, les professeures et professeurs de l’UQAM seront en grève ce mardi 8 mars 2016. Malgré 57 séances de négociation, l’intervention d’une conciliatrice, plus d’une vingtaine de résolutions adoptées par des assemblées départementales et même une pétition signée par 529 professeures et professeurs, les négociations piétinent et semblent dans une impasse.

Avec le renforcement du modèle d’université participatif et démocratique qui constitue l’un des traits distinctifs de l’UQAM, le syndicat des professeurs et professeures de l’UQAM réclame la création de nouveaux postes de professeurs (l’UQAM a l’un des plus mauvais ratio prof/étudiants des universités québécoises), un soutien à la recherche et à la création pour tous les professeurs et professeures, ainsi qu’un rattrapage salarial qui permettrait à ces derniers d’être traités au même rang que leurs collègues des autres universités.

Lors de cette journée qui commencera à 9 h par un rassemblement devant les bureaux du recteur (pavillon Athanase-David), lequel sera suivi d’une table ronde consacrée au financement et à la gestion budgétaire des universités québécoises (10 h au théâtre Saint-Denis), le corps professoral de l’UQAM se réunira en assemblée générale en après-midi.

Le Québec a eu le projet, il y a bientôt cinquante ans, d’une deuxième grande université francophone à Montréal. Malgré le sous-financement constant de ses activités par rapport à ses concurrentes, l’UQAM est devenue un acteur majeur dans le développement du savoir et d’une vie intellectuelle dynamique et critique au Québec. Année après année, les projets de recherche et de création des professeures, professeurs de l’UQAM sont reconnus par les organismes subventionnaires et récompensés par des prix scientifiques, culturels, littéraires, et leur expertise est recherchée par les médias et les entreprises, comme par les milieux éducatifs et communautaires.

Le ministère de la Santé et des Services sociaux n’a pas budgété la journée du 29 février 2016

Aucun budget supplémentaire n’a été prévu par le gouvernement du Québec pour permettre au réseau de la santé et des services sociaux de faire face aux coûts supplémentaires engendrés par le 29e jour du mois de février en cette année bissextile. Selon les personnes interviewées par le Journal de Montréal et Le Devoir, cela représente un manque à gagner de 45 millions de dollars. Les hôpitaux du Québec devront donc assumer eux-mêmes l’ensemble des activités de cette journée, ce qui fait craindre à plusieurs des impacts sur les soins et les services à la population. Cette mesure s’ajoute à toutes les autres compressions budgétaires et coupes orchestrées par le ministre Barrette, qui mettent à mal notre réseau public de santé et de services sociaux.

« Le 29 février sera l’occasion de nous rappeler de l’ensemble des décisions insensées de ce gouvernement qui coupe jusqu’au financement nécessaire pour la journée supplémentaire d’une année bissextile, se désole Jean Lacharité, vice-président de la CSN. Tant qu’à y être, le ministre Barrette demandera-t-il à la population de ne pas tomber malade aujourd’hui ? »

Malgré le manque de financement, les établissements seront ouverts et les travailleuses et les travailleurs fidèles au poste. « Le 29 février, les salarié-es offriront les mêmes services à la population, avec le même professionnalisme. Pourquoi le gouvernement ne peut-il pas en faire autant ? » se questionne Ginette Langlois, présidente de la FP-CSN. De son côté, Jeff Begley, président de la FSSS-CSN, dénonce cette situation. « Nous l’avons dit et redit, nous sommes à bout de souffle. Faudrait-il travailler bénévolement la journée du 29 février pour permettre au gouvernement d’économiser encore plus d’argent sur notre dos ? » conclut-il.

À propos de la CSN
Fondée en 1921, la CSN est une organisation syndicale qui œuvre pour une société solidaire, démocratique, juste, équitable et durable. À ce titre, elle s’engage dans plusieurs débats qui intéressent la société québécoise. Elle est composée de près de 2000 syndicats. Elle regroupe plus de 325 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou professionnelle dans huit fédérations, ainsi que sur une base régionale dans treize conseils centraux, principalement sur le territoire du Québec.

La CSN dénonce le recours au secteur privé

La CSN redoute que l’annonce du ministre Barrette du 23 février concernant le financement par activité (FPA) ne soit une pièce de plus dans la volonté libérale de privatiser le système public de santé et de services sociaux. Sous couvert de déterminer le prix moyen de plusieurs épisodes de soins le projet pilote annoncé hier permettra de fait les chirurgies en cliniques privées. Le ministre de la Santé a par ailleurs identifié d’office les trois cliniques qui seront sollicitées pour participer au projet pilote : la clinique Chirurgie Dix30, le Groupe Opmédic et le Centre de chirurgie Rockland MD.

Pour la centrale syndicale, le fait que ces trois cliniques privées établiront l’étalon de mesure est très préoccupant, et malheureusement les explications du ministre n’ont rien de rassurant. Jean Lacharité, vice-président de la CSN, s’inquiète de ce que ce projet pilote ne soit qu’une façon de justifier davantage le recours au privé. « Avec la Loi 10, le ministre s’est donné le pouvoir de forcer le recours aux appels d’offres dans le réseau de la santé. Avec la Loi 20, il a permis aux cliniques privées de facturer des frais aux patients pour des soins couverts par le public. Maintenant, sous prétexte d’une analyse de coûts, on s’apprête une fois de plus à financer le privé pour traiter des patients qui pourraient l’être par le public. Bref, le plan de vente du système de santé au secteur privé va bon train », s’insurge-t-il.

Certes, une révision du mode actuel de financement des hôpitaux s’impose, toutefois, le ministre ne peut décider unilatéralement d’un nouveau fonctionnement, il doit accepter d’en débattre. D’autant plus que la CSN craint que le FPA cause plus de dommages qu’il n’en règle. « Plusieurs pays dans le monde ont adopté ce fonctionnement, mais qu’en est-il de la qualité des services ? Ce qu’on remarque comme tendance, c’est que ceux qui ont appliqué le financement à l’activité se sont retrouvés à traiter en priorité les cas les plus rentables, désavantageant ainsi des milliers de patientes et patients », remarque Jean Lacharité.

La CSN dénonce le fait qu’encore une fois, on s’apprête à lancer une nouvelle réforme sans avoir fait les débats nécessaires et sans avoir évalué de façon exhaustive l’ensemble des options possibles, ainsi que leurs conséquences. Le réseau de la santé et des services sociaux a vécu de multiples bouleversements dans les derniers mois, « l’édifice est encore ébranlé par les nombreuses compressions, par la fusion vers les CISSS, par la légalisation des frais accessoires et par une batterie de mesures de tout acabit. Pourquoi ne pas le laisser respirer le temps de faire ce débat ? » ajoute Jean Lacharité.

La centrale syndicale, particulièrement présente dans le réseau de la santé et des services sociaux, entend rester vigilante et mobilisée face à ces volontés de réforme dictée davantage par des impératifs d’austérité et de privatisation que d’efficacité et de développement des services à la population.

À propos de la CSN

Fondée en 1921, la CSN est une organisation syndicale qui œuvre pour une société solidaire, démocratique, juste, équitable et durable. À ce titre, elle s’engage dans plusieurs débats qui intéressent la société québécoise. Elle est composée de près de 2000 syndicats. Elle regroupe plus de 325 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou professionnelle dans huit fédérations, ainsi que sur une base régionale dans treize conseils centraux, principalement sur le territoire du Québec.

Les membres de la FP-CSN approuvent l’entente de principe

Les techniciennes, techniciens et professionnel-les du réseau de la santé et des services sociaux membres de la Fédération des professionnèles (FP-CSN) ont approuvé, au terme d’une consultation de l’ensemble des syndicats, l’entente de principe obtenue par le Front commun en décembre dernier ainsi que l’entente intervenue à leur table sectorielle de négociation.

« C’est par une très grande majorité que nos membres se sont prononcés en faveur de cette entente de principe : plus de 80 % des professionnel-les se sont prononcés en faveur de l’entente de principe du Front commun, tandis que 90 % ont voté pour l’entente de principe à la table sectorielle. La bataille fut difficile, mais la détermination et la mobilisation de nos membres, solidaires avec les autres composantes du Front commun, nous ont non seulement permis de contrer des reculs importants qui auraient pu diminuer concrètement les conditions de travail des professionnel-les, mais également de bonifier sensiblement nos conditions de travail », affirme Ginette Langlois, présidente de la FP-CSN.

« Dans un contexte de chambardements importants du réseau de la santé et des services sociaux, la partie patronale répétait, comme des mantras, trois principes : flexibilité, mobilité et disponibilité. Il était impératif pour nous de garantir que nos conditions de travail puissent permettre d’assurer les meilleurs services à la population. », ajoute Ginette Langlois. Pour Nancy Corriveau, vice-présidente de la FP et responsable politique de la négociation en santé et services sociaux, l’entente sectorielle permettra de régler certains problèmes essentiels qui touchent les conditions de travail des professionnel-les.

« Nous avons obtenu des mesures facilitant la conciliation famille-travail, dont la mise sur pied d’un congé de 8 semaines, avec étalement de revenus pour motifs familiaux. De plus, un lieu de discussion paritaire sera crée afin d’aborder la qualité et l’efficience des services offerts dans les établissements de santé et de services sociaux, et ce, notamment en regard des problématiques d’organisation et de charge de travail, de transfert d’expertise, de modifications à la pratique professionnelle et de qualité de vie au travail », explique Nancy Corriveau.

La présidente de la fédération avise toutefois le gouvernement que les conventions collectives ne seront signées que lorsque les textes seront représentatifs des paramètres négociés par le Front commun. « Notre fédération représente plusieurs groupes dont les conventions collectives contiennent, depuis des années, des clauses de parité salariale avec les salarié-es du secteur public, souligne Ginette Langlois. Jamais le gouvernement, au cours des négociations, n’a énoncé le souhait de modifier la situation. On ne peut pas changer les règles du jeu après avoir convenu d’une entente. Le Conseil du trésor doit respecter les termes de l’entente de principe qu’il a lui-même négocié. »

À propos
La Fédération des professionnèles (FP-CSN) compte quelque 8 000 membres qui œuvrent dans plusieurs secteurs, dont ceux de la santé et des services sociaux.

La CSN craint pour l’équité entre les différents bénéficiaires

La CSN souscrit à l’orientation du projet de loi 75 qui obligera uniquement les régimes de retraite en difficulté dans le secteur universitaire à restructurer leur service passé. Elle entretient toutefois des préoccupations concernant l’équité entre les cotisants, puisque dorénavant tous les bénéficiaires devront assumer leur part des coûts du régime sans pour autant avoir accès aux mêmes bénéfices.

« La CSN souhaitait que la restructuration du régime passé soit une mesure exceptionnelle et ciblée, et nous sommes satisfaits que le gouvernement l’ait vu ainsi. La remise en cause des droits acquis pour tous les régimes, que ce soit par la réduction des rentes promises ou par la suppression de l’indexation automatique des rentes de retraite, aurait fortement ébranlé la confiance des travailleuses et des travailleurs envers le gouvernement et envers le processus de négociation », a expliqué la vice-présidente de la CSN, Francine Lévesque.

Les régimes de retraite font partie intégrante des conditions de travail et des éléments négociables d’une convention collective, a-t-elle aussi rappelé. « Il était primordial de s’assurer que les travailleuses et travailleurs gardent confiance dans ce processus. »

Problèmes d’équité
La CSN s’inquiète du fait que tous les bénéficiaires devront assumer leur part des coûts pour les régimes, alors que certains d’entre eux pourraient ne pas pouvoir profiter des gains.

« Il faut bien cerner les différences entre les groupes : un professeur à temps plein, par exemple, n’a pas le même profil de carrière qu’un chargé de cours. Il est de plus important d’éviter de transférer vers certains groupes des coûts dont ils ne sont pas responsables. Une analyse sérieuse du régime et de ses bénéfices doit être faite », a enchaîné Francine Lévesque.

La CSN demande enfin au gouvernement de ne pas s’engager dans la voie du partage des déficits futurs à parts égales entre les participants et l’employeur. « Cette orientation a été adoptée dans le projet de loi sur les régimes de retraite du secteur municipal, qui pose de grandes difficultés depuis son adoption et qui est même carrément inapplicable dans la majorité des régimes », a plaidé Francine Lévesque.

Le gouvernement devrait s’inspirer bien davantage de la méthode de financement adoptée dans le cas des régimes du secteur privé, qui ont fait l’objet de travaux réalisés de façon conjointe par les représentants des organisations syndicales et patronales, sous l’égide du Comité consultatif du travail et de la main-d’œuvre (CCTM), estime en outre la CSN. « Le projet de loi 57 a fait l’objet de travaux sérieux testés par plusieurs intervenants, et les conclusions sont toutes très positives », a conclu Francine Lévesque.

À propos
La CSN est composée de près de 2000 syndicats et regroupe plus de 325 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou professionnelle dans huit fédérations, ainsi que sur une base régionale dans treize conseils centraux, principalement sur le territoire du Québec.

Les Journées de la persévérance scolaire, l’affaire de tous!

La CSN est fière de souligner les Journées de la persévérance scolaire (JPS) au Québec qui débutent aujourd’hui et qui se terminent vendredi prochain.

« Pour nous, l’éducation est une priorité et la réussite scolaire de nos enfants doit être au cœur de nos préoccupations. Cette réussite passe non seulement par les élèves et les enseignants, mais aussi par les parents, le personnel de soutien et l’ensemble de la communauté. Garder nos enfants mobilisés et motivés pour éviter le décrochage scolaire est bénéfique pour tous », souligne la vice-présidente de la CSN, Véronique De Sève.

Comme le mentionnent les Journées de la persévérance scolaire, tout le monde connaît un héros ou une héroïne qui a fait la différence dans son parcours scolaire. Nous invitons donc le nouveau ministre de l’Éducation à jouer son rôle de superhéros pour que nos enfants puissent devenir des citoyennes et des citoyens instruits, intelligents, compétents et motivés.

L’apport du gouvernement

Bien que le gouvernement du Québec demeure un acteur clé de la persévérance scolaire, nous aimerions voir plus de volonté de sa part pour la soutenir, plutôt que de le voir s’acharner à imposer des compressions budgétaires et des réformes de structures qui nuiront au développement des élèves.

« Les commissions scolaires ont subi des compressions de plus d’un milliard de dollars depuis six ans et présentement, le ministre tente de nous faire avaler le projet de loi 86 qui risque de diminuer les ressources aux élèves. De plus, de nombreux organismes de lutte au décrochage scolaire au Québec ont vu leur budget grandement amputé depuis, notamment, l’abolition des Conférences régionales des élus (CRÉ), des Centres locaux de développement (CLD) et du programme Réunir Réussir (R2) », dénonce Véronique De Sève.

Les effets du décrochage scolaire coûteraient annuellement 1,9 milliard de dollars : il est grand temps que le gouvernement réinvestisse !

À propos

La Confédération des syndicats nationaux (CSN) est une organisation syndicale composée de près de 2000 syndicats et regroupe plus de 325 000 travailleurs et travailleuses. Trois de ces huit fédérations sont présentes dans le réseau scolaire et l’enseignement supérieur : la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP-CSN), la Fédération des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN) et la Fédération des professionnèles (FP-CSN).

À quand un réel investissement ?

La Confédération des syndicats nationaux (CSN) interpelle le nouveau ministre de l’Éducation, Pierre Moreau, pour qu’il réinvestisse de façon responsable dans les établissements primaires et secondaires. De nouvelles données révélées par des médias ces derniers jours démontrent encore une fois que le gouvernement est allé beaucoup trop loin dans son obsession d’atteinte de l’équilibre budgétaire.

« Est-il normal de voir des enfants vendre des tablettes de chocolat pour pouvoir acheter des chaises et des pupitres en classe? Ou encore organiser des levées de fonds pour l’achat de tableaux interactifs? Est-il normal que les parents paient de plus en plus cher pour les services de garde en milieu scolaire, alors que les services devraient être gratuits? De plus, il est scandaleux de voir les budgets de réfection des bâtiments diminuer de 137 à 97 millions de dollars alors que de nombreuses écoles au Québec sont dans un état lamentable. Il est grand temps que le gouvernement offre un environnement propice à l’apprentissage plutôt que de laisser les jeunes grandir dans l’austérité », déclare la vice-présidente de la CSN, Véronique De Sève.

Les compressions d’un milliard de dollars en cinq ans placent les commissions scolaires dans des situations intenables. Au lieu de s’attaquer au problème de financement, le gouvernement s’empêtre dans des problèmes de structure. Son projet de loi 86, qui modifie l’organisation et la gouvernance des commissions scolaires, n’améliorera en rien la situation. C’est pourquoi la CSN propose l’abandon pur et simple de ce projet de loi.

Chapeau aux parents !

La CSN tient à saluer l’engagement de milliers de parents qui défendent leur école publique et le réseau des services de garde depuis cet automne. Pour nous, les services à l’enfance forment un tout avec le secteur de l’éducation. « Les chaînes humaines et les manifestations comme celles de dimanche dernier ne peuvent être un message plus clair auprès du gouvernement qui garde la ligne dure. Il faut maintenir la pression par tous les moyens nécessaires. Chapeau aux parents ! La CSN les appuiera toujours dans leur combat », souligne Véronique De Sève.

À propos
Fondée en 1921, la CSN est une organisation syndicale qui œuvre pour une société solidaire, démocratique, juste, équitable et durable. Elle est composée de près de 2000 syndicats et regroupe plus de 325 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou professionnelle dans huit fédérations, ainsi que sur une base régionale dans treize conseils centraux, principalement sur le territoire du Québec.

Des luttes sociales et syndicales en 2016, prédit la CSN

Si la lutte à l’austérité du gouvernement Couillard, dans laquelle s’est inscrite la négociation du Front commun, et la fin du régime Harper ont marqué l’année 2015 sur le front social et politique, celle qui commence sera sans aucun doute sous le signe de la mobilisation pour préserver des acquis sociaux et pour l’amélioration des conditions de travail touchant des milliers de travailleuses et de travailleurs du secteur privé, prévoit la Confédération des syndicats nationaux (CSN). Voyez la vidéo avec Jacques Létourneau. À cet égard, près de 400 syndicats ou sections affiliés à la CSN verront leurs conventions collectives venir à échéance cette annéeet devront donc négocier leurs conditions de travail et de salaires. En outre, plusieurs autres syndicats poursuivront la négociation déjà entreprise en 2015. Parmi ces syndicats, deux ont entrepris une grève générale pour faire débloquer leur négociation respective : celui des 30 travailleuses de la Villa Saint-Alexis, un centre d’hébergement privé du Saguenay-Lac-Saint-Jean, qui a déclenché un arrêt de travail le 14 novembre dernier principalement pour améliorer le salaire de ses membres, dont plusieurs ne gagnent que 10,77 $ l’heure ; et, depuis le 27 octobre, celui des 24 employé-es de l’Hôtel-Motel La Caravelle, à Baie-Comeau, en butte à un employeur qui cherche à leur imposer des conditions de travail inférieures aux normes minimales et qui s’adresse à eux en anglais. En outre, la CSN a aussi dénoncé la Librairie Martin, de Joliette, qui a mis ses 14 employé-es en lock-out la veille de Noël, alors qu’il avait été convenu avec l’employeur de reprendre les négociations au retour des Fêtes.

En 2015, la lutte des membres de trois syndicats a pris fin d’une façon abrupte par la fermeture des supermarchés Loblaw et Maxi en Abitibi-Témiscamingue. Ces travailleuses et ces travailleurs étaient en lock-out, dont le plus ancien remontait à 2012. Par ailleurs, les 406 anciens travailleurs d’Olymel à Saint-Simon ont vu leur détermination porter ses fruits, lorsque la Cour supérieure leur a donné raison après près de huit ans d’attente : l’employeur doit respecter la convention collective et leur verser des indemnités. Une rare bonne nouvelle dans le secteur manufacturier, la CSN tient à souligner le début des travaux de conversion du porte-conteneurs Astérix en navire de ravitaillement militaire, qui maintient quelques centaines d’emplois à Lévis. Le syndicat affilié à la CSN, de concert avec la Fédération de l’industrie manufacturière (FIM-CSN) et le Conseil central de Québec-Chaudière-Appalaches (CSN), n’avait cessé de dénoncer le traitement inéquitable dans l’octroi des contrats par le gouvernement conservateur à l’endroit du plus grand chantier naval au Canada.

2015 : une mobilisation sans précédent

« Au cours de la dernière année, aux côtés de leurs alliés des autres organisations progressistes, les membres de la CSN ont été sur la ligne de front contre les politiques d’austérité, a rappelé Jacques Létourneau. Cette mobilisation, qui avait commencé en septembre 2014, s’est poursuivie jusqu’à la fin de l’année 2015 avec la négociation du Front commun pour le renouvellement des conventions collectives des 540 000 travailleuses et travailleurs du secteur public québécois. »

Intervenue en décembre entre le Front commun et le gouvernement Couillard, l’entente de principe ainsi que celles survenues aux différentes tables de négociation sectorielles seront soumises aux membres réunis dans leurs assemblées générales locales au cours des prochaines semaines. « La négociation du secteur public à la table centrale a été menée d’un bout à l’autre par le Front commun. Nous avons estimé avoir été au bout du processus qui a abouti à l’accord de principe, a mentionné le président de la CSN. Le fin mot appartient aux membres et, peu importe l’issue des consultations, la CSN continuera de les appuyer. »

Des moments forts ont marqué les derniers mois : les quatre journées de débrayage du Front commun CSN-FTQ-SISP, dont la plus importante grève dans l’histoire du Québec, le 9 décembre, la manifestation syndicale du 3 octobre qui a réuni plus de 150 000 travailleuses et travailleurs du secteur public à Montréal et les mobilisations contre l’austérité le 1er mai qui ont secoué toutes les régions du Québec.

« Parmi les choses à retenir de 2015, il y a certainement la reconnaissance par le gouvernement Couillard de l’impact de ses mesures austères sur les programmes sociaux et les services à la population, a poursuivi Jacques Létourneau. Le mérite de ce changement revient à la formidable mobilisation qui a mis en lumière tous les effets de ses politiques restrictives. D’ailleurs, les sondages ont démontré que la population ne suivait absolument pas les libéraux à cet égard. »

Mobilisation permanente

Selon la CSN, le mouvement progressiste québécois est dans un état de mobilisation permanente depuis les 16 derniers mois du fait de l’opération de sabotage de l’État social par les libéraux, sans mandat ni adhésion populaire. Ce faisant, le gouvernement libéral cherche à ratatiner le rôle de l’État et à mettre fin à tous les acquis sociaux qui nous caractérisent comme société québécoise afin de nous ramener au même niveau que les autres provinces canadiennes. Il a aussi porté atteinte aux programmes de développement régional et de création d’emplois, un non-sens, selon la CSN.

La CSN estime que le prochain budget Leitao sera un moment phare de la mobilisation contre l’austérité en 2016. Les semaines précédant la présentation du budget seront une occasion de rappeler au gouvernement Couillard qu’un changement de cap s’impose. « À tous les niveaux, les acteurs sociaux et syndicaux qui ont à cœur le rôle que joue l’État au Québec depuis la Révolution tranquille doivent maintenir la pression sur lui. Nous poursuivrons ce combat aux côtés de nos alliés progressistes », a mentionné le président de la CSN

La lutte devra donc se poursuivre pour les stopper, d’autant que le gouvernement dispose des moyens pour mettre fin à ces compressions. Les dernières données sur l’état des finances publiques rapportent en effet que Québec a obtenu un surplus budgétaire quatre fois plus élevé que celui d’il y a deux ans. Ainsi, pour les six premiers mois de 2015, ce surplus s’affichait à 2,6 milliards de dollars, avant le versement au Fonds des générations, contre quelque 600 millions de dollars en 2013.

« L’action du gouvernement Couillard depuis 2014 enfonce davantage le Québec dans un déficit social qui diminue la qualité de vie des citoyens et des familles et qui causera un tort considérable aux générations futures, a exprimé le président de la CSN. Le projet de loi 20 sur les frais accessoires, en totale contravention de la Loi canadienne sur la santé, et la réduction de la couverture du panier de services médicaux couverts par le régime public, qui s’ajoutent à des années de sous-financement, sont insensés. Il n’y a pas d’autre mot. »

Le gouvernement semble aussi ressentir une profonde aversion pour les services de garde subventionnés frappés une fois de plus par une mesure aberrante, soit un financement global basé sur les CPE qui présentent les coûts les moins élevés, sans égard aux réalités de chacun. Après la hausse de la contribution parentale, la compression de 74 millions de dollars cette année et la coupe à venir de 120 millions l’an prochain, ce nouveau mode de financement à la baisse représente une autre mesure qui nuira considérablement aux familles et, au premier chef, aux femmes.

Le projet de loi 70 visant les prestataires d’aide sociale, et qui abolit Emploi-Québec, est un autre pan des mesures d’austérité qui visent les plus démunis et qui affaibliront les politiques de création d’emplois dans les régions.

Ces dossiers, en plus de celui du projet de privatisation de la SAQ, une société d’État qui permet au Québec de bénéficier d’une expertise incomparable tout en versant de substantiels dividendes qui profitent à l’État, sont au nombre des priorités pour l’année qui débute. En outre, la CSN poursuivra son action visant à accroître la protection des non-syndiqués par la syndicalisation ainsi que par la bonification de la loi sur les normes du travail et le rehaussement du salaire minimum. Jacques Létourneau : « Nous comptons aussi participer activement à la mise en place de la nouvelle Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail afin de s’assurer que les droits des travailleuses et des travailleurs ne sont pas compromis par cette importante réforme administrative du PLQ. »

Déjà durement éprouvés par l’adoption de la loi 15 sur les régimes de retraite, dont la CSN conteste la constitutionnalité, les employés municipaux sont encore une fois menacés par le pacte fiscal qui accordera plus de pouvoirs aux municipalités. La CSN entend défendre ardemment le droit fondamental de négocier de ses 6300 membres dans le secteur municipal et de ses 4600 membres dans le secteur du transport. Une tournée d’information et de mobilisation à travers le Québec est déjà en cours et qui se poursuivra en 2016.

Changement de garde au fédéral

À Ottawa, le nouveau gouvernement de Justin Trudeau répondra-t-il aux attentes suscitées par ses engagements, lors de la dernière campagne électorale ? « Ce changement de garde au fédéral est l’une des très rares bonnes nouvelles de 2015, a reconnu Jacques Létourneau. Le régime Harper a fait mal à la démocratie. Il était plus que temps de se débarrasser de lui. » La CSN a donné une bonne note de départ à ce gouvernement avec le retrait de deux lois antisyndicales (C-525 et C-377) et la formation de son nouveau cabinet établissant la parité entre les hommes et les femmes. « Nous ne manquerons aucune occasion de lui rappeler ses engagements de rétablir le financement de Radio-Canada pour assurer sa pérennité, et d’annuler la réforme du régime d’assurance-emploi de 2012 ainsi que celle visant les fonds de travailleurs. » À propos

La Confédération des syndicats nationaux (CSN) représente quelque 325 000 travailleuses et travailleurs œuvrant dans tous les secteurs d’activité et regroupés dans plus de 2000 syndicats.

Tout un rapport de force

Il y avait longtemps qu’on avait vu une manifestation telle que celle du Front commun qui rassemblait quelque 150 000 personnes dans les rues de Montréal le 3 octobre dernier. Jamais on n’avait vu un mouvement de grève rallier 400 000 travailleuses et travailleurs à la grandeur du Québec.

L’exercice du droit de grève des salarié-es du secteur public a été l’aboutissement d’une mobilisation mise en œuvre il y a plus d’un an. Les membres des quatre fédérations du secteur public de la CSN (Fédération des employées et employés de services publics, Fédération de la santé et des services sociaux, Fédération des professionnèles, Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec) se sont alors mis en action pour soutenir les négociations. Plans d’action sectoriels, activités de mobilisation régionales aux quatre coins du Québec, manifestation nationale du 3 octobre dernier, exercice du droit de grève : tout a été mis en œuvre afin de démontrer au président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, la détermination des travailleuses et des travailleurs à améliorer leurs conditions de travail, à maintenir la qualité des services publics et à en défendre l’accessibilité.

De nombreuses équipes de travail de la CSN ont été mises à contribution, particulièrement celles du Service d’appui à la mobilisation et à la vie régionale, pour construire une telle mobilisation. « De Gatineau à Havre-Saint-Pierre, de Sherbrooke à Kuujjuarapik en passant par Rouyn-Noranda, de Saguenay à Chibougamau, de Québec à Gaspé, dans toutes les villes et les villages du Québec, les membres ont répondu à l’appel, mentionne le président de la CSN, Jacques Létourneau. J’ai été témoin de franche camaraderie, de sourires contagieux, de bras ouverts, de poings levés, de grands élans de solidarité. Mais je n’ai jamais rien vu de comparable à la grève qu’ont menée les travailleuses et les travailleurs du secteur public au cours de l’automne. »

En parcourant les lignes de piquetage, Jacques Létourneau a également pu constater concrètement la solidarité de la population. « Jamais je n’avais senti un appui aussi fort de la population, qui nous le témoignait en klaxonnant ou tout simplement en s’arrêtant pour discuter avec nous. Ce que nous ont dit les gens, c’est qu’ils comprenaient l’importance de notre lutte. Ils comprenaient que nous nous battions pour maintenir des services publics accessibles et de qualité et que, pour y arriver, nous devions améliorer les conditions de travail des travailleuses et des travailleurs qui y sont dévoués. » Cet appui s’est d’ailleurs reflété dans un sondage réalisé à l’automne pour le Journal de Montréal et le journal Le Devoir, qui indiquait que 64 % de la population croyait que le gouvernement gérait mal les négociations en cours. Elle appuyait les syndicats dans une proportion de 51 %, contre 28 % seulement pour le gouvernement.

Place à la négociation

C’est grâce à ce puissant rapport de force que le Front commun a pu déposer, le 18 novem­bre dernier, une contre-proposition afin de débloquer les impasses aux tables de négociation. De plus, pour démontrer sa bonne foi et le sérieux de sa volonté de laisser toute la place à la négociation, ce qui permettrait de convenir d’une entente dans les meilleurs délais, le Front commun annonçait le report de certaines journées de grève. L’espace créé a favorisé l’intensification des travaux et un changement de ton dans les discussions. Pour la première fois en un an, le gouvernement s’est véritablement mis en mode négociation. Toutefois, Francine Lévesque, vice-présidente de la CSN, avait prévenu que « le report des journées de grève pourrait s’avérer de courte durée si l’on ne constatait aucun mouvement significatif de la part du gouvernement aux tables de négociation ». Puisque des blocages importants subsistaient, tant aux tables sectorielles qu’à la table centrale, notamment sur les conditions de travail, les salaires et le régime de retraite, le Front commun annonçait la tenue d’une journée de grève nationale le 9 décembre. « Les négociations ne doivent pas seulement s’intensifier, elles doivent mener à des réponses concrètes aux demandes que nous avons déposées et, ultimement, à une convention signée », ajoutait madame Lévesque.

Pour signifier leur appui à la négociation, les membres du secteur public ont poursuivi leur mobilisation en menant de nombreuses actions dans les jours qui ont précédé la grève nationale. Ils ont notamment organisé des lignes de piquetage le 2 décembre et des actions de perturbation locales se sont tenues en collaboration avec nos partenaires du Front commun. De plus, tous les moyens de pression déjà en place dans les établissements du réseau de la santé, des services sociaux, de l’éducation et des organismes gouvernementaux se sont poursuivis.

Afin d’isoler Martin Coiteux au sein du caucus libéral, le Front commun a également lancé une chasse aux députés libéraux au cours des dernières semaines de l’automne. « Il n’était pas normal que les députés du Parti libéral puissent participer à des rencontres publiques sans nous trouver sur leur chemin pour leur rappeler que l’arrogance et l’insensibilité de Martin Coiteux nuisaient à l’ensemble de la population du Québec, indique la responsable de la mobilisation au comité exécutif de la CSN, Véronique De Sève. De nombreuses rencontres ont ainsi été perturbées. Le Front commun a même empêché Martin Coiteux de prendre la parole devant la Chambre de commerce de Sainte-Catherine, en Montérégie, et à quelques reprises devant celle de Montréal. Nous avons toujours cru que notre mobilisation devait être forte dans l’ensemble des régions du Québec. Grâce à la mobilisation des membres du secteur public, au travail soutenu de l’ensemble des équipes régionales de la CSN et à l’appui sans réserve des élu-es des fédérations et des conseils centraux de la CSN, nous avons pu établir tout un rapport de force. »

Au final, l’extraordinaire mobilisation des membres du Front commun aura forcé Martin Coiteux à sortir du cadre financier qu’il voulait imposer à cette négociation, permettant ainsi des gains significatifs pour l’ensemble des travailleuses et des travailleurs du secteur public.